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Qualité Références n° 53

Perpectives 2011 : OUTILS & METHODES DE MANAGEMENT

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QUALITÉ ET MANAGEMENT<br />

Tribune<br />

Humeurs et réflexions<br />

d’un auditeur tierce partie<br />

ISO 9001<br />

Longtemps j’ai pensé qu’être un bon auditeur qualité tierce partie<br />

nécessitait de savoir mener des enquêtes… N’ayant jamais découvert de pot<br />

aux roses et n’ayant jamais confondu qui que ce soit, tout porte à croire que<br />

je ne brille pas dans ce rôle d’enquêteur ! Avec le temps, je me suis<br />

accommodé de cette incapacité et je m’en suis fait une alliée…<br />

Plus sérieusement, d’où vient que des<br />

postures assez contre-productives (« audit<br />

– enquête », « audit – conseil », « audit –<br />

connivence»…), soient relativement répandues<br />

? Sont-elles difficiles à éviter ?<br />

Cela provient à mon avis d’une surexposition<br />

des relations tripartites « auditeur –<br />

organisme audité – organisme de certification<br />

» au détriment des relations avec les<br />

autres parties intéressées telles que : les<br />

clients de l’organisme audité, la collectivité,<br />

les concurrents et confrères de l’organisme<br />

audité, les pouvoirs publics, les<br />

donneurs d’ordres, les associations de<br />

consommateurs, les salariés de l’organisme<br />

audité, la communauté des praticiens et<br />

experts en système de management… c’està-dire<br />

l’ensemble des acteurs du marché<br />

des biens et des services, marchands et non<br />

marchands.<br />

L’accent mis sur les relations entre les trois<br />

acteurs de l’audit, entre lesquels existent des<br />

relations commerciales directes, pousse probablement<br />

l’auditeur à surestimer voire surjouer<br />

son rôle vis-à-vis de l’organisme audité.<br />

Audit à valeur ajoutée… pour qui ?<br />

Tous les organismes de certification mettent<br />

en avant, auprès de leurs clients et donc de<br />

leurs auditeurs, la valeur ajoutée de l’audit,<br />

l’audit comme outil de la compétitivité, l’audit<br />

au service de la performance…<br />

Une telle unanimité a de quoi inquiéter.<br />

N’est-ce pas lorsqu’elle est menacée qu’on<br />

parle le plus de liberté ? Que contiennent<br />

exactement ces accroches, éléments de<br />

langage aseptisés ?<br />

Il s’agit, le plus souvent, de démarches<br />

visant à personnaliser ou adapter la prestation<br />

d’audit à l’organisme audité. C’est<br />

une démarche louable et efficace, relativement<br />

répandue dans la relation client –<br />

fournisseur, qui plus est dans les services.<br />

La personnalisation peut porter sur la<br />

langue de l’audit, sur l’expérience des auditeurs,<br />

sur le calendrier, sur les aspects logistiques…<br />

et aussi, plus profondément, sur le<br />

contenu de l’audit. C’est ce dernier point<br />

qui suscite mes réflexions.<br />

Que voit-on en effet comme<br />

valeur ajoutée ?<br />

Pour les audits de certification ISO 9001,<br />

par exemple, certains organismes de certification<br />

et/ou auditeurs mettent l’accent<br />

sur l’évaluation de la pratique de maîtrise<br />

des risques dans l’organisme audité, d’autres<br />

préconisent d’articuler l’audit à la stratégie<br />

de l’organisme audité, ou encore,<br />

relient l’audit à l’obtention de la performance<br />

ou de l’efficience de l’organisme<br />

audité. Donc, sans contester l’intérêt de ces<br />

rapprochements dans l’absolu, la démarche<br />

consiste, dans la pratique, à ajouter des<br />

critères d’audit, correspondant le plus<br />

souvent à des bonnes pratiques issus d’autres<br />

référentiels (ISO TS 16949, EFQM,<br />

CMMi…), tout en s’interdisant de faire des<br />

constats d’audit sur ces sujets puisqu’ils<br />

sont absents des exigences de l’ISO 9001 !<br />

Pourquoi faire simple quand on peut faire<br />

compliqué !<br />

Qu’apportent ces approches<br />

à l’ensemble des parties<br />

intéressées ?<br />

Rappelons, s’il est besoin, que notre travail<br />

d’auditeur tierce partie ISO 9001 est une contribution,<br />

modeste tout en étant rigoureuse et<br />

objective, au renforcement de la confiance<br />

entre clients (bénéficiaires, acheteurs…) et<br />

fournisseurs sur le marché des biens et des<br />

services. En théorie, la confiance est renforcée<br />

par l’obtention de la certification, qui atteste<br />

de la mise en place d’une organisation efficace<br />

des processus, en amélioration continue, visant<br />

à satisfaire les clients et à fournir des produits<br />

conformes aux exigences.<br />

Le but visé était, à l’origine de la certification<br />

tierce partie, que le certificat ISO 9001<br />

soit un critère fiable et crédible de choix d’un<br />

fournisseur. Avons-nous, collectivement,<br />

atteint cet objectif ? Il est permis d’en douter.<br />

Alors, ne devrions-nous pas, prioritairement,<br />

conjuguer nos efforts pour renforcer<br />

la crédibilité et la fiabilité de la certification<br />

ISO 9001, plutôt que dépenser nos<br />

énergies et ressources en différenciations<br />

secondaires qui n’ont pas toujours, loin s’en<br />

faut, de valeur ajoutée collective et qui,<br />

inexorablement, tirent la prestation d’audit<br />

vers le bas jusqu’à menacer la pérennité<br />

de la certification tierce partie ISO 9001? ■<br />

Olec Kovalevsky*<br />

*Consultant en organisation et qualité, auditeur<br />

tierce partie.<br />

Voir aussi p. 23.<br />

QUALITÉ RÉFÉRENCES ➤ JUILLET, AOÛT, SEPTEMBRE 2011 ➤ PAGE 19

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