En_Homme_Libre_extrait

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qui avait ses prolongements en Corse, en France et dans le
monde. Le fascisme italien demandait alors que la Corse
devienne italienne et cela a plongé toute une génération
dans la politique. L’un des principaux souvenirs de cette
époque est que nous étions condamnés à partir avec une
valise vers les terres d’Abyssinie, la Corse devenant une
province du fascisme italien. Et cette menace a dominé
toute la vie politique et sociale de l’époque. Il y avait
alors des manifestations à Rome où l’on criait « Corsica
a noi ! ».
Mais qu’est-ce qui fait que, très jeune, vous allez vous engager à
gauche ?
Je ne sais pas pourquoi l’on s’engage à gauche. Je crois que
les combats des dockers sur le port de Bastia m’avaient
déjà très impressionné. Ils avaient des revendications sur
les salaires et surtout l’emploi, à l’époque déjà. Le fait
que l’on aille recruter des dockers qui n’étaient pas des
professionnels avait créé une situation très conflictuelle
sur le port de Bastia. Je me souviens que l’on racontait
beaucoup, dans le milieu familial, que des gens avaient
coupé les amarres d’un navire en grève sur lequel se
trouvaient des « jaunes 1 ». Et puis il y avait aussi quelque
chose de pas très beau : certains dockers s’en prenaient à
leurs collègues d’origine italienne et, à ce moment-là, il y
a eu un conflit interne assez intéressant car des ouvriers
1. Le terme de « jaunes » qualifie les briseurs de grève. Selon Léo
Micheli, à Bastia ils étaient souvent recrutés dans les villages
parce qu’ils étaient moins au fait des luttes ouvrières dans la
mesure où ils avaient souvent un petit bien qui leur permettait
de subsister en cas de disette.
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