Atlas Botanique_extrait

Introduction
La flore, comme le reste de la biodiversité,
est un patrimoine commun à tous, parfois
difficile à appréhender
pour les non spécialistes.
Face à l’érosion globale de la biodiversité,
il était urgent de faire une synthèse à
l’échelle de la Corse permettant de faire
un bilan des connaissances relatif
aux végétaux les plus emblématiques
de ce territoire insulaire.
Inventaires, cartographies et suivis
des espèces menacées sont
plus que jamais d’actualité.
La conservation et la protection de
la flore ne peuvent se faire sans leur
compréhension et leur prise en compte
par les différents acteurs de la société.
D’après Médail et al.
2008, Stantari
Le Conservatoire botanique national de Corse s’efforce de transmettre les éléments
dont il dispose afin que la conservation devienne l’affaire de tous. Cet ouvrage en est
un témoignage et il permettra, nous l’espérons, de faciliter la reconnaissance de ce
patrimoine végétal et des collections naturalistes associées qui méritent considération.
Malheureusement, l’absence de références consultables localement ne permet
pas de valoriser pleinement ce patrimoine, la Corse restant en effet à ce jour la
seule île de Méditerranée sans herbier officiel. Il nous semble essentiel que cette
singularité cesse, afin que tout un chacun puisse s’approprier ou se réapproprier ce
patrimoine mais également que la connaissance puisse être diffusée et que la Corse
soit représentée dans les différents réseaux de Méditerranée traitant de ces sujets.
La Corse est pour les végétaux à la fois un carrefour biogéographique, un
refuge historique et une zone d’émergence de nouvelles espèces. Nombreuses sont
les plantes présentées ici qui ne sont ni rares ni menacées mais qui ont une aire de
répartition réduite, parmi lesquelles un grand nombre d’espèces endémiques, propres
à l’île.
Cet ouvrage met en avant ces espèces et, en complément des ouvrages
existants, dresse un état des lieux précis et inédit sur la répartition de cette flore
souvent unique, pour laquelle la Corse a une responsabilité de conservation de tout
premier plan.
Cet atlas est le fruit d’un important travail d’inventaire, de dépouillement de
la littérature, de collecte des observations existantes. Nous avons cherché à faire
un lien entre les données historiques issues des travaux des botanistes des XIX e
et XX e siècles, les connaissances des botanistes de terrain et les avancées les plus
récentes issues des différentes disciplines des sciences de la vie. Parce qu’il s’agit
d’un atlas, nous avons privilégié les représentations cartographiques, facilitant les
ouvertures sur le monde, retraçant ainsi les différentes influences qui font l’originalité
de la flore de Corse. Nous espérons modestement que chacun à son niveau
trouvera matière à réflexion et que nous contribuerons ainsi au respect et à la
préservation de ce patrimoine naturel si riche.
La flore de la Corse
Malgré sa taille relativement réduite (8748 km 2 ), la Corse possède une flore
vasculaire particulièrement riche au sein des îles méditerranéennes. Selon Flora
Corsica (JEANMONOD & GAMISANS, 2013), la flore sauvage de l’île est composée de
2724 taxons (dont 2411 espèces) avec 2238 taxons indigènes (1987 espèces)
et 486 taxons introduits dont certains malheureusement envahissants. Cette
richesse est principalement due au relief tourmenté permettant de très
nombreux habitats, mais aussi à la présence d’étages de végétation à la fois
tempérés et méditerranéens. Sa composition floristique est le résultat de l’isolement
de longue date de l’île, de son éloignement au continent et de son
histoire paléogéographique et paléoenvironnementale si contrastée. Ainsi, de
nombreux taxons ne sont pas parvenus jusqu’en Corse tels les genres alpins
Androsace, Astrantia, Dryas, Gentianella, Oxytropis, Pedicularis, Rhododendron
et Soldanella, ou encore les genres tempérés Carpinus, Dracocephalum,
Melampyrum, Pulmonaria, Rhinanthus et Veratrum et même les genres méditerranéens
steppiques ou pontiques tels que Betonica, Buffonia, Catananche,
Jasminum, Onosma, Phlomis, Sternbergia et Xeranthemum. De plus, toutes les
espèces d’altitude des genres Campanula, Gentiana, Primula, Salix et Saxifraga sont
également absentes. Malgré cela, de nombreux genres et espèces ont réussi à coloniser
13