22.10.2020 Views

syndicom magazine No.19

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

10 Dossier<br />

Tenir les entreprises pour responsables<br />

Les délocalisations nous fixent, à nous syndicats,<br />

des défis spécifiques. Nous y sommes<br />

bien sûr opposés, mais il est très difficile de<br />

les empêcher. Nous devons souvent nous restreindre<br />

à négocier des mesures socialement<br />

acceptables afin de minimiser les répercussions<br />

négatives. Mais cela ne signifie pas que<br />

nous nous en contentons.<br />

Texte : Christian Capacoel<br />

Illustration : Die Illunauten<br />

En économie, l’externalisation, la sous-traitance ou l’outsourcing<br />

désignent le transfert des tâches et des structures<br />

de l’entreprise à des prestataires de services externes.<br />

Il s’agit d’une forme spéciale d’approvisionnement<br />

externe pour une prestation précédemment rendue en interne,<br />

dans laquelle les contrats fixent la durée et l’objet<br />

de la prestation. L’externalisation est à distinguer clairement<br />

des partenariats ou des coopérations, et ne suit donc<br />

pas la logique gagnant-gagnant, même si elle est souvent<br />

promue par les entreprises.<br />

En 2011, le CEO de DHL Freight France/Suisse de<br />

l’époque a ainsi publiquement déclaré que la pensée gagnant-gagnant<br />

était primordiale en cas d’externalisation<br />

de la logistique. Cela pourrait s’appliquer aux entreprises<br />

concernées qui s’attendent à tirer profit de la division du<br />

travail mais ce n’est généralement pas le cas pour les salariés.<br />

Car la principale motivation des mesures d’externalisation<br />

est la réduction des coûts.<br />

Les salariés externalisés sont menacés de perte d’emploi,<br />

de mauvaises conditions de travail ou, tout simplement,<br />

de changements indésirables qui impactent leur<br />

qualité de vie. Si, par exemple, le trajet pour aller au travail<br />

devient soudainement beaucoup plus long ou si vous êtes<br />

arraché à une équipe qui fonctionne bien.<br />

En tant que syndicats, les mesures d’externalisation<br />

ont une autre dimension dangereuse. Si l’externalisation<br />

contourne les conventions collectives de travail (CCT), les<br />

conditions de travail correspondantes sont fragilisées.<br />

C’est pourquoi <strong>syndicom</strong> s’efforce d’obtenir des accords<br />

de branche, comme il en existe depuis longtemps dans<br />

l’industrie graphique. Nous y sommes parvenus dans l’infrastructure<br />

du réseau et dans les centres d’appels et de<br />

contact, où nous disposons désormais de conventions collectives<br />

de travail déclarées de force obligatoire générale<br />

(DFO).<br />

Mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir à<br />

cet égard. Que ce soit concernant les coursiers, pour qui<br />

nous nous efforçons d’obtenir la DFO (voir page 17), ou<br />

avec les distributeurs, pour qu’il existe, à partir de 2021,<br />

une menace de vide conventionnel (voir page 20). Mais<br />

nous nous efforçons également d’obtenir une CCT pour<br />

les entrepreneurs CarPostal, les sous-traitants de CarPostal<br />

(voir page 11).<br />

Grâce à des conventions collectives de travail applicables<br />

à des branches entières, nous pouvons non seulement<br />

mieux protéger les employés, mais aussi limiter les<br />

conséquences négatives de l’externalisation. Les accords<br />

de branche nous permettent de contribuer à une concurrence<br />

plus saine qui passe par la qualité et qui se fait<br />

moins sur le dos des employés. Ils nous placent également<br />

dans une meilleure position vis-à-vis des employeurs.<br />

Mais les conventions collectives de branche ont aussi<br />

leurs limites. Elles ne s’appliquent pas à l’étranger. Les<br />

entreprises internationales peuvent ainsi se soustraire à<br />

leur responsabilité. C’est pourquoi nous soutenons l’initiative<br />

« Entreprises responsables », qui constitue un pas<br />

dans la bonne direction au niveau international.<br />

Médias Suisses depuis l’étranger ?<br />

En septembre, Médias Suisses annonçait un programme d’économies<br />

de 30 millions de francs. En août, TX Group communiquait<br />

vouloir économiser 70 millions de francs sur ses journaux<br />

payants. Quant au groupe NZZ-Mediengruppe, il annonçait en<br />

juin son intention de réduire les coûts d’environ 13 millions de<br />

francs dans toute l’entreprise. Pour Stephanie Vonarburg,<br />

vice-présidente de <strong>syndicom</strong> et responsable du secteur Médias,<br />

ces nouvelles sont alarmantes : « Nous nous faisons du souci<br />

pour l’avenir des médias suisses. » Il faut s’attendre à des licenciements<br />

collectifs ; de plus en plus d’étapes de production<br />

risquent d’être délocalisées à l’étranger.<br />

Déjà en 2017, la décision du groupe NZZ-Mediengruppe de<br />

délocaliser une partie de l’équipe de correction en Bosnie-Herzégovine,<br />

à la société tool-e-byte, avait fâché. Cette entreprise<br />

dispose par ailleurs de filiales en Espagne, en Inde et en Amérique<br />

du Sud, et offre depuis là des services de correction et<br />

d’autres prestations, par exemple dans le domaine de la production<br />

de textes, des réseaux sociaux ou du suivi de clientèle.<br />

La branche de l’édition va-t-elle connaître une évolution similaire<br />

à celle du secteur des services et de l’informatique, où un<br />

nombre croissant d’emplois ont été externalisés dans des pays<br />

à bas salaires ces dernières décennies ?<br />

Stephanie Vonarburg critique sévèrement cette tendance :<br />

« Ainsi, le diktat d’austérité est reporté sur le dos des travailleuses<br />

et des travailleurs suisses, car leur coût de la vie est<br />

plus élevé qu’à l’étranger. » Il existe d’autres exemples: la rédaction<br />

photo de Das Magazin se trouve en Allemagne, le centre<br />

de service et d’ingénierie de TX Group en Serbie.<br />

On observe toutefois chez nous aussi une autre forme<br />

d’externalisation : bon nombre de médias recourent toujours<br />

plus à des indépendants, que ce soit dans le domaine du journalisme<br />

ou de la photographie. C’est une mauvaise chose,<br />

déclare Stephanie Vonarburg : « Les freelances couvrent en<br />

partie des thèmes pour lesquels les spécialistes manquent<br />

dans les rédactions ou ils dépannent au pied levé lorsque<br />

personne n’est disponible. »<br />

Ces personnes ont toutefois besoin de rapports contractuels<br />

et d’honoraires décents. Or l’étude sur les salaires lancée<br />

en 2020 par <strong>syndicom</strong>, en collaboration avec l’USS et le SSM,<br />

montre que le contraire s’est produit. Le revenu mensuel brut<br />

chute depuis des années et la moitié des freelances dépendent<br />

de revenus supplémentaires en dehors du journalisme. Selon<br />

Stephanie Vonarburg, « ce subventionnement croisé est dangereux,<br />

le travail journalistique ne doit pas devenir un luxe ».<br />

Eva Hirschi

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!