Maintenance & Entreprise n°630
Nucléaire français : la maintenance en première ligne
Nucléaire français : la maintenance en première ligne
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<strong>Maintenance</strong> nucléaire<br />
Introduction ><br />
La maintenance en première ligne<br />
Entretien et renouvellement des installations, renforcement de la sécurité des sites,<br />
prolongement des unités de production, formation et transmission des savoir-faire :<br />
les métiers de la maintenance sont impliqués dans tous les chantiers du nucléaire<br />
français.<br />
Le démantèlement des centrales pose aux opérateurs<br />
énergéticiens un véritable défi et en premier lieu en<br />
termes de perte de compétences. En effet les exploitants<br />
et maintenanciers de ces générations déjà anciennes de<br />
centrales ont passé la main sans avoir toujours transmis leurs<br />
connaissances et leur expérience des équipements. C’est bien<br />
pourquoi il faut dès à présent renforcer les filières de formation<br />
dans les métiers de ce secteur, à l’exemple de ce que fait vaillamment<br />
un organisme comme le Greta Nucléaire.<br />
Outre cet impératif de formation, EDF doit faire face à trois<br />
chantiers reconduits annuellement. La maintenance joue un<br />
rôle déterminant et est impliqué au premier chef dans chacun<br />
de ces grands chantiers. Il s’agit tout d’abord des grands arrêts<br />
et du renouvellement des équipements ; puis de la mise en<br />
œuvre du plan de sûreté nucléaire qui a été réévalué suite à<br />
l’accident de Fukushima ; enfin le prolongement d’une dizaine<br />
d’années d’exploitation et de production des centrales françaises<br />
accepté par l’Autorité de Sûreté implique la relance<br />
volontariste des programmes de maintenance auprès de tous<br />
les sites.<br />
EDF a prévu une enveloppe de quelque 55 milliards d’euros<br />
pour remplir ces trois objectifs stratégiques tant pour l’entreprise<br />
et ses 19 centrales que pour garantir la sécurité énergétique<br />
du pays. L’opérateur a d’ailleurs engagé une politique<br />
de bonne conduite et de transparence avec les sous-traitants<br />
industriels, parfois des entreprises de petite taille très dépendantes<br />
d’un seul donneur d’ordre. Les entreprises du secteur<br />
doivent avoir en effet une visibilité sinon un plan de charge afin<br />
d’engager les ressources en technologies et en recrutement<br />
qui leur permettront de satisfaire la demande.<br />
Les centrales thermiques ont de l’avenir, malgré tout<br />
L’objectif européen de 23% de production d’énergie renouvelable<br />
– éolien terrestre ou maritime, solaire et photovoltaïque<br />
etc. – d’ici 20 ans signifie aussi que 77% de l’énergie seront<br />
toujours produits par des centrales thermiques « classiques ».<br />
Les énergies fossiles gaz et charbon aussi bien que le nucléaire<br />
ne sont pas encore condamnées, loin de là. Remarquons en<br />
passant que si l’Allemagne a pu entreprendre la révolution<br />
« exemplaire » de son mix énergétique, c’est en s’appuyant sur<br />
les approvisionnements en énergie d’origine nucléaire de pays<br />
voisins, essentiellement la France.<br />
Evidemment, et c’est un autre défi à la fois technologique et<br />
écologique, les centrales classiques doivent évoluer en prenant<br />
en compte les considérations environnementales, favorisant<br />
par exemple le captage du CO2. Plus flexibles, autonomes et<br />
efficientes, ces centrales seront moins polluantes mais aussi<br />
plus économes.<br />
Aux Etats-Unis, les centrales à charbon sont ainsi transformées<br />
afin d’utiliser les gaz de schistes dont les immenses réserves<br />
représentent un potentiel d’au moins 40 ans d’exploitation. Au<br />
grand dam des écologistes, les réserves en ressources dites<br />
naturelles sont sans cesse réévaluées à la hausse. Le charbon<br />
lui-même demeure, à l’échelle de la planète, la ressource la<br />
plus répandue et meilleur marché, hors coût environnemental<br />
s’entend. Mais cela pourrait changer car, à l’encontre de ce que<br />
l’on pense ici, la Chine a entrepris un vaste plan à la fois pour<br />
moderniser les installations existantes et pour développer les<br />
productions alternatives. Moindre mal, car les économies réalisées<br />
en Europe de l’Ouest ne pèsent pas lourd au regard des<br />
rejets de CO2 dans l’Empire du Milieu. Question d’échelle…<br />
Une filière dont on ne peut se passer mais qui doit<br />
évoluer<br />
David Ferrebeuf, secrétaire général de La Vallée de l’énergie,<br />
réseau d’entreprises créé dans le Territoire de Belfort, souligne<br />
que dans l’Est (Franche Comté, Alsace, Lorraine) la filière,<br />
emportée par GE et Alstom, emploie 18.000 professionnels et<br />
représente un CA de 5 milliards d’euros à l’export. La filière<br />
énergétique demeure une activité économique essentielle en<br />
France, que ce soit - sur le territoire national - pour la maintenance<br />
et la mise en sécurité des sites existants et le développement<br />
des filières dans les énergies renouvelables, ou, et c’est<br />
bon pour l’équilibre de la balance de nos échanges, à travers<br />
l’exportation à l’international de nos savoir-faire et technologies<br />
notamment dans les nouveaux pays industriels.<br />
Gardons-nous de tout préjugé, d’une vision simplificatrice sur<br />
ce sujet essentiel dont les paramètres sont multiples mêlant<br />
facture énergétique, coût écologique, développement économique,<br />
emplois… Il n’y aura pas de solution univoque mais un<br />
mix évolutif, différent selon les conditions nationales, l’acceptabilité<br />
sociale des solutions, l’état d’avancement des techniques<br />
exploitables. Sachons rester modestes dans nos prévisions.<br />
On a pu évaluer que la demande d’énergie devrait être multiplié<br />
par trois dans les prochains trente ans, du fait du développement<br />
des pays émergents et de l’émergence de nouveaux<br />
besoins… Ainsi, à l’échelle de la planète, les data centers sont<br />
désormais parmi les plus gros consommateurs d’énergie, tandis<br />
que la consommation nécessaire à la recharge quotidienne<br />
de milliards d’outils de communication mobile (téléphones portables,<br />
smartphones, tablettes…) prend également une importance<br />
insoupçonnée il y a peu d’années. Et qu’en sera-t-il des<br />
besoins en énergie des véhicules électriques quand ceux-ci se<br />
seront banalisés ?<br />
Jean-François Romain<br />
Juin 2013 – N°630 13