syndicom magazine No.19

CarPostal : égalité visée chez
les sous-traitants Texte: Sheila Winkler
Concernant CarPostal, on ne peut pas parler d’externalisation
au sens strict du terme. Le système des entrepreneurs
cars postaux (ECP), qui exploitent plus de la moitié
des lignes de CarPostal avec leurs propres bus et leur
propre personnel, s’est développé au fil du temps. CarPostal
a étoffé en permanence son offre durant la première
moitié du siècle dernier et a travaillé dès le début avec des
partenaires qui exploitaient les lignes de bus en son nom.
Pourquoi ce fait est-il si peu connu ? Vu de l’extérieur, on
remarque à peine la différence. Aussi bien les bus que les
chauffeurs roulent sous « l’uniforme » CarPostal. Seule
une discrète inscription, souvent apposée à l’arrière de
l’autocar, indique le nom de l’entreprise sous-traitante.
Or nous rencontrons dans ce système les mêmes problèmes
que dans les entreprises sous-traitantes. Ainsi, la
CCT CarPostal ne s’applique pas au personnel de conduite
des ECP. Depuis 2016, il existe au moins un règlement
amélioré. Grâce à lui, le personnel de conduite est nettement
mieux traité, mais n’est pas pour autant sur un pied
d’égalité. De plus, le règlement ne s’applique pas à tous
les conducteurs et conductrices. Ainsi, plus de mille salariés
payés à l’heure, dont certains travaillent de longues
heures, ainsi que des partenaires de transport ne sont protégés
ni par la CCT ni par le règlement ECP. La mise sur
un pied d’égalité de tous les chauffeurs conduisant un car
postal est l’un des objectifs visés par le renouvellement de
la CCT CarPostal. Un travail identique doit être rémunéré
de la même façon et mérite la même protection. C’est
pourquoi nous comptons conclure une CCT avec BUS CH,
l’association des entrepreneurs cars postaux.
De l’externalisation à la déclaration de force obligatoire
Les unités de production décentralisées ne sont pas seulement
l’apanage de l’industrie de production, mais aussi une réalité
dans la branche des télécommunications et des technologies
de l’information. Swisscom a ainsi d’abord transféré la
construction de l’infrastructure de réseau à sa filiale cablex,
puis aussi attribué des mandats à d’autres entreprises. Récemment,
le secteur des services de Swisscom a en outre été intégré
dans cablex. Quant aux prestations de centres de contact
et d’appel, Swisscom a attribué des volumes de mandat à
d’autres entreprises. Les prestations de qualité supérieure
restent chez Swisscom.
Nous avons accompagné la mise en œuvre de ces externalisations
et sommes parvenus à ce que cablex se dote des meilleures
conditions de travail grâce à sa propre convention collective
de travail. Nous avons aussi négocié un plan social
d’envergure et proposé une stratégie de branche qui a permis
de remodeler le monde du travail : avec des prestataires de services
autonomes dans l’infrastructure de réseau et des centres
de contact et d’appel. Nous sommes parvenus à tenir la promesse
faite : d’une part, nous avons continué à développer les
conventions collectives d’entreprise et, d’autre part, nous
avons pu signer des conventions collectives de branche pour
l’infrastructure de réseau et les centres de contact. Le Conseil
fédéral les a déclarées de force obligatoire. Des conditions minimales
de travail et de salaire prévalent donc dans ces deux
branches, ce qui réduit la pression des collaboratrices et collaborateurs
de cablex et Swisscom.
Aujourd’hui, les entreprises ne se contentent plus d’externaliser
vers des entreprises en Suisse, elles sous-traitent aussi
à l’étranger. Les entreprises suisses doivent assumer toutes
leurs responsabilités à l’égard des conditions de travail, du respect
des droits humains et par rapport aux unités de production
décentralisées. Et elles doivent rendre des comptes sur la
manière dont elles s’en acquittent. L’initiative pour des multinationales
responsables est un premier pas important dans
cette direction. Daniel Hügli