Essais & Simulations n°109
Les essais aggravés : où en sommes-nous ?
Les essais aggravés : où en sommes-nous ?
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Dossier<br />
Le produit doit normalement fonctionner<br />
sous certaines contraintes. Il s’agit de ses<br />
marges de conception qui permettent au<br />
produit de fonctionner au-delà et, mal -<br />
heureusement, des faiblesses qui le limitent.<br />
D’où l’importance de connaître<br />
ses faiblesses.<br />
Tous les constituants du produit (les<br />
maillons de la chaîne de notre exemple)<br />
n’ont pas la même robustesse : certains<br />
sont plus faibles que d’autres et ne vont<br />
pas résister de la même manière lors de<br />
l’augmentation de la contrainte.<br />
Les essais aggravés (augmentation pro -<br />
gressive de la traction dans notre exem -<br />
ple) vont permettre de faire apparaître<br />
ces faiblesses.<br />
Les contraintes à appliquer pour réaliser<br />
des essais aggravés doivent être pertinentes<br />
(en type et en niveau) vis-à-vis du produit. Si<br />
dans le cas de la chaîne la traction semblait<br />
pertinente, pour des produits électroniques,<br />
les contraintes sont généralement utilisées<br />
au minimum de la température, des vibrations,<br />
de la tension d’alimentation, de la<br />
charge et quelques fois au minimum de la<br />
fréquence des signaux.<br />
Les essais aggravés permettent de mettre<br />
en évidence deux types de faiblesses :<br />
• Défauts de conception : certains mail -<br />
lons de la chaîne sont beaucoup plus<br />
fins que les autres et ce n’est pas justifié,<br />
il s’agit d’erreurs de conception. Quel -<br />
ques exemples sur des produits : mau -<br />
vais choix ou dimensionnement de<br />
composant, de technologie, de process…<br />
C’est la conception qui amène ces<br />
défauts qui peuvent par la suite se retrouver<br />
dans tous les produits fabriqués<br />
selon cette définition. Ces défauts sont<br />
mis en évidence lors de la campagne<br />
d’essais aggravés HAT en conception.<br />
• Défaut de jeunesse : le maillon est tout<br />
aussi gros que les autres mais il pré -<br />
sente un défaut de réalisation ou a été<br />
endommagé par le process. Quelques<br />
exemples sur des produits : composant<br />
hors spécification, en limite ou fragilisé,<br />
défaut de process de réalisation, câblage<br />
abimé…C’est la réalisation de ce produit<br />
particulier qui a amené le défaut. Ces<br />
défauts sont mis en évidence par l’opération<br />
de déverminage par <strong>Essais</strong><br />
Aggravés HA-ESS.<br />
Le HAT en conception<br />
Le principe :<br />
• Rechercher les faiblesses par l’application<br />
de contraintes augmentées de façon<br />
progressive<br />
• Analyse des pannes<br />
• Actions correctives<br />
• Poursuivre la démarche jusqu’à l’obtention<br />
de limites de fonctionnelles<br />
jugées satisfaisantes.<br />
C’est une démarche itérative qui ne se<br />
limite pas à vérifier que le produit « tient »<br />
ses exigences mais va beaucoup plus loin.<br />
Et c’est là « une difficulté culturelle » pour<br />
faire admettre le HAT en conception. Il ne<br />
s’agit pas de faire des essais permettant<br />
de vérifier le bon fonctionnement d’un<br />
produit (ce qui est fait par les essais « qualification<br />
» et « Design Verification Tests)<br />
mais de rechercher les faiblesses potentielles<br />
(ce qui pourrait faire que le même<br />
produit ne fonctionne plus parce que trop<br />
sensible à un paramètre par exemple).<br />
Le but de ces essais est de trouver ces<br />
faiblesses. Un industriel américain, déjà<br />
utilisateur des essais aggravés dans les<br />
années 80, a en 2005 rebaptisé ces essais<br />
HADT (Highly Accelerated Discovery Tests :<br />
EA) pour découvrir les faiblesses.<br />
Les résultats<br />
• La découverte, très tôt, des faiblesses<br />
de conception, à un moment où la cor -<br />
rection ne s’avère pas encore onéreuse.<br />
Le concepteur reste totalement maître<br />
de l’analyse et de la décision de corriger<br />
(ou non), mais au moins, il a connaissance<br />
de ces faiblesses.<br />
• Pour les faiblesses corrigées et donc<br />
éliminées, la conception s’en trouve<br />
renforcée.<br />
• Constitution d’une base de données<br />
avec pour chaque produit les limites<br />
acceptables par type de contraintes. Ceci<br />
peut ensuite être utilisé pour comparer<br />
les produits entre eux, pour vérifier l’évolution<br />
de la robustesse dans le temps<br />
sur un même type de produit ou des<br />
produits similaires, ou simplement pour<br />
définir les contraintes à appliquer lors<br />
du déverminage en production.<br />
Déverminage HA-ESS<br />
en production<br />
Certains défauts de jeunesse ont besoin<br />
de facteurs particuliers pour se révéler. Il<br />
s’agit des défauts « latents » qui pourraient<br />
devenir des défauts réels et « patents »<br />
chez le client après quelques semaines<br />
d’utilisation. Le déverminage consiste à<br />
appliquer un stress défini sur tous les<br />
produits fabriqués de façon à transformer<br />
les défauts latents en défauts patents<br />
(réels) détectables avant livraison au client.<br />
Les défauts de jeunesse latents sont précipités<br />
et viennent s’ajouter aux défauts<br />
réels qui sont détectés en fin de fabrication<br />
et avant toute livraison aux clients.<br />
Des études et des plans d’expérience ont<br />
montré que le déverminage par essais<br />
aggravés était plus efficace que le déverminage<br />
traditionnel.<br />
Un extrait du Guide de l’ASTE de 2006<br />
explique en effet que, sous l’effet des<br />
contraintes appliquées, les éléments les<br />
E S S A I S & S I M U L A T I O N S ● JA NVI E R , F ÉVR I E R , M A R S 2 0 1 2 ● PAG E 4 8