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Le développement personnel sous observation REPORTAGE À la station d'observation de FoyersBasel, des adolescentes en difficulté trouvent une oreille attentive pour se construire un nouvel avenir. Le chemin à parcourir est parsemé d'embûches. La masse orange s'écoule de la cuillère qui extrait consciencieusement les graines gluantes du cœur de la citrouille. Penchée en avant, les cheveux noués en chignon, Alva* s'écrie : « Oh, regardez ! ». Elle fait partie d'un groupe de six filles assises autour de la table de la cuisine, au rez-dechaussée de la station d'observation de FoyersBasel. C'est la période des vacances et la plupart des résidentes participent à l'activité. « Il est important d'offrir une structure, même lorsqu'il n'y a pas de cours », précise Karen Schröder, l'éducatrice sociale chargée du service du soir. Pour les adolescentes dont l'expérience est de passer à travers toutes les mailles du filet, les processus réglementés permettent de resserrer le cadre. Pour celles et ceux qui leur viennent en aide aussi. Ida* saisit une citrouille géante et s'attaque à la peau épaisse avec des gestes experts, taillant avec détermination dans la cucurbitacée. Comme pour les résidentes dont elle s'occupe, il faut de la patience pour atteindre le cœur tendre. « Aujourd'hui est une journée tranquille », déclare Barbara Jenny, directrice de l'institution, qui trouve l'ambiance plutôt détendue. Certains jours, il en va autrement. Lorsque la station d'observation est entièrement occupée – ce qui est généralement le cas – les filles et jeunes femmes se retrouvent ici avec leur lourd fardeau personnel. Alva ronchonne et lève les yeux, piquant les courges avec apathie pour en extraire péniblement le contenu. A côté d'elle se tient Christina Uecker, étudiante en travail social à la Haute école spécialisée. Aujourd'hui, elle est responsable du service de nuit qui recoupe pendant quelques heures, le service du soir. « J'ai l'impression de retourner en maternelle », s'exclame la jeune fille de 17 ans, en lui jetant un regard de travers. Christina Uecker, capable de gérer la résistance, semble savoir gérer la résistance. Elle réagit objectivement aux provocations, mais répond Il est important de proposer des structures, déclare la pédagogue sociale Karen Schröder. STATION D'OBSERVATION DE FOYERSBASEL Avec la station de transit, le groupe résidentiel et le Foyer Interculturel Formation et Profession, la station d'observation est l'un des quatre secteurs de FoyersBasel. L'institution accueille des adolescentes âgées de 13 à 18 ans, normalement douées, qui ont besoin de clarifier leur situation personnelle, familiale et scolaire. Elle comporte huit places de clarification et deux places de progression. Pendant le séjour, elle analyse la situation globale, la structure de la personnalité, ainsi que la structure du système de référence des différentes jeunes femmes. L'équipe interdisciplinaire est composée d'experts issus des domaines de la pédagogie, de la psychologie et de la psychiatrie. L'objectif est d’établir des rapports d'expertise complets et multidisciplinaires sur les résidentes et de développer des solutions pour leurs perspectives d'avenir. avec sérieux aux questions qui lui sont posées. « Nous connaissons les histoires des filles, cette compréhension aide à briser la glace » ajoute Karen Schröder. Reprendre sa vie en main Plus tard, Alva se retrouve dans sa chambre. Le long couloir blanc, avec sa lumière aveuglante au plafond, fait penser à une clinique. La pièce paraît austère, le blanc prédomine, les étagères abritent quelques rares objets. Il règne un ordre qui n’existait nullement dans la vie de la jeune résidente avant son arrivée à l’institution. « Au début, je trouvais les règles ici terribles », confie-telle, affichant une attitude nettement plus calme que dans l’après-midi. Aujourd’hui, elle n’a plus une vision de la vie aussi négative. « A la maison, je ne connaissais pas de limites, j’étais toujours dehors, je buvais beaucoup trop d’alcool », dit-elle. « Bien sûr, l’opposé existe aussi », précise Jenny, la directrice de l’institution. « D’autres filles étaient menées d’une main de fer et souffraient de la situation ». Les troubles psychiatriques, actes criminels ou difficultés à gérer sa propre sexualité figurent aussi parmi les raisons ayant justifié l’admission dans la station d’observation. Pour ce dernier point, la psychothérapeute Constanze Veigel-Maruschke voit un avantage dans le fait que les adolescentes sont ici entre elles. « Parfois, elles doivent être protégées d’elles-mêmes et des autres, surtout au niveau des actes sexuels. » Pendant leur séjour, Constanze Veigel- Maruschke accompagne les jeunes femmes dans les hauts, mais surtout dans les périodes de bas extrêmes. Alva occupe l’un des huit postes de clarification et peut enfin se projeter à nouveau dans l’avenir. Grâce à un accompagnement étroit, la reprise d’un apprentissage semble possible, ce qui n’a pas toujours été le cas. Le contact avec sa mère s’est également nettement amélioré : elle passe un week-end sur deux avec elle. « J’ai l’impression de reprendre le contrôle 4/<strong>20</strong> <strong>ZESO</strong> 27
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