De la minoration extrait

de la minoration à l’émancipation
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précédentes citations, nous voudrions mentionner l’épitaphe qui ouvre le premier
chapitre (et donc le présent livre) : « L’éloge du conflit, loin de célébrer l’affrontement,
affirme pour nous le principe même de toute émergence du nouveau, de
toute création » ainsi que l’écrivent Benasayag et Rey (2012 : 222). Les premiers
auteurs ci-dessus mentionnés, Memmi et Fanon, faisant donc écho en conclusion
aux seconds, Benasayag et Rey, qui ouvrent quant à eux notre dialogue sur la
domination. Là résident les germes de l’émancipation, dans ce qu’elle a de créatif,
de nouveau, d’inventif et de culturel.
Ainsi l’émancipation succède-t-elle obligatoirement à une dépendance préalable.
Par conséquent, un processus de rééquilibrage social ne peut se faire que dans le cadre
d’une minoration préalablement constatée et analysée. Les deux dynamiques ne sont
donc pas contraires mais interagissent l’une dans l’autre, l’une avec l’autre. Et à
travers elles, c’est chaque article, selon des thématiques différentes mais socialement
convergentes, qui est garant, ou ambitionne de l’être, de ce double et indissociable
processus. Là, repose selon nous l’unité de l’ouvrage et l’une des premières raisons
qui a présidé au désir de réunir ces quelques textes.
RESTITUER UNE RÉFLEXION SUR LA DOMINATION
Une seconde raison, à la fois politique et militante aussi bien que méthodologique
et épistémologique, relève davantage du genre de la diffusion universitaire parfois
ésotérique. C’est pourquoi, il nous a semblé opportun de réunir ces textes dans un
cadre plus unitaire et plus accessible à la communauté dans laquelle ces recherches
trouvent leur origine et pour laquelle en partie ces recherches se font.
La recherche universitaire traitant des langues minorées dans un contexte de
domination politique doit prendre, selon nous, deux directions solidaires. L’une est
bien évidemment de nature davantage scientifique, dans ce que la science a de plus
noble, à savoir servir la connaissance générale et le progrès humain sur tel ou tel
sujet et éventuellement dégager d’une observation conjoncturelle ce qui peut être
transposé structurellement ailleurs sur le globe. L’autre est de nature plus politique
et sociale dans la mesure où la communauté observée, ou toute autre communauté,
dans laquelle ce type de travaux émerge initialement, doit pouvoir mobiliser un
appareillage conceptuel et analytique afin de cerner et le cas échéant, renverser, la
domination sociolinguistique. Nous envisageons ici la politique dans son sens le
plus noble, à savoir participer à la régulation des rapports sociaux. Or la diffusion
universitaire, selon ses modalités plus classiques et ses impératifs, a tendance, et
on ne saurait aucunement lui en faire grief, à privilégier une diffusion davantage à
l’adresse de la communauté scientifique, par exemple dans des revues ou ouvrages
spécialisés, à dimension internationale, mais souvent inaccessibles pour le grand
public. Les chapitres composant cet ouvrage ont à ce titre bénéficié des perspectives
liées à cette diffusion académique. Par conséquent, après avoir dégagé une unité
éditoriale mise en avant ci-dessus, il nous a semblé utile de proposer également
à la communauté qui est à l’origine de ces travaux une restitution plus unitaire et
davantage située, tout en offrant bien évidemment de nouveau la possibilité d’une
consultation bien au-delà des rivages insulaires.