syndicom magazine No.19

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Dossier
En tant qu’employé de Ringier, Antonio contribuait
à la valeur ajoutée d’une société d’édition.
Cela déterminait aussi son salaire.
Externaliser
c’est dans l’ADN
des entreprises
multinationales
Pour éviter que cela mène à une concurrence ruineuse, il
faut non seulement des minima en matière de droit du travail,
mais aussi des solutions de partenariat social spécifiques
à une branche, salaire minimal, accords de formation,
etc. Ces arrangements sont aussi, comme je l’ai
appris de Peter M., dans l’intérêt des leaders de la branche.
Ils doivent planifier sur le long terme et veulent une situation
ordonnée et une main-d’œuvre stable.
Il serait bien sûr utile que les partenaires de négociation
soient informés de la convention collective de travail
et des salaires minimums applicables. De plus, grâce à
leurs contacts avec la presse, les leaders de la branche
savent qu’un grand acteur fautif fait davantage la une des
journaux que n’importe quel petit entrepreneur.
Pour les multinationales établies dans le monde entier,
les salaires minimums ne sont qu’une raison de se
trouver dans un emplacement encore plus rentable ou de
menacer d’y aller. Pour elles, l’externalisation fait partie
de leur ADN. Leurs CEO ne sont pas des entrepreneurs au
sens litéral du terme. Ils constituent plutôt une sorte de
courroie de transmission entre l’économie réelle et les
marchés financiers, au nom desquels ils gèrent un « portefeuille
» d’activités lucratives. L’achat et la vente d’entreprises
et l’optimisation des sites de production, de la recherche,
de la vente, de l’administration et du profit ou de
l’impôt sur les bénéfices est leur cœur de métier et est
constamment surveillé par le marché des capitaux et récompensé
ou sanctionné par des fluctuations de cours.
Cette obligation de satisfaire les marchés financiers
capricieux est non seulement préjudiciable à l’économie,
mais aussi aux entreprises. La délocalisation de sites n’a
plus pour but d’optimiser la production. Il s’agit plutôt de
produire là où les salaires sont les plus bas et là où les syndicats
sont faibles, ce qui implique généralement un recul
technologique.
Le travail est organisé de manière à pouvoir remplacer
une heure de travail coûteuse par trois heures d’une « main
d’œuvre jetable », remplaçable à tout moment. Il en suit
un travail monotone, contrôlé par les superviseurs: un travail
qui détruit, pour des produits dont personne n’a souvent
vraiment besoin. Puis, ce que les multinationales
gagnent en externalisant l’exploitation s’évapore souvent
dans les coûts du management.
www.werner-vontobel.ch/
Illustrations
En ce numéro, nous avons décidé de nous écarter de notre
concept habituel des séries de photos. Réunir sur une photo
à la fois les employé-e-s restants et les employé-e-s externalisés
était difficile. Nous avons donc choisi d’utiliser des
illustrations dessinées pour éclairer le sujet et son importance.
Les «illunautes» commissionnées, Barbara Seiler et
Annina Burkhard, ont suivi les personnes externalisées et les
ont dessiné-e-s tout au long de leur parcours, dans leur
style.
Annina Burkhard et Barbara Seiler sont des infographistes
qualifiées passionnées, qui possèdent aussi une formation
dans le domaine des arts graphiques. Elles s’engagent en
outre pour une rémunération équitable des illustratrices et
illustrateurs freelances. Elles ont formé à cet effet un collectif
et se sont affiliées à syndicom. L’assemblée constitutive
se déroulera le 13 novembre prochain. Plus d’informations
sur syndicom.ch/illustration.
Informations sur les infographistes : illunauten.ch/portfolio