KOUADIO K. A.
COMITE DE PILOTAGEPrésident : Professeur BIAKA Zasseli IgnaceVice-Président : Jurg UTZINGERVice-Président délégué : BONFOH Bassirou, Centre Suisse de Recherches Scientifiquesen Côte d’IvoireMembres : TRAORE Seydou, MEFHOEGAH Théodore, Représentant du Secteur PrivéObservateurs : ADOHI Krou Viviane, Président du Conseil ScientifiqueSANGARE Yaya , Secrétaire Exécutif, secrétaire de séanceCOMITE SCIENTIFIQUEAKA-EVY Jean-Louis, Professeur Titulaire, Université Marian Ngouabi de BrazzavilleAKAPKO Yaovi, Professeur Titulaire, Université de Lomé (Togo)AKINDES Francis, Professeur Titulaire, Collége de France, Université Alassane Ouattara,Bouaké (Côte d’Ivoire)BANCOLE Alexis, Maître de Conférences, Université d’Abomey CalaviBIAKA Zasseli Ignace, Professeur Titulaire,Université Félix Houphët-Boigny d’AbidjanBONGO-PASI M. Sangol, Professeur Titulaire, Université de KinshasaDIAGNE-MBENGUE Ramatoulaye, Professeur Titulaire, Université Cheick Anta Diop deDakarHOUNSOUNON-TOLIN Paulin, Maître de Conférences, Université d’Abomey CalaviKONE Cyrille B., Professeur Titulaire,Université, de OuagadougouNIAMKE Koffi, Professeur Titulaire, Université Félix Houphët-Boigny d’AbidjanPOAME Lazare, Professeur Titulaire, membre associé de l’Accadémie Royale de Belgique,Université Alassane Ouattara, Bouaké (Côte d’Ivoire)QUASHIE Maryse Adjo, Maître de Conférences, Université de LoméSAWADOGO Mahamadé, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou
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COMITE DE PILOTAGE
Président : Professeur BIAKA Zasseli Ignace
Vice-Président : Jurg UTZINGER
Vice-Président délégué : BONFOH Bassirou, Centre Suisse de Recherches Scientifiques
en Côte d’Ivoire
Membres : TRAORE Seydou, MEF
HOEGAH Théodore, Représentant du Secteur Privé
Observateurs : ADOHI Krou Viviane, Président du Conseil Scientifique
SANGARE Yaya , Secrétaire Exécutif, secrétaire de séance
COMITE SCIENTIFIQUE
AKA-EVY Jean-Louis, Professeur Titulaire, Université Marian Ngouabi de Brazzaville
AKAPKO Yaovi, Professeur Titulaire, Université de Lomé (Togo)
AKINDES Francis, Professeur Titulaire, Collége de France, Université Alassane Ouattara,
Bouaké (Côte d’Ivoire)
BANCOLE Alexis, Maître de Conférences, Université d’Abomey Calavi
BIAKA Zasseli Ignace, Professeur Titulaire,Université Félix Houphët-Boigny d’Abidjan
BONGO-PASI M. Sangol, Professeur Titulaire, Université de Kinshasa
DIAGNE-MBENGUE Ramatoulaye, Professeur Titulaire, Université Cheick Anta Diop de
Dakar
HOUNSOUNON-TOLIN Paulin, Maître de Conférences, Université d’Abomey Calavi
KONE Cyrille B., Professeur Titulaire,Université, de Ouagadougou
NIAMKE Koffi, Professeur Titulaire, Université Félix Houphët-Boigny d’Abidjan
POAME Lazare, Professeur Titulaire, membre associé de l’Accadémie Royale de Belgique,
Université Alassane Ouattara, Bouaké (Côte d’Ivoire)
QUASHIE Maryse Adjo, Maître de Conférences, Université de Lomé
SAWADOGO Mahamadé, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou
COMITE DE LECTURE
-ProfesseurANOH Paul, Géographie, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (COTE D’IVOIRE)
-Docteur Nacoulma GOAMA, Géographie, Université de OUAGADOUGOU (BURKINA FASO)
-Professeur N’DOUBA François, Psychologie, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (COTE
D’IVOIRE)
-Docteur DE CHACUS Sylvie, Maître de Conférences, Psychologie, Université Abomey-Calavi
(BENIN)
-Professeur BADINI Amadé, Philosophie, Université de OUAGADOUGOU (BURKINA FASO)
-Professeur OUATTARA Tiorna, Histoire, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (Côte
d’Ivoire)
-Professeur BATENGA Willy, Histoire, Université de OUAGADOUGOU (BURKINA FASO)
-Docteur TOSSOU Cocou, Maître de Conférences, Sociologie, Université Abomey Calavi (BENIN)
-Docteur MALGOUBRI Pierre Maître de Conférences, Linguistique, Université de OUAGADOU-
GOU (BURKINA FASO)
COMITE DE REDACTION
-Dr OUATTARA Lhaur-Yaigaiba Annette, Sociologie, Rédacteur en Chef, Université Nangui
ABROGOUA
-Dr DAYORO Arnaud Kévin, Sociologie, Rédacteur en chef adjoint, Université Félix HOU-
PHOUET-BOIGNY (Côte d’Ivoire)
-Dr YAO KOUAME, Philosophie, Rédacteur, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (Côte
d’Ivoire)
-Dr KONIN Sévérin, Histoire, Rédacteur, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (Côte d’Ivoire)
-Dr ABOYA Narcisse, Géographie, Rédacteur, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (Côte
d’Ivoire)
-Dr KRA Kouakou Appoh Enoc, Linguistique, Rédacteur, Université Félix HOUPHOUET-BOI-
GNY (Côte d’Ivoire)
-Dr YAPO Ludovic, Lettres Modernes, Rédacteur, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (Côte
d’Ivoire)
-Dr N’Dri Eugène, Psychologie, Rédacteur, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY (Côte
d’Ivoire)
Directeur de Publication
Professeur BIAKA Zasseli Ignace
ADMINISTRATION
Secrétaraire Exécutif du PASRES,
Centre Suisse de Recherches Scientifiques, KM 17, ADIOPODOUME sur la route d+e DABOU.
Tél : (225) 23 47 28 29;
Fax : (225) 23 45 12 11;
01 BP 1303 ABIDJAN 01
Pasres@csrs.ci
Syntyche BAYO, Daouda DOUKOURE, Simone Koussoh MALIK, Qualité de vie et
Transformations socio-économiques des patients du cabinet Edlona Abidjan
(côte d’ivoire)………………………………………………………………………….........……….3
Lopez Yao DJE, L’implantation de la banque de l’Afrique occidentale en côte d’ivoire
et mutations sociales 1906-1955 ……………........……………………………….……………….20
Stéphane KOISSY, Yéboué KOFFI, Quels agents territoriaux face au défi de la
décentralisation en côte d’ivoire ? L’exemple des communes de Bingerville,
Daloa et Taabo ...……………..............................………………………………………………….31
KONATE moussa, Contribution de l’empire du mandingue dans l’évolution de l’islam
en Afrique de l’ouest a l’époque médiévale …..........................................………………...............39
Abraham Kouakou KOUADIO, Téré GOGBE, Tourisme dans le département de Tiassalé
(côte d’ivoire): une alternative au développement local ……………….........…………………….48
KOUADIO Kouakou Didié, Zan Bi Irié Sévérin, ethnicisation du débat politique et
ses conséquences en côte d’ivoire de 1990 à 2011 ….......................………………………………62
N’GORAN Kouadio Adolphe, L’immigration libano-syriennne en AOF et la traite du
caoutchouc en Guinée française, 1897-1913 ………………………………....……………………75
Ouandé Armand REGNIMA, « Tuer » et « laisser mourir » : pourquoi l’euthanasie
inquiète tant ? ……………………………………………….....................................……………..87
Mawussé SOMADJAGO, Dramane CISSOKHO, Lolo Kodzo AHONSU, Entraves
à la viabilité des arbres d’alignement à Lomé ……………................................................………..96
Yohoua Dit Djibril YEO, Impact des normes de certification et de l’estime de soi sur la
qualité de vie chez les agriculteurs de Soubré …………........................................………………105
TOURISME DANS LE DEPARTEMENT DE TIASSALE (CÔTE D’IVOIRE): UNE
ALTERNATIVE AU DEVELOPPEMENT LOCAL
TOURISM IN THE TIASSALE DEPARTMENT (CÔTE D'IVOIRE): AN ALTERNATIVE
TO LOCAL DEVELOPMENT
Abraham Kouakou KOUADIO*,Téré GOGBE**
RÉSUMÉ
L’étude de cet article veut présenter le tourisme comme une alternative pour le développement local
du département de Tiassalé. En effet, il regorge des potentialités touristiques indéniables. L’objectif
de cette étude est d’analyser le tourisme comme une alternative au développement local du département
de Tiassalé. Toutefois, il met en évidence les contraintes liées à l’essor du tourisme. Pour
atteindre notre objectif, nous sommes basés sur les techniques suivantes : la recherche documentaire,
l’observation de terrain et l’enquête par questionnaire.
De cet article, il ressort que le milieu naturel du département de Tiassalé dispose d’un riche potentiel,
notamment la végétation, le relief, le climat et le réseau hydrographie. Aussi, le département de
Tiassalé bénéficie d’une mosaïque ethnique favorable au brassage culturel mettant en place les
manifestations socioculturelles, le folklore, les us et coutumes, etc. susceptibles d’attirer des
visiteurs les plus curieux. Cependant, le tourisme n’arrive pas à être le levier du développement local
à cause de certaines contraintes. Il s’agit de l’hétérogénéité de la végétation, du manque de culture
touristique des populations locales et du désengagement des autorités locales dans le département de
Tiassalé.
Mots-clés : Tourisme, département de Tiassalé, Côte d’Ivoire, alternative, développement local
ABSTRACT
The study of this article aims to present tourism as an alternative for the local development of the
Tiassalé department. Indeed, it is full of undeniable tourist potential. The objective of this study is to
analyse tourism as an alternative to local development in the Tiassalé department. However, it
highlights the constraints related to the development of tourism. To achieve our objective, we use the
following techniques: documentary research, field observation and questionnaire survey. This article
shows that the natural environment of the Tiassalé department has a rich potential, in particular the
vegetation, the relief, the climate and the hydrographic network. Also, the Tiassalé department
benefits from an ethnic mosaic favourable to cultural mixing, setting up socio-cultural events,
folklore, habits and customs, etc. likely to attract the most curious visitors. However, tourism is not
able to be the lever for local development because of certain constraints. These are the heterogeneity
of vegetation, the lack of tourism culture of local populations and the disengagement of local authorities
in the Tiassalé department.
Keywords: Tourism, Tiassalé department, Ivory Coast, alternative, local development.
* Doctorant à l’Institut de Géographie Tropicale, Laboratoire de Recherche Espace-Système et Prospective (LARESP), Université Félix
Houphouët Boigny de Cocody-Abidjan, Côte d’Ivoire
E-mail : kouadioabraham7@gmail.com , +22542854925
**Professeur Titulaire à l’Institut de Géographie Tropicale, Laboratoire de Recherche Espace-Système et Prospective (LARESP), Université
Félix Houphouët Boigny de Cocody-Abidjan, Côte d’Ivoire
E-mail : gogbetere@yahoo.fr
INTRODUCTION
49
Dès l’indépendance de la Côte d’Ivoire, l’agriculture a été le pilier fondamental du développement
socio-économique du pays. Mais la crise économique des années 1980 a contraint l’État ivoirien de
diversifier les secteurs de développement en s’orientant vers le tourisme. Après avoir connu une
envolée relative depuis 1970, la Côte d’Ivoire a subi les affres des différentes crises allant de la
conjoncture économique des années 1980 à celle de la crise post-électorale de 2011. Ces remous
économiques et socio-politiques ont conduit à la dégradation de l’offre et à la baisse drastique de la
demande touristique, de même qu’au niveau des activités de promotion touristique (K. A. Kouadio
et T. Gogbé, 2019 ; p. 286).
Ce secteur représente la troisième plus grande industrie d’exportation dans le monde, derrière celle
des produits chimiques et celles des carburants. C’est également un secteur à très forte croissance,
même devant l’agriculture (S. Sokpon et al., 2018 ; p. 37). Il est l’un des phénomènes les plus
marquants de l’époque contemporaine : c’est l’un des secteurs économiques les plus importants au
monde (K. Abdalla, 2017 ; p. 17). Dans les pays développés, plusieurs de personnes s’adonnent à
l’activité touristique, considérée comme un levier pertinent pour le développement (K. Abdalla,
2017 ; p. 17). Un emploi sur dix dans le monde est lié au tourisme et il concentre près de 10% de la
création de richesses mondiales. Plus d’un milliard de personnes voyagent à travers le monde et rien
ne semble endiguer cette tendance avec 1,8 milliard de touristes attendus d’ici à 2030 (D. Perrain,
2018 ; p. 3). Ainsi, le tourisme vient à la rescousse des économies traditionnelles en difficultés, des
économies insulaires qui portent les stigmates de l’histoire des plantations (O. Dehoorne et P.
Saffache, 2008 ; p. 4).
Ces constats suscitent donc des questionnements quant au rôle du tourisme dans le développement
local. Les interrogations se précisent, d’autant plus que la littérature existante n’y apporte pas
suffisamment d’éclairage. D’abord, du fait du caractère généraliste de la plupart des approches. Elles
ne concernent en effet que le tourisme balnéaire et ne ressortent que rarement les analyses spécifiques
au tourisme. Ensuite, les études du tourisme intérieur sont limitées : seulement à quelques
découvertes du patrimoine naturel et socio-culturel par P. Defert (1972 ; p. 32). Enfin, le peu d’avis
scientifique quant à l’impact du tourisme diverge d’une discipline à une autre. Pour J-B Gnamba-Yao
(1994 ; p. 50), plusieurs pays africains intègrent le tourisme dans leurs créneaux d’activité
comme un moteur de croissance ou de développement économique. M. Diombéra (2013 ; p. 13)
relève également que le tourisme peut contribuer au soutien du développement local. Pour d’autres,
en revanche, le secteur économique du tourisme est considéré comme un instrument de la colonisation,
puis de la doctrine du développement, dans la recherche d’une cohésion territoriale (D.
Masurier, 1998 ; p. 128). Face à ces différentes approches des faits, une connaissance des interactions
entre tourisme et développement local est plus qu’indispensable. Le département de Tiassalé
n’est pas en marge de cette politique et actuellement, du fait de la décentralisation, chaque région
doit s’auto développer afin d’assurer le bien-être de sa population sur tous les plans. C’est dans ce
cadre qu’il est important d’étudier le tourisme ou les potentialités touristiques dans chaque région.
Cet article se propose de montrer le rôle du tourisme dans le développement local du département de
Tiassalé.
1-MATÉRIEL ET MÉTHODES
La méthodologie utilisée dans ce travail associe la présentation et la situation géographique, la
méthode de collecte des informations et la technique d’échantillonnage, le traitement des données.
50
1.1-Présentation de la zone d’étude
Le département de Tiassalé est situé aux coordonnées géographiques de 5°53’ de Latitude Nord et
de Longitude Ouest (Figure 1). Il est à équidistant de la capitale économique et administrative
(Abidjan) et de la capitale politique (Yamoussoukro), à 125 Km. Son ressort territorial est rattaché à
la région de l’Agnéby-Tiassa selon le décret n°2011-263 du 28 septembre 2011. Ses limites sont
définies au Sud le département de Grand-Lahou, à l’Est par ceux d’Agboville et de Sikensi, à
l’Ouest, nous avons les départements de Divo et d’Oumé, enfin au Nord, ceux de Toumodi et de
Bongouanou. Par sa situation géographique, il se trouve à la croisée de la forêt dense et de la savane
à rônier et jouit d’un climat tropical de type attiéen à un régime unimodal. De plus, le département
de Tiassalé est une zone de transit pour rejoindre les autres régions de la Côte d’Ivoire. L’on trouve
une population cosmopolite basée sur les quatre aires ethnoculturelles telles que les Abbey, les Agni,
les Abidji-Agni et les Baoulé dudit département. Tous ces facteurs constituent pour le département
de Tiassalé, d’indéniables potentialités naturelles et socioculturelles pour le développement de ses
secteurs économiques, en occurrence le tourisme.
Figure 1 : Localisation du département de Tiassalé
La raison de son choix pour la réalisation de cette étude réside dans les avantages naturels, humains
et infrastructurels pour développer le tourisme. Le département de Tiassalé connaît une léthargie au
niveau de son développement à cause de la chute des prix des matières premières agricoles (cacao et
café) et de la fermeture de quelques unités agro-industrielles, notamment de la Société Africaine de
Conserverie (SAFCO) et des scieries. Face à la difficulté d’impulser réellement le développement
local du département de Tiassalé par l’agriculture, il serait intéressant de trouver l’alternative de son
développement ailleurs, une raison de plus pour étudier le tourisme.
1.2- Méthodologie de l’étude
Pour cette étude, nous nous sommes appuyés sur deux techniques de collectes de données à savoir
la recherche documentaire et l’enquête de terrain. La méthode adoptée pour conduire cette recherche
émane des sources secondaires et primaires. La source secondaire est constituée d’ouvrages
retraçant le tourisme ivoirien. La consultation de ces ouvrages a été possible par le biais des moteurs
de recherche et des bibliothèques universitaires. L'exploration et l'analyse de documents et de
rapports produits par le Ministère du Tourisme, notamment les thèses, les mémoires, les articles
scientifiques et le rapport de la politique générale du tourisme. Cette phase a été déterminante dans
le choix des localités visitées. Toutefois, l'appréhension du tourisme dans le développement local n’a
pu être possible à travers cette méthode. Des enquêtes de terrain consistant au recensement des
infrastructures touristiques au sein du département de Tiassalé, des entretiens avec les autorités
administratives et traditionnelles, les acteurs du tourisme dans l’administration territoriale, ainsi que
des responsables d’associations d’artisans ont été réalisés. À l’issue de cette observation de terrain,
nous avons élaboré un échantillonnage. La sélection de l’échantillon de cette étude s’est fait par une
enquête non-exhaustive dans le département. Ainsi, nous avons dénombré 160 offres touristiques
(70 réceptifs hôteliers et 90 restaurants). Nous avons interrogés 797 employés dans les établissements
d’hébergement des localités visitées. Pour déterminer le nombre de la population à enquêter,
nous avons utilisé la technique du choix raisonné et de quotas. Nous avons donc appliqué 25% au
nombre total des employés des hôtels. Dès lors, nous avons 94 employés à Tiassalé, 17 employés à
Morokro, 13 employés à Gbolouville, 37 employés à N’Zianouan et enfin 38 employés à N’douci.
Le tableau 1 ci-dessous résume la répartition de notre échantillon.
Tableau 1 : Répartition des personnes enquêtées par localité dans le département de Tiassalé
51
Personnel hôtelier
Localités
Nombre total de personnes
Personnes enquêtées après avoir
appliqué les 25%
Tiassalé 375 94
Morokro 69 17
Département
de Tiassalé
Gbolouville 53 13
N’Zianouan 148 37
Source : Nos enquêtes, 2016.
N’douci 152 38
Le traitement et le dépouillement des informations collectées ont été faits grâce à l’ordinateur. Nous
avons fait le traitement de texte avec le logiciel Word 2010. La réalisation des tableaux a été réalisée
avec le logiciel Excel version 2010. Pour la représentation cartographique de nos résultats, nous
avons utilisé les logiciels Adobe Illustrator version 11.0 et ArcView 9.0. L’usage d’un appareil
photographique numérique a permis d’illustrer l’étude.
2-RÉSULTATS
2.1-Les ressources naturelles comme matière première touristique
Elles constituent la matière première en soi pour le tourisme. Le département de Tiassalé dispose de
riches attraits exceptionnels : un climat ensoleillé, des paysages contrastés, originaux, envoûtants et
des sites touristiques variés (le pont historique, la stèle du Capitaine Manet, le sanctuaire de purification
des esclaves, etc.). Ce département offre une trilogie de paysages : le fleuve, la colline et la
végétation. Le réseau hydrographique est caractérisé par la présence de l’un des plus puissants
fleuves de la Côte d’Ivoire, notamment le Bandama et son affluant le N’Zi, traversant la région du
Nord au Sud. Ces deux bassins versants limitent des îlots de forêts et des mares abritant une riche
biodiversité favorable à l’éco-tourisme. En effet, l’éco-tourisme est une forme tourisme favorable à
l’environnement (l’écosystème), c’est aussi le tourisme axé sur les milieux naturels, avec une
composante éducative. Par endroit, le fleuve Bandama offre de merveilleux rapides occasionnés par
les roches dans son lit. On rencontre quelquefois des troupeaux d’hippopotames sur ses berges non
loin de Taboitien et de M’Brimbo. De même, le réseau hydrographique est riche en ressources
halieutiques (crevettes, silures, capitaines, etc.), et peut permettre la pratique de la pêche et du sport
52
nautique (le canoë-kayak). Par ailleurs, le département de Tiassalé présente un relief de plateau peu
accidenté dû à quelques chaînes collinaires disséminées sur son étendue rompant la monotonie
paysagère. Les chaînes collinaires offrent des vues panoramiques. Il s’agit de la colline Boudjéssou
de Binao avec une altitude estimée à 850 mètres pour des parcours pédestres. Aussi, l’on enregistre
des affleurements de roches granitoïdes formant d’impressionnants sites archéologiques mégalithiques
répartis de Nanan Yassouakro en passant par Bodo à Binao. En ce qui concerne la végétation,
le département de Tiassalé abrite une zone de forêt au sud et une zone savanicole au nord. Cette
diversité offre des aires classées protégeant les espèces floristiques et faunistiques. Ce sont Kassa,
Irobo, Goudi et Mopri. Elles disposent des essences sylvicoles telles que l’iroko, le niangon, le sipo
et le bambou de Chine etc. L’on trouve aussi des espèces de plantes médicinales pour le développement
de la pharmacopée dans ces forêts classées. Aujourd’hui, il existe des troupeaux d’éléphants
particulièrement dans la forêt classée de Mopri. Hormis les forêts classées, le département de Tiassalé
offre des paysages dans lesquels on enregistre des arbres centenaires (le baobab, le fromager,
l’iroko, etc.) d’une espèce rare dont l’originalité suscite une curiosité inouïe aux touristes. Il s’agit
de l’arbre mystérieux ayant des écritures énigmatiques sur le long de son tronc à Botindé dans la
sous-préfecture de Gbolouville (département de Tiassalé). La partie savanicole est un riche pâturage
pour de nombreux troupeaux de buffles dans les localités de N’Zianouan et de M’Brimbo. Cette
zone est aussi dominée par le rônier permettant la fabrication des éventails, des gibecières et
servants des matériaux de construction des cases. De ce qui précède, il ressort que les ressources
naturelles (Planche 1) constituent un gisement pour le développement du tourisme dans le département
de Tiassalé. Leur mise en valeur contribuera à la diversification des formes de tourisme :
écotourisme, tourisme fluvial, de découverte, etc.
Planche 1 : Quelques ressources naturelles à caractère touristique dans le département de Tiassalé
1 2
3 4
Source : Kouadio A., 2016
Sur la planche 1, la photo 1 nous montre un arbre centenaire ayant des écritures. La photo 2
présente l’un des sites archéologiques mégalithiques à M’Brimbo. La photo 3 montre un troupeau
d’hippopotames sur une berge du Bandama à Taboitien. La dernière photo (4) montre les rapides
produits par le Bandama à l’entrée de la ville de Tiassalé. Les ressources naturelles ne manquent
pas dans le département de Tiassalé
2.2- Les éléments culturels propices à l’essor du tourisme
53
L’élément culturel doit toujours et par tous les moyens rester partie intégrante de toute activité
touristique. En effet, la culture est l’âme d’un peuple, c’est le véhicule de sa pensée, c’est l’expression
morale ou imagée de son vécu. Elle est l’identifiant, la clé primaire de la compréhension de
toute société traditionnelle et reconnue comme telle. En fait, l’identité culturelle est le fondement
même de la vie (M. Tchindjang, 2008 ; p. 42).
La diversité des peuples dans le département de Tiassalé et leurs pratiques culturelles peuvent susciter
l’intérêt de visiteurs. Cette mosaïque ethnique représente un riche patrimoine culturel pour le
département de Tiassalé. Celles-ci sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont spécifiques au
département de Tiassalé et qu’elles sont mises en valeur par la population conscience de ce qu’elles
représentent. Il s’agit d’une population composite caractérisée par un brassage culturel structuré en
quatre (4) aires ethnoculturelles : Abbey, Agni, Abidji-Agni et Baoulé. Leur interpénétration linguistique
est telle que le brassage ethnique a suscité la mise en place de l’ethnie Abidji-Agni. Ainsi,
l’authenticité et la créativité de ces ethnies s’expriment par de nombre danses folkloriques en vogue
comme l’Abodan, le Gros Lot, le Sidê ou Sida ou Petit Lot, etc. (Planche 2).
Planche 2 : Les danses traditionnelles issues des aires ethnoculturelles du département de Tiassalé
1
2
Source : Kouadio A., 2016
Sur la planche 2 montre des femmes en train d’exécuter des danses. La photo 1 présente la danse
N’dolé à N’douci dans l’aire culturelle Abbey et celle de la photo 2 montre l’exécution de la danse
de Petit Lot à Morokro dans l’aire culturelle Agni. Elles sont le plus souvent accompagnées de
musiques qui s’exécutent lors des funérailles ou des fêtes de réjouissances. Il existe six (6) danses en
vogue dans le département de Tiassalé. Il s’agit entre autres la Toumia, l’Agbêdèdjê, l’Akroumou,
l’Amèrêkè et N’dolé ainsi que le Petit Lot. La Toumia est qualifiée la danse des revenants qui s’exécute
de 23 heures à l’aube. Dans la région des Abbey, on a l’Agbêdèdjê, l’Akroumou, l’Amèrêkè et
N’dolé sont les plus souvent accompagnées par des instruments. Ces principaux instruments sont les
tam-tams, les accordéons, les castagnettes, les languettes de bambou de Chine. Ces danses traditionnelles
constituent l’un des attraits culturels à vocation touristique pour le département de Tiassalé.
Par ailleurs, la diversité socioculturelle dans ledit département se perçoit aussi à travers les célébrations
des fêtes traditionnelles (la fête des ignames « le Djidja » chez les Abbey), de mariages coutumiers
(l’Atovlè chez les Baoulé) et les rites funéraires en hommage des illustres disparus ou les
levées de deuil après une année après le décès. Toutes ces manifestations traditionnelles concourent
à l’animation culturelle suscitant la découverte des patrimoines socioculturels séculaires à caractère
touristique de ce département. Quant aux éléments culturels, ils sont enrichis par l’art culinaire
provenant de la diversité ethnique du département de Tiassalé. Cet art fait la promotion du
savoir-faire de la gastronomie locale par la dégustation des mets du terroir. Les mets les plus
marquants sont les soupes, mankounzué (sauce épicée), niguématro (sauce aubergine), ahira
associée au placali (amidon cuit de manioc), le n’voufou (igname ou banane écrasée à l’huile rouge)
sont autant de mets qui manquent l’expérience gustative des visiteurs. Sur le plan historique, le
département de Tiassalé a hérité de plusieurs monuments historiques pouvant fasciner ses visiteurs.
54
Ces monuments sont entre autres le pont historique construit depuis 1935, la stèle du Capitaine
Manet et le sanctuaire de purification des esclaves (un des hauts lieux durant la traite négrière), etc.
Ces monuments permettent de se remémorer des événements de la période précoloniale et coloniale.
À cela s’ajoutent des croyances traditionnelles insolites. Il s’agit d’une voyante dont le sommeil
dure entre quatre et sept jours. En réalité, l’homme a une durée de sommeil normal de huit (8)
heures. Or, la durée de cette dame est comprise entre 96 à 168 heures sans interruption. Aussi, l’on
rencontre deux pierres noires qui pleurent pour annoncer la survenue des catastrophes. Ces faits
insolites alimentent la curiosité des visiteurs. Dès lors, il ressort que le département de Tiassalé est
bien fourni en patrimoine culturel capables de contribuer à la mise en place de diverses formes de
tourisme, notamment le tourisme culturel, le tourisme de mémoire, le tourisme culinaire, etc.
Pourtant, l’on constate la prédominance des potentialités du tourisme culturel issu de la diversité
socio-linguistique. La figure 2 présente la distribution du potentiel culturel par aire ethnoculturelle
du département de Tiassalé.
Figure 2 : Les potentialités culturelles du département de Tiassalé
2.2- L’offre touristique du département de Tiassalé
L’offre touristique est l’élément fondamental pour le développement de l’activité touristique sur un
espace donné. Selon P. Py (2007 ; p. 55), l’offre touristique peut être définie comme l’ensemble des
biens et des services proposés aux consommateurs, mesurables en capacité d’hébergement et de
transports touristiques. Elle est caractérisée par l’ensemble des services offerts aux touristes afin
d’agrémenter leur séjour. Il s’agit entre autres des structures hôtelières, des établissements de restauration,
des salles de spectacles, des espaces de divertissement ou de loisir, etc.
. Le département de Tiassalé offre ainsi trois (3) services, notamment les hôtels, les restaurants et les
espaces de divertissement ou de loisir (les débits de boissons, les boîtes de nuit, les bars climatisés,
les cabarets, etc.). Au niveau de l’hôtellerie, le département de Tiassalé offre trente-cinq (35) réceptifs
hôteliers inégalement répartis sur son territoire. Cette offre hôtelière est modeste et se caractérise
par la vente des chambres à la clientèle. Leur commodité et confort permettent de déterminer la
typologie des cambres offertes à savoir : les suites, les chambres climatisées et les chambres ventilées.
Cependant, le chef-lieu du département de Tiassalé concentre plus de 70% des réceptifs
hôteliers dudit département (Tableau 2).
55
Tableau 2 : Les réceptifs hôteliers de standing acceptable du département de Tiassalé
Réceptifs hôteliers Capacité d’accueil Place-lits Catégorie
Hôtel Barracuda 25 220 NC *
Hôtel le Résidentiel 27 208 NC
Hôtel Moh N’Go 18 160 NC
Hôtel Villa des
Hôtes
20 104 NC
Hôtel Tchassa 10 45 NC
Total 100 737
Source : Kouadio A, 2016.
NC : Non Classé
De ce tableau 2, on constate que le département de Tiassalé présente une offre hôtelière dont le
standing est acceptable avec une capacité d’accueil de 100 chambres et de 737 places-lits. L’on
trouve des services annexes, notamment la restauration et le bar climatisé. Cependant, cette offre
hôtelière est non classée parce qu’elle ne satisfait pas à toutes les conditions requises aux normes
internationales et nationales. De même, ces réceptifs hôteliers fonctionnent sans aucune autorisation
de permis de construire et de licence d’exploitation. Dans ce contexte, l’hôtellerie est dominée par
les hôtels de bon marché ou de quartier. Ce type d’hôtel est en grande partie dépourvu de commodité
et de confort pour satisfaire le séjour de la clientèle. Ces hôtels de bon marché ou de quartier sont en
grande partie fréquentés par la population locale et se caractérisent par des chambres de passage. La
capacité d’accueil est en moyenne de cinq (5) chambres. Ce qui rend modeste l’offre hôtelière dans
le département de Tiassalé. Outre l’offre hôtelière, l’on trouve une profusion d’espace de restauration
et quelques structures de divertissement ou de loisir pour maintenir l’animation locale.
Par la position géographique, le département de Tiassalé est favorable à l’installation informelle des
restaurants dits « maquis », ce sont des restaurants basés sur les menus africains. Ils se concentrent
pour la plupart du temps aux abords des voies expresses, des gares routières et au centre-ville. Ces
maquis reçoivent comme clients, les voyageurs faisant une escale pour manger avant de continuer
leur parcours. L’on trouve également des restaurations issues dans les réceptifs hôteliers. Ces restaurants-hôtels
offrent souvent deux (2) spécialités notamment européenne et africaine. Le nombre de
couverts des maquis et des restaurants domine l’espace de restauration dans le département de
Tiassalé. L’on constate que la présence des bars climatisés est en train de prendre place dans les
centres urbains mais on assiste également cette présence dans quelques villages, notamment
M’Brimbo, Bodo et Koyékro.
2.3-L’impact socio-économique et les contraintes du tourisme dans le département de Tiassalé
La troisième séquence nous permet d’aborder dans un premier temps l’impact socio-économique du
tourisme et dans un second temps les contraintes du tourisme dans le département de Tiassalé.
2.4- L’impact socio-économique du tourisme dans le département de Tiassalé
L’impact socio-économique du tourisme se traduit d’une part par la création des emplois directs et
indirects, et d’autre part par la génération de revenus dans le département de Tiassalé. Au niveau
social, le tourisme est source de création d’emplois pour lutter contre la pauvreté et le chômage de
la population locale. Ainsi, il permet d’avoir des emplois issus du tourisme, notamment le gérant
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d’hôtel, le technicien de surface, le vigile, le valet, le restaurateur, etc. Hormis l’emploi direct suscité
par le tourisme, il existe des emplois indirects dus au caractère transversal du tourisme. En effet,
il s’agit des emplois tels que le transport, l’agriculture, la pêche, l’élevage, les artisans, etc. Dès lors,
le tourisme devient un appoint de revenus additionnels pour certaines personnes de la population
locale du département de Tiassalé. À ce titre, les agriculteurs fournissent les denrées alimentaires
aux hôteliers et aux restaurateurs pour confectionner les mets des spécialités culinaires. Quant aux
pêcheurs, ils approvisionnent les restaurateurs en poissons pour concocter des frites et de braisés.
Tout cela vient manifester le rôle d’alternative de développement local du tourisme.
Par ailleurs, les employés issus du tourisme bénéficient d’un traitement salarial pour subvenir à leurs
besoins quotidiens dans le département de Tiassalé. Le montant de la rémunération des emplois dans
le secteur touristique connaît, lui aussi, une réduction dans le département de Tiassalé, même si l’on
note une nette augmentation du nombre d’employés. L’on recense 76 travailleurs dans les réceptifs
hôteliers du département de Tiassalé percevant un salaire moyen de 37 500 FCFA. Ce nombre est
passé de 76 travailleurs, en 2014 à 80 travailleurs, en 2016, avec un salaire moyen qui tourne autour
de 40 000 FCFA (Tableau 3). Ces emplois sont quasiment tous situés dans les villes de Tiassalé et
de N’douci qui concentrent, à elles seules, 76 sur un total de 81 emplois, soient plus de 90%.
Tableau 3 : Répartition des emplois dans les hôtels et les salaires moyens mensuels du
département de Tiassalé en 2016
Situation géographique
Nombre du personnel
Salaire moyen mensuel
FCFA
Tiassalé
N’douci
Gbolouville
Morokro
40 40 000
36 35 000
3 Pas de rémunération
2 Pas de rémunération
Source : Kouadio A., 2016
Il ressort de ce tableau 3 que le salaire moyen mensuel dans les réceptifs hôteliers à Tiassalé est en
dessous du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) fixé par le décret n°2013-791 du
20 novembre 2013, à 60 000 FCFA. Aussi, certains employés ne perçoivent pas de rémunération à
cause de l’affinité qui existe entre l’employeur et l’employé. Ces réceptifs hôteliers sont des établissements
de type familial.
Par ailleurs, la visite des sites touristiques du département de Tiassalé génère des ressources financières
à la population locale. Ainsi, la visite du sanctuaire de purification des esclaves de
Kanga-Nianzè est assujettie par le paiement d’une somme comprise entre 2 000 à 5 000 FCFA. Cette
somme d’argent contribue non seulement à l’aménagement du site touristique mais également à
assurer le revenu mensuel du guide touristique et aux besoins de la population. Ce revenu mensuel
du guide touristique n’est pas fixe mais il dépend de la fréquentation du site et des pourboires
donnés par les touristes. Le site de Kanga-Nianzè ne reçoit qu’en moyenne 10 touristes par jour, soit
50 000 FCFA comme recette journalière et soit 1 500 000 FCFA mensuellement. Cette recette
permet d’entretenir les lieux et à verser des commissions financières au chef de terre et aux
personnes en charge de l’animation de ce site.
Ainsi, le tourisme contribue à jouer un rôle pour l’insertion sociale et de générateur des revenus dans
le développement local du département de Tiassalé. Cependant, il n’en demeure pas qu’il subsiste
des contraintes à l’essor du tourisme dans ce département.
2.5- Les contraintes du tourisme dans le département de Tiassalé
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Une contrainte est un élément qui pèse sur les choix d’aménagement d’un espace par une société ou
qui entrave l’essor d’un espace. Cette contrainte peut être d’origine naturelle et humaine (socioculturelle
et institutionnelle) qui peuvent être un frein majeur au développement du territoire en
question. À ce niveau, le tourisme souffre premièrement des contraintes naturelles qui résultent des
aléas climatiques occasionnés en partie par le réchauffement climatique (le changement climatique)
et par ailleurs par le réseau hydrographique et le relief. Ces contraintes se présentent comme des
déterminismes en soi pour l’aménagement des potentialités à des fins touristiques. La pratique
touristique est déterminée par les caractéristiques climatiques qui influent souvent négativement sur
les activités touristiques. Ainsi, les aléas climatiques soumettent le tourisme à une activité saisonnière.
Ils sont donc des facteurs limitant la pratique touristique sur toute l’année dans le département
de Tiassalé. En effet, ce département de Tiassalé se situe dans la zone tropicale humide caractérisée
par deux (2) grandes saisons : pluvieuse et sèche. Cette zone climatique impose la condition de
saisonnalité à la pratique touristique locale dont les mois pluvieux rendent impraticable les voies
d’accès aux différents sites touristiques. De même, certaines conditions naturelles rendent difficiles
l’aménagement des sites touristiques, notamment les fleuves Bandama et N’Zi. Ces fleuves
connaissent une instabilité de leurs plages naturelles due au phénomène de l’érosion. Aussi, on
trouve des blocs de roches dans leur lit qui rendent difficile la navigation des pirogues. De même,
les baies sont mal drainées créant des méandres ou des deltas avant de se jeter dans le Bandama et
N’Zi. La présence de ces fleuves est propice aux insectes nuisibles comme les moucherons lors des
saisons pluvieuses. Par ailleurs, le pourtour du Bandama et du N’Zi sont déterminés des zones de
grandes endémies de maladies hydriques (l’ulcère de Burili, le choléra, la diarrhée, l’onchocercose,
etc. Dès lors, le réseau hydrographique présente une menace de santé publique pour les touristes
dans le département de Tiassalé. En clair, le réseau hydrographique est défavorisé à la pratique
touristique comme l’aménagement des berges et au sport nautique (la nage et le jet ski). Au niveau
socioculturel, le tourisme n’en fait pas partie intégrante au mode de vie, aux mœurs et au vécu quotidien
de la population locale. Il souffre d’un problème de ressources humaines dans la prestation des
services (hôtelier, restauration et divertissement). Cela se voit aisément dans le programme de
formation scolaire du département de Tiassalé. Les instituts de formations professionnelles sont
spécialisés dans les domaines de l’informatique, de la santé, de la comptabilité et de l’électronique.
On constate donc un manque de professionnalisation de l’activité touristique dans le département de
Tiassalé. Par conséquent, les hôteliers recrutent leurs employés sans profil professionnel ou de
qualification requise pour effectuer les différentes tâches. Plusieurs réceptifs hôteliers fonctionnent
comme des entreprises familiales. Dans ce contexte, l’amateurisme a un incident sur l’attractivité
touristique dans le département de Tiassalé. Au final, le tourisme connaît des contraintes institutionnelles
inhérentes d’une part selon l’agenda des priorités de développement des autorités décentralisées
et d’autre part, au déficit budgétaire alloué à l’investissement du développement local. Force est
de constater que le tourisme n’est pas inscrit dans cet agenda de développement. D’ailleurs, le
secteur du tourisme ne serait pas pour ces derniers, un levier de développement local à prioriser.
Cette négligence des acteurs de développement est exacerbée par les exigences budgétaires d’investissement
dans le domaine du tourisme du département de Tiassalé. Cet état de fait s’illustre bien à
travers le déficit budgétaire alloué à l’investissement (Tableau 3).
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Tableau 3 : La répartition du budget alloué à la collectivité locale de Tiassalé de 2015-2017
Années fonctionnement % investissement % Budget total
2015 328 000 000 69,21 145 885 000 30,75 473 885 000
2016 504 000 000 79,41 130 645 000 20,59 634 645 000
2017 403 694 000 78,29 111 951 000 21,71 515 645 000
Total 1 235 694 000 76 388 481 000 24 1 624 175 000
Source : Direction des collectivités et développement local, 2016
Le tableau 3 montre de manière générale les budgets alloués à la mairie de Tiassalé durant les
programmes triennaux de 2015-2017. Dans la nomenclature du budget, il subsiste un déséquilibre
budgétaire au détriment des projets d’investissements. Les charges de fonctionnement représentent
en moyenne 76% du budget total du conseil municipal de Tiassalé, contre 24% pour les investissements
de développement d’aménagement urbain. Cette situation est en porte-à-faux à la norme qui
stipule que les 55% du budget doivent être consacrés à l’investissement et les 45% autres au
fonctionnement. Ainsi, le conseil municipal ne peut pas prioriser le tourisme avec une telle répartition
de son budget.
Le déséquilibre budgétaire et la priorité du conseil municipal nous amènent à conclure que les investissements
de la municipalité de Tiassalé ne contribuent pas à faire du tourisme, le moteur de son
développement local. Dans le contexte actuel, les contraintes au développement du tourisme se
résument d’abord aux contraintes naturelles (relief, hydrographique, climatique, etc.), ensuite aux
contraintes sociologiques (manque de culture touristique et non-professionnalisme et enfin aux
contraintes institutionnelles (déficit budgétaire et non-priorisation du tourisme).
3-DISCUSSION
Les résultats de la présente recherche ont montré qu’il existe des potentialités touristiques
indéniables dans le département de Tiassalé. En effet, ces potentialités naturelles et culturelles sont
un gisement ou la matière première pour le tourisme de la destination. Pour Lozato-Giotart J-P.
(1993 ; p.75), l’espace peut être considéré comme la matière première du tourisme et, sans mésestimer
les autres facteurs, les conditions géographiques jouent un rôle de premier plan essentiel, dans
l’attraction d’un lieu touristique. C’est pourquoi Claquin B. (2008 ; p. 34) parle d’espace touristique.
De ce fait, un espace touristique est un milieu capable de stimuler la mémoire (le patrimoine culturel),
le regard (panoramas ou autres beautés) et le corps (sports ou repos). Il peut être aussi un espace
capable d’offrir d’autres de dépaysement à sensation spirituelle (pèlerinage). Et pourtant, nous
constatons que les potentialités touristiques sont encore à l’état de latence voire inexploitées car elles
sont pour la plupart du temps méconnues dans le département de Tiassalé. Quant à Hauhouot A.A.
(2008 ; p. 102), il soutient que le potentiel naturel à lui seul ne pourrait être capables de développer
le tourisme, mais il faille ajouter le potentiel culturel. N. G. Aphing-Kouassi (2001 ; p. 126) et C.
Gorgui (1983 ; p. 95) renchérissent qu’aucune activité touristique n’est possible dans une région où
les populations sont xénophobes. Celles-ci rejettent systématiquement les visiteurs et où la densité
de l’occupation de l’espace empêche l’édification des structures d’accueil. Aussi, il ressort de
l’étude que le département de Tiassalé bénéficie d’une offre touristique modeste. Cette offre est
dominée par les hôtels de bon marché ou de quartier, c’est-à-dire les hôtels faisant des passes et peu
confortable, et les espaces gastronomiques dits « maquis » qui sont inégalement répartis sur l’étendue
du département de Tiassalé. Il s’agit d’une part d’un patrimoine touristique de ressources
naturelles, culturelles, artistiques, historiques ou techniques qui va attirer le touriste et l’inciter au
voyage. Et d’autre part, les équipements qui sont eux-mêmes des facteurs influençant le motif de
voyage. S’ils manquaient, interdiraient ce voyage (hébergement, restauration, équipements culturels,
de loisirs et sportifs). Enfin les facilités d’accès sont en relation avec le mode de transport que
va utiliser le touriste pour se rendre à la destination choisie (B. M. T. Le, 2012 ; p. 49). Au demeurant,
le tourisme n’impacte pas significativement le développement socio-économique du département
de Tiassalé. Toutefois, l’on constate qu’il pourvoit en termes de création d’emplois directs et
indirects. Cependant, le nombre d’emplois est relativement faible. De ce fait, le tourisme présente
comme un appoint de revenus additionnels pour les agriculteurs, les pêches, les éleveurs locaux, etc.
Aussi, M. Diombéra (2013 ; p. 6) atteste que le tourisme joue un rôle prépondérant dans la vie
socio-économiques des populations. Ce sont des actions ponctuelles comme l’édification de centre
de santé communautaire, de mosquée, de bibliothèque, d'école, etc. Plus loin, l’auteur souligne que
le tourisme participe au ralentissement du rythme de l’exode rural et soutient l’agriculture dans les
régions périphériques à partir des matières premières et des produits agricoles locaux. Par exemple,
certains acteurs sont des guides-chauffeurs, des femmes de ménage, des marchands ambulants, les
fournisseurs de poissons, de fruits et des légumes. Ils ont vite compris la nécessité d’apprendre les
langues étrangères comme le français, l’italien et l’allemand, et ils ont fini par maîtriser parfaitement.
Outre l’impact socio-économique du tourisme, notre étude a mentionné des contraintes
freinant véritablement le développement du tourisme dans le département de Tiassalé. En effet,
l’essor du tourisme souffre d’un manque de culture du tourisme de la part de la population et du
manque de professionnalisme du domaine. Ces résultats sont similaires à ceux des auteurs comme
G. M. Meirama (2016) et A. Bouaouinate (2016). Pour G. M. Meirama (2016 ; p.10), lorsqu’elle
écrit qu’à l’image d’autres régions du Cameroun, l’Est-Cameroun est confrontée à de sérieuses
difficultés en matière de culture touristique. Les populations ont du mal à intégrer le tourisme dans
leur quotidien. Plus loin, l’auteur souligne que la région de l’Est-Cameroun est confrontée au
manque de ressources humaines en charge du tourisme. Quant à A. Bouaouinate (2016 ; p. 39), elle
atteste que le manque de professionnalisme de certains acteurs touristiques, qui n’ont qu’une vision
mercantile, à court terme, contribue à créer des relations de conflit et de tension entre eux. Ils ont
aussi tendance à calquer les produits et les circuits touristiques, ce qui rend l’offre proposée homogène
et manque d’innovation. Dans ce contexte, les contraintes au développement des activités
touristiques se résument dans le département de Doufelfgou (Togo), d’abord à l’insuffisance
d’investissements sur le plan des infrastructures hôtelières et routières (K. Dabitora et al., 2016 ;
p.13). Ainsi, G. M. Meirama (2016, p. 10) conclut que le manque d’investissements et le déficit
d’encadrement permettent de mieux comprendre les nombreuses difficultés basiques. Au demeurant,
il s’agit de l’absence de stratégie de promotion et de professionnalisme dans les établissements
d’accueil, ainsi que l’absence de synergie entre les différents acteurs du secteur…
CONCLUSION
Le présent article permet de montrer le tourisme comme une alternative au développement local
dans le département de Tiassalé. En effet, ce département dispose d’indéniables potentialités touristiques
tant naturelles que culturelles. Or, le tourisme est moins compétitif dans le département de
Tiassalé. Faute d’une politique d’accompagnement, les potentialités touristiques sont méconnues ou
pas utilisées à bon escient. C’est le manque de volonté politique pour élaborer un schéma directeur
de développement touristique local, la vétusté de l’infrastructure hôtelière, la prédominance de
l’informel dans l’activité touristique. Toutes ces difficultés viennent contrarier le tourisme d’impulser
véritablement le développement local dans le département de Tiassalé. De ce fait, l’impact
socio-économique est moins significatif au niveau des employés qui sont payés en dessous du salaire
minimum interprofessionnel garanti. Par ailleurs, les conseils municipaux ne font pas du tourisme
une priorité de développement local. Par conséquent, il n’existe aucun programme triennal dans
lequel un projet à caractère touristique est consigné. Ainsi, la sensibilisation de ces auteurs de
développement local permet d’inscrire le tourisme dans leurs priorités de développement afin d’en
tirer parti de ce riche potentiel touristique. Dans un tel cas, le tourisme serait une alternative de
développement local pour le département de Tiassalé.
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