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Prologue<br />
Léo Micheli, vous êtes le dernier survivant des chefs de<br />
la résistance corse. Que pensez-vous du fait que l’on vous donne<br />
la parole alors que l’on peut considérer que vous n’avez plus de<br />
contradicteurs ?<br />
Beaucoup de mes camarades ont disparu, notamment<br />
parmi les responsables du Parti communiste et du Front<br />
national. Ils ne sont plus là pour me contredire. J’essaie<br />
donc de porter en moi, comme dit Montesquieu, un<br />
certain contraire. J’essaie de dialoguer avec moi-même<br />
et de me porter la contradiction au maximum. <strong>En</strong> cela, je<br />
suis fidèle à notre conception de la pensée et de l’action<br />
révolutionnaire qui consiste à se remettre constamment<br />
en cause.<br />
Mais qu’est-ce que cela vous fait d’être le dernier chef encore en<br />
vie de la résistance corse ?<br />
Je suis l’un des derniers responsables vivants de la<br />
résistance corse, mais si l’on me demande comment je<br />
réagis à ça, ma seule pensée est celle de l’avenir à partir<br />
des camarades qui ont disparu et dont je n’arrive pas à<br />
oublier la mémoire. J’y ai pensé le jour même où l’on se<br />
libérait car ils ne voyaient pas le soleil de la Libération.<br />
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