En_Homme_Libre_extrait

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me souviens des volontaires, sur les quais de Bastia, qui
voulaient s’enrôler pour aider les républicains espagnols.
On parlait alors beaucoup du Front populaire espagnol de
l’époque puis du Front populaire français. Dans certaines
catégories de la population, que l’on appellerait petitesbourgeoises,
il y avait aussi la haine du Front populaire
qui, à Bastia, avait peu de partisans. C’était d’ailleurs à la
mesure de la sympathie que les travailleurs avaient, eux,
pour le Front populaire.
Nous, nous suivions très attentivement les événements
espagnols car c’était un combat qui nous concernait.
On disait beaucoup d’ailleurs que les républicains
espagnols se battaient pour protéger la frontière francoespagnole.
Il valait mieux avoir les républicains espagnols
à la frontière que les sbires de Franco. Des Corses partaient
donc pour combattre dans les Brigades internationales 5 . Il
y a eu, en particulier, un camarade italien de la Casinca
qui est parti, puis les frères Vittori de Porri et Dominique
Vincetti 6 de Silvareccio. Ils partaient pour éventuellement
mourir pour la cause de la République espagnole.
J’étais donc baigné dans une atmosphère à la fois
syndicale et politique. Je me souviens des belles figures
5. Ces Brigades étaient composées de volontaires antifascistes qui
combattaient auprès de l’armée républicaine espagnole.
6. Les frères Vittori (Antoine-François dit François, François-Antoine
dit Bébé, et Aurèle) avaient eux aussi été volontaires des Brigades
internationales lors de la guerre d’Espagne. Aurèle Vittori mourra au
combat en 1937. François deviendra l’un des responsables militaires
de la résistance corse sous le pseudonyme de « Lieutenant-colonel
Rémy ». Bébé travaillera à Toulon où il sera emprisonné en 1940
pour activité communiste clandestine. Évadé en 1943, il rejoindra la
Résistance en Aveyron où il deviendra le « Commandant Marc ».
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