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dans des galeries d’art et des centres<br />
de réfugiés, utilisant à la fois ses talents<br />
de photographe et de graffeur pour<br />
rejoindre un large public. Il a publié un<br />
livre consacré à certains de ses travaux<br />
photographiques qui sortira dans le courant<br />
du mois. Cependant, Allison n’a pas<br />
de visées politiques. « Je fais toujours<br />
attention à ne pas prêcher au sujet des<br />
questions sociales et politiques, dit-il.<br />
On a tous notre opinion sur ce qu’est la<br />
migration et je ne suis pas là pour dire<br />
quoi penser. Je présente mon expérience<br />
telle que je l’ai documentée et nous discutons.<br />
Ce projet vise avant tout à m’aider<br />
à comprendre la réalité complexe des<br />
personnes qui doivent fuir des situations<br />
très difficiles. Le véritable objectif a toujours<br />
été pour moi de devenir une meilleure<br />
personne. »<br />
La passion d’Allison remonte à sa jeunesse.<br />
Né à Manchester, il a déménagé<br />
avec sa famille au Mexique, d’où sa mère<br />
est originaire, lorsqu’il avait trois ans. Le<br />
gamin avait un esprit curieux et ses<br />
parents étaient libéraux. « Les seules<br />
règles de ma mère: pas de drogue et pas<br />
d’amitié avec des partisans nazis »,<br />
explique-t-il. Il a donc commencé à explorer<br />
le Mexique des années 90. « Vers mes<br />
seize ans, je prenais l’appareil photo de<br />
mes parents et je photographiais des graffitis.<br />
J’allais dans les gares de la banlieue<br />
pour taguer des trains, raconte Allison,<br />
aujourd’hui âgé de 38 ans. J’ai constaté<br />
que des gens voyageaient sur le toit de<br />
ces trains qui circulent entre le Mexique,<br />
les États-Unis et le Canada. »<br />
Le parcours d’Allison a été tumultueux.<br />
Il a été emprisonné au Royaume-<br />
Uni et aux États-Unis, et détenu sous la<br />
menace d’une arme à feu au Mexique,<br />
des épisodes qui ont façonné son travail<br />
actuel. « Le fait qu’on m’ait privé de<br />
liberté m’a fait réaliser à quel point il est<br />
important d’être créatif. L’art, c’est la<br />
liberté. Même dans ces moments, j’étais<br />
toujours libre car je pouvais me servir<br />
de ma tête. »<br />
Allison a été envoyé en prison pour<br />
la première fois en 2012, dix ans après<br />
un retour au Royaume-Uni pour découvrir<br />
la scène du graffiti et étudier la photographie<br />
documentaire. « L’énergie de<br />
Londres était très inspirante. Le graffiti<br />
appartient aux environnements urbains<br />
et j’étais profondément intéressé. C’est<br />
l’adrénaline, la rébellion, la créativité,<br />
la curiosité. Le graffiti a joué un rôle<br />
important dans mon éducation. Je n’ai<br />
jamais considéré cela comme quelque<br />
chose de destructeur. »<br />
Mais à l’approche des Jeux olympiques,<br />
la police londonienne<br />
a fait le ménage. Allison a été<br />
condamné à 19 mois de prison,<br />
dont six à la prison de Wormwood<br />
Scrubs (Londres), pour avoir tagué des<br />
trains. « Je ne considère pas les graffitis<br />
comme un acte criminel, se défend-il.<br />
Mais j’ai toujours été conscient des<br />
risques de me faire arrêter. Il s’agissait<br />
de compléter ma peine afin que je puisse<br />
partir et commencer une nouvelle vie. »<br />
Pendant son incarcération, Allison<br />
a collaboré avec sa sœur Roxana, photographe<br />
elle aussi, sur un projet créatif<br />
consacré à cette expérience. Il a lu, écrit<br />
et dessiné. « Tout ce que je voulais, c’était<br />
rester enfermé dans ma cellule. J’avais<br />
tellement de choses à faire. Je ne voulais<br />
pas perdre de temps. » Il en sort plus<br />
sérieux, plus solitaire et moins agité. Il<br />
arrête le graffiti. Mais il continue à travailler<br />
sur des projets liés à la migration<br />
et à l’identité tout en exerçant plusieurs<br />
emplois à Londres, notamment au sein<br />
d’organisations caritatives comme<br />
Amnesty International et Action Aid.<br />
Son idée pour le projet consacré au<br />
Mexique commence à prendre forme.<br />
« J’ai réalisé que je voulais y retourner<br />
pour appliquer les connaissances que<br />
« L’idée de Trump que les migrants seraient tous des criminels,<br />
c’est de la foutaise. Il y aura toujours des exceptions,<br />
mais les gens avec lesquels je suis devenu ami travaillent dur. »<br />
L’hommage aux Migrantes Valientes. Les pierres tombales portent les noms de certains des pays de naissance des migrants.<br />
76 THE RED BULLETIN