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L'ESSENTIEL DU SUP PREPAS_N° 41_septembre 2020

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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SEPTEMBRE <strong>2020</strong> | <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Benoit Arnaud (Edhec)<br />

Stéphan Bourcieu (BSB)<br />

L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

Toute l’actualité et les nominations<br />

de la rentrée<br />

DÉBAT<br />

Distanciel – présentiel :<br />

le choc des deux mondes<br />

Sigem <strong>2020</strong> :<br />

ce qu’il faut en retenir


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

UNE RENTRÉE À HAUT RISQUE<br />

Tous masqués. Après bien des tergiversations il a bien<br />

fallu se rendre à l’évidence : la rentrée se fait bien cette<br />

année masquée, seul moyen d’éviter une trop grande<br />

dispersion du virus et… une possible fermeture des locaux.<br />

Car c’est bien là la principale crainte des établissements<br />

d’enseignement supérieur : voir revenir des étudiants<br />

porteurs du Covid-19 (ou les voir l’attraper peu après) et<br />

devoir fermer leurs locaux peu après…<br />

Que faire ? Comme souvent l’exemple vient du leader. Si, a contrario de la majorité<br />

des écoles de management post prépas, HEC Paris a maintenu sa rentrée le 31 août,<br />

elle est la seule Grande école de management à demander à tous ses étudiants<br />

de réaliser un test PCR au Covid-19 avant leur arrivée sur le campus. HEC fournit<br />

également un kit sanitaire comprenant 5 masques (réutilisables) et une bouteille de<br />

gel hydroalcoolique à chaque professeur, collaborateur ou étudiant en programme<br />

diplômant. Car bien évidemment le port du masque est obligatoire une fois sur le<br />

campus comme dans les espaces extérieurs. Quant à la distanciation sociale elle<br />

est largement de vigueur.<br />

Plus ou moins à distance. Qui dit distanciation dit forcément enseignement à<br />

distance. Pour accompagner cette transformation des pédagogies, l’IMT (Institut<br />

Mines Télécom) va ainsi investir 1,6 million d’euros cette année pour renforcer les<br />

infrastructures numériques de ses écoles et former les enseignants. Plus de la moitié<br />

de ce budget concerne les équipements informatiques, matériels et logiciels pour<br />

les étudiants, enseignants et personnels supports. Certains TP pourront ainsi être<br />

virtuels tout en étant réalisés dans les conditions du réel grâce à des simulateurs<br />

ou émulateurs qui reproduisent le fonctionnement de certains appareils et les propriétés<br />

physiques et mécaniques des dispositifs faisant l’objet de l’expérimentation.<br />

Si la réflexion est la même du côté d’Audencia, son format d’enseignement sera très<br />

majoritairement présentiel sur la base d’une répartition 80% à 90 % en présentiel et<br />

le reste en distanciel selon les programmes. Un choix antinomique de celui de EM,<br />

seule école de management française à avoir annoncé qu’elle travaillera en 100%<br />

distanciel à la rentrée <strong>2020</strong> avec un « retour à la normalité en novembre ». Un retour<br />

à la normalité en novembre que tous espèrent tout en en doutant de plus en plus…<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS <strong>DU</strong> MOIS<br />

4 • Fuite du sujet de maths<br />

de la BCE : des professeurs s’indignent<br />

• Sans oraux plus de femmes à l’ENS ?<br />

5 • Direction des PGE : ça bouge !<br />

6 • Skema renforce sa présence en Chine<br />

• Isabelle Huault : « Nos partenaires<br />

comprennent que l’école se situe<br />

dans une phase de transition »<br />

7 • NEOMA ouvre le premier campus<br />

numérique en Europe<br />

8 • Les jeunes au cœur du « Plan de relance »<br />

9 • Ce qu’il faut retenir du rapport<br />

de la médiatrice<br />

10 • Diversité sociale dans l’enseignement<br />

supérieur : le comité nommé<br />

11 • Thèse annulée à Paris 1 :<br />

les tenants et les aboutissants<br />

ENTRETIENS<br />

12 • Stéphan Bourcieu,<br />

Directeur de Burgundy School of Business<br />

18 • Benoit Arnaud, Directeur d’EDHEC Online<br />

DOSSIER<br />

15 • Sigem <strong>2020</strong> : qu’en retenir ?<br />

DÉBAT<br />

22 • Distanciel – présentiel :<br />

le choc des deux mondes<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo.éditions<br />

Photo de couverture : shutterstock<br />

2


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

EN BREF<br />

Fuite du sujet de maths<br />

de la BCE : des professeurs<br />

s’indignent<br />

• Le programme de culture<br />

générale de seconde<br />

année des classes<br />

préparatoires économiques<br />

et commerciales, options<br />

scientifique, économique et<br />

technologique, de l’année<br />

universitaire <strong>2020</strong>-2021,<br />

porte sur l’étude du thème<br />

suivant : « L’animal ».<br />

• La liste des CPGE des<br />

filières scientifique,<br />

économique et commerciale<br />

et littéraire pour l’année<br />

universitaire <strong>2020</strong>-2021<br />

a été publiée au Journal<br />

Officiel du 27 août.<br />

• Pour ou contre le système<br />

français des grandes<br />

écoles? : Alain Joyeux,<br />

le président de l’APHEC,<br />

et David Guilbaud,<br />

haut fonctionnaire et<br />

auteur de « L’Illusion<br />

méritocratique »,<br />

en débattent dans<br />

Les Echos Start.<br />

La session <strong>2020</strong> des concours de CPGE commerciales<br />

a été marquée par la fuite d’un des sujets.<br />

Rappelons les faits. Lors de la session 2018,<br />

le sujet de mathématiques S ESSEC-HEC avait<br />

été écarté. Mais, au lieu d’être détruit, un exemplaire<br />

est alors récupéré par un professeur qui le propose<br />

comme sujet de concours blanc en mars 2019.<br />

Ses élèves peuvent le remercier : le sujet se retrouve<br />

finalement à servir de base à l’élaboration du sujet<br />

<strong>2020</strong>. C’est là que les avis divergent. Pour la BCE<br />

seuls quatre élèves ayant cubé sont concernés. Ce<br />

que conteste un large collectif de professeurs de<br />

classes préparatoires. Dans une tribune ils considèrent<br />

en effet « qu’en réalité, on peut estimer que<br />

tous les élèves de cet établissement sont concernés<br />

tant il est fréquent que la révision du CB d’une année<br />

(<strong>2020</strong> en l’occurrence) passe par un travail sur le sujet<br />

de l’année précédente. Il faut aussi ajouter tous les<br />

candidats avec qui les élèves de cet établissement<br />

sont en contact ». Ils estiment donc que « lorsqu’une<br />

telle fuite se produit, seules deux solutions sont à<br />

envisager: la reprogrammation de l’épreuve ou sa<br />

neutralisation ».<br />

Ce que la BCE a refusé de faire le 15 juillet arguant notamment<br />

du très faible nombre de candidats concernés<br />

mais aussi d’un état pandémique qui rendait impossible<br />

l’organisation d’un nouvel examen: « Il n’y a pas lieu<br />

de reprogrammer ou neutraliser l’épreuve et une modulation<br />

du barème est la meilleure décision possible<br />

dans un contexte particulièrement difficile ». Devant<br />

la levée de boucliers la DAC (direction des admissions<br />

et concours), qui organise le concours, considère<br />

dans un deuxième temps le qu’il faut « identifier et<br />

réexaminer les copies des quelques candidats qui<br />

auraient pu être avantagés ». L’inspection générale de<br />

la Chambre de commerce et d’industrie de Paris doit<br />

prochainement rendre son rapport sur les éventuels<br />

dysfonctionnements dans l’organisation du concours<br />

de la BCE par la DAC.<br />

Lire aussi Concours maths Essec - HEC : des étudiants<br />

de prépa connaissaient une partie du sujet (Les<br />

Echos), Concours HEC <strong>2020</strong>: des étudiants auraient<br />

eu le sujet de maths en avance (Le Figaro Etudiant),<br />

Maths HEC <strong>2020</strong> : des étudiants avaient déjà composé<br />

sur le sujet en avance (Major Prépas)<br />

Sans oraux plus de femmes à l’ENS ?<br />

A Normale-Sup, les concours sans oraux<br />

ont fait bondir la part de femmes admises<br />

constate Le Monde. Et en effet parmi les<br />

admis aux concours littéraires de la Voie<br />

CPGE (concours A/L et B/L), 67% sont<br />

des femmes contre 54% en moyenne les<br />

années précédentes (2015-2019). Mais<br />

en sciences, les statistiques sont stables<br />

puisque l’on compte cette année 18% de<br />

femmes admises à l’issue d’une classe<br />

préparatoire aux grandes écoles (CPGE),<br />

un chiffre très proche des promotions antérieures<br />

(2015-2019).<br />

Alors faut-il tirer des conclusions « genrées<br />

» de cette absence d’oraux ? L’ENS<br />

met en garde contre cette tentation arguant<br />

que « les bouleversements de la<br />

préparation des élèves, du calendrier<br />

des concours ou de l’organisation des<br />

épreuves sont, à de nombreux égards,<br />

trop exceptionnels pour ne pas avoir eu<br />

d’effet ». À titre d’exemple, au concours<br />

A/L, toutes les disciplines ont été évaluées<br />

avec le même coefficient, sans singulariser<br />

les options qui « permettent<br />

traditionnellement à des candidats de<br />

se démarquer ».<br />

4


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Direction des PGE : ça bouge !<br />

C’est un peu le « petit mercato » des business schools,<br />

celui de leur programme phare, le programme Grande école (PGE).<br />

Et cette année le nombre de changements de postes y bat tous les records.<br />

Le 1 er <strong>septembre</strong> Annabel-Mauve Bonnefous a<br />

quitté son poste de direction du PGE de TBS<br />

pour rejoindre emlyon BS et Sylvie Jean, toute<br />

nouvelle directrice de son PGE tout juste partie<br />

de Neoma BS pour remplacer à ce poste Nathalie Hector,<br />

elle-même partie pour Skema BS. Toujours cette<br />

semaine Charlotte Massa a été nommée directrice<br />

déléguée du PGE de l’EM Strasbourg. Enfin on apprend,<br />

le 2 <strong>septembre</strong>, sur Linkedin que Skema recherche<br />

« dès que possible » un nouveau directeur pour son<br />

PGE et y succéder ainsi à Sophie Gay.<br />

Voici les portraits de tous les nouveaux nommés<br />

de cet été et de la rentrée dans les écoles de<br />

management :<br />

Fernanda Arreola, 37 ans, a été nommée<br />

doyenne de la Faculté et de la<br />

Recherche du groupe ISC Paris le<br />

1er <strong>septembre</strong>. Elle était depuis 2017<br />

responsable de l’entrepreneuriat et<br />

du groupe de recherche en business<br />

de l’EMLV. Elle est titulaire d’un doctorat<br />

en management de la Fundação Getúlio Vargas<br />

et d’un MBA in Global Management de la Thunderbird<br />

School of Global Management aux États Unis.<br />

Benoît Arnaud a été nommé directeur<br />

des programmes de l’Edhec début<br />

<strong>septembre</strong>. Un tout nouveau poste<br />

qui « répond à une double ambition » :<br />

favoriser l’hybridation des savoirs et<br />

des compétences et encourager les<br />

synergies et promouvoir l’innovation<br />

au sein de l’ensemble du portefeuille de programmes.<br />

Benoît Arnaud dirige Edhec Online depuis 2018 et<br />

son Executive Education depuis 2010, date à laquelle<br />

l’Edhec a racheté la MIP Business school dont il était<br />

le directeur et le fondateur. Il est titulaire d’un MSc des<br />

Mines ParisTech et d’un MBA de l’Insead.<br />

Annabel-Mauve Bonnefous a été<br />

nommée directrice des programmes<br />

diplômants de emlyon business<br />

school le 1er <strong>septembre</strong> <strong>2020</strong>. A ce<br />

titre, elle sera membre du directoire.<br />

Après avoir dirigé le département<br />

académique Hommes et Organisations<br />

de NEOMA, Annabel-Mauve Bonnefous était<br />

depuis 2018 directrice du programme Grande école,<br />

des Masters of Science et des mastères spécialisés<br />

de Toulouse Business School. Elle fut également enseignant<br />

le leadership, la responsabilité sociale des<br />

entreprises et l’intelligence politique des dirigeants à<br />

HEC Paris Executive Education de 2010 à 2017.<br />

Jeffrey Klein a été nommé directeur<br />

(Associate Dean) du Master<br />

Grande Ecole (MGE) de BSB (Burgundy<br />

School of Business) en juin<br />

<strong>2020</strong>. De nationalité américaine,<br />

il était depuis 2018 Associate<br />

Dean de la Hult International<br />

Business School, à Londres, après notamment des<br />

postes de direction académique à l’International School<br />

of Management (Paris), Boston University ou l’Ecole des<br />

Ponts Business School (Paris). Jeffrey Klein est titulaire<br />

d’un PhD en Management international à l’ISM Paris et<br />

d’un Master of Arts en littérature à l’université d’Oxford.<br />

Charlotte Massa a été nommée<br />

directrice déléguée du programme<br />

Grande école de l’EM<br />

Strasbourg. Enseignante-chercheuse<br />

en marketing de la business<br />

school depuis 2015, elle<br />

succède à Marie Pfiffelmann qui<br />

reste au sein de l’école en tant qu’enseignante-chercheuse.<br />

Outre son poste d’enseignante-chercheuse en<br />

marketing, Charlotte Massa était également responsable<br />

de la spécialisation Marketing en apprentissage du PGE<br />

depuis 2016. Elle est titulaire d’un doctorat en sciences<br />

de gestion de l’Université Toulouse 1 Capitole et d’un<br />

master d’institut d’administration des entreprises (IAE).<br />

Imen Mejri a été nommée directrice<br />

du programme Grande école<br />

de NEOMA Business School le 1er<br />

août <strong>2020</strong>. Elle succède à Sylvie<br />

Jean qui part occuper le même<br />

poste à emlyon BS. Professeure<br />

de finance, titulaire d’un doctorat<br />

en Sciences de gestion de l’Université Paris I-Panthéon<br />

Sorbonne, Imen Mejri a rejoint NEOMA Business School<br />

en 2008. Elle mène ses recherches sur le financement<br />

innovant des entreprises, notamment le Crowdfunding<br />

et était responsable de la spécialisation « Corporate<br />

Finance » depuis 2017.<br />

5<br />

L’Edhec réorganise<br />

sa gouvernance<br />

Trois années sont passées<br />

depuis qu’il a pris la<br />

direction générale de<br />

l’EDHEC. Emmanuel<br />

Métais met aujourd’hui en<br />

place un comité exécutif<br />

resserré autour de sept<br />

membres permanents :<br />

• Benoît Arnaud, qui vient<br />

d’être nommé directeur<br />

des programmes ;<br />

• Christophe Roquilly,<br />

doyen du corps professoral<br />

et de la Recherche ;<br />

• Anne Zuccarelli, directrice<br />

de l’expérience étudiante ;<br />

• Richard Perrin, directeur<br />

international ;<br />

• Claire Bergery-Noël,<br />

directrice de cabinet et de la<br />

Communication corporate ;<br />

• Un/une secrétaire général<br />

en cours de recrutement<br />

en charge des Finances et<br />

des Ressource Humaines.


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Skema renforce sa présence<br />

en Chine<br />

SKEMA vient de signer deux nouveaux accords stratégiques avec des institutions<br />

académiques chinoises de premier plan: Nanjing Audit University et<br />

l’université Xian’ Jiaotong, cette dernière membre de la Ivy League chinoise<br />

(la Ligue C9) qui rassemble depuis 1998 ses 9 universités les plus réputées.<br />

Avec Nanjing Audit University, SKEMA crée<br />

une « joint school » et avec l’université Xian’<br />

Jiaotong un master en Entrepreneuriat et<br />

innovation orienté gestion des données et<br />

intelligence artificielle. La toute nouvelle « joint school »<br />

commencera à recruter sa première cohorte de 300<br />

étudiants en Chine en <strong>septembre</strong> <strong>2020</strong> par le biais du<br />

Gaokao. Ils suivront un premier cycle à plein temps<br />

d’une durée de quatre ans qui débouchera sur deux<br />

diplômes : le diplôme d’enseignement supérieur général<br />

de premier cycle de NAU et le diplôme du Global BBA<br />

en 4 ans de SKEMA.<br />

Quant au master en Entrepreneuriat et innovation<br />

SKEMA-Xian’Jiaotong, il a vocation à former en 2 ans<br />

les « futures élites et les leaders de l’industrie dans<br />

les domaines de l’entrepreneuriat et de l’innovation »<br />

avec un focus sur le big data et l’intelligence artificielle.<br />

Il débute à la rentrée <strong>2020</strong>, avec un objectif de recrutement<br />

de 60 étudiants par an. A l’issue des 2 années<br />

d’études, l’étudiant reçoit le diplôme de SKEMA (MSc)<br />

et celui du ministère chinois de l’éducation.<br />

Un nouveau label<br />

international<br />

pour Neoma<br />

Le programme Grande école<br />

de Neoma Business School<br />

a obtenu le label de l’IMA<br />

(Institute of Management<br />

Accountants), un réseau<br />

international de plus de 140<br />

000 membres considéré<br />

comme l’une des associations<br />

professionnelles majeures<br />

dans le domaine de la<br />

comptabilité de gestion. Dans<br />

le cadre de son programme<br />

de soutien à l’enseignement<br />

supérieur (Higher Education<br />

Endorsement Program),<br />

l’obtention de ce label<br />

offrira l’opportunité aux<br />

étudiant de se préparer et de<br />

passer l’examen Certified<br />

Management Accountant<br />

(CMA®) qui atteste d’une<br />

expertise avancée en gestion<br />

stratégique et financière.<br />

Isabelle Huault : « Nos partenaires<br />

comprennent que l’école se situe<br />

dans une phase de transition »<br />

C’est au site Business Cool qu’Isabelle<br />

Huault a réservé sa première interview<br />

en tant que toute nouvelle directrice de<br />

emlyon BS. En substance elle y explique<br />

que « nos partenaires comprennent que<br />

l’école se situe dans une phase de transi-<br />

tion et qu’il faut se donner du temps pour<br />

stabiliser la situation », rappelle avoir recruté<br />

une directrice du PGE (Sylvie Jean)<br />

et une directrice des programmes diplômants<br />

(Annabel-Mauve Bonnefous) en<br />

« un temps record » et revient sur la question<br />

de la durée réduite à trois ans de son<br />

grade master : « Si le jugement est apparu<br />

sévère eu égard à la qualité de nos programmes,<br />

nous comprenons cette décision<br />

et nous démontrerons que le modèle<br />

de l’école est le bon et que notre trajectoire<br />

sera vertueuse ».<br />

Le Sotheby’s Institute<br />

of Art & ESCP<br />

BS partenaires<br />

Émanation de la célèbre<br />

maison d’enchères, le<br />

Sotheby’s Institute of Art<br />

New York dispense un<br />

programme entièrement<br />

en anglais destiné à des<br />

étudiants du monde entier, le<br />

MA in Art Business. Dans<br />

le cadre d’un accord signé<br />

avec ESCP BS le 27 mai<br />

<strong>2020</strong>, des étudiants de ESCP<br />

passionnés par le secteur de<br />

l’art pourront y suivre un<br />

cursus soit en tant qu’étudiant<br />

en programme d’échange<br />

à l’étranger soit pour être<br />

double-diplômé. « Les<br />

enseignements culturels sont<br />

importants pour ESCP, c’est<br />

d’ailleurs l’un des piliers<br />

fondamentaux de notre<br />

stratégie internationale »,<br />

avance le professeur Léon<br />

Laulusa, directeur général<br />

adjoint Affaires académiques<br />

et internationales de<br />

l’école parisienne.<br />

Audencia s’engage<br />

au côté du site<br />

Toutes Mes Aides<br />

Audencia rejoint Toutes Mes<br />

Aides, le premier simulateur<br />

d’aides en ligne qui permet<br />

aux étudiants de tester leur<br />

éligibilité à plus de 600 aides<br />

nationales et locales, et d’être<br />

accompagnés tout au long de<br />

leurs démarches. L’espace<br />

personnel créé en ligne<br />

permettra à ses étudiants de<br />

connaître les aides auxquelles<br />

ils sont éligibles en fonction<br />

de leur situatio. Proposé<br />

à partir de la rentrée aux<br />

étudiants du programme<br />

Grande le dispositif devrait<br />

être étendu dès 2021 aux<br />

étudiants Audencia Bachelor<br />

et Audencia SciencesCom<br />

(communication et médias).<br />

6


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

NEOMA ouvre le premier<br />

campus numérique en Europe<br />

Dans le contexte sanitaire qu’on connaît NEOMA ouvre un quatrième campus,<br />

100% numérique, développé en partenariat avec l’association Laval Virtual,<br />

experte des technologies immersives VR/AR. L’objectif ? Permettre l’interaction<br />

et l’ambiance d’un vrai campus en complément aux cours en présentiel<br />

que NEOMA maintient à 60%.<br />

Ce nouveau campus numérique est conçu<br />

comme un environnement complémentaire aux<br />

espaces d’apprentissages existants. « Nous<br />

avons décidé d’accélérer la mise en œuvre<br />

de ce projet qui s’avère particulièrement utile dans le<br />

contexte sanitaire actuel », analyse Delphine Manceau,<br />

la directrice générale de NEOMA, qui ajoute : « Le<br />

distanciel via Zoom et la visioconférence ne peut se<br />

substituer au présentiel, dont les apports sont inestimables.<br />

Ce nouveau campus virtuel est à mi-chemin<br />

entre ces deux modalités et combine les avantages<br />

des approches pédagogiques numérique et physique<br />

en les articulant étroitement ».<br />

Les étudiants, via un avatar qu’ils personnaliseront,<br />

pourront évoluer dans ce nouvel espace comme s’ils<br />

étaient dans un véritable campus. Une fois connectés,<br />

ils accèdent au bâtiment virtuel pour suivre un cours,<br />

rejoindre un groupe de travail ou assister à une conférence.<br />

De son côté, le professeur accède aux outils de<br />

présentation pour afficher son cours et interagir avec<br />

tout ou partie de la classe. En plus des programmes,<br />

l’écosystème de services de l’Ecole, comme le Talent<br />

& Carrière, le Wellness Center, la bibliothèque et les<br />

incubateurs y sont aussi accessibles.<br />

Accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce nouveau<br />

campus numérique accueillera aussi des séminaires<br />

et des réunions. Il pourra également servir d’espace<br />

de travail collaboratif pour faciliter les échanges entre<br />

les membres de la communauté de NEOMA : étudiants,<br />

BSB multiplie<br />

les bourses<br />

Après le déblocage d’un<br />

fonds de solidarité à hauteur<br />

de 100 000€, ce sont 55<br />

bourses « coup de pouce »<br />

qui ont été délivrées en juin<br />

aux élèves en difficultés<br />

BSB (Burgundy School<br />

of Business). D’une valeur<br />

de 11 000€ permettant de<br />

financer l’intégralité des frais<br />

de scolarité de la première<br />

année d’études, 50 bourses<br />

d’excellence ont été offertes<br />

aux meilleurs candidats<br />

boursiers admis au Concours<br />

BCE (à condition d’obtenir<br />

une note supérieure à 12/20).<br />

Une seconde commission<br />

se tient à la rentrée pour<br />

quelques étudiants en attente.<br />

professeurs et collaborateurs. « Cette technologie<br />

immersive préfigure un nouveau mode de collaboration<br />

possible car tout y est réalisable comme dans la vraie<br />

vie, mais à distance », analyse Alain Goudey, directeur<br />

de la Transformation Digitale de NEOMA, qui indique :<br />

« On peut ouvrir une porte, lever la main, s’asseoir,<br />

applaudir et même jouer au foot sur un terrain de<br />

sport ! Autant de fonctionnalités fondées sur des<br />

gestes physiques du quotidien qui rendent l’expérience<br />

naturelle et agréable ».<br />

Ce nouveau campus numérique s’adresse dans un<br />

premier temps aux étudiants internationaux qui ne<br />

pourraient rejoindre à la rentrée l’un des trois campus<br />

physiques de NEOMA, avant d’être élargi à tous. Voir<br />

la vidéo explicative.<br />

Audencia publie<br />

un magazine pour<br />

ses 120 ans<br />

En <strong>2020</strong> Audencia fête<br />

ses 120 ans. Un magazine<br />

spécial a ainsi été réalisé<br />

à cette occasion, retraçant<br />

l’évolution d’Audencia depuis<br />

sa création en 1900. Au fil de<br />

ses 60 pages on y retrouve ses<br />

étudiants, ses associations,<br />

ses diplômés, ses professeurs,<br />

ses entreprises partenaires…<br />

mais aussi une présentation<br />

plus globale de l’école et<br />

de la ville de Nantes.<br />

Ce magazine, réalisé en<br />

partenariat avec Major Prépa,<br />

est disponible via ce lien.<br />

NEOMA lance<br />

son blog<br />

Afin d’accompagner les<br />

entreprises à « appréhender la<br />

complexité des enjeux actuels<br />

et à venir », le tout nouveau<br />

blog 100% B2B dédié aux<br />

professionnels que lance<br />

NEOMA vise à « rendre<br />

directement accessible aux<br />

entreprises les expertises des<br />

membres de la communauté<br />

de l’Ecole ». Organisé en cinq<br />

rubriques (Manager, Innover,<br />

Performer, Entreprendre<br />

et Décrypter) il aborde<br />

des thématiques liées au<br />

management, l’innovation,<br />

la performance ou encore<br />

l’entrepreneuriat. Il se veut<br />

un lieu d’informations<br />

mais aussi d’échanges sur<br />

des sujets et des pistes de<br />

réflexion en résonnance<br />

avec les préoccupations<br />

des professionnels<br />

du management.<br />

7


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Les jeunes au cœur<br />

du « Plan de relance »<br />

Les jeunes sont particulièrement mis en avant dans le cadre du « Plan de relance »<br />

présenté le 3 <strong>septembre</strong> par le Premier ministre, Jean Castex.<br />

Déjà un « Plan jeune » a été mis en place cet été pour aider les 750 000 nouveaux<br />

entrants sur le marché du travail à décrocher leur premier emploi.<br />

En tout ce sont 7 milliards d’euros qui sont sur la table.<br />

Emploi : 700 000 à 800 000 jeunes à soutenir.<br />

Comptez vous-même. D’un côté 700 000<br />

à 800 000 jeunes qui s’apprêtent à faire leur<br />

entrée sur le marché de l’emploi, de l’autre un<br />

plan 6,5 milliards d’euros pour aider à l’embauche 450<br />

000 jeunes mais aussi soutenir 230 000 contrats d’apprentissage,<br />

10 000 contrats de professionnalisation,<br />

financer la création de 100 000 places supplémentaires<br />

en service civique, de 300 000 « parcours d’insertion »<br />

(dont 60 000 « contrats initiative emploi » (CIE) pour<br />

des jeune rencontrant des difficultés particulières<br />

d’insertion dont une partie du salaire est financée par<br />

l’Etat) et enfin de 200 000 places supplémentaires en<br />

formation.<br />

Aide à l’embauche : jusqu’à deux SMIC. L’aide<br />

à l’embauche d’un montant maximal de 4 000 € vise<br />

à réduire le coût du travail pour les contrats conclus<br />

entre le 1er août <strong>2020</strong> et le 31 janvier 2021. L’aide est<br />

attribuée aux entreprises quelle que soient leur taille<br />

et leur secteur qui embauchent un salarié de moins de<br />

26 ans, en CDI ou CDD de 3 mois et plus pour un salaire<br />

jusqu’à 2 fois le SMIC. Et c’est là que le bât blesse.<br />

Beaucoup de diplômés de l’enseignement supérieur<br />

risquent donc d’en être exclus selon leur rémunération<br />

et leur âge. Sans parler de doctorants forcément plus<br />

âgés qui sont décidément la dernière roue du carrosse<br />

de l’emploi en France.<br />

Apprentissage : des aides jusqu’à bac+5. Une aide<br />

à l’apprentissage pour la première année du contrat de<br />

5 000 € pour les mineurs et de 8 000 € pour les majeurs<br />

pour tout contrat conclu entre le 1er juillet <strong>2020</strong> et le<br />

28 février 2021 sera versée. L’aide est attribuée aux<br />

entreprises quelle que soient leur taille (sans condition<br />

pour les moins de 250 salariés) et leur secteur pour<br />

préparer un diplôme ou un titre jusqu’au niveau master.<br />

Car c’est la bonne nouvelle : alors qu’elle ne l’était<br />

pas au début des discussion les parlementaires ont<br />

obtenu que cette aide exceptionnelle aux entreprises<br />

s’applique finalement pour les recrutements en master<br />

et équivalent (formations d’ingénieurs, formations<br />

de management, etc.). Là<br />

encore ce n’était pas prévu<br />

initialement : cette aide est<br />

également versée pour la<br />

conclusion de contrats de<br />

professionnalisation.<br />

Augmenter le nombre<br />

de formations qualifiantes.<br />

Pour faire face<br />

à la hausse attendue de<br />

la demande d’emploi des<br />

jeunes, quel que soit leur<br />

niveau de qualification, et à un déficit de compétences<br />

au regard des transformations du marché du travail<br />

touchant notamment les moins qualifiés d’entre eux,<br />

1,6 milliard d’euros sont mobilisés pour augmenter le<br />

nombre de formations qualifiantes à disposition de<br />

l’ensemble des jeunes qui arrivent sur le marché du<br />

travail dès ce mois <strong>septembre</strong>. Dans ce cadre ce sont<br />

30 000 places de plus qui vont être ouvertes dans l’enseignement<br />

supérieur entre <strong>2020</strong> et 2022. Elles seront<br />

financées dans le cadre du plan de relance à hauteur<br />

de 180 millions d’euros. Comme l’explique la ministre<br />

de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de<br />

l’Innovation, Frédérique Vidal, dans Le Figaro : « elles<br />

le seront notamment dans la santé et le paramédical,<br />

le numérique et le développement durable, toutes ces<br />

filières en tension, qui ont pris du sens au vu de ce qui<br />

s’est passé ces derniers mois. » Ont déjà été annoncées<br />

cet été 10 000 places pour la rentrée <strong>2020</strong> notamment<br />

dans les formations de santé et les licences.<br />

300 000 parcours d’accompagnement et d’insertion.<br />

Pour faciliter l’insertion des jeunes les plus<br />

éloignés de l’emploi, le plan de relance mobilise 1,3<br />

Md €, ce qui permet de proposer 300 000 parcours<br />

d’accompagnement et d’insertion sur mesure et de lutter<br />

contre la précarité à travers trois dispositifs : la garantie<br />

jeunes et l’accompagnement intensif des jeunes, les<br />

contrats aidés et l’insertion par l’activité économique,<br />

l’accompagnement à la création d’entreprises.<br />

300 000 parcours<br />

d’accompagnement<br />

et d’insertion<br />

Pour faciliter l’insertion<br />

des jeunes les plus<br />

éloignés de l’emploi, le<br />

plan de relance mobilise<br />

1,3 Md €, ce qui permet de<br />

proposer 300 000 parcours<br />

d’accompagnement et<br />

d’insertion sur mesure<br />

et de lutter contre la<br />

précarité à travers trois<br />

dispositifs : la garantie<br />

jeunes et l’accompagnement<br />

intensif des jeunes, les<br />

contrats aidés et l’insertion<br />

par l’activité économique,<br />

l’accompagnement à la<br />

création d’entreprises.<br />

8


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Ce qu’il faut retenir<br />

du rapport de la médiatrice<br />

La question de la correction des copies du bac a particulièrement<br />

retenu l’attention de la médiatrice de l’éducation nationale<br />

et de l’enseignement supérieur, Catherine Becchetti-Bizot,<br />

dans son rapport annuel publié le 17 juillet.<br />

Un bac 2019 mouvementé. Alors que la<br />

session 2019 du bac a été émaillée d’incidents<br />

divers (erreurs dans les sujets de mathématiques<br />

pour les séries S et ES, notes attribuées<br />

sur des copies qui ont pu paraître non représentatives<br />

du niveau habituel de l’élève, « avec la suspicion qu’elles<br />

aient été utilisées comme moyen de protestation »,<br />

rétention de copies par des correcteurs suite à un<br />

mouvement de grève), la médiation s’est arrêtée sur<br />

la demande de familles qui faisaient état de copies<br />

ne comportant qu’une note globale, notamment pour<br />

l’épreuve de mathématiques. La médiatrice est donc<br />

intervenue, à plusieurs reprises, auprès du service<br />

d’examens concerné pour demander la vérification<br />

du décompte des notes de ces copies. Mais voilà les<br />

services d’examens ne l’entendaient pas de cette oreille,<br />

notamment parce que la réglementation du baccalauréat<br />

ne prévoie pas la possibilité pour un candidat de se<br />

voir accorder une nouvelle correction. Dans la ligne<br />

d’une jurisprudence constante, le juge administratif<br />

rappelle d’ailleurs régulièrement « qu’il n’appartient pas<br />

au recteur de l’académie, dans le ressort de laquelle<br />

siège un jury d’examen, de demander à ce dernier de<br />

faire procéder à une nouvelle correction d’une copie<br />

dont la notation est jugée insuffisante par le candidat<br />

qui l’a remise. »<br />

Pas découragée la médiatrice rappelle que lorsqu’un<br />

règlement d’examen prévoit expressément une notation<br />

exercice par exercice, le candidat, « qui a droit<br />

à la communication de sa copie, ainsi que le jury de<br />

délibération devraient pouvoir vérifier que tous les<br />

exercices ont été notés et qu’aucune erreur matérielle<br />

n’a été commise dans le décompte des points ». Une<br />

recherche de jurisprudence a été faite sur ce point<br />

particulier. Il en est ressorti que le juge administratif<br />

va jusqu’à procéder à une vérification de la bonne<br />

application du barème quand il est saisi sur cette<br />

épreuve de mathématiques.<br />

La médiatrice espère maintenant que « la mise en place<br />

de la dématérialisation de la correction des copies (qui<br />

pourrait être étendue, à terme, aux épreuves finales)<br />

sera saisie comme une opportunité pour<br />

rendre cette étape de la correction incontournable,<br />

et apporter ainsi une réponse<br />

complète à ces dossiers douloureux<br />

pour des candidats qui, parfois, sont<br />

confortés dans leur incompréhension<br />

par un enseignant de leur entourage ». Ce<br />

serait un vrai progrès contre un certain<br />

arbitraire régulièrement dénoncé…<br />

Dans le détail avec 31% des dossiers,<br />

les inscriptions sont le principal motif<br />

des quelques 10 500 saisines d’usagers<br />

clôturées en 2019. Suivent les questions<br />

de vie scolaire et universitaire (26%) et d’examens et<br />

concours (19%). Avec une hausse de 17% du nombre<br />

de dossiers ces derniers sont ceux qui connaissent la<br />

plus forte expansion en un an derrière les questions<br />

financières et sociales (19% de hausse).<br />

Spécifiquement dans l’enseignement supérieur<br />

les requérants sont en majorité des étudiants inscrits<br />

à l’université (65% des saisines). Les élèves de BTS<br />

représentent 22%. Les étudiants de CPGE, des grandes<br />

écoles et de l’enseignement à distance, 13% du total :<br />

• 40% des saisines concernent les questions financières<br />

et sociales et, parmi elles, 87% les demandes de<br />

bourses et 13% les frais d’inscription ou de scolarité ;<br />

• parmi les 24 % qui concernent l’inscription et l’orientation<br />

dans les formations du supérieur, 52 % ont<br />

trait à des questions d’inscription, 19 % concernent<br />

l’orientation post bac (Parcoursup), 27 % l’accès au<br />

master et 2 % l’enseignement à distance ;<br />

• 25 % concernent les examens et concours d’entrée<br />

dans les écoles ; parmi elles, la plus grande partie<br />

(67 % des saisines) porte sur la contestation de résultat<br />

aux examens et les autres sur des questions<br />

d’inscription aux examens, de délivrance du diplôme,<br />

de demande de consultation de copie ou de compte<br />

rendu d’épreuve orale, ou encore de VAE.<br />

Parmi les personnels les 3221 dossiers clôturés en<br />

2019 concernent d’abord les questions financières<br />

(24%) devant les mutations/affectations (17%).<br />

Catherine Becchetti-Bizot<br />

remet son rapport<br />

à Jean-Michel Blanquer<br />

9


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Diversité sociale dans<br />

l’enseignement supérieur :<br />

le comité nommé<br />

C’est un sujet crucial pour les Grandes écoles et les classes préparatoires :<br />

présidé par Martin Hirsch, le Comité stratégique « Diversité sociale<br />

dans l’enseignement supérieur » a été constitué cet été.<br />

En octobre 2019 la remise des rapports des écoles<br />

normales supérieures (Paris, Lyon, Rennes,<br />

Saclay), de trois écoles de commerce (ESSEC,<br />

ESCP et HEC), ainsi que de l’Ecole Polytechnique<br />

sur l’ouverture sociale des grandes écoles avait fait<br />

grand bruit. Depuis il ne se passait pas grand-chose.<br />

Le 20 juillet Frédérique Vidal, a procédé à l’installation<br />

du Comité stratégique « Diversité sociale dans l’enseignement<br />

supérieur » qui sera, directeur de l’AP-HP mais<br />

aussi président de l’Institut de l’Engagement qui permet<br />

chaque année à des milliers de jeunes engagés dans<br />

un volontariat ou un bénévolat soutenu de « valoriser<br />

leur engagement et structurer leur projet d’avenir ».<br />

Intégrer l’ensemble des bacheliers. Le comité a<br />

vocation à « intégrer l’ensemble des bacheliers, avec<br />

une attention toute particulière portée aux voies technologiques<br />

et professionnelles, qui doivent s’inscrire<br />

dans ces mêmes parcours d’accès à l’excellence pour<br />

chacun ». A l’occasion du lancement du comité stratégique,<br />

Frédérique Vidal a déclaré : « Les diplômés de<br />

demain doivent être à l’image de la diversité de la France<br />

d’aujourd’hui. De nombreuses démarches d’ouverture<br />

ont été engagées dans les établissements. Nous devons<br />

désormais aller encore plus loin dans l’égalité des<br />

chances et la mixité sociale. C’est tout l’objet du Comité<br />

que nous lançons pour mener une réflexion d’ensemble,<br />

coordonnée, structurée et cohérente, à l’échelle du<br />

territoire », indique Frédérique Vidal en demandant au<br />

comité de faire des recommandations pour :<br />

• diversifier les voies d’excellence ;<br />

• ouvrir de nouvelles voies d’accès ;<br />

• étendre la diversité sociale à la diversité géographique ;<br />

• multiplier les dispositifs visant à lutter contre l’autocensure<br />

et l’assignation à « résidence sociale ».<br />

Pour ce faire, plusieurs pistes de travail, déjà largement<br />

évoquées dans le rapport d’octobre 2019, pourront<br />

être étudiées :<br />

• développer et diversifier davantage les dispositifs<br />

comme les Cordées de la réussite ;<br />

• multiplier les cycles préparant à l’enseignement<br />

supérieur ;<br />

• diversifier les profils des étudiants en CPGE et filières<br />

sélectives ;<br />

• déconcentrer l’excellence vers l’ensemble des territoires<br />

français ;<br />

• accompagner systématiquement les boursiers préparant<br />

les épreuves ;<br />

• étudier la proposition d’attribuer des points de bonification<br />

dans les épreuves aux concours ;<br />

• créer des passerelles en cours de cursus.<br />

Les membres. Sont membres du comité les principaux<br />

responsables des conférences représentatives de<br />

l’enseignement supérieur, la présidente de la Fage et<br />

des personnalités civiles particulièrement impliquées<br />

dans le dossier :<br />

• Martin Hirsch – président, directeur général de l’Assistance<br />

publique – Hôpitaux de Paris ;<br />

• Martine Breyton, présidente de l’APLCPGE (Association<br />

des Proviseurs de Lycées ayant des Classes<br />

Préparatoires aux Grandes Ecoles) et proviseure du<br />

lycée Henri-IV ;<br />

• Olivier Sidokpohou, inspecteur général de l’enseignement<br />

supérieur, notamment en charge du dossier des<br />

classes préparatoires ;<br />

• Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents<br />

d’université ;<br />

• Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des<br />

grandes écoles ;<br />

• Jacques Fayolle, président de la Conférence des<br />

directeurs des écoles françaises d’ingénieur ;<br />

• Christophe Paris, président de l’Association de la<br />

Fondation étudiante pour la ville (Afev) ;<br />

• Saïd Hammouche, président de Mozaïc RH, cabine de<br />

recrutement et conseil en diversité ; etc.<br />

Les autres membres<br />

• Samira Djouadi, présidente<br />

de la Fondation TF1 ;<br />

• Florence Rodet, secrétaire<br />

générale de la RATP ;<br />

• Jean-Pierre Boisivon,<br />

chercheur, ancien directeur<br />

général de l’ESSEC et<br />

président du CNED,<br />

administrateur de la<br />

Fondation Avenir Ensemble,<br />

ancien délégué général de<br />

l’Institut de l’entreprise ;<br />

• Pap n’Diaye, chercheur ;<br />

• Louis-Andre Vallet,<br />

chercheur ;<br />

• Orlane François,<br />

présidente de la FAGE ;<br />

• Jean-Marie Marx,<br />

Haut-commissaire<br />

aux compétences et à<br />

l’inclusion par l’emploi ;<br />

• Un représentant du<br />

ministère de l’Education<br />

nationale, de la Jeunesse<br />

et des Sports ;<br />

• Un représentant du<br />

ministère de l’Economie,<br />

des Finances et de<br />

la Relance.<br />

10


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Thèse annulée à Paris 1 :<br />

les tenants et les aboutissants<br />

La section disciplinaire du conseil académique de l’université Paris 1<br />

Panthéon-Sorbonne a rendu une décision exceptionnelle le 21 juillet :<br />

à l’issue d’une enquête approfondie résumée en 40 pages, la section retire<br />

à l’avocat Arash Derambarsh son doctorat obtenu en 2015.<br />

Le jugement. Dans son jugement établi après<br />

l’utilisation du logiciel Compilatio, la section établit<br />

que « le manuscrit de thèse d’Arash Derambarsh<br />

est quasi intégralement composé d’un assemblage<br />

de textes, produits dans un contexte académique ou<br />

publiés par d’autres auteurs que lui-même, et recopiés<br />

selon un ou plusieurs des procédés plagiaires visant<br />

à faire accroire au lecteur qu’Arash Derambarsh en<br />

est l’auteur ». Le plagiat étant établi avec pour « fait<br />

aggravant » le refus de l’intéressé de la reconnaître,<br />

ainsi que la « production de versions falsifiées de la<br />

thèse devant la section disciplinaire », la section prononce<br />

également une exclusion définitive de l’auteur de<br />

tout établissement public d’enseignement supérieur.<br />

Un doctorat pour (enfin) devenir avocat. Avocat,<br />

élu divers droite à Courbevoie depuis 2014, connu<br />

pour sa lutte contre le gaspillage alimentaire, auteur<br />

d’un ouvrage à succès « Tomber 9 fois, se relever 10,<br />

échec scolaire : ne jamais lâcher » (Le Cherche Midi,<br />

2019), Arash Derambarsh a obtenu son doctorat le 11<br />

décembre 2015. Son obtention lui permet d’intégrer<br />

l’Ecole de formation professionnelle des barreaux de<br />

la Cour d’appel de Paris sans passer l’examen d’entrée.<br />

Un examen auquel Arash Derambarsh avait déjà échoué<br />

deux fois avant que ses qualités de juriste d’entreprise,<br />

dont il se prévalait pour intégrer la formation, soient<br />

également invalidées par le Conseil de l’ordre.<br />

Un jury trop proche ? Cinq ans plus tard, en février<br />

<strong>2020</strong>, le compte Twitter anonyme Thèse et synthèse<br />

fait la démonstration que plus de 92% de la thèse est<br />

un pur plagiat (lire son document). Mais c’est dès juillet<br />

2019 que l’université avait déclenché une procédure<br />

soupçonnant son jury de complaisance. La thèse était<br />

pourtant dirigée par Bruno Dondero, professeur réputé<br />

et directeur du Centre audiovisuel d’études juridiques<br />

(CAVEJ) de Paris 1, mais il n’avait fait que reprendre le<br />

flambeau après que le précédent directeur ait préféré<br />

se désister. Quant aux jury ; il était présidé par<br />

Frédéric Lefebvre, un député UMP devenu lui-même<br />

avocat, et composé notamment de Bruno Dondero<br />

et Francis Szpiner, le célèbre avocat parisien. « Il est<br />

notoire qu’un ouvrage de Frédéric Lefebvre a été édité<br />

par M. Derambarsh aux éditions du Cherche Midi en<br />

2011 », souligne l’instance. Un autre membre du jury,<br />

le maître de conférences Oleg Curbatov présidait par<br />

ailleurs une association culturelle dans la municipalité<br />

dont Arash Derambarsh est élu.<br />

Pourquoi garder la thèse confidentielle jusqu’en…<br />

2047? Encore plus étonnant : la thèse d’Arash Derambarsh<br />

ne devait être rendue publique que le… 23 mars<br />

2047 ! Arash Derambarsh expliquait en effet au Point<br />

en février <strong>2020</strong> qu’elle contenait des éléments « secret-défense<br />

», l’auteur ayant eu accès à des données<br />

sensibles de la Direction générale de la police nationale<br />

(DGPN) : « Ce sont mes jurés de thèse qui l’avaient<br />

décidé ». Ce que démentait alors totalement Bruno<br />

Dondero. Finalement, après que des professeurs de<br />

droit de plusieurs universités françaises l’aient réclamé,<br />

l’université accepte qu’une version numérique soit mise<br />

à disposition sur deux postes informatiques - sans<br />

possibilité d’imprimer ou de faire des recherches dans<br />

le document - en avril 2019. C’est à ce moment que les<br />

experts de Thèse et synthèse ont pu commencer leur<br />

travail d’investigation.<br />

Une plainte au civil. Thomas Clay a pris le 2 <strong>septembre</strong><br />

la présidence par intérim de l’université Paris<br />

1 Panthéon-Sorbonne. Et sa première décision est<br />

spectaculaire : il saisit le procureur de Paris, Rémy Heitz,<br />

de l’affaire de la thèse annulée de Arash Derambarsh en<br />

expliquant dans Le Monde avoir « voulu que symboliquement,<br />

ce soit la première mesure que je prenne, comme<br />

le signe d’une remise aux normes de cette université<br />

qui en a besoin, explique M. Clay au Monde. Il faut que<br />

cette affaire emblématique et inédite – la première de<br />

ce niveau-là avec une thèse annulée – soit soldée au<br />

plus vite ». Docteur en droit et professeur agrégé de<br />

droit privé à l’École de droit de la Sorbonne, Thomas<br />

Clay entend ainsi rétablir la réputation de son université.<br />

Arash Derambarsh<br />

dénonce une<br />

« machination »<br />

Il entend faire appel de la<br />

décision devant le Conseil<br />

national de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche :<br />

« Il n’y a pas de plagiat<br />

dans cette thèse, à aucun<br />

moment je ne récupère une<br />

idée de quelqu’un d’autre.<br />

Par contre, c’est vrai, il y a<br />

un problème de forme, les<br />

citations ne sont pas mises<br />

au bon endroit. (… ) Si moi<br />

je suis dans la fraude – je<br />

ne le suis pas –, alors la<br />

Sorbonne est complice<br />

puisqu’elle a validé toutes<br />

les étapes de ma thèse ».<br />

11


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Stéphan Bourcieu<br />

DIRECTEUR DE BURGUNDY SCHOOL OF BUSINESS<br />

« Nous aurions affecté toutes nos places<br />

si le contexte avait été normal »<br />

Le Sigem n’a pas répondu ses attentes<br />

cet été. Pas de quoi décourager<br />

le directeur de Burgundy School<br />

of Business (BSB), Stéphan Bourcieu,<br />

concentré sur une année <strong>2020</strong>-21<br />

qui verra son école ouvrir un deuxième<br />

campus à Lyon. Il nous livre son analyse<br />

des résultats du Sigem et sa vision<br />

de l’avenir.<br />

Olivier Rollot : Avec la crise du Covid-19<br />

qui n’en finit pas, la rentrée <strong>2020</strong><br />

est forcément très particulière dans<br />

l’enseignement supérieur.<br />

Comment se déroule-t-elle à BSB ?<br />

Stéphan Bourcieu : La rentrée se fait en plusieurs<br />

temps cette année, avec d’abord les élèves de troisième<br />

année du Master Grande Ecole le 1er <strong>septembre</strong> puis le<br />

7 <strong>septembre</strong> les nouveaux entrants. Dans le contexte<br />

sanitaire que vous rappelez, nos cours vont être délivrés<br />

à 90% en présentiel et à 100% pour les étudiants de<br />

première année. Seuls les étudiants internationaux qui<br />

n’ont pas pu nous rejoindre, ou français « cas contact »<br />

pendant un temps de quarantaine, suivront tous leurs<br />

cours à distance. J’ajoute que tous nos cours sont<br />

aujourd’hui disponibles simultanément en présentiel<br />

et en distanciel grâce à nos investissements dans le<br />

distance learning.<br />

O. R : Que se passerait-il si vous constatiez<br />

des cas de Covid sur vos campus ?<br />

S. B : Nous avons plusieurs plans prévus. Le plan A<br />

appliqué aujourd’hui avec des masques obligatoires<br />

dont nous avons fait des stocks, les règles de distance<br />

sociale et mesures barrières. Le plan B dans lequel les<br />

cours se feront par tiers de classe : un tiers des élèves<br />

en présentiel et deux tiers en distanciel, avec une rotation<br />

hebdomadaire. Et le plan C de retour au tout distanciel<br />

comme après le 11 mars. Des fermetures ponctuelles<br />

de classes et même d’établissements sont probables.<br />

On le constate déjà dans l’enseignement primaire et<br />

secondaire et il faut se préparer à toutes les situations.<br />

O. R : Votre actualité de l’été, c’est d’abord<br />

de ne pas avoir rempli toutes les places<br />

que vous proposiez aux élèves de classes<br />

préparatoires dans le cadre du Sigem (il en<br />

reste 62 sur les 250 ouvertes). Comment<br />

l’expliquez-vous ?<br />

S. B : Tous canaux de recrutement confondus, BSB<br />

fait cette année la meilleure rentrée de son histoire. En<br />

bachelor, dans un contexte où il semble que beaucoup<br />

d’écoles aient eu des difficultés de remplissage avec<br />

Parcours Sup, nous augmentons significativement nos<br />

effectifs en passant en un an de 130 à 176 étudiants<br />

à Dijon. A Lyon la progression est plus modérée – de<br />

46 à 53 étudiants. Nous serons en mesure d’accueillir<br />

plus d’élèves en 2021 une fois notre nouveau campus<br />

lyonnais inauguré. Sur Lyon, nous passons déjà de<br />

230 à 340 étudiants avec la montée en puissance du<br />

12<br />

Le congrès annuel<br />

de l’APHEC<br />

Covid-19 oblige il a été<br />

repoussé de plusieurs mois.<br />

C’est finalement les 16 et 17<br />

octobre que le congrès annuel<br />

de l’APHEC a lieu dans les<br />

locaux de BSB à Dijon. Après<br />

Neoma en 2019 et Kedge en<br />

2018 l’occasion de poursuivre<br />

les débats sur le continuum<br />

mais aussi bien évidemment<br />

sur la réforme des classes<br />

préparatoires en cours.


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Master Grande Ecole. Un Master Grande Ecole pour<br />

lequel les recrutements en admission sur titre ont<br />

également progressé : de 170 nous sommes passés<br />

à 180 étudiants à bac+2 et de 140 à 180 à bac+3. Enfin<br />

nos effectifs d’étudiants internationaux ont également<br />

un peu progressé avec des étudiants présents sur le<br />

campus et d’autres qui vont d’abord suivre leurs cours<br />

à distance et attendent leur visa ou de faire leur rentrée<br />

en janvier prochain. Au global, même avec cet incident<br />

sur le recrutement en classes préparatoires, nous<br />

connaissons toujours une croissance significative et<br />

le même équilibre économique.<br />

O. R : Depuis 2013, la progression de vos<br />

effectifs issus de classes préparatoires a été<br />

remarquable, passant de 106 à 255 en 2019.<br />

Comment analysez-vous le coup d’arrêt<br />

brutal intervenu cette année ?<br />

S. B : Passer de 250 à 188 étudiants, c’est une déception<br />

que nous expliquons par trois raisons. La première,<br />

c’est la fixation d’une barre d’admission un peu haute.<br />

Nous avons en effet voulu maintenir la barre, passée<br />

de 7,6 à 7,67. Ce n’était pas une bonne idée de le faire<br />

cette année mais nous ne voulions pas remettre en<br />

cause une hausse régulière de notre barre depuis 7<br />

ans. C’est un indicateur important de la valeur d’une<br />

école. Nous n’avions d’ailleurs pas voulu augmenter<br />

le nombre de places cette année avec la volonté de<br />

monter cette barre.<br />

L’absence d’oraux est le facteur principal. Il démontre<br />

par l’absurde la pertinence de notre modèle fondé sur<br />

l’accompagnement et la proximité, qui doit se vivre au<br />

travers de l’expérience BSB d’accueil des admissibles.<br />

Major Prépa nous a d’ailleurs toujours placé à la 1ère<br />

ou 2ème place pour la qualité de cet accueil qui donne<br />

envie à beaucoup d’étudiants de nous rejoindre. Il faut<br />

comprendre qu’ils n’ont pour la plupart aucun avis<br />

sur Dijon et qu’ils découvrent une très belle ville qui<br />

est aussi une métropole dynamique, agréable, avec<br />

notre campus en plein centre. Autant d’éléments que<br />

le digital ne permet pas de montrer. C’est grâce à cette<br />

expérience que vivent les candidats que nous avons<br />

réussi à atteindre la 15ème place dans le Sigem en 2018<br />

et 2019, quand les classeurs nous voient en moyenne<br />

à la 21ème place. BSB est une école expérientielle qu’il<br />

faut venir vivre. Elément de confirmation : nous avons<br />

obtenu cette année de très bons résultats dans les<br />

lycées dont les élèves étaient venus nous visiter avant<br />

la crise du Covid. A contrario, nous ne recevons par<br />

exemple aucun élève cette année du Lycée Bellepierre<br />

de La Réunion. Depuis cinq ans, cinq à huit candidats de<br />

cette prépa nous rejoignaient chaque année après des<br />

oraux à l’issue desquels ils nous exprimaient combien<br />

ils s’étaient « sentis chez eux ».<br />

Enfin, nos classements dans la presse un peu décevants<br />

cette année ont pu d’autant plus jouer un rôle qu’ils<br />

n’étaient pas contrebalancés par les oraux.<br />

O. R : Comment se caractérisent les 188<br />

élèves qui ont rejoint votre Master Grande<br />

Ecole cette année ?<br />

S. B : Ce sont des élèves qui nous connaissent et<br />

apprécient notre dynamique et les valeurs de notre<br />

Ecole. Comme les autres années, un certain nombre<br />

aurait également pu intégrer des écoles mieux classées.<br />

Mais ce qui caractérise le plus cette promotion,<br />

c’est la proportion de filles : 71% quand elles étaient<br />

56% l’année dernière. Nous recevons ainsi le même<br />

nombre de filles qu’en 2019. Pourquoi ? Sont-elles<br />

mieux informées ? Les oraux ont-ils moins d’impact<br />

sur elles que sur les garçons ? Nous avons en tout le<br />

L’accueil au cœur<br />

Il n’y a pas qu’à l’occasion<br />

des oraux que la qualité de<br />

l’accueil de BSB est célébrée.<br />

Fin 2019 Le Learning Center<br />

de BSB a ainsi obtenu le<br />

Prix de l’Accueil dans le<br />

cadre du 10e Grand Prix<br />

Livres Hebdo. BSB est<br />

ainsi la première école de<br />

management française à<br />

recevoir un prix du magazine<br />

professionnel Livres Hebdo<br />

après le Learning Center<br />

de l’Université de Lille et la<br />

bibliothèque de l’Université<br />

Aix-Marseille. « C’est la<br />

recherche de l’excellence<br />

que nous avons voulu<br />

récompenser en attribuant<br />

le prix de l’Accueil à<br />

la Burgundy School of<br />

Business de Dijon, pour le<br />

soin apporté à toutes les<br />

réflexions qui ont conduit<br />

au réaménagement des<br />

espaces et des services,<br />

en particulier de l’accueil<br />

comme troisième lieu »,<br />

soulignait à l’époque Marie-<br />

Christine Doffey, directrice<br />

de la Bibliothèque nationale<br />

suisse et membre du jury.<br />

13


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

cas la conviction que nous aurions affecté toutes nos<br />

places si le contexte avait été normal.<br />

O. R : Comment allez-vous recruter en 2021 ?<br />

S. B : Si par malheur il n’y avait toujours pas d’accueil des<br />

admissibles il est clair qu’il faudrait revoir la dimension<br />

expérientielle de notre recrutement. Par ailleurs nous<br />

travaillons sur des évolutions de notre Master Grande<br />

Ecole, que nous présenterons les 16 et 17 octobre lors<br />

de l’assemblée générale de l’APHEC (Association des<br />

professeurs des classes préparatoires économiques<br />

et commerciales) qui se tient dans nos murs.<br />

O. R : Tous les indicateurs prévoient que les<br />

jeunes diplômés vont avoir du mal à trouver<br />

un emploi cette année. Avez-vous déjà des<br />

indications en ce sens ?<br />

S. B : Il est trop tôt pour faire le point mais c’est un<br />

risque, alors que nous sortions d’une année exceptionnelle<br />

en termes de recrutement. Jamais nos diplômés<br />

ne s’étaient aussi bien placés qu’en 2019. Comment<br />

vont-ils réagir ? Ils avaient déjà la culture de prendre<br />

une année « off » pour faire autre chose. Cela sera peutêtre<br />

une option pour certains ? C’est bien évidemment<br />

plus délicat pour ceux qui ont des prêts à rembourser.<br />

D’autres vont poursuivre leurs études. Nous constatons<br />

déjà un afflux d’étudiants en alternance dans notre<br />

troisième année de bachelor. Beaucoup seraient sans<br />

doute entrés sur le marché du travail après leur <strong>DU</strong>T<br />

ou leur BTS sinon.<br />

Par ailleurs, nous constatons que les contrats d’alternance<br />

connaissent un vrai rebond en cette rentrée.<br />

Cet été, et alors que nous avons doublé leur nombre<br />

pour passer à 200 par an, le démarrage avait été plus<br />

difficile. D’autant que les aides gouvernementales ne<br />

devaient initialement pas concerner les étudiants<br />

au-delà de bac+3.<br />

Dans tous les cas de figure, nous devrons donner le<br />

maximum pour les accompagner.<br />

O. R : Plus largement, comment les Grandes<br />

écoles vont-elles se comporter dans les<br />

années à venir si la crise économique s’avère<br />

aussi dure qu’on le craint ?<br />

S. B : En temps de crise il faut d’autant plus investir<br />

dans l’avenir de ses enfants. Or les Grandes écoles<br />

font depuis longtemps la preuve de leur efficacité en<br />

la matière.<br />

O. R : Dans ce contexte, allez-vous<br />

suspendre les augmentations jusqu’ici assez<br />

régulières de vos frais de scolarité ?<br />

S. B : C’est une décision que nous avons effectivement<br />

prise alors que nous touchons 0 euro d’argent public<br />

depuis 2018.<br />

O. R : Après Lyon, avez-vous d’autres projets<br />

d’implantation ?<br />

S. B : Nous avons été sollicités pour nous implanter<br />

dans d’autres villes de Bourgogne Franche-Comté mais<br />

cela ne nous paraît pas pertinent. Notamment en raison<br />

de la difficulté de maintenir le taux de couverture des<br />

cours par des professeurs permanents que requiert<br />

la Commission d’évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion (CEFDG).<br />

A Lyon, nous allons vraiment passer la surmultipliée<br />

en passant dans les années à venir à 700 et 800 étudiants,<br />

pour créer ainsi un deuxième vrai campus BSB.<br />

Dans le 8ème arrondissement de Lyon, à proximité du<br />

siège Europe de Panzani et du siège France de Merck,<br />

nous allons nous installer au sein de l’ancien centre de<br />

formation de cette dernière. Un formidable outil de<br />

3000 m2 avec un amphi de 200 places<br />

Un coach international<br />

En octobre 2019, Uri<br />

Gneezy, l’un des plus grands<br />

spécialistes mondiaux de<br />

l’économie expérimentale,<br />

a rejoint Burgundy School<br />

of Business (BSB) en tant<br />

que coach international.<br />

Pendant trois ans, il encadre<br />

l’équipe de chercheurs en<br />

sciences comportementales<br />

de l’école, avec l’objectif<br />

« d’élever le niveau des<br />

publications de recherche<br />

et de viser des financements<br />

toujours plus importants<br />

pour les projets menés ».<br />

14


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

DOSSIER<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Sigem <strong>2020</strong> :<br />

qu’en retenir ?<br />

Pas de « classement Sigem » cette année : la<br />

majorité des écoles de management françaises a<br />

voté pour que seul le nombre d’admis soit révélé. On<br />

ne sait donc pas quelle école ont finalement choisi<br />

les candidats quand ils avaient le choix. Il n’y en a<br />

pas moins quelques enseignements à tirer.<br />

© Shutterstock<br />

15


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Premier constat : plus d’élèves ont été<br />

affectés qu’en 2019 : 7538 contre<br />

7515 (mais jusqu’à 7574 en 2018).<br />

Deuxième constat : le nombre d’écoles<br />

qui ne font pas le plein diminue : elles sont<br />

huit cette année contre dix en 2019 (et<br />

également huit en 2018) mais il y a une<br />

école de moins (l’ESC Pau ne recrute<br />

plus sur concours commun). Résultat<br />

: le nombre de places vacantes baisse<br />

quasiment de moitié en passant à 237<br />

contre 451 places en 2019 (et 325 en<br />

2018), soit un taux de remplissage qui<br />

passe à 97% (94,3% en 2019 et 95,9%<br />

en 2018).<br />

Qui affecte ou pas ?<br />

Huit écoles n’affectent pas toutes leurs<br />

places cette année mais ce ne sont pas<br />

forcément les mêmes que les années<br />

précédentes. Après un petit trou d’air en<br />

2019, l’ICN et l’EM Strasbourg retrouvent<br />

ainsi le chemin des écoles qui affectent<br />

toutes leurs places. Quant à l’Inseec<br />

Grande école en réduisant drastiquement<br />

le nombre de places ouvertes (140 contre<br />

270) elle fait presque le plein : il ne lui<br />

manque que neuf admis.<br />

Du côté des moins bonnes nouvelles l’ISC<br />

reste déficitaire (<strong>41</strong> élèves manquants<br />

après 50 en 2019) comme l’ESC Clermont<br />

(-30 pour -34 en 2019), SCBS (-30 après<br />

-<strong>41</strong> en 2019), La Rochelle BS (-22 après<br />

-26 en 2019) et l’ISG qui ne recrute que<br />

six candidats pour 30 places (14 reçus<br />

en 2019). Si elle ne fait pas le plein Brest<br />

BS (il s’en faut de 18 élèves) est l’auteure<br />

d’une belle remontada : elle passe en un<br />

an de deux à 12 candidats reçus !<br />

Mais la vraie mauvaise nouvelles se trouve<br />

du côté de BSB : après des années d’une<br />

progression remarquable l’école dijonnaise<br />

voit 62 des 250 places qu’elle avait<br />

ouverte ne pas trouver preneur. En cause<br />

sans doute des places assez décevantes<br />

dans les classements de la presse cette<br />

année mais aussi et surtout l’absence<br />

d’oraux qui, de l’avis général, étaient les<br />

mieux organisés de toutes les écoles.<br />

SIGEM <strong>2020</strong><br />

TABLEAU RÉCAPITULATIF PAR ÉCOLE<br />

ÉCOLE<br />

Candidats<br />

Classés<br />

Ayant<br />

dont liste<br />

exprimé<br />

complémentai<br />

des vœux<br />

re<br />

Affectés<br />

Rang dernier<br />

affecté<br />

% affectés<br />

classés<br />

Nombre<br />

de places<br />

Résultat<br />

Taux de<br />

remplissage<br />

AUDENCIA Business School 7 810 3 503 2 575 530 2925 83% 530 0 100%<br />

Brest Business School 1 621 1 372 322 12 1367 100% 30 -18 40%<br />

BSB Burgundy School of Business 3 105 2 140 1 131 188 2133 100% 250 -62 75%<br />

EM Normandie 2 462 1 932 892 90 1905 99% 90 0 100%<br />

École Spéciale Militaire de SAINT-CYR 205 53 53 <strong>41</strong> 42 79% <strong>41</strong> 0 100%<br />

EDHEC Business School 7 447 2 500 2 107 520 1917 77% 520 0 100%<br />

EM Strasbourg Business School 7 754 6 826 2 553 230 6489 95% 230 0 100%<br />

EM Strasbourg Business School BEL-B/L 755 595 174 20 542 91% 20 0 100%<br />

emlyon business school 7 339 2 120 1 715 540 2094 99% 540 0 100%<br />

ENS Paris-Saclay 910 0 0 0 - 0 0<br />

ENSAE Paris 599 157 113 14 142 90% 14 0 100%<br />

ESCP Europe 6 186 1 263 1 139 <strong>41</strong>0 1105 87% <strong>41</strong>0 0 100%<br />

ESSEC Business School 5 886 1 115 1 013 420 789 71% 420 0 100%<br />

GRENOBLE École de Management 7 356 3 607 2 592 500 3305 92% 500 0 100%<br />

ESC CLERMONT 1 844 1 504 526 40 1504 100% 70 -30 57%<br />

HEC Paris 5 318 400 399 399 400 100% 400 -1 100%<br />

ICN Business School 2 381 1 939 1 116 250 1711 88% 250 0 100%<br />

INSEEC School of Business and Economics 2 400 1 917 907 131 1915 100% 140 -9 94%<br />

Institut Mines-Télécom Business School 2 653 1 950 1 0<strong>41</strong> 180 1618 83% 180 0 100%<br />

ISC Paris Grande école 1 964 1 584 637 69 1582 100% 110 -<strong>41</strong> 63%<br />

ISG International Business School 1 635 1 311 392 6 1309 100% 30 -24 20%<br />

KEDGE Business School 7 754 6 306 3 982 545 4869 77% 545 0 100%<br />

KEDGE Business School BEL-B/L 755 594 272 30 <strong>41</strong>9 71% 30 0 100%<br />

La Rochelle Business School 2 644 1 987 930 78 1981 100% 100 -22 78%<br />

Montpellier Business School 4 427 2 978 1 897 260 2271 76% 260 0 100%<br />

NEOMA Business School 7 754 5 106 3 542 690 3921 77% 690 0 100%<br />

NEOMA Business School BEL-B/L 755 496 256 80 360 73% 80 0 100%<br />

RENNES School of Business 7 754 6 592 3 211 310 5<strong>41</strong>6 82% 310 0 100%<br />

RENNES School of Business BEL-B/L 755 576 204 15 461 80% 15 0 100%<br />

SKEMA Business School 7 853 4 819 3 700 540 2994 62% 540 0 100%<br />

SOUTH CHAMPAGNE BUSINESS SCHOOL 1 536 1 272 340 25 1270 100% 55 -30 45%<br />

TBS 5 942 3 502 2 398 375 2996 86% 375 0 100%<br />

Total colonne 124 970 72 016 42 129<br />

Candidat BCE & ECRICOME 10 232 9 351 8 106<br />

7 538 7 775 -237<br />

97%<br />

16


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

« L’absence d’oraux démontre par l’absurde<br />

la pertinence de notre modèle fondé<br />

sur l’accompagnement et la proximité,<br />

qui doit se vivre au travers de l’expérience<br />

BSB d’accueil des admissibles »,<br />

commente le directeur général de BSB<br />

Stéphan Bourcieu, dont l’école a ainsi<br />

toujours été placée à la 1ère ou 2ème<br />

place pour la qualité de son accueil par<br />

Major Prépa.<br />

D’autres éléments de réflexion<br />

Le pourcentage d’affectés parmi les<br />

étudiants classés permet également<br />

d’analyser les performances des écoles.<br />

Et là, comme en 2019, emlyon a dû puiser<br />

très loin dans son vivier pour faire le<br />

plein en recrutant finalement 99% des<br />

candidats qu’elle avait classés. Brest BS,<br />

BSB, ESC Clermont, Inseec, ISC, ISG, La<br />

Rochelle BS et SCBS montent de leur côté<br />

jusqu’à 100%. De même que HEC qui n’en<br />

classait seulement que 400 et n’aurait<br />

donc perdu qu’un seul candidat (au profit<br />

de l’Essec ?) cette année. l’Etudiant a<br />

justement choisi de prendre en compte<br />

ces critères (attractivité, sélectivité et<br />

remplissage final) plus la note d’admissibilité<br />

pour établir un classement Sigem<br />

alternatif (lire ci-contre). Autre méthode<br />

du côté de Major Prépa qui a compilé et<br />

vérifié les choix des étudiants au travers<br />

du recoupement des rangs de derniers<br />

intégrés. Il en sort un classement qui<br />

évolue plus que celui de l’Etudiant puisque<br />

l’Edhec prend ici l’avantage sur emlyon<br />

et Skema sur Grenoble EM. On espère<br />

retrouver de vraies données en <strong>2020</strong><br />

pour éviter tous les bruits qui courent<br />

aujourd’hui.<br />

Olivier Rollot<br />

À l’EDHEC, donner de l’élan à ses études,<br />

c’est atteindre des sommets.<br />

EDHEC GRANDE ÉCOLE<br />

En choisissant le Programme Grande École,<br />

vous vous lancez dans un parcours d’enrichissement<br />

personnel et professionnel vous<br />

permettant d’acquérir des pratiques managériales<br />

et techniques essentielles sur le marché<br />

professionnel international. Un programme,<br />

qui par sa multiplicité, vous équipera pour<br />

impacter votre carrière.<br />

Top 15 des Business Schools européennes<br />

(Financial Times European Business School ranking 2019).<br />

4 ème Grande École française<br />

(Classement Le Parisien <strong>2020</strong>).<br />

*Agissez sur le monde<br />

Clément Gavault<br />

Étudiant Master EDHEC<br />

17<br />

GE.EDHEC.E<strong>DU</strong><br />

*


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Benoit Arnaud<br />

DIRECTEUR D’EDHEC ONLINE<br />

« L’enseignement à distance remet<br />

le professeur au centre du dispositif »<br />

L’Edhec n’a pas attendu la pandémie<br />

du Covid-19 pour développer des<br />

programmes en ligne. Avec sa<br />

plateforme Edhec Online et maintenant<br />

avec l’alliance mondiale de business<br />

schools FOME (Future of Management<br />

Education) dont le directeur d’EDHEC<br />

Online, Benoît Arnaud, vient de prendre<br />

la présidence. Il revient avec nous sur<br />

ses ambitions et sur le devenir d’un<br />

enseignement en ligne devenu la norme<br />

ces derniers mois.<br />

Cet entretien a été réalisé avant la<br />

nomination de Benoît Arnaud au poste<br />

de directeur des programmes de l’Edhec<br />

Olivier Rollot : Du jour au lendemain le Online<br />

est devenu la norme dans l’enseignement<br />

supérieur. Comment l’Edhec a-t-elle vécu<br />

cette transformation express ?<br />

Benoit Arnaud : Avec l’expérience d’Edhec Online,<br />

nous avons piloté une Task Force pour basculer en ligne<br />

l’ensemble des programmes pendant le confinement,<br />

en formation initiale et en formation continue. Passée la<br />

phase de sidération dans certaines entreprises, nous<br />

avons vite accéléré : 500 cours ont été basculés en<br />

ligne en quelques jours. Ce télétravail que beaucoup<br />

croyaient jusqu’ici impossible à mettre en œuvre dans<br />

nos métiers s’est du coup imposé de lui-même dans<br />

l’éducation. De manière dédramatisée. Aujourd’hui les<br />

retours des étudiants sont très positifs. Ils se sont<br />

sentis très engagés aux côtés de professeurs qui se<br />

sont vite adaptés. D’autant que beaucoup d’apprenants<br />

se sont posé la question de reprendre une formation<br />

pendant le confinement.<br />

L’enseignement à distance est une autre forme pédagogique<br />

que pratiquent la plupart des universités dans<br />

le monde depuis longtemps. Une forme qui remet le<br />

professeur au centre du dispositif. On ne fait pas d’enseignement<br />

à distance sans professeur ! La crise nous<br />

a fait évoluer et de nouvelles habitudes ont été prises.<br />

O. R : Comment envisagez-vous la rentrée<br />

<strong>2020</strong> ?<br />

B. A : Elle n’a pas été repoussée. Elle a bien eu lieu début<br />

<strong>septembre</strong> comme d’habitude. Ensuite nous serons prêts<br />

à tout avec différents scénarios hybrides distanciel /<br />

présentiel qui permettront de respecter les normes<br />

sanitaires en donnant de l’espace à chaque étudiant.<br />

O. R : Vous avez dû adapter le travail de vos<br />

professeurs pour passer leurs cours en<br />

ligne ?<br />

B. A : Aujourd’hui, Edhec Online nourrit le blended et la<br />

pédagogie de nos professeurs. Quand un professeur doit<br />

revisiter son cours pour le diffuser en ligne il améliore<br />

également son cours en amphithéâtre. Nous signons<br />

à cette fin des contrats de droit à l’image valides pour<br />

la durée de vie d’un matériau de e-learning. Avec nos<br />

professeurs comme avec nos intervenants. Toutes nos<br />

Un nouveau MSc<br />

en ligne<br />

EDHEC Online lance cet<br />

automne un Online MSc<br />

in International Business<br />

Management. Grâce à<br />

la plateforme partagée<br />

FOME, les participants de<br />

ce programme suivront des<br />

cours - entièrement dispensés<br />

en anglais - délivrés par des<br />

professeurs de l’EDHEC<br />

et de plusieurs institutions<br />

membres de l’Alliance. Les<br />

modules International<br />

Business et Operations<br />

Management seront<br />

enseignés par des professeurs<br />

d’Imperial College Business<br />

School tandis que les<br />

cours Marketing and Sales in<br />

a Digital World et Managing<br />

People seront donnés par des<br />

professeurs respectivement<br />

de ESMT Berlin et Ivey<br />

Business School.<br />

18


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

salles de cours sont équipées en vidéo pour filmer nos<br />

professeurs. A l’exception de cours très scénarisés ce<br />

sont d’ailleurs eux qui pilotent le dispositif.<br />

O. R : Que vous inspirent les polémiques<br />

qui naissent ici ou là sur une sorte de<br />

dévoiement de la mission éducative que<br />

provoquerait le recours à l’enseignement en<br />

ligne ?<br />

B. A : Quand on a commencé à publier les cours dans<br />

des livres il y avait déjà eu des controverses importantes<br />

en Angleterre. Après les cours en amphithéâtre,<br />

les cours en petits groupes, les études de cas, les<br />

hackathon, le distanciel n’est qu’une nouvelle modalité<br />

pédagogique. Qui en annonce d’autres. Qui aurait pu<br />

imaginer il y a vingt ans pouvoir suivre des cours entiers<br />

de statistiques en vidéo sur son téléphone ?<br />

De plus, le recours à l’enseignement en ligne est vertueux<br />

d’un point de vue écologique. La trace carbone<br />

des cours en ligne ne représente que 10% de celle des<br />

cours en présentiel. La trace carbone de 100 étudiants<br />

connectés ne représente que 10% de la trace carbone<br />

d’étudiants qui sont venus sur les campus et se sont<br />

déplacés. C’est un enjeu sociétal important pour les<br />

générations futures. Demain, on ne délivrera pas tous<br />

les cours en ligne mais nous devons être conscients<br />

de la nécessité de moins nous déplacer.<br />

O. R : Sur quelles plateformes travaillezvous<br />

?<br />

B. A : Sur la plateforme FOME prioritairement mais<br />

aussi sur une base Moodle que nous avons refondue.<br />

Blackboard, qui est une solution éprouvée et simple<br />

d’utilisation, est plus utilisée pour des cours en présentiel<br />

que Blended ou 100% en ligne.<br />

O. R : Comment est née la plateforme FOME ?<br />

B. A : C’est l’Imperial College Business School qui<br />

est à la base de sa création. L’idée était de créer une<br />

expérience en ligne haut de gamme alors qu’il y avait<br />

déjà plus de dix ans qu’un MBA y était dispensé entièrement<br />

en ligne. En 2018 l’Imperial College a ressenti le<br />

besoin de s’associer à d’autres business schools pour<br />

développer sa plateforme. Tout est partagé pour que<br />

tous les cours créés par chaque école soient utilisables<br />

par toutes les autres. C’est un campus infini. Sans autre<br />

limite que le travail de ses professeurs.<br />

Aujourd’hui, 10 000 étudiants peuvent y suivre 225<br />

cours dans 40 programmes. Pour cette première année,<br />

l’Edhec a déjà produit cinq diplômes qui regroupent<br />

une centaine d’étudiants.<br />

O. R : Vos autres programmes sont sur la<br />

plateforme Edhec Online.<br />

B. A : Nous y dispensons trois bachelors (Marketing<br />

Digital & Innovation, Management et Commerce et BBA<br />

Edhec) ainsi que des « Programmes Manager » et des<br />

certificats. A terme l’ensemble de nos programmes<br />

seront diffusés en ligne. Grâce à cette alliance mondiale,<br />

nous pourrons accélérer dans le digital et hybrider<br />

l’ensemble de nos programmes.<br />

O. R : En ligne vous touchez des étudiants<br />

différents de ceux qui vous rejoignent en<br />

présentiel ?<br />

B. A : Ce sont pour la plupart des étudiants qui ne<br />

viendraient pas sur nos campus. Parce qu’ils n’ont pas<br />

le temps, pas l’envie, parce qu’ils ne sont pas attirés par<br />

l’expérience sur les campus, ont envie de s’organiser<br />

différemment avec un emploi à plein temps. D’ailleurs,<br />

ce n’est pas qu’une question de proximité géographique.<br />

La moitié des étudiants qui suivent les cours en ligne<br />

de l’Imperial College sont londoniens !<br />

O. R : Vous n’avez donc pas peur que le Online<br />

phagocyte l’ensemble des programmes ?<br />

B. A : L’objectif est que les cours en ligne représentent<br />

10% du chiffre d’affaires de l’Edhec d’ici cinq ans. Nous<br />

ne voulons pas faire de la masse. Les cursus en ligne<br />

que nous proposons coûtent très cher à développer.<br />

Ce n’est pas du théâtre filmé. Il y a un important travail<br />

de production avec les ingénieurs pédagogiques, un<br />

temps d’accompagnement par du coaching individuel<br />

et de groupe, un coaching carrière. Ce ne sont pas<br />

des MOOC de masse.<br />

Et cela ne remplacera non plus jamais la formation sur<br />

les campus. D’ailleurs nous n’avons jamais eu autant de<br />

demandes de venir suivre des cours sur nos campus<br />

qu’aujourd’hui.<br />

O. R : Vous dites que les cursus en ligne<br />

coûtent cher à développer. Mais alors<br />

pourquoi sont-ils toujours facturés moins<br />

L’Alliance FOME<br />

Fondée par Imperial College<br />

Business School, l’Alliance<br />

FOME regroupe huit business<br />

schools du monde entier (BI<br />

Norwegian Business School,<br />

Edhec, ESMT Berlin, IE<br />

Business School Madrid, Ivey<br />

Business School, Singapore<br />

Management University, The<br />

University of Melbourne) qui<br />

entendent « révolutionner<br />

le marché mondial de la<br />

formation diplômante à<br />

distance » à travers le partage<br />

de best practices en temps<br />

réel, le co-développement<br />

de contenus académiques<br />

et des investissements dans<br />

des technologies de pointe.<br />

19


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

chers que les cursus en présentiel ?<br />

B. A : C’est effectivement une sorte de norme : les<br />

cursus en ligne sont facturés de 10 à 15% moins chers<br />

que les cursus présentiels. C’est un prix psychologique<br />

qui s’impose parce qu’on ne voit pas tout le personnel<br />

engagé dans les cours en ligne. Les Business Schools<br />

en ligne américaines et espagnoles qui dispensent des<br />

programmes haut de gamme occupent des buildings<br />

entiers tant leur staff est important.<br />

O. R : Quel regard jetez-vous sur le<br />

développement du Online disons basique<br />

qui a prévalu depuis la mi-mars dans<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

B. A : On a vu beaucoup de classes Zoom ces derniers<br />

temps. C’est mieux que rien. Facile à mettre en<br />

œuvre. Mais ce n’est une modalité pédagogique que<br />

nous utilisons parmi 55 autres.<br />

O. R : Quels pays ont les premiers su<br />

développer l’enseignement en ligne ?<br />

B. A : Les business schools britanniques ont pris de<br />

l’avance parce qu’elles travaillaient avec des étudiants<br />

venus de tous les pays du Commonwealth, du Canada<br />

à l’Australie en passant par l’Afrique du Sud, pour<br />

lesquels il y a rapidement fallu créer des solutions<br />

d’enseignement à distance. Même chose pour les business<br />

schools espagnoles avec l’Amérique latine. De<br />

par leur taille, les Etats-Unis ont également développé<br />

très rapidement des solutions à distance : en radio dès<br />

(avant) la Seconde Guerre mondiale. La France est<br />

arrivée plus tard. Aujourd’hui la Chine voit naitre de<br />

nouveaux acteurs géants ; on considère qu’il manque<br />

1000 Business Schools en Inde…<br />

O. R : Vous collaborez plus particulièrement<br />

avec quelles Edtech françaises ?<br />

Internationales ?<br />

B. A : Nous travaillons beaucoup avec Teach on Mars<br />

au développement de micro-learning sur mobiles. Il<br />

s’agit de délivrer du contenu en temps réel à tous nos<br />

étudiants. Avec Slack nous avons créé une plateforme<br />

éducative.<br />

B. A : Je me souviens qu’on craignait déjà que Yahoo<br />

allait s’imposer dans l’éducation... Mais l’enseignement<br />

reste un métier. Un enseignement à distance ce n’est<br />

pas que de la technologie et aujourd’hui c’est essentiellement<br />

une technologie que les GAFAM – et demain<br />

d’autres – cherchent à commercialiser. Google vend<br />

des outils d’enseignement en ligne mais n’entend pas<br />

pour autant devenir une université !<br />

O. R : Comment améliorer encore<br />

l’expérience en ligne ?<br />

B. A : En permettant d’afficher instantanément des<br />

vidéos la 5G pourrait être un accélérateur. La personnalisation<br />

doit encore être améliorée. Tous les étudiants<br />

suivent les mêmes cours mais certains sont en avance,<br />

d’autres en retard. La gestion de leurs données nous<br />

permet de nos adapter.<br />

Avec des chercheurs en mathématiques de l’Imperial<br />

College nous avons étudié les différents styles d’apprentissage.<br />

Que faut-il mieux ? Travailler tout de suite mais<br />

se relâcher ? Donner tout au dernier moment ? Travailler<br />

régulièrement ? En fait nous nous sommes aperçus<br />

qu’il n’y avait pas de vraie différence. Pas plus qu’il n’y<br />

en a entre les nationalités. L’analyse scientifique des<br />

données montre que c’est faux d’imaginer qu’il y aurait<br />

un style d’apprentissage latin à opposer au nordique.<br />

Les seuls étudiants dont le style d’apprentissage<br />

pose problème sont ceux qui travaillent de manière<br />

erratique, qui accélèrent puis ne font plus rien. Pour<br />

eux nous avons notamment modifié notre rythme de<br />

notifications afin de les aider à raccrocher.<br />

O. R : Et si on voyait encore plus loin ?<br />

B. A : Demain la réalité virtuelle va arriver. Avec Imperial<br />

College nous avons déjà testé des cours par hologramme.<br />

Lors d’une conférence personnes réelles et virtuelles<br />

du monde entier se mêlent. Eh bien, au bout d’un quart<br />

d’heure, on ne sait plus qui est dans la salle et qui ne<br />

l’est pas. Le tout avec une simple liaison Wi-fi. L’avenir<br />

de la pédagogie reste à inventer avec ces technologies<br />

de demain : c’est ce qui est passionnant !<br />

Nous travaillons évidemment avec tous les grands<br />

acteurs de la bureautique. Nous avons installé une<br />

plateforme Microsoft sur nos campus pour avoir accès<br />

partout aux cours et intégré la plateforme dans les<br />

smartphones de nos apprenants.<br />

O. R : Vous ne craignez pas que les GAFAM<br />

emportent le morceau et ringardisent les<br />

acteurs traditionnels ?<br />

20


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

Distanciel – présentiel :<br />

le choc des deux mondes<br />

Personne ne rêve d’un enseignement 100% à distance !<br />

Mais y recourir au moins partiellement permet de surmonter la crise<br />

du Covid-19. L’extension de son recours rencontre aujourd’hui<br />

de nombreuses oppositions au sein d’une communauté universitaire<br />

largement attachée au présentiel.<br />

Dans une circulaire joliment appelés<br />

Hybrider la formation<br />

dans un contexte contraint<br />

publiée le 11 juin <strong>2020</strong>, le ministère<br />

de l’Enseignement supérieur, de la<br />

Recherche et de l’Innovation constate que<br />

« la situation sanitaire pourrait rendre<br />

impossible une reprise de l’année dans<br />

les conditions habituelles ». Et d’insister<br />

: « La réflexion à mener dès maintenant<br />

dans les équipes pédagogiques<br />

doit apporter une réponse à la question<br />

suivante: quelle est la part du présentiel<br />

absolument nécessaire et la part du distanciel<br />

possible ? » Et, rassurant, le ministère<br />

établit également que « le protocole<br />

sanitaire emportera ainsi un «mode<br />

différent et inédit» d’activité qui ne deviendra<br />

évidemment pas la norme dans<br />

les années à venir – même si cela peut<br />

conduire à faire évoluer certaines pratiques<br />

pédagogiques ».<br />

Il faudra sans doute diviser par quatre le<br />

nombre d’étudiants accueillis dans les<br />

amphis et par deux en travaux dirigés.<br />

La plupart des universités sondées cette<br />

par l’AEF avant la trêve estivale (26 universités<br />

sur les 31) entendent ainsi assurer<br />

entre un quart et la moitiés de leur enseignement<br />

en distanciel. Au niveau européen<br />

le programme Erasmus+ suit le<br />

mouvement en s’ouvrant aux mobilités<br />

hybrides (mêlant activités virtuelles et<br />

mobilité physique) dès la prochaine rentrée.<br />

Imposé par la crise sanitaire, le recours<br />

à l’enseignement à distance a fait<br />

les preuves de son efficacité mais aussi<br />

de ses limites.<br />

Non au distanciel !<br />

Les tribunes pro déconfinement et anti-enseignement<br />

à distance se succèdent<br />

et se ressemblent sur le site du Monde.<br />

Au nom de la commission permanente<br />

du Conseil national des universités, sa<br />

présidente, Sylvie Bauer, demande à la<br />

ministre de l’Enseignement supérieur et<br />

de la recherche le retour du présentiel à<br />

la rentrée de <strong>septembre</strong>. Dans sa tribune<br />

au « Monde », elle insiste : « L’université<br />

est d’abord un collectif qui s’incarne<br />

dans un lieu, physique. L’étudiant y fait<br />

ses premiers vrais choix de formation.<br />

L’université tisse les liens entre les étudiants<br />

d’aujourd’hui, les professionnels<br />

et amis de demain. Rien de tout cela ne<br />

surgira d’un auditoire « confiné » totalement<br />

ou partiellement ». Et d’appuyer :<br />

« Le distanciel, ce n’est ni le collectif ni<br />

l’individuel… C’est la solitude de l’étudiant<br />

et de l’enseignant. » Même point de<br />

vue dans une autre tribune signée par plus<br />

de 700 universitaires qui « refusent de ne<br />

permettre la fréquentation du cours magistral<br />

qu’une semaine par mois » et proposent<br />

de « mettre en place des groupes<br />

supplémentaires afin que chacun puisse<br />

accéder aux cours. Cela signifie bien<br />

sûr des moyens supplémentaires immédiats<br />

pour l’enseignement supérieur et<br />

la recherche ».<br />

Un point de vue partagé par près de 4000<br />

signataires d’une pétition lancée par Julien<br />

Boudon, doyen de la faculté de droit<br />

de Reims, dans laquelle il rappelle que<br />

« la transmission du savoir passe par<br />

une interaction avec son auditoire : des<br />

tournures de phrase, des inflexions de la<br />

voix, des mimiques, des plaisanteries ou<br />

des provocations, des divagations font<br />

partie intégrante de l’enseignement. L’enseignant<br />

doit pouvoir échanger avec le<br />

public qui lui fait face. Pour le dire trivialement,<br />

il doit « se passer quelque<br />

chose » en amphithéâtre (au « théâtre »)<br />

ou en salle de classe et, soyons-en certains,<br />

il se passe quelque chose ». Dans<br />

un communiqué la Conférence des doyens<br />

des Facultés de droit et de science politique<br />

pointe que « si le recours aux outils<br />

numériques s’est révélé utile en situation<br />

de crise aiguë, une telle réponse est<br />

par nature temporaire » et, un rien paranoïaque,<br />

qu’il est « inconcevable de basculer<br />

dans une Université numérique<br />

fantasmée par certains depuis des années,<br />

qui trouvent dans la crise du Covid-19<br />

le moyen commode de réaliser<br />

une chimère ».<br />

Éviter le décrochage<br />

Cette opposition repose notamment sur<br />

le constat que beaucoup d’étudiants ont<br />

décroché ces derniers mois. Notamment<br />

dans les premiers cycles. « Le “distanciel”<br />

ne peut venir qu’en complément<br />

du face-à-face, Ce n’est pas une solution<br />

pédagogique qui peut devenir la norme,<br />

elle est très peu adaptée aux jeunes en licence,<br />

à plus forte raison pour ceux qui<br />

© Shutterstock<br />

21


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

SEPTEMBRE <strong>2020</strong> <strong>N°</strong> <strong>41</strong><br />

vont arriver à l’université pour la première<br />

fois cette année », estime Rachid<br />

El Guerjouma, le président de l’université<br />

du Mans. Dans la tribune signée par<br />

700 universitaires on lit « Outre, les difficultés<br />

économiques engendrées par la<br />

nécessité d’avoir un équipement numérique<br />

et un accès efficace au réseau, terribles<br />

seraient les conséquences pour des<br />

étudiants largement laissés à eux-mêmes<br />

devant un écran intermittent ou un téléphone<br />

peu lisible, coupés d’une sociabilité<br />

qui permet de donner de l’énergie de<br />

travail, grâce à un environnement psychique<br />

et intellectuel favorable ».<br />

Pour déroger aux contraintes de la distanciation<br />

physique et éviter d’y recourir,<br />

l’université de Rouen entend rendre<br />

le port du masque obligatoire. « Nous<br />

distribuerons du gel hydroalcoolique<br />

à tous les étudiants, notre département<br />

de pharmacie va en fabriquer 500 litres<br />

par semaine. Enfin, dans certains grands<br />

amphis où la circulation d›air ne peut<br />

pas se faire par les fenêtres, nous serons<br />

contraints de condamner un siège sur<br />

deux », explique Joël Alexandre, président<br />

de l’université de Rouen Normandie.<br />

Oui mais à l’hybridation !<br />

Selon une étude Enseignants - chercheurs<br />

: quelle expérience durant le<br />

confinement ? Quelles projections pour<br />

l’avenir ? menée par la Fnege (Fondation<br />

nationale pour l’enseignement de<br />

la gestion des entreprises) et Le Sphinx<br />

60% des enseignants en gestion interrogés<br />

estiment que a crise du Covid-19<br />

a permis de « ré-apprécier l’enseignement<br />

à distance ». 78% ont progressé dans<br />

la maîtrise des outils et en premier lieu<br />

Zoom (69,3% l’apprécient) devant Teams<br />

(46,2%) et Moodle (46%). « Ce télétravail<br />

que beaucoup croyaient jusqu’ici impossible<br />

à mettre en œuvre dans nos métiers<br />

s’est du coup imposé de lui-même dans<br />

l’éducation. De manière dédramatisée.<br />

Aujourd›hui les retours des étudiants sont<br />

très positifs. Ils se sont sentis très engagés<br />

aux côtés de professeurs qui se sont<br />

vite adaptés », souligne le directeur d’ED-<br />

HEC Online, Benoît Arnaud, qui n’entend<br />

pas non plus généraliser l’enseignement à<br />

distance : « L’objectif est que les cours en<br />

ligne représentent 10% du chiffre d’affaires<br />

de l’Edhec d’ici cinq ans. Nous ne<br />

voulons pas faire de la masse. Les cursus<br />

en ligne que nous proposons coûtent<br />

très cher à développer. Ce n’est pas du<br />

théâtre filmé. Il y a un important travail<br />

de production avec les ingénieurs pédagogiques,<br />

un temps d’accompagnement<br />

par du coaching individuel et de groupe,<br />

un coaching carrière. Ce ne sont pas des<br />

MOOC de masse ».<br />

S’il s’est imposé, l’enseignement à distance<br />

a également été imposé comme<br />

le souligne le directeur général de l’EM<br />

Normandie, Elian Pilvin : « Nous avons<br />

basculé en 100% distanciel très vite et<br />

accompli des progrès considérables en<br />

un temps record. Mais c’était face à une<br />

question conjoncturelle, dans une sorte<br />

d’effet de sidération, si cela devient structurel<br />

cela sera différent. Si les cours ont<br />

bien été dispensés à distance, si même<br />

le travail en groupe a bien fonctionné, il<br />

manque évidemment toutes les dimensions<br />

sociales, sportives, culturelles. Il<br />

faut donc revenir sur les campus. C’est<br />

indispensable ! » Une opinion que corrobore<br />

l’étude qu’a menée l’ESC Clermont<br />

BS auprès de ses étudiants pour connaître<br />

leurs retours sur le passage au distanciel.<br />

Il en ressort que si 88% des étudiants<br />

n’ont pas eu de souci avec le passage en<br />

distanciel via Microsoft Teams, que si<br />

83% considèrent que les enseignants sont<br />

restés disponibles et à leur écoute, que si<br />

enfin 62% des étudiants en MGE n’ont pas<br />

perçu de rupture dans les enseignements,<br />

néanmoins 61% préfèrent l’animation<br />

que permet le présentiel et 80% pensent<br />

qu’ainsi la qualité des cours en présentiel<br />

est meilleure.<br />

Le mouvement de passage à l’enseignement<br />

à distance s’est accéléré dans l’enseignement<br />

supérieur. Il va se poursuivre.<br />

Mais en mode hybride. Parce que c’est<br />

mieux pour respecter les normes sanitaires.<br />

Parce que cela correspond à la façon<br />

dont travaillent aujourd’hui les entreprises<br />

et qu’il faut mieux s’y préparer.<br />

Mais aussi parce que cela permet de réduire<br />

l’empreinte carbone de l’enseignement<br />

supérieur relève Benoît Arnaud :<br />

« La trace carbone des cours en ligne ne<br />

représente que 10% de celle des cours en<br />

présentiel. La trace carbone de 100 étudiants<br />

connectés ne représente que 10%<br />

de la trace carbone d’étudiants qui sont<br />

venus sur les campus et se sont déplacés.<br />

C’est un enjeu sociétal important pour<br />

les générations futures ».<br />

« Allons-nous assister demain à une différenciation<br />

entre un enseignement présentiel<br />

«premium» et à distance «low<br />

cost» ? » s’interroge Philippe Durance,<br />

titulaire de la chaire de Prospective et<br />

Développement durable des entreprises,<br />

des territoires et des réseaux du Cnam<br />

et auteur d’une synthèse « post Covid »<br />

des analyses de plusieurs organismes de<br />

conseil et acteurs de l’éducation (Kaufman<br />

Hall, le futuriste spécialisé dans<br />

l’éducation Bryan Alexander, McKinsey<br />

« Coronavirus: How should US higher<br />

education plan for an uncertain future? »<br />

et Deloitte « Higher education remade<br />

byCOVID-19 Scenarios for resilient leaders<br />

| 3 - 5years ») pour le Groupe Insa.<br />

Une question d’autant plus cruciale qu’il<br />

estime que des pandémies « réapparaitront<br />

régulièrement dans le monde dans<br />

les années à venir… »<br />

Remboursez ?<br />

Le débat n’est pas que philosophique.<br />

Il est également une question sonnante<br />

et trébuchante comme l’ont démontré les<br />

nombreux mouvements de protestation<br />

contre le coût d’un enseignement<br />

uniquement distanciel aux Etats-Unis (lire<br />

par exemple la plainte déposée contre la<br />

New York University). S’il n’y a pas eu de<br />

mouvement de fond de révolte en France<br />

quelques-uns se sont manifestés. A Angers<br />

c’est dès début avril que des étudiants de<br />

l’Université catholique de l’Ouest (UCO)<br />

réclamaient ainsi un dédommagement de la<br />

part de leur université faute de pouvoir se<br />

rendre sur leur campus. Dans un article<br />

Le Figaro Etudiant s’est penché sur le sujet<br />

et a relevé d’autres demandes d’étudiants.<br />

Qui n’ont pas plus reçu un accueil positif dans<br />

leur établissement qu’à l’UCO. Enseignement<br />

ou pas aucun établissement n’entend pour<br />

l’instant baisser ses coûts de scolarité.<br />

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