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COREY RICH/AMAZON PRIME VIDEO, ANDY MANN/AMAZON PRIME VIDEO<br />
Et parce que ça reste un show télévisé,<br />
ces derniers doivent avoir une chance de<br />
terminer la course et de se dépasser physiquement<br />
et mentalement, sans quoi<br />
toute l’émission perdrait de son intérêt.<br />
Sans compter que le résultat final<br />
devait être, à l’écran, de haute qualité –<br />
comme au cinéma – ce qui est aujourd’hui<br />
possible grâce aux dernières avancées<br />
technologiques en matière de caméras :<br />
sur place, on aurait donc une armada de<br />
200 caméras, dont 23 VariCams et une<br />
petite armée de GoPro et de drones. Après<br />
une première phase de recherches à la<br />
maison, Hodder et Flavelle étaient arrivés<br />
en février 2019 aux Fidji pour la deuxième<br />
phase de prospection, pour une<br />
durée de deux mois, le projet final devant<br />
être présenté à Burnett en fin de séjour.<br />
Ne pas tomber dans la rivière. Les Canadiens de<br />
la Team Peak Pursuit sur un radeau de fortune.<br />
En théorie, leur mission était simple :<br />
« Une fois qu’on a défini les dix<br />
endroits que l’on veut inclure dans la<br />
course, il suffit a priori de les assembler<br />
comme un puzzle. » Sauf que terminer<br />
un puzzle, c’est parfois compliqué.<br />
Avant cette horrible journée passée<br />
dans le canyon, Hodder et Flavelle<br />
avaient eu l’idée de proposer un défi<br />
d’orientation : offrir aux équipes le choix<br />
de prendre un raccourci à travers la<br />
jungle pour éviter une longue marche le<br />
long d’un bras mort de rivière. « C’est le<br />
genre de décisions auxquelles on est parfois<br />
confronté en trek : on regarde un<br />
sentier sur la carte, puis on repère un<br />
raccourci sur Google Earth, et on se dit :<br />
“Pourquoi pas ?’’ »<br />
Mais après avoir bifurqué dans la<br />
jungle, les Canadiens se sont retrouvés<br />
pris au piège dans un mur impénétrable<br />
de végétation, se frayant péniblement un<br />
chemin à coups de machette. Quant au<br />
terrain, qui avait l’air plat sur la carte, il<br />
s’est avéré beaucoup plus escarpé et dangereux<br />
que prévu. Favelle : « À chaque<br />
fois qu’un passage dans la jungle nous<br />
paraissait relativement aisé, on s’est<br />
rendu compte, une fois sur place, qu’il<br />
ne l’était pas. »<br />
Ils ont ensuite réalisé que ce défi allait<br />
survenir dans les premiers jours de la<br />
course, dans une phase où les équipes<br />
sont encore pleines d’assurance, ce qui<br />
les aurait forcément poussées à opter<br />
pour le raccourci, les obligeant à s’orienter<br />
de nuit. Une mission impossible<br />
quand on n’a que des cartes et une boussole<br />
(le GPS étant interdit). Flavelle et<br />
Hodder ont imaginé le tableau : des<br />
hordes entières de coureurs errant, perdus,<br />
au beau milieu d’une jungle parsemée<br />
d’embûches. « Il y avait un vrai<br />
risque que toute cette aventure tourne<br />
à la catastrophe dès le deuxième jour. »<br />
L’idée du raccourci fut donc éliminée.<br />
Un peu plus tard, ils avaient repéré<br />
une grande prairie d’herbes hautes, qui<br />
pouvait (d’après Google Earth et les<br />
observations faites en hélico) être traversée<br />
pour rejoindre deux sections de la<br />
course. Hodder : « Mais quand on est<br />
arrivés, on s’est aperçus que la zone,<br />
recouverte de buissons, était difficilement<br />
praticable. » Les deux explorateurs<br />
comprennent enfin pourquoi, dans les<br />
îles Fidji, les communications se faisaient<br />
traditionnellement par voie d’eau. À<br />
maintes reprises, après s’être rendu<br />
compte qu’un endroit était inutilisable,<br />
ils n’avaient pas d’autre choix que de le<br />
traverser, n’ayant aucun réseau pour<br />
appeler les chauffeurs qui les attendaient<br />
de l’autre côté. « C’est tellement frustrant<br />
et démoralisant. Et le lendemain, tu dois<br />
retourner au point A et trouver une autre<br />
route pour rejoindre le point B. »<br />
Pour ne rien arranger, l’équipe de<br />
repérage jouait un contre-la-montre :<br />
Hodder devait dévoiler le tracé de la<br />
course à Burnett fin mars. Sans compter<br />
que tout repérage devait se faire de jour,<br />
afin d’évaluer précisément tous les aménagements<br />
(assurer les voies, installer<br />
des cordes, etc.) qu’il faudrait faire en<br />
amont de la course. Ce qui pouvait les<br />
amener, par exemple, à se taper la même<br />
section en VTT plusieurs fois de suite<br />
pour définir la meilleure route possible<br />
ou éviter un terrain privé. Les nuits, ils<br />
les passaient tantôt en pleine nature,<br />
tantôt dans les villages.<br />
Ah, les villages fidjiens ! Là encore,<br />
impossible de les traverser sans prendre<br />
le temps de discuter avec les villageois et<br />
présenter leur projet : « Tu dois toujours<br />
t’arrêter pour prendre le kava (une boisson<br />
de cérémonie qui a un effet sédatif,<br />
ndlr) avant de demander la permission<br />
de traverser le village, » raconte Flavelle.<br />
En dépit des difficultés, leur périple<br />
leur a aussi réservé de belles surprises :<br />
comme ce magnifique passage par une<br />
crête qui les a conduits à un village inaccessible<br />
par la route et qui vit coupé<br />
du monde.<br />
Mais davantage que la variété des<br />
paysages, la course Eco-Challenge, nous<br />
rappelle Hodder, doit surtout offrir aux<br />
participants un large éventail de sports<br />
THE RED BULLETIN 61