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La domination adulte - L'éducationnisme - Yves Bonnardel

Extrait de La Domination adulte. L'oppression des mineurs d'Yves Bonnardel.

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La Domination adulte

L’idée d’égalité, antagonique à celle d’éducation

La critique de l’idée d’éducation développée en Allemagne porte fondamentalement,

d’une part sur le fait qu’elle est un rapport hiérarchique et inégalitaire,

négation en actes des droits fondamentaux censés être octroyés à l’ensemble des

humains, et d’autre part sur le fait qu’elle est nuisible et contre-productive d’un

point de vue « démocratique ». Je pense que ce dernier point relève hélas d’une

vision angélique de la démocratie et que l’éducation présente est au contraire tout

à fait adaptée à ce régime de représentation forcée.

Voici en tout cas ce qu’en dit Benjamin Kiesewetter :

Il en résulte que l’éducation est une pratique intolérante et avant tout antidémocratique.

Les droits fondamentaux à l’autodétermination et à la participation

(cogestion) font partie indissolublement de la démocratie. Ces droits fondamentaux

sont ignorés par l’éducation. Aussi ce mot d’éducation ne devrait-il pas être

mis à l’honneur et utilisé dans un sens d’égalité des droits, parce qu’il sert jusqu’à

présent à masquer avec succès l’abus de pouvoir des parents (ou des professeurs) à

l’égard des enfants.

[...] le débat sur les valeurs éducatives donne lieu à de nombreuses absurdités. Ainsi

on essaie de faire éclore des valeurs démocratiques par des moyens (l’éducation)

non démocratiques, malgré le fait que cette tentative aussi est condamnée à l’échec

par ses contradictions internes. Pourtant, c’est si simple : les valeurs démocratiques,

lorsqu’elles sont vécues, n’ont besoin d’être prêchées ni même enseignées.

Ce n’est pas par l’éducation qu’on obtient que des personnes intègrent les valeurs

démocratiques et les considèrent importantes.

S’il arrive qu’un élève intègre ces valeurs, ce n’est pas imputable à l’éducation, mais

aux expériences que la personne a faites en dehors de l’éducation. Par l’éducation,

on atteint plutôt le contraire : car la sympathie à l’égard des valeurs se réduit

comme peau de chagrin si elles nous sont continuellement prêchées et qu’on essaye

de nous les enseigner. [...] Pour que l’éducation fonctionne, son objectif doit

avoir même contenu que ses moyens (c’est-à-dire qu’ils doivent être aussi non

démocratiques). Qui a des buts démocratiques doit aussi trouver les moyens démocratiques

de les réaliser. Il doit faire ses adieux à l’éducation.

Martin Wilke, lui aussi un des mineurs activistes du collectif Kraetzae, définissait

ainsi l’éducation 1 :

L’éducation est une activité systématique (intentionnelle) et exercée dans un but

précis de formation des personnes, le plus souvent jeunes. L’éducation n’est pas

« naturellement » présente dans toute communication, dans toute influence, mais

seulement si l’un se pose supérieur à l’autre et pense pouvoir ou devoir le tirer vers

1. M. Wilke, Éduquer est ignoble, art. cit. Les citations qui suivent sont tirées du même article.

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DA Bonnardel BI.indb 236 04/11/2019 12:34

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