En_Homme_Libre_extrait

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que nous avions à l’époque comme Jean Meria, par
exemple, un militant très valeureux et très courageux qui
était à la tête des postiers et a intégré la direction du Parti
communiste en Corse. Il faisait partie de ces gens courageux,
intelligents et qui avaient une certaine culture.
Vous allez donc adhérer très tôt au Parti communiste ?
Picasso disait qu’il était allé au communisme comme on
va à la fontaine. Pour moi, c’est la même chose, je suis
allé au Parti communiste d’une manière naturelle. La
jeunesse de Bastia était engagée. La génération de jeunes
à laquelle j’appartenais était plongée dans une situation
éminemment troublante et troublée. Il y avait le danger
du fascisme italien qui voulait la « Corse italienne » et il
y avait, en France, une donnée anti-Front populaire qui
commençait à être importante. On réprimait le mouvement
ouvrier comme le fascisme avait réprimé le mouvement
révolutionnaire en Italie. À cette époque, il était
tout à fait normal que les jeunes s’engagent dans l’action
politique. La politique, c’était la vie quotidienne. Le
fascisme italien signifiait la misère, avec tous les ouvriers
italiens qui arrivaient et se plaignaient de ce qu’ils avaient
vu en Italie, et puis c’était aussi la guerre car Mussolini ne
cessait d’en parler en bombant le torse et il avait lancé
ses troupes en Éthiopie. D’ailleurs, je me rappelle qu’au
moment où ses troupes étaient entrées dans la capitale
du pays, Addis-Abeba, un maire bonapartiste d’Ajaccio
lui avait envoyé un message de félicitations. Donc, il y
avait des fascistes en Corse, mais également des gens
qui se dressaient contre tout ça au nom d’un idéal qui
se rattachait directement à celui de 1789. Nous connais-
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