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The Red Bulletin Septembre 2020 (FR)

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COREY RICH/AMAZON PRIME VIDEO, ANDY MANN/AMAZON PRIME VIDEO<br />

Et parce que ça reste un show télévisé,<br />

ces derniers doivent avoir une chance de<br />

terminer la course et de se dépasser physiquement<br />

et mentalement, sans quoi<br />

toute l’émission perdrait de son intérêt.<br />

Sans compter que le résultat final<br />

devait être, à l’écran, de haute qualité –<br />

comme au cinéma – ce qui est aujourd’hui<br />

possible grâce aux dernières avancées<br />

technologiques en matière de caméras :<br />

sur place, on aurait donc une armada de<br />

200 caméras, dont 23 VariCams et une<br />

petite armée de GoPro et de drones. Après<br />

une première phase de recherches à la<br />

maison, Hodder et Flavelle étaient arrivés<br />

en février 2019 aux Fidji pour la deuxième<br />

phase de prospection, pour une<br />

durée de deux mois, le projet final devant<br />

être présenté à Burnett en fin de séjour.<br />

Ne pas tomber dans la rivière. Les Canadiens de<br />

la Team Peak Pursuit sur un radeau de fortune.<br />

En théorie, leur mission était simple :<br />

« Une fois qu’on a défini les dix<br />

endroits que l’on veut inclure dans la<br />

course, il suffit a priori de les assembler<br />

comme un puzzle. » Sauf que terminer<br />

un puzzle, c’est parfois compliqué.<br />

Avant cette horrible journée passée<br />

dans le canyon, Hodder et Flavelle<br />

avaient eu l’idée de proposer un défi<br />

d’orientation : offrir aux équipes le choix<br />

de prendre un raccourci à travers la<br />

jungle pour éviter une longue marche le<br />

long d’un bras mort de rivière. « C’est le<br />

genre de décisions auxquelles on est parfois<br />

confronté en trek : on regarde un<br />

sentier sur la carte, puis on repère un<br />

raccourci sur Google Earth, et on se dit :<br />

“Pourquoi pas ?’’ »<br />

Mais après avoir bifurqué dans la<br />

jungle, les Canadiens se sont retrouvés<br />

pris au piège dans un mur impénétrable<br />

de végétation, se frayant péniblement un<br />

chemin à coups de machette. Quant au<br />

terrain, qui avait l’air plat sur la carte, il<br />

s’est avéré beaucoup plus escarpé et dangereux<br />

que prévu. Favelle : « À chaque<br />

fois qu’un passage dans la jungle nous<br />

paraissait relativement aisé, on s’est<br />

rendu compte, une fois sur place, qu’il<br />

ne l’était pas. »<br />

Ils ont ensuite réalisé que ce défi allait<br />

survenir dans les premiers jours de la<br />

course, dans une phase où les équipes<br />

sont encore pleines d’assurance, ce qui<br />

les aurait forcément poussées à opter<br />

pour le raccourci, les obligeant à s’orienter<br />

de nuit. Une mission impossible<br />

quand on n’a que des cartes et une boussole<br />

(le GPS étant interdit). Flavelle et<br />

Hodder ont imaginé le tableau : des<br />

hordes entières de coureurs errant, perdus,<br />

au beau milieu d’une jungle parsemée<br />

d’embûches. « Il y avait un vrai<br />

risque que toute cette aventure tourne<br />

à la catastrophe dès le deuxième jour. »<br />

L’idée du raccourci fut donc éliminée.<br />

Un peu plus tard, ils avaient repéré<br />

une grande prairie d’herbes hautes, qui<br />

pouvait (d’après Google Earth et les<br />

observations faites en hélico) être traversée<br />

pour rejoindre deux sections de la<br />

course. Hodder : « Mais quand on est<br />

arrivés, on s’est aperçus que la zone,<br />

recouverte de buissons, était difficilement<br />

praticable. » Les deux explorateurs<br />

comprennent enfin pourquoi, dans les<br />

îles Fidji, les communications se faisaient<br />

traditionnellement par voie d’eau. À<br />

maintes reprises, après s’être rendu<br />

compte qu’un endroit était inutilisable,<br />

ils n’avaient pas d’autre choix que de le<br />

traverser, n’ayant aucun réseau pour<br />

appeler les chauffeurs qui les attendaient<br />

de l’autre côté. « C’est tellement frustrant<br />

et démoralisant. Et le lendemain, tu dois<br />

retourner au point A et trouver une autre<br />

route pour rejoindre le point B. »<br />

Pour ne rien arranger, l’équipe de<br />

repérage jouait un contre-la-montre :<br />

Hodder devait dévoiler le tracé de la<br />

course à Burnett fin mars. Sans compter<br />

que tout repérage devait se faire de jour,<br />

afin d’évaluer précisément tous les aménagements<br />

(assurer les voies, installer<br />

des cordes, etc.) qu’il faudrait faire en<br />

amont de la course. Ce qui pouvait les<br />

amener, par exemple, à se taper la même<br />

section en VTT plusieurs fois de suite<br />

pour définir la meilleure route possible<br />

ou éviter un terrain privé. Les nuits, ils<br />

les passaient tantôt en pleine nature,<br />

tantôt dans les villages.<br />

Ah, les villages fidjiens ! Là encore,<br />

impossible de les traverser sans prendre<br />

le temps de discuter avec les villageois et<br />

présenter leur projet : « Tu dois toujours<br />

t’arrêter pour prendre le kava (une boisson<br />

de cérémonie qui a un effet sédatif,<br />

ndlr) avant de demander la permission<br />

de traverser le village, » raconte Flavelle.<br />

En dépit des difficultés, leur périple<br />

leur a aussi réservé de belles surprises :<br />

comme ce magnifique passage par une<br />

crête qui les a conduits à un village inaccessible<br />

par la route et qui vit coupé<br />

du monde.<br />

Mais davantage que la variété des<br />

paysages, la course Eco-Challenge, nous<br />

rappelle Hodder, doit surtout offrir aux<br />

participants un large éventail de sports<br />

THE RED BULLETIN 61

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