Qualité Références n° 53
Perpectives 2011 : OUTILS & METHODES DE MANAGEMENT
Perpectives 2011 : OUTILS & METHODES DE MANAGEMENT
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
QUALITÉ ET MANAGEMENT<br />
Services publics<br />
Les administrations<br />
européennes<br />
face à la modernité<br />
Toutes les administrations européennes doivent faire face aux mêmes<br />
enjeux liés à la recherche du juste équilibre entre réduction des coûts et<br />
amélioration de la qualité de service. Mais la France se distingue au moins<br />
sur deux points, sa prudence en matière de recours aux outils online et une<br />
réserve face à l’externalisation des services publics au secteur privé.<br />
intérêt à partager leurs expériences sur l’engagement<br />
citoyen, par exemple la mise en place<br />
par la ville de Münster en Allemagne, d’une plateforme<br />
d’échanges sur la gestion communale du<br />
budget»commente Didier Menusier.<br />
Pierre Audoin Consultants (PAC) a mené une<br />
étude, pour le compte du cabinet Logica, auprès<br />
de 180 fonctionnaires et décisionnaires dans six<br />
pays d’Europe (en France, Angleterre, Allemagne,<br />
Pays-Bas, Suède et Finlande). Il en ressort que<br />
les administrations européennes se sont engagées<br />
dans un processus de transformation qui<br />
doit à la fois :<br />
- offrir davantage aux citoyens et aux entreprises<br />
avec moins de ressources,<br />
- s’appuyer sur des moyens innovants,<br />
- favoriser une meilleure compétitivité,<br />
- améliorer l’engagement citoyen.<br />
« Si la réduction des coûts est le premier moteur<br />
du changement des administrations européennes,<br />
le gain financier n’est pas une fin en<br />
soi. Le personnel de l’Etat est mobilisé pour<br />
qu’elle s’accompagne d’une amélioration du<br />
service au citoyen. Sur ce dernier point, les<br />
approches des pays européens diffèrent et méritent<br />
d’être comparées » explique Didier Menusier,<br />
Directeur Général Secteur Public chez<br />
Logica France.<br />
Innover dans le service rendu<br />
Les agents considèrent qu’Internet sera le<br />
premier canal d’interaction avec les citoyens<br />
d’ici 5 ans (cité comme réponse majeure par<br />
43% des répondants aux Pays-Bas, 33% en<br />
Angleterre et en Allemagne et 30% en Finlande).<br />
Sauf en France (17% seulement) où l’étude<br />
indique que le courrier et le face-à-face resteront<br />
les moyens privilégiés pour interagir avec<br />
les administrés. Une exception française ?<br />
« Globalement, les initiatives de la Direction<br />
Générale de la Modernisation de l’Etat (DGME)<br />
vont bien dans le sens d’un accès simplifié aux<br />
services administratifs, par le biais des nouvelles<br />
technologies, commente Olivier Rafal, directeur<br />
de recherches chez PAC. Mais même la DGME<br />
rejoint l’avis des agents en contact avec le public<br />
pour ce qui est de préserver le lien social avec<br />
les administrés n’ayant pas la possibilité ou le<br />
désir d’effectuer leurs démarches en ligne».<br />
« Pour faire mieux avec moins,<br />
l’innovation et l’engagement<br />
des citoyens seront au cœur<br />
des démarches »<br />
L’étude montre que 44% des fonctionnaires européens<br />
pensent que leur gouvernement n’encourage<br />
pas suffisamment l’engagement citoyen. En<br />
France, ils ne sont que 33% à être convaincus d’une<br />
action gouvernementale en ce sens, contre 68%<br />
en Suède et 65% en Finlande.<br />
Favoriser l’implication du citoyen<br />
Les raisons invoquées sont, en France, le manque<br />
de connaissances des citoyens (à 60%), la rigidité<br />
du cadre réglementaire (à <strong>53</strong>%) et la réticence<br />
des citoyens à s’impliquer davantage (à<br />
43%). Plusieurs pistes d’amélioration sont<br />
évoquées, en particulier, pour la France : une<br />
meilleure flexibilité de l’administration, des feedbacks<br />
facilités entre l’administré et l’administration,<br />
et la valorisation des initiatives volontaires<br />
(par exemple au travers de remises de prix). «Les<br />
pays européens, y compris la France, auraient<br />
Des réticences à l’externalisation<br />
des services publics<br />
L’exception française est la plus emblématique<br />
lorsque la sous-traitance au secteur privé est<br />
abordée. Interrogés sur le futur des services publics<br />
et le recours aux partenariats privés, les réponses<br />
des agents de l’administration en Europe sont plutôt<br />
positives (86% estimant que leur expérience de<br />
recours au secteur privé était un succès).<br />
Seule la France se distingue, les personnes<br />
interrogées étant bien moins<br />
nombreuses que dans le reste de l’Europe<br />
à considérer comme un succès le<br />
partenariat avec le privé (62% pour la<br />
France contre 92% pour l’Angleterre et<br />
89% pour la Finlande par exemple). «Le<br />
recours au secteur privé reste plus rare<br />
en France que dans les autres pays d’Europe que<br />
nous avons interrogés, explique Olivier Rafal. Globalement,<br />
les acteurs du service public comprennent<br />
bien les atouts que le secteur privé peut apporter,<br />
mais on note une certaine défiance face aux conditions<br />
de mise en œuvre : certains craignent que<br />
cela revienne plus cher au final, d’autres que la<br />
qualité du service public s’en ressente. Les collectivités<br />
locales recourent toutefois plus facilement<br />
au secteur privé et leur expérience en la matière<br />
est plutôt positive».<br />
« L’étude nous rappelle que pour faire mieux<br />
avec moins, l’innovation et l’engagement des<br />
citoyens seront au cœur des démarches.<br />
Certaines prudences particulièrement développées<br />
en France devront être surmontées, en<br />
s’assurant que la sécurité et confidentialité des<br />
données personnelles soient garanties », conclut<br />
Didier Menusier ■<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES ➤ JUILLET, AOÛT, SEPTEMBRE 2011 ➤ PAGE 20