Spectrum_4_2020
FRIBOURGTexte Sylvain CabrolIllustration Claire PolinLa petite reine à la conquêtede PérollesUne piste cyclable temporaire a surgi cet été sur leBoulevard de Pérolles. Installé précipitamment, ledispositif a suscité des réactions contrastées.par les autorités, qui soulignent l’existence deplus de 4.000 places dans le secteur concerné.À l’inverse, selon un sondage de la commune,74% des riverain·e·s et 77% de l’ensemble du panelse déclaraient favorables à la piste cyclablesur un échantillon de 479 personnes. Interrogésur la représentativité d’un tel échantillon,Antoine Bussard estime qu’il « est suffisantpour garantir une représentation proportionnéede la population ». Ajoutant qu’une étudeGFS de 2019 commanditée par l’Union desvilles suisses (UVS) et menée auprès de 5.000Fribourgeois·es était parvenue à des résultatssimilaires.ela n’aura échappé à personne : le 22 juinCdernier, une piste cyclable a été aménagéesur le Boulevard de Pérolles avant dedisparaître le 20 août. À cet effet, 62 placesde stationnement ont été supprimées à titretemporaire. Dans la lignée de projets similairesà Genève et Vaud, cette installation constituaitun test en vue de la création d’une piste pérennesur cette artère majeure. Elle s’inscrit àla fois dans la stratégie de mobilité de l’agglomérationet dans les engagements internationauxde la Suisse.Fondement juridique et nécessitépubliquePourquoi limiter l’essai à deux mois ? AntoineBussard, chef du secteur mobilité de la Ville,cite comme base juridique l’Ordonnance fédéralesur la signalisation routière (OSR).Selon l’art. 107 al. 1 OSR, la suppression deplaces de stationnement doit en principe fairel’objet d’une publication préalable. Mais lemême texte prévoit une exception « lorsquela sécurité routière l’exige » et « pour 60 joursau plus» (al. 2). Une disposition sur laquelle lacommune s’est appuyée pour justifier le lancementquelque peu cavalier de ce test.Pierre-Olivier Nobs, conseiller communalchargé de la Mobilité (Centre gauche-PCS),évoque ainsi le besoin de créer des espaces sécuriséspour les utilisateur·rice·s de vélo. Unenécessité renforcée selon lui par l’arrivée duCovid-19 : « La pandémie a fait augmenter letrafic motorisé en ville au détriment des transportspublics ». Ce report modal tombe malen pleine crise climatique, mais il s’explique parla crainte d’une contamination dans l’espaceconfiné des bus.Bataille de sondagesCette précipitation n’a pas été du goût de toutle monde. Qu’il suffise pour s’en convaincrede jeter un œil sur les minutes des débats duConseil général de la Ville du 29 juin dernier.David Krienbühl, conseiller général PLR etsecrétaire de l’AFCAS (Association fribourgeoisedu commerce, de l’artisanat et des services),y déplore la suppression non concertéedes 62 places de stationnement situées sur leboulevard et son potentiel impact négatif surle commerce. L’AFCAS s’est fait l’écho de cettecrainte à travers une étude selon laquelle 90%des commerçant·e·s riverain·e·s s’opposaient àces suppressions. Une inquiétude minimiséeDe Stockholm à FribourgLe 1er septembre, le Conseil communal, organeexécutif de la Ville, a validé la mise enplace d’une bande cyclable non temporaire.Au moment où nous écrivons ces lignes, leprojet doit être mis à l’enquête. Si les servicescommunaux et l’AFCAS travaillent en étroitecollaboration dans le cadre de sa mise en place,David Krienbühl n’exclut pas la possibilité derecours individuels ou collectifs selon l’évolutiondu dossier.De son côté, Antoine Bussard appelle notreattention sur un engagement internationalcontracté par la Suisse et passé inaperçu enraison de la pandémie. Selon la décision n°8annexée à la Déclaration de Stockholm du20 février dernier, les États contractants s’engagentà « [accélérer] le basculement vers desmodes de transport abordables, plus sûrs, pluspropres et à meilleur rendement énergétiquetout en militant en faveur de la pratique plusimportante d’activités physiques, comme lamarche ou le cyclisme ». Autant dire que lafuture piste cyclable de Pérolles n’est qu’unépisode dans l’histoire d’une politique fribourgeoisedes transports appelée à réduire encorela place de la voiture en ville. P20 spectrum 10.20
FREIBURGText Katharina SchattonFoto ZVGEine Baustelle anderer ArtIn Freiburg wird derzeit an einer mobilen Saunagearbeitet. Vor allem mit Amateurinnen*, dafür mit Elanund Kreativität. Und ausdrücklich ohne die Hilfe vonMännern.mmer diese Wörter, die auf -ismus en-und zwar sehr schlau klingen, mit-Iden,unter aber für alle etwas anderes bedeuten.Hauptsache, man kann sie hier und da ineine Konversation einfliessen lassen und einbisschen angeben. Trotz dessen sehr simplenDefinition ist «Feminismus» genau soein Wort: Für die einen Angriff, für andereBefreiung, Historie. So richtig greifbar wirdFeminismus hingegen selten. Das ProjektSaunana schafft aber genau das: praktischenFeminismus zum Anfassen und Mitmachen.Ein langfristiges ProjektUnd was bitte könnte praktischer sein alseine Baustelle? Zu Beginn dieses Jahresnahm die Idee Gestalt an, ein Projekt aufdie Beine zu stellen, das es so noch nicht inFreiburg gibt. Innerhalb des fünfzehnköpfigenTeams, das sich nach und nach aus motiviertenFrauen* bildete, wurde zum Beispielauch der Bau eines Spielplatzes diskutiert.Die Gruppe entschied sich schliesslich füretwas anderes: eine Sauna.«Wir wollten ein handwerkliches Projektumsetzen, bei dem jede* mitmachen undetwas lernen kann», sagt Camille, die zumKernteam von Saunana gehört. Währenddes Lockdowns im Frühjahr wurde dasProjekt von der Stadt Freiburg genehmigt.Im Sommer setzte sich die Gruppe an diekonzeptionelle Planung. Ziel sei es gewesen,etwas zu kreieren, das auch langfristigbestehen bleibt. Langsam wuchs die Vorstellungeiner mobilen Sauna auf Vereinsbasis,die nach ihrer Fertigstellung allen Interessiertenzugänglich gemacht werden soll.Es selber schaffenZu einer der zentralsten Ideen des Ganzengehört ausserdem, dass die Baustelle nur vonFrauen* betrieben wird. Der Stern schliesstübrigens ausdrücklich alle Geschlechter bisauf das männliche mit ein. «Wir wollen zeigen,dass wir ein solches Projekt auch ohneMänner umsetzen können», erklärt Camille.Auf der Baustelle soll jede* eine Aufgabe finden, die ihr entspricht.Einige der Mitwirkenden hatten schon Erfahrungdamit gemacht, auf kollaborativgeführten Baustellen von Männern nichternst genommen zu werden. Sie hatten essatt, dass ihnen wortwörtlich immer wiederdas Werkzeug aus der Hand genommenwurde. Kurzerhand beschloss man, dieBaustelle für die mobile Sauna nur Frauen*zugänglich zu machen. Für diese Regel habees schon so einige Kritik gehagelt, aber dasfreue sie: «Wir wollen schliesslich provozierenund eine Debatte anregen.» So könneman die Leute dazu bewegen, ihre eigenenHaltungen zu hinterfragen. Dabei gehe esaber vor allem um den Prozess des Bauens.Das Endprodukt, die Sauna an sich, wolleman auch den Männern nicht vorenthalten.Zusammen, umweltbewusst, handgemachtDie Gruppe achtet darauf, alle ver wendetenBaumaterialien aus zweiter Hand zubeziehen – sogar ihr Anhänger wurde ihnenvon einem Bauern aus der Gegend zurVer fügung gestellt. Auch ist das Ziel, alles,was gebraucht wird, von Hand herzustellen.So ist beispielsweise eine Eisenhandwerkerinmit der Herstellung des Holzofensbeauftragt. Überhaupt erhält Saunana vonverschiedenen Seiten professionelle Hilfe– ausschliesslich von Frauen*, verstehtsich. Für die Fertigstellung des Baus sindvier Monate geplant. Danach will man verschiedeneStandorte anvisieren und dieSauna wandern lassen. Das Bemerkenswertedabei: Es ist nicht das Organisationsteamallein, das sich ans Werk macht. Alle Frauen*sind eingeladen, im Rahmen von regelmässigstattfindenden Workshops aktiv etwas zurEntstehung der Mobilsauna beizutragen.«Es geht uns darum, Frauen zusammen zubringenund gemeinsam etwas zu konstruierenund zu bauen», sagt Camille. Man wolleein wohlwollendes Umfeld schaffen, wo inRuhe und ohne Voreingenommenheit jede*ihren Teil zum Grossen beiträgt. Deshalbwerden alle wichtigen Entscheidungen auchgemeinsam getroffen, ohne hierarchischeStrukturen. Der erste Workshop fandschliesslich am 30. September auf dem Arealder blueFACTORY statt – mit Erfolg: «Ichbin ehrlichgesagt selber überrascht, dass bisjetzt alles so gut funktioniert», sagt Camilleund lacht. PAlle Frauen* sind herzlich undunverbindlich dazu eingeladen, sicham Bau der Sauna auf dem blueFAC-TORY-Gelände zu beteiligen. Immermittwochs, von 17.30 bis 21.00 Uhr.Instagram, Facebook: @saunanatelier10.20spectrum21
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FRIBOURG
Texte Sylvain Cabrol
Illustration Claire Polin
La petite reine à la conquête
de Pérolles
Une piste cyclable temporaire a surgi cet été sur le
Boulevard de Pérolles. Installé précipitamment, le
dispositif a suscité des réactions contrastées.
par les autorités, qui soulignent l’existence de
plus de 4.000 places dans le secteur concerné.
À l’inverse, selon un sondage de la commune,
74% des riverain·e·s et 77% de l’ensemble du panel
se déclaraient favorables à la piste cyclable
sur un échantillon de 479 personnes. Interrogé
sur la représentativité d’un tel échantillon,
Antoine Bussard estime qu’il « est suffisant
pour garantir une représentation proportionnée
de la population ». Ajoutant qu’une étude
GFS de 2019 commanditée par l’Union des
villes suisses (UVS) et menée auprès de 5.000
Fribourgeois·es était parvenue à des résultats
similaires.
ela n’aura échappé à personne : le 22 juin
Cdernier, une piste cyclable a été aménagée
sur le Boulevard de Pérolles avant de
disparaître le 20 août. À cet effet, 62 places
de stationnement ont été supprimées à titre
temporaire. Dans la lignée de projets similaires
à Genève et Vaud, cette installation constituait
un test en vue de la création d’une piste pérenne
sur cette artère majeure. Elle s’inscrit à
la fois dans la stratégie de mobilité de l’agglomération
et dans les engagements internationaux
de la Suisse.
Fondement juridique et nécessité
publique
Pourquoi limiter l’essai à deux mois ? Antoine
Bussard, chef du secteur mobilité de la Ville,
cite comme base juridique l’Ordonnance fédérale
sur la signalisation routière (OSR).
Selon l’art. 107 al. 1 OSR, la suppression de
places de stationnement doit en principe faire
l’objet d’une publication préalable. Mais le
même texte prévoit une exception « lorsque
la sécurité routière l’exige » et « pour 60 jours
au plus» (al. 2). Une disposition sur laquelle la
commune s’est appuyée pour justifier le lancement
quelque peu cavalier de ce test.
Pierre-Olivier Nobs, conseiller communal
chargé de la Mobilité (Centre gauche-PCS),
évoque ainsi le besoin de créer des espaces sécurisés
pour les utilisateur·rice·s de vélo. Une
nécessité renforcée selon lui par l’arrivée du
Covid-19 : « La pandémie a fait augmenter le
trafic motorisé en ville au détriment des transports
publics ». Ce report modal tombe mal
en pleine crise climatique, mais il s’explique par
la crainte d’une contamination dans l’espace
confiné des bus.
Bataille de sondages
Cette précipitation n’a pas été du goût de tout
le monde. Qu’il suffise pour s’en convaincre
de jeter un œil sur les minutes des débats du
Conseil général de la Ville du 29 juin dernier.
David Krienbühl, conseiller général PLR et
secrétaire de l’AFCAS (Association fribourgeoise
du commerce, de l’artisanat et des services),
y déplore la suppression non concertée
des 62 places de stationnement situées sur le
boulevard et son potentiel impact négatif sur
le commerce. L’AFCAS s’est fait l’écho de cette
crainte à travers une étude selon laquelle 90%
des commerçant·e·s riverain·e·s s’opposaient à
ces suppressions. Une inquiétude minimisée
De Stockholm à Fribourg
Le 1er septembre, le Conseil communal, organe
exécutif de la Ville, a validé la mise en
place d’une bande cyclable non temporaire.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le
projet doit être mis à l’enquête. Si les services
communaux et l’AFCAS travaillent en étroite
collaboration dans le cadre de sa mise en place,
David Krienbühl n’exclut pas la possibilité de
recours individuels ou collectifs selon l’évolution
du dossier.
De son côté, Antoine Bussard appelle notre
attention sur un engagement international
contracté par la Suisse et passé inaperçu en
raison de la pandémie. Selon la décision n°8
annexée à la Déclaration de Stockholm du
20 février dernier, les États contractants s’engagent
à « [accélérer] le basculement vers des
modes de transport abordables, plus sûrs, plus
propres et à meilleur rendement énergétique
tout en militant en faveur de la pratique plus
importante d’activités physiques, comme la
marche ou le cyclisme ». Autant dire que la
future piste cyclable de Pérolles n’est qu’un
épisode dans l’histoire d’une politique fribourgeoise
des transports appelée à réduire encore
la place de la voiture en ville. P
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