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syndicom magazine No.19

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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22 Politique<br />

La crise de la COVID nous<br />

fait comprendre qu’il faut plus<br />

de justice<br />

Le 29 novembre, nous voterons<br />

sur l’initiative pour des<br />

multinationales responsables.<br />

Elle exige que les entreprises<br />

établies en Suisse<br />

respectent partout dans le<br />

monde les droits humains et<br />

l’environnement. L’ancien<br />

conseiller aux Etats Dick<br />

Marty explique pourquoi ce<br />

thème est plus important<br />

que jamais en période de<br />

pandémie.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Photo : Francesco Girardi<br />

Que veut l’initiative ?<br />

Elle veut une chose simple, mais<br />

fondamentale : la mise en œuvre<br />

d’un principe essentiel dans toute<br />

société civilisée, à savoir que chacun<br />

réponde de ses actes. Les multinationales<br />

aussi, qui agissent souvent<br />

dans des pays très fragiles où l’Etat<br />

est inexistant et/ou corrompu. C’est<br />

là l’un des paradoxes de l’économie<br />

globalisée d’aujourd’hui : les pays<br />

les plus riches en substances précieuses,<br />

dévastés par la violence et<br />

gouvernés par des autocrates, sont<br />

souvent les plus pauvres. A l’instar<br />

du Congo, qui compte parmi les<br />

pays les plus prospères au monde au<br />

regard de ses nombreuses richesses<br />

naturelles (comme le coltan et le cobalt,<br />

des substances sans lesquelles<br />

aucun ordinateur ou téléphone portable<br />

ne pourrait fonctionner). Pourtant,<br />

les Congolais vivent dans la misère<br />

et la violence. Ce problème<br />

résulte du fait que l’économie, mondialisée,<br />

ne connaît plus de frontières,<br />

alors que le droit continue de<br />

s’exercer à l’intérieur des frontières<br />

nationales. Les multinationales détiennent<br />

aujourd’hui un pouvoir<br />

énorme, qui dépasse celui de la plupart<br />

des Etats.<br />

En Suisse, le tabac tue chaque<br />

année 9500 personnes (bien plus<br />

que la COVID) ! Pourtant, sous la<br />

pression de Philip Morris, le Parlement<br />

a rejeté toutes les tentatives<br />

pour bloquer sa publicité. On ne<br />

peut qu’imaginer l’influence et le<br />

pouvoir que ces entreprises ont<br />

dans d’autres pays, en Afrique ou en<br />

Amérique latine !<br />

Sur quoi irons-nous donc voter ?<br />

Nous avons repris une recommandation<br />

de l’ONU et du Conseil de<br />

l’Europe (dont la Suisse est également<br />

membre) datant de 2016. Elle<br />

invite les Etats à légiférer pour poser<br />

le principe de responsabilité des<br />

multinationales établies dans leur<br />

propre pays et opérant dans des<br />

pays fragiles lorsque sont violés les<br />

droits de l’homme et les normes internationales<br />

de protection de l’environnement.<br />

Malheureusement, les<br />

exemples sont nombreux. Glencore<br />

a contaminé des rivières et privé de<br />

leur moyen de subsistance des milliers<br />

de personnes qui vivaient de la<br />

pêche. Syngenta exporte des pesticides<br />

cancérigènes, qui sont interdits<br />

en Suisse et en Europe. Les raffineries<br />

suisses s’approvisionnent<br />

en or dans des mines où travaillent<br />

des enfants... Peut-on vraiment fermer<br />

les yeux sur de telles réalités<br />

quand la réputation de notre pays<br />

est aussi en jeu ?<br />

Glencore n’a jamais été tenue<br />

responsable de la contamination<br />

au plomb de ses mines au Pérou.<br />

Sera-t-il plus facile de le démontrer<br />

à l’avenir ?<br />

Cela ne signifie pas que les procureurs<br />

suisses vont se rendre sur<br />

place pour enquêter. Nous ne<br />

sommes pas dans le domaine pénal,<br />

mais civil, c’est-à-dire dans la réparation<br />

du dommage indûment subi.<br />

Autrement dit, les dispositions de<br />

responsabilité civile du droit suisse<br />

s’appliquent. Comme elles s’appliquent<br />

à une personne promenant<br />

son chien, qui doit le tenir en laisse<br />

ou lui mettre une muselière si l’on<br />

sait qu’il peut être dangereux. Si une<br />

personne est mordue, la victime a la<br />

possibilité de demander au tribunal<br />

la réparation du dommage subi.<br />

Et c’est ce que nous exigeons avec<br />

l’initiative. La victime d’une violation<br />

de ses droits fondamentaux ou<br />

des normes internationalement reconnues<br />

en matière de protection<br />

de l’environnement par une entreprise<br />

établie en Suisse peut s’adresser<br />

à un tribunal suisse pour demander<br />

réparation du dommage<br />

subi. La victime doit documenter le<br />

dommage subi, avec des films, des<br />

témoignages et des expertises. Et<br />

elle doit prouver que l’entreprise a<br />

manqué à son devoir de diligence et<br />

qu’elle n’a pas pris les mesures raisonnablement<br />

exigibles en rapport<br />

avec son type d’activité. Enfin, il est<br />

nécessaire d’établir un lien de causalité<br />

entre le dommage et la violation<br />

du devoir de diligence. Il s’agit<br />

d’une action en justice difficile et<br />

coûteuse (collecte de preuves, frais<br />

de procédure élevés, qui doivent<br />

toujours être payés à l’avance).<br />

Contrairement à ce qu’affirment les<br />

opposants de l’initiative, il n’y aura<br />

pas une avalanche de plaintes, car<br />

seuls quelques cas retentissants<br />

seront portés devant les tribunaux,<br />

avec l’aide d’ONG. Cette mesure<br />

aura surtout un effet préventif sur<br />

les entreprises, qui choisiront de<br />

prendre des précautions plutôt que<br />

de verser des indemnités.<br />

D’aucuns disent qu’avec tous les<br />

problèmes liés à la crise du coronavirus,<br />

ce n’est pas le moment de<br />

s’occuper de cette thématique.<br />

Que réponds-tu ?<br />

Non, c’est le bon moment. La CO-<br />

VID met en évidence de façon dramatique<br />

les injustices, aussi dans<br />

notre pays. Ce sont les plus faibles<br />

qui sont les plus touchés, aussi au<br />

niveau international. Ces déséquilibres<br />

ne font qu’alimenter la méfiance<br />

à l’égard des institutions, ils<br />

attisent la crise, fomentent la violence<br />

et accélèrent les migrations.<br />

Pour la première fois, le monde entier<br />

est confronté au même danger<br />

en même temps. Cela montre claire-

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