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Collectif<br />
Piume è Empiume<br />
ROCOCO SÉRIE<br />
ROMAN COLLECTIF DE LA CORSE<br />
8<br />
U lamentu<br />
<strong>di</strong> u <strong>radaru</strong><br />
d’après<br />
Alfredu <strong>di</strong> Vignale<br />
LETTURA<br />
FERME 2 minuti<br />
AL DENTE 3 minuti<br />
FONDANT 4 minuti
422<br />
ROCOCO<br />
série<br />
« Je lui suis reconnaissant de<br />
l’enthousiasme que j’ai eu autrefois en<br />
lisant Marianne d’Alger », <strong>di</strong>ra un jour<br />
Marcumaria Filimon<strong>di</strong>, à propos d’un poème décrivant,<br />
avec des tonalités romantiques douces et désuètes, la<br />
calme sérénité de la Marianne ornant les timbres émis à<br />
Alger en 1944-1945. Alfred est alors à Pantin où, chaque<br />
<strong>di</strong>manche, il versifie comme d’autres font des aquarelles.<br />
Les commandes ne manquent pas. Ici, c’est un ami<br />
philatéliste qui veut rehausser le ton de sa revue. Là, ce<br />
sont des collègues qui lui réclament un poème pour un<br />
baptême, un mariage, un anniversaire, une remise du<br />
mérite postal ou un départ à la retraite. Tout est <strong>di</strong>spersé.<br />
De cette œuvre poétique, généreuse, humaniste et sociale,<br />
ne subsistent que deux cahiers, ses poèmes de vieillesse.<br />
Sur l’un d’eux, un lamentu :<br />
AlfRedu <strong>di</strong> VignAle<br />
U lamentu <strong>di</strong> u <strong>radaru</strong><br />
L’AUTEUR<br />
Alfreddu Santu<br />
<strong>di</strong> Vignale serait<br />
certainement tombé<br />
dans l’oubli si sa<br />
succession n’avait pas<br />
précieusement<br />
conservé les cahiers<br />
où il consignait ses<br />
poèmes de réception<br />
au sein de l’amicale<br />
villageoise dont il fut<br />
président d’honneur.<br />
U lamentu <strong>di</strong> u <strong>radaru</strong><br />
fait partie des ultimes<br />
poèmes de ce recueil,<br />
ouvert à l’âge de 85<br />
ans et tenu à jour<br />
jusqu’à son décès,<br />
à l’âge respectable<br />
de 98 ans.<br />
Sa carrière,<br />
au sein de la défunte<br />
administration des<br />
PTT, aura été<br />
essentiellement<br />
marquée par sa très<br />
forte implication dans<br />
Poste et Poésie,<br />
un groupe informel<br />
de poètes postiers.<br />
Constitué à Alger dans<br />
l’immé<strong>di</strong>at aprèsguerre,<br />
son pôle de<br />
gravité se déplacera à<br />
Pantin, aux portes de<br />
Paris, sitôt après les<br />
Accords d’Evian.<br />
S’y développe alors<br />
une poésie réveillant<br />
les modèles les plus<br />
classiques pour<br />
chanter la nostalgie<br />
de l’Empire postal<br />
dans des poèmes<br />
souvent repris dans les<br />
pages coloniales des<br />
revues philatéliques<br />
– notamment<br />
Servitudes et<br />
grandeurs postales – ;<br />
des « poèmes d’une<br />
beauté pâle et pure,<br />
toujours élevés, graves<br />
et polis comme<br />
l’homme lui-même »,<br />
selon le propos d’un<br />
autre comte de l’île.<br />
L’ŒUVRE<br />
• Cahier 1 bleu<br />
• Cahier 2 jaune
AlfRedu <strong>di</strong> VignAle<br />
U LAMENTU DI U RADARU<br />
ROCOCO<br />
série<br />
423<br />
J’aime le son du 4X4, le soir au fond des bois,<br />
Soit qu’il chante les pleurs du Hummer aux abois<br />
Ou l’a<strong>di</strong>eu du roadster que l’écho faible accueille<br />
et que le vent du sport étouffe porte de Montreuil.<br />
Que de fois, seul, dans l’ombre, à minuit posté<br />
J’ai souri de l’entendre, et plus souvent vibré !<br />
Car je croyais ouïr de ces bruits mécaniques<br />
Qui précédaient l’abord des grands engins antiques.<br />
Ô montage de planque, autoroute adorée !<br />
Boulevard périphérique, ou bien piste défoncée,<br />
Bolides qui déboulez des routes enneigées<br />
feux rouges et panneaux, vitesses pulvérisées !<br />
Zones bleues et pervenches, amies des deux saisons<br />
dont l’amour du PV se compte en salaisons.<br />
C’est là qu’il faut attendre, c’est là qu’il faut flasher,<br />
les excès de vitesse d’un moteur bien lancé.<br />
Souvent un conducteur, lorsque tombe la nuit<br />
Me croyant inconscient, me dépasse sans bruit.<br />
Mais je le foudroie et puis l’apostillonne<br />
S’il n’est pas un cousin du col de Castiglione !<br />
n Alfred Toussaint de Vignale, <strong>di</strong>t Sgiò Fredone<br />
Poème iné<strong>di</strong>t extrait du Cahier 2 jaune :<br />
« Admission du sous-briga<strong>di</strong>er en retraite Dariantone<br />
Bellucheppì, <strong>di</strong>t Zi’Tantone, au sein du Conseil de<br />
surveillance du Centre de loisir sans hébergement des<br />
aînés ruraux du canton de Puntamaggiore-<strong>di</strong>-Topinzu<br />
(Corsica Suprana), le 12 juillet 20<strong>08</strong> »