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L'ESSENTIEL DU SUP PREPAS_N°44 _ décembre 2020

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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DÉCEMBRE <strong>2020</strong> | N° 44<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Alexandre de Navailles (Kedge)<br />

Patrice Houdayer (Skema)<br />

Maurice Thévenet<br />

L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

Toutes les nouveautés<br />

et nominations du mois<br />

DÉBAT<br />

Spécialités du bac :<br />

en <strong>2020</strong> les élèves ont choisi…<br />

Soft skills, humanités, numérique<br />

et développement durable :<br />

Les dernières tendances<br />

des programmes grande école


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

ENCORE BEAUCOUP DE QUESTIONS<br />

POUR 2021…<br />

« Les universités pourront reprendre les cours, avec une<br />

présence physique de tous les élèves, deux semaines<br />

après le 20 janvier 2021, date de réouverture pour tous les<br />

lycéens », a annoncé Emmanuel Macron le 24 novembre.<br />

Depuis les Grandes écoles réclament un retour aux affaires<br />

plus rapide. Parce qu’il est clair que la situation conduit<br />

beaucoup d’étudiants à l’échec. Voire à la précarité. Mais<br />

peut-on pour autant balayer d’une main la responsabilité<br />

des étudiants dans la pandémie ? Une question cruciale<br />

parmi beaucoup d’autres pour 2021.<br />

Financement de l’apprentissage : jusqu’à quand ? Les établissements d’enseignement<br />

supérieur ont poussé un grand « ouf » de soulagement le 24 novembre<br />

en apprenant que le ministère du Travail avait décidé de ne pas baisser les coûts<br />

contrats en 2021 contrairement à ce qui avait pu être annoncé. Un simple répit ?<br />

L’année 2019 a en effet été marquée par une hausse record des entrées en formation<br />

de 16 %, après une hausse de plus de 6 % en 2018. Comment lui assurer un<br />

financement pérenne ?<br />

Égalité des chances : que faut-il faire ? Les Echos se sont procuré une « note<br />

d’étape » sur la promotion de l’égalité des chances qui suggère deux leviers pour<br />

favoriser l’entrée dans les filières sélectives. Premier levier : accorder des points<br />

bonus aux boursiers et/ou aux enfants dont les parents n’ont pas de diplôme de<br />

l’enseignement supérieur. Question : comment le vérifier ? Le deuxième levier est<br />

plus classique puisqu’il s’agit de la diversification des voies d’entrée sur le modèle<br />

des conventions CEP de Sciences Po. Un dossier à suivre.<br />

Demande de remboursement des frais de scolarité. Une Pétition pour un<br />

remboursement partiel des frais de scolarité dans les écoles de management atteint<br />

presque les 21 000 signatures sur le site MesOpinions. Et près de 5 600 commentaires.<br />

Avec un double argument : d’une part « l’année en cours est une véritable épreuve pour<br />

nombre de familles. Premièrement, la majorité des élèves ont contracté des prêts pour<br />

financer l’école qui rêvait d’intégrer pour qu’au final cette dernière ne lui propose pas<br />

les cours de la manière qui était prévue ». D’autre part « il ne faut surtout pas oublier<br />

la situation de beaucoup de parents, qui ont pu, dès mars, perdre leur emploi, ne pas<br />

avoir pu travailler en dépit des charges, loyers ou crédits qui doivent payer ». Parce<br />

qu’au-delà d’un remboursement cette année c’est la question même du rapport entre<br />

ses revenus des parents forcément obérés par la crise et les coûts des établissements<br />

qui va se poser à la rentrée 2021. Pas pour les écoles du haut du tableau, pour lesquelles<br />

l’investissement sera au contraire plus que jamais<br />

rentable, mais sans doute pour toutes les autres.<br />

Autant de sujets de préoccupation pour des<br />

écoles qui vivent jusqu’à aujourd’hui bien une<br />

crise qui leur a amené plus d’étudiants cette<br />

année dans les cycles supérieurs. C’est ce<br />

qu’on appelle la dynamique « contra cyclique »<br />

de l’enseignement supérieur.<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS <strong>DU</strong> MOIS<br />

5 • Leurs élèves plébiscitent<br />

les classes préparatoires<br />

6 • Classements : « Le Figaro » ouvre le bal<br />

7 • BSB à Lyon : c’est fait !<br />

8 • Excelia célèbre les 15 ans d’Humacité<br />

• L’Edhec se mobilise pour les DYS<br />

9 • Covid-19 : le bac s’adapte<br />

13 • Un double diplôme pour l’EM Normandie<br />

et l’EBI<br />

14 • Les nominations du mois<br />

15 • La BCE adopte une charte<br />

d’éthique et de déontologie<br />

PUBLI INFORMATION<br />

10 • Un sujet aux oraux 2021 ? Florence<br />

Legros, la directrice de l’ICN, fait le point<br />

ENTRETIENS<br />

16 • Alexandre de Navailles,<br />

Directeur général de Kedge BS<br />

19 • Patrice Houdayer, Vice-dean de Skema<br />

29 • Maurice Thévenet, Professeur et ancien<br />

président de la Fnege<br />

DOSSIER<br />

22 • Soft skills, humanités, numérique<br />

et développement durable :<br />

Les dernières tendances des programmes<br />

grandes écoles<br />

DÉBAT<br />

32 • Spécialités du bac : en <strong>2020</strong> les élèves<br />

ont choisi…<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : shutterstock<br />

2


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

La BCE adopte une charte<br />

d’éthique et de déontologie<br />

Pour « mieux garantir l’égalité de traitement des candidats<br />

et davantage sécuriser le processus de conception des sujets dès le concours 2021 »,<br />

les écoles de management membres de la BCE viennent d’adopter<br />

une Charte d’éthique et de déontologie du concours BCE tout en constituant<br />

un Comité d’éthique et de déontologie.<br />

En <strong>2020</strong> le concours de la BCE avait affronté<br />

une crise. Quelques candidats avaient en effet<br />

eu accès à des sujets posés au concours,<br />

des sujets anciens, jamais posés, que leur<br />

professeur avait utilisé pour les faire travailler sans<br />

imaginer un instant qu’ils seraient posés un jour. Il<br />

en résolut un audit de l’Inspection générale de la<br />

CCI Paris Ile-de-France dont les recommandations<br />

débouchent aujourd’hui. La nouvelle charte prévoit<br />

notamment que les responsables d’épreuve doivent<br />

« certifier que les sujets proposés sont inédits et<br />

qu’ils n’ont pas été, après recherche d’antériorité,<br />

déjà diffusés sous quelque forme que ce soit pour<br />

tout concours. Ils certifient en outre ne pas les avoir<br />

proposés, sous la même forme ou sous une forme qui<br />

s’en rapproche, au cours de leurs enseignements ou<br />

à des organismes de formation, y compris pour des<br />

stages de préparation aux concours, en présentiel<br />

comme en distanciel ».<br />

De la conception des sujets de concours à la prévention<br />

des conflits d’intérêt, les éventuels problèmes seront<br />

désormais soumis à l’arbitrage du nouveau comité<br />

d’éthique de la BCE.<br />

Par ailleurs les responsables d’épreuves et concepteurs<br />

de sujets seront amenés à signer une déclaration<br />

d’intervention dans les établissements d’enseignement<br />

afin de prévenir les conflits d’intérêt. Enfin ces mêmes<br />

responsables d’épreuves et concepteurs de sujets<br />

auront à signer des conventions portant engagement<br />

de respecter les dispositions de la Charte d’éthique<br />

et de déontologie.<br />

Présidé par Caroline Pascal, cheffe de l’Inspection<br />

générale de l’éducation, du sport et de la recherche,<br />

le Comité d’éthique et de déontologie est composé<br />

de personnalités particulièrement reconnues dans<br />

le monde de l’enseignement supérieur de gestion :<br />

• Cécile Andre-Leruste, membre du Bureau de la CCI<br />

Paris IDF et présidente de la commission formation ;<br />

• Alice Guilhon, directrice générale de SKEMA Business<br />

School et présidente du Chapitre des écoles de<br />

management de la Conférence des grandes écoles ;<br />

• Jean-Pierre Helfer, professeur émérite, agrégé de<br />

sciences de gestion, premier président de la commission<br />

d’évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion ;<br />

• Bernard Ramanantsoa, ancien directeur général<br />

de HEC Paris ;<br />

• Maurice Thévenet, professeur au CNAM et à l’ES-<br />

SEC Business School, ancien délégué général de la<br />

Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement de<br />

la gestion des entreprises).<br />

Téléchargez la charte : https://www.concours-bce.<br />

com/sites/default/files/<strong>2020</strong>-12/Charte_Ethique_et_<br />

Deontologie-BCE.pdf<br />

32 « Hyflex rooms »<br />

pour Grenoble EM<br />

En cours de déploiement<br />

sur ses campus français, les<br />

« Hyflex rooms » de GEM<br />

permettent de dispenser<br />

un cours à des publics à<br />

distance et en présentiel en<br />

simultané. En janvier 2021,<br />

GEM en comptera 32 (20<br />

sur son campus de Grenoble<br />

Sémard, 5 à GEM Labs et<br />

7 à GEM Paris) pour un<br />

investissement total de 1,2<br />

million d’euros. Chacune<br />

des salles permet d’accueillir<br />

jusqu’à 40 places assises (plus<br />

deux salles de 120 places)<br />

et peut accepter jusqu’à 300<br />

connexions simultanées soit<br />

une capacité totale théorique<br />

de plus de 10 000 places.<br />

Un professeur en salle Hyflex<br />

peut y dispenser son cours<br />

de manière « classique »<br />

en projetant un support de<br />

cours et en utilisant le tableau<br />

blanc. Il peut aussi utiliser<br />

les fonctionnalités plus<br />

avancées du tableau tactile<br />

interactif. Les étudiants<br />

avec lui dans la salle aussi<br />

bien que les étudiants à<br />

distance pourront tout voir,<br />

tout entendre et interagir<br />

de la même façon entre<br />

eux et avec le professeur.<br />

Tous pourront partager<br />

leurs propositions à l’oral<br />

avec le reste de la classe.<br />

« Les Hyflex rooms de GEM<br />

ont été conçues avec une<br />

approche pédagogique et<br />

non dans le cadre d’une<br />

démarche purement<br />

technologique » explique<br />

Armelle Godener, Directrice<br />

de la pédagogie à Grenoble<br />

Ecole de Management.<br />

« Au-delà d’améliorer<br />

les conditions de cours à<br />

distance, cette solution<br />

doit permettre à tous les<br />

publics présents et à distance<br />

de faire partie du même<br />

espace et de le ressentir. »<br />

4


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Leurs élèves plébiscitent<br />

les classes préparatoires<br />

Elles sont jugées enrichissantes par 95 % des élèves et 87 % les qualifient<br />

de « challengeantes et passionnantes ». L’EDHEC NewGen Talent Centre<br />

a interrogé les étudiants en fin de classe préparatoire sur leur expérience<br />

et leurs aspirations professionnelles<br />

79 % des préparationnaires jugent que l’expérience<br />

a été heureuse et 72 % jugent qu’il<br />

s’agit d’une expérience collective. 78 % des<br />

préparationnaires ont d’ailleurs bénéficié de<br />

l’esprit de camaraderie et 69 % du cadre de travail<br />

rassurant pour se réaliser.<br />

Certes le niveau de pression ressentie en prépa est<br />

important : 6,5 sur une échelle de 10 pour les garçons<br />

et 7,2 sur 10 pour les filles mais il s’agit d’une pression<br />

qualifiée de motivante par près de 7 jeunes sur 10.<br />

Les préparationnaires estiment que l’étudiant adapté<br />

à la prépa est « motivé, travailleur et organisé » mais<br />

aussi « curieux, confiant, courageux » tout en étant<br />

« humble ». La stimulation intellectuelle a été la première<br />

source d’épanouissement des élèves suivi du<br />

développement de leurs qualités personnelles et de<br />

l’envie de se dépasser.<br />

Tous les préparationnaires ont indiqué à quel point<br />

ces deux années les avaient fait se connaître et<br />

grandir. S’ils ont choisi ce parcours pour la qualité des<br />

enseignements (84 %), le challenge qu’il représentait<br />

(83 %) et l’acquisition de méthodes (82 %), ils parlent<br />

finalement de leur prépa comme d’une expérience de<br />

vie, une expérience transformatrice.<br />

Pour ces préparationnaires, les alternatives à la classe<br />

préparatoire ont été dans l’ordre les voies sélectives<br />

ou exclusives de l’université, d’autres types de classe<br />

prépa, des cursus spécifiques et sélectifs comme les<br />

sciences politiques.<br />

Concernant l’impact de la crise sanitaire, 85 % ont<br />

terminé leur prépa en confinement au domicile familial.<br />

La moitié des répondants ont regretté la suppression<br />

forcée des épreuves d’admissibilité. Selon eux, ces<br />

oraux auraient pu équilibrer les promotions avec des<br />

profils moins académiques, des personnalités plus<br />

variées, ou leur permettre de découvrir leur future<br />

école et de créer du lien.<br />

À la veille des concours <strong>2020</strong>, ils étaient 76 % à indiquer<br />

qu’ils referaient cette expérience, 16 % à ne pas se<br />

prononcer et 8 % à choisir un autre système. Ceux<br />

à qui cette expérience n’a pas convenu évoquent le<br />

rythme trop soutenu d’un système pas fait pour eux<br />

et parfois choisi sous influence de leurs proches.<br />

Classes préparatoires<br />

EC : une petite baisse<br />

des effectifs<br />

L’effectif global de la filière<br />

économique et commerciale<br />

est de 20 330 élèves, en léger<br />

retrait de 0,7 % par rapport<br />

à l’an dernier (- 0,9 % pour<br />

les 1 re années et - 0,4 %<br />

pour les 2 èmes années, futurs<br />

candidats aux concours<br />

2021). À partir des chiffres<br />

transmis par les CPGE, la<br />

DAC publie sur l’évolution<br />

des effectifs en CPGE à la<br />

rentrée <strong>2020</strong>, pour la filière<br />

économique et commerciale<br />

et la filière littéraire, la DAC<br />

publie des indicateurs qui<br />

montrent également que les<br />

« carrés » augmentent de<br />

0,6 % alors que les « cubes »<br />

baissent globalement de<br />

9,3 % et de 33 % dans les<br />

prépas privées hors contrat.<br />

L’effectif de la filière<br />

littéraire (uniquement pour<br />

les 2 ème années) est quant à<br />

lui en baisse de 1,6 % à la<br />

rentrée <strong>2020</strong>, avec un total<br />

de 5 688 élèves, après trois<br />

années de progression.<br />

Palmarès des prépas :<br />

pas d’infos du Sigem<br />

pour les médias<br />

Le Sigem avait décidé cet été<br />

de ne pas publier le fichier des<br />

choix des préparationnaires.<br />

Conséquence : les classeurs<br />

(l’Étudiant, Challenges, Le<br />

Figaro) ne disposent pas des<br />

informations nécessaires<br />

pour publier non plus leur<br />

classement des classes<br />

préparatoires. La solution :<br />

se tourner directement<br />

vers les écoles du « haut<br />

du panier » - celles à partir<br />

duquel les palmarès sont<br />

réalisés – pour obtenir leurs<br />

statistiques. Des écoles qui<br />

justement pour la plupart<br />

n’étaient de toute façon pas<br />

opposées à la publication<br />

desdites statistiques.<br />

5


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Classements :<br />

« Le Figaro »<br />

ouvre le bal<br />

C’est LA nouvelle du Classement 2021 des<br />

écoles de management du Figaro : l’Edhec<br />

y dépasse emlyon. Comme l’explique Le Figaro<br />

: « Plusieurs raisons à cela. D’abord, la<br />

Commission d’évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion (CEFDG) a pris la décision de ne délivrer le<br />

grade de master que pour trois ans au lieu de cinq. Et<br />

l’école a fait une mauvaise campagne de recrutement<br />

cette année. Sans ces éléments, l’EM Lyon aurait pu<br />

garder sa position, car la différence entre les deux<br />

business schools tient dans un mouchoir de poche.<br />

L’arrivée de nouveaux actionnaires, la valse des directeurs<br />

n’ont pas non plus arrangé les choses ». En<br />

fait le match s’est joué sur un rien et emlyon pourrait<br />

rebondir l’année prochaine.<br />

6


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

BSB à Lyon : c’est fait !<br />

« BSB mange du Lyon » annonce l’école de moins en moins bourguignonne<br />

et de plus en plus lyonnaise qu’est BSB pour signifier son implantation<br />

sur un nouveau site dans la capitale des Gaules.<br />

«<br />

Ce nouveau campus reproduit ce qui est au<br />

cœur de notre ADN et a fait notre succès<br />

à Dijon : une Grande école à taille humaine,<br />

centrée sur la proximité avec les étudiants et<br />

leur accompagnement », explique Stéphan Bourcieu, le<br />

directeur général de BSB. 200 étudiants en 2019, 370<br />

en <strong>2020</strong> : les effectifs de BSB Lyon vont poursuivre leur<br />

augmentation et ils seront à terme entre 700 et 800 à<br />

fréquenter les 3 000 m2 du nouveau campus, dont la<br />

moitié en alternance.<br />

Alors que n’était jusqu’ici dispensé qu’un bachelor dès<br />

2021 les candidats issus de classes préparatoires ou du<br />

concours Passerelle auront le choix entre les campus<br />

de Dijon et Lyon pour effectuer leur première année de<br />

master Grande école (MGE). À l’issue de cette année,<br />

ils pourront poursuivre à Dijon, à Lyon et/ou à l’international<br />

en fonction de leur choix de parcours. De plus<br />

120 à 150 étudiants suivront leur cursus en alternance<br />

à Lyon (en M1 et M2) au sein de ce même MGE.<br />

Ce nouveau campus sera inauguré au printemps au<br />

cœur du quartier Monplaisir dans le 8e arrondissement<br />

de Lyon. Y seront dispensés le MGE, le bachelor et le<br />

MSc Digital Leadership.<br />

L’Edhec lance son premier<br />

MSc 100 % en ligne<br />

Le « Online Msc in<br />

International Business<br />

Management » est le<br />

premier MSc de l’Edhec<br />

intégralement dispensé<br />

à distance et en anglais.<br />

C’est également le premier<br />

programme d’EDHEC<br />

Online conçu dans le cadre<br />

de l’alliance FOME (Future<br />

of Management Education),<br />

qui regroupe huit business<br />

schools et universités du<br />

monde entier. « dispositif de<br />

« cours partagés » constitue<br />

une première étape avant la<br />

création à terme de doubles<br />

diplômes globaux entre les<br />

institutions partenaires de<br />

l’Alliance », souligne Benoît<br />

Arnaud, le directeur des<br />

programmes de l’EDHEC.<br />

Reconfinement :<br />

MBS ouvre un nouveau fonds de solidarité<br />

Alors que le reconfinement fait ressurgir<br />

un risque financier chez les étudiants,<br />

MBS crée un nouveau fonds de solidarité<br />

de 100 000 € pour venir en aide aux étudiants<br />

les plus en difficulté. Il vient renforcer<br />

le dispositif de bourses supplémentaires<br />

mis en place en avril dernier. De<br />

plus MBS proposer aux familles en dif-<br />

ficulté un report du paiement de la mensualité<br />

des frais de scolarité du mois de<br />

<strong>décembre</strong>.<br />

MBS dispense aujourd’hui l’intégralité<br />

de ses enseignements à distance, avec<br />

des séances interactives en direct sur<br />

la plateforme LINC (Live INteractive<br />

Classroom).<br />

L’EM Normandie raconte<br />

de « Belles Histoires »<br />

L’EM Normandie valorise ses<br />

20 000 diplômés en lançant<br />

« Les Belles Histoires », une<br />

série de podcasts dédiée à<br />

la découverte d’hommes<br />

et de femmes « engagés et<br />

passionnés, aux parcours<br />

divers, inspirants et<br />

parfois atypiques ». Les<br />

cinq premiers épisodes<br />

viennent d’être publiés sur<br />

les plateformes d’écoute,<br />

les prochains le seront<br />

ensuite à raison d’un épisode<br />

toutes les deux semaines.<br />

Audencia a… 20 ans<br />

Audencia a 120 ans,<br />

mais cela fait 20 ans que<br />

l’ESC Nantes est devenue<br />

Audencia ! À l’époque ce<br />

fut la première école de<br />

commerce française de<br />

premier plan à se lancer dans<br />

un changement de nom qui<br />

lui faisait à la fois abandonner<br />

l’appellation « ESC » et<br />

son seul territoire nantais.<br />

La terminaison en « a »<br />

devait aussi avoir de beaux<br />

jours devant elle. Il y avait<br />

déjà Advancia et Negocia à<br />

Paris, il y eut ensuite Skema,<br />

Neoma, Sigma du côté<br />

ingénieurs et enfin Excelia.<br />

Voir le site Internet<br />

dédié : https://podcast.<br />

em-normandie.com<br />

7


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Excelia célèbre les 15 ans d’Humacité<br />

C’est l’un des points forts d’Excelia. Les<br />

missions Humacité© s’appuient sur la réalisation<br />

bénévole d’une mission humanitaire,<br />

sociale et citoyenne par les étudiants.<br />

Chaque étudiant d’Excelia peut<br />

ainsi s’impliquer dans une mission bénévole<br />

d’intérêt général d’une durée de 6<br />

à 12 semaines au service d’une population<br />

en grande difficulté en France ou à<br />

l’étranger. Et surtout en France cette an-<br />

née puisque, si 67 % des missions Humacité©<br />

se déroulent normalement à l’international,<br />

notamment en Asie (52 %) et en<br />

Amérique (21 %), la crise sanitaire a rebattu<br />

les cartes. En 2019-<strong>2020</strong>, seuls 35 % des<br />

étudiants ont ainsi pu partir à l’étranger.<br />

Excelia a également développé Climacité©<br />

(missions développement durable)<br />

et un Observatoire des compétences dédié<br />

à ces dispositifs.<br />

L’Edhec se mobilise<br />

pour les DYS<br />

Au côté de la Fédération française des<br />

DYS, qui soutient les personnes porteuses<br />

de troubles cognitifs responsables de difficultés<br />

d’apprentissage majeures, l’Edhec<br />

a collaboré avec les services du gouvernement<br />

pour concevoir sa nouvelle<br />

campagne de communication. Une initiative<br />

qui s’inscrit dans le cadre de la<br />

Semaine Européenne Emploi Handicap<br />

(16-22 novembre <strong>2020</strong>) à l’initiative<br />

d’étudiants en Master of Science qui ont<br />

présenté leur candidature à l’élaboration<br />

d’une vidéo de promotion des personnes<br />

atteintes de DYS.<br />

Ce teaser, premier d’une série plus<br />

large, sera utilisé par le gouvernement<br />

français dans le cadre de ses futures campagnes<br />

en faveur de l’intégration des personnes<br />

souffrant de handicap.<br />

Top 20 des établissements d’enseignement supérieur les plus influents sur Twitter<br />

8


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Covid-19 : le bac s’adapte<br />

Pour tenir compte des conséquences de la crise sanitaire sur les conditions<br />

de préparation du baccalauréat général et technologique, sont mises en place<br />

différentes mesures pour l’année scolaire <strong>2020</strong>-2021.<br />

Les évaluations communes (l’histoire-géographie,<br />

les langues vivantes, et la spécialité qui<br />

n’est pas poursuivie en terminale, ainsi que les<br />

mathématiques pour la voie technologique et<br />

l’enseignement scientifique pour la voie générale) ont<br />

remplacé par les moyennes de bulletins scolaires des<br />

élèves de première et de Terminale.<br />

Les épreuves terminales sur les enseignements de<br />

spécialité sont quant à elle maintenues en mars prochain,<br />

mais leurs modalités sont adaptées pour tenir<br />

compte du contexte sanitaire. Toutes les disciplines<br />

concernées proposeront deux sujets ou des exercices<br />

au choix afin de couvrir l’ensemble des thématiques<br />

étudiées. Dans chaque discipline, des référentiels sur<br />

les compétences et connaissances attendues pour<br />

ces épreuves seront publiés.<br />

Pour les candidats empêchés pour cause de force<br />

majeure aux épreuves de spécialité du mois de mars, les<br />

épreuves de remplacement auront lieu au mois de juin.<br />

Europe : quelle<br />

mobilité étudiante ?<br />

La France n’est pas un grand<br />

pays de destination des<br />

étudiants européens. Avec<br />

43 080 étudiants européens<br />

accueillis en 2018, elle se<br />

classe seulement à la 9 ème place<br />

des destinations privilégiées<br />

par ces derniers alors même<br />

que 86 % partent en mobilité<br />

sur le continent. Seuls 19 %<br />

des étudiants internationaux<br />

en France sont européens,<br />

contre 35 % au Royaume-<br />

Uni, 42 % en Allemagne et<br />

même 77 % aux Pays-Bas.<br />

Le recrutement de la France<br />

est en effet davantage tourné<br />

vers le continent africain et<br />

le Moyen-Orient. L’étude<br />

Les grandes tendances de la<br />

mobilité étudiante en Europe<br />

est parue à l’occasion des<br />

Rencontres Campus France<br />

(16-18 novembre) qui mettent<br />

l’Europe à l’honneur.<br />

Terminales générales :<br />

des effectifs en baisse<br />

À la rentrée <strong>2020</strong>, les établissements publics<br />

et privés du second degré accueillent<br />

5,686 millions d’élèves, soit 9 400 de plus<br />

qu’en 2019 (+ 0,2%) selon une note de la<br />

DEPP. Les effectifs sont en hausse dans<br />

les collèges (+ 16 000 élèves), et dans les<br />

formations professionnelles en lycée (+<br />

1 400 élèves). Le nombre d’élèves décroît<br />

en revanche dans les formations générales<br />

et technologiques en lycée (- 8 000) suite<br />

à la chute des redoublements en terminale,<br />

liée aux taux de réussite très élevés<br />

au baccalauréat <strong>2020</strong>. Dans les terminales<br />

générales cette année il n’y a ainsi<br />

plus que 405 000 élèves contre près de<br />

427 000 en 2019. Un petit trou d’air à l’entrée<br />

dans l’enseignement supérieur à prévoir<br />

donc. Surtout si le bac est plus sélectif<br />

cette année.<br />

Région par région :<br />

les effectifs<br />

étudiants<br />

L’Atlas régional 2018-2019 que publie<br />

le ministère de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation<br />

(MESRI) présente, sous forme de<br />

cartes, de graphiques et de tableaux, le<br />

système français d’enseignement supérieur.<br />

Les cartes nationales donnent une<br />

vision d’ensemble des effectifs étudiants<br />

sur le territoire français pour les principaux<br />

domaines de formation et par cycle<br />

d’étude, puis par grands secteurs disciplinaires,<br />

avec une focalisation sur les<br />

universités et les autres établissements<br />

directement sous tutelle du MESRI. Le<br />

cœur de l’ouvrage est constitué de cartes<br />

régionales qui présentent de manière détaillée<br />

les filières proposées et les effectifs<br />

inscrits dans chaque unité urbaine.<br />

Les formations et les effectifs des régions<br />

voisines sont également indiqués, afin de<br />

situer chaque région dans son environnement<br />

de proximité<br />

9


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Un sujet aux oraux 2021 ?<br />

Florence Legros, directrice générale d’ICN BUSINESS SCHOOL<br />

PARIS-NANCY-BERLIN et économiste experte de l’économie du vieillissement,<br />

nous donne sa réponse à la question « La Covid-19 peut-elle s’inviter<br />

dans le débat politique des retraites en France d’ici les Élections présidentielles 2022 ? ».<br />

Eclairage également sur le parcours de Marie, étudiante à ICN après<br />

une classe préparatoire littéraire et sur le projet phare en 2021 : la Station A.<br />

Le 16 mars, le président de la république annonce la<br />

suspension de toutes les réformes, dont celle des<br />

retraites. Le processus législatif est donc interrompu<br />

par la crise sanitaire.<br />

Pour autant, la réforme peut-elle être définitivement<br />

abandonnée ? autrement dit, la crise sanitaire a-telle<br />

changé la donne ?<br />

Pour qu’il en soit ainsi, il faudrait que les décès liés<br />

à la Covid aient généré des économies de rentes<br />

supérieures au manque à gagner en termes de<br />

cotisations dues à la situation sanitaire et à son<br />

impact économique.<br />

Comme nous le rappelle l’Insee, les décès purement<br />

liés à la Covid sont difficiles à évaluer ; ils résultent<br />

d’un calcul par différence (on parle de surmortalité) à<br />

la mortalité « normale » qui résulte d’une modélisation.<br />

LIVRONS-NOUS À UN CALCUL APPROXIMATIF :<br />

Admettons qu’ils soient de 40 000 en France ; sachant<br />

que la pension moyenne est de 1 500 euros<br />

mensuels et que 90 % des décès touchent des plus<br />

de 60 ans (que nous allons assimiler par simplicité à<br />

des retraités). En prenant en compte l’âge moyen des<br />

décédés (81 ans) et l’espérance de vie à 80 ans (8 ans<br />

et 9 mois pour les hommes et 9 ans et 10 mois pour<br />

les femmes), « l’économie » serait de 648 millions<br />

d’euros par an ou 5,832 milliards sur l’espérance<br />

de vie des personnes considérées.<br />

Tout comme l’est celui du manque à gagner en cotisations,<br />

affecté par le chômage partiel (sans cotisations),<br />

le chômage déjà enregistré et à venir… Une<br />

baisse de 20 % des cotisations conduit à un manque<br />

de 65 milliards pour <strong>2020</strong> (le montant projeté hors<br />

crise était de 329 milliards d’euros).<br />

On mesure donc bien l’écart entre les deux chiffres<br />

et le besoin qu’il y aura de remettre le « dossier<br />

retraites » sur la table.<br />

Coté niveau de vie des retraités, un élément important<br />

est que le discours économique habituel est battu en<br />

brèche : l’indexation des pensions sur les prix et non<br />

sur les salaires fait systématiquement<br />

baisser le niveau de vie relatif des<br />

retraités vis-à-vis de celui des actifs.<br />

Or, si les actifs du secteur privé ont<br />

été touchés par la crise, les retraités<br />

vivent, quant à eux, une remontée de<br />

leur pouvoir d’achat, de sorte qu’une<br />

réforme qui entendrait abaisser les taux<br />

de remplacement (ratio pensions/dernier<br />

salaire) pourrait trouver un plus large<br />

écho dans les circonstances actuelles.<br />

La Covid s’invitera indéniablement dans<br />

les discussions sur la réforme des retraites.<br />

Outre une discussion sur le coût<br />

de la préparation à la réforme avortée<br />

et une bataille de chiffres sur la mortalité exacte due<br />

à la pandémie, attendons-nous sans aucun doute<br />

au débat malthusien habituel sur l’opportunité de<br />

relever l’âge de la retraite en présence de chômage<br />

des jeunes, à celui portant sur l’arbitrage répartition<br />

capitalisation alors que les marchés financiers<br />

auront connu une seconde phase dépressive en<br />

moins de 15 ans.<br />

Ces questions ne sont pas nouvelles mais la crise<br />

actuelle leur donne un relief particulier. La question<br />

qui en revanche, risque d’occuper les débats est celui<br />

du traitement des catégories socio-professionnelles<br />

impactées de manière très variable par la crise :<br />

si les fonctionnaires l’ont été peu pécuniairement<br />

certains d’entre eux ont été des piliers durant la<br />

crise, comme les soignants ou les enseignants ;<br />

de la même manière, les restaurateurs et autres<br />

professionnels de la vie sociale auront été vivement<br />

touchés, de telle sorte que la vision universelle du<br />

futur régime de retraite donnera probablement lieu<br />

à des oppositions avivées.<br />

https://blog.insee.fr/mourir-de-la-grippe-ou-ducoronavirus-faire-parler-les-chiffres-de-decespublies-par-linsee-avec-discernement/<br />

10


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Etudiants de classes préparatoires :<br />

pourquoi ont-ils rejoint ICN ?<br />

MARIE DELCROIX, ÉTUDIANTE EN PGE1<br />

SUR LE CAMPUS DE NANCY ARTEM<br />

Issue d’une classe préparatoire littéraire AL au lycée<br />

Albert Châtelet de Douai, j’avais l’envie d’intégrer<br />

une grande école de management. Ainsi, j’ai passé<br />

les différents concours d’accès aux Grandes écoles<br />

(BCE et ECRICOME littéraire). ICN Business School a<br />

été une évidence du fait de son Alliance Artem avec<br />

l’École nationale supérieure d’art et de design de<br />

Nancy et Mines Nancy favorisant la créativité et un<br />

brassage des disciplines. Surtout, j’avais déjà pour<br />

projet de travailler dans le luxe et il s’avère que le<br />

MSc Luxe et Design proposé par l’école figure parmi<br />

les meilleurs programmes.<br />

Arrivée en PGE1, je trouve que la première année est<br />

enrichissante. Les matières abordées sont nouvelles.<br />

C’est pourquoi, certains cours comme la comptabilité<br />

ou encore les méthodes quantitatives demandent<br />

davantage d’investissement. En revanche, le niveau<br />

d’anglais acquit en CPGE littéraire est un réel atout en<br />

école de commerce. Aimant les Sciences Humaines et<br />

Sociales, le management et la gestion m’ont aussitôt<br />

séduit. Par ailleurs, le travail en groupe sur des cas<br />

concrets m’a permis de mieux me connaître. Souvent<br />

avec des collaborateurs que l’on ne choisit pas, cette<br />

méthode pédagogique nous offre une expérience<br />

quasi-professionnelle. Accompagnés tout au long<br />

de l’année par des tuteurs, notre épanouissement<br />

professionnel et personnel est garanti.<br />

ICN prônant la diversité des parcours, il est donc<br />

nécessaire d’éviter toute autocensure. La réussite<br />

en école n’est pas réservée qu’aux étudiants venant<br />

de prépa HEC !<br />

ICN se place 13 ème école post-prépa<br />

et 11 ème école triple accréditée AACSB-AMBA-EQUIS<br />

dans le classement 2021 des grandes écoles de commerce<br />

par L’Etudiant<br />

11


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

STATION A : un laboratoire d’expérimentation<br />

pour la pédagogie et la recherche académique<br />

transdisciplinaire à ICN Business School<br />

NOM DE CODE : STATION A<br />

DOMAINE : TRANSDISCIPLINARITE<br />

MISSION : Activer la créativité des étudiants et des professionnels pour les amener à développer<br />

de nouvelles façons de réfléchir et d’agir.<br />

VALEUR : Ouverture, innovation, créativité<br />

LANCEMENT : JANVIER 2021<br />

SPECIFICITES : Un lieu convivial de 600 mètres carrés situé à Nancy, ouvert sur le monde, et<br />

connecté avec Paris et Berlin. Un lieu pour imaginer l’inimaginable, un lieu vivant de rencontres<br />

entre les étudiants, les enseignants-chercheurs et les partenaires économiques et institutionnels<br />

territoriaux.<br />

STATION A DEVIENT AINSI L’ESPACE ICN DÉDIÉ À<br />

LA TRANSDISCIPLINARITÉ, À LA CRÉATIVITÉ ET À<br />

L’INNOVATION PÉDAGOGIQUE.<br />

Station A permet d’offrir des espaces pour favoriser<br />

les échanges entre différentes disciplines,<br />

pour expérimenter, explorer, coopérer, approcher<br />

la complexité, via :<br />

• Des expériences Artem sur la silver économie,<br />

l’habitat social, la smart economy, la mise en œuvre<br />

d’une politique RSE, le manager RSE, les projets<br />

entrepreneuriaux au regard des enjeux du développement<br />

durable…<br />

• Des ateliers sur la dimension entrepreneuriale,<br />

la banque de demain pour les 18-25 ans, l’humain<br />

augmenté, quelle stratégie pour la production<br />

artistique 3.0 ?...<br />

• Des workshops entreprise à thème tels que la<br />

digitalisation & le changement organisationnel, le<br />

numérique et l’humain…<br />

• Des séances de créativité avec la méthode AGILE<br />

et en immersion<br />

• Des conférences permanentes proposées par des<br />

universités, écoles européennes et internationales<br />

• Des capsules pédagogiques et de formation<br />

continue « sur mesure » en fonction des besoins<br />

des entreprises et/ou en cohérence avec nos<br />

projets de formation.<br />

Station A devient aussi le moving lab ICN, favorisant<br />

l’apprentissage expérientiel, l’agilité et l’aptitude à<br />

comprendre la complexité de toute situation.<br />

L’individu qui entre dans Station A – qu’il soit étudiant,<br />

enseignant-chercheur, collaborateur… – va agir dans<br />

un écosystème « en évolution » pour sortir de sa<br />

zone de confort, mobiliser ses ressources et celles<br />

des autres, rebondir et reconfigurer ses modes de<br />

pensée, impulser une dynamique d’évolution.<br />

12


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Un double diplôme pour l’EM<br />

Normandie et l’EBI<br />

L’École de Biologie Industrielle (EBI) et l’EM Normandie ont signé un accord de<br />

partenariat qui permettra aux étudiants ingénieurs suivant la filière marketing<br />

et management de l’EBI d’obtenir le diplôme du Programme Grande École EM<br />

Normandie dispensé en e-learning.<br />

Pour permettre un apprentissage efficace, l’EM<br />

Normandie met à la disposition des étudiants<br />

ingénieurs une plateforme digitale accessible<br />

24h/24 avec un accès personnalisé à un accompagnement<br />

pédagogique et à des cours en vidéos<br />

conçus par son studio expert Ingenium Digital Learning.<br />

« Nous sommes heureux de ce premier double diplôme<br />

avec une école de management. Le croisement des<br />

approches de nos deux établissements répond aux<br />

besoins des entreprises, qui confient souvent des<br />

projets ambitieux à nos jeunes diplômés et exigent de<br />

leur part des propositions en matière de développement<br />

durable ainsi qu’une capacité précoce d’analyse<br />

stratégique », se félicite Florence Dufour, la directrice<br />

générale de l’EBI.<br />

Ce programme est ouvert aux étudiants de l’EBI issus<br />

de la troisième année du cycle ingénieur sous statut<br />

étudiant ou contrat de professionnalisation, ayant validé<br />

180 crédits ECTS ainsi qu’à ceux inscrits en deuxième<br />

année ingénieur sous statut d’étudiant en <strong>2020</strong>-2021.<br />

Headway, Academ<br />

et la Fnege lancent<br />

« envision education »<br />

Depuis plusieurs mois,<br />

toute l’énergie du secteur<br />

de l’enseignement supérieur<br />

s’est concentrée sur la<br />

continuité pédagogique et<br />

à la sécurité sanitaire des<br />

étudiants et des personnels.<br />

Le monde de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche<br />

entre aujourd’hui dans une<br />

ère de « new normal ». Une<br />

profonde transformation<br />

qui impose d’engager une<br />

réflexion stratégique et<br />

structurelle capitalisant sur<br />

les expériences réalisées.<br />

C’est dans le but d’ouvrir<br />

ce débat et cet échange que<br />

HEADway Advisory et<br />

Academ, avec le soutien de la<br />

Fnege (Fondation nationale<br />

pour l’enseignement de la<br />

gestion des entreprises),<br />

proposent aux acteurs de<br />

l’enseignement supérieur<br />

une première série de 6<br />

webinaires «ENVISION<br />

E<strong>DU</strong>CATION» qui<br />

traitent des sujets suivants :<br />

international, valorisation<br />

de la recherche, digital<br />

Learning et expérience<br />

étudiante, management de la<br />

faculté, Executive Education,<br />

compétences et acquis.<br />

Prix de la<br />

communication<br />

Arces : Neoma<br />

lauréate<br />

Les Prix de la communication du Sup’<br />

de l’Arces distinguent chaque année les<br />

meilleures initiatives en communication<br />

des établissements d’enseignement supérieur<br />

et plus globalement, la qualité de la<br />

stratégie mise en œuvre. En vidéo le 1er<br />

prix revient à NEOMA Business School<br />

pour sa série de vidéos sur ses anciens à<br />

travers le monde.<br />

Un nouveau prix pour Audencia<br />

Audencia a remporté le Bronze dans la<br />

catégorie Brand Content « Sites Internet<br />

» du Grand Prix Stratégies du Brand<br />

Content <strong>2020</strong>. Après deux récompenses<br />

en 2018 et 2019, c’est la troisième fois<br />

qu’Audencia est ainsi récompensée. Cette<br />

fois-ci pour le support créé à l’occasion<br />

des 120 ans de l’école : https://120.audencia.com.<br />

Lancé en février <strong>2020</strong>, le projet<br />

retrace les grandes dates qui ont marqué<br />

l’histoire de l’école. Il est nourri, au<br />

fil des mois, de résumés des 120 événements<br />

qui jalonnent cette année anniversaire.<br />

Fidèle à son engagement pour<br />

la culture, Audencia a souhaité matérialiser<br />

cette année clé à travers la création<br />

progressive d’une œuvre d’art en faisant<br />

appel à un illustrateur nantais passionné<br />

de voyage et d’architecture, qui a déjà réalisé<br />

la désormais célèbre série d’illustrations<br />

Travel With Me : Dr Paper.<br />

L’ensemble des marques, agences, et<br />

prestataires, tous secteurs confondus,<br />

pouvait candidater en amont.<br />

13


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Les nominations du mois<br />

ANNE LAUDE<br />

Anne Laude a été nommée conseillère éducation, enseignement<br />

supérieur, recherche et innovation auprès<br />

du président de la République, Emmanuel Macron le<br />

23 novembre. Elle succède à Thierry Coulhon nommé<br />

début novembre président du Hcéres (Haut Conseil<br />

de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement<br />

supérieur). Professeure de Droit, professeure des<br />

universités de Paris V, Anne Laude était rectrice de<br />

l’académie de Limoges depuis avril 2019. Auparavant<br />

elle codirigeait l’Institut Droit et Santé depuis 2006<br />

et était doyenne de la faculté de droit de l’université<br />

Paris-Descartes depuis 2014.<br />

Les autres nominations<br />

MICHAEL ANTIOCO<br />

Michael Antioco, 42 ans, a été nommé<br />

doyen du corps professoral et de la<br />

recherche de de l’Edhec à partir du<br />

1 er janvier 2021. Il devient également<br />

membre de son comité exécutif. Il succède<br />

à ce poste à Christophe Roquilly.<br />

Italo-britannique, Michael Antioco est<br />

titulaire d’un PhD in Marketing & Innovation<br />

Studies de l’université de technologie<br />

d’Eindhoven (Pays-Bas) et d’un<br />

Research Master of Business Science<br />

de la Louvain School of Management<br />

(Belgique). Il a rejoint l’EDHEC en tant<br />

que professeur de Marketing en 2013<br />

et a été nommé Head of Faculty du<br />

département Marketing l’année suivante.<br />

Après deux mandats de doyen de<br />

trois ans Christophe Roquilly prendra<br />

à temps plein à compter de janvier la<br />

direction de l’EDHEC Augmented Law<br />

Institute.<br />

P. Cauneau / Audencia<br />

THILBAUT BARDON<br />

Thibaut Bardon a été nommé directeur académique d’Audencia.<br />

Il supervisera ainsi l’ensemble de la faculté d’Audencia, composé<br />

de 136 enseignants-chercheurs internationaux, ainsi que<br />

de l’ensemble des vacataires. Il succède partiellement à André<br />

Sobczak, qui occupait la fonction de directeur académique et de<br />

la recherche depuis 2015.<br />

Titulaire d’un double doctorat en management de Paris Dauphine<br />

et de l’Université de Genève, ainsi qu’une HDR de Paris Dauphine,<br />

Thibaut Bardon a démarré sa carrière en tant que consultant. Après<br />

une expérience de recherche et d’enseignement à l’Université de Genève, il rejoint Audencia<br />

en 2011 en tant que professeur de management et responsable de la majeure Consulting.<br />

Depuis 2015, il était également responsable de la recherche en management et titulaire de la<br />

chaire Innovations Managériales de l’école. Il fait également partie du comité de pilotage du<br />

plan stratégique 2021-2025. Sa nouvelle fonction l’amène à faire également partie du comité<br />

exécutif de l’école.<br />

Nouvelles nominations à la Conférence des Grandes écoles<br />

Le conseil d’administration de la<br />

CGE s’est réuni le 17 novembre et de<br />

nouveaux administrateurs (en attente de<br />

confirmation à la prochaine assemblée<br />

générale). Les nouveaux administrateurs<br />

provisoires de la CGE sont :<br />

• Delphine Manceau, directrice<br />

générale de Neoma Business<br />

School a été élue trésorière ;<br />

• Pascal Charpentier, président<br />

de l’APLCPGE ;<br />

• Jérôme Caby, nouveau délégué<br />

général de la FNEGE ;<br />

14<br />

• Sanaa Nahla, Head of Group<br />

academic relations de Engie.<br />

Deux nouveaux présidents de<br />

commissions ont également été élus :<br />

• Commission Accréditation : Stéphanie<br />

Lavigne, directrice générale<br />

de TBS Business School ;<br />

• Commission Aval : Nicolas Glady,<br />

directeur de Télécom Paris.


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

UN NOUVEAU PRÉSIDENT POUR LE GROUPE INSEEC U.<br />

Mathias Emmerich a été nommé président exécutif du<br />

groupe INSEEC U. Conseiller à la Cour des Comptes<br />

depuis février <strong>2020</strong>, Mathias Emmerich fut auparavant<br />

directeur général délégué performance de SNCF<br />

Mobilités de 2015 à la fin 2019. Il quitte à l’époque<br />

l’entreprise comme d’autres cadres de premier plan de<br />

l’équipe de Guillaume Pepy remplacés par le nouveau<br />

directeur général du groupe, Jean-Pierre Farandou.<br />

Géographe de formation, ancien élève de l’ENS Saint<br />

Cloud, de Sciences Po Paris et de l’Ecole nationale<br />

d’administration, Mathias Emmerich est agrégé de<br />

Sciences sociales. Après avoir intégré la Cour des<br />

comptes en 1988, il entre à la Commission des opérations<br />

de bourse (COB) en 1992. De retour à la Cour<br />

des comptes en 1995 il crée en parallèle l’Association<br />

de défense des contribuables parisiens (il écrira même<br />

un ouvrage à ce sujet, « La République prodigue,<br />

argent public, argent irresponsable », Plon, 1999).<br />

En 1997 il est nommé conseiller technique chargé des<br />

affaires budgétaires au cabinet d’Elisabeth Guigou,<br />

la garde des Sceaux. Il intègre une première fois la<br />

SNCF en 1999 en étant nommé directeur des filiales<br />

et participations. Il y restera jusqu’en 2009 avant de<br />

devenir secrétaire général de Publicis Groupe jusqu’en<br />

2013, date à laquelle il revient à la SNCF en tant que<br />

directeur financier. En 2017 son nom avait circulé pour<br />

prendre la direction de Google France.<br />

CAROLE DRUCKER-GODARD<br />

Carole Drucker-Godard a été nommée<br />

rectrice de l’académie de Limoges.<br />

Elle y succède à Anne Laude nommée<br />

conseillère éducation du président de<br />

la République. Présidente de la Cefdg<br />

(Commission d’évaluation des formations<br />

et diplômes de gestion) depuis<br />

2017 elle y laisse une commission<br />

transformée à la légitimité renforcée.<br />

Titulaire d’un DEA marketing et stratégie<br />

et d’un doctorat en sciences de gestion<br />

de Paris-Dauphine, elle était entrée à<br />

Paris-Nanterre université en 2001 et<br />

en était professeur des universités<br />

depuis 2013.<br />

EMILIOS GALARIOTIS<br />

Emilios Galariotis a été nommé directeur<br />

de la recherche d’Audencia, dont<br />

il était déjà directeur du laboratoire<br />

depuis deux ans. Il succède partiellement<br />

à André Sobczak, qui occupait la<br />

fonction de directeur académique et<br />

de la recherche depuis 2015. Titulaire<br />

d’un PhD en économie financière de<br />

l’université de Durham au Royaume-<br />

Uni, et d’une Habilitation à Diriger la<br />

Recherche (HDR) de l’Université de<br />

Nantes, Emilios Galariotis est professeur<br />

de finance à Audencia depuis 2008.<br />

De nationalité grecque, il a occupé à<br />

Audencia les fonctions de Responsable<br />

du Département Finance, Responsable<br />

de la recherche « Finance, risque et<br />

performance financière », puis Directeur<br />

de l’Institut Finance. (Photo © F.<br />

Sénard / Audencia).<br />

BRUNO TALLENT<br />

Bruno Tallent a été nommé directeur de<br />

la communication, de la marque et du<br />

marketing de emlyon business school<br />

et intègre son directoire. Bruno Tallent<br />

a travaillé près de 30 ans dans les plus<br />

grands groupes de communication et<br />

de marketing internationaux (Omnicom,<br />

Havas, IPG), en exerçant des fonctions<br />

de management depuis plus de 15 ans.<br />

Après 6 années chez BDDP puis 4 chez<br />

Havas, il rejoint TBWA\France (Omnicom)<br />

en 2000 en tant que vice-président et<br />

directeur de l’Intégration. Il rejoint le<br />

groupe McCANN (IPG) en 2015 en tant<br />

que Président & CEO France. Il est luimême<br />

diplômé d’emlyon (Programme<br />

Grande École).<br />

15


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Alexandre de Navailles<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE KEDGE BS<br />

« La méthode, la qualité de la pédagogie, le service<br />

apporté aux étudiants c’est ce qui fait la différence »<br />

Les cinq mois qu’il a passés à la<br />

direction générale de Kedge ont été<br />

très particuliers en pleine crise de la<br />

Covid-19. Alexandre de Navailles fait le<br />

point avec nous sur sa découverte de<br />

Kedge et trace les grandes lignes de la<br />

stratégie qu’il dévoilera début 2021.<br />

Olivier Rollot : Il y a maintenant près de cinq<br />

mois que vous avez été nommé à la direction<br />

de Kedge BS. Au-delà de la gestion de la<br />

pandémie de la Covid-19 quel est aujourd’hui<br />

votre principal chantier ?<br />

Alexandre de Navailles : Nous travaillons sur notre<br />

nouveau plan stratégique pour les années 2021-2025<br />

en embarquant les collaborateurs de l’école dans cet<br />

exercice. Nous le communiquerons en janvier. Ce plan<br />

sera construit à partir de l’histoire de deux écoles<br />

plus que centenaires viscéralement attachées à leurs<br />

territoires et qui doivent le rester. Il sera également<br />

fondé sur les bases de ce qui a déjà été construit.<br />

Pas question de faire un virage à 180° pour une belle<br />

histoire commencée en 2013 et qui a permis de faire<br />

que 1+1 soit égale à trois en nombre d’étudiants qui<br />

passent par l’école.<br />

Délivrer ensuite ce plan sera le vrai challenge. Je<br />

m’inscris dans cette perspective de cinq, de dix ans.<br />

Je ne veux pas entrer dans le jeu du mercato. Je suis<br />

un dirigeant loyal et fidèle comme je l’ai prouvé tout<br />

au long de mes 23 années passées chez Hertz. 23<br />

années passionnantes qui m’ont permis de réaliser<br />

toutes sortes d’objectifs.<br />

management de la culture, ou encore alimentation vin<br />

& hospitalité. J’arrive dans un environnement solide qui<br />

offre beaucoup d’opportunités et auquel j’apporte une<br />

touche de business et de leadership. Ainsi qu’un réseau.<br />

KEDGE est une des dix « Écoles de Commerce Championnes<br />

de l’Entrepreneuriat » selon le magazine Forbes<br />

et la première selon Le Parisien. Reconnue pour son<br />

action et pour l’ensemble de son dispositif entrepreneurial<br />

auprès de ses étudiants et de ses diplômés,<br />

KEDGE innove et intensifie régulièrement son accompagnement<br />

auprès des start-ups.<br />

O. R : Le challenge c’est aussi aujourd’hui<br />

pour vous de faire évoluer une école qui a<br />

été très bien gérée jusqu’ici.<br />

A. de N : Kedge est effectivement bien gérée, sans<br />

dettes ni subventions ce qui en fait l’une des rares<br />

totalement autonome financièrement. Elle présente<br />

malgré tout encore des opportunités, nous pouvons<br />

apporter des touches de management que l’on pourrait<br />

Alexandre de Navailles<br />

C’était une nomination très<br />

attendue depuis le départ<br />

de José Milano pour la<br />

direction de l’Inseec U. en<br />

novembre 2019. Alexandre<br />

de Navailles, 45 ans, a été<br />

nommé directeur général de<br />

Kedge BS en juin <strong>2020</strong>. Un<br />

poste d’une toute nouvelle<br />

nature pour celui qui avait<br />

jusqu’ici construit l’essentiel<br />

de sa carrière au sein de la<br />

filiale française du numéro 1<br />

mondial de la location de<br />

voitures, Hertz, dont il était<br />

à la fois directeur général<br />

et président depuis 2018.<br />

Après avoir a commencé sa<br />

carrière au sein de la banque<br />

suisse UBS, Alexandre<br />

de Navailles rejoint Hertz<br />

France en 1997 en qualité<br />

de directeur du contrôle de<br />

gestion. De 2008 à 2012 il<br />

passe sept ans à Londres<br />

au siège de Hertz Europe :<br />

d’abord en tant que directeur<br />

du pricing pour l’Europe puis<br />

comme directeur financier<br />

pour l’Europe après 2012.<br />

En 2015 il revient en France<br />

en tant que de directeur<br />

général de Hertz France.<br />

Diplômé d’un master<br />

Finance et fiscalité de<br />

l’Université Paris-Dauphine<br />

PSL, il est membre du<br />

comité de campagne de<br />

la Fondation Dauphine.<br />

O. R : Quels sont les points forts sur lesquels<br />

Kedge peut aujourd’hui s’appuyer ?<br />

A. de N : Il y en a beaucoup à commencer par une<br />

recherche très développée et efficace qui sert le développement<br />

de notre pédagogie et donc nos étudiants<br />

et bien entendu les entreprises avec lesquelles nous<br />

collaborons sur nos domaines d’expertise et d’excellence.<br />

Que ce soit en santé, supply chain, RSE, marketing,<br />

Kedge BS<br />

16


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

retrouver dans les entreprises, comme le leadership,<br />

le développement des équipes, l’allocation des ressources.<br />

Pour autant nous devons aussi travailler à<br />

nous rappeler que nous sommes avant tout une école<br />

qui pose des questions et trouve des solutions, qui<br />

cherche, qui enseigne et qui développe les compétences<br />

de ses étudiants.<br />

O. R : Si vous deviez faire un « rapport<br />

d’étonnement » après ces cinq mois à la tête<br />

de Kedge que retiendriez-vous ?<br />

A. de N : Avec la Covid-19 j’ai vécu mon arrivée dans<br />

des conditions un peu spéciales. J’ai découvert des<br />

campus merveilleux mais vides de leurs étudiants. J’ai<br />

repris contact avec un monde dans lequel les professeurs<br />

ont un savoir-faire que j’avais totalement perdu<br />

de vue depuis mon diplôme à Paris-Dauphine. Quand<br />

on vient de l’extérieur on ne mesure pas bien le poids<br />

de la recherche dans les écoles de management pour<br />

créer la pédagogie et développer les connaissances.<br />

Je découvre également un monde hyper-concurrentiel<br />

dans lequel la marque revêt une importance fondamentale.<br />

La méthode, la qualité de la pédagogie, le service<br />

apporté aux étudiants c’est ce qui fait la différence alors<br />

que les écoles « vendent finalement le même service ».<br />

Le poids de cette concurrence effrénée je crois même<br />

que les écoles ne s’en rendent pas compte. Quand je<br />

vois comment elles affichent certaines de leurs données<br />

les plus confidentielles cela m’étonne un peu…<br />

En résumé j’ai eu quatre mois pour découvrir un monde<br />

passionnant et très attachant au-delà même de Kedge.<br />

Mais un monde dans lequel on avance je trouve, un<br />

peu en ordre dispersé. Entre le Chapitre des écoles<br />

de management de la Conférence des Grandes écoles<br />

(CGE), les banques d’épreuves, la Fesic, on ne parle<br />

pas toujours d’une seule voix.<br />

O. R : Vous découvrez également un monde<br />

fait d’accréditations et de classement à ne<br />

plus savoir qu’en faire…<br />

A. de N : Effectivement cette multitude d’accréditations<br />

est déroutante, elles requièrent beaucoup d’énergie pour<br />

les renouveler, avec des règles qui diffèrent de l’une à<br />

l’autre, alors que dans le fond, ce que recherchent les<br />

entreprises ce sont avant tout des jeunes bien formés.<br />

De même pour les classements : il y en a tant que l’on<br />

s’y perd un peu.<br />

O. R : La Covid-19 a profondément bouleversé<br />

l’univers de l’enseignement supérieur.<br />

Jusqu’où faut-il aller dans la généralisation<br />

de l’enseignement à distance ?<br />

A. de N : Nous avons vécu, nous vivons, une disruption<br />

accélérée avec, avant le confinement, des cours<br />

dispensés à 50 % en distanciel. Nous ne serons en tout<br />

cas jamais des « livreurs de MOOC ». Nous resterons<br />

profondément marqués par la pédagogie, le tutorat,<br />

l’accompagnement, le réseau, les alumni car c’est tout<br />

ce qui fait la force d’une école. Être diplômé de Kedge<br />

c’est avoir 97 % de chances de trouver un travail dans<br />

les six mois.<br />

O. R : L’international est un élément majeur<br />

du modèle des business schools. Lors<br />

de votre première conférence de presse<br />

vous avez évoqué la création de campus à<br />

l’étranger. Où en êtes-vous de votre réflexion<br />

et, plus largement, comment Kedge se<br />

comporte-t-elle en ce domaine alors que les<br />

possibilités de déplacement sont obérées<br />

par la pandémie ?<br />

A. de N : J’ai été un peu surpris de l’absence de Kedge<br />

dans d’autres pays européens. Nous sommes en revanche<br />

très solidement ancrés à Dakar et désormais<br />

à Abidjan ainsi qu’en Chine avec notre MBA et nos<br />

deux instituts franco-chinois. Mais je n’ai aujourd’hui<br />

pas de projet précis de nouveaux développements.<br />

Quant aux étudiants internationaux ceux qui devaient<br />

nous rejoindre l’ont fait. Ils sont même un peu plus<br />

nombreux qu’en 2019. Pour nos étudiants qui doivent<br />

partir en échange au deuxième semestre, nous avons<br />

assuré des back-ups avec nos universités partenaires<br />

KEDGE double le<br />

nombre de ses alternants<br />

KEDGE avait annoncé au<br />

printemps vouloir doubler<br />

le nombre de places qu’elle<br />

offrait en alternance.<br />

Avec 2 100 alternants à<br />

la rentrée <strong>2020</strong> l’objectif<br />

est pratiquement atteint.<br />

Rappelons qu’avec les<br />

soutiens des Medef et des<br />

Chambres de Commerce<br />

et d’Industrie de Bordeaux,<br />

Marseille et Toulon, KEDGE<br />

avait créé en avril <strong>2020</strong><br />

son propre CFA (centre de<br />

formation d’apprentis).<br />

Kedge BS<br />

17


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Le campus de Bordeaux de Kedge<br />

Kedge BS<br />

en Europe, mais nous ne sommes pour l’heure sûrs<br />

de rien. Au premier semestre nous avons maintenu la<br />

plupart de nos partenariats et utilisé le plus possible<br />

les capacités que nous avions de placer nos étudiants<br />

en Europe plutôt qu’en Asie ou ailleurs.<br />

O. R : Kedge a doublé cette année le nombre<br />

de ces étudiants en apprentissage. Vous<br />

avez pu placer tous vos étudiants ?<br />

A. de N : Les aides financières mises en place par<br />

le gouvernement et la nouvelle loi sur la formation et<br />

l’apprentissage nous ont facilité la tâche. Cela s’est<br />

très bien passé grâce au soutien de nos 300 entreprises<br />

partenaires et de nos diplômés, et nous avons<br />

augmenté de 50 % de nombre de nos apprentis dans<br />

le programme Grande école.<br />

O. R : Comment s’établit l’équilibre entre vos<br />

campus de Bordeaux et Marseille ?<br />

A. de N : Par des programmes spécialisés ou des<br />

majeures différents selon les spécificités historiques de<br />

nos campus. Et s’il y a aujourd’hui un peu plus d’étudiants<br />

en programme Grande école à Bordeaux, l’équilibre va<br />

être rétabli à Marseille avec l’inauguration prochaine<br />

d’un nouveau bâtiment qui s’insère parfaitement dans<br />

son environnement.<br />

Marseille c’est un potentiel unique d’ouverture sur le<br />

monde et un campus au sein duquel les questions de<br />

RSE et d’environnement ont un écho particulier. Nous<br />

devons trouver un juste équilibre entre deux villes du sud<br />

où il fait bon vivre, deux ports ouverts sur le monde, des<br />

villes-marques mondiales reconnues partout. À Paris<br />

également nous devons poursuivre le développement<br />

de nos activités tout en gardant l’ancrage territorial<br />

fort de nos autres campus principaux.<br />

O. R : Mais avez-vous en tête une sorte de<br />

taille critique à atteindre ?<br />

A. de N : Grossir n’est pas une fin en soi. Si des opportunités<br />

de développement existent nous les suivrons.<br />

O. R : Quel regard jetez-vous sur des jeunes<br />

dont on sait combien ils ont été critiqués ces<br />

dernières semaines pour leur relâchement<br />

face à la pandémie ?<br />

A. de N : A 20 ans on est sérieux. À 20 ans on est<br />

responsable. Tous nos étudiants sont venus masqués<br />

sur les campus et ont respecté les gestes barrière.<br />

Je suis toujours choqué d’entendre dire qu’ils sont des<br />

« gamins », pas très responsables, alors qu’ils vivent<br />

dans un état de pression qui démontre leur sens de<br />

la raison. Ce qui doit aussi changer du fait de la crise<br />

c’est d’ouvrir les yeux sur le public que nous recevons.<br />

Des jeunes qui créent des start-up ou seront bientôt<br />

directeurs de filiale.<br />

O. R : Ces jeunes sont également très<br />

conscients de la nécessité de protéger leur<br />

environnement et la société. Un domaine<br />

dans lequel Kedge s’est beaucoup investi.<br />

A. de N : La RSE (responsabilité sociétale des entreprises)<br />

est un sujet majeur pour Kedge avec un centre<br />

de recherche excellent et un test dédié, le Sulitest, que<br />

passent tous nos étudiants. Ils sont éco-conscients<br />

mais également désireux de découvrir le monde. Et pas<br />

tous ensemble au même endroit en restant entre eux !<br />

Kedge lance un<br />

concours d’éloquence<br />

À l’initiative d’étudiantes en<br />

MSc Marketing, KEDGE<br />

et son MédiaLab lancent<br />

un nouveau concours<br />

d’éloquence : EloK. Supervisé<br />

par Virginie Martin,<br />

professeure de sciences<br />

politiques et de sociologie<br />

à Kedge et parrainé par<br />

Bruno Gaccio, humoriste et<br />

scénariste des « Guignols<br />

de l’info » sur Canal+, EloK<br />

débute le 4 <strong>décembre</strong> avec<br />

une première session de<br />

qualifications organisée<br />

entièrement en format<br />

distanciel. 50 candidats de<br />

différents programmes de<br />

l’école ont été retenus suite<br />

à l'appel à candidatures<br />

lancé mi-octobre.<br />

18


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Patrice Houdayer<br />

VICE-DEAN DE SKEMA<br />

« Les étudiants choisissent leur école pour y suivre<br />

des cours, mais aussi pour y vivre une expérience »<br />

La rentrée s’était bien passée mais il a<br />

fallu passer ensuite au pur distanciel.<br />

Et les écoles se sont adaptées et ont<br />

investi pour le faire à l’image de Skema.<br />

L’état des lieux d’un monde en mode<br />

Covid-19 par le vice dean de Skema,<br />

Patrice Houdayer.<br />

Olivier Rollot : Différentes études montrent<br />

que les business schools font mieux que<br />

résister à la crise de la Covid. L’enquête<br />

<strong>2020</strong> du Graduate Management Admission<br />

Council’s sur les tendances des inscriptions<br />

dans les business schools montre même que<br />

67 % des masters en gestion ont vu leurs<br />

effectifs progresser. Comment ont évolué les<br />

effectifs de Skema cette année ?<br />

Patrice Houdayer : En août, les effectifs de Skema<br />

ont augmenté de 20 %. Cette croissance doit beaucoup<br />

aux mastères spécialisés (puisque ces derniers ont<br />

enregistré une hausse de 40 % des inscriptions), mais<br />

aussi à l’augmentation du nombre d’étudiants internationaux<br />

en MSc. Grâce aux démarches entreprises<br />

par les écoles de management auprès du Ministère de<br />

l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

(MESRI), les consulats français ont pu rouvrir et<br />

accorder des visas aux étudiants. Nous avons aussi<br />

bénéficié du soutien accordé par le gouvernement<br />

aux formations en alternance et ce, que ce soit dans<br />

le cadre des contrats d’apprentissage ou des contrats<br />

de professionnalisation. Là encore, nous avons été<br />

entendus… puisqu’initialement, seules les formations<br />

d’un niveau inférieur à bac+3 étaient concernées. Or,<br />

à aujourd’hui, Skema reçoit plus de 800 étudiants au<br />

sein de ses mastères spécialisés.<br />

Pour finir, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits<br />

de la progression de nos recrutements en classes<br />

préparatoires même si, cette année (et contrairement<br />

à ce qui se passe habituellement), cette progression n’a<br />

pas été matérialisée par des résultats officiels. Toutes<br />

les écoles sont solidaires de cette décision majoritaire<br />

même si, à titre personnel, il me semble que nous avons<br />

toujours collectivement à gagner lorsque nous faisons<br />

preuve d’une totale transparence.<br />

O. R : Skema n’a donc pas trop souffert de la<br />

chute de la mobilité internationale ?<br />

P. H : Dès avril dernier, nous savions que la rentrée<br />

ne serait pas « normale » étant donné que beaucoup<br />

de frontières étaient, restaient et allaient sans doute<br />

rester fermées. Nous avions donc anticipé de nouveaux<br />

fonctionnements… tout en sachant que notre modèle<br />

multi-campus nous permet également de recevoir des<br />

étudiants sur place. C’est ainsi qu’en Chine, en cette<br />

année <strong>2020</strong>-2021, nous accueillons 250 étudiants…<br />

dont une grande partie d’étudiants chinois qui auraient<br />

dû rejoindre la France et restent finalement là-bas (où,<br />

soit dit en passant, les restrictions sanitaires sont<br />

désormais en mesure d’être vraiment réduites). À Raleigh,<br />

aux États-Unis, le campus a également réouvert<br />

et reçoit 150 étudiants de nationalités diverses, tout<br />

comme à Belo-Horizonte, au Brésil, où ils sont 150<br />

(dont 90 Brésiliens seulement).<br />

En France, comme je vous le disais précédemment, les<br />

effectifs de nos MSc progressent largement (MSc qui,<br />

là encore, accueillent des étudiants venant du monde<br />

entier). Quant aux étudiants français, ils sont actuellement<br />

500 sur les campus précités…<br />

et 1 500 souhaiteraient se<br />

rendre sur ces campus au second<br />

semestre. Aujourd’hui, le Brésil,<br />

les États-Unis et l’Afrique du Sud<br />

(où est implanté notre quatrième<br />

campus international) continuent<br />

de délivrer des visas étudiants.<br />

Mais ce n’est toujours pas le cas<br />

de la Chine.<br />

Pour Skema, à l’heure où les établissements<br />

partenaires sont parfois<br />

réticents à ouvrir leurs portes<br />

à des étudiants étrangers, le fait<br />

Plus seulement<br />

une business school !<br />

Dix ans après la création de<br />

Skema son plan stratégique<br />

<strong>2020</strong>-2025 « Sky25 » entend<br />

aller plus loin que d’être<br />

seulement une business<br />

school pour devenir une<br />

« comprehensive school »<br />

(« école multidisciplinaire »).<br />

Trois écoles dédiées vont<br />

donc être lancées : de droit<br />

au Brésil, d’Intelligence<br />

artificielle (IA) aux États-<br />

Unis et de créativité et<br />

design en France.<br />

Skema BS<br />

19


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Le campus de Sophia Antipolis de Skema<br />

Skema BS<br />

d’avoir ses propres campus sur d’autres continents<br />

est donc un atout supplémentaire. Cela s’ajoute à la<br />

possibilité qu’a chaque étudiant de commencer son<br />

cursus en ligne en attendant de pouvoir voyager. À<br />

noter que quelques-uns préfèrent d’ailleurs ne pas se<br />

déplacer, même si cela signifie aussi devoir se caler<br />

sur le fuseau horaire auquel sont délivrés les cours !<br />

O. R : Mais que se passe-t-il pour les<br />

étudiants qui ne peuvent pas réaliser leur<br />

séjour obligatoire à l’international ? Ou leur<br />

stage d’ailleurs ?<br />

P. H : En cette période exceptionnelle, à partir du moment<br />

où toutes les autres conditions sont remplies, il nous<br />

est possible de diplômer les étudiants et ce, même s’ils<br />

n’ont pu effectuer leur expérience à l’international ou en<br />

entreprise. Le jury, qui est souverain, sait faire preuve<br />

de bienveillance. Il l’a déjà prouvé en juillet dernier.<br />

O. R : Confinement. Déconfinement.<br />

Reconfinement. Comment Skema fait-elle<br />

pour s’adapter à chaque changement de<br />

mode d’enseignement ?<br />

P. H : Dès la fin du premier confinement, nous avons<br />

réfléchi à la mise au point d’une pédagogie hybride<br />

permettant de réaliser en même temps les cours en<br />

face-à-face avec 50 % des étudiants et les cours<br />

en distanciel avec les autres étudiants. Nous avons<br />

alors rapidement investi (un million d’euros !) dans du<br />

matériel permettant de réaliser cela. Nous pouvons<br />

donc dorénavant basculer facilement d’un mode à<br />

l’autre. J’ai coutume de dire que nous avons réalisé<br />

en neuf mois ce que nous espérions faire en trois à<br />

cinq ans ! Par ailleurs, la rentrée de septembre <strong>2020</strong><br />

a été reportée au 15 du mois. Cela a donné le temps à<br />

tous les étudiants, y compris internationaux, de nous<br />

rejoindre… et de s’adapter à la pédagogie hybride<br />

précédemment citée. Je dois le dire : les retours des<br />

étudiants ont été excellents.<br />

O. R : Faire une rentrée en présentiel était-il<br />

absolument nécessaire ?<br />

P. H : Les étudiants choisissent leur école pour y suivre<br />

des cours, mais aussi pour y vivre une expérience. Avoir<br />

pu venir découvrir nos campus a été une expérience<br />

enrichissante pour tous ceux qui arrivaient pour la<br />

première fois à Skema. Pendant sept semaines, ils<br />

ont pu intégrer des associations et participer à des<br />

événements. C’est indispensable quand on a 20 ans. Et<br />

c’était simple à mettre en œuvre puisque la moitié des<br />

étudiants était chacun leur tour en cours ou à distance.<br />

O. R : Cela permet-il aux étudiants de<br />

discuter avec leurs professeurs en dehors<br />

des cours ?<br />

P. H : En sus des cours et des connexions interpersonnelles<br />

étudiants/ étudiants ou étudiants/ enseignants,<br />

nous organisons également, chaque semaine, une à deux<br />

heures d’interaction pendant lesquelles des cohortes<br />

d’étudiants « rencontrent » virtuellement leur responsable<br />

de programme. Ainsi, hier, 300 étudiants de la<br />

première année du Programme Grande École étaient<br />

visioconférence avec leur responsable de programme…<br />

responsable qu’ils ont réellement appris à connaître lors<br />

de leurs premières semaines in-situ, en même temps<br />

qu’ils découvraient leurs enseignants et apprenaient<br />

à se connaître les uns les autres. De cette façon, les<br />

interactions en distanciel qui sont imposées par le<br />

confinement actuel sont la prolongation des contacts<br />

réels noués sur le campus en début d’année scolaire…<br />

Un double diplôme<br />

en design<br />

Skema et l’école de design<br />

de Cagnes-sur-Mer The<br />

Sustainable Design<br />

School ont lancé cette<br />

année un double diplôme<br />

« Entrepreneurship &<br />

Sustainable Design ».<br />

L’année se déroule en<br />

deux temps : un premier<br />

semestre sur le campus de<br />

Skema à Sophia-Antipolis<br />

et un second sur celui de<br />

The Sustainable Design.<br />

20


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

des contacts réels essentiels pour vivre l’expérience<br />

étudiante et se créer un réseau. À 20-22 ans, mais<br />

aussi à 30-40 ans dans nos programmes diplômants<br />

en formation continue.<br />

O. R : Quelle plateforme d’enseignement à<br />

distance avez-vous choisie ?<br />

P. H : Nous avons privilégié Teams et certains outils<br />

complémentaires permettant de voter ou de faire des<br />

sondages. Kahoot permet ainsi de réaliser des sondages<br />

en temps réel. Jusqu’à 1 000 étudiants peuvent voter<br />

simultanément, avant de voir les résultats de ces votes<br />

immédiatement affichés. Nous utilisons également Live<br />

Event pour diffuser des conférences. Mais il y a cinq<br />

ans déjà que nous délivrons des cours en multiplex<br />

sur tous nos campus...<br />

Skema BS<br />

O. R : Comment vos professeurs s’adaptentils<br />

à cet enseignement à distance qui est<br />

devenu la norme ?<br />

P. H : Afin de correctement préparer nos 160 professeurs<br />

permanents (mais aussi nos 800 intervenants<br />

extérieurs), des milliers d’heures de formation ont<br />

été délivrées depuis le mois de mars. Le passage<br />

fin octobre du 50 % au 100 % distanciel a donc été<br />

relativement simple. Les enseignants ont vite assimilé<br />

toutes les potentialités de la plateforme. Il leur a juste<br />

fallu apprendre à se passer d’un public.<br />

O. R : Tous vos professeurs sont-ils des<br />

adeptes des nouvelles technologies ?<br />

P. H : 25 de nos enseignants sont vraiment très à l’aise<br />

dans ce domaine puisqu’ils délivrent des programmes<br />

qui étaient déjà majoritairement en ligne, comme notre<br />

Global EMBA. Ils sont aujourd’hui des contributeurs<br />

essentiels aux cafés pédagogiques internes organisés<br />

avec l’ensemble du corps professoral sur ces sujets.<br />

Jusqu’au reconfinement, les intervenants externes<br />

étaient, quant à eux, soutenus par 60 moniteurs-étudiants.<br />

O. R : Que dites-vous à ceux qui réclament<br />

des baisses de frais de scolarité du fait de ce<br />

passage au distanciel ?<br />

P. H : Je leur répondrais que ce « distanciel » est bien<br />

plus onéreux à mettre en place que le « présentiel »<br />

classique puisqu’il implique un achat de matériel conséquent<br />

(comme évoqué précédemment)… en plus de<br />

temps de formation et d’accompagnement eux-mêmes<br />

loin d’être gratuits mais aussi des recrutements de<br />

spécialistes dédiés.<br />

O. R : Mais l’expérience n’est-elle pas<br />

forcément différente de celle du présentiel ?<br />

P. H : Nous avons le même niveau d’exigence en matière<br />

de qualité de formation. Si le contexte nous impose<br />

un tel bouleversement et transforme la façon dont on<br />

enseigne, cela ne remet certainement pas en cause<br />

ni notre exigence ni cette qualité.<br />

O. R : Comment réagissez-vous quand on<br />

critique les étudiants pour leur supposée<br />

irresponsabilité vis-à-vis de la Covid ?<br />

P. H : Sur nos campus, le respect des consignes<br />

sanitaires est total… et ce, d’autant plus que nous y<br />

recevons beaucoup d’étudiants internationaux pour<br />

lesquels c’est une évidence. Cela dit, il est certain<br />

que les règles sont plus difficiles à faire respecter en<br />

dehors des campus. Des étudiants contaminés, il y en<br />

a forcément. Mais nous nous devons de constater que<br />

la majorité d’entre eux est très responsable. Ainsi ces<br />

étudiants qui, dès avant le confinement, ont demandé<br />

à suivre leurs cours à distance parce qu’ils vivent avec<br />

des personnes fragiles. Stigmatiser les étudiants est<br />

vraiment dommageable, surtout pour ceux qui ont déjà<br />

vécu deux confinements, ont été enfermés pendant<br />

des mois pour préparer leurs concours… et ont une<br />

conscience tout à fait aiguë de la situation.<br />

Le campus de Suzhou<br />

de Skema<br />

21


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Soft skills, humanités, numérique<br />

et développement durable :<br />

Les dernières tendances<br />

des programmes<br />

grande école<br />

© Shutterstock<br />

Ces cinq dernières années, les écoles de commerce<br />

ont multiplié réformes et refontes de leur<br />

programme grande école. Le but ? S’adapter aux<br />

évolutions de la société et aux nouvelles attentes<br />

des entreprises et des étudiants.<br />

22


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Management, marketing, finance,<br />

ressources humaines… Les<br />

écoles de commerce françaises<br />

sont connues et réputées pour leurs<br />

disciplines socles qu’elles maîtrisent<br />

sur le bout des doigts et enseignent<br />

chaque année aux centaines d’élèves<br />

intégrant leur programme phare, leur<br />

programme grande école (PGE). Si les<br />

cours sont renouvelés et actualisés au<br />

fur et à mesure des avancées de la recherche,<br />

à laquelle prend part un grand<br />

nombre des professeurs permanents de<br />

ces établissements, la base de l’enseignement<br />

reste la même.<br />

Pourtant, depuis quelques années, des<br />

spécialisations, des contenus plus originaux<br />

apparaissent. Luxe, économie du<br />

sport ou de la culture, entrepreneuriat…<br />

La grande concurrence dans le milieu<br />

oblige les établissements à se différencier<br />

afin d’attirer les étudiants. Et<br />

pour les écoles qui ne trustent pas les<br />

toutes meilleures places des classements<br />

nationaux ou internationaux, et qui ne<br />

peuvent pas compter uniquement sur leur<br />

marque pour convaincre les élèves de les<br />

rejoindre, cela passe régulièrement par<br />

une offre nouvelle de leur programme.<br />

« Tout notre dilemme lors de la refonte<br />

du PGE, c’est de trouver l’équilibre entre<br />

l’innovation et le cœur des métiers auxquels<br />

nous formons. Nous sommes dans<br />

un environnement qui aime l’innovation<br />

mais qui est aussi un peu conservateur.<br />

Il faut se distinguer. Mais dès que l’on<br />

essaye, on est très vite copié », explique<br />

Les « liberal arts »<br />

Intégrer des humanités<br />

dans les programmes de<br />

l’enseignement supérieur,<br />

ce n’est pas une spécificité<br />

française ! Au Royaume-Uni<br />

et aux États-Unis, les « liberal<br />

arts » sont bien présents dans<br />

les cursus des plus grandes<br />

universités telles qu’Harvard,<br />

Princeton ou Oxford.<br />

Les écoles de commerce<br />

cherchent d’ailleurs de plus<br />

en plus à se rapprocher<br />

d’un modèle de cours à la<br />

carte ou de personnalisation<br />

du cursus, comme ce qui<br />

peut se faire outre-Manche<br />

ou outre-Atlantique.<br />

23


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Thomas Allanic, directeur de l’INSEEC<br />

Grande école.<br />

Cependant, malgré cette envie de s’illustrer<br />

et de prendre l’avantage sur les<br />

autres business schools, de grandes<br />

tendances apparaissent et se retrouvent<br />

progressivement dans chaque école.<br />

Qu’elles répondent à un nouveau besoin,<br />

à une envie réelle des parties prenantes,<br />

étudiants ou entreprises, ou relèvent<br />

davantage de l’effet de mode, elles s’imposent<br />

même à celles qui n’ont pas besoin<br />

de révolutionner leur cursus pour séduire<br />

les élèves.<br />

L’apprentissage des soft skills,<br />

devenu un incontournable<br />

Parmi les grands mouvements de cette<br />

dernière décennie, impossible de ne<br />

pas évoquer celui des soft skills. Les<br />

acteurs du management ne jurent plus<br />

que par elles. Conscientes d’évoluer dans<br />

un monde en perpétuel changement,<br />

les écoles cherchent à préparer leurs<br />

étudiants aux métiers de demain. « La<br />

société évolue à un rythme très rapide.<br />

Si nous ne faisons pas évoluer notre<br />

programme, nous ne pouvons pas être là<br />

pour répondre à ses nouveaux besoins.<br />

Il est nécessaire d’avoir toujours un coup<br />

d’avance », précise Imen Mejri, directrice<br />

du PGE de Neoma Business School.<br />

Or, dans un environnement « complexe et<br />

incertain » où le numérique et l’intelligence<br />

artificielle amènent régulièrement à rebattre<br />

les cartes du cadre économique et<br />

social, un enseignement basé uniquement<br />

sur des connaissances transmises à un<br />

instant T ne peut à lui seul suffire. « Nous<br />

cherchons à anticiper et préparer les<br />

futurs diplômés et équipes aux mutations<br />

de l’entreprise. Dans quelques années,<br />

avec l’IA, des métiers d’aujourd’hui vont<br />

devenir caducs. Si on se focalise sur la<br />

pure technique, le savoir sera obsolète<br />

et l’étudiant ne pourra pas s’en servir »,<br />

complète Thomas Allanic. Sur un marché<br />

du travail extrêmement évolutif, les<br />

individus seront régulièrement amenés<br />

à changer de profession, de tâches ou<br />

de fonction tout au long de leur carrière.<br />

Mieux vaut alors les préparer à amortir<br />

les chocs. C’est alors qu’est apparu l’impératif<br />

de l’apprentissage des soft skills<br />

dans le discours des établissements<br />

de management comme dans celui des<br />

employeurs.<br />

Certaines compétences seraient devenues<br />

indispensables : savoir travailler<br />

en groupe, s’adapter rapidement à un<br />

nouvel environnement, déléguer, organiser<br />

ses tâches, faire une présentation<br />

orale devant un public ou encore faire<br />

preuve de créativité. « On a perçu un<br />

vrai changement des entreprises. Il y<br />

a quelques années, elles demandaient<br />

un diplôme et regardaient si la tête était<br />

bien faite. Aujourd’hui, elles veulent une<br />

personnalité et surtout, elles cherchent à<br />

évaluer si le salarié qu’elles vont engager<br />

possède les compétences cognitives<br />

et comportementales lui permettant de<br />

louvoyer dans ce nouveau cadre. Il faut<br />

désormais, chez le diplômé, une maturité<br />

relationnelle et personnelle que l’on ne<br />

demandait pas auparavant », précise<br />

Sophie Sapranidès, directrice du PGE de<br />

l’Institut Mines-Télécom Business School.<br />

« Aujourd’hui, les grandes entreprises ne<br />

veulent pas seulement des personnes<br />

qui exécutent. Elles recherchent des<br />

individus qui se posent des questions, qui<br />

anticipent les changements et qui sont<br />

donc réactifs », confirme Thomas Allanic.<br />

ESCP fait sa mue<br />

À la rentrée 2021, ESCP<br />

a entamé la mue de son<br />

programme grande école.<br />

Désormais, les étudiants<br />

peuvent se spécialiser dès la<br />

deuxième année et choisir<br />

jusqu’à trois enseignements<br />

de spécialisation.<br />

© ESC Clermont BS<br />

24


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

L’enseignement de ces soft skills n’est<br />

cependant pas complètement inédit.<br />

Déjà, à travers des travaux pratiques ou<br />

de groupe, l’école cherchait à mobiliser<br />

et à travailler ces compétences. Il s’est<br />

cependant accéléré, formalisé et surtout,<br />

a été pleinement intégré à la maquette<br />

du PGE, sous forme de modules ou de<br />

cours. À l’IMT BS par exemple, à l’issue<br />

de l’année de pré-master les étudiants<br />

sont censés avoir acquis et validé un<br />

certain nombre de ces compétences fondamentales,<br />

déployables dans n’importe<br />

quelle entreprise et regroupées dans des<br />

blocs d’UE sous des intitulés explicites :<br />

« comprendre les grandes transitions »,<br />

« décrypter une organisation et manager<br />

les activités et les équipes », « accompagner<br />

les transitions numériques »,<br />

« travailler en environnement complexe<br />

et incertain » ou encore « interagir dans<br />

un monde globalisé ».<br />

À Toulouse Business School, c’est un<br />

certificat d’excellence en soft skills, à<br />

suivre en parallèle de son parcours,<br />

de ses cours et de sa spécialisation en<br />

master, qui a été créé. Au programme :<br />

gestion des conflits, leadership, influence<br />

éthique, etc. « Cela permet aux étudiants<br />

d’apprendre à gérer les relations interpersonnelles,<br />

à travailler en mode projet,<br />

en mode transversal », détaille Anne<br />

Rivière, directrice du PGE de l’école du<br />

Sud-Ouest.<br />

Les humanités s’installent en école<br />

de commerce<br />

C’est dans ce cadre que s’inscrivent les<br />

cours de développement personnel.<br />

« L’apprentissage de ces softs skills permet<br />

de mieux se connaître, d’avoir une<br />

forme de réflexivité sur sa trajectoire »,<br />

explique Anne Rivière. À ce jour, de nombreux<br />

jeunes diplômés se cherchent<br />

encore à la sortie de l’école. Soucieux de<br />

trouver leur voie, ils peuvent ne rester<br />

qu’une ou deux années voire seulement<br />

quelques mois dans une même société.<br />

« Il est important pour les managers<br />

d’aujourd’hui de faire quelque chose qui<br />

a du sens pour eux. Au bout de six mois,<br />

si un jeune arrive à un job par défaut, la<br />

greffe ne prendra pas. Or, le turn-over des<br />

jeunes diplômés est un vrai drame pour<br />

les entreprises », précise Sylvie Jean,<br />

directrice du programme grande école<br />

de EMlyon. Des départs trop fréquents<br />

se révèlent en effet souvent coûteux<br />

pour les entreprises qui investissent<br />

Innovation pédagogique<br />

Les changements et les<br />

nouvelles tendances des<br />

programmes grandes écoles<br />

ne portent pas que sur le<br />

fond. La forme est aussi<br />

régulièrement interrogée.<br />

Aujourd’hui, le maître mot est<br />

donc innovation pédagogique.<br />

Et dans un contexte de crise<br />

sanitaire, les écoles doivent<br />

redoubler de créativité pour<br />

créer de nouveaux formats<br />

qui pourront maintenir<br />

l’attention de leurs élèves.<br />

© Neoma BS<br />

25


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

temps et argent pour recruter et former<br />

les nouveaux arrivants. Savoir que les<br />

étudiants qui postulent chez elles sont<br />

pleinement motivés et ont conscience de<br />

ce qui les attend s’avère donc beaucoup<br />

plus rassurant.<br />

Cette réflexivité et la curiosité intellectuelle<br />

nécessaire pour s’ouvrir au monde<br />

et trouver sa voie, les écoles cherchent<br />

aussi à les développer via les cours<br />

d’humanités et de sciences sociales.<br />

Philosophie, lettres, histoire-géographie,<br />

géopolitique… Ces disciplines prennent<br />

de plus en plus de place et d’ampleur dans<br />

les premières années du programme<br />

grande école. De quoi parfois étonner<br />

des élèves de classe préparatoire qui<br />

pensaient avoir tourné la page de ces<br />

disciplines en passant les portes d’une<br />

business school. « À l’INSEEC, la première<br />

année de la mise en place de la<br />

réforme, les étudiants se demandaient<br />

pourquoi ils avaient encore de la géopolitique<br />

en école de management. Depuis,<br />

c’est devenu leur cours préféré. Nous<br />

leur faisons par exemple comprendre<br />

que la compréhension des enjeux économiques<br />

et politiques, ou encore des<br />

relations internationales, est essentielle<br />

à la bonne compréhension de la finance<br />

pétrolière, un domaine dans lequel ils<br />

pourraient être amenés à travailler »,<br />

raconte Thomas Allanic. Ces matières<br />

permettent de se constituer une base<br />

de culture générale, mobilisable dans<br />

de nombreux contextes de travail, mais<br />

leur enseignement développe également<br />

la capacité à apprendre tout au long de<br />

la vie, si précieuse aujourd’hui aux yeux<br />

des professionnels.<br />

poussés et peut-être plus académiques<br />

qu’ils ont suivis en CPGE. « Les jeunes<br />

s’interrogent beaucoup sur le sens qu’ils<br />

donnent à leurs études, à leur vie. Ces<br />

matières-là leur permettent de prendre<br />

du recul », complète Sylvie Jean, qui<br />

initie les étudiants à la recherche en<br />

sciences sociales dans son programme<br />

grande école.<br />

Hybridation des compétences et<br />

numérique<br />

Les élèves des écoles de management<br />

ne veulent plus se restreindre aux seuls<br />

domaines du management, du marketing<br />

ou de la finance. De leur côté, les entreprises<br />

sont friandes des profils curieux,<br />

à double casquette. Il n’en fallait pas plus<br />

pour qu’apparaisse l’ « hybridation des<br />

compétences et des savoirs », nouveau<br />

terme à la mode au sein des business<br />

schools. « C’est quelque chose de plus<br />

en plus demandé par les entreprises.<br />

Ces dernières cherchent des profils<br />

Les trois axes du<br />

nouveau PGE de Neoma<br />

En cette rentrée <strong>2020</strong><br />

Neoma a réformé son PGE.<br />

Ses grands axes sont «<br />

devenir acteur du monde<br />

de demain », « se préparer<br />

aux nouveaux métiers<br />

qui n’existent pas encore<br />

», « réussir la transition<br />

durable ». Ils vont irriguer<br />

le programme avec des<br />

séminaires et de nouveaux<br />

cours. Chaque thématique est<br />

introduite par un séminaire<br />

qui permettra aux étudiants<br />

de commencer à structurer<br />

leur réflexion sur ces sujets<br />

complexes. Ensuite, des cours<br />

et des conférences animées<br />

par des experts viennent<br />

compléter ce dispositif.<br />

© Audencia<br />

Les étudiants sont finalement assez demandeurs.<br />

Dans le cadre du continuum<br />

entre classes préparatoires et écoles de<br />

management, des touches de sciences<br />

humaines et sociales ont été intégrées<br />

dans les programmes afin d’instaurer<br />

une transition plus douce pour des étudiants<br />

nostalgiques des enseignements<br />

qui auraient une spécialisation dans un<br />

champ mais qui seraient aussi agiles »,<br />

explicite Michelle Sisto, directrice du<br />

PGE de l’Edhec. Cette hybridation prend<br />

souvent la forme de doubles diplômes<br />

co-construits avec des établissements<br />

partenaires, que ceux-ci soient des écoles<br />

d’ingénieurs, de journalisme, des facultés<br />

26


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

© Inseec U<br />

de droit ou de mathématiques ou encore<br />

des institutions de la mode et du luxe.<br />

Si les places dans chaque parcours sont<br />

peu nombreuses, les doubles diplômes<br />

font souvent le plein. Dans le cadre de<br />

la réforme de son PGE mise en place à<br />

partir de la rentrée <strong>2020</strong>, ESCP a d’ailleurs<br />

choisi d’en ouvrir de nouveaux avec l’école<br />

Ferrandi dans le domaine de l’hôtellerie<br />

ou encore, avec le Sotheby’s Institute of<br />

Art, là aussi à la demande des étudiants<br />

qui souhaitaient une ouverture vers les<br />

métiers de l’art et de la culture.<br />

De la même façon, Big data, data analyse<br />

et intelligence artificielle ne sont plus<br />

des termes réservés aux écoles d’ingénieurs<br />

et font leur apparition petit à<br />

petit dans les salles de cours des écoles<br />

de management. En dernière année du<br />

programme grande école de l’Edhec, tous<br />

les étudiants et ce, quelle que soit leur<br />

spécialité, suivent un module sur l’impact<br />

de l’IA sur le business et la société. Ils<br />

travaillent en équipe sur des études de<br />

cas et sont initiés aux enjeux éthiques,<br />

économiques et sociétaux de l’intelligence<br />

artificielle.<br />

Il n’est par ailleurs désormais plus rare<br />

de voir dispensés des cours de codage,<br />

obligatoires ou facultatifs. « Ce domaine<br />

a vocation à prendre plus d’ampleur<br />

dans le programme dans les années à<br />

venir. Les étudiants qui optent pour la<br />

spécialisation Data Analytics & Artificial<br />

Intelligence apprennent un langage<br />

commun », reprend Michelle Sisto. Il<br />

n’est pourtant pas question pour eux<br />

de suivre une formation très technique<br />

et poussée qui leur permettrait à terme<br />

de devenir eux-mêmes développeurs.<br />

« Savoir programmer de manière basique<br />

et comprendre un minimum les<br />

fondamentaux permet d’avoir un meilleur<br />

dialogue avec les deux profils, les développeurs,<br />

les techniciens d’une part et<br />

les managers, la partie business d’autre<br />

part. Ce type de profil permet de faire la<br />

liaison entre les deux groupes », conclut<br />

Michelle Sisto.<br />

« English track » pour<br />

tous à Audencia<br />

Depuis cette rentrée l’«<br />

English track » - parcours<br />

100% en anglais - est<br />

dorénavant ouvert à 210<br />

étudiants dès la première<br />

année du PGE. Après<br />

un premier semestre à<br />

Nantes, ils pourront suivre<br />

leur deuxième semestre à<br />

Londres, Madrid, Zürich<br />

ou Munich et leur troisième<br />

semestre à New York ou à<br />

Shenzhen en Chine dans<br />

le cadre d’un « Global<br />

Mobility Track ».<br />

27


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Développement durable et diversité<br />

En parallèle à l’émergence du numérique,<br />

une autre grande thématique a pris toute<br />

sa place dans les programmes grande<br />

école : le développement durable, allié<br />

régulièrement au concept de responsabilité<br />

sociétale des entreprises (RSE).<br />

« Nous sommes face à des étudiants de<br />

plus en plus investis dans la protection de<br />

l’environnement, les générations sont de<br />

plus en plus engagées », constate Imen<br />

Mejri. « C’est une thématique qui est<br />

omniprésente, les écoles l’ont d’ailleurs<br />

intégrée dans leur séminaire de rentrée »,<br />

ajoute Sylvie Jean. À emlyon comme dans<br />

de nombreux autres établissements, les<br />

étudiants ont en effet planché sur une<br />

Fresque du climat, réfléchissant ensemble<br />

aux causes et aux conséquences du<br />

changement climatique.<br />

Sous forme de certificat, de capsules<br />

pédagogiques, de conférences ou de<br />

séminaires, le développement durable<br />

irrigue régulièrement tout le cursus pour<br />

faire des diplômés de demain des « managers<br />

responsables ». Dans plusieurs<br />

écoles, les professeurs, quelle que soit<br />

la discipline enseignée, doivent l’intégrer<br />

dans leur cours.<br />

Des business schools ont élargi le sujet<br />

aux thématiques de l’inclusion et de<br />

la diversité. « Ce sera notre fil rouge<br />

toute cette année avec les étudiants de<br />

pré-master. Nous abordons par exemple<br />

le harcèlement ou les violences sexuelles.<br />

Nous avons conscience aujourd’hui que<br />

c’est aussi notre rôle de les sensibiliser et<br />

de les éduquer sur ces sujets », assure<br />

Cécile Kharoubi, directrice du programme<br />

grande école de ESCP.<br />

Vers de nouvelles tendances en<br />

2023 ?<br />

Les réformes ou refontes des PGE se sont<br />

multipliées et succédées ces dernières<br />

années. Une nouvelle vague pourrait<br />

s’annoncer en 2023, lorsque les premiers<br />

étudiants titulaires du bac version<br />

Blanquer débarqueront dans les écoles<br />

de commerce après deux années de<br />

classe préparatoire. Outre le concours<br />

qui devrait évoluer et refléter les nouvelles<br />

tendances des programmes grandes<br />

écoles et les préoccupations actuelles<br />

des étudiants comme des entreprises,<br />

les établissements de management auront<br />

à s’adapter à ce nouveau public. Au<br />

lycée, les élèves n’auront pas suivi les<br />

mêmes enseignements et leur niveau<br />

en mathématiques, géopolitique ou en<br />

sciences économiques et sociales sera<br />

loin d’être homogène. Les différents parcours<br />

en CPGE vont là aussi conforter<br />

cette situation où la diversité de profils<br />

est la règle.<br />

Cependant, pour les écoles, la réforme du<br />

baccalauréat n’aura qu’un effet marginal.<br />

« Je ne suis pas persuadée qu’il y ait de<br />

grands bouleversements globaux. Un<br />

programme comme le PGE est déjà habitué<br />

à prendre en compte cette diversité,<br />

notamment en M1, du fait des admissions<br />

parallèles. Cela passera peut-être par<br />

une plus grande flexibilité et souplesse<br />

des prérequis. Aujourd’hui, quand on<br />

identifie chez un élève que le niveau<br />

de mathématiques est insuffisant, on<br />

propose un module de renforcement.<br />

Je pense qu’on abordera l’arrivée de ces<br />

nouveaux étudiants de la même façon »,<br />

explique Anne Rivière, de TBS quand<br />

Cécile Kharoubi conclut : « C’est vrai<br />

qu’il y avait une certaine homogénéité<br />

chez nos étudiants de classe préparatoire.<br />

Mais nous sommes habitués, nous<br />

recrutons des étudiants de n’importe<br />

quel background : bachelor, licence en<br />

géographie voire même des docteurs en<br />

pharmacie. Nous, cette diversité, nous<br />

savons la gérer ».<br />

Eva Mignot<br />

Un certificat « Climate<br />

Action » à TBS<br />

TBS a lancé à la rentrée <strong>2020</strong><br />

un certificat d’Excellence<br />

« Climate Action » pour<br />

que ses étudiants soient<br />

en capacité d’anticiper les<br />

impacts climatiques de<br />

leurs décisions. Il s’agit<br />

d’un apprentissage intégrant<br />

aussi bien la connaissance<br />

des enjeux géopolitiques et<br />

économiques qu’une expertise<br />

en calcul des impacts.<br />

28


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Maurice Thévenet<br />

PROFESSEUR ET ANCIEN PRÉSIDENT DE LA FNEGE<br />

« Il faut développer des aptitudes<br />

à se remettre en cause »<br />

Ancien délégué général de la<br />

Fnege (Fondation nationale pour<br />

l’enseignement de la gestion des<br />

entreprises), professeur au Cnam et<br />

à l’ESSEC Business School Maurice<br />

Thévenet est l’auteur d’une vingtaine<br />

d’ouvrages sur la culture d’entreprise,<br />

le management, ainsi que le leadership.<br />

Il revient sur les grands enjeux de la<br />

formation et du management des années<br />

à venir.<br />

Olivier Rollot : Dérèglement climatique,<br />

crise des migrants et maintenant Covid-19 ?<br />

Comment les établissements d’enseignement<br />

supérieur doivent-ils former aujourd’hui<br />

leurs étudiants pour se préparer à vivre<br />

dans un monde qui semble de plus en plus<br />

incertain ?<br />

Maurice Thévenet : Je ne suis pas certain que quiconque<br />

sache précisément comment et à quoi former<br />

les étudiants dans ces périodes de transition et, avec<br />

la covid-19, de crise. En revanche les établissements<br />

ont toujours démontré leur capacité d’ajustement :<br />

ils multiplient les initiatives en matière de transition<br />

écologique par exemple. N’oublions pas non plus que<br />

les étudiants ont aussi cette immense capacité d’adaptation<br />

aux situations nouvelles et savent ajuster leurs<br />

propres processus d’apprentissage.<br />

Si on parle autant de soft skills aujourd’hui c’est justement<br />

parce qu’il y a une réflexion sur l’incertain. On ne<br />

sait pas quels seront les emplois de demain et il faut<br />

développer des aptitudes à se remettre en cause. Or<br />

on n’enseigne pas plus les softs skills qu’à fonctionner<br />

dans un monde incertain. Savoir être à l’aise en toutes<br />

circonstances, être curieux, savoir apprendre à apprendre,<br />

ce sont autant de softs skills, de talents, qu’il<br />

faut développer soi-même.<br />

On se place là dans le champ comportemental plutôt<br />

que dans celui, plus large, des compétences. Cette<br />

importance des softs skills traduit aussi une logique<br />

économique pure et dure. Les entreprises demandent<br />

que les diplômés soient efficaces et rentables le plus<br />

vite possible dans des responsabilités managériales.<br />

La question que doivent se poser les établissements<br />

d’enseignement supérieur c’est quels types d’expériences<br />

vont permettre de se familiariser avec l’incertain et<br />

comment exploiter ces ressources pour y faire face.<br />

La démarche pédagogique des établissements c’est<br />

d’accompagner les étudiants pour qu’ils tirent encore<br />

plus parti des expériences qu’ils vivent que des contenus<br />

qu’elles leur apportent. Or beaucoup revendiquent que<br />

les étudiants sortent tout naturellement de formation<br />

avec des softs skills qu’ils doivent développer par euxmêmes.<br />

L’enseignement est un accélérateur comme<br />

les hangars de mûrissage de bananes…<br />

O. R : Quand on est étudiant on n’apprend pas<br />

tout seul !<br />

M. T : Il faut réaffirmer la nécessité, à l’âge où ils<br />

démarrent leur formation, de se confronter à des<br />

tiers. Alors que l’idée d’une connaissance largement<br />

partagée est partout répandue, les psychologues du<br />

développement nous ont également appris qu’il y avait<br />

des stades et des moments de la vie où on a besoin<br />

d’un tiers - le pédagogue en Grèce -, pour que la plante<br />

pousse. Je me méfie de ceux qui<br />

prétendent qu’on peut acquérir<br />

des compétences n’importe où<br />

et n’importe comment. C’est possible<br />

en formation continue, pas<br />

en formation initiale.<br />

La meilleure des formations c’est<br />

celle qui s’effectue en contrat<br />

d’apprentissage. Les cours qu’on<br />

dispense en semaines bloquées<br />

à des apprentis sont beaucoup<br />

plus riches qu’avec des étudiants<br />

« normaux ». Nous pouvons vraiment<br />

les aider à tirer parti de leurs<br />

29<br />

« Se former aux<br />

métiers de demain »<br />

Cet entretien est extrait du<br />

Livre blanc « Se former<br />

aux métiers de demain »<br />

co-publié par Arts et<br />

Métiers et Neoma que<br />

vous pouvez télécharger à<br />

l’adresse suivante : https://<br />

www.yumpu.com/fr/<br />

document/read/64577501/<br />

livre-blanc-se-formeraux-metiers-de-demain<br />

Digitalisation, hybridation,<br />

agilité, confiance, bien avant<br />

la crise de la Covid-19, les<br />

entreprises se posaient toutes<br />

sortes de questions sur leur<br />

organisation. La pandémie<br />

mondiale n’aura fait<br />

qu’accélérer un mouvement<br />

qui semblait déjà profond vers<br />

des organisations de plus en<br />

plus souples, décentralisées,<br />

distancielles, dans lesquelles<br />

chaque individu est amené à<br />

prendre ses responsabilités.


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

expériences. Quand ils voient un angle nous pouvons<br />

leur montrer qu’il y en a un autre. C’est très différent<br />

d’étudiants sans expérience auxquels on délivre de la<br />

théorie aussi utile que de l’eau qui tombe sur du béton.<br />

O. R : Quelle soft skill vous paraît la plus<br />

essentielle ?<br />

M. T : L’apport essentiel en termes de soft skills est<br />

l’apprentissage du travail collectif. Quand on travaille<br />

dans des structures moins cadrées, toujours en mouvement,<br />

une équipe ça ne signifie plus rien. On travaille<br />

avec plusieurs équipes dont le périmètre est mouvant.<br />

Sans le cadre réconfortant de la hiérarchie et de<br />

l’équipe il faut pouvoir travailler avec d’autres qu’on<br />

n’a pas choisis et qu’on peut ne pas aimer… Or il y a<br />

de moins en moins de lieux qui permettent l’apprentissage<br />

du collectif dans la durée. Aujourd’hui on peut<br />

choisir de vivre dans un milieu relationnel totalement<br />

choisi – les réseaux - et à court terme. Dans le monde<br />

du travail, il faut pouvoir travailler avec des personnes<br />

qu’on n’apprécie pas forcément dans un univers qui<br />

est collaboratif par nature. Et cela, ce n’est pas inné,<br />

ça s’apprend.<br />

O. R : Il faut être prêt à changer dix fois<br />

d’emploi comme on l’entend souvent ?<br />

M. T : Sur le papier tout le monde veut être mobile mais,<br />

dans la réalité, pas du tout. Nous avons longtemps évolué<br />

dans un paradigme où on ne pouvait que progresser<br />

dans sa carrière. Aujourd’hui nous sommes comme<br />

une boule de flipper : dans le rail de départ tout est<br />

clair, ensuite c’est très incertain. Or nous travaillons<br />

dans des structures de plus en plus aplaties où il est<br />

très difficile de progresser et dans lesquelles il faut<br />

pouvoir réenchanter son quotidien en coopérant par<br />

exemple au sein d’équipes projet. Toujours dans le<br />

souci du collectif.<br />

O. R : En quoi nos structures relationnelles<br />

ont-elles évolué à rebours de celles des<br />

entreprises ?<br />

M. T : La professeure de management Lynda Gratton<br />

s’est intéressée à l’impact de l’évolution des structures<br />

familiales sur le travail. Selon elle, nous serions passés<br />

d’une norme de la famille traditionnelle, un homme, une<br />

femme, longtemps ensemble avec des enfants, à un<br />

type de famille, très divers et différent. Dans la famille<br />

traditionnelle vous vivez dans un collectif imposé.<br />

Dans la famille non traditionnelle, la personne peut<br />

penser qu’elle définit elle-même sa position. Je le vois<br />

particulièrement lorsque je demande à mes étudiants<br />

d’écrire leur biographie. Les « non traditionnels » s’y<br />

expriment sous la forme d’un « je » et racontent un<br />

récit au sein duquel la famille est un lieu où ils décident<br />

leur parcours.<br />

Mais dans l’entreprise traditionnelle il faut parfois<br />

porter des « charlottes » et respecter des horaires.<br />

C’est souvent ce problème d’adhésion à une vision<br />

collective qui conduit les jeunes à se lancer dans la<br />

création de start-up. Alors comment développer le<br />

sens du collectif dans une institution d’enseignement<br />

supérieur ? C’est là qu’il faut s’interroger sur la réponse<br />

à donner aux étudiants. L’enjeu est de les préparer à<br />

ce monde collaboratif aux formes tellement diverses.<br />

O. R : Il n’y a quand même pas que des softs<br />

skills à apprendre aujourd’hui !<br />

M. T : Bien sûr et il faut même insister sur les hards<br />

skills dont ont besoin les secteurs d’activité. Il ne faut<br />

surtout pas donner l’impression qu’il suffit d’être à l’aise<br />

pour réussir un parcours professionnel aujourd’hui ! Or<br />

on a tendance à entretenir le sentiment d’utilitarisme<br />

de nos étudiants en leur répétant que cela ne sert à<br />

rien d’apprendre certaines connaissances puisqu’elles<br />

pourraient ne jamais leur servir. Mais on ne sait jamais<br />

ce qui servira ou pas.<br />

30<br />

« Des softs skills pour<br />

des hard jobs ? »<br />

Début <strong>2020</strong> Maurice<br />

Thévenet a donné une<br />

conférence passionnante<br />

devant tous les professionnels<br />

de la formation continue<br />

réunis par CentreInffo à<br />

Biarritz.<br />

À voir sur https://youtu.<br />

be/jNEFO9j8yK0


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

O. R : A l’ère des Big Data, de l’intelligence<br />

artificielle (IA), faut-il accentuer le poids<br />

des mathématiques, des statistiques dans<br />

l’enseignement ?<br />

M. T : La question du poids des maths n’est pas nouvelle.<br />

Ce qui est nouveau c’est par exemple la question de<br />

savoir s’il faut apprendre le coding à tout le monde. Si<br />

les compétences en Big Data ou IA sont nécessaires<br />

aujourd’hui elles doivent s’appuyer ou compléter la<br />

maîtrise d’un métier donné. Notre rôle ce n’est pas<br />

de former des spécialistes des Big Data mais des<br />

personnes qui feront un métier grâce ou avec les Big<br />

Data. On apprend d’abord le private banking, et les<br />

outils. L’enjeu majeur c’est d’apprendre à apprendre<br />

à des jeunes qui sont des professionnels, pas des<br />

spécialistes.<br />

O. R : Dans ce contexte notre système de<br />

classes préparatoires vous paraît toujours<br />

adapté ?<br />

M. T : C’est un système bien équilibré avec ses deux<br />

années de propédeutique qui préparent à apprendre<br />

les bases et les techniques. Passer cinq ans à apprendre<br />

seulement la gestion, je m’interroge. Cinq ans<br />

de sa vie à un âge où on dispose de telles capacités<br />

d’apprentissage cela ne doit pas être gâché ! Le mérite<br />

des classes préparatoires c’est de faire fonctionner<br />

les neurones pendant un ou deux ans pour apprendre<br />

énormément. Après on sait qu’on possède un muscle<br />

qu’on peut faire travailler toute sa vie !<br />

O. R : La culture reste donc un élément<br />

essentiel de l’apprentissage dans une<br />

formation en gestion ?<br />

M. T : La culture permet de faire le lien entre les<br />

connaissances. Comme le disait Socrate « le pire<br />

c’est d’ignorer qu’on ignore ». Pour réfléchir à la supply<br />

chain il faut aussi avoir une épaisseur anthropologique<br />

et géographique. Cette acquisition fait partie de la<br />

tradition des classes préparatoires mais la part des<br />

étudiants qui en sont issus diminue. Dans les instituts<br />

d’administration des entreprises (IAE) on trouve des<br />

étudiants qui ont un très bon niveau dans un domaine<br />

spécialisé mais n’ont pas toujours ce type de culture.<br />

Or sans cette culture il est difficile de se situer dans<br />

le temps, d’avoir une vision diachronique et évolutive<br />

du monde, de relier les faits à d’autres domaines dans<br />

une vision universelle. Le risque c’est de cocher, un peu<br />

bêtement, des cases de compétences.<br />

O. R : On entend également beaucoup parler<br />

aujourd’hui de la nécessité d’« hybrider » les<br />

profils. Est-ce possible pour un manager de<br />

s’engager dans une démarche scientifique ?<br />

M. T : Les étudiants qui suivent des études de management<br />

ne peuvent pas, à quelques exceptions, devenir<br />

des ingénieurs mais peuvent intégrer une démarche<br />

scientifique beaucoup mieux qu’on ne le croit. Il faut<br />

absolument dépasser un certain mépris des écoles<br />

d’ingénieurs pour le commerce. Une véritable hybridation<br />

est tout à fait possible.<br />

O. R : Vous l’avez dit : il faut se former tout au<br />

long de sa vie. Mais comment apprend-on à<br />

« apprendre à apprendre » ?<br />

M. T : On ne peut pas décréter l’envie d’apprendre. Pour<br />

se former tout au long de sa vie il faut déjà avoir goûté<br />

au plaisir d’apprendre. C’est l’une des responsabilités<br />

des établissements d’enseignement supérieur sur<br />

laquelle on n’insiste pas assez. Nous recevons des<br />

jeunes de 18-20 ans pendant trois à huit ans qui sont<br />

une période cruciale de leur vie. N’oublions pas que l’on<br />

apprend aussi beaucoup grâce aux modèles que l’on se<br />

crée, qui servent de marchepied : je ne suis pas certain<br />

que la satisfaction béate devant le « distanciel » tienne<br />

compte de ce phénomène… À nous de leur ouvrir des<br />

perspectives. Ce qui n’est pas toujours facile quand<br />

on privilégie la recherche à la dimension éducative.<br />

Il faut pouvoir insister sur cette dimension éducative<br />

même si elle est difficile à mesurer et que les classements<br />

n’y portent aucune attention. Elle doit donc<br />

absolument prendre du poids dans les accréditations<br />

et les classements suivront.<br />

31


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Spécialités du bac :<br />

en <strong>2020</strong> les élèves<br />

ont choisi…<br />

Mais que vont-ils maintenant choisir comme orientation ?<br />

La planète enseignement supérieur n’en finit pas de s’interroger<br />

sur les filières qui vont correspondre aux choix de spécialités du bac.<br />

Déjà des inflexions ont eu lieu cette année dans les choix des élèves.<br />

À<br />

la rentrée <strong>2020</strong> ce sont 41 %<br />

des 376 000 élèves de terminale<br />

générale qui ont choisi<br />

de conserver la spécialité mathématiques,<br />

un tiers la physique-chimie<br />

ou les sciences économiques et sociales<br />

(SES) et 27 % les sciences de la vie et de<br />

la Terre (SVT) ou l’histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques selon<br />

la note de la DEPP. À la rentrée <strong>2020</strong>, les<br />

élèves de terminale précisent leur choix<br />

de parcours. La doublette la plus fréquemment<br />

choisie est « mathématiques,<br />

physique-chimie », par 20 % des élèves.<br />

Les élèves<br />

abandonnent surtout<br />

les mathématiques.<br />

Des chiffres qui permettent également de<br />

calculer le taux d’abandon des spécialités<br />

d’une année à l’autre. Comme on le<br />

savait déjà c’est la spécialité mathéma-<br />

tiques qui connaît le plus fort taux d’abandon<br />

puisqu’on passe de 68,7 % à 41,1 %<br />

de choix. Des abandons sans doute largement<br />

compensés par le choix de l’option<br />

« mathématiques complémentaires »<br />

destiné prioritairement aux élèves qui ont<br />

suivi l’enseignement de spécialité de mathématiques<br />

en classe de première et ne<br />

souhaitent pas poursuivre cet enseignement<br />

en classe terminale. Comme beaucoup<br />

le prédisaient la spécialité SVT est<br />

également largement abandonnée au profit<br />

de la physique-chimie beaucoup plus<br />

essentielle pour intégrer les écoles d’ingénieurs.<br />

C’est aussi le cas des sciences<br />

économiques et sociales dont le succès en<br />

avait surpris plus d’uns et qui se révèlent<br />

une spécialité assez largement abandonnée<br />

à l’heure du choix des « doublettes »<br />

de terminale.<br />

Des « doublettes » surtout scientifiques.<br />

Si les quinze premières doublettes de<br />

terminale regroupent près de 90 % des<br />

élèves de terminale générale à la rentrée<br />

<strong>2020</strong>, les cinq premières regroupent<br />

six élèves sur dix. Trois d’entre elles,<br />

qui regroupent 40 % des élèves, sont<br />

des doublettes « scientifiques » : 20 %<br />

des élèves ont ainsi choisi « mathématiques<br />

et physique-chimie », 13 % « physique-chimie<br />

et SVT », et 7 % « mathématiques<br />

et SVT ». Le choix de suivre<br />

« histoire-géographie, géopolitique et<br />

sciences politiques (HGGSP) et SES »<br />

a été fait par près de 15 % des élèves de<br />

terminale et « mathématiques et SES »<br />

(spéciale « écoles de management » ?)<br />

par 7 %.<br />

La proportion de filles et de garçons<br />

dans les doublettes de terminale prolonge<br />

celle des choix de spécialités en<br />

première. Ainsi, près de neuf élèves<br />

ayant choisi « mathématiques et SI » ou<br />

« mathématiques et NSI » sur dix sont<br />

des garçons. La doublette « mathéma-<br />

32


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

tiques et physique » demeure cependant<br />

largement masculine (64 %). À l’inverse,<br />

parmi les élèves ayant choisi « humanités<br />

et LLCER » et « humanités et SES » plus<br />

de huit sur dix sont des filles. Elles sont<br />

aussi surreprésentées dans les doublettes<br />

« LLCER et SES », « HGGSP et LL-<br />

CER » et enfin « HGGSP et humanités ».<br />

→ Certains élèves ont fait des choix qui<br />

ne correspondent à aucune des séries du<br />

baccalauréat avant réforme : par exemple<br />

environ 11 000 élèves ont choisi d’étudier<br />

les SES et les SVT ou 5 000 autres ont<br />

choisi l’histoire-géographie et les SVT.<br />

Une orientation toujours très sexuée. Seulement<br />

13 % des élèves suivant la spécialité<br />

numérique et sciences informatiques<br />

(NSI) ou la spécialité sciences de l’ingénieur<br />

(SI) sont des filles alors que ces dernières<br />

représentent 56 % des élèves de terminale<br />

générale. Des files qui sont aussi,<br />

mais dans une moindre mesure, sous représentées<br />

en mathématiques (42 % de<br />

filles) et en physique-chimie (48 %). Inversement,<br />

les garçons sont sous-représentés<br />

en grec (14 % de garçons), « humanités,<br />

littérature et philosophie » (20 %),<br />

latin (24 %) et LLCER (28 %). Ils sont<br />

aussi globalement sous-représentés dans<br />

l’ensemble des sept enseignements artistiques<br />

: 28 % de garçons contre 72 %<br />

de filles.<br />

33


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Des choix marqués<br />

par les CSP.<br />

À la rentrée <strong>2020</strong>, si 39 % des élèves de<br />

terminale générale sont d’origine très favorisée,<br />

ils sont surreprésentés dans les<br />

deux spécialités les plus choisies, mathématiques<br />

et physique-chimie, où la part<br />

d’élèves d’origine très favorisée est respectivement<br />

de 46 % et 45 %, pour 17 %<br />

et 18 % d’élèves d’origine défavorisée<br />

(pour 21 % d’élèves d’origine défavorisée<br />

pour l’ensemble des terminales générales).<br />

La part des élèves d’origine très favorisée<br />

dans la doublette la plus choisie,<br />

« mathématiques et physique-chimie »<br />

grimpe à 52 %, pour 14 % d’élèves d’origine<br />

défavorisée.<br />

Si la répartition des élèves par origine<br />

sociale n’est pas très différente de la<br />

moyenne pour l’enseignement HGGSP, la<br />

doublette « HGGSP et mathématiques »<br />

a, en revanche, un profil bien particulier :<br />

55 % des élèves y sont d’origine très favorisée<br />

et 14 % d’origine défavorisée.<br />

Inversement, deux spécialités ont attiré<br />

plus d’élèves d’origine défavorisée que<br />

les autres : humanités et LLCER (respectivement<br />

27 % et 25 %). La combinaison<br />

de ces deux spécialités accueille 28 %<br />

d’élèves d’origine défavorisée. Autre combinaison<br />

dans laquelle les élèves d’origine<br />

défavorisée sont surreprésentés : « humanités<br />

et SES » « (29 %) et « SVT et<br />

SES » (28 %).<br />

34


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

DÉCEMBRE <strong>2020</strong> N° 44<br />

Des choix qui<br />

évoluent en <strong>2020</strong>.<br />

À la rentrée <strong>2020</strong>, 64 % des élèves de<br />

première générale ont choisi d’étudier les<br />

mathématiques Viennent ensuite les SES<br />

pour 44 % des élèves, la physique-chimie<br />

pour 43 % et la SVT pour 39 % d’entre<br />

eux. Ces quatre matières étaient aussi les<br />

plus plébiscitées à la rentrée 2019, mais<br />

pas tout à fait dans cet ordre. Si les mathématiques<br />

sont toujours les plus choisies,<br />

elles le sont un peu moins : 69 %<br />

des élèves de première générale ont fait<br />

ce choix en 2019 contre 64 % en <strong>2020</strong>.<br />

Les SES étaient en quatrième position,<br />

choisies par 39 % des élèves ; 44 % d’entre<br />

eux ont choisi SES en <strong>2020</strong>. Les parts des<br />

élèves ayant choisi physique-chimie ou<br />

SVT sont plus faibles en <strong>2020</strong> que l’année<br />

passée (respectivement - 3,4 et - 3,8<br />

points de moins). Parallèlement, deux<br />

matières ont été notablement plus choisies<br />

en <strong>2020</strong> qu’en 2019 : HGGSP (35 %<br />

en 2019 et 38 % en <strong>2020</strong>) et les LLCER<br />

(28 % et 30 %).<br />

On assiste donc globalement à un rééquilibrage<br />

des enseignements de spécialité<br />

choisis, les enseignements scientifiques<br />

(mathématiques, physique-chimie<br />

et SVT) l’étant moins en <strong>2020</strong> qu’en 2019<br />

au profit des SES, de HGGSP et des langues.<br />

Ce que confirment les choix de<br />

triplette puisque les triplettes incluant<br />

les mathématiques ont tendance à être<br />

moins choisies alors qu’à l’inverse celles<br />

incluant les SES progressent.<br />

La hiérarchie globale a ainsi très légèrement<br />

évolué entre 2019 et <strong>2020</strong> même si<br />

les 18 premières triplettes, qui regroupent<br />

à la rentrée <strong>2020</strong> 80 % des élèves de<br />

première générale, sont exactement les<br />

mêmes qu’en 2019 (elles regroupaient<br />

82 % des élèves en 2019). La triplette<br />

« HGGSP, maths, SES », en deuxième<br />

position en 2019, devient le troisième<br />

choix en <strong>2020</strong>, remplacée par « HGGSP,<br />

LLCER, SES ». La part des élèves ayant<br />

choisi « HGGSP, humanités, SES » progresse,<br />

passant de 4,5 % des élèves à<br />

5,9 % en <strong>2020</strong>.<br />

Sébastien Gémon<br />

35

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