Psychologie Positive n°34
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NOVEMBRE-<br />
DÉCEMBRE 2020<br />
N°34<br />
NOUVEAUX RITUELS<br />
Célébrer ensemble<br />
les événements de la vie<br />
MIEUX<br />
AIMER<br />
Accepter l'autre<br />
sans chercher<br />
à le changer<br />
Consolation<br />
LE CHEMIN QUI NOUS RELIE<br />
ÊTES-VOUS UN BAVARD COMPULSIF ? • LE MARIN ALEX THOMSON EN DIX ÉMOTIONS • COVID-19 : CE QUE L'ON<br />
PENSE TOUT BAS • MON RÊVE VU PAR TOBIE NATHAN • VRAI OU FAUX ? SEPT IDÉES REÇUES EN PSYCHOLOGIE
SOMMAIRE<br />
Novembre<br />
Décembre 2020<br />
24 113<br />
20 BLABLABLA<br />
À la télévision ou à la radio, les personnes célèbres<br />
clament volontiers leurs opinions… même sur des<br />
sujets qu’elles ne connaissent pas ! Pourquoi<br />
cèdent-elles à cette tentation ?<br />
24 DOSSIER : UN MOMENT<br />
POUR CÉLÉBRER<br />
Comment tisser des liens grâce à de nouveaux<br />
rituels : rituels d’amitié, de passage à l’âge adulte,<br />
de divorce… Témoignages.<br />
46 NAVIGUER SUR LES ÉMOTIONS<br />
AVEC ALEX THOMSON<br />
Pour ce skipper habitué des courses en solitaire,<br />
apprendre à apprivoiser ses émotions est la<br />
composante essentielle d’une longue traversée.<br />
52 « DANS MON RÊVE, JE ME DEMANDE<br />
QUEL CHEMIN JE DOIS SUIVRE. »<br />
Tobie Nathan analyse l’impressionnant rêve<br />
d’une lectrice.<br />
62 « J’AI IGNORÉ MES ÉMOTIONS<br />
PENDANT DE LONGUES ANNÉES. »<br />
Depuis son enfance, Nancy entend qu’elle doit<br />
être forte, qu’elle doit tenir bon quelles que soient<br />
les épreuves de la vie. Elle raconte comment elle<br />
a appris, au fil des années, à ne plus bloquer ses<br />
émotions mais à s’y abandonner pour les vivre<br />
pleinement.<br />
70 UN VRAI MOULIN À PAROLES !<br />
Épuisantes ces personnes qui vous assomment de<br />
monologues, non ? À moins que vous en fassiez<br />
partie… ? Faites le test et découvrez si vous êtes<br />
de la team des bavards compulsifs.<br />
80 FAIT OU FICTION ?<br />
Décryptage de sept théories psychologiques<br />
connues, âprement discutées parmi les<br />
chercheurs… Alors, vrai ou faux ?<br />
4 PSYCHOLOGIE POSITIVE
10 70<br />
Abonnezvous<br />
! p.54, 88, 109<br />
90 À L’ESSAI<br />
Se défaire des conditionnements<br />
de l’ego avec Angelo Foley.<br />
92 ODE À LA CONSOLATION<br />
Qu’est-ce qui nous lie, si ce n’est<br />
avant tout la capacité à consoler<br />
et à être consolés ? Voici la<br />
question essentielle posée par<br />
le dernier livre d’Anne-Dauphine<br />
Julliand et développée dans<br />
cette interview.<br />
98 LES VERTUS<br />
DE L’ENCOURAGEMENT<br />
Encourager nos enfants, oui !<br />
Mais comment ?<br />
L’encouragement descriptif,<br />
dont les bienfaits ne sont plus à<br />
démontrer, consiste à exprimer à<br />
haute voix et sans jugement ce<br />
que l’enfant dit, fait ou ressent.<br />
100 CORONAVIRUS :<br />
CES CHOSES QUE<br />
L’ON PENSE TOUT BAS<br />
Jugements, prétextes, doutes…<br />
Zoom sur cinq de nos pensées,<br />
parfois peu reluisantes, mais<br />
tellement dans l’air du temps !<br />
106 LES SENS EN FÊTE<br />
Comment permettre à vos<br />
invités de profiter au maximum<br />
de leur repas ? En choyant leurs<br />
sens ! Six conseils pour leur<br />
offrir un réveillon mémorable.<br />
Cahier d’activités<br />
COUPLE :<br />
APPRENDRE À<br />
MIEUX AIMER<br />
06 ÉDITO<br />
10 À LA LOUPE<br />
12 L’ESSENTIEL<br />
19 CINÉMA<br />
Garçon chiffon<br />
45 JEANNE SIAUD-FACCHIN<br />
Libre de choisir… nos<br />
émotions<br />
55 FLORENCE<br />
SERVAN-SCHREIBER<br />
Et tac !<br />
57 LIRE<br />
78 SÉANCE PSY<br />
La psychologue Béatrice<br />
Copper-Royer répond<br />
à vos questions<br />
89 ILONA BONIWELL<br />
Le bon côté de la courbe<br />
111 ANNE CAZAUBON<br />
Quelques minutes à<br />
perdre… ou à gagner !<br />
Illustration de couverture : Marion Ben-Lisa<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 5
Un moment<br />
à célébrer<br />
Tisser des liens grâce<br />
à de nouveaux rituels<br />
24 PSYCHOLOGIE POSITIVE
PSYCHOLOGIE POSITIVE 25
PORTRAITS<br />
Pour ne<br />
JAMAIS<br />
OUBLIER<br />
Rituel de divorce, d’amitié ou de passage à l’âge<br />
adulte, c’est en organisant une cérémonie qu’ils ont<br />
choisi de marquer un moment particulier de leur vie<br />
ou de celle de leurs proches. Témoignages.<br />
Texte : Charlotte van Drimmelen // Photos : Maarten Kools // Stylisme : Luz David<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 35
PORTRAITS<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 37
Je me<br />
répétais sans<br />
cesse : Arrête<br />
de faire tant<br />
de chichis !<br />
Quoi qu’il arrive, quelles que soient les épreuves de la vie, il faut<br />
tenir bon et persévérer : telle était la devise des parents de<br />
Nancy (43 ans). Forte de cet enseignement, elle a mené une<br />
brillante carrière, et rédigé les discours officiels de ministres et de<br />
chefs d’entreprise. Jusqu’à ce que les fondements de son existence<br />
commencent à vaciller.<br />
Je m’en souviens comme si<br />
c’était hier. J’avais 7 ans. J’étais<br />
assise sur le canapé du salon.<br />
Soudain, plusieurs membres de<br />
la famille sont entrés dans la pièce.<br />
L’ambiance était extrêmement pesante.<br />
Je suis restée à ma place sans oser dire<br />
un mot. Si je parvenais à ne pas<br />
bouger, rien dans mon monde ne<br />
changerait. Ma grand-mère a<br />
demandé : « Est-ce que la petite<br />
sait ? » « Je pense que oui », a répondu<br />
ma mère. Personne ne m’a jamais dit<br />
que mon père était mort. Quand j’ai<br />
demandé de ses nouvelles, on m’a<br />
annoncé qu’il avait souffert d’une<br />
hémorragie cérébrale. Le jour suivant,<br />
on m’a envoyée à l’école. Comme si de<br />
rien n’était. Ensuite, nous n’avons plus<br />
jamais parlé de lui. Comme s’il n’avait<br />
jamais existé. Personne ne m’a<br />
consolée, ne m’a donné la tendresse<br />
dont j’avais tant besoin. « La vie<br />
continue », répétait-on simplement<br />
autour de moi.<br />
J’ai toujours été une enfant joyeuse,<br />
extravertie. Après la mort de mon père,<br />
j’ai commencé à douter de moi. Et les<br />
autres enfants l’ont bien senti. Ils se<br />
sont mis à me harceler. Presque<br />
quotidiennement, jusqu’au bac.<br />
Je pense notamment à une anecdote<br />
particulièrement douloureuse : à l’école<br />
primaire, des enfants avaient dressé<br />
une mystérieuse liste, qui circulait dans<br />
la cour de récréation, mais que je<br />
n’avais pas le droit de voir. On me<br />
lançait des regards, on sifflait dans<br />
mon dos. Finalement, un élève m’a<br />
montré le fameux papier, sur lequel<br />
figurait la question suivante : « Avec<br />
qui ne voudrais-tu jamais jouer, même<br />
s’il ne restait plus que vous deux sur<br />
Terre ? » Tous les enfants avaient écrit<br />
62 PSYCHOLOGIE POSITIVE
TÉMOIGNAGE<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 63
70 PSYCHOLOGIE POSITIVE<br />
“ Et blablabla…<br />
Et ceci, et cela…<br />
Et maintenant, et avant… ”
BAVARDS COMPULSIFS<br />
Halte aux<br />
MOULINS<br />
À PAROLES<br />
Vous n’en pouvez plus de ce collègue,<br />
de cet ami ou de cette voisine qui vous<br />
assomme de ses monologues ?<br />
Si vous comprenez ce qui pousse cette<br />
personne à agir de la sorte, il vous sera<br />
plus facile de l’interrompre. Profitez-en<br />
pour vérifier si vous n’êtes pas, vous<br />
aussi, un peu accro au bavardage…<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 71
FAIT OU<br />
FICTION ?<br />
Les résultats singuliers de certaines expériences psychologiques sont toujours<br />
du meilleur effet lors d’un apéro entre amis, mais ils ne sont malheureusement<br />
pas toujours vrais. Ces dernières années – surtout dans la psychologie sociale –,<br />
il y a eu pas mal de remous... Voici sept théories connues, âprement discutées<br />
parmi les chercheurs. Vrai ou faux ?<br />
Pour devenir expert dans une<br />
matière donnée, il faudrait<br />
s’exercer 10 000 heures.<br />
Cette règle, qui semblait<br />
pertinente, a été acceptée par le plus<br />
grand nombre : quiconque voudrait<br />
se changer en golfeur professionnel,<br />
en pianiste concertiste ou devenir le<br />
nouveau Bill Gates devrait travailler<br />
d’arrache-pied. Mais des recherches<br />
plus poussées ont montré que cet<br />
entraînement, même s’il améliore<br />
bien sûr les résultats, ne suffit pas<br />
pour atteindre le sommet. Plusieurs<br />
autres facteurs jouent un rôle, dont<br />
l’âge auquel on commence, pour<br />
n’en citer qu’un. Ces dernières<br />
années, les résultats étonnants<br />
et médiatisés de recherches comme<br />
celle-ci, notamment dans le secteur<br />
de la psychologie sociale, sont, de la<br />
même manière, partis à la poubelle.<br />
Quiconque suit un peu ce qui se<br />
passe dans ce domaine peut même<br />
avoir l’impression que les chercheurs<br />
en psychologie sociale passent leur<br />
temps à réfuter leurs résultats. Ce n’est<br />
pas le cas, affirme le professeur de<br />
méthodologie Jelte Wicherts, de<br />
l’université de Tilburg (Pays-Bas). Avec<br />
son service du Meta-Research Center,<br />
il examine les études et met le doigt là<br />
où le bât blesse. « Les chercheurs sont<br />
des êtres humains comme les autres :<br />
ils se laissent en partie guider par leur<br />
intuition et leur enthousiasme, et ils<br />
ne voient pas toujours juste. Il s’agit<br />
souvent de résultats surprenants,<br />
offrant des solutions apparemment<br />
simples et logiques à des problèmes<br />
complexes. Comme ces solutions<br />
sont susceptibles d’être répétées<br />
de bouche à oreille, elles circulent<br />
dans les médias et se répandent à<br />
toute allure. » En réalité, il faut<br />
pour toutes les études travailler de<br />
façon standardisée sur la base d’un<br />
échantillonnage de plus de 300 sujets<br />
d’expérience. « Et les résultats ne<br />
devraient être diffusés qu’une fois<br />
les expériences réitérées. » Mais on<br />
parle là d’un processus sur le long<br />
cours. Dans les années à venir, nous<br />
croirons sans doute encore souvent<br />
à des faits amusants, éblouissants<br />
ou utiles qui s’avéreront plus tard<br />
être de la pure fiction.<br />
80 PSYCHOLOGIE POSITIVE
IDÉES REÇUES<br />
1. SE TENIR<br />
DROIT REND<br />
PLUS FORT<br />
FAUX<br />
Vous devez faire une<br />
présentation ou négocier<br />
votre salaire, et vous avez<br />
besoin d’un peu plus de courage ?<br />
Il vous suffit pour cela d’adopter<br />
la posture de la puissance : pieds<br />
légèrement écartés, poitrine en avant<br />
et mains sur les hanches, comme<br />
Superman. Tenez pendant deux<br />
minutes et voilà, le tour est joué :<br />
votre système hormonal est réveillé et<br />
le monde vous appartient. Super, cette<br />
solution rapide ! La conférence TED<br />
de la chercheuse Amy Cuddy, qui a<br />
découvert la “posture de puissance”,<br />
a eu un énorme succès et plus aucune<br />
présentation n’a lieu sans que les<br />
participants se soient solidement<br />
campés sur leurs pieds.<br />
L’ÉTUDE La théorie sous-jacente<br />
est l’“embodiment” ou “cognition<br />
incarnée” : votre corps dirige votre<br />
cerveau. Si vous tenez dans la main<br />
un verre d’eau froide, vous resterez<br />
“cool” sur le plan mental, et si<br />
vous êtes installé dans un fauteuil<br />
confortable, vous vous montrerez<br />
plus flexible qu’assis sur une chaise.<br />
Les psychologues sociales Amy<br />
Cuddy et Dana Carney ont donné<br />
à 42 personnes des instructions<br />
pour différentes postures de puissance.<br />
Des analyses de sang ont alors montré<br />
une baisse de cortisol – l’hormone<br />
du stress – et une augmentation de<br />
la testostérone.<br />
À LA RÉFLEXION L’économiste<br />
comportementale Eva Ranehill<br />
a répété ces expériences avec<br />
200 participants. Elle leur a donné<br />
des instructions par ordinateur, ne<br />
leur a pas dit exactement ce qui<br />
était mesuré et les a laissés dans<br />
cette posture pendant six minutes.<br />
Les participants ont ensuite indiqué<br />
se sentir certes plus sûrs d’eux,<br />
Les chercheuses ont<br />
pris des changements<br />
hormonaux fortuits<br />
pour un effet véritable.<br />
mais leurs taux hormonaux et leur<br />
comportement n’avaient pas changé.<br />
D’autres études ont par la suite<br />
démontré que la posture de puissance<br />
n’existe pas. Les chercheuses avaient<br />
pris ces changements hormonaux<br />
fortuits pour un effet véritable.<br />
CONCLUSION Comment est-il donc<br />
possible que les sujets d’expérience<br />
de l’étude d’Eva Ranehill se soient<br />
sentis mieux en prenant la posture<br />
de puissance ? Il s’agit probablement<br />
d’un effet placebo plutôt que d’un<br />
effet hormonal.<br />
Sources : D.R. Carney & A. Cuddy, “Power<br />
Posing. Brief nonverbal displays affect<br />
neuroendocrine levels and risk tolerance”,<br />
Psychological Science, 2010 / E. Ranehill et<br />
collègues, “Assessing the robustness of<br />
power posing. No effect on hormones and<br />
risk tolerance in a large sample of men and<br />
women”, Psychological Science, 2015.<br />
PHOTO: GETTY IMAGES<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 81
ANNE-DAUPHINE JULLIAND<br />
La consolation,<br />
c’est le chemin<br />
qui relie<br />
les êtres.<br />
Dix ans après la parution de Deux petits pas sur le sable mouillé<br />
paraît le dernier livre d’Anne-Dauphine Julliand, Consolation. Ce récit<br />
vient clore une trilogie qui part de son histoire singulière pour<br />
rejoindre l’universel. Il pose cette question essentielle : qu’est-ce qui<br />
nous rend plus humains ? Qu’est-ce qui nous lie, si ce n’est avant<br />
tout la capacité à consoler et à être consolés ?<br />
Propos recueillis par Sophie Behr // Photo : Stéphane Rémaël<br />
92 PSYCHOLOGIE POSITIVE
CONSOLATION<br />
Selon vous, la consolation, c’est le<br />
chemin qui permet de passer du “je” au<br />
“nous”, de l’expérience individuelle à<br />
notre humanité commune. Car personne<br />
n’est épargné par la souffrance, elle fait<br />
intrinsèquement partie de la vie. Peut-on<br />
dire que votre expérience personnelle<br />
– l’accompagnement et la mort de vos<br />
deux filles – a fait de vous une experte<br />
de la consolation ?<br />
En juillet 2019, j’ai eu un déclic, au<br />
travers d’une somme d’événements<br />
qui m’ont montré que la relation la<br />
plus belle que l’on peut avoir avec<br />
quelqu’un, c’est la consolation.<br />
Dans mon environnement proche,<br />
j’ai toujours été entourée, j’ai une<br />
famille aimante. Mais même dans ce<br />
cadre-là, la consolation est très<br />
compliquée. C’est difficile<br />
d’approcher quelqu’un qui souffre :<br />
on ne sait pas quoi dire, pas quoi<br />
faire, et finalement du coup on ne<br />
fait pas. Cela engendre à son tour<br />
beaucoup de souffrance. Et cela<br />
abîme une relation, car quand on ne<br />
peut pas pleurer avec quelqu’un, c’est<br />
difficile aussi de se réjouir avec lui.<br />
Dans la foulée, plusieurs personnes<br />
confrontées à la peine de certains de<br />
leurs proches m’ont demandé conseil<br />
pour les accompagner. Quand je leur<br />
disais : « Je ne suis pas experte en la<br />
matière », ils me répondaient :<br />
« Non, tu n’es pas experte, mais tu<br />
sais ce que c’est de souffrir. » Et j’ai<br />
réalisé que, en effet, ce que je peux<br />
retirer de cette expérience de vie avec<br />
mes filles, ce que j’ai le plus compris,<br />
ce qui m’a fait le plus grandir, c’est<br />
cette relation à l’autre, c’est la<br />
consolation. J’ai eu envie de le<br />
partager avec ce livre. Ce n’est pas un traité de psychologie<br />
ou de philosophie, c’est notre expérience commune :<br />
il raconte ce que nous expérimentons à travers la<br />
souffrance, ce que nous expérimentons aussi à travers la<br />
consolation. Je me place autant dans la position de celle qui<br />
souffre que de celle qui a à consoler, car ce n’est pas parce<br />
que l’on souffre que l’on n’a pas à consoler.<br />
De notre histoire singulière de la mort de nos filles – qui<br />
heureusement reste une histoire singulière –, on rejoint<br />
l’universel de la souffrance. Et là, on est tous sur un pied<br />
d’égalité. Que la souffrance soit engendrée par la mort d’un<br />
proche, une rupture, un accident de la vie, la souffrance est<br />
la souffrance, et elle appelle toujours la consolation.<br />
Dans notre société, la souffrance dérange, fait peur. On l’évite,<br />
on la fuit, car elle renvoie à notre vulnérabilité, à notre finitude.<br />
Vous expliquez qu’autrefois la mort faisait partie de la vie, on<br />
portait le deuil, les autres savaient, donc pouvaient consoler.<br />
Trouvez-vous qu’aujourd’hui la société ne laisse pas<br />
suffisamment de temps aux endeuillés, que l’on ne prend pas<br />
suffisamment soin d’eux ?<br />
Les choses évoluent, et ce qui s’est<br />
passé ces derniers mois change<br />
aussi notre rapport à la fragilité et<br />
à la mort. Mais pour l’instant, ce<br />
qui domine notre rapport instinctif<br />
à la souffrance et à la mort, c’est la<br />
peur. Très mauvaise conseillère,<br />
et qui nous emmène dans des<br />
chemins tortueux dont on ne va<br />
pas se sortir. Il faut arriver à<br />
réintégrer la mort dans notre vie,<br />
mais de façon apaisée, sans être<br />
morbide ou mortuaire. Dans le<br />
film Et les mistrals gagnants, on<br />
entend un petit garçon de 5 ans et<br />
demi atteint d’une maladie<br />
incurable dire : « Quand je serai<br />
mort, je ne serai plus malade. »<br />
Il le dit avec une simplicité<br />
totalement déconcertante.<br />
En l’entendant, on est d’abord<br />
choqué, puis on se dit : arrêtons d’avoir peur, arrêtons<br />
de fuir la mort, ce n’est pas un échec, mais une réalité.<br />
C’est même peut-être rassurant de savoir que l’on n’est pas<br />
immortel. Quel est le sens de la vie pour toujours ? La mort<br />
ne donne-t-elle pas son sens à la vie ? Mais il faut se<br />
retrouver avec un sentiment apaisé face à elle. Ce qui ne<br />
veut pas dire en faire le sujet principal de la vie, mais<br />
l’intégrer à la vie, et être capable d’accueillir les gens qui<br />
pleurent et qui souffrent d’un deuil. On est gêné par les<br />
larmes, par la peine. On a le réflexe de se détourner.<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 93
PHOTO: PEXELS<br />
100 PSYCHOLOGIE POSITIVE
COVID-19<br />
CES CHOSES<br />
QUE L’ON PENSE<br />
TOUT BAS sur la<br />
crise du coronavirus<br />
On ne dit rien, mais on n’en pense pas moins ! Jugements, prétextes,<br />
doutes… Regardons de plus près cinq de nos pensées, parfois peu<br />
reluisantes, mais tellement dans l’air du temps !<br />
PSYCHOLOGIE POSITIVE 101
2 PSYCHOLOGIE POSITIVE // CAHIER D'ACTIVITÉS<br />
"Nous avons beau savoir que nous<br />
devrions aimer notre partenaire<br />
tel qu'il est, la tâche s'avère ardue."
Au début de votre relation, son<br />
indépendance d’esprit vous faisait<br />
fondre. Maintenant que vous vivez<br />
sous le même toit, sa propension à<br />
n’en faire qu’à sa tête vous agace au<br />
plus haut point. Pourquoi se montre-til<br />
incapable de tenir compte de vous ?<br />
Et ces silences que vous pensiez<br />
révélateurs d’une riche vie<br />
intérieure… Dans la pratique, vous<br />
devez toujours faire l’effort de deviner<br />
ce que votre partenaire pense ou<br />
ressent. Si seulement vous pouviez<br />
avoir un réel dialogue avec lui !<br />
De son côté, ses regards amusés et<br />
attendris par votre gaucherie et votre<br />
désordre ont fait place à des soupirs<br />
d’exaspération. Nous avons beau<br />
savoir que nous devrions aimer notre<br />
partenaire tel qu’il est, la tâche s’avère<br />
ardue. Surtout quand l’euphorie<br />
amoureuse des premiers temps s’est<br />
dissipée pour faire place à des<br />
chamailleries triviales concernant les<br />
tâches ménagères. Lorsque nous<br />
sommes quotidiennement confrontés<br />
à nos indélicatesses respectives,<br />
accepter réellement l’autre n’est pas<br />
une mince affaire. Le danger consiste<br />
à s’enliser dans un schéma récurrent<br />
du type « Tu devrais faire ceci, alors<br />
pourquoi fais-tu toujours cela ? » Par<br />
exemple : « Tu devrais ranger derrière<br />
toi ! », ou bien : « Pourquoi est-ce que<br />
tu ne t’occupes jamais de surveiller les<br />
enfants ? » Nous pensons, plus ou<br />
moins consciemment, que c’est<br />
l’autre qui devrait changer.<br />
CAHIER D'ACTIVITÉS // PSYCHOLOGIE POSITIVE 3
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