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The Red Bulletin Septembre 2020 (FR)

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dans des galeries d’art et des centres<br />

de réfugiés, utilisant à la fois ses talents<br />

de photographe et de graffeur pour<br />

rejoindre un large public. Il a publié un<br />

livre consacré à certains de ses travaux<br />

photographiques qui sortira dans le courant<br />

du mois. Cependant, Allison n’a pas<br />

de visées politiques. « Je fais toujours<br />

attention à ne pas prêcher au sujet des<br />

questions sociales et politiques, dit-il.<br />

On a tous notre opinion sur ce qu’est la<br />

migration et je ne suis pas là pour dire<br />

quoi penser. Je présente mon expérience<br />

telle que je l’ai documentée et nous discutons.<br />

Ce projet vise avant tout à m’aider<br />

à comprendre la réalité complexe des<br />

personnes qui doivent fuir des situations<br />

très difficiles. Le véritable objectif a toujours<br />

été pour moi de devenir une meilleure<br />

personne. »<br />

La passion d’Allison remonte à sa jeunesse.<br />

Né à Manchester, il a déménagé<br />

avec sa famille au Mexique, d’où sa mère<br />

est originaire, lorsqu’il avait trois ans. Le<br />

gamin avait un esprit curieux et ses<br />

parents étaient libéraux. « Les seules<br />

règles de ma mère: pas de drogue et pas<br />

d’amitié avec des partisans nazis »,<br />

explique-t-il. Il a donc commencé à explorer<br />

le Mexique des années 90. « Vers mes<br />

seize ans, je prenais l’appareil photo de<br />

mes parents et je photographiais des graffitis.<br />

J’allais dans les gares de la banlieue<br />

pour taguer des trains, raconte Allison,<br />

aujourd’hui âgé de 38 ans. J’ai constaté<br />

que des gens voyageaient sur le toit de<br />

ces trains qui circulent entre le Mexique,<br />

les États-Unis et le Canada. »<br />

Le parcours d’Allison a été tumultueux.<br />

Il a été emprisonné au Royaume-<br />

Uni et aux États-Unis, et détenu sous la<br />

menace d’une arme à feu au Mexique,<br />

des épisodes qui ont façonné son travail<br />

actuel. « Le fait qu’on m’ait privé de<br />

liberté m’a fait réaliser à quel point il est<br />

important d’être créatif. L’art, c’est la<br />

liberté. Même dans ces moments, j’étais<br />

toujours libre car je pouvais me servir<br />

de ma tête. »<br />

Allison a été envoyé en prison pour<br />

la première fois en 2012, dix ans après<br />

un retour au Royaume-Uni pour découvrir<br />

la scène du graffiti et étudier la photographie<br />

documentaire. « L’énergie de<br />

Londres était très inspirante. Le graffiti<br />

appartient aux environnements urbains<br />

et j’étais profondément intéressé. C’est<br />

l’adrénaline, la rébellion, la créativité,<br />

la curiosité. Le graffiti a joué un rôle<br />

important dans mon éducation. Je n’ai<br />

jamais considéré cela comme quelque<br />

chose de destructeur. »<br />

Mais à l’approche des Jeux olympiques,<br />

la police londonienne<br />

a fait le ménage. Allison a été<br />

condamné à 19 mois de prison,<br />

dont six à la prison de Wormwood<br />

Scrubs (Londres), pour avoir tagué des<br />

trains. « Je ne considère pas les graffitis<br />

comme un acte criminel, se défend-il.<br />

Mais j’ai toujours été conscient des<br />

risques de me faire arrêter. Il s’agissait<br />

de compléter ma peine afin que je puisse<br />

partir et commencer une nouvelle vie. »<br />

Pendant son incarcération, Allison<br />

a collaboré avec sa sœur Roxana, photographe<br />

elle aussi, sur un projet créatif<br />

consacré à cette expérience. Il a lu, écrit<br />

et dessiné. « Tout ce que je voulais, c’était<br />

rester enfermé dans ma cellule. J’avais<br />

tellement de choses à faire. Je ne voulais<br />

pas perdre de temps. » Il en sort plus<br />

sérieux, plus solitaire et moins agité. Il<br />

arrête le graffiti. Mais il continue à travailler<br />

sur des projets liés à la migration<br />

et à l’identité tout en exerçant plusieurs<br />

emplois à Londres, notamment au sein<br />

d’organisations caritatives comme<br />

Amnesty International et Action Aid.<br />

Son idée pour le projet consacré au<br />

Mexique commence à prendre forme.<br />

« J’ai réalisé que je voulais y retourner<br />

pour appliquer les connaissances que<br />

« L’idée de Trump que les migrants seraient tous des criminels,<br />

c’est de la foutaise. Il y aura toujours des exceptions,<br />

mais les gens avec lesquels je suis devenu ami travaillent dur. »<br />

L’hommage aux Migrantes Valientes. Les pierres tombales portent les noms de certains des pays de naissance des migrants.<br />

76 THE RED BULLETIN

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