29.09.2020 Views

ICI MAG - OCTOBRE 2020

Magazine d'actualités 100% infos locales de Biscarrosse, Mimizan, Parentis-en-Born, Sanguinet et environs : infos, agenda, événements, clubs, associations, ...

Magazine d'actualités 100% infos locales de Biscarrosse, Mimizan, Parentis-en-Born, Sanguinet et environs : infos, agenda, événements, clubs, associations, ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Contes et légendes

Les joueurs de Boha

Louison, comme on l’appelait affectueusement depuis

son enfance, était l’âme joyeuse du village. Il était musicien

et chanteur. Il aimait à jouer de tout instrument de

musique qui pouvait lui tomber dans les mains. Très renommé

dans le Pays de Born, on l’invitait volontiers pour

pour tous les moments importants de la vie du village et

des alentours, les baptêmes, les noces, les maïades (fêtes)

ou fin de veillées pour faire danser jeunes et moins jeunes...

Il se donnait ainsi en spectacle au sein d’un trio de copain.

Sa voix de baryton accompagnait à merveille le son de ses

deux acolytes l’un à la flubuta (flûte à trois trous) et l’autre

à la sansonha (vielle à roue).

Un jour au détour d’une allée de la foire de la saint-Michel, il

rencontra un vieil homme qui lui proposa un nouvel instrument.

Un instrument à vent. Il était unique en son genre lui

dit-il. Le vieux lui montra comment s’en servir. Louison porta

le pihet à ses lèvres. Le vieux lui dit « souffle et fait jouer

tes doigts ». Comme par magie une mélodie harmonieuse

sortit de l’instrument, comme s’il en avait joué depuis des

années. Le son l’envoûta et il constata vite que les gens aux

alentours avait cessé toute activité pour écouter sa mélopée.

D’abord fébrile, le vieux marchand était maintenant

rassuré, l’instrument avait trouvé son nouveau maître, son

travail était fini. Lorsque Louison se retourna vers le marchand

pour lui demander combien pouvait valoir un tel

chef-d’oeuvre, celui-ci avait disparu, laissant juste un mot

sur la table. « Ceci est une boha (cornemuse gasconne),

prends en le plus grand soin car il t’aidera à surmonter les

mauvais moments et donnera du bonheur à ceux qui entendront

ses notes ». Il repartit donc tout heureux, avec

son nouvel instrument sous le bras.

des Landes

Au début, il eut peur que l’instrument ne soit envoûté. Il le

saisit après maintes hésitations et en joua une seule note.

Il reposa l’instrument et attendit quelques jours. Rien ne

se passa. Il répéta l’opération quelques fois et un jour, n’en

pouvant plus d’impatience, s’empara de sa boha pour y

souffler à plein poumons la totalité de son répertoire. Ce

jour-là, on raconte que le vent tomba d’un coup et qu’un silence

attentif s’empara du village et des alentours. Depuis,

dès qu’il soufflait ce n’était que joie et belles notes et jamais

on n’entendit de sa bouche le moindre couac. Le trio continua

sa triomphale carrière jusqu’à ce jour où le grand âge

emporta notre Louison. On lui fit le plus beau des au revoir

et c’est coiffé de son béret, de sa peau de mouton et de

ses sabots qui avaient tant usé le sol à rythmer la musique

qu’il partit au pays des musiciens immortels. Tous avaient

encore les yeux mouillés lorsque le soleil déclina. C’est à

ce moment là qu’aux confins dans la lande retentit un air

mélancolique, loin d’abord puis se rapprochant peu à peu.

Tous reconnurent ce son si caractéristique. C’était la Boha.

On l’avait cherché toute la journée mais en vain. On avait

même accusé un de ses élèves de l’avoir volée. La boha

de Louison masquée par la végétation sonnait maintenant

haut et fort la perte de son ami. La mélopée dura plusieurs

minutes puis disparut avec le crépuscule. Personne ne put

retrouver l’instrument.

Les mois passèrent et un jour une rumeur arriva jusqu’au

village, un nouveau sonneur venait de s’installer et soufflait

une ritournelle connue de tous. On invita le musicien

et quelle ne fut pas la surprise des villageois quand ils découvrirent

que notre bohaire était une femme. Dès les premières

notes, un silence de mort parcourut l’assemblée,

elle jouait la ritournelle de Louison. On lui arracha la Boha

pour vérifier le pihet (tuyau de la cornemuse). Elle était là,

l’encoche que Louison y avait faite à la mort de sa femme.

La musicienne fut assaillie de questions et dut raconter son

histoire.

Elle avait acheté l’instrument il y a quelques mois à un vieux

marchand de la foire de la Saint-Michel. Les premiers sons

qu’elle avait soufflé étaient ceux-là. Elle avait trouvé l’air

très gai et le jouait depuis lors. Ils lui rendirent alors la boha

et la fête reprit. Depuis, on a appris à fabriquer les bohas

mais aucune n’a pu redonner le son si caractéristique de

celle de Louison.

Selon la légende, il parait que l’on peut, une fois par génération,

encore l’entendre au détour d’une maïade aux

confins d’un village landais pour le plus grand bonheur des

festayres...

D’après un texte de Sylvie PONTIER

Biscarrosse Plage

17

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!