De la minoration extrait
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de <strong>la</strong> <strong>minoration</strong> à l’émancipation<br />
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Dans ces conditions, le lecteur comprendra aisément qu’il ne s’agira pas<br />
dans cet ouvrage que de <strong>la</strong>ngue pour <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, ni seulement de <strong>la</strong>ngue corse pour<br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue corse. L’approche asociale n’a donc point motivé ces quelques années<br />
de recherche dont cet ouvrage offre un aperçu. Aussi nous est-il apparu logique<br />
d’aborder <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> <strong>minoration</strong> et de <strong>la</strong> domination linguistiques à travers<br />
divers points, parfois éloignés semble-t-il, les uns des autres, mais pour autant<br />
convergents socialement car <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est ce fait social total dont nous voudrions<br />
énumérer ici quelques lignes de force. Elles correspondent aux différents chapitres<br />
proposés dans cet ouvrage.<br />
Peut-être, faut-il voir à ce niveau de <strong>la</strong> réflexion un écho à ce qu’écrivait<br />
Robert Lafont, théoricien occitaniste fécond, au sujet de <strong>la</strong> libération/légitimation<br />
de <strong>la</strong> parole sociale. L’auteur en posait ainsi <strong>la</strong> finalité du côté occitan : « On<br />
signalera, pour ce qu’elle peut apporter à une psychosociologie des contacts<br />
entre <strong>la</strong>ngues, <strong>la</strong> visée générale de cette reconquête : non pas tant reconquérir<br />
l’occitanophonie pour elle-même que libérer une parole condamnée socialement.<br />
Une affiche de 1968 souvent reproduite depuis lors, et mise en chanson,<br />
disait simplement : Ome d’oc, as dreit a <strong>la</strong> parau<strong>la</strong>, par<strong>la</strong> 1 » (Lafont, 1971 : 99).<br />
Sans doute, faudra-t-il lire à travers les pages qui suivent également cette visée<br />
émancipatrice, non pour revenir à un état de <strong>la</strong>ngue antérieure qui supposerait de<br />
facto de revenir aux conditions sociales qui favorisaient ce même état de <strong>la</strong>ngue<br />
mais bien davantage pour, comme le dit Lafont, libérer une parole condamnée<br />
socialement et politiquement et l’inscrire dans un avenir proche. Chaque chapitre<br />
de l’ouvrage est marqué par cette orientation.<br />
Avant de présenter succinctement l’ensemble des articles qui suivent, nous<br />
souhaiterions à présent insister sur quelques motifs qui nous ont conduit à proposer<br />
<strong>la</strong> réunion de ces textes.<br />
LA DOUBLE LIGNE ÉDITORIALE<br />
Plusieurs raisons nous ont assez tôt convaincu de réaliser cet ouvrage. La<br />
première d’entre elles ressortit à <strong>la</strong> structure même du livre et plus précisément<br />
de chaque article qui le compose et dont nous avons commencé à dévoiler <strong>la</strong><br />
dynamique au tout début de cette introduction. En effet, <strong>la</strong> réalisation d’un tel<br />
ouvrage, regroupant plusieurs articles déjà publiés antérieurement ou en cours<br />
de publication sur d’autres supports éditoriaux de manière éparse, nécessitait de<br />
dégager une ligne de force principale au-delà de <strong>la</strong> simple évocation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
corse ou de <strong>la</strong> <strong>minoration</strong>. Cette tentative de bi<strong>la</strong>n de recherche nous a rapidement<br />
poussé à voir dans chaque production ici rassemblée cette double et permanente<br />
dynamique déjà évoquée : celle de <strong>la</strong> <strong>minoration</strong> et de l’émancipation. Assurément,<br />
chaque article de cet ouvrage est porteur de ce dialogue ou ambitionne de l’être tout<br />
1. « Homme d’oc, tu as droit à <strong>la</strong> parole, parle. », NdA.