Babel-Art-Juin - Juillet 2020
Michel Sabarthes - "Un roman inachevé ?"
Julien Sansonnens - "Coup d'oeuil en cuisine"
Malik "- a redonné vie à Archie Cash"
Dominique Lin - Tempo de Santiago"
Les découvertes de Gérard Glatt
Le rédact est blanc comme un fromage
Michel Sabarthes - "Un roman inachevé ?"
Julien Sansonnens - "Coup d'oeuil en cuisine"
Malik "- a redonné vie à Archie Cash"
Dominique Lin - Tempo de Santiago"
Les découvertes de Gérard Glatt
Le rédact est blanc comme un fromage
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Les Chroniqueurs
Ziska Larouge est bruxelloise, graphiste de formation. Son premier roman Le plus important (Basson éd. ; 2015) est salué
par une double mention (Prix de la critique et Prix Marc Galabru) au Salon International du Livre de Mazamet (Fr). Elle publie
ensuite Au Diable ! (Weyrich éd., nouvelles, 2017) ; Les Chaises musicales (Weyrich éd., roman, 2018) ; Le goût de tuer
(Lamiroy éd./coll. Opuscule, nouvelle, 2018) ; Les chaises roulantes (Acordacrolivres éd./coll. Livre au carré, nouvelle, 2019) ;
Hôtel Paerels (Weyrich éd., roman, 2019); La grande fugue (Weyrich éd./coll. Noir Corbeau, roman, 2019) et l'Affaire Octavia
Effe (Acrodacrolivres éd., roman, 2019).
Elle enregistre actuellement ses nouvelles, soutenue par les compositions originales de Ket Hagaha, qui crée également les musiques
de ses chansons, en lien avec ses romans.
Plus d’infos : ziskalarouge.wixsite.com/ziska - Photo Stan Arte Vizion
Sabine Dormond - "Traductrice de métier, Sabine Dormond a publié à ce jour sept ouvrages de fiction, le dernier chez l’éditeur
belge Luce Wilquin.
Un certain virus a occasionné le report de la parution de son prochain roman.
Elle a présidé pendant six ans l’Association vaudoise des écrivains (www.a-v-e.ch) et reste impliquée dans la promotion de la
littérature romande à travers l’animation de tables rondes et des interviews d’auteurs.
Sabine Dormond propose régulièrement des ateliers d’écriture et a cofondé en janvier 2011 le café littéraire des « Dissidents de
la pleine lune » (www.recits.ch)" . Photo Miguel Moura
Gérard Glatt, ou Le besoin d'écrire. Dès l'âge de sept ans, il écrit son premier poème. Depuis lors, ses plus fidèles compagnons
demeurent : le papier sous toutes ses formes, ainsi que le stylo, à encre ou à bille, et bientôt le clavier de son ordinateur.
En 1977, il publie son premier roman, Holçarté, chez Calmann-Lévy. Viennent ensuite, et entre autres, notamment publiés aux
Presses de la Cité : Retour à Belle Etoile, qui reçoit le prix www.salondulivre.net 2017, Les Sœurs Ferrandon, récompensé lors
du Concours littéraire international de Servon-sur- Vilaine 2017, Le Destin de Louise. En 2019, il publie L'Enfant des Soldanelles,
toujours aux Presses de la Cité, ainsi qu'un recueil de poèmes Nostalgie 89, aux Editions du Cygne. Lorsque le temps lui
reste, cela depuis plus de quarante ans, il chronique ses coups de cœur dans la Revue Littéraire Europe.
Philippe De Riemaecker, Chroniqueur littéraire, rédige de nombreux articles publiés dans différentes revues Belges et Françaises.
Animateur radio/télévision, il présente la littérature en provenance de toute la francophonie.
Son premier roman "Quand les singes se prennent pour des dieux" reçoit en 2014 le prix "Roman" de la ville de Mazamet. "Tant
de silences" est salué sur la scène internationale..
En septembre 2019 il est intronisé « Citoyen d’honneur de la ville de Rocamadour » - Photo HDlight Photography
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Notre Graphiste
José Mangano est en grande partie autodidacte et pourtant! Italien, il est venu en Belgique il y a une trentaine d'année.
Jeune adulte, il suit quelques cours de peinture et sculpture sur bois à l’Académie en cour du soir.
Graphiste de profession, il travail au sein d'un organisme humanitaire.
Poète, écrivain, marionnettiste et... clown. En compagnie de quelques amis, il crée une école de clown pour enfant et en est
actuellement, le président.
José Mangano est le créateur de notre logo et est le créateur de nos premières de couverture.
Notre plante fétiche
Le Romarin. Sous un éclairage artificiel, alors que la lune se dédouble, il faut avoir rencontré la Voie lactée sous le ciel de
« Campredon » pour comprendre toute la symbolique qui rejoint l’attraction terrestre.
Plante aromatique ou confidente ? Les intimes la baptisent amicalement : « Le gros marin ».
Devenue plante fétiche en raison de son influence artistique, elle guide la complicité de vos chroniqueurs même s’ils sont
arrosés de grenadine.
Cette plante nous rappelle que le talent n’est jamais une question d’égo, au contraire...
Cependant, rencontrer le romarin dans de telles circonstances ressemble à de l’amitié… Tous peuvent le prétendre, rares
sont les témoins de ces instants précieux.
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Les larmes du Thoré
Michel Sabarthes & Olivier Fabre Maire de Mazamet
P
résident de l’association Culturelle du Tarn
Sud, pierre angulaire du Salon International
du livre de Mazamet, Michel Sabarthes, par
son opiniâtreté, allait marquer l’histoire de la
littérature mazamétaine. Il n’était pourtant qu’un
humble employé municipal, comptable durant de
nombreuses années au service de sa ville, la petite
ville de Mazamet.
Fréquenter ce personnage emblématique, faisait
rapidement comprendre que l’amitié n’était pas, pour
lui, une qualité usurpée. Elle était sans concession,
lien d’engagement, une sorte de sacrement de
réciprocité. Homme du vingtième siècle, il façonnera
son existence par la droiture et l’honneur. C’est en
raison de ces valeurs et de ses convictions qu’il fonda
l’AGTS (Association Gaulliste du Tarn Sud).
S’inclinant devant l’autorité sans trahir ses
engagements, il poursuivait sa route, curieux des
différences, revendiquant sans complexes son
attachement au souvenir du Général de Gaulle. Car
Gaulliste il l’était, en était fier, investissant énergie
et temps en devoir de mémoire, intransigeant sur le
respect du vivre ensemble.
Michel Sabarthes homme empreint d’humilité qui,
d’après certains témoignages, reflétait une forme de
complexe d’infériorité. Certes, il plaçait son énergie
à la réalisation d’une forme d’utopie, méprisé par
certains, trahi par d’autres, sans se détourner de ses
objectifs, il prouva contre vent et marée que ce qui
aurait pu n’être qu’une chimère se révéla grandiose.
Michel est né le 17 juin 1954. On le prétend bon
élève, un peu farceur comme le sont des générations
de gamins de son âge. Ses blagues de potaches
n’étaient jamais méchantes, suffisamment drôles
pour se graver dans ses souvenirs au point de le faire
sourire jusqu’aux portes de l’agonie. Il aimait
partager ces réminiscences, ponctuant ses récits par
de grands éclats de rire.
Les commémorations
C
ela se passait dans la petite commune de
« Labastide Rouairou » une cérémonie
commémorative devant le monument aux
morts venait de se dérouler, nous étions en
2019.
L’émotion de ces cérémonies était palpable. Ici se
réunissait la volonté de ne pas oublier, de saluer les
morts, les victimes terrassées par la barbarie,
sacrifice extrême au service de la liberté. On
pourrait croire que ces célébrations sont vaines,
qu’elles proviennent d’un autre temps et cependant, il
faut avoir été témoin des larmes versées par les
descendants de ces martyres pour comprendre qu’il
n’y a pas que la mort qui fut scandale. Les survivants
furent confrontés à des conditions parfois extrêmes.
La peur, la faim, la douleur que l’on ne peut montrer et
les traumatismes faisant plier ceux que l’on croyait
solides face à l’adversité. Parler de sacrifice n’est
pas expression usurpée, elle est peut-être en deçà de
la réalité, cependant, existe-t-il un autre mot qui
pourrait remplacer le premier ? C’est peut-être tout
cela qui motiva Michel Sabarthes à fonder l’AGTS.
Élisabeth Bigou, sa compagne, nous expliquera que
cette association portait le souvenir en saluant tel que
nous l’avons déjà souligné la personnalité qui restait à
ses yeux un dieu : « Le Général de Gaulle ».
Faisant suite à de longues minutes de commémoration
alors que l’écho des dernières notes de la Marseillaise
s’éteignait dans la vallée environnante, les participants
commencèrent à se disperser. C’est souvent l’occasion
de retrouver le fil des souvenirs, c’est souvent
l’opportunité de raconter une anecdote inlassablement
la même, réarrangée au fil du temps. Cette
redondance ne semblait lasser les oreilles attentives.
C’est normal quand on y songe, pour la plupart des
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gens qui l’entouraient ce sont des souvenirs auxquels
ils avaient, à défaut d’y avoir participé, été les
témoins. L’une de ces anecdotes si souvent
entendues resurgit inévitable à ma mémoire. C’est
vrai qu’il la racontait souvent au point que je devinais
par avance l’instant de son entrée en scène.
Michel ne racontait pas l’anecdote, il la vivait comme
si, au fil de ses narrations, il prenait les commandes
d’une machine à remonter le temps. J’adorais ces
échantillons de vie qu’il offrait à qui voulait
l’entendre, c’était des lucioles de bonheur.
Avec une bande de copains, ils avaient fait
l’acquisition d’une paire de lunettes munie d’essuieglace.
Cet accessoire était utilisé en classe derrière
le dos du professeur pour le plaisir des élèves
présents. À l’époque les professeurs étaient
extrêmement sévères ce qui explique que cette
exhibition demandait une certaine audace.
- Qu’est-ce qu’on a pu rigoler avec ce truc !
Et le voici parti dans de grands éclats de rire en
compagnie de ses complices de l’époque.
Michel Sabarthes m’entraina à ses côtés. Il me fit
faire une sorte de pèlerinage m’expliquant sans
détour ce qu’a dû être le calvaire d’une région
pendant les années sombres. Il me présenta au
Colonel Pourcel, figure emblématique du souvenir
français, me fit rencontrer quelques personnalités
marquantes que j’éviterai de citer ici pour ne pas
blesser les rencontres oubliées. Il insistait
systématiquement sur le rôle de chacun, il soulignait
le mérite des autres et c’est probablement par cette
attitude que l’on pourrait définir Michel Sabarthes.
Un homme qui s’efface, qui s’oublie, mais qui le fait
comme le ferait une lanterne au cœur de l’obscurité.
C’est quand elle s’éteint que l’on perçoit son
indispensabilité.
La littérature:
Tout a commencé par une rencontre.
E
t
cependant, alors qu’il mettait en place les
prémices d’un salon dédié aux livres anciens
et aux vieux papiers, qui aurait pu imaginer
que Michel Sabarthes deviendrait une
personnalité au sein du cercle fermé de la
littérature ? De nombreuses témoins partagent
l’impression que Michel Sabarthes ne prenait pas
conscience de sa notoriété.
Il y a quelques années en se rendant au centre
Culturel d’Albi, Michel Sabarthes, en compagnie de sa
compagne Élisabeth Bigou, se retrouve face à Marc
Galabru. L’opportunité d’approcher le frère du
célèbre comédien est une aubaine. La simplicité de
l’artiste médecin n’est pas à démontrer, pour l’avoir
rencontré je puis témoigner qu’il était de ces hommes
que l’on aime fréquenter. On discute un peu et
comme le destin sait vous offrir de belles surprises,
voici que Marc et Michel se lient d’amitié. Marc
offre ses conseils à Michel et suggère de
transformer ce qui n’était qu’un salon du livre
d’occasion et du papier ancien en salon du livre. Belle
opportunité d’offrir une vitrine aux auteurs de la
région. Michel Sabarthes est séduit par l’idée et
sans tarder met tout en œuvre pour la réaliser. Le
Salon du livre de Mazamet est né et au fil du temps,
il étendra sa réputation attirant des écrivains en
provenance de tous les coins de la francophonie.
Marc devient le mentor de Michel, homme
chaleureux, amoureux de théâtre comme l’était son
ainé, il offre par sa présence un charisme évident.
Malgré qu’il ne porte pas la même notoriété que son
frère, il est loin d’être anonyme. Michel se rend
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régulièrement chez Marc, rencontre l’autre Galabru,
partage une forme de fraternité à la Pagnol. L’un
aime s’épancher… Il est truculent, plein
d’enthousiasme et profondément humain. L’autre est
bon public, le duo se complète merveilleusement bien.
Malheureusement la vie met fin à cette rencontre.
La santé de Marc décline brutalement. Pour Michel,
un drame se prépare car le partage de cette
profonde amitié ne se prépare pas à la séparation.
Marc Galabru s’éteint le 6 octobre 2014. À partir de
cette date, Michel tronque sa joie de vivre par une
sorte de rôle qu’il faut jouer. Le spectacle se doit
de continuer quoiqu’il arrive, était-ce une leçon en
prémonition d’un avenir relativement proche ?
Régulièrement Michel se rend sur la tombe de Marc
Galabru. Il nettoie ce qu’il peut, arrache le lierre qui
envahit la pierre et fait graver quelques mots
rédigés à sa demande par la poétesse câline Henry
Martin. Face à l’adversité on montre bonne figure.
Jamais l’ami n’oubliera l’autre, jamais une journée ne
s’épuisera sans que le nom de Marc Galabru ne soit
prononcé dans la petite maison située rue Ampère,
car c’est là que Michel Sabarthes prépare le
Pour le Général
T
el que souligné en début de chronique,
Michel Sabarthes se proclamait gaulliste.
Œuvrant dans différentes associations
dont l’une des plus connues, « le souvenir
français », il participait au souvenir de mémoire sans
se laisser séduire par un parcourt en politique.
Convictions parfois sujettes à polémiques, qu’importe,
rien ne faisait fléchir sa volonté de poursuivre tout
en ouvrant la porte à tous ceux qui aimaient l’humain.
Car c’était probablement en cela que résidait son
engouement : opiniâtre à la réalisation de ses
objectifs, il n’oubliait personne qu’il savait en
souffrance. Il est important de souligner que sous
son costume d’homme-orchestre, Michel démontrait
une humilité quasi maladive lorsque ses amis
désiraient le placer sous le feu des projecteurs.
prochain Salon. Michel en accord avec l’unanimité
des membres du bureau de l’association culturelle du
Tarn Sud, après avoir reçu l’autorisation de la famille,
place Marc Galabru en qualité de membre d’honneur
perpétuel du Salon International du livre de Mazamet.
Les plus fidèles auteurs du salon applaudissent avec
enthousiasme. Beaucoup avaient fréquenté l’icône de
la région, chacun l’aimait à sa façon et malgré la
tristesse de l’absence, on remerciait ainsi la
générosité.
Homme discret, mais passionné il a, pendant plus de
dix ans, façonné l’un des Salons littéraires les plus
connus non seulement auprès des habitants de sa ville
natale ou de son département, mais débordant
largement des frontières françaises puisqu’il
résonnait sur d’autres continents. Il possédait
l’intelligence de comprendre combien l’ouverture
pouvait être une richesse. Sortir de sa zone de
confort, d’une certaine facilité pour offrir aux
auteurs une vision internationale. En choisissant
cette voie, le Salon du livre de Mazamet deviendra le
Salon International du livre de Mazamet.
Les écrivains firent rapidement écho, ils proviendront
de France, de Belgique, de Hollande de Suisse des
États-Unis, d’Afrique et j’en passe. Le succès est tel
que les places destinées aux exposants sont souvent
réservée plus d’une année à l’avance. Le Salon est une
réussite et comme dans toute réussite quelques
tensions se font sentir. Certains veulent récupérer
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l’évènement ou tout au moins tirer la couverture à
soi. Le Salon offre à la ville une vitrine de choix mais
la ville répond timidement. Pas de subside de la part
de la commune, juste le prêt de locaux. Certes, c’est
déjà ça, mais ce geste semblait minimaliste aux yeux
de la Culture. Michel Sabarthes s’il en est blessé
refuse la polémique. Il prend ce qu’on lui offre et les
liens qu’il a noués avec la Mairie le rendent peut-être
moins exigeant. Il connait tout le monde, tout le
monde le reconnait. Ou qu’il soit, il y a toujours une
personne qui vient le saluer.
Avec le temps, Michel dévoile ses qualités. Diplomate
pour certains, intransigeant pour d’autres, pathétique
aux yeux d’une minorité toujours prompte à
dévaloriser. Il élague les difficultés sans jamais faire
preuve de rancune excepté en de rares occasions,
lorsque la diffamation se dévoile pour salir l’un de ses
« protégés ».
Et soudain, le plus grand défi se présente
à lui ...
U
n
samedi matin, alors que le printemps se
faisait avare de soleil, il me prit à témoin.
Il était fier d’avoir maigri argumentant ce
fait par le refus du verre de vin, de l’apéro
entre copains. Faut-il l’avouer, à cette époque j’étais
admiratif. Pendant quelques mois nous avons continué
à fréquenter tantôt les évènements littéraires,
tantôt les cérémonies commémoratives. Avec le
temps, j’en viens à me demander s’il ne savait pas déjà
que la maladie se plaisait en sa compagnie. Michel ne
suivait pas de régime, il n’avait plus d’appétit, la
souffrance se faisait omniprésente. Attentif à
détourner mon attention, il me faisait découvrir sa
ville sous un jour que je ne connaissais pas. Il
m’entrainait pour saluer sa maman, pour visiter
Toulouse, pour un truc ou l’autre à ne pas manquer.
Jamais il ne se plaignait même si quelquefois il prenait
quelques minutes de repos que je croyais liées à ses
longues heures de travail. Tous ces petits signes qui
auraient dû m’alerter restèrent invisibles à mes yeux.
Il voulait m’inviter quelques jours à Collioure
malheureusement, à cette époque, trop pris par mon
travail je ne pouvais me permettre ces quelques jours
de repos. J’aurais dû être plus attentif, plus présent,
mais pour ce genre de choses l’aveuglement vous rend
bêta. C’est bien souvent trop tard que l’on réalise
l’erreur quant au choix de ses priorités.
Vint le 14 juillet 2019. C’est peut-être ce jour là que
j’ai pris conscience qu’un truc ne tournait pas rond.
Nous étions en compagnie de quelques amis
rassemblés dans le village « Les Martys » pour
célébrer la prise de la bastide. Michel pour la
première fois, appuyer contre le bar, m’a parlé de
douleurs. Il souligna des maux d’estomac, que ce
devait provenir du stress, quoi d’autre ?
Michel Sabarthes était Homme de caractère. Malgré
son charisme grandissant, s’il offrait son amitié il le
faisait sans limites, n’attendant rien en retour si ce
n’est le plaisir d’un sourire. D’une disponibilité
discrète, rien d’étonnant de le voir se mobiliser parmi
les premiers à la moindre occasion. Si Michel
Sabarthes était un homme généreux, il ne tolérait
aucun manquement aux principes qu’il s’était fixé.
Pour Michel Sabarthes l’honnêteté ne pouvait offrir
de concession.
Nombreux sont les témoignages confirmant que
Michel Sabarthes offrait son temps et ses
ressources à chaque occasion si le besoin s’en faisait
sentir. Il œuvrait en silence, sans vague, sans faire
de bruit. En date du 22 et 23 octobre 2019, l’Aude
fut touché par des inondations terrifiantes. Michel
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sa compagne et quelques amis prirent la route, récoltant des produits de première nécessité, les finançant de
leurs propres deniers avant que les sinistrés de l’Aude ne soient entourés par des structures organisées. Il
prétendait que ce n’était pas grand-chose, mais ce geste répondait à sa personnalité, celle de porter la main
tendue.
Michel Sabarthes infatigable, s’il était levé avant l’aurore, couché après les autres, c’est qu’il semblait prendre
plaisir à parfaire son travail jusqu’à ce que chaque détail soit modelé en parfaite harmonie. Il pouvait se
montrer inflexible sur certains points et pourtant terriblement timide en d’autres occasions. Certes, il était
un homme simple, mais jamais simpliste et pourquoi ne pas le dire, d’un caractère brut de décoffrage
Et puis, Michel ne s’est plus levé.
J’ai pris l’avion le plus rapidement possible, rejoint l’hôpital de Castre ou je l’ai vu pleurer. Il ne versait pas de
larme sur le départ, non, il pleurait sur ceux qui conjugueront le verbe « déserter ». Oui, les voiles du navire
ont été ramenées malgré que la bise ne demandait qu’à souffler. Loin des projecteurs, les désertions
trouvèrent de bonnes raisons pour auréoler l’abandon.
Je suis rentré en Belgique le cœur en forme de pluie. Plus tard une amie m’a averti que les heures étaient
comptées. L’avion que je voulais prendre n’était pas disponible, la France était en grève. Le lendemain le vol
était saturé et le jour suivant il n’y avait aucun avion de prévu. Michel s’est éteint. Michel endormi, pour la
première fois de mon existence j’ai compris la richesse que représente une belle amitié… J’avoue que j’en ai
été terrassé.
Dans l’église, le prêtre a refusé que l’on prenne la parole. En chaire de vérité il prononcera ces mots : « Ici
c’est moi qui parle »… Mais tout de même, la goujaterie a ses limites, il a tendu le micro au Maire Fabre qui fit
belle allocution. Inutile de relever l’orgueil de la soutane, tous les prêtres ne font pas preuve d’une telle
balourdise, vive la liberté, vive la démocratie.
Nous avons attendu la fin de l’office pour nous réunir dehors, face à la façade d’un bâtiment qui prétend
représenter la charité. Nous avons du sortir sous un ciel heureusement clément pour qu’enfin nous puissions
prononcer quelques paroles, dire au revoir, remercier Michel. Le cercueil, entouré de portes drapeaux,
semblait lumineux. Dehors, sous un ciel de fin d’hivers, les couleurs en berne offraient ce qui peut l’être quand
un héraut s’en va. Le Colonel Pourcel a salué sobrement celui qui le suivait chaque année pour saluer les
victimes des heures sombres. Pierre Gonzales, Président de l'OCDPC (Observatoire Citoyen de Défense
et de Protection Civiles ) s’est avancé, après quelques mots il a décoré Michel à titre posthume. Michel Tobal,
était également à nos côtés, ce dernier représentait le corps des pompiers. Il ne faisait pas chaud et malgré
le froid qui nous faisait trembler, l’assemblée ne songeait pas à se disperser.
J’ai regardé la foule à travers un brouillard de larmes. Mon Dieu, Michel, si tu avais pu voir tous ces gens
rassemblés pour toi... Ils venaient de tous les horizons ayant franchi pour certains des centaines de
kilomètres tandis qu’au même instant, fleurissaient autour de le francophonie, des centaines de bougies posées
devant les portes par les artistes qui n’avaient pu se déplacer.
Le lendemain, le soleil a laissé la place à la tempête. J’ose avouer que quelque chose en moi s’est brisé.
Que restera-t-il de son œuvre ? La vie continue et les pages se tournent tandis que l’histoire ne répond pas
toujours à notre attente.
Qu’écrire de plus? Michel faisait partie de ces géants, restera-t-il dans les mémoires ? Seule, l’avenir
confirmera si la reconnaissance peut germer quand le cultivateur s’en va… Ou pas ? Mais qu’importe l’avenir,
ici, le souvenir de Michel Sabarthes a fait jaillir une source étonnante, celle qui offre la possibilité de
rejoindre l’éternité en essaimant des paysages indescriptibles.
Michel se repose là-haut, sur une colline qui surplombe la ville. Un petit cimetière qui ressemble à tant
d’autres dans lequel, une tombe se fait discrète. La ville, le monde effaceront nos ombres, cependant de làhaut,
le souvenir de Michel observe la vallée creusée par le Torré. Que peut-il faire là-bas, couché sous le
poids nos regrets ? Peut-être écoute-t-il la rumeur des vivants, de ceux qui l’ont aimé ? D’ici un an, peut-être
dix, combien seront-ils encore à venir s’incliner en signe d’amitié ? Combien seront-ils ?
Sur le vent « Marin » se pose le parfum du romarin. Pour les enfants qui atteignent la majorité Le rosé
remplacera la grenadine . Le temps s’écoule inexorablement. Et quand on y songe, la valeur de notre existence
n’est jamais que le reflet de nos réalisations; si cette affirmation se vérifie, quand est-il devant l’éternité?
Philippe De Riemaecker
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Un nouveau roman sur le feu : coup d’œil en cuisine
Photo : David Zuber
À
quarante ans, Julien Sansonnens est déjà une voix qui compte dans le paysage littéraire romand.
Son quatrième roman, consacré à l’Ordre du Temple solaire, lui a valu le prix Édouard-Rod en
2019. Sitôt « L’enfant aux étoiles » paru aux éditions de l’Aire, il s’attèle au livre suivant.
Pourtant, Julien Sansonnens tique quand il entend parler de la jouissance de l’écriture. Lui la vit plutôt
comme un sacerdoce. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il s’installe à son bureau pour y consacrer
deux heures chaque soir, après une journée de travail. « Je passe déjà 43 heures par semaine assis,
le corps est sollicité. » S’il s’astreint néanmoins à une telle discipline, c’est qu’elle s’impose à lui
comme une obligation. « Dans la hiérarchie des frustrations et des souffrances, c’est encore pire de
ne pas écrire. À un moment, les choses doivent sortir. » L’auteur évoque ce besoin vital de s’exprimer
qui fait notre humanité. Ce besoin de donner du sens.
Julien croit au labeur plus qu’au talent. « Il n’y a rien de pire que les livres paresseux, quand on ne
sent pas la sueur sur le clavier. » Un travail qui consiste tout d’abord à se documenter, parce qu’un
roman doit, selon lui, apprendre quelque chose aux lecteurs.
Le livre en cours s’inscrit dans la tradition des écrivains voyageurs. Il y sera question du mouvement
des gilets jaunes. Et de la France, à travers le regard neuf et un peu naïf d’un commerçant qui la traverse
pendant une semaine pour en faire une sorte d’état des lieux.
Ce narrateur découvre un pays accroché à une idée de grandeur, nostalgique d’un passé glorieux révolu.
Un pays qui se pense à part et qui assiste dans la douleur à un déclassement économique et géopolitique.
L’insurrection dont il est témoin lui apparaît comme un évènement politique majeur. Pour
preuve, la violence sans précédent de la répression. « Quand tu es prêt à te faire matraquer, tirer
au flash ball à bout portant, priver de salaire, c’est qu’il y a vraiment un problème. »
Il y a certes une tradition de contestation en France, mais elle émane habituellement de la classe
moyenne instruite. Ce qui change avec les gilets jaunes, c’est la sociologie des participants. À travers
eux, on aperçoit le peuple invisible, la France périphérique, celle des petits patrons et des agriculteurs.
Une France prête à tout pour que survive le mythe républicain tel que la tradition monarchique
et la révolution l’ont façonné.
Sabine Dormond
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L’instant poésie
Les découvertes de Gérard GLATT
J
oë Bousquet, né en 1 897, à Narbonne, est mort en 1 950, à Carcassonne. En
1918, âgé de 21 ans, une balle allemande l’atteint à la colonne vertébrale. Le restant
de sa vie, il reste paralysé et demeure alité dans une chambre aux volets clos en
permanence. Écrivain, poète et romancier, il entretient jusqu’à la fin de son existence
de nombreuses relations épistolaires, notamment avec Paul Eluard, Max Ernst, Jean
Paulhan. Dans Traduit du silence, le livre de ses cahiers, publié chez Gallimard, dans la collection
L’Imaginaire, il écrit : « Seul, couché dans mon lit, j’ai atteint des hauteurs telles,
que j’ai creusé le ciel. Enfermé dans ma chambre, enfermé dans mon corps, je rayonne dans
cette lumière immobile… »
De son vivant, il publie des recueils de poésie, dont La Connaissance du soir, des romans,
dont Le Meneur de lune, chez Albin Michel, quelques nouvelles également.
L’essentiel de son œuvre est cependant posthume. Encore aujourd’hui, on en découvre, non
sans difficulté parfois, tant il y a de densité dans ses textes, toute la profondeur esthétique,
morale et mystique.
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Parce qu’il me touche particulièrement, voici Le Déshérité* :
On voit à peine son visage
Les malheureux n’ont l’air de rien
Son père dit qu’il n’a plus d’âge
Sa mère dit je l’aimais bien
Des jours brisés qu’il se rappelle
Il n’est pas sûr qu’il ait souffert
Tant sa douleur est naturelle
Son sourire est mort l’autre hiver
Il pleut des jours le jour en pleure
L’avril périt de ses parfums
Et comme lui les regrets meurent
Sait-on d’un mort s’il fut quelqu’un
Ils iront le voir à l’asile
Il a des frères il a des sœurs
Jouer aux sous dans sa sébile
Nul ne peut rien à son malheur
S’il a vécu comme personne
Souvenez-vous par charité
Qu’un monstre attend qu’on lui pardonne
L’affreux bonheur d’avoir été
* Extrait de La Connaissance du soir, Gallimard (1947)
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Page 17 Babel-Art Juin—juillet 2020
Malik a redonné vie à Archie Cash
Geoffroy Herens
Sur base d'un scénario de feu Jean-Marie Brouyère, Malik a dessiné le tome 16 des
aventures du célèbre baroudeur qui avait connu le succès tant en albums que dans les
pages de Spirou magazine, dans les années '70 et '80.
« À l'époque, nos albums étaient quelque peu censurés
par les libraires, se souvient Malik. Ceux-ci pouvaient
les vendre mais pas les mettre en vitrine. Il faut dire
que notre série a directement connu le succès, notamment
grâce aux nombreuses fois où nous avons eu
droit à la couverture du Spirou magazine (et au soutien
de Charles Dupuis). »
Les héros ne meurent jamais. Une preuve supplémentaire
? Le retour quasi inespéré d'Archie Cash. Le baroudeur
que les bédéphiles avaient appris à connaître
et à apprécier de 1973 à 1988 dans les pages de Spirou
Magazine ainsi qu'en albums vient en effet de revenir
par la grâce d'un seizième tome intitulé « Qui a
tué Jack London ? ». Un opus qui débarque donc 31 ans
après « Curare ».
Son come-back, Archie Cash le doit à Malik... et à ce
hasard qui fait parfois bien les choses. « C'est tout
simple, explique le dessinateur. J'ai un jour remis la
main sur un scénario de Jean-Marie Brouyère. J'allais
enfin pouvoir répondre de manière concrète aux lecteurs
qui me demandaient régulièrement lors de
séances de dédicaces quand reviendrait Archie Cash. »
Le résultat, paru en 1.200 exemplaires aux Editions du
Fourbe Chinois, ne décevra pas les amateurs. Le sosie
de Charles Bronson y est égal à lui-même : brave, idéaliste,
musculeux mais pas trop scrupuleux. Le tout
dans une atmosphère sombre, malsaine, où les planches
semblent avoir été trempées dans la moiteur ambiante...
Un milieu où les hommes n'inspirent pas confiance
et où les femmes... ne craignent visiblement pas
les courants d'air.
Aux manettes pour les quinze premiers tomes, le duo Brouyère-Malik. Le premier est décédé en 2009.
« C'était quelqu'un de très attachant, se souvient le dessinateur. J'ai toujours suivi ses scénarios à la lettre.
Idem pour « Qui a tué Jack London ? ». »
Techniquement parlant, Malik a choisi de troquer le bleu de coloriage pour la couleur directe. « Je préfère travailler
à l'encre de Chine, à la gouache et à l'aquarelle, précise-t-il. Passer à l'ordinateur ? Je suis trop vieux
pour ça... »
... mais pas pour envisager un tome 17. La réaction actuelle des bédéphiles a en effet tout pour convaincre
l'auteur installé à Huppaye (Brabant wallon) de remettre le couvert dès que possible. D'ici là, les nostalgiques
d'Archie Cash, Cupidon et toutes les autres créations de ce cycliste convaincu et grand connaisseur des choses
de la nature pourront continuer à croiser Malik régulièrement dans les foires et salons dédiés au neuvième art,
où l'intéressé aime rencontrer ses lecteurs, discuter avec eux et dédicacer ses albums.
Geoffroy Herens
Renseignements complémentaires et agenda des salons sur www.lefourbechinois.be
Page 18 Babel-Art Novembre — Décembre 2019
Page 19 Babel-Art Juin—juillet 2020
Tempo de Santiago – Dominique LIN ELAN Sud – EAN 9782911137723
C
’est l’histoire d’un petit garçon… Ben non, en fait c’est l’histoire
d’un réveil matin, un très vieux réveil, un réveil à ressort… Ben
non ! Ce n’est pas ça non plus… Alors quoi ? C’est l’histoire d’une
belle amitié, d’une confiance partagée sans que les protagonistes
ne s’aperçoivent de l’importance de cette relation. C’est l’histoire d’une
partition musicale, de l’intérêt qu’offre la ténacité à accomplir même si
ténacité nous semble un objectif très compliqué. C’est également la démonstration
d’une forme de vie cachée, une vie que les humains ne peuvent
que deviner sans y porter d’intérêt alors que c’est important d’aimer ce qui
nous entoure, de prendre soin, d’offrir sa tendresse à ce qui n’est pas
vraiment joli.
Le quatrième de couverture explique qu’ici un réveil aide son propriétaire à
remplir de musique les rêves de ce dernier… Je pense que c’est bien plus
que cela, j’ai l’impression qu’en rédigeant cette cinquantaine de pages, Dominique
LIN dévoile énormément de choses. Ce sont des mots très doux,
des mots soigneusement déployés qui, par la même occasion, bercent avec
tendresse la langue de Molière. Tic, tac, tic, tac, Tempo de Santiago efface
le temps, gomme les rides, approche petits et grands pour une lecture
avec ou sans symbole, cela dépendra de vos enfants, cela dépendra de
« vous », parents.
Je ne soulignerai jamais suffisamment le soin apporté à la qualité des ouvrages
proposés par la Maison d’édition « Élan sud ». J’ai suffisamment
fréquenté le monde de l’édition pour avoir rencontré tout et n’importe
quoi. J’entends encore certains éditeurs me confier que les auteurs sont
des gens compliqués et qu’ils devraient être contents d’être publiés.
Quelle erreur de jugement ! Quelle arrogance dans le propos ! La qualité
d’un ouvrage est avant toute chose une question de respect vis-à-vis du
lecteur. Publier certes, car justement le fait de publier n’est pas qu’un
simple geste d’impression, de reliure et puis… Et puis quoi ?
La maison d’édition « Élan Sud » offre un catalogue qualitatif (j’allais écrire caritatif) si l’on parle des textes proposés par
leurs auteurs. J’attire votre attention sur la qualité du papier choisi, le design épuré. Tous ces petits détails prouvent
que l’éditeur plonge les mains dans le cambouis pour que les œuvres deviennent de petits objets d’art, des livres que l’on
collectionne, qui fusionnent dans le décor comme le ferait de petits tableaux, quelques bibelots précieux.
Élan Sud n’est pas la seule maison à soigner sa collection, nous retrouvons dans un autre genre la même approche chez
« Noir d’Absinthe » et d’autres encore qui me pardonnerons de ne pas citer leur nom.
Mon travail consiste à vous parler d’ouvrages, vous pouvez comprendre que le nombre de livres qui m’entourent est considérable.
Pourtant, dans mon salon, à la vue des visiteurs ne se trouvent que quelques livres joliment présentés. J’ose
croire que je ne suis pas le seul à agir de la sorte. N’est-ce pas une sorte de vitrine ? N’est-ce pas une forme de publicité
que de relier en costume d’apparat ? Un lecteur qui achète un livre dépense une partie de son argent de poche. Ce n’est
pas rien, c’est de l’argent qui pourrait servir à autre chose. Offrir en échange un objet de qualité c’est une autre façon
de fidéliser ses lecteurs. On prétendra que je sors de ma réserve, que ce n’est pas mon rôle. Détrompez-vous, si vous
êtes éditeur et que vous pensez réellement que ce que j’exprime ici n’a pas lieu d’être c’est probablement que vous ne comprenez
pas ce que signifie « respect ». Le lecteur mérite cette attention, l’écrivain mérite que son travail soit présenté
sous ses plus beaux atours. Et si toutes ses considérations venaient à ne pas être comprises, j’imagine que l’éditeur n’a
aucune considération pour sa propre maison… Rassurez-vous, ils ne sont pas nombreux.
Philippe De Riemaecker
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Le rédact est blanc comme un fromage
I
l y a bien des années j’achetais 3 litres de lait entier auquel je rajoutais un litre de lait battu. Après quarante-huit heures de
patience il ne me restait plus qu’à égoutter pour obtenir un fromage frais d’une telle onctuosité que la famille finissait la dernière
cuillère à grand cris de revendication. Plaisir du cuisinier qui observe les noms d’oiseaux lancés sans méchanceté,
juste en raison d’une gourmandise justifiée par les offrandes de dame nature… Oui mais, la modernisation est passée par là,
règlementant le contenant et le contenu à grand coup de stérilisation. Hélas, par ce genre de traitement le lait battu a perdu de
son efficacité. Adieu le bon fromage maison,. J’ai bien essayé avec de la présure achetée en pharmacie cependant, le résultat
offrait une telle amertume que j’ai fini par faire le deuil de ce petit plaisir..
Il a fallu que le confinement s’en mêle. Obligé de m’occuper des commissions du ménage je tombe tout à fait par hasard sur une
petite boite qui aussitôt aperçue séduit mon attention.
Lactaline de Yalacta.
Et si nous testions l’efficacité de ce ferment qui selon toute vraisemblance serait spécialement conçu pour faire du fromage
Blanc ?
La boite contient six sachets de 2 grammes. Hm Hm, je demande à voir. Hop hop hop, je
dépose le contenu du premier sachet dans un saladier et ensuite, je verse trois litres de
lait achetés à la ferme voisine que je mélange, torture légèrement à l’aide d’un fouet sans
pour autant dépenser trop d’énergie. Il ne reste plus qu’à attendre.
Par le passé je comptais plus ou moins 48 heures avant transformation… Bingo, après 24
heures le lait s’est transformé en une pâte homogène. À l’aide d’une étamine j’égoutte le
résultat ensuite, après un temps plus ou moins long, suivant la consistance que l’on préfère,
il ne reste plus qu’à se régaler.
Le résultat ? 10 sur 10, rien à ajouter si ce n’est quelques fraises ou une poignée de groseilles
encore brulantes de soleil de saison.
Blinis salés ciboulette-fromage frais
Dans une casserole, chauffez le lait sur feu doux.
Cassez les jaunes d’œufs dans un saladier, incorporez
le lait tiède à l’aide d’un fouet. Ajoutez la levure
fraîche, la farine tamisée, sel et poivre. Laissez reposer
et lever la pâte 1 h dans un endroit tiède.
Montez les blancs en neige et incorporez-les délicatement
à la préparation. Ajoutez la ciboulette ciselée
et le fromage frais. Mélangez et vérifiez l’assaisonnement.
Dans une poêle légèrement beurrée, formez les blinis
en dessinant des cercles de pâte à l’aide d’une
louche ou d’une grande cuillère. Laissez cuire environ
2 min sur chaque face. Renouvelez l’opération
jusqu’à épuisement de la pâte.
25 cl Lait
2 Œufs
20 g Levure de boulanger
fraîche
170 g Farine
0,5 Bouquet de ciboulette
30 g Fromage frais
20 g Beurre demi-sel
1 cuil. à café Sel
Poivre du moulin