En_Homme_Libre_extrait

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révolutionnaires ont défendu les Italiens par fraternité. Je
les ai alors vus, avec mes jeunes yeux, combattre pour la
dignité et cela m’a marqué. C’était fier, presque orgueilleux,
mais ils se battaient pour la dignité humaine. C’était
en quelque sorte un combat, pour le dire de manière un
peu anachronique, contre le racisme. J’ai vécu dans un
milieu de lutte ouvrière. J’allais très souvent chez mon
oncle et ma tante qui tenaient une « cantina 2 » où l’on
chantait constamment des chansons révolutionnaires,
tout cela mêlé de références à l’opéra italien : on chantait,
par exemple, du Puccini qui était originaire de Lucca. Et,
dans les opéras, il y avait toujours un côté révolté. J’ai
appris de cette façon à ne pas mépriser les « Lucchesi 3 »
et tout cela créait surtout une atmosphère très vivante,
intéressante pour un jeune. Cela contribuait peut-être à
éveiller des jeunes consciences. D’ailleurs, à Bastia, nous
étions quelques-uns qui avions les mêmes opinions et
nous nous sommes ensuite retrouvés dans les organisations
politiques.
En 1936 éclate la guerre d’Espagne 4 . A-t-elle un écho chez vous ?
Nous avons beaucoup parlé de la guerre d’Espagne.
D’abord parce qu’il y avait des collectes alimentaires pour
les républicains espagnols et puis il y a eu des manifestations
pour les gens qui voulaient partir en Espagne. Je
2. Bar à vin de l’époque.
3. Terme qui désigne les habitants de la ville de Lucca en Italie, employé
de façon péjorative en Corse pour désigner les Italiens en général.
4. Guerre civile qui se déclare en 1936 à la suite d’un coup d’État des
nationalistes, menés par le général Franco, contre le gouvernement
républicain. Elle prendra fin en 1939 avec la victoire de Franco et l’exil
du gouvernement républicain et de centaines de milliers de ses partisans.
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