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« CELA POUVAIT TOURNER<br />
À LA CATASTROPHE<br />
DÈS LE DEUXIÈME JOUR. »<br />
Scott Flavelle, chargé du tracé de<br />
la course pour la production<br />
COREY RICH/AMAZON PRIME VIDEO,<br />
KRYSTLE WRIGHT/AMAZON PRIME VIDEO<br />
vent et de brouillard ne les avaient pas<br />
accueillis au sommet de la montagne.<br />
Un phénomène certes très courant<br />
dans les îles Fidji, dont le relief montagneux<br />
refroidit brusquement les courants<br />
chauds remontant de la mer, mais qui a<br />
donné lieu à une situation incongrue au<br />
sein de l’équipe : Ryan Vrooman, le coordinateur<br />
de la course, souffre d’insolation,<br />
tandis que Hodder, au bord de l’hypothermie,<br />
tremble comme une feuille.<br />
« Il fallait que je bouge pour me réchauffer,<br />
et Ryan en était évidemment incapable.<br />
» Finalement, l’équipe décide<br />
d’installer le bivouac pour la nuit, et<br />
Hodder cout se réfugier dans son sac de<br />
couchage. Le lendemain matin, au quatrième<br />
jour passé dans la jungle, l’équipe<br />
se réveille sous une pluie battante. Ils<br />
enfilent leurs affaires encore trempées et<br />
se remettent en route pour la prochaine<br />
section à tester.<br />
Hodder et Flavelle, qui ont déjà travaillé<br />
ensemble sur de nombreux projets<br />
de courses d’aventure, ont repéré un<br />
canyon long d’une dizaine de kilomètres<br />
et souhaitent l’inclure au trajet de la<br />
course : d’après les observations faites<br />
sur des cartes et Google Earth, le courant<br />
de la rivière forme des petits bassins<br />
qui se suivent comme des perles sur un<br />
collier, avec un niveau de difficulté apparemment<br />
acceptable. Apparemment.<br />
Parce qu’une fois sur place, Hodder se<br />
souvient d’un adage bien connu dans<br />
le milieu du sport extrême : ne crois<br />
jamais ce que tu vois sur une carte.<br />
En guise de bassins, des mares remplies<br />
« d’une eau glaciale » et trop profondes<br />
pour être traversées à pied. Les<br />
passages moins profonds sont un véritable<br />
enchevêtrement de rochers glissants<br />
recouverts d’algues, à peine visibles<br />
depuis la surface : un régal pour les<br />
chevilles fragiles. Flavelle : « Il fallait<br />
avancer à tâtons sans quoi on se pétait<br />
une jambe. »<br />
Pour couronner le tout, il leur est<br />
impossible de passer par les berges,<br />
tant la végétation est dense. Au bout du<br />
compte, après neuf heures de tâtonnements,<br />
de dérapages, de chutes et de<br />
jurons, nos quatre compères arrivent au<br />
bout de la section. Eux qui sont pourtant<br />
habitués aux conditions extrêmes (tous<br />
les quatre sont originaires de Colombie-<br />
Britannique) demeurent perplexes<br />
devant la difficulté de cette section : s’ils<br />
ne l’incluaient pas à la course, non seulement<br />
ils auraient fait tout ça pour rien,<br />
mais ils devraient surtout chercher un<br />
plan B pour pouvoir relier la côte est à la<br />
côte ouest de l’île. Hodder : « On aurait<br />
supprimé le cœur de la course. »<br />
THE RED BULLETIN 57