ICI MAG - OCTOBRE 2020

La résine des Passicos
HISTOIRE & PATRIMOINE
Issue du gemmage, la résine de pins à longtemps été considérée comme une ressource
essentielle de notre région. A Parentis-en-Born, l’usine de transformation Passicos fut
même la dernière distillerie landaise en activité. Une histoire familiale qui raconte à elle
seule, toute une époque.
La richesse du massif forestier des Landes de Gascogne
s’étend sur plus d’un million d’hectares. Il est composé exclusivement
de bois de pin, surnommé l’arbre d’or car il est
l’origine de nombreuses activités industrielles. Parmi elles,
la récolte (le gemmage) et la transformation de la résine,
étaient devenues les principales activités économiques à
la fin du 19ème siècle. Le gemmage des pins par les résiniers
permettait d’obtenir, une fois distillé, la colophane
et l’essence de térébenthine prisées des industriels pour
fabriquer de nombreux produits comme les torches, les
bougies, la peinture, le vernis, certains solvants…. C’est
en 1920, en plein âge d’or, que plus de 30 000 gemmeurs
parcourent la forêt d’arbre en arbre, dans des conditions
de travail difficiles, pour approvisionner sans relâche les
usines de distillation. C’est d’ailleurs cette même année
que la production atteignit son apogée, avec quelques 178
millions de litres de gemmes récoltées !
Les gemmeurs quittèrent peu à peu la forêt et leur
nombre passa de 14 500 en 1956 à 4 184 en 1969. Par
manque de matière première et de rentabilité suffisante,
les fermetures d’usines se poursuivent et seules les
plus modernes survirèrent. On ne comptait plus que 11
usines en 1976 et seulement 4 en 1977. L’usine PASSICOS
S.A, devient en 1988, la seule encore en activité. L’ensemble
des récoltes de gemmes de la région convergeait alors vers
Crédits photos : B.GL. Langon
Récolte de la résine en forêt
Vue aérienne de l’usine PASSICOS & Cie
A Parentis-en-Born, en 1871, une petite distillerie est fondée,
la maison DUBOS, sur la route de Pontenx à la sortie
du village. Cette usine prospère se développe sous l’impulsion
de son fondateur malgré la crise qui commence à toucher
le secteur de l’industrie résinière. En effet, les années
30 amorcent le déclin de la filière « gemme » dû à l’arrivée
de produits de synthèse, à la concurrence des résines
étrangères et à la préférence des propriétaires pour la filière
du bois. Monsieur DUBOS confiera, durant cette période
charnière, l’entreprise familiale à son gendre René
PASSICOS, marié depuis 1917 à Marie-Jeanne, sa fille.
La propriété nommée « Bagatelle » verra y naître Jean
PASSICOS, leur fils. Quand il en prit la relève, l’entreprise
se démarqua de ses concurrents par l’innovation,
la modernisation des installations, la recherche et le
développement de nouveaux procédés de distillation.
Parentis. La dernière campagne de gemmage sera celle de
1990, date à laquelle Jean PASSICOS, alors âgé de 70 ans,
décide à son tour de prendre sa retraite. L’ultime distillerie
de la forêt landaise fermera ses portes en 1991 et avec elle
l’activité du gemmage commercial disparu complètement
de notre région. La totalité de l’usine et du site, devenu
avec le temps une friche industrielle, sera détruite en 2013
pour y construire le centre commercial Intermarché, son
parking et sa zone d’activité. Jean PASSICOS, le dernier industriel
de la résine landaise, s’éteindra en 2006 à l’âge 87
ans dans la propriété familiale, après avoir marqué de son
empreinte tout un territoire.
Kevin Galvan
Page Facebook : Parentis, Histoire & Patrimoine
Crédits photos : Roger Dumora
Villa « Bagatelle » propriété familiale PASSICOS
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