WS16
L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RTN°16 Avril - Mai - Juin 2020 4,90 €DOSSIERSPÉCIALAFRIQUEDÉCOUVERTELa « battle »des dansesafricaines !LIFESTYLE,CHAMPIONNES,ÉDUCATION,EMPOWERMENT,CONSOMMATION…FEMMESAFRICAINES,LE SPORTEST À VOUS !JO 2020Les chances demédailles françaiseset africaines à TokyoL 12919 - 16 - F: 4,90 € - RDwww.womensports.fr
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L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT
N°16 Avril - Mai - Juin 2020 4,90 €
DOSSIER
SPÉCIAL
AFRIQUE
DÉCOUVERTE
La « battle »
des danses
africaines !
LIFESTYLE,
CHAMPIONNES,
ÉDUCATION,
EMPOWERMENT,
CONSOMMATION…
FEMMES
AFRICAINES,
LE SPORT
EST À VOUS !
JO 2020
Les chances de
médailles françaises
et africaines à Tokyo
L 12919 - 16 - F: 4,90 € - RD
www.womensports.fr
ÉDITORIAL
LA FEMME
SPORTIVE
EST L’AVENIR
DE L’AFRIQUE
Le sport est vecteur d’éducation, d’émancipation
pour les jeunes filles, d’empowerment pour les
femmes. Pour tous, le sport est un formidable
outil au service du bien-être, de la santé,
du vivre ensemble. La femme sportive est
l’incarnation d’un monde moderne, dynamique,
en mouvement. Qu’elle soit championne,
dirigeante ou simple pratiquante, la femme
sportive est au cœur de la société, au cœur de
la vie. En Afrique plus qu’ailleurs, la femme est
l’avenir du sport… et réciproquement !
David Tomaszek
Rédacteur en chef de Women Sports
© Samuel Borges Photography / Shutterstock
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EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 3
N°16 Avril - Mai - Juin 2020 4,90 €
64 SPORT BUSINESS
SOMMAIRE
WOMEN SPORTS N° 16
L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT
DOSSIER
SPÉCIAL
AFRIQUE
LIFESTYLE,
CHAMPIONNES,
ÉDUCATION,
EMPOWERMENT,
ERMEN
CONSOMMATION…
FEMMES
AFRICAINES,
LE SPORT
EST À VOUS !
JO 2020
Les chances de
médailles françaises
et africaines à Tokyo
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DÉCOUVERTE
La « battle »
des danses
africaines !
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L 12919 - 16 - F: 4,90 € - RD
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06 BAROMÈTRE
08 CLUB WOMEN SPORTS
09 WE MEN SPORTS
10 COUPS DE CŒUR /
COUPS DE GUEULE
CHAMPIONNES
12 JO 2020
SPÉCIAL AFRIQUE
C’EST BON POUR MOI !
18 VIS MA VIE
22 FOODING ET SPORT
25 LA RECETTE QUI BOOSTE !
CHAMPIONNES
26 10 CHAMPIONNES
28 PORTRAIT
30 LA WNBA RECRUTE
32 EN IMMERSION
35 ELLES VISENT UNE
MÉDAILLE À TOKYO !
36 RECONVERSION
38 FOOTBALL EN MAURITANIE :
ENSEMBLE
40 L’ÉDUCATION PAR LE SPORT,
4 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
36 80
28 18 68
42 COURIR SOLIDAIRE !
44 ESPOIR
DOSSIER
46 LA « BATTLE » DES DANSES
AFRICAINES !
49 JEANNINE FISCHER
50 MARIAMA TOURÉ
51 L’AFRO HOUSE
Women Sports
52 COUP DE PROJECTEUR SUR
54 ENTRETIEN EN TRIO
55 DIFFÉRENTS COSTUMES
Ballet Daloua
DÉCOUVERTE
56 SEPT JOURS SUR
LE KILIMANDJARO
60 SPORT ET CULTURE
ENQUÊTE
62 RWANDA
SPORT BUSINESS
64 CONSO
SPORT, PLAISIR ET DÉCOUVERTE
68 SHOPPING MADE IN AFRICA
APRÈS LE SPORT, LE RÉCONFORT !
70 LE SPA, J’Y AI DROIT !
FEMMES D’INFLUENCE
72 STÉPHANIE RIVOAL :
74 DOCTEUR ZAKIA BARTEGI :
SPORT PASSION
76 SPORT 2000
C’EST BON POUR MOI !
78 GESTION DE CRISE
79 POURQUOI FAUT-IL
(ABSOLUMENT)
DÉTENTE
80 MANGER SAIN
82 BONS PLANS
ABONNEZ-VOUS
EN LIGNE
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EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 5
BAROMÈTRE
Ashleigh Barty, Sofia Kenin et les équipes de
France de rugby et de biathlon à l’honneur
Quelles sont les sportives et les équipes féminines qui ont été les plus citées dans la presse web spécialisée en ce début d’année 2020 ?
Après avoir attentivement « surfé » sur les principaux sites sportifs français, nous avons la réponse pour les mois de janvier et février.
SPORTIVES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE
EN JANVIER 2020 :
B Ashleigh Barty
(Australie, tennis)
89 pts
C Serena Williams
(USA, tennis)
55 pts
E Kristina Mladenovic (France, tennis) : ............................................................41 pts
F Simona Halep (Roumanie, tennis) : ...................................................................39 pts
G Naomi Osaka (Japon, tennis) : .............................................................................36 pts
G Mikaela Shiffrin (USA, ski alpin) : ......................................................................36 pts
I Caroline Garcia (France, tennis) :.......................................................................35 pts
J Karolina Pliskova (République tchèque, tennis) : ......................................31 pts
K Alizé Cornet (France, tennis) : ..............................................................................29 pts
D Garbine Muguruza
(Espagne, tennis)
44 pts
PODIUM FRANÇAIS :
Kristina Mladenovic (41 pts)
Caroline Garcia (35 pts)
Alizé Cornet (29 pts)
© SUSA/Icon Sport
De gauche à droite : © Manuel Blondeau/Icon Sport - © Gepa/Icon Sport - © Sebastien Bozon/Icon Sport
PODIUM DES ÉQUIPES NATIONALES
FÉMININES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE
WEB SPORTIVE EN JANVIER 2020
Équipe de
France de rugby
14
pts
25
pts
Équipe de
France
de biathlon
Équipe de
France de
water-polo
10
pts
PODIUM DES CLUBS FRANÇAIS FÉMININS
LES PLUS CITÉS DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE EN
JANVIER 2020
LDLC ASVEL
(basketball)
18
pts
22
pts
Metz
Handball
(handball)
BBH
(handball)
16
pts
De gauche à droite : © Tous droits réservés
6 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
MÉTHODOLOGIE :
• Analyse réalisée par les équipes de Sport Business Consulting sur un échantillon significatif de la presse web sportive :
1 point pour chaque titre d’article mentionnant le nom d’une sportive et/ou d’une équipe féminine.
• Périmètre étudié (sept sites sportifs suivants) :
SPORTIVES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE
EN FÉVRIER 2020 :
B Sofia Kenin
(USA, tennis)
49 pts
C Kristina Mladenovic
(France, tennis)
32 pts
E Simona Halep (Roumanie, tennis) : ...................................................................... 22 pts
E Sarah Abitbol (France, patinage artistique) : ..................................................... 22 pts
G Nathalie Péchalat (France, patinage artistique) : ........................................... 21 pts
H Océane Dodin (France, tennis) : ............................................................................. 20 pts
H Federica Brignone (Italie, ski alpin) : .................................................................. 20 pts
J Garbine Muguruza (Espagne, tennis) : .............................................................. 19 pts
K Tessa Worley (France, ski alpin) :........................................................................... 18 pts
K Petra Vlhova (Slovaquie, ski alpin) : ...................................................................... 18 pts
D Kim Clijsters
(Belgique, tennis)
23 pts
PODIUM FRANÇAIS :
Kristina Mladenovic (32 pts)
Sarah Abitbol (22 pts)
Nathalie Péchalat (21 pts)
De gauche à droite : © Gepa/Icon Sport - © Gepa/Icon Sport - © Belga/Icon Sport
De gauche à droite : © Vincent Michel/Icon Spor - © Manuel Blondeau/Icon Sport - © Gepa/Icon Sport
PODIUM DES ÉQUIPES NATIONALES
FÉMININES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE
WEB SPORTIVE EN FÉVRIER 2020
Équipe de
France de
basketball
37
pts
39
pts
Équipe de
France
de rugby
Équipe de
France de
biathlon
33
pts
PODIUM DES SPORTIVES FRANÇAISES
ISSUES D’UN SPORT COLLECTIF EXPRESSÉMENT
CITÉES DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE EN FÉVRIER 2020
Siraba
Dembélé
(handball)
6
pts
7
pts
Marine
Johannès
(basketball)
Cléopatre
Darleux
(handball)
5
pts
De gauche à droite : © Newspix/Icon Sport - © Romain Biard/Icon Sport - © Baptiste Fernandez/Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 7
LE CLUB
#WOMEN
SPORTS
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8 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
We Men
Sports
Les hommes soutiennent
le sport au féminin !
Laurent Petrynka
Président de l’ISF Sports
Tom Adriaenssens
Bearing Point
Frédéric Tharaud
Sport Plus Conseil
Ladji Doucouré
Athlète (et excellent danseur !)
Patrick Brignoli
Médiateurs du Sport
Pierre Fulla
Journaliste et grand reporter
sportif TV
Samir Bengelloun
HR Business Partner Vinci
Jimmy Adjovi-Boco
Association Diambars
Will Mbiakop
NBA Africa
Yohan Traoré
INSEP Pole France Basket U17
Dominique Nato
Vice Président FF Boxe
REJOIGNEZ
LE MOUVEMENT !
Contactez-nous : wemensports@womensports.fr
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 9
BUZZ
© Simon Hastegard / Bildbyran
/ Icon Sport
MEGAN RAPINOE, PREMIÈRE
FOOTBALLEUSE ÉGÉRIE
D’UNE MARQUE DE LUXE !
La championne du monde de football 2019 (avec
l’équipe des États-Unis), lauréate du Ballon d’Or, est
devenue égérie de la marque de luxe espagnole Loewe.
Historique ! En effet, si chez les hommes les égéries de
luxe sont nombreux, chez les femmes, le phénomène
était jusqu’alors inexistant. « Lorsqu’on me propose
une opportunité en dehors du sport, particulièrement
dans le secteur de la mode, je suis ravie.
Dans le sport, on est souvent mises dans
des cases (…) Je pense que la mode est une
très bonne indication et une étude de cas
pour la progression du sport féminin »,
a déclaré Rapinoe à CNN.
LES
COUPS DE
CŒUR!
© Xiao Yijiu/ SUSA / Icon Sport
LE SPORT FÉMININ EN TÊTE DES
AUDIENCES !
L’année dernière, les meilleures audiences enregistrées à la
télévision française ont été réalisées par des compétitions
féminines, notamment de football. Cinq des dix meilleures
audiences de l’année ont été enregistrées dans le cadre de la
diffusion sur TF1 de la Coupe du monde féminine de football,
organisée en France. Les matchs les plus suivis ont été le quart
de finale France / États-Unis avec un pic à 10,7 millions de
téléspectateurs et le match d’ouverture contre la Corée du Sud
(9,9 millions).
CHAMPIONNE DU MONDE À …
86 ANS !
C’est en aviron indoor que Madeleine Guillon, une Française
âgée de 86 ans, a été titrée au stade Pierre de Coubertin
à Paris, en février dernier. Cette octogénaire a soulevé
le trophée pour avoir réalisé l’épreuve du 2.000 m en
«seulement» 11 minutes et 23 secondes. Un exploit sachant
que, comme le rapportent nos confrères de France Bleu, la
Française originaire de Civray-sur-Esves a commencé le sport
régulier il y a tout juste deux ans ! Alors nous n’avons qu’une
seule chose à dire…. Bravo et respect !
10 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© Susa / Icon Sport
© Dziurek / Shutterstock
CAROLINE GARCIA VICTIME
DE MESSAGES HAINEUX
Caroline Garcia, joueuse de tennis française, a été inondée
de messages haineux sur ses réseaux sociaux. La cause ?
Son élimination au premier tour du tournoi WTA de Saint-
Pétersbourg. Et les écrits de ces « haters » font froid dans le
dos. « J’espère que tu vas mourir du cancer », écrit l’un d’entre
eux. « Je n’ai jamais vu une looseuse comme toi, tu es une
honte pour le sport », continue un autre. « C’est du classique
après une défaite. Aujourd’hui je voulais juste les partager…
Ça ne change pas ma vie ni mes objectifs », a conclu Garcia,
qui précise que les messages proviendraient de parieurs,
frustrés de sa défaite.
LES
Les handballeuses
nantaises victimes de
tests de grossesse
« sans consentement »
L’association des joueuses et joueurs professionnels de
handball a dénoncé des tests de grossesse réalisés sans
le consentement des joueuses, lors de bilans biologiques
en début de saison, au sein du club de Nantes, en 1ère
division. Si six d’entre elles assurent ne pas avoir été mises
au courant de ces tests, une autre partie des joueuses a
décidé de prendre le parti du médecin. Elles ont déclaré
que ces tests auraient en fait été prescrits par le docteur
Thibaud Berlivet, médecin du club depuis l’été dernier,
« dans le cadre du bilan de santé mené sur toutes les
joueuses sous contrat, avant leur départ en vacances
en juin pour la plupart et à la rentrée pour les nouvelles
recrues. » Bref, espérons que cette histoire ne divise pas les
joueuses en deux clans distincts.
COUPS DE!
GUEULE
VIOLENCES SEXUELLES,
ÇA SUFFIT !
Ce début d’année a été marqué par les accusations de viol
de Sarah Abitbol envers son ancien entraîneur de patinage
artistique, Gilles Beyer. Trente ans après les faits, l’ex-star de
la glace a libéré sa parole pour raconter le calvaire qu’elle a
vécu. Depuis, d’autres sportives ont elles aussi déclaré avoir
subi des agressions sexuelles de la part d’entraîneurs, dans
de multiples disciplines. Cela a conduit 54 athlètes français,
hommes et femmes, à publier une lettre ouverte pour «briser
le silence» sur le sujet.
© Bildbyran / Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 11
CHAMPIONNES
10
CHANCES
DE MÉDAILLES
AUX JO DE
TOKYO
© Dave Winter / Icon Sport
MÉLINA ROBERT-MICHON - LANCER DU DISQUE
La ténacité va-t-elle payer ? Cet été, la Française va participer à ses sixièmes Jeux Olympiques. Médaillée d’argent à Rio en 2016, Mélina Robert-Michon,
pour qui ces JO sonnent comme l’heure de la revanche, a déjà de nombreux titres à son compteur : 18 fois championne de France, 3 fois championne
d’Europe et détentrice du record de France de la spécialité depuis juin 2000 (de 62,08 m à 66,73 m en août 2016).
CAMILLE LECOINTRE ET ALOÏSE RETORNAZ - VOILE
Toutes deux élues «Marin de l’année 2019», Camille Lecointre (35 ans) et Aloïse Retornaz (26 ans) représentent une grande chance de médaille pour la
France, dans la discipline de la voile olympique en 470. En effet, le duo, formé depuis 2018, a notamment été premier au championnat d’Europe et surtout
premier au Test Event de Tokyo 2020. Lecointre a déjà été médaillée de bronze lors des derniers Jeux à Rio en 2016 avec Hélène de France tandis
que Retornaz participera à ses premières olympiades.
CLARISSE AGBEGNENOU - JUDO
Déjà médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, Clarisse
Agbegnenou pourrait de nouveau compter parmi les médailles françaises
à Tokyo en 2020, et même rapporter l’or. C’est en effet le seul
titre qui manque à son incroyable palmarès, qui compte déjà quatre
titres mondiaux, deux médailles d’argent et quatre titres européens.
À noter que la Française a démontré qu’elle était en grande forme en
remportant pour la sixième fois de sa carrière le Paris Grand Slam, en
février dernier.
Dave Winter / Icon Sport
MÉLANIE DE JESUS DOS SANTOS - GYMNASTIQUE
Médaillée d’or du concours général des Championnats d’Europe
2019 de gymnastique artistique, Mélanie De Jesus Dos Santos, 20
ans, est devenue la deuxième gymnaste française à être sacrée
championne d’Europe de l’exercice après Marine Debauve en 2005.
Elle est également, femmes et hommes confondus, la tricolore la
plus titrée aux championnats d’Europe de gymnastique artistique
avec 3 médailles d’or, 2 d’argent et 1 de bronze.
© Schreyer / Icon Sport © World Sailing
CHAMPIONNES
© Shot For Press / Icon Sport
PAULINE FERRAND-PRÉVOT - CYCLISME
Multiple championne du monde de cyclisme sur route, de cross country
ou de cyclo-cross, Pauline Ferrand-Prévot est devenue à 23 ans la
première cycliste de l’histoire à détenir simultanément un titre mondial
sur trois disciplines différentes. C’est logiquement que «PFP» s’impose
comme une médaille potentielle pour la France lors de ces JO 2020, en
VTT cross-country.
© Baptiste Fernandez / Icon Sport
ÉQUIPE DE FRANCE DE BASKET
L’équipe féminine de basket, médaillée d’argent aux Jeux Olympiques
2012, portée par de grands noms comme Sandrine Gruda
ou encore Marine Johannès (joueuse de l’ASVEL Lyon et de
WNBA), compte également deux titres de championne d’Europe.
En battant en tournoi de qualification olympique les vice-championnes
du monde australiennes (72-63), les joueuses de Valérie
Garnier se sont hissées au rang de candidates sérieuses à une
médaille olympique.
© PA Images / Icon Sport
CASSANDRE BEAUGRAND, PIERRE LE CORRE, LÉONIE PÉRIAULT, ET DORIAN CONINX (RELAIS MIXTE)
Les triathlètes français partent en tant que favoris aux JO après avoir remporté le relais mixte du Test Event de Tokyo, en août dernier, même parcours
où Cassandre Beaugrand, Pierre Le Corre, Léonie Périault, et Dorian Coninx tenteront de décrocher l’or olympique en 2020. Doubles champions d’Europe
en titre, les Bleus ont aussi conservé leur titre mondial, en juillet 2019.
JOHANNE DEFAY - SURF
Pour cette grande entrée du surf aux Jeux Olympiques, la Française pourrait bien faire partie des leaders. Johanne Defay, classée dans le top 10 mondial
depuis 2014 (où elle est d’ailleurs devenue la première Française à atteindre le 8ème rang du WCT), est la seule représentante européenne sur le World
Tour. Côté palmarès, la surfeuse de 26 ans a notamment remporté le Fiji Pro en 2016 ou le Uluwatu Bali Pro en 2018.
© ActionPlus / Icon Sport
EQUIPE DE FRANCE DE HANDBALL
Deux fois championnes du monde, une fois championnes d’Europe,
il ne manque qu’un seul titre olympique aux joueuses de l’équipe
de France féminine de handball pour compléter leur palmarès. Une
médaille olympique, (espérée en or), permettrait à Allison Pineau et
aux joueuses d’Olivier Krumbholz d’oublier la 13ème place obtenue au
Mondial de décembre 2019.
© Baptiste Fernandez / Icon Sport
CHARLOTTE BONNET - NATATION
Médaillée de bronze sur 4×200 m nage libre aux JO de Londres en 2012
à seulement 17 ans, 3 fois championne d’Europe et 30 fois championne
de France en grand bassin… la multiple médaillée française n’a plus
qu’une seule idée en tête : remporter l’or olympique. Il s’agirait d’une
belle revanche sur les JO 2016, où elle a terminé 8ème de la finale du
200 m nage libre et 7ème de celle du 4 x 100 m nage libre.
© Manuel Blondeau/Icon Sport
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Née en 2007, la marque Eric Favre ® est l’un des
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SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !
Vis ma vie
DE JEUNE URBAINE
SPORTIVE À
CASABLANCA !
Immersion dans les vies de Sheerazade, Badra et Khadija. Trois femmes actives qui
nous racontent comment elles ont incorporé le sport dans leur quotidien. PAR LÉA BORIE
Comment équilibrer
une vie intense de
femme active grâce
au sport ? Nous avons
enquêté du côté de
Casablanca !
18 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
B
ienvenue dans la vie de
Sheerazade, Badra et
Khadija. Trois Bédaouis
pour qui le sport représente
une habitude essentielle.
Leurs points
communs : être toutes trois nées dans
les années 70-80 et être très actives,
sa pratique, sa représentation du sport,
sa motivation, son truc pour tenir…
SHEERAZADE :
LE KALÉIDOSCOPE DU
SPORT DANS
LES AFRIQUES
Son parcours de vie :
-
-
© Nessa Gnatoush / Shutterstock
Sa pratique sportive :
Une particularité : sa vision kaléidosco-
-
Casablanca, les habitants sont très spor-
lui a semblé moins acharné en matière
de sport.
Son + sport à Casablanca :
-
-
© OSTILL is Franck Camhi / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 19
SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !
humaine, moins business
villes européennes.
cherché le bon coach qui
placement,
elle a trouvé
une partenaire de course,
Son astuce pour s’y
tenir :
trouver le temps, avec
et une boxe en nocturne.
BADRA :
L’ÉQUILIBRE
ESSENTIEL POUR
L’ÉGALITÉ ET LA
SÉRÉNITÉ
Son parcours de vie :
-
avec ses trois sœurs, elle a été poussée
-
dans laquelle travaillait son père, elle a
pu assister aux cérémonies sportives dès
accouchement et un problème de santé,
son corps lui a demandé de retrouver les
-
sa peau.
Sa pratique sportive :
-
peu plus compliqué, car elle estime que la
Une particularité :
Son militantisme pour une société plus
ses collaborateurs, au sein de son entre-
mieux-être, en motivation et en concen-
20 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Activités de plein air
ou salles de fitness :
les opportunités de
pratiquer le sport ne
manquent pas dans la
région de Casablanca.
Son + sport à Casablanca :
Son astuce pour s’y tenir :
Les salles poussent comme des cham-
taï chi, méditation, les cours de tennis...
-
-
au milieu de sa journée de travail, elle ar-
KHADIJA :
LE BIEN-ÊTRE
AVANT TOUT
Son parcours de vie :
Lycée Lyautey, établissement
-
se passionnait pour la danse
classique, bien que ses pa-
-
métier très prenant et deux
de pratiquer.
Sa pratique sportive
-
-
se remettre au sport pour se
rétablir durablement. Un avis
appuyé de ses médecins et
elle pratique quasi-quotidien-
tha,
yin, aérien, power, mais
aussi du pilates. Cela lui
permet de travailler en pro-
articulations.
Une particularité :
métamorphosée du côté du
bien-être. Khadija a lancé dé-
aromathérapie. Un tournant
Son + sport à Casablanca :
raires,
les week-ends compris.
Son astuce pour s’y tenir :
-
-
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 21
SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !
Fooding et sport
PUISER DANS
LES SUPER-ALIMENTS
AFRICAINS !
Les trésors du patrimoine culinaire africain sont riches… dans le bon sens du terme !
Vous l’avez compris, non pas riches dans le sens « gras », mais par la noblesse des
nutriments et des bonnes calories contenus dans des recettes ancestrales. On vous
explique tout ça dans une promenade gustative… riche en saveurs et senteurs. PAR LÉA BORIE
LE TAMARIN :
1 3
t’as tout bon !
-
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2
LE THÉ ROOIBOS :
pour tout nettoyer
depuis quelques années. Cette plante
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radicaux libres.
5 ALIMENTS STARS
LE FONIO :
sans gluten mais pas
sans intérêt !
nio
sont presque aussi petits que des
en remplacement du couscous ou du riz.
-
4
LE HARICOT BAMBARA :
La cacahuète light
-
téines,
ce qui intéresse particulièrement
© Nattapol_Sritongcom / Shutterstock
croissance de nouveaux vaisseaux san-
munitaire.
Sa richesse en sélénium lui
thyroïdienne.
5
Notre coup de cœur :
LE FRUIT DU BAOBAB
(voir la recette
dédiée p.25)
-
appelés pains de
-
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céréales ou en poudre.
22 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 23
© AlexeiLogvinovich / Shutterstock
SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !
Notre experte culinaire
Ndéye Aïssatou Mbaye est l’auteure du
blog Aistou Cuisine, qu’elle anime avec
passion depuis 2015. Sénégalaise, la
cuisinière en herbe est venue habiter en
France en 2009. Depuis, elle a édité un
livre de recettes inspirées de sa culture,
et ouvert un café au Sénégal avec sa maman
et son équipe sur place.
Aïssatou nous parle de sa culture culinaire…
Son crédo
Je trouvais que les cuisines africaines (je
n’aime pas dire LA cuisine africaine, on a
54 pays et autant de cultures différentes!)
n’étaient pas bien représentées hors
d’Afrique. J’ai réalisé qu’il y a énormément
d’aliments intéressants et de plats qui sont
méconnus lorsqu’on quitte le continent, ou
qui sont délaissés dans nos cuisines modernes.
Il n’y a pas que le yassa (« frire » en
Créole, un plat sénégalais à base d'oignons
frits et de riz, auquel on ajoute souvent du
poulet, ndlr) et le maffé (sauce à base de
pâte d'arachide originaire du Mali, que l’on
consomme dans toute une partie de l'Afrique
subsaharienne, ndlr) ! Par exemple, on associe
souvent le couscous au Maghreb, mais
cela fait aussi partie du patrimoine sénégalais.
On remplace le blé par le mil, qu’on
réduit en farine et qu’on roule pour former
de la semoule. Si le mil (ou millet perlé, ndlr)
est la première céréale d’Afrique, on fait aussi
du couscous à base de fonio, de maïs, de
manioc et même de patate douce !
D.R.
Lutter contre les préjugés
J’ai eu envie de casser les préjugés.
On entend souvent que les cuisines africaines
seraient trop épicées, trop lourdes,
trop grasses… C’est la cuisine moderne,
plus rapide, qui nous a fait nous tourner
vers des plats frits. Mais il faut regarder
comment cuisinaient nos grand-mères,
avec des bouillons qui mijotaient des
heures. Retournons aux sources. Et délaissons
le chimique et l’industriel !
Cuisines grasses et autres,
c’est une question de point de
vue…
La plupart d’entre nous, quand on arrive
en Europe, souffrons de ballonnements
car la nourriture est très riche en gluten.
Notre organisme n’est pas habitué, on
consomme davantage de riz et de céréales.
Trésors subsahariens : des
pépites dans le patrimoine
africain
Dans les régions reculées, c’est moins
le cas, mais dans la capitale sénégalaise,
on cuisine davantage avec des céréales
importées, au point de retrouver des céréales
et des légumineuses oubliées.
Parce que oui, dans le sans gluten, il n’y a
pas que le quinoa qui existe ! Notre continent
est riche en « alicaments ». C’est très
en vogue en ce moment de réduire sa
consommation de médicaments et de se
tourner vers les plantes, mais en Afrique,
pour nous c’est naturel.
Faire vivre le patrimoine
localement
-
-
man,
son associée tout aussi passionnée
-
mettre en avant les recettes de son livre,
-
5 PÉPITES DU PATRIMOINE
WS
CULINAIRE AFRICAIN EXPLIQUÉES
PAR AÏSSATOU
• Le fonio : Décidément, on en entend
parler partout ! «Cette graine ancienne
d’Afrique noire saine et digeste, rappelant
le quinoa, est idéale pour la digestion.
Son principe : elle continue de gonfler
dans le ventre, du fait, elle rassasie facilement.»
(Dans son livre "Saveurs Subsahariennes,
Trésors et recettes d’Afrique de
l’Ouest", on retrouve des recettes de galettes
de fonio avec du poisson, une poêlée
de fonio, un gâteau de fonio proche
du gâteau de semoule, ou encore un fonio
au lait de coco et mangue apparenté à du
porridge.)
• Le niébé : Le haricot magique de
l’Afrique ! Appelé aussi haricot à l'œil noir,
haricot cornille, ou encore pois à vache,
«le niébé est riche en protéines. D’une
grande qualité nutritionnelle, c’est un des
aliments clés pour remplacer la viande.
Ce qui explique pourquoi on le retrouve
dans de nombreux plats végétariens.»
C’est aussi une des plus vieilles plantes
d’Afrique de l’Ouest !
• Le kinkéliba : cette plante sauvage est
originaire de l’Afrique de l’Ouest. Cette
« tisane de la longue vie », est décrite
comme la boisson remède par excellence.
«On parle d’arbre médicament ou
arbre de longue vie : en consommant ce
thé tous les matins au petit-déjeuner, on
peut espérer une longue vie en bonne
santé.»
• Le moringa (ou nebeday : « Ne meurs
jamais ») : cette plante est venue d’Inde
mais on la retrouve beaucoup en Afrique
de l’Ouest. Elle est vendue sous forme de
poudre, de gélules, de tisane ou encore
en vrac avec les feuilles séchées entières.
Dans les feuilles, partie la plus nutritive,
il contient deux fois plus de protéines et
de calcium que le lait. «On peut comparer
ses feuilles à celles des épinards. On
l’intègre dans des plats en sauce, dans le
couscous… Il s’en fait même de l’huile,
qui, au même titre que l’huile d’olive, est
riche en oligoélément.»
• Le bissap (on observe différents noms
selon les pays : dableni (Mali, Côte
d'Ivoire, ou Burkina), karakandji (Centrafrique),
zobo (Nigéria), Ngai Ngai
(Congo)…) : «Qu’on ne présente plus ! Il
faut dire que le jus de bissap est reconnu
pour ses vertus nutritives et thérapeutiques
: riche en vitamine C, antioxydant,
on lui reconnaît également des propriétés
antalgiques, anti-inflammatoires et énergétiques.»
24 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
C’EST BON POUR MOI !
SMOOTHIE
AU BAOBAB
L AIT DE COCO
ANANAS :
LA RECETTE QUI BOOSTE !
Aïssatou Mbaye, cuisinière et auteure
culinaire passionnée, nous propose une
recette de boisson reboostante, à base de fruit
du baobab, un super-aliment pour affronter
l’arrivée du printemps avec un regain
d’énergie et de bonnes ondes. Pour, non pas
croquer la vie à pleines dents, mais la boire à
grandes gorgées ! On blende et on y va, avec
tout le peps cher à Women Sports !
© Philippe Sévy - Le Progès
Les ingrédients : Le matériel :
• 1 ananas bien mûr
• 3 c.à.s. de poudre de
bouye (= fruit du baobab)
La préparation :
• 25 cl de lait de coco
• 30 cl d’eau
B Mélangez l’eau et la poudre de bouye
jusqu’à obtenir un mélange homogène.
C Pelez puis coupez grossièrement
l’ananas.
ALLER PLUS LOIN
• Un blender
• Un gros couteau
(pour découper l’ananas)
D Dans un blender mettre le bouye,
l’ananas et la crème de coco.
E Mixez le tout puis servez
immédiatement.
Pour encore plus de recettes d’Afrique de l’Ouest, plongezvous
dans le livre "Saveurs Subsahariennes, Trésors et
recettes d’Afrique de l’Ouest", signé Ndéye Aïssatou Mbaye,
2018 (Photos : Nathalie Merlet). 40 recettes chargées
d’histoire et de bonnes choses.... Allez aussi faire un tour sur
son blog aistoucuisine.com !
L’ÉCLAIRAGE DE
NDÉYE AÏSSATOU MBAYE
« Cette recette a pour avantage d’être
accessible à tous, sans connaissance ou
savoir-faire particulier en cuisine. Elle est
aussi rapide à réaliser. La condition : avoir un
blender !
Le fruit du baobab, pour le coup, côté intérêt
chez le sportif, on y est ! Six fois plus de
vitamine C qu’une orange, quatre fois plus
d’antioxydants qu’un kiwi et dix fois plus
qu’une pomme, deux fois plus de calcium que
dans du lait : imbattable !
Le jus de baobab peut être considéré comme
un lait végétal. Le lait de coco va adoucir le
goût d’ensemble un peu acide et donner de la
texture. Inutile de rajouter du sucre : le bouye
est naturellement sucré. »
D’autres idées de recettes avec du fruit de
baobab ?
Aïssatou vous propose de vous lancer dans
les desserts, avec des pancakes à base de
poudre de baobab, des crèmes de baobab ou
encore du caramel.
Propos recueillis par Léa Borie - Recette : Ndéye Aïssatou Mbaye - Photo : Nathalie Merlet
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 25
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
Podiums
10 championnes
qui ont marqué
l’histoire
du sport
africain
PAR VANESSA MAUREL
B CASTER SEMENYA
Championne du monde du 800 m à Berlin
en 2009, Caster Semenya est célèbre
dans le monde entier pour son palmarès
bien fourni, certes, mais aussi et surtout
pour son combat face à l’hyperandrogénie
(découvrez son incroyable histoire, pages
28-29). La Sud-africaine, malgré les
polémiques, a été double championne
olympique et triple championne du monde.
Et sa carrière n’est pas terminée !
Palmarès :
Jeux Olympiques : 2 médailles d’or /
Championnats du monde : 3 médailles d’or,
1 médaille de bronze
C HABIBA GHRIBI
Là aussi, c’est une sportive qui a marqué
l’histoire de son pays. L’athlète Habiba
Ghribi est devenue la première médaillée
olympique tunisienne, à Londres en 2012.
Cette médaille d’argent décrochée sur
le 3000 m steeple, qu’elle a dédiée à
«toutes les femmes tunisiennes», s’est
transformée en or en 2016, puisque celle
qui l’avait devancée (Yuliya Zaripova) a été
déclassée en raison de dopage.
Palmarès :
Jeux Olympiques : 1 médaille d’or /
Championnats du monde : 1 médaille d’or,
1 médaille d’argent
D MURIELLE AHOURÉ
Considérée comme l’une des plus grandes
athlètes de son pays et du continent
tout entier, l’Ivoirienne Murielle Ahouré
compte à son actif de nombreux titres,
dont notamment celui de championne
du monde en salle du 60 m, en 2018.
Spécialiste du sprint, Murielle Ahouré est
également quadruple vice-championne du
monde sur les épreuves du 60 m, 100 m
et 200 m.
Palmarès :
Championnats du monde : 2 médailles
d’argent / Championnats du monde en
salle : 1 médaille d’or, 2 médailles d’argent
26 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
E MARIA MUTOLA
Maria Mutola est sans conteste l’une des
sportives africaines les plus reconnues.
Elle est la seule athlète de l’histoire à
avoir remporté quatre titres mondiaux ou
olympiques sur 800 m, mais également la
seule athlète mozambicaine (hommes et
femmes confondus), à avoir remporté un
titre mondial ou olympique. À son compteur,
elle détient une médaille d’or olympique, et
3 médailles d’or mondiales.
Palmarès :
Jeux Olympiques : 1 médaille d’or, 1
médaille de bronze / Championnats du
monde : 3 médailles d’or, 1 médaille
d’argent, 1 médaille de bronze /
Championnats du monde en salle :
7 médailles d’or, 1 médaille d’argent,
1 médaille de bronze
H FRANÇOISE MBANGO
Spécialiste du triple saut, Françoise Mbango
est double médaillée d’or olympique (2004
et 2008), et deux fois médaillée d’argent
aux championnats du monde. Cette athlète
est la seule Camerounaise de l’histoire
(hommes et femmes confondus) à avoir
remporté un titre mondial ou olympique. En
2010, Françoise Mbango a été naturalisée
française.
Palmarès :
Jeux Olympiques : 2 médailles d’or /
Championnats du monde : 2 médailles
d’argent / Championnats du monde en
salle : 1 médaille d’argent
I TIRUNESH DIBABA
Son palmarès laisse sans voix. Trois fois
championne olympique, cinq fois championne
du monde. Rien que ça ! Mais surtout,
l’Étiophienne Tirunesh Dibaba est la seule
athlète à avoir réalisé le doublé sur 5.000 m
et 10.000 m lors d’une même édition des Jeux
Olympiques (en 2008 à Pékin). Elle est en outre
l’actuelle détentrice du record du monde du
5.000 m avec le temps de 14 min 11 s 15,
établi à Oslo en 2008.
Palmarès :
Jeux Olympiques : 2 médailles d’or, 3 médailles
de bronze / Championnats du monde : 5
médailles d’or, 1 médaille d’argent
G SABRINA SIMADER
La skieuse austro-kényane a été la première
africaine de cette discipline à participer
aux Jeux Olympiques. C’était en 2018 à
Pyeongchang et Sabrina Wanjiku Simader
avait 19 ans. Seule représentante du Kenya
aux olympiades cette année-là, elle
a participé au slalom géant et au Super-G.
F TEGLA LOROUPE
Membre du club des Champions de la Paix
(collectif créé par Peace and Sport), la
Kényane a été la première athlète africaine à
remporter le marathon de New York, en 1994
(puis en 1995). Tegla Loroupe a aussi été
médaillée de bronze aux championnats du
monde sur 10.000 m en 1995 et 1999. Audelà
de ces titres, l’athlète détient également
les records du monde du 20 km et du 30 km.
Palmarès :
Record du monde de l’heure avec 18,340 km
le 7 août 1998 à Borgholzhausen / Record
du monde du 20 km en 1 h 05 min 26
le 3 septembre 2000 à Borgholzhausen /
Record du monde du 25 km en 1 h 27 min
05 le 21 septembre 2002 à Mengerskirchen
/ Record du monde du 30 km en 1 h 45 min
50 le 7 juin 2003 à Warstein
J SISTA ROCKET
Bon, on vous l’accorde, on triche un peu… Il
ne s’agit pas d’une, mais de trois sportives
africaines qui ont marqué l’histoire. Les trois
Nigérianes Seun Adigun, Ngozi Onwumere
et Akuoma Omeoga sont devenues les
premières athlètes de leur pays à participer
à des Jeux Olympiques d’hiver, en 2018 à
Pyeongchang, dans la discipline du bobsleigh.
K RUTH GBAGBI
24 ans et déjà dans l’histoire. Ruth Gbagbi est
devenue la première sportive originaire de Côte
d’Ivoire à être médaillée olympique (bronze),
lors des JO 2016. La taekwondoïste est
également devenue la première Africaine à être
titrée championne du monde, en 2017 (-62kg).
Palmarès :
Jeux Olympiques : 1 médaille de bronze /
Championnats du monde : 1 médaille d’or
Photographies : 1 : © Martin Rickett / PA Images / Icon Sport • 2 : © PA Images / Icon Sport • 3 : © Martin Rickett / PA Images / Icon Sport • 4 : © Vonderlag / Icon Sport • 5 : © Photoshot / Icon Sport • 6 : © Icon Sport / GEPA / Andreas Pranter • 7 : © UPI / Icon Sport • 8 : © Photoshot / Icon Sport
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EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 27
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
Portrait
L’incroyable histoire de
Caster Semenya
Double championne olympique, triple championne du monde,
quintuple championne d’Afrique… Le palmarès de Caster Semenya
est irréprochable. Enfin, à une exception près semble-t-il : Caster
Semenya. Depuis son premier titre mondial en 2009, l’athlète
sud-africaine de 29 ans est constamment discréditée en raison de
son hyperandrogénie, à savoir son taux naturellement élevé de
testostérone. Retour sur le parcours d’une athlète décriée, devenue
une icône. PAR FLORIANE CANTORO
© Pascal Della Zuana / Icon Sport
l’histoire d’une athlète
qui courait trop vite.
Une sportive aux épaules
trop carrées, aux muscles
trop saillants et à C’est
la voix trop grave. Une femme à qui l’on
reproche d’être un peu trop tout, en
somme, mais pas assez féminine. « J’ai
entendu dire qu’à la naissance, vous étiez
un homme ? », ose même lui demander
un journaliste après son premier titre de
championne du monde du 800 m à Berlin,
en 2009.
Dix ans se sont écoulés depuis l’explosion
de Caster Semenya au plus haut niveau
de l’athlétisme international. Une décennie
couronnée de médailles (trois titres
mondiaux et deux titres olympiques),
mais aussi de polémiques. Car l’athlète
sud-africaine est hyperandrogène. Cela
vé
d’hormones sexuelles mâles, les androgènes,
et notamment la testostérone.
Elle en fabrique naturellement plus que
la moyenne des autres femmes (car oui,
les femmes produisent elles aussi de la
testostérone mais en faible quantité en
principe), ce qui a des incidences sur son
corps. Et cette sur-production dérange…
À chacune de ses victoires depuis 2009,
l’étiquette de la sportive « hyperandrogène
» ressort, et les doutes qui vont avec.
Caster Semenya serait-elle avantagée par
la testostérone ?
Hormones à abattre
Pour la Fédération internationale d’athlétisme
(IAAF), la réponse est oui. Selon
elle, l’hyperandrogénie est à l’origine
d’écarts de performance entre les cou-
« protéger la compétition
libre et équitable », l’instance
décide d’instaurer des taux de testostérone
limites aux athlètes féminines.
Son premier règlement est contesté par
la sprinteuse indienne hyperandrogène
Dutee Chand qui obtient gain de cause
en 2015. Mais la fédération relance la
bataille trois ans plus tard. Elle édite
une nouvelle réglementation qui oblige
les athlètes hyperandrogènes à faire
baisser leur taux de testostérone à un
niveau inférieur ou égal à 5 nmol/L pour
les courses allant du 400 m au mile
(1.609 m). Caster Semenya, spécialiste
du double tour de piste et du 1.500 m,
est clairement visée par ces dispositions.
Elle attaque le règlement de la fédération
devant le Tribunal arbitral du sport (TAS)
« DIEU M’A CRÉÉE COMME JE SUIS,
JE M’ACCEPTE ET JE SUIS FIÈRE. »
et avance l’origine naturelle de cette hyperandrogénie
: « Dieu m’a créée comme
.
Pendant son procès, l’athlète sud-africaine
reçoit de nombreux soutiens. Son
discours est appuyé par des études
-
28 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© Martin Rickett - PA Images / Icon Sport
té des relations entre hyperandrogénie et
performances sportives. Le docteur Cara
Tannenbaum, professeure de médecine
et de pharmacie à l’Université de Montréal,
estime notamment pour sa part
qu’« exclure Caster Semenya car elle produit
naturellement trop de testostérone
à un basketteur de jouer parce qu’il est
trop grand. […] Pour devenir un bon ath-
Interdite par les
règlements de
concourir sur 400
ou 800 m aux JO de
Tokyo, elle pourrait
tenter sa chance
sur 200 m !
de testostérone, une grande taille ou
de grands pieds, qui peuvent tous être
considérés comme un avantage génétique
», poursuit la chercheuse.
© Photoshot / Icon Sports
Certains dénoncent également le
sexisme de ces dispositions qui ne
concernent que les compétitions féminines,
pendant que la domination sans
partage d’athlètes masculins comme
Usain Bolt est saluée, voire même encouragée.
« Un homme, on ne lui dira
jamais qu’il est trop masculin ; mais une
certaine puissance, c’est tout de suite
dans une catégorie à part », s’agaçait
l’an dernier, dans nos colonnes, l’ancienne
championne française de saut en
hauteur Maryse Éwanjé-Épée. D’autres
encore s’interrogent sur la crédibilité de
la Fédération internationale qui justi-
l’athlétisme mondial alors que le dopage
gangrène le milieu depuis des années.
Un « rat de laboratoire »
Cette bataille juridique entre Caster Semenya
et la Fédération internationale
trouve une première réponse le 1 er mai
2019, lorsque le TAS donne raison à
l’IAAF. Aujourd’hui, la championne africaine
ne peut donc plus participer aux
compétitions internationales sur ses distances
de prédilection si elle n’accepte
pas de suivre un traitement hormonal, ce
qu’elle ne semble pas disposée à faire.
« L’IAAF m’a utilisée comme un rat de
laboratoire dans le passé pour expéri-
mon niveau de testostérone », déclare
l’athlète sud-africaine qui a fait appel
de la décision du TAS (recours toujours
en cours). « Je n’autoriserai pas l’IAAF à
m’utiliser moi et mon corps une nouvelle
» Une décision courageuse qui l’a
privée des Mondiaux-2019 en septembre
dernier.
Mais Caster Semenya le promet, sa carrière
d’athlète n’est pas terminée. Sur
ses réseaux sociaux, la championne de
29 ans ne cesse de poster des messages
encourageants sur son avenir. Celle qui
s’est également lancée dans le football
à Johannesburg continue de légender
ses photos de l’emoji « cobra », le serpent
qui la symbolise et qu’elle mime avec ses
mains à chacune de ses victoires. « Vous
allez me voir », promet-elle à ses fans.
Son prochain coup d’éclat ? Une apparition
aux JO sur 200 m... si elle parvient à
réaliser les minima. Ce qui est sûr c’est
que Caster Semenya continuera de faire
parler d’elle ces prochaines années. Sur
les pistes comme sur les terrains, elle
un point c’est tout. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 29
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
La WNBA recrute
ses futures pépites
en Afrique
En prenant ses quartiers à Johannesburg (Afrique du Sud), il y a maintenant dix ans, la NBA
n’imaginait pas un instant l’engouement que susciterait ce banal ballon orange une décennie
plus tard. Et la fièvre ne risque pas de se calmer de sitôt : la ligue américaine de basket a déjà de
grands projets sur le continent. Avec un accent qui sera porté sur les basketteuses au cours des
prochaines années. L’Afrique, futur berceau de la WNBA ? Sans aucun doute ! PAR HUGO BERNABEU
P
résente en Afrique depuis
déjà 27 ans, la NBA, prestigieuse
ligue américaine
de basket professionnel,
se lance dans une toute
nouvelle aventure pour
faire de ce continent
le nouvel Eldorado du ballon orange. À
l’image des Camerounais Pascal Siakam -
champion NBA en 2019 avec les Toronto
Raptors - et Joel Embiid - nouveau leader
des 76ers de Philadelphie - le continent
regorge de pépites qui pourraient bien
devenir le futur de la NBA ou de la WNBA.
Au total, plus de 80 joueurs africains ont
déjà foulé les parquets du Madison Square
Garden ou du Staples Center, sans même
compter les stars passées par la ligue féminine,
comme Clarisse Machanguana
(Mozambique) ou encore Astou N’Diaye
(Sénégal). «
dans 10 ans», lance Will Mbiakop, directeur
général de la NBA en Afrique.
Pour conquérir à sa manière le Berceau de
l’Humanité, la NBA a tout d’abord imaginé
les programmes Junior NBA. Aujourd’hui
essaimés dans une quinzaine de pays, il
s’agit «
au basket, organisés dans les écoles ou
». Chaque semaine,
des jeunes aux quatre coins de l’Afrique
ont l’opportunité de suivre gratuitement
les entraînements de coachs chevronnés
et de recevoir les conseils avisés d’an-
de programmes que Will Mbiakop imagine
déjà «sur l’ensemble des pays du continent.
C’est important qu’un maximum de
© NBA
-
pas les oublier et c’est pour cela qu’on
développe aussi beaucoup d’activités dé-
». Mais cette ambition a un
coût, celui des infrastructures indispensables
à la pratique du basketball, et bien
souvent vétustes voire inexistantes dans la
plupart des pays. Un autre point sur lequel
la NBA travaille d’arrache-pied pour chan-
Si les programmes Junior NBA sont accessibles
à tous, novices comme petits
prodiges du basket, la ligue américaine
a trouvé un moyen de suivre de très près
les plus talentueux du lot. Depuis maintenant
trois ans, jusqu’à 25 jeunes venus de
tout le continent sont sélectionnés chaque
année pour rejoindre les rangs de la NBA
Academy Africa, une formation intensive
pour les surdoués de la discipline. Pendant
deux à trois ans, ils vont poser leurs valises
au centre de Saly, au Sénégal, pour y enchaîner
matchs et entraînements. «Tous les
matins, ils démarrent la journée par un entraînement
d’une heure et demie. Ensuite,
ils ont des cours, car leur scolarité reste
une priorité pour nous, et encore un autre
», détaille
Will Mbiakop. «Chaque année, on essaie
30 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© NBA
Unis pour se mesurer aux meilleurs jeunes
». Un rythme intense auquel
puis
un peu plus d’un an.
« Rassembler un maximum de
petites filles autour de notre
sport »
Après le
programme Junior
NBA, les meilleures
jeunes basketteuses
africaines pourront
intégrer la ligue
américaine
WNBA.
Après ces quelques années de dur labeur,
les champions et championnes en herbe
auront la possibilité - pour les plus talentueux
et talentueuses - de se frotter directement
au gratin du basket américain en
rejoignant les bancs d’une prestigieuse
université voire en allant directement titiller
LeBron James, Elena Delle Donne
et consorts sur les parquets de NBA et
WNBA. «
gés
de quitter le continent pour rejoindre
», ne cache pas
le directeur. C’est pourquoi en avril prochain,
la NBA Africa League va voir le jour.
Une compétition inédite en Afrique, réunissant
12 clubs venus de 12 pays différents.
«Il y avait tellement d’engouement, qu’on
équipes», assure Will Mbiakop. «Mais il ne
événement grandiose. Nous voulons créer
-
.»
«Notre volonté, c’est surtout de rassem-
de notre sport», insiste Will Mbiakop. Et
pour cela, la NBA peut compter sur l’engagement
des deux superstars citées plus
haut, la Mozambicaine Clarisse Machanguana
et la Sénégalaise Astou N’Diaye, qui
épaulent la ligue en Afrique depuis qu’elles
se sont retirées des parquets. «C’est une
cipent
aux programmes Junior NBA, mais
elles vont aussi dans les quartiers pour
partager leur parcours et inspirer la nouvelle
génération. L’idée est de leur montrer
simplement pour leur permettre de réussir
dans la vie.» WS
© NBA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 31
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
Cet été, l’escrimeuse Sarra Besbes défendra les couleurs de la Tunisie aux Jeux Olympiques
2020, au Japon. L’épéiste de 31 ans, médaillée mondiale et multiple championne d’Afrique, nous
a ouvert les portes de sa préparation en région parisienne. Le temps d’un entraînement, nous
avons mesuré l’ampleur des efforts fournis pour arriver jusqu’à Tokyo. Reportage. PAR FLORIANE CANTORO
PHOTOS PIERRE COSTABADIE / ICON SPORT
En immersion
En garde pour Tokyo
Une épée pointée sur les JO
lle nous avait donné
E
rendez-vous à 9h00 au
gymnase Brossolette de
Saint-Maur-des-Fossés,
dans le Val-de-Marne.
Quand on arrive sur
place ce jeudi matin de
février, Sarra Besbes est déjà à l’entraînement.
Avec une dizaine d’autres épéistes,
la tireuse tunisienne réveille doucement
ses muscles et les prépare aux quatre prochaines
heures de sollicitation intensive.
En marge de la séance d’échauffement, le
maître d’armes Daniel Levavasseur vient
nous saluer. «Ok pour circuler si vous restez
discrets». Le technicien de 72 ans, ancien
mentor de la « guêpe » Laura Flessel
(double championne olympique et six fois
championne du monde), enseigne ici dans
le cadre de son académie « Escrime Sans
Frontières » ; il y prépare ses élèves, de nationalités
diverses et variées, aux grandes
compétitions internationales telles que les
Jeux Olympiques.
Génétiquement programmée
pour gagner
Sarra fait partie de ces académiciennes.
Chez elle, l’escrime est une histoire de
famille. C’est sa maman, Hayet Besbes,
en Tunisie, qui lui a transmis le « virus ».
Ses soeurs Hela, Rim et Azza (ndlr, notre
collaboratrice sur ce magazine), ainsi que
son frère Ahmed Aziz n’ont pas non plus
été épargnés par la passion maternelle.
«
basketball !», s’amuse-t-elle. Elle s’inscrit
dans son premier club d’escrime à l’âge
de 9 ans et n’a plus jamais lâché ce sport
depuis, malgré quelques essais en volley-ball.
«
individuels car je n’aimais pas perdre à
cause des autres
gorgées d’eau, le temps pour le préparateur
physique et l’entraîneur adjoint de
mettre en place le travail sur les mouvements.
Pendant ce temps, dans un coin de la salle,
Daniel Levavasseur commence les leçons
individuelles. La première à croiser le fer
avec le maître d’armes est la Brésilienne
Nathalie Moellhausen, une autre élève de
son académie, championne du monde en
titre. Leurs épées s’entrechoquent en un
Sar-
neur
expérimenté (40 ans de coaching!),
qui prépare la treizième Olympiade de
sa carrière. « -
», sourit-il, ravi à l’idée
d’imaginer ses deux petites protégées
tirer pour l’or à Tokyo. Un rêve pour Sar-
« J’AI TOUJOURS PRÉFÉRÉ LES SPORTS
INDIVIDUELS CAR JE N’AIMAIS PAS
PERDRE À CAUSE DES AUTRES. »
éditions des Jeux (8 e à Londres en 2012
et 5 e à Rio en 2016), la championne tunisienne
entend bien faire parler d’elle
une troisième fois cet été, au Japon. Pour
pouvoir mettre toutes les chances de son
côté, la décuple championne d’Afrique à
ploi
du temps cette année. Elle s’entraîne
32 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
En immersion
avec Sarra Besbes
qui défendra les
couleurs de la
Tunisie aux Jeux
Olympiques de
Tokyo !
avec l’académie de Levavasseur du lundi
au vendredi de 9h00 à 13h00, puis enchaîne
avec 1h30 de « prépa physique »
supplémentaire trois fois par semaine ; le
tout entrecoupé de nombreux soins chez
le kiné et d’échéances sportives quasiment
tous les week-ends. «
de côté mes activités de maître d’armes
pour le VGA Saint-Maur, mon club d’escrime,
et diminuer ma participation aux
compétitions par équipes», explique-telle.
Impossible également pour la jeune
femme, titulaire d’un Master en biologie,
nutrition et santé (en plus d’une licence
pour le moment. «L’escrime me prend trop
de temps, et la préparation des Jeux aussi»,
poursuit celle qui, une fois retraitée,
souhaiterait devenir éducatrice physique
adaptée. En attendant, elle donne tout ce
qu’elle a à son sport.
Bien armée avec un maître
français
« »,
s’amuse Daniel Levavasseur au moment
de donner sa leçon individuelle à Sarra. Le
maître d’armes connaît bien l’escrimeuse
tunisienne ; c’est lui qui l’a accueillie à
son arrivée en France en 2008, à l’âge de
19 ans. «Je ne pouvais plus m’entraîner
en Tunisie car il n’y avait plus de « sparring-partner
» [ndlr, partenaire d’entraînement],
nous explique la jeune femme. Mon
coach de l’époque m’a conseillé de partir
contacté son bon ami maître Daniel.» En
nous racontant leur histoire commune,
maître et élève se rendent compte qu’ils
collaborent ensemble depuis douze ans à
su entretenir avec le VGA Saint-Maur Omnisports.
« », témoigne
l’épéiste, médaillée de bronze aux
Mondiaux de Moscou en 2015.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 33
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
Mais Sarra Besbes n’est pas
la seule escrimeuse tunisienne à avoir
quitté son pays natal faute de moyens et
Inès Boubakri, présente sur le podium des
derniers JO de Rio (bronze), a elle aussi
traversé la Méditerranée à 19 ans, motivée
par la volonté de percer au plus haut
niveau de l’escrime mondiale. Les deux
jeunes femmes partagent d’ailleurs beaucoup
d’autres points communs : leur âge
(31 ans), leur graine de championne (elles
ont toutes les deux l’escrime dans le sang
par leur mère), leurs études en STAPS et
leurs diplômes de maîtres d’armes. Cet
été, à Tokyo, toutes deux tireront en individuel
pour la Tunisie, le pays ne possédant
«
le même parcours, la même histoire de
vie et on se croise lors des grandes compétitions
internationales comme les Jeux
Olympiques», apprécie Sarra. Leur seule
lité
depuis que cette dernière a troqué le
« C’EST VRAI QUE JE N’AI QUE 31 ANS
MAIS JE SENS QUE MON CORPS EST
DÉJÀ FATIGUÉ. »
Sarra s’entraîne
actuellement à
Paris avec son
maître d’armes
français, Daniel
Levavasseur.
différences entre les deux armes : «Le
-
tés
d’attaque. Dans cette spécialité, on
ne peut toucher son adversaire qu’avec
la pointe de la lame et qu’au niveau du
buste. L’épée est une arme plus lourde et
moins réglementée ; on ne peut toucher
qu’avec la pointe aussi, mais à n’importe
quel moment et sur toutes les zones du
corps, les mains et les pieds y compris.» On
le remarque d’ailleurs pendant la leçon,
lorsque la lame de Sarra vient s’engouffrer
sous le gant de protection du professeur.
« Aïe », lâche-t-il de surprise avant de l’encourager
: «Sois plus agressive !».
Au spectacle de ces attaques pédagogiques
entre le maître d’armes et son
élève, on ne peut que constater l’explosivité
de ce sport. Le corps est tout le temps en
mouvement, en tension, prêt à bondir en
avant ou en arrière. Sarra boit beaucoup
pendant l’entraînement et met toute son
énergie pour travailler sa technique. Sous
le masque, son visage grimace. Comme
pour chasser la douleur, elle se tape régulièrement
l’épaule, une articulation qu’elle
cite parmi les plus traumatisées par l’escrime.
Il y a aussi les genoux et le poignet,
deux zones fortement sollicitées et qui,
chez elle, ont déjà été opérées. «C’est vrai
», reconnaît Sarra.
Quand on lui demande si elle se voit
sur les pistes après Tokyo, la championne
tunisienne hésite. «
ce qui est de l’escrime on verra. D’abord
».
L’entraînement se termine par un « assaut »
(terme technique désignant un combat à
l’escrime). Mais Sarra ne tirera pas plus de
dix minutes aujourd’hui, elle est « trop cassée
». Heureusement cet après-midi, elle
a rendez-vous chez son kiné. Et demain,
rebelote, avec une séance de physique en
prime après l’entraînement ! Un emploi
du temps qu’elle conservera jusqu’au 25
juillet 2020, date de son passage sur la
piste olympique de Tokyo. La compétition
prendra la forme d’un tableau à élimination
directe, sans système de repêchages
comme au judo. Autrement dit, une faute
et c’est la porte… «», sourit
Sarra, consciente que c’est le lot de tous
les sportifs de haut-niveau. Mais cette journée
pourrait également être la plus belle
de toute sa vie. Elle pourrait monter sur la
plus haute marche du podium. Alors, ça
vaut le coup de bien s’armer ! WS
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Elles visent
une médaille
à Tokyo !
Sarra Besbes ne sera pas la
seule sportive africaine à
débarquer pleine d’ambitions
cet été au Japon. Sa
compatriote lutteuse Marwa
Amri, ainsi que de nombreuses
autres championnes du
continent, tenteront elles
aussi d’inscrire leur nom
au palmarès de ces Jeux
Olympiques 2020 (24 juillet-9
août). Voici quelques grands
espoirs de médailles.
© Picture alliance/Icon Sport
BEATRICE CHEPKOECH
KENYA, 28 ANS
(ATHLÉTISME, 3.000 M STEEPLE)
Championne du monde en titre (Doha-2019)
Championne d’Afrique en titre (Asaba-2018)
Recordwoman de la spécialité
en 8 min 44 sec 32
4 e aux JO de Rio-2016
© PA Images/Icon Sport
HALIMAH NAKAAYI
OUGANDA, 25 ANS
(ATHLÉTISME, 800 M)
Championne du monde en titre
(Doha-2019)
Médaillée de bronze aux Jeux Africains
de Rabat-2019
© Sportsfile/Icon Sport
© Sputnik/Icon Sport
D.R.
HELLEN OBIRI
KENYA, 30 ANS
(ATHLÉTISME, 5.000 M)
Médaillée d’argent aux JO de Rio-2016
Double championne du monde en titre
(Londres-2017 et Doha-2019)
MARWA AMRI
TUNISIE, 31 ANS
(LUTTE LIBRE)
Médaillée de bronze aux JO de Rio-2016
Vice-championne du monde 2017
11 fois championne d’Afrique depuis 2009
KHADIJA EL-MARDI
MAROC, 29 ANS
(BOXE AMATEUR)
Quart-de-finaliste des JO de Rio-2016
Médaillée de bronze aux Mondiaux-2019
Championne des Jeux Africains de Rabat-2019
© Rocksweeper / Shutterstockww
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 35
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
Reconversion
Azza Besbes,
Géraldine Yema Robert,
des exemples à suivre
Deux sportives de haut niveau nous racontent comment elles ont anticipé la fin de leur carrière.
Deux histoires différentes, deux parcours distincts, une même réussite.
PAR FLORIANE CANTORO
Azza Besbes
29 ans
En activité
Escrime, sport peu professionnel
Reconversion progressive pendant
la carrière (double projet)
Consultante (EY)
Géraldine Yema Robert
39 ans
Récemment retraitée
Basketball, un des sports les plus
professionnels pour les femmes en
France
Reconversion anticipée en fin de
carrière (reprise des études)
Coordinatrice nationale du
Championnat scolaire et
universitaire (Gabon)
Azza Besbes est une escrimeuse tunisienne spécialiste
du sabre (ndlr, elle est la soeur de l’épéiste Sarra
qui nous a ouvert les portes de sa préparation
olympique, pages 32 à 34). Parmi ses plus beaux
succès sportifs, on peut citer un titre de vice-championne
du monde 2017, 12 titres africains et deux quarts-de-
rempli : école d’ingénieur et école de commerce (ESCP Europe).
Depuis l’obtention de son Master spécialisé en contrôle de ges-
Ernst & Young (EY), un des plus grands cabinets d’audit et de
Le double projet : une priorité !
Née dans une famille de grands champions, Azza Besbes
a eu conscience très tôt des risques liés à une carrière
sportive de haut niveau. Elle a toujours su qu’elle devait se
construire un « bagage » à coté de l’escrime, et donc concilier
sport et études. À l’école, elle s’arrangeait avec les administrations
pour rattraper les cours ou déplacer des exa-
Géraldine Yema Robert est une ancienne basketteuse
professionnelle franco-gabonaise.
Elle a remporté de nombreux titres pendant sa
carrière dont celui de championne de France
2014 avec Montpellier. Sélectionnée quelques
fois en équipe de France, l’ailière d’1m84 a été une illustre
capitaine des « Panthères » du Gabon avant de prendre sa
retraite en décembre dernier. Elle est depuis Coordinatrice
nationale du Championnat sportif scolaire et universitaire
gabonais.
Une carrière sur les parquets inattendue !
Pour comprendre la reconversion de Géraldine Yema Robert,
il faut d’abord connaître son histoire.
Contrairement à la majorité des basketteuses professionnelles,
elle n’est pas issue d’un centre de formation ; elle a
été repérée sur les playgrounds londoniens, alors qu’elle
jouait avec des amis. « À la base, je ne pensais pas du tout
avoir ce genre de carrière », confie-t-elle. À l’époque, elle
36 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
mens. Elle se dit également « bénie » d’avoir eu des parents
qui l’ont aidée dans son double projet, « l’un comme aide
aux devoirs, l’autre comme chauffeur ».
Pour EY, les choses ont été plus faciles car c’est le cabinet
lui-même qui est venu la démarcher, intéressé par son
profil «atypique» de sportive de haut-niveau. L’entreprise
accepte donc qu’elle soit libérée à certains moments pour
se rendre aux entraînements, en stage ou en compétition.
« Depuis janvier, j’ai pris un congé sans solde pour préparer
les prochains JO, précise Azza Besbes. Tokyo-2020 sera ma
dernière Olympiade et je veux vraiment vivre l’expérience
à fond. » Elle avait déjà réservé 100% de son temps à l’escrime
de 2014 à 2016, avant les Jeux de Rio, repoussant ainsi
sa rentrée à l’ESCP Europe de deux ans (inscrite en 2014,
rentrée en 2016).
Le double projet : une sérénité !
En dehors de ces deux petites périodes où elle a privilégié
l’escrime, la championne a toujours voulu mener de
front carrière sportive et carrière professionnelle. Un choix
qu’elle revendique pour plusieurs raisons. D’abord, travailler
chez EY lui permet de connaître des gens en dehors du
sport ; cela créé « une diversité de milieux qui est enrichissante
». Ensuite, cela lui apporte de la « sérénité » ; « je sais
que le jour où je mettrai un terme à ma carrière sportive, la
vie ne s’arrêtera pas ».
D’ailleurs, pour l’anecdote, lorsqu’Azza Besbes décroche
l’argent au Mondial-2017, elle vient tout juste d’être embauchée
chez EY. « Je sortais d’une déception à Rio où je
perds 15-14 en quarts-de-finale. J’avais repris mes études,
pensant ma carrière terminée. Puis EY m’a contactée. Je
me suis dit : « Tiens, j’ai trouvé un job et mon entreprise
est partante en plus pour que je continue le haut niveau ! »
Dans la foulée, je fais la meilleure performance de toute ma
carrière. Parce que tout simplement j’avais l’esprit léger, je
savais que ma reconversion était assurée. » Elle poursuit :
« Quand je finis l’entraînement, que je prends ma douche
et que j’enfile mon tailleur pour aller au cabinet, je deviens
« Azza la consultante ». J’oublie le stress des blessures, la
pression des résultats… Et inversement quand je quitte le
bureau. » C’est ainsi qu’elle trouve son équilibre. « Ne faire
que du sport ne [l]’intéresse pas ». Quand elle arrêtera le
haut-niveau, elle devra aussi compenser ce « vide », sans
doute en restant impliquée dans le milieu du sport.
venait de terminer une licence en informatique pour devenir
analyste-programmeur et vivait de petits boulots
en Angleterre avec son fils. Lorsqu’elle signe son premier
contrat pro en 2004, elle a déjà 24 ans.
S’en suivent quinze années à arpenter les parquets du
monde entier ! Une carrière enrichissante qui fait évoluer
ses envies professionnelles. L’informatique est rapidement
abandonné. « Je me voyais bien continuer dans le sport et
plus précisément dans le management sportif ». Géraldine
Yema Robert s’est donc inscrite à l’Université de Montpellier,
section Management et Marketing Territorial du Sport
(diplômée en 2018).
La bonne préparation, la bonne
opportunité
« Je songeais à ma reconversion depuis deux ou trois
ans déjà », explique-t-elle pour justifier cette reprise des
études. Cela faisait quelques années aussi que le chef de
l’État gabonais et son ministre des Sports la sollicitaient
pour venir développer le sport dans son pays natal. « Je me
sentais encore capable de jouer, alors j’ai continué », sourit-elle.
Puis, en décembre, on lui a proposé de remettre
sur pied un projet pour les jeunes : le Championnat sportif
scolaire et universitaire. Elle s’est dit que c’était une « belle
opportunité » et le « moment idéal » pour sa retraite.
« LES SPORTIFS
DEVRAIENT AVOIR PLUS
DE CHANCES AVEC LES
ENTREPRISES. »
La transition des parquets vers ce poste très administratif
s’est bien passée. Outre son diplôme anticipé, l’ancienne
basketteuse peut s’appuyer sur son expérience du haut niveau
dans ses nouvelles fonctions : gestion du stress, travail
d’équipe, confiance… Elle connaît tout cela par cœur !
C’est pourquoi, selon Azza Besbes, les sportifs devraient
avoir plus de chances avec les entreprises. A bon entendeur.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 37
SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES
L’équipe nationale
féminine de football
de Mauritanie a vu
le jour en 2019. Avec
un plan ambitieux
de développement !
D.R.
Football en Mauritanie :
naissance
d’une équipe
nationale !
En juillet dernier, l’équipe
de football féminine de
Mauritanie a disputé
son premier match de
compétition internationale,
quelques jours avant
le tournoi COTIF, en
Espagne. Une rencontre
amicale perdue face
à Djibouti (3-1), qui a
marqué l’histoire et ouvert
la voie à de nombreux
espoirs pour les joueuses
mauritaniennes.
PAR VANESSA MAUREL
Portées par Fatou Diop, qui a inscrit
le seul but de son équipe sur
pénalty, les Mauritaniennes et
leur fédération souhaitent désormais
viser plus haut. En effet,
la FFRIM a pour projet de porter le football
féminin au même niveau que le football
masculin et ainsi
cette discipline dans le monde.» L’an dernier,
l’équipe masculine de football nationale
a participé à sa première CAN (Coupe
d’Afrique des nations), où elle a concédé
une défaite pour deux matchs nuls contre
l’Angola et la Tunisie. Un exploit qui donne de
l’espoir à la section féminine et son coach
Aboulaye Diallo qui désire «montrer au
être sportive». Mais pas que ! Si depuis 2016
les footballeuses évoluent dans leur propre
championnat, elles aspirent désormais au
plus haut niveau.
Porter le football féminin au
niveau du football masculin !
D.R.
C’est pourquoi la FFRIM a mis en place un
département en charge du développement
de la section féminine. Les organisateurs
ont pour objectif de former et préparer
une nouvelle génération de femmes entraî-
per
l’équipe nationale de football féminin
aux compétitions internationales. Pour cela,
le département veut «développer les in-
des clubs et écoles, ou encore augmenter le
de haut niveau».
Un programme inimaginable il y a encore
quelques années. Mais le travail paie. Fatou
Diop l’a récemment prouvé en signant son
2019, avec le club de 1 ère division marocaine
Assa Zag. Un petit pas de plus vers la professionnalisation
du football en Mauritanie, qui
devrait, à coup sûr, donner de l’espoir aux
WS
38 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
SOMMET
Afrique-France
Pour les villes
et territoires durables
CHANGER LES VILLES
POUR CHANGER LA VIE
BORDEAUX
4, 5 ET 6 JUIN 2020
UN SOMMET INÉDIT QUI ASSOCIE
L’ACTION DES ACTEURS ÉCONOMIQUES
À LA VISION POLITIQUE
sommetafriquefrance2020.org
SPÉCIAL AFRIQUE | ENSEMBLE
L’éducation par le sport,
nouveau
moteur
du Maroc
Véritable patrie du sport, le
Maroc a fait de sa pratique
une nécessité depuis
quelques années pour le
développement et l’éducation
de sa jeunesse. Après avoir
accueilli les Gymnasiades
en 2018, considérées comme
les « Jeux olympiques du
sport scolaire », le pays est
cette année le théâtre du
tout premier Sommet de
l’éducation par le sport.
PAR HUGO BERNABEU
Pour booster son économie, le Maroc
mise notamment sur le sport.
Fédérateur et attractif, le sport
est en effet un excellent tremplin
économique. En 2016, l’Euro de
football a par exemple rapporté 1,22 milliard
d’euros à la France, pays organisateur de
l’événement. Coupe du monde de football,
Coupe d’Afrique des Nations, championnats
du monde de judo… Le Maroc s’est déjà positionné
pour accueillir les prochains grands
rendez-vous sportifs de la planète. Des initiatives
qui en disent long sur sa volonté de
devenir une place forte du sport en Afrique.
Mais au-delà de sa dimension économique,
le sport est également un puissant moteur
d’éducation.
C’est de ce constat qu’est parti Laurent Petrynka,
président de la Fédération internationale
du sport scolaire (ISF), pour organiser,
en mai 2018, la toute première édition
des Gymnasiades en Afrique. « Il s’agit en
quelque sorte des Jeux Olympiques scolaires
où les meilleurs jeunes des quatre coins du
», nous détaillet-il.
Un événement bien loin d’en être à son
coup d’essai, puisque les premières Gymnasiades
remontent à 1974, mais qui va véritablement
prendre son essor pour sa 17 ème
édition placée sous le signe de « l’éducation
par le sport », à Marrakech et Casablanca.
« C’était magique, se remémore Laurent
Petrynka.
une palette de 18 sports allant du taekwondo
au tennis, en passant par les échecs...
Nous voulions aussi insister sur l’aspect
culturel de l’événement en proposant à des
jeunes venus de Chine ou du Pérou, qui n’ont
des ateliers et des visites pour découvrir ce
». Autre
engouement des pays du continent. « Nous
© International School Sport Federation
-
». Des efforts récompensés
puisque 28 nations africaines ont
participé à l’édition au Maroc. Le pays hôte
a d’ailleurs terminé à la deuxième place du
podium général, derrière les jeunes athlètes
ukrainiens (106 médailles), en récoltant pas
moins de 87 médailles. Preuve, là encore, de
l’implication grandissante des pays africains
autour du sport scolaire. En attendant de revoir
les Gymnasiades au Maghreb - le tournoi
sera organisé en Normandie du 14 au 22
mai 2022 - les initiatives à destination des
Du 4 au 6 avril, le pays accueille le tout premier
Sommet de l’éducation par le sport à
Casablanca. Un forum ambitieux qui réunit
pendant trois jours plus de 8.000 acteurs
(hommes politiques, athlètes, représentants
de clubs, coachs sportifs, parents et
enfants) autour d’un objectif commun, « li-
». « L’idée est aussi
de démontrer comment le sport peut devenir
une vraie brique du développement des
une nécessité institutionnelle identitaire en
», étaye Mohamed Amine Zariat, président
de l’association TIBU, qui chapeaute
le projet. Au travers de conférences et d’ate-
tier
auront l’occasion de mettre en avant des
40 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
La jeunesse
du monde est
en Afrique et
le sport est un
levier puissant
d’éducation !
© Chamsi Dib
© International School Sport Federation
par le sport au Maroc. Une formation d’un an
autour du sport, des langues, du marketing
et de la communication, couplée à un stage
et jeunes garçons de trouver un emploi dans
le monde du sport. Chaque été, l’association
marocaine organise également les TIBU Girls
Camp, des camps d’entraînement gratuits
pour développer ses performances physiques
et techniques, mais aussi appréhender
la notion de leadership, indispensable
pour le sport de haut niveau. Pour l’instant
focalisés sur la pratique du basket, les TIBU
Girls Camp vont s’étendre à la pratique de
nouvelles disciplines comme le football, le
tennis et bien d’autres.
initiatives novatrices et de faire découvrir de
nouvelles disciplines « comme le MMA ou le
basket à trois, précise Mohamed Amine Zariat.
la journée mondiale du sport pour le développement
et la paix, sera elle consacrée
premier plaidoyer de l’éducation par le sport
»
Favoriser l’émancipation des
femmes et des filles africaines
grâce au sport
Pour cette première édition, les organisateurs
veulent aussi mettre l’accent sur l’émancipa-
au sport. Une thématique qui sera abordée
en association avec le Fonds des Nations
unies pour la population (UNFPA), au travers
d’une douzaine d’ateliers et d’activités en
extérieur animées par des coachs sportives.
«
tiquement
impacter positivement son entou-
respect, de tolérance et d’inclusion. »
Dans ce domaine, l’association TIBU peut
déjà s’appuyer sur son expérience. L’année
dernière, elle a par exemple organisé le premier
programme d’insertion professionnelle
Mais les initiatives de ce genre restent rares
et c’est pourquoi TIBU mise sur le Sommet
de l’éducation par le sport pour mettre un
vrai coup d’accélérateur. « De cet événe-
engagements seront pris », indique le président
de l’association, déjà dans les starting-blocks
pour renouveler l’expérience en
2022. « Ce sera surtout un bon moyen de se
ans et, pourquoi pas, de viser encore plus
haut pour les deux années suivantes. » Et si
la première édition s’est déroulée au Maroc,
pays d’attache de l’association, Mohamed
Amine Zariat imagine déjà un sommet « au
Sénégal ou en Côte d’Ivoire, avec toujours le
WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 41
SPÉCIAL AFRIQUE | ENSEMBLE
COURIR
SOLIDAIRE !
Courir, c’est bien. Courir pour la bonne cause,
c’est encore mieux ! En Afrique, de nombreux
événements sportifs « solidaires » ont vu le jour au
cours des dernières années. Des treks, des raids, des
courses d’orientation : il y en a pour tous les goûts et
surtout pour toutes les causes. PAR VANESSA MAUREL
© Trek Elles Marchent
Sénégazelle
La Sénégazelle est une épreuve sportive mais aussi un moment d’échanges
et de rencontres. En clair, cette course exclusivement féminine permet
aux participantes de courir dans le but d’apporter du matériel scolaire à
des enfants. Chaque jour, leur course (d’une dizaine de kilomètres) prévoit
une arrivée dans une école, où chaque « gazelle » amène un petit colis de
fournitures qu’elle aura elle-même préparé. Elle pourra le donner en main
propre à des élèves. En 2017, 15 tonnes de fournitures scolaires ont
été distribuées pour environ 250 participantes, ce qui représente plus de
20.000 élèves dotés.
www.senegazelle.fr
© Trek Elles Marchent
Trek elles marchent
Lâchées dans le désert du Maroc, les participantes, par équipes de quatre,
doivent s’orienter à l’aide d’une carte et d’une boussole pour trouver trois
bornes par étape, ainsi que le bivouac du soir, le tout sur une durée de
quatre jours. À chaque borne, les sportives devront répondre à une question
réalisé permet à l’équipe de marquer des points supplémentaires. L’équipe
totalisant le plus de points est désignée vainqueure. Le 5ème et dernier jour
de l’aventure est consacré à une action solidaire, différente chaque année.
En 2020, les actions auront lieu dans deux villages : Ramlia et Ouzina. Pour
aider les villageois, les participantes planteront des palmeraies de dattiers
extra (Aziza Bouzid et Boufeggous), fabriqueront des clôtures et réaliseront
des torchis sur les fours à pain et sur les murs.
www.trekellesmarchent.com
© AMCM- Mainguy
© Cyril Bussat / photossports.com
42 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© Comité d’organisation du 10kmpourlapaix
Sahraouiya
La Sahraouiya est un raid solidaire, exclusivement féminin, combinant plusieurs disciplines : le cyclisme, le canoë, le running, le trail,
l’orientation et la natation. Lors de cette course, étendue sur une durée de huit jours, les participantes se dépensent pour une
association caritative de leur choix. Chaque équipe, composée de deux personnes, rapporte de l’argent à l’association qu’elle aura
choisie par le biais du montant de l’inscription. L’autre partie proviendra de la matinée de crowdfunding, organisée pour l’événement. Au
total, ce sont plus de 30 associations soutenues aux niveaux national et international.
www.sahraouiya.com
© Sahraouiya
© Sahraouiya
© nullplus / Shutterstock
© Sahraouiya
10 km pour la Paix
Le 10 km pour la paix, qui se déroule à Rabat depuis
2016, a été initié par les premières dames, femmes des
ambassadeurs français en Afrique. Dans leur esprit,
C’est pourquoi elles ont décidé de se servir de la Journée
internationale du sport au service de la paix et du
développement (le 6 avril) pour organiser une course qui
« partage des valeurs », nous explique Marie-Cécile Tardieu,
épouse de l’ancien Ambassadeur de France au Maroc, et
ex-chef du service économique régional de Rabat. Parmi
elles, « la tolérance, l’acceptation de l’autre, le partage »,
mais surtout la solidarité. Car au-delà du fait que chaque
année, une partie des bénéfices est reversée à des
associations, la course est surtout ouverte à tous, y
compris à des personnes en situation de handicap. Lors
de la dernière édition, 3.000 coureurs se sont prêtés au
jeu et se sont concurrencés sur un parcours unique tracé
dans Rabat, homologué par les instances de l’athlétisme.
Aujourd’hui, Marie-Cécile Tardieu serait « heureuse qu’un
partenariat se noue avec le 10 km pour la paix de Rabat
autour de cette date ».
www.10kmpourlapaix.com
Œil de l’experte
Marie-Cécile Tardieu
LES CLÉS DE LA RÉUSSITE
D’UNE COURSE SOLIDAIRE :
• la qualité de l’événement sportif - les participants sont exigeants.
Le fait de courir pour la bonne cause ne les conduira pas à être
indulgents si les conditions logistiques ne sont pas à la hauteur. Il
faut se rapprocher des standards des meilleures courses (t-shirts
chrono, disponibilité rapide des résultats).
• la qualité de la communication - les outils (réseaux sociaux, site
internet) doivent démultiplier la résonance de la cause et permettre
le ralliement. Il faut trouver des partenaires médias gratuits pour que
• l’importance de la transparence et du reporting pour rallier des
sponsors sérieux et pérennes.
• l’importance de l’inclusion en s’appuyant sur des associations déjà
organisées - il convient de travailler dans la durée, pas juste le temps
d’une course - qui permettent d’amener des personnes fragiles ou à
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 43
SPÉCIAL AFRIQUE | ENSEMBLE
Espoir
Le karaté pour
reconstruire
les femmes victimes
de viols de guerre
Triple championne du monde de karaté, Laurence Fischer a fondé l’association «Fight For
Dignity» pour venir en aide aux femmes victimes de violences. En République Démocratique du
Congo, où le viol est utilisé comme une arme de guerre, plus de 200 femmes se reconstruisent
chaque année grâce à la pratique du karaté. PAR HUGO BERNABEU
Depuis plus de vingt ans, le docteur
Denis Mukwege consacre
sa vie aux femmes victimes de
violences sexuelles. « C’est un
Démocratique du Congo, où le viol de masse
est utilisé comme une arme de guerre », dénonçait-il
encore en février dernier, en marge
d’une commémoration en souvenir des victimes
de massacres dans l’Est du pays. En
1999, ce gynécologue-obstétricien décide de
fonder à Bukavu dans la région du Sud-Kivu,
la Maison Dorcas, véritable havre de paix
dans lequel une pléiade de médecins vient
en aide à ces femmes détruites. Les soigner
reconstruire pour qu’elles retrouvent une raison
de vivre. Un combat qu’il mène encore,
jour après jour, et qui lui aura valu le Prix Nobel
de la Paix en 2018.
C’est à la suite d’une rencontre avec cet
homme hors-normes, en 2014, que Laurence
Fischer décide d’« ».
Championne du monde de karaté à trois reprises
entre 1998 et 2006, elle a alors l’idée
de transmettre aux « survivantes », comme
s’appellent les résidentes de la Maison Dorcas,
sa passion pour cet art martial. «
participer à tout un tas d’activités pendant
« PLUSIEURS ÉLÈVES DE LA MAISON
DORCAS NOUS ONT FAIT PART DE LEUR
ENVIE D’ENSEIGNER À LEUR TOUR LE
KARATÉ DANS LEUR VILLAGE NATAL. »
leur convalescence comme de la musique
ou de l’art, alors pourquoi pas du karaté ? »,
résume simplement la championne.
Depuis bientôt six ans, une vingtaine de
pensionnaires se réunit chaque semaine
sur le tatami pour une séance de karaté un
peu particulière… Ici, il n’est pas question
de mettre K.O son vis-à-vis, mais plutôt de
se servir du sport comme un outil thérapeutique
dans leur parcours de reconstruction.
Une méthode de travail inédite que la
Française a baptisée Fight For Dignity (FFD),
© Géraldine Aresteanu
44 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
La Maison Dorcas
accueille des
femmes et filles
référées “SVS”
(Survivantes
des Violences
Sexuelles) .
© Géraldine Aresteanu
comme l’association qu’elle lance en 2017.
«
karaté, en utilisant aussi des techniques de
yoga, de méditation et de respiration », détaille
Sabine Salmon, directrice de FFD et
aussi karatéka à ses heures perdues.
Un véritable exutoire pour ces jeunes
femmes, qui ont pour la plupart entre 12 et
18 ans. « Elles débordent d’énergie », s’exclame
Sabine Salmon. Mais les médecins de
l’établissement savent aussi mettre le pied
sur le frein quand la machine s’emballe un
peu trop. « Lors de mon dernier voyage làbas,
je me souviens d’un moment où un des
en pleine séance, poursuit-elle. D’un coup,
inimaginable en France ! » Car depuis mars
2018, la Maison des femmes de Saint-Denis,
en région parisienne, accueille aussi
les cours de karaté de Laurence Fischer.
Ici, c’est l’ancienne championne du monde
en personne qui enseigne chaque semaine.
«
France. Le symbole de l’autorité masculine
est beaucoup trop pesant », explique la directrice
de l’association.
Un véritable exutoire pour ces
jeunes filles
Mais le chemin de croix des deux karatékas
est encore long. Des milliers de femmes
victimes de sévices physiques et psychologiques
ont besoin d’aide à travers le globe.
« C’est un mal universel. Il y a du boulot car le
monstrueux », déplore Laurence Fischer. En
France, de nouvelles Maisons des femmes,
similaires à celle de Saint-Denis, devraient
bientôt voir le jour. L’occasion idéale d’y développer
la pratique du karaté avec des éduca-
Fight For Dignity.
© Géraldine Aresteanu
En Afrique, Sabine Salmon savoure une
nouvelle encore plus réjouissante : « plu-
leur tour le karaté dans leur village natal. »
Une perspective incroyable à laquelle l’association
va contribuer en formant une dizaine
de « survivantes » à l’enseignement
de la discipline. Quelques kilomètres plus
loin, à Bangui, capitale de la Centrafrique,
femmes victimes de violences sexuelles va
voir le jour en 2020. Un projet supervisé
de près par le docteur Denis Mukwege et
auquel l’association Fight For Dignity espère
naturellement s’associer.
En parallèle de toutes ces précieuses initiatives,
Sabine Salmon attend avec impatience
les résultats d’une étude menée
depuis mars 2018 en partenariat avec
l’Université de Strasbourg. L’objectif : dé-
sport sur ces femmes en pleine reconstruction.
«
travailler sur des outils de sensibilisation
et de prévention, annonce la directrice
de FFD.
tastique,
mais leur apporter un soutien en
amont, c’est encore mieux. » WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 45
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
Dossier
LA « BATTLE »
DES DANSES
AFRICAINES !
Abécédaire,
exportation
et rayonnement
Les danses africaines modernes, souvent nées dans les
rues, s’inspirent des danses traditionnelles africaines.
Elles apportent souplesse et renforcement musculaire,
leurs rythmes envahissent le corps. Mais en réalité,
il en existe un nombre incalculable ou presque ! On
est parti en tester pas mal et interroger les spécialistes
dans ce domaine. Immersion et explications tout en
percussions, avec l’éclairage de deux directrices d’écoles
de danse. PAR LÉA BORIE
© Merla / Shutterstock
RICHESSE ET DIVERSITÉ
CULTURELLES DES DANSES
AFRICAINES
Deux choses tout d’abord. On distingue
les danses africaines urbaines
et traditionnelles, bien que les premières
soient issues des secondes.
Un pays, différentes influences musicales,
et autant de courants dansés.
Ces derniers sont souvent créés par
des groupes musicaux, eux-mêmes
précurseurs de styles de danse qui
accompagnent leurs rythmes. Il s’agit
donc, la plupart du temps, de musiques
sur lesquelles on va danser,
où les mouvements vont s’imposer. Il
faut dire que la musique a une forte
valeur sociale sur le continent. Elle
accompagne tous les événements et
rassemble les communautés.
46 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Petit abécédaire des
danses afro-urbaines
stars
Une liste non exhaustive
d’influences africaines qui nous
inspirent, nous parlent, nous
plaisent, nous séduisent...
AFRO HOUSE :
from : Angola
Née dans les années 2000 d’un courant
musical angolais, elle est influencée
par le Pantsula. Côté son, on est
sur un mélange de basses profondes
sur fond de sonorité africaine groove et
pleine d’énergie.
ALKAYIDA :
from : Ghana
AZONTO :
from : Ghana
Entre humour et expression, cette danse
née dans les années 2000 est aussi un
genre musical dont les lycéens se sont
emparés. Inspirée des gestes de la vie
et des tâches quotidiennes, elle laisse
libre court à son imagination, afin que
chacun se l’approprie et communique
ses émotions à travers des jeux de rôle
désinvoltes et rieurs.
COUPÉ-DÉCALÉ :
from : Côte d’Ivoire
Apparu dans les années 2000, ce mouvement
est né de l’expression « Coupé-décalé-travaillé
» et s’inscrit dans le
mouvement culturel de la Sagacité. Il
correspond à l’arrivée de la guerre civile
ivoirienne en 2002. En termes de sonorité,
on est sur un ensemble guitare,
basse, batterie, clavier, synthétiseur,
boîte à rythmes, tambour, conga.
FUNANÁ :
from : Cap Vert
Genre de musique traditionnelle avec
un ferrinho (accordéon), le funaná se
veut un rythme rapide. On le danse seul
ou à deux, mais dans les années 60
et jusqu’à l’indépendance du Cap-Vert
en 1975, il était interdit en public car
il prônait des valeurs de liberté et de
justice, voire il était considéré comme
anti-biblique.
GWETA :
from : Togo
Apparue en 2013, cette danse mise
tout sur des déplacements de jambes,
des mouvements de l’ensemble du
corps qui partent du bassin. Signifiant «
j’évite les jaloux », elle consiste en des
évitements de droite à gauche.
IKOKU :
from : Gabon
Une danse traditionnelle du peuple,
et notamment du groupe ethnique des
Punu, qui se pratique avec un pagne
noué autour de la taille. Sur fond de
chants en langue yipunu, on exécute
des mouvements saccadés du bassin et
du fessier, ainsi que des jeux de pieds.
JAZZÉ :
from : Gabon
Cette danse apparue en 2009 mêle la
danse bôlo et ndombolo, et séduit les
jeunes. Elle a surtout été prise d’assaut
par les chanteurs gabonais pour leurs
clips et concerts. Il faut dire qu’elle forme
un joyeux mix entre hip-hop et rythmes
traditionnels des cultures ga-
K comme
Kuduro. Une
danse angolaise
qu’on retrouve
désormais... un
peu partout !
Dans cette danse détendue et libre, inspirée
de la culture hip-hop ghanéenne
au nom du groupe terroriste Al-Qaïda, on
part de gestes du haut du corps. Les
tableaux de mouvements ajoutent aussi
des jeux de jambes, pour un balancement
du corps.
© criben / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 47
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
© Alex Goncharov / Shutterstock
bonaises. On la retrouve dans
les cérémonies de mariage au Niger,
en Guinée équatoriale, au Cameroun,
Congo, en Côte d’Ivoire. Tout le corps
est sollicité : tête, jambes, bas du dos,
poitrine, épaules…
KIZOMBA :
from : Angola
Ça signifie « fête ». Tout un programme !
Avec guitares, percussions, batterie,
synthétiseur… Le kizomba est un genre
afro-pop musical et la kizomba est une
danse née en 1980, d’un mélange de
samba, de kompa et de zouk, soit un
joyeux mariage d’Angola, d’Haïti et des
Antilles, caractérisé par la sensualité ;
tout en lenteur, torse contre torse.
KUDURO :
from : Angola
Littéralement, traduisez : cul dur ! Toute
une histoire… En sonorité, on mélange
break dance, semba, électro et instruments
africains. Pour le style, on
mixe le Malanje (danse angolaise), et
des mouvements de Jean-Claude Van
Damme dans Kickboxer (oui, oui !). S’il
est né en 1996 en Angola, il est aujourd’hui
développé au Cap-Vert, mais
aussi au Portugal, au Brésil, au Mozambique,
en Guinée-Bissau, en Guyane et
aux Antilles françaises. Il est même intégré
à des cours de zumba !
Des danses
sensuelles
à deux... ou
des danses
contestataires !
LOGOBI :
from : Côte d’Ivoire
Inspirée des ghettos d’Abidjan dans les
années 80, son objectif : reproduire des
combats de rue avec les mains et les
pieds. S’il a disparu dans les années
2010, le style refait surface depuis l’an
dernier grâce à la page Instagram LogobiTV
!
N’DOMBOLO :
from : République
démocratique du Congo
Dérivée de la rumba congolaise et du
soukous, elle a connu le succès à la fin
des années 90, mais a été censurée
en 2005 en RDC. Elle se danse sur une
musique rapide avec des mouvements
des hanches.
PANTSULA :
from : Afrique du Sud
Danse sociale et contestataire, elle est
née dans les townships de Johannesbourg
dans les années 60, et est très ancrée
dans le contexte socio-économique
du pays. Inspirée des claquettes et de
la pop culture américaine, elle rassemble
jeux de jambes et sifflements, pour une
danse à la choré théâtralisée. En réalité,
elle s’inspire de gestes quotidiens et reflète
une société multiculturelle.
SABAR :
from : Sénégal
Danse traditionnelle féminine, et ensemble
de percussions jouées par des
hommes, ce terme wolof est aussi le
nom d’une cérémonie festive. On exécute
cette danse en solo, avec en fond
des tambours.
SKELEWU :
from : Nigéria
C’est une danse issue du titre « Dieu
loin de moi ». Cette chanson a fait un
tabac en 2014 en Afrique. Avis aux curieux
: on trouve encore une vidéo de
danse pédagogique sur Youtube.
ZOROPOTO :
from : Côte d’Ivoire
Danse issue du courant coupé-décalé,
elle a vu le jour en 2010 et se veut être
un mélange de danses ivoiriennes, de
hip hop et d’acrobaties. WS
VOUS VOULEZ ALLER PLUS LOIN
DANS LE DÉHANCHÉ ?
www.thedancehall.sn
wwda.wawalasso.fr/lecole
On vous recommande les vidéos Youtube :
- 10 styles de danses africaines les plus
populaires
- Waka Waka #2- Festival Danses Afro
Urbaines - Lille
- The Dance Hall | A-Z OF AFRICAN DANCE
Si après ça, vous arrivez à rester
les fesses sur votre chaise…
© Rich T Photo / Shutterstock
48 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
L’INTERVIEW
JEANNINE FISCHER
« Au centre de mon projet d’école
de danse, l’estime de soi »
Chorégraphe franco-camerounaise installée à Lille, Jeannine Fischer est fondatrice de Wawa
l’asso et de l’école dédiée aux danses afro-urbaines, Waka Waka Dance Academy, dont les portes
sont grandes ouvertes depuis 2014.
Dans cette école de danses urbaines de matrice
africaine, 10 styles y sont dispensés. Des danses
urbaines d’Afrique de l’Ouest et du Centre, des Caraïbes
et du Brésil, énergiques, endurantes, saccadées
et chaloupées, qui
font vibrer petits et grands. L’objectif dans
cet apprentissage de l’historique des
pas : retranscrire l’état d’esprit de fête,
de liberté, de sensualité, de joie, de partage…
les gestuelles, les situations de vie
empruntées de la tradition de ces danses
populaires, tout en s’encrant dans la modernité
et la réalité sociale.
« Née à Paris, j’ai vécu plus de 10 ans
au Cameroun et souhaitais élargir cette
vision très ethno-centrée qu’on peut avoir
hors d’Afrique, et aborder une image de
cette Afrique moderne, pleine de vie. J’ai la
chance d’avoir voyagé depuis toute petite
et de pouvoir m’affranchir des carcans. Il y
a une vraie ébullition créative et avant-gardiste
en Afrique, dont on n’a pas assez
conscience en Europe. »
COMMENT AVEZ-VOUS DÉBUTÉ ?
J’ai commencé à m’intéresser aux danses d’Afrique de l’Ouest, aux
danses mandingues de l’Ancien empire. Après 10 ans de formation
en danses traditionnelles, j’ai cherché à me tourner vers des
pratiques modernes des courants afro urbains. C’est l’avènement
des réseaux sociaux, et en particulier Instagram, qui a permis une
diffusion massive, en Afrique mais aussi à l’international. Avant
cela, les danses africaines souffraient d’une image poussiéreuse
de danse de mariage.
DANSES URBAINES VOUS DITES ?
Oui car elles sont créées dans la rue. C’est d’ailleurs leur spécificité
: faire écho à une réalité sociale. Les pas de danse représentent
le peuple. Ce n’est pas pour rien qu’un pas de coupé-décalé
s’appelle la grippe aviaire, ou qu’un pas d’afro house donne
l’impression de boiter ! C’est aussi le reflet de l’après-guerre, de la
présence de mines antipersonnel en Angola notamment, avec des
civils estropiés. Les inspirations de styles travaillent aussi autour
de la musique, qui évolue vite. Afro beat du Nigéria, du Kenya, d’Ouganda…
se mêlent au rap, à la pop et au
dance hall des Etats-Unis.
© jeanine Lille Wawa
QUEL EST LE POINT COMMUN ENTRE
TOUTES LES DANSES SELON VOUS ?
L’enjaillement ! Un mélange de joie, de
bien-être, de lâcher-prise, de non-jugement
de l’autre. Des valeurs que je prône dans
mon école, avec au centre l’estime de soi.
En participant à un cours, on se reconnecte
avec l’énergie de la terre, on danse avec
son cœur pour libérer son corps et son esprit.
Il s’agit aussi de recréer du lien social,
ce qu’on retrouve moins en France. Ce qui
manque aussi ici, c’est la matrice.
LA MATRICE ?
On travaille autour de 3 zones
géographiques : Afrique, Caraïbes et
Brésil, et la mère, c’est l’Afrique ! C’est
pourquoi on puise dans l’histoire du
continent. Ça nous replonge dans les
diasporas, la capture d’esclaves, la déportation, entre cultures
africaines du passé et afro-descendants qui font perdurer cet
héritage au travers de la musique et la danse, et dont le monde
entier s’inspire.
C’EST ÇA QUI VOUS A MIS SUR LA VOIE POUR VOUS
LANCER DANS L’AVENTURE ?
En revenant d’Afrique, il me manquait cette ferveur, cette émerveillement,
ce sens du partage avec l’autre. C’est de ça qu’a découlé
le projet d’école de danse, cette cause engagée pour vivre ma
passion et la diffuser à tous les élèves. C’est pourquoi aujourd’hui,
on organise aussi des voyages culturels, des masterclass, des
workshop, des talks et même un festival de danses afro urbaines,
attendu prochainement à Lille. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 49
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
MARIAMA
TOURÉ
« Pour ouvrir mon
école de danses
au Sénégal, j’ai dû
prouver qui j’étais.»
© The Dance Hall
Mariama Touré est partie
d’un constat de départ
pour ouvrir son école,
TDH (The Dance Hall) :
« En 2013, il n’y avait
pas ou peu d’espaces où danser au Sénégal,
les métiers de la danse étaient
encore peu valorisés. Je pensais : ‘On
ne peut pas être au Sénégal, avoir
envie de danser tout le temps sans
avoir d’infrastructure pour le faire !’» C’est pour elle l’occasion
rêvée de s’engouffrer dans la brèche : de quoi générer de la
valeur, créer des emplois et faire changer le point de vue de la
population sur la danse. « Quand j’ai démarré mon activité, en
2013, à 24 ans, ça n’a pas été évident d’être comprise de suite.
Il a fallu prouver qui j’étais. Danser ici à l’âge adulte nous classe
vite côté bad boy qui refuse de travailler.
J’espère participer à changer cette image de la danse, plus responsable,
plus qualitative aussi, pour que les danseurs soient
rémunérés à leur valeur. Une question de débat culturel, de formations
des danseurs, d’attention auprès de la jeunesse. On
collabore d’ailleurs avec une unité médicale à Dakar auprès
d’enfants déficients mentaux, car la danse est un outil de développement
marquant. »
Des danses et des musiques variées
« Ici, on parle de danses modernes africaines, qui incluent des
danses de différents pays, et donc différentes sonorités. Sur la
dizaine de profs de l’école, chacun a sa spécialité. Sur le terme
‘‘afro beat’’, nous sommes en désaccord. Il s’agit davantage
d’une musique que d’une danse. Les musiques sont transversales
et forment un univers. Et sur ce fond musical, les participants
accourent pour se détendre dans une bonne ambiance
et un esprit de famille, s’amuser, perdre des calories et gagner
en bonne humeur ! »
Des cours, des
événements
dansés, qui
rassemblent foule
de passionnés à
The Dance Hall.
© The Dance Hall
© The Dance Hall
© The Dance Hall
Un travail de recherches sur les danses
traditionnelles africaines
Comment éviter que ces danses ne se perdent ? Comment
mieux les transcrire et les partager sans les distordre ? Un
travail avec l’Université de Dakar, unité de recherche en ingénierie
culturelle en anthropologie. De quoi exposer, lors d’un
symposium en 2018, les spécificités des danses africaines.
Contrairement aux danses classiques, qui ont une entrée, une
sortie, et dont les pas ont des noms, ici, on n’est pas sur
des danses codifiées, elles fonctionnent à l’instinct. De ces
recherches en ressort un rapport d’une centaine de pages, La
codification des danses africaines, Revue de l’art et perspectives
de recherche, remis en janvier dernier au ministère de la
Culture sénégalais. WS
50 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© Urban Arts Academy
L’AFRO
HOUSE
Le coup de cœur Women Sports !
« Tais-toi, écoute
la musique et
danse ! », souffle
la prof avec une
fermeté rieuse à
ses élèves.
L’Afro House est née de la rencontre des danses traditionnelles africaines et de la house dance.
Elle reflète la jeunesse africaine et urbaine d’aujourd’hui. Un dimanche de fin d’hiver, nous
assistons à un stage de danse afro à l’Urban Arts Academy, à Lyon. Et c’est bien cet esprit que
nous avons retrouvé, pour le plus grand plaisir de nos cuisses en feu !
« La musique tape, donc le
pas doit taper aussi ! Tu dois
te mettre au même niveau
que la musique, c’est toi qui
maîtrise le son. Eh ! N’oublie
pas : plus tu sors ta hanche
plus ton pas sera joli. Mets de
la force dans tes bras ! »
tion va revisiter. Je dirais même
que c’est la musique qui insuffle
le mouvement. On peut très
bien retrouver un pas de bourré
dans une choré, et pourtant
ce n’est pas propre à la culture
africaine. »
Kiffer la vibe : « C’est celle
qui me fait le plus vibrer, là où
tu peux être le plus libre, tu te
lâches complètement. Limite tu
es possédée par la musique !
Une musique qui t’enjaille,
comme on dit chez nous ! Et
c’est ce qui me manquait dans
le hip hop, que je trouve un peu
m’as-tu-vu quand on avance en
niveau, avec des clans. Ici, je
fais en sorte qu’il n’y ait pas de
différence de niveau justement :
tout le groupe attend si une personne
galère ! »
Un objectif : « Faire bouger l’Afro
dans la région Auvergne-Rhône-Alpes,
tel un militantisme !
Et aussi faire en sorte d’éviter
les amalgames : c’est l’occasion
de montrer que l’Afro c’est vraiment
ça et pas autre chose ! »
Ici pas de formation : « La validation
de prof ne passe pas par
un diplôme, mais par l’aval des
Grands (danseurs, ndlr). Dans
Son t-shirt et ses baskets
rouges clinquants, Jessica Mokofio,
en tête de salle, devant
les miroirs, couvre la musique
au nombre de décibels indécents
pour se faire entendre de
ses élèves.
Cette Stéphanoise originaire de
Centrafrique s’est formée aux
différentes techniques hip hop,
à la house, et aux danses africaines
traditionnelles comme
la danse burkinabaise avec
la compagnie Doni Don. Aujourd’hui,
elle s’attache à mélanger
toutes les disciplines
pour trouver son identité. La
jeune trentenaire a découvert
l’Afro House en 2008. Mais elle
estime que ce n’est vraiment
que depuis 2015 que la danse
a résonné en France.
L’Afro House ? « Ce n’est pas
qu’un seul style ! C’est un mélange
de pas de danses africaines
que la nouvelle générale
milieu, tu n’es pas reconnue
par un jury mais par des profs
importants. » C’est pourquoi
Jess’ est souvent en déplacement
à Paris ou au Portugal
pour se former. Son mentor clé :
Joseph Go ; celui qui a ramené
l’Afro House à Lyon.
Un peu plus loin dans
l’Afro !
Après Jessica, un autre professeur
a animé le stage Afro.
Un homme cette fois. Même
salle, autre ambiance, avec ce
danseur venu de la capitale
française pour faire trembler le
dancefloor lyonnais.
Denatora (ou Dena), de son vrai
nom Abdoul Sow, est un danseur
et musicien parisien originaire
du Mali. Ancien danseur
de Jessy Matador, il s’est lancé
dans la musique, avec le label
Paradise Music, un style entre
urbain et kizomba. Il danse sur
de l’afro-beat et est à l’origine
de l’African New Style, un mélange
de Ndombolo, de coupé-décalé
et de hip hop, avec
des pas issus du Nigéria, du
Ghana ou encore d’Afrique du
Sud. Denatora a voyagé dans
de nombreux pays d’Afrique
pour s’immerger dans les
cultures et dans leurs danses,
dont le Sénégal, le Mali, le Cameroun,
Madagascar, la Côte
d’Ivoire, ainsi que la République
démocratique du Congo. Cette
dernière a été une véritable révélation
en termes de danses.
S’il a autant voyagé, c’est parce
que ce qu’il aime avant toute
chose, ce sont les cultures.
« Je me suis rendu compte que
de rester à sa place, ce n’est pas
une vie ! » WS
QUELQUES EXEMPLES DE
NOTES AFRO RETENUES
PENDANT NOTRE STAGE :
- Par hasard, Ferre Gola,
- Sweet Afrika, Dotorado Pro
- Abundance, Royal The King
- Huts (Badd Dimes Remix), The
Bockparty Feat. Esko, Mouad,
Locoas, JoeyAK,
Young Ellens…
- Tendencia, DJ BiG VaDo
- Bela, Tu sais pas danser,
Os Detroia
- Gwara, Os Pilukas
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 51
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
Coup de projecteur sur
Pour en apprendre davantage sur la danse orientale, nous nous
sommes immiscées dans une compagnie, le Ballet Daloua.
Plongeons dans 8 vibrations et accents au cœur de l’Egypte !
Rencontre avec une professeure, et deux de ses danseuses. PAR LÉA BORIE
© Waleed Shah / Shutterstock
La danse orientale est
apparue en Egypte il y
a plusieurs siècles. On
dénombre plusieurs
genres au sein même de
la danse orientale, dont
le Raqs Sharqi. Ce dernier (souvent
appelé de façon réductrice « danse
du ventre ») est aujourd’hui le plus répandu.
Il s’est d’ailleurs imposé en Occident
dans les années 90. Il faut dire
qu’il séduit un large public grâce à ses
influences modernes orientales et occidentales.
C’est aussi la danse la plus répandue
de nos jours,
et la plus étudiée
en école
de danse.
Dansée majoritairement
par des
femmes, la
danse orientale
laisse
s’exprimer
les émotions,
la féminité…
LIBERTÉ, PASSION, SONORITÉ,
SORORITÉ : PORTRAIT D’UNE
DIRECTRICE ARTISTIQUE
VIBRANTE
Hayal, Brésilienne d’origine, danse depuis
ses 17 ans. Elle est aujourd’hui
prof de danse orientale à Lyon. C’est
d’elle qu’est partie l’idée de monter une
compagnie, en 2015.
Si au départ, c’est une amie qui l’a
traînée à son premier cours d’oriental,
Hayal n’a pas attendu des autres
pour s’éprendre de cette danse ! Elle
a tourné avec des compagnies pendant
des années, en tant que danseuse en
groupe, soliste, ou chorégraphe collaboratrice,
avant de concrétiser son rêve,
son grand défi : composer ses chorégraphies,
ses spectacles… Et ce qui
a été un challenge à lancer au départ
est aujourd’hui un pari à tenir, car si
sa technique et sa grâce ne sont plus
à prouver, Hayal s’efforce désormais de
représenter la danse orientale de façon
artistique et en gardant son héritage
culturel. Ce qui se ressent aussi bien
au sein de sa compagnie, à travers les
liens que tissent ses danseuses-amies.
UNE MAÎTRISE IMPECCABLE
Portée sur l’éducation physique et la kiné,
elle n’a de cesse de chercher à transmettre
la technique de la danse orientale
à ses élèves à travers un travail basé sur
la conscience du corps et la compréhension
du mouvement ainsi que les muscles
sollicités. Son credo : trouver des tips
pour que ses élèves apprennent plus rapidement,
travailler la coordination entre les
bras et le bassin avec harmonie.
S’IMPRÉGNER DE LA CULTURE
ÉGYPTIENNE
La danseuse professionnelle a su s’immerger
dans la culture en se rendant
plusieurs fois en Egypte. Elle y a d’ailleurs
travaillé, en 2008, en dansant dans
des hôtels à Sharm el-Sheikh avec un
orchestre égyptien. Grâce à ses visites,
Hayal comprend qu’en Egypte, la danse
52 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
« Il faut connaître
son corps pour
pouvoir s’en
servir ! », Hayal,
professeur de
danse orientale.
orientale est le reflet de la vie quotidienne,
d’où les expressions de tristesse,
de joie, et d’amour. « La danse orientale
a une vraie personnalité, celle du peuple,
qu’il faut percer. » S’en saisir, c’est aussi
observer les Égyptiens au restaurant,
dans la rue… « Leur façon d’être constitue
une grande partie de cette danse. Elle
se danse dans l’expression. Ce peuple est
beaucoup dans l’émotion, comme au Brésil
d’ailleurs ! »
UNE AMOUREUSE DE LA
SONORITÉ ARABE
Ce qui anime Hayal avant tout : la musique.
« Je suis amoureuse de la musique
arabe depuis mes 17 ans. Une musique
comme celle d’Oum Kalthoum, aux paroles
profondes voire dramatiques ».
C’est grâce à ses 20 ans d’expérience,
qu’elle peut prétendre participer, avec
sa compagnie, à des festivals de danse
orientale de renom, en France et à l’étranger.
L’occasion de donner à ses danseuses
comme Houda la chance de se
présenter également comme soliste.
COURS DE DANSE ORIENTALE MINUTE :
CONCENTRATION, EN PLACE !
Pour notre reportage, on a tenu à
ressentir la danse orientale jusque
dans nos hanches. On a alors assisté
à deux démonstrations de
deux types de danse orientale : le
sharki (considéré comme la danse
orientale classique d’aujourd’hui)
et le saïdi (une danse folklorique
dansée par les deux sexes). La
version nous a particulièrement
marqués. Les trois danseuses de
la compagnie Ballet Daloua présentes
ce jour se répartissent dans
la salle, et nous décomposent les
pas de base avec une grande pédagogie
(et il en faut !), au milieu
des novices, des curieux, des familles,
qui exploseront en fou-rire
à cause d’un papa à la hanche un
peu raide.
B Pas chassé de danse
orientale
Un pas chasse l’autre. En 8 temps,
ça fait 4 pas chassés. A enchaîner
pour que ce soit fluide. Avec les
mouvements des bras jusqu’au
bout des doigts.
C Vibrations
On apprend vite que ce mouvement
n’est pas impulsé par le bassin,
comme on pourrait le croire,
mais par les genoux. Et quand on
accélère, cela réduit l’amplitude
du mouvement des genoux. Et le
résultat est encore plus probant si
l’on parvient à relâcher le bassin.
Facile à dire...
D Twist en déplacement
Jeu de jambes pour se déplacer,
sur la pointe des pieds pour
mieux glisser. Les bras, en angle
droit, montrent la direction vers
laquelle on se dirige.
E Accent des hanches
On vient pousser les hanches sur
le côté, en fléchissant puis en
tendant la jambe rapidement. Astuce
pour confirmées : contracter
le fessier pour mettre de la force
dans l’accent. Mais attention à
rester aligné, il ne faut pas faire
partir le corps vers l’avant ou
vers l’arrière ! Après le premier
accent, le pied se place, prêt à repartir
pour un autre accent !
F Accent de l’épaule
Pareil, un coup d’épaule à droite
et un autre à gauche. Le mouvement
de démonstration est exagéré,
mais accéléré, il se réduit.
G Ondulation des bras
Pour mieux le comprendre en
fluidité, on vient décomposer le
mouvement avec, coude, poignet
et doigts pour finir.
H Pas sharki
Un avance-recule de la jambe,
pousse la hanche devant, puis
pousse la hanche derrière.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 53
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE BALLET DALOUA POUR
VOUS ?
MÉLISSA : La liberté. Elle s’affiche dès l’intégration dans
la compagnie. En effet, Hayal ne pratique pas d’audition :
elle ressent, elle donne sa chance aux bosseuses, elle fait
confiance, elle accompagne
pour aider à progresser, à
donner le meilleur.
VOUS METTEZ EN
AVANT L’IMPORTANCE
DE DIVERSIFIER LES
ENSEIGNEMENTS, LES
APPROCHES. IL N’Y A
PAS DE CONCURRENCE
ENTRE LES PROFS ?
SAYULI : Chacune a plus
ou moins d’élégance, d’exigence,
de jeu, de complexité,
de challenge, de
technique… Cela donne un
enseignement très complémentaire.
Il arrive même à
Hayal d’orienter des gens
vers telle ou telle prof.
ÇA REPRÉSENTE
QUOI D’INTÉGRER
UNE COMPAGNIE,
ÇA A L’AIR D’ÊTRE
BEAUCOUP
D’INVESTISSEMENT…
SAYULI : Un véritable investissement
! Personnel,
car il faut dégager de son
temps, le soir et certains
week-ends, pour répéter,
s’entraîner, ou pour partir en
festival. Et financier, pour la
partie parfois non défrayée
des coûts des déplacements
à l’étranger. Cela demande
aussi de trouver son
équilibre entre sa vie professionnelle,
sa vie privée et sa
compagnie !
MAIS ALORS
QU’EST-CE QUE VOUS Y TROUVEZ ?
MÉLISSA : J’aime le fait de pouvoir voyager grâce aux interventions
de la compagnie, et rencontrer des artistes de
renom, que j’admire. C’est toute une ambiance, de danser
ensemble sur scène, de nous préparer en coulisses entre
copines…
D.R.
ENTRETIEN
EN TRIO AVEC
2 DANSEUSES
DE LA
COMPAGNIE :
SAYULI ET
MÉLISSA
Mélissa est d’origine réunionnaise, Sayuli
japonaise, dans une compagnie dirigée par une
prof venue du Brésil, pour danser l’égyptien.
On commence bien là, on commence bien !
COMMENT LA DANSE ORIENTALE EST-ELLE PERÇUE
SELON VOUS AUJOURD’HUI ?
MÉLISSA : Dans les festivals, elle a tendance à être uniformisée.
De nombreuses danseuses russes viennent faire le show.
Mais avec cet effet whaou, on finit par perdre un peu l’esprit originel.
Être danseuse n’est pas
toujours bien perçue finalement
; en atteste l’expression
« fils de danseuse » utilisée en
Egypte. Seules les grandes
danseuses brillent, comme
Dina Talaat. En France, on réalise
la méconnaissance de la
danse orientale. Comme dans
bien des pays, elle peut être
perçue par certains comme
D.R.
une danse dénudée, provocatrice.
Des fois, il m’est arrivé
qu’on m’appelle pour des
“show privés” ou qu’on me
demande d’envoyer davantage
de photos. Parfois, on se censure
dans nos mouvements
de danse, de peur que ce soit
mal perçu du public.
SAYULI : « Pour se sortir de
ça, on concentre nos efforts
sur la technique, le placement,
comme pour faire oublier
cette image aguicheuse
que les gens se font, à tort,
de notre prestation. Toujours
est-il qu’il n’est pas facile de
l’assumer en tous lieux. Et en
même temps, le principe de
cette danse est d’assumer
son corps et ses rondeurs
sans se cacher. Tu n’es pas
juste en train de reproduire
une choré, tu utilises tout ton
corps féminin !
QU’EST-CE QUI FAIT UNE
BONNE DANSEUSE ALORS ?
MÉLISSA : Une passionnée,
une persévérante. Parfois, il
nous faut 3, 4 ans pour arriver
à faire un mouvement ; ça ne
vient pas forcément tout de suite, tu en bouffes des exercices
à la maison devant ta glace !
SAYULI : Eh oui ! Quand j’ai commencé, mon corps ne répondait
à aucune exigence sportive ! (Rire) Puis j’ai appris. Sans
relâche. Pour que les parties de mon corps s’animent séparément,
comme un serpent ! » WS
54 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
DIFFÉRENTS COSTUMES
EXPLIQUÉS
PAR LA COMPAGNIE BALLET DALOUA
© Hayal
© Baladi Saadi
Le deux-pièces :
Le costume de Raqs Sharqi étant celui
de la danse orientale moderne, il est
souvent en deux-pièces à paillettes (soit
un soutien-gorge et une jupe longue).
Certaines tenues de Sharki sont parfois
incrustées de strass Swarovski ou brodées
de perles.
Danse d’Alexandrie :
Tout l’art de cette danse traditionnelle
réside dans le jeu avec sa melaya, un
grand voile lourd. On se cache, on se
découvre, au rythme de la musique.
Avec sa jupe à froufrou au-dessus du
genou, la danseuse porte souvent des
chaussures, de petits talons.
La robe une pièce :
(ici de style moderne) Ce type de robe
fermée, couvrante, nouée d’un foulard,
est porté pour danser le Baladi. Elle
cache ventre et nombril car cette danse
est plus pudique. Le même type de costume
est utilisé pour le Saïdi (style plus
masculin, dansé avec un bâton).
Les accessoires :
Chandelier, éventails, ailes d’Isis… Les
chorégraphies d’Hayal sont souvent accessoirisées.
C’est sa façon d’attirer plus
l’attention du grand public, non habitué à
la danse orientale, et de le surprendre.
D.R.
LE COIN DES RESSOURCES
« LES DANSES
DANS LE MONDE
ARABES »,
Djamila Henni-
Chebra, Editions
L’Harmattan, 2000,
16,50 €
Considéré par
nos danseuses
de la compagnie
comme un livre de
référence, avec des
tracés historiques
précis, dû à une
auteure passionnée,
partie au Caire pour
se documenter.
« ALI BABA ET LES
40 VOLEURS », film
de Jacques Becker
avec Fernandel,
Samia Gamal,
Dieter Borsche,
1954.
Samia Gamal,
danseuse hauteégyptienne
née
dans les années
20, est considérée
comme l’une des
légendes de la
danse orientale.
Surnommée le
papillon dansant,
elle avait un corps
sculptural et un
style de danse
teinté de glamour.
« EGYPTE :
DANSER CONTRE
LA CENSURE »,
Camille Bibette,
Arte Reportage,
2019.
La danse orientale,
sous contrôle
depuis l’arrivée
du général Sissi.
Documentaire très
instructif.
« MILLE ET
UNE DANSES
ORIENTALES »,
Moktar Ladjimi,
Ministère de la
Culture, Lark
productions, La
Sept-Arte, 1999.
« REGARD SUR LE
CINÉMA MUSICAL
ARABE »,
Série documentaire
de Saïda
Boukhemal,
Potlatch
Production, 2005.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 55
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
VOYAGE
Sept jours sur
le Kilimandjaro
RÉCIT DE RANDO SUR LE TOIT DE L’AFRIQUE
À l’extrême nord de la Tanzanie, comme sorti de terre au milieu de la savane, le
Kilimandjaro détonne autant qu’il impressionne. Surnommé le « toit de l’Afrique », il
culmine à 5.895 mètres d’altitude. En août dernier, Lorenne, 25 ans, est partie à
l’assaut de ce mythique sommet. Kinésithérapeute de profession, la jeune
femme originaire de Tarbes s’est lancée dans l’ascension de sa vie
avec son compagnon et deux couples d’amis, sportifs aguerris.
Encadrés par l’agence Congema Safaris, ils ont choisi un
parcours en sept jours par la voie « Machame »,
réputée pour être l’une des plus belles. Lorenne
nous raconte cette aventure.
PAR FLORIANE CANTORO
56 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Une pente pas si raide !
J-0, veille du départ. Dans un hôtel
d’Arusha, une ville située à quelques
kilomètres au sud du Kilimandjaro,
nos six randonneurs français profitent
des dernières heures de confort.
Contrairement à certains trekkeurs qui
choisissent des nuitées en gîtes, eux
ont opté pour une forme d’ascension
plus authentique en bivouacs. Un
contact direct avec la nature sciemment
recherché mais qui se complique quand
la météo n’est pas au beau fixe. « On
a pris la pluie d’entrée… », se souvient
Lorenne, évoquant une première nuit
« mouillée » sous la tente. Le ton est
donné : ce « Kili », il faudra se le mériter !
Heureusement, les randonnées des
jours 1 et 2 sont assez faciles, avec
un faible dénivelé. Cela représente
environ 4 heures de marche par jour
pour des sportifs comme eux (entre 4
et 6h en moyenne). Mis à part un petit
« mur » à 4.000 mètres surnommé le
« Breakfast Wall » (car les trekkeurs
ont pour habitude d’y laisser leur petit
déjeuner…), l’ascension du Kilimandjaro
est d’ailleurs un effort physique assez
abordable, même pour les moins
sportifs des aventuriers. « On a vu
tous types d’âges et de profils », assure
Lorenne.
L’ascension du
toit de l’Afrique
est un rêve pour
les amoureux de
la montagne.
© Lumiere Media / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 57
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
Jeux de cartes et poulet-frites en altitude
En principe, les randonneurs terminent l’étape quotidienne
vers 13h00 et passent l’après-midi à jouer aux cartes et à
discuter, « pour tuer le temps ». Car les marcheurs n’ont
absolument rien d’autre à faire sur le Kilimandjaro que…
marcher ! Ce sont les « porteurs » qui s’occupent de la
logistique, de monter et démonter le campement. Ces
accompagnateurs indispensables, parmi les mieux payés
des hommes tanzaniens, calent parfois sur leur dos jusqu’à
20 kg de tentes, de chaises, de vêtements… « Nous, on
a vraiment le strict minium dans nos sacs de rando : une
bouteille d’eau, de quoi se couvrir, des barres de céréales
et c’est tout ! », reconnaît Lorenne. Il y a aussi les cuisiniers
- qui vont jusqu’à leur concocter un surprenant pouletfrites
à 4.000 mètres d’altitude ! - et les guides. Sans ces
personnes de soutien (une douzaine pour six randonneurs
en l’occurence), les touristes ne peuvent pas accéder au
« toit de l’Afrique ». Le règlement du Parc empêche même
les meilleurs traileurs du monde de grimper sans un guide
certifié.
© TristanBalme / Shutterstock
© JLwarehouse / Shutterstock
Le mal des montagnes :
ennemi public numéro un
L’importance de ces soutiens pendant l’ascension se fait
particulièrement ressentir au jour 3, celui de la marche
d’acclimatation. Une sorte d’aller-retour en altitude
pour adapter ses poumons au manque d’oxygène. Ce
jour-là, le petit groupe d’amis atteint les 4.600 mètres.
« Les filles ont commencé à se sentir patraques pendant
la montée. Ensuite, la soirée a été compliquée pour tout
le monde : on a tous eu mal à la tête et des nausées », se
rappelle Lorenne. C’est ce que l’on appelle le « mal des
montagnes ». « Pour moi, l’altitude est ce qu’il y a de plus
difficile sur le Kilimandjaro », déclare la jeune femme
passionnée de trail, pourtant habituée aux courses en
hauteur sur les cimes des Pyrénées.
« Le mal des montagnes peut toucher tout le monde sans
exception, sportif ou non, et on ne peut rien y faire ».
Les médicaments tels que le paracétamol ou l’ibuprofène
demeurant assez peu efficaces.
S’écouter, s’écouter, s’écouter
© Lubo Ivanko / Shutterstock
Au matin du jour 4, les maux de tête et les nausées
affectent toujours les filles. Lorenne, elle, n’a plus d’appétit.
Les doutes s’installent : parviendront-ils au sommet,
ensemble ? « Il a fallu se rebooster tout en restant lucides
sur notre santé », explique Lorenne, qui avait pensé à
embarquer un oxymètre de pouls dans son sac à dos. Il faut
bien garder à l’esprit que l’ascension du Kilimandjaro n’est
pas une promenade de santé. Si la difficulté du parcours
n’est pas insurmontable, cela reste un trek de plusieurs
jours dans des conditions extrêmes (jusqu’à -10°C) et à
une altitude inhabituelle pour la plupart des grimpeurs. Les
conséquences pour l’organisme peuvent être dramatiques
58 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
qu’une seule chose : redescendre ! ». Tous sont d’ailleurs
unanimes : c’est un peu plus bas, à Stella Point, qu’ils ont
véritablement eu les larmes aux yeux. « C’est là que l’objectif
est psychologiquement atteint. Il ne reste qu’une heure de
marche, à peine. Dans nos têtes, c’est déjà plié ! ».
À 5.895 mètres, Lorenne et ses amis rebroussent donc vite
chemin. Ils dorment quelques heures au camp de base,
en journée, puis rechaussent les baskets pour dévaler
encore un peu de pente. « C’est la journée de marche la
plus longue », se rappelle la randonneuse. La descente
finale s’effectue le jour 7, le coeur léger : « Les douleurs
s’amenuisent. On réalise qu’on l’a fait, on est content, libéré
et on a perdu 3 kg ! (rires) ».
Un dernier conseil pour la route : pas
d’ascension à l’improviste !
Lorenne et ses
amis auront mis
7 jours à monter
et à descendre.
© Timaldo / Shutterstock
Ce que Lorenne retient de son expérience, c’est qu’il ne faut
surtout pas s’aventurer sur le Kilimandjaro sur un coup de
tête. Ce genre d’expédition nécessite d’être correctement
préparée, notamment en terme d’équipements contre le
froid. Elle conseille également aux aventuriers les moins
sportifs de s’entraîner un minimum avant le départ.
« L’altitude nous affaiblit déjà suffisamment. Si les jambes
ne suivent pas, en plus, ça risque d’être très compliqué. »
Résumons pour les personnes intéressées : acheter une
bonne doudoune, suivre un programme sportif « accéléré »
et booker un vol pour la Tanzanie. C’est parti ! WS
comme en témoignent les quelques malheureux décès
déclarés chaque année par les autorités du Parc. « Il n’y a pas
de médecin dans les groupes d’ascension, on est en autogestion,
précise Lorenne. Les guides font un check-up rapide
tous les soirs mais il faut s’écouter soi en priorité car ils ont un
peu tendance à pousser. Ils ont envie qu’on aille au bout, qu’on
soit heureux et qu’on recommande leur agence. »
Aussi, les jours 4 et 5, c’est « tranquillement » que les six amis
rejoignent le dernier camp de base, à 4.752 mètres, attentifs
au moindre signe de fatigue des uns et des autres.
2 minutes au sommet et 3 kg en moins !
Le jour 6 est sans aucun doute le plus dur de l’aventure :
c’est l’ascension finale. Elle se fait de nuit (départ à minuit)
et se déroule en deux étapes : un premier tronçon jusqu’à
Stella Point (5.756 mètres), puis un second jusqu’à Uhuru
Peak, le point culminant de l’Afrique.
L’expédition nocturne tourne vite au cauchemar pour
Lorenne qui fait une hypoglycémie. Elle ne s’alimente pas
beaucoup depuis trois jours. Chaque pas lui demande
un effort considérable. Elle puise dans ses ressources
pour finalement atteindre le sommet « au mental » vers
7h00 du matin. « Paradoxalement, je n’ai pas trop profité
de la vue. J’avais tellement mal à la tête qu’il me tardait
© @lorenneb / Instagram
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 59
SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE
SPORT ET CULTURE
À LA DÉCOUVERTE DU
NZANGO
Prêts au décollage ? On vous emmène
en République démocratique du Congo,
là où le Nzango est né. Cette discipline,
inventée par les femmes et pour les
femmes, a le pouvoir indélébile de
nous faire vibrer, au son des chants
entonnés. PAR VANESSA MAUREL
D.R.
L
«jeu de pied» dans
la langue locale),
est un sport qui
mêle gymnastique,
coordination, chant, danse...
et chance ! Car au-delà de la
technique et du côté physique de
la discipline, les jeunes femmes
qui le pratiquent laissent une
grande place au hasard.
RÈGLES
Dispersées en deux équipes
de 11 joueuses (et 6 joueuses
réservistes), les femmes
s’affrontent pendant 50 minutes
en face à face (comparable à
une battle de breakdance), sur
un terrain de 8 m x 16 m. Les
pratiquantes marquent des
points en fonction de la position
de leurs jambes et leurs pieds
par rapport à ceux de leurs
adversaires. Pour vulgariser
un peu les règles, le but est
simple : les joueuses doivent
reproduire à l’identique les pas
de danse de leurs adversaires.
C’est l’arbitre qui juge ensuite
si les mouvements des deux
concurrentes sont semblables et
bien synchronisés, et distribue
des points (appelés «pieds») en
fonction de cette appréciation.
L’équipe qui en compte le plus à
le jeu.
UN AVENIR
PROMETTEUR
Aujourd’hui, le Nzango tend
à se populariser. Comme le
rappellent les responsables
de la Feconza (Fédération
congolaise de Nzango), leur
sport s’est déjà expatrié dans
plusieurs pays d’Afrique comme
le Cameroun ou le Gabon, et
a même été admis aux Jeux
Africains en 2015, comme
sport de présentation. Les
désormais plus loin et aspirent
même à ce que le Nzango
devienne... sport olympique ! WS
60 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
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SPÉCIAL AFRIQUE | ENQUÊTE
Enquête
RWANDA
Le sport pour
oublier le génocide
Tel un phénix qui renaît de
ses cendres, le Rwanda a su
surmonter le drame de 1994
pour devenir l’un des pays
les plus viables du continent
africain. Économiquement,
mais aussi socialement. Et
il se trouve que le sport n’est
pas étranger à cette belle
réussite. Explications.
PAR AZZA BESBES ET FLORIANE CANTORO
Il y a vingt-six ans, le Rwanda vivait l’une
des plus grosses tragédies humaines du
XX e siècle : le génocide des « Tutsi » par la
communauté « Hutu ». À la fin de la guerre
civile, en juillet 1994, le pays déplorait
environ un million de morts. Sa population,
décimée, était marquée par des années de
violences et de dissensions. Aujourd’hui
pourtant, le Rwanda affiche un tout autre
visage : celui d’un état stable et prospère.
Il est souvent pris en exemple par ses
voisins africains pour sa modernité et
sa bonne santé économique (8% de
croissance annuelle en moyenne au cours
des deux dernières décennies).
investi dans les bons secteurs (infrastructures,
agriculture, éducation, etc). Socialement,
« le sport a joué un rôle très important
dans la cohésion du pays », explique
Valens Munyabagisha, le président du Comité
national olympique et sportif rwandais
(CNOSR). Il cite le Comité international
olympique (CIO) - « bâtir un monde pacifiste
et meilleur par le sport » - et précise à cet
effet que « les premières compétitions ont
commencé dans le pays en novembre 1994,
soit quelques mois seulement après la fin
du génocide. » Le mouvement sportif rwandais
a donc rapidement pris de l’ampleur,
poussé par Kigali, la capitale ambitieuse
qui souhaite devenir « le noyau du sport en
Afrique ».
Les évolutions de ces vingt-cinq dernières
années sont visibles aussi bien en matière
de haut niveau que d’infrastructures et de
sport-santé.
Boom du sport de haut-niveau
Dans ce domaine, le pays a multiplié l’organisation
d’événements sportifs d’envergure.
Le Rwanda a notamment accueilli,
en 2016, le Championnat d’Afrique des
nations de football (CHAN), une compétition
disputée tous les deux ans entre les
seize meilleures équipes du continent ; et il
devrait prochainement recevoir les phases
finales de la toute nouvelle Basketball Africa
League. Les progrès en matière de haut
niveau se mesurent également dans les
bons résultats des sportifs rwandais. À ce
titre, les coureurs cyclistes sont particulièrement
prolifiques avec cinq victoires sur le
Tour du Rwanda (de 2014 à 2018). L’an
dernier, cette course est passée de la catégorie
2.2 à 2.1, soit une classe d’épreuve
supérieure. Le beach-volley féminin a également
le vent en poupe avec une participation
des joueuses nationales au dernier
Championnat du monde en 2019.
De nouvelles infrastructures
Le pays s’est doté de cinq terrains de football
de niveau standard (dont deux à Kigali)
et en a remis à neuf un certain nombre
déjà existants. La capitale vient également
de se munir d’un terrain de basketball haut
de gamme, le Kigali Arena, et un nouveau
complexe multi-sportif devrait bientôt s’élever
sur le site du stade Amahoro.
LE SPORT POUR PANSER
LES BLESSURES
Comment le pays s’est-il remis du drame
de 94 ? Économiquement, le Rwanda a
bénéficié d’aides extérieures (Banque mondiale,
Fonds monétaire international) et
D.R.
© Rwanda Olympic
62 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
L’Office du
tourisme du
Rwanda est
sponsor du PSG
et du club anglais
d’Arsenal.
© Dave Winter / Icon Sport
Au PSG, la mention « Visit Rwanda » apparaît
sur les panneaux publicitaires du Parc
des Princes plusieurs fois par match depuis
le début de l’année, sur les maillots d’entraînement
et d’échauffement de l’équipe
masculine ainsi que sur la manche des
maillots de match des féminines. À partir
de la saison prochaine, les supporters
parisiens pourront également savourer thé
et café rwandais à la buvette du Parc, soit
deux produits phares de l’économie locale.
Le PSG promet en outre que ses joueurs
partiront à la découverte du Rwanda, et
que le club travaillera avec des jeunes footballeurs
du « pays aux mille collines » via
des programmes de formation.
UNE BELLE PLACE POUR
LES FEMMES DANS LE SPORT
Le Rwanda est donc un pays qui bouge et
progresse vite. « Kigali est une vraie inspiration
pour les autres villes africaines, se félicite
Valens Munyabagisha. Plusieurs cités
voisines ont d’ailleurs adopté le « car free
day » et le pratiquent à leur tour. »
Par ailleurs, le pays est également en
avance en matière de parité et de mixité,
avec des taux records de femmes dans les
Des journées sans voiture !
Depuis 2016, le Rwanda a instauré le « car
free day » dans les trente districts du pays.
Il s’agit d’une journée sans voiture tenue
deux fois par mois, le dimanche, afin de
donner l’occasion à la population rwandaise
de faire du sport. À Kigali, la municipalité
investit chaque fois un peu plus dans
l’organisation de ces activités physiques
de plein air. « C’est aussi l’occasion de fournir
des tests et des informations concernant
les maladies liées à la sédentarité », précise
Valens Munyabagisha. Le président du
CNOSR souligne, en parallèle, l’émergence
de salles de sport un peu partout dans le
pays. Il explique que l’activité physique a
également tendance à revenir dans le giron
scolaire (avec des journées mensuelles dédiées
dans les écoles), et dans le domaine
professionnel sous l’égide de l’Association
en charge du sport des travailleurs.
« VISIT RWANDA »,
CLAMENT LES FOOTBALLEURS
DU PSG ET D’ARSENAL
Pour peaufiner son développement aujourd’hui,
le Rwanda mise sur le tourisme,
une industrie qui représente 12,7% du PIB
et qui génère plus de 132.000 emplois
dans le pays. Dans ce secteur, « le tourisme
sportif est tout particulièrement favorisé »,
note Mr. Munyabagisha. Les récents partenariats
conclus entre Kigali et les clubs
de football d’Arsenal (2018) et du Paris
Saint-Germain (2019) illustrent bien cette
démarche. Avec l’équipe anglaise, le Rwanda
a signé un contrat de trois ans estimé à
35 millions d’euros, impliquant la mention
« Visit Rwanda » sur tous les maillots des
Gunners (équipes masculine et féminine,
tenues d’entraînement et de match). « Avec
Arsenal, nous avons enregistré un chiffre
d’affaires de plus de 36 millions de livres
sterling en l’espace de quinze mois seulement
», détaille le chef du sport rwandais.
instances dirigeantes. A la Chambre des
députés, par exemple, elles représentent
plus de 60% des élus, ce qui fait du Parlement
rwandais le parlement le plus féminin
au monde. « Dans le sport, nous voyons
aussi leur émergence car les trois dernières
ministres des Sports et de la Culture en date
sont des femmes », rappelle le président
du CNOSR. Le bureau exécutif de son instance
compte quant à lui trois femmes sur
sept membres, dont une qui siège au CIO,
Félicité Rwemarika (commission sport et
société active). Aussi, il ne manque plus
qu’un champion olympique au Rwanda
pour parfaire sa panoplie du pays le plus
sportif d’Afrique ! WS
Un grand merci à Valens Munyabagisha, président
du CNOSR, pour ses éclairages sur les évolutions du
mouvement sportif rwandais.
© City of Kigali
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 63
SPÉCIAL AFRIQUE | SPORT BUSINESS
Conso
Sport business
Comment les
équipementiers concilient
sport et culture ?
Après les femmes et le running, les fabricants de vêtements sportifs misent
sur un tout nouveau marché : la culture. Ses cibles privilégiées sont les
sportives du monde arabe, trop longtemps oubliées des rayons spécialisés.
Aujourd’hui, les équipementiers sportifs ont à cœur de leur offrir des
produits techniques alliant performance et respect des traditions. Par
bonté d’âme, peut-être, mais aussi et surtout parce qu’ils pourraient en
tirer un bon profit. PAR FLORIANE CANTORO
Les photos prises lors
de cette rencontre de
beach-volley féminin
aux Jeux Olympiques
de Rio, en 2016
(photo centrale), ont fait le
tour du monde. D’un côté du
terrain, de dos, l’Egyptienne
Doaa Elghobashy, manches
longues et legging noir, la tête
couverte du traditionnel voile
musulman. De l’autre côté du
Walkenhorst, vêtue d’un petit
bikini, tenue d’usage de la discipline.
Si certains débattent
encore du symbole de ces
clichés (« choc des cultures »
ou au contraire « esprit des
JO »), d’autres préfèrent simplement
y voir le signe d’une
participation accrue des sportives
arabes aux compétitions
internationales (en 2016,
Doaa Elghobashy et sa partenaire
Nada Meawad furent en
effet les premières beach-volleyeuses
de nationalité égyptienne
à participer aux Jeux).
Parmi ces autres prosaïques,
se trouvent les fabricants de
vêtements sportifs qui jouent
des coudes pour habiller ces
nouvelles pratiquantes.
En décembre 2017, Nike
frappe un grand coup en lançant
le « Nike Pro Hijab », une
collection de voiles sportifs
spécialement conçus pour les
athlètes de confession musulmane.
En réalité, l’équipementier
américain n’est pas
le premier à avoir répondu
aux attentes des sportives
du monde arabe : en 2016,
l’entreprise danoise Hummel
avait déjà imaginé une tenue
adaptée, avec hijab intégré,
pour l’équipe féminine de
football afghane dont elle est
le sponsor. Mais la marque à
la virgule est véritablement,
un an plus tard, la première
enseigne de sport d’envergure
à commercialiser ce type
Du voile traditionnel
au hijab technique
Elle en a eu l’idée en 2012,
en voyant l’athlète saoudienne
Sarah Attar porter
le voile lors de l’épreuve du
©Action Press / Icon Sport
Le hijab et les
combinaisons
sont désormais
des produits
techniques avec un
enjeu commercial
pour les marques.
64 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
800 mètres des Jeux Olympiques
de Londres. L’équipementier
numéro un mondial
a travaillé le concept pendant
plusieurs mois, accompagné
de nombreuses sportives
musulmanes pratiquantes,
telles que la patineuse émiratie
Zahra Lari, égérie de
mon audition ». De fait, la
championne américaine, première
athlète voilée à avoir
représenté les États-Unis en
compétitions internationales,
a écopé de nombreuses pénalités
au cours de sa carrière,
incapable d’entendre les réquisitions
de l’arbitre…
© PA Images / Icon Sport
© S.R.
© Ria Novosti / Icon Sport © Sputnik / Icon Sport
la collection. L’escrimeuse
américaine Ibtihaj Muhammad,
médaillée de bronze par
équipe aux JO 2016, a également
participé au projet. Dans
le communiqué de presse de
son hijab, la native du New Jersey
explique comment le port
du voile l’a longtemps handicapée
dans la pratique de son
sport. « Lorsqu’il est mouillé
[ndlr, avec la transpiration],
il devient lourd et rigide. (…)
Cela obstrue complètement
Le but de Nike était donc de
créer un hijab optimal pour
la pratique sportive, toutes
disciplines confondues,
dans une maille élastique
et aérée, plus respirable
et confortable que le tissu
créer un vêtement technique
permettant aux sportives
arabes de s’épanouir dans
leur sport tout en respectant
les traditions culturelles et
religieuses de leur pays. Pour
l’haltérophile émira-
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 65
SPÉCIAL AFRIQUE | SPORT BUSINESS
© Nike
© Nike
ce hijab sportif « va encourager
une nouvelle génération
d’athlètes à tenter de devenir
sportives professionnelles ».
Il est disponible en plusieurs
coloris (noir, bleu, bordeaux
de la marque, dont sa version
française www.nike.fr (30€).
« LES ÉQUIPEMENTIERS
SPORTIFS ONT COMPRIS
L’INTÉRÊT ÉCONOMIQUE DE
CETTE “ MODEST FASHION ”.»
mentiers
sportifs se sont lancés
sur le marché du hijab.
C’est notamment le cas de Décathlon.
L’an dernier, l’enseigne
française a mis en vente, dans
ses magasins marocains, ce
couvre-tête sportif permettant
de garder cheveux et nuque
cachés. L’engouement pour
ce produit très compétitif (vendu
79 dirhams marocains,
soit environ 7,50€), a incité la
marque à le rendre disponible
gamme running de Décathlon
qui a conçu le vêtement, s’est
dit poussée par « la volonté que
chaque femme puisse courir
dans chaque quartier, dans
chaque ville, dans chaque
pays indépendamment de son
niveau sportif, de son état de
forme, de sa morphologie, de
son budget. Et indépendamment
de sa culture. » Mais,
confronté à une « vague d’insultes
et de menaces sans
précédent » (sempiternel débat
français sur le voile oblige !),
cé
à commercialiser son hijab
de running dans l’Hexagone.
du produit sur le site internet
français de l’enseigne.
das,
« pas encore sorti en Europe
das
France, mais disponible
sur les versions arabes du site
de la marque aux trois bandes
(Émirats arabes unis, Bahreïn,
aussi lancé son voile sportif (un
seul modèle noir, vendu 35 €).
Puma, en revanche, demeure
absent sur ce créneau.
Un marché
économique croissant
Sans entrer dans le débat du
« pour ou contre » le voile dans
le domaine sportif, force est de
constater que le commerce de
ce vêtement culturel version
«technique» est une véritable
mine d’or pour les équipementiers.
Car si le sport féminin est
66 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
en expansion partout dans le
monde, ceci est d’autant plus
vrai au Moyen-Orient, une région
à forte dominante musulmane.
Depuis huit ans, tous
compositions mixtes aux Jeux
Olympiques. Les derniers à
avoir intégré les femmes dans
leurs délégations nationales à
Londres, en 2012, sont le Qatar
(4 athlètes féminines), le
(2 femmes, puis 4 à l’Olympiade
suivante à Rio).
Cette présence accrue des
sportives arabes en compétitions
internationales est à
lire conjointement avec un
assouplissement des codes
vestimentaires dans de
nombreuses disciplines. On
l’a vu en introduction avec
le beach-volley qui, depuis
2012, n’impose plus le port
du bikini à ses joueuses. La
Fédération internationale
permet en effet aux athlètes
féminines avançant des
« croyances culturelles et/ou
religieuses » ging
et des manches longues.
Même chose pour l’Internatio-
tionales
du football : depuis le
5 juillet 2012, l’instance autorise
elle aussi les joueuses à
porter le voile en compétition.
Pour le faire accepter au Comité
international olympique
(CIO), elle déclare que le voile
est un « signe culturel et non
religieux », ce qui lui permet
de contourner le règlement
interdisant toute sorte de
« démonstration ou de propagande
politique, religieuse
ou raciale dans un lieu, site
ou autre emplacement olympique
». Cette même année,
le CIO cède également à la
qui envisage d’envoyer des
femmes aux Jeux pour la première
fois de son histoire à
condition que soit créé un « label
islamique » strict : les sportives
saoudiennes doivent
être couvertes de la tête aux
pieds, obtenir l’accord d’un tuteur,
être accompagnées, etc.
Les exemples du genre sont
si nombreux que les héritières
de la tireuse à la carabine
iranienne Lyda Fariman, première
athlète à avoir porté
le voile en compétition olym-
comptent désormais par dizaines.
Des besoins à
entretenir
Comme de grandes marques
avant eux (Uniqlo, H&M…), les
équipementiers sportifs ont
compris l’intérêt économique
de cette « modest fashion » (littéralement
« mode modeste »,
mais comprenez plutôt mode
du ample, du long). Il faut dire
que, selon la dernière édition
du Global Islamic Economy
Report, publiée par le cabinet
de conseil DinarStandard, « les
dépenses musulmanes en vêtements
et chaussures sont
estimées à 283 milliards de
dollars en 2018 [ndlr, soit 260
milliards d’euros] et devraient
atteindre 402 milliards de dollars
[370 milliards d’euros] d’ici
2024 ». De quoi vouloir sa « part
du gâteau » !
Pour cela, les équipementiers
n’hésitent pas à aller chercher
eux-mêmes leurs cibles. En
2017, en marge du lancement
de sa collection de voiles techniques,
Nike a ainsi diffusé un
clip vidéo intitulé « What will
they say about you ? » (Que vont
dire les gens ?) dans lequel
il encourage les athlètes du
monde arabe à s’épanouir dans
leur discipline, sans se préoccuper
des regards désapprobateurs.
Malin !
Récemment la marque américaine
a pris une nouvelle longueur
d’avance sur ses concurrents
en lançant un nouveau
vêtement à destination des
sportives de confession musulmane
: le « Nike Victory Swim
Collection ». Il s’agit d’un maillot
de bain avec hijab incorporé.
Une fois de plus, l’équipementier
a souhaité répondre
aux besoins de ses athlètes
sponsorisées, parmi lesquelles
Zahra Lari. La patineuse, qui
porte le hijab sur la glace en
compétition, a expliqué qu’elle
nageait régulièrement pour
s’entraîner et qu’elle avait besoin
d’une tenue adaptée. Nike
s’est exécuté.
En revanche, à la différence du
hijab, pas sûr que ce maillot de
dans le monde professionnel
de la natation. Quand on sait la
polémique qu’avait créé le port
des combinaisons en polyuréthane
en 2009, accusées de
« dopage technique », on doute
fortement que ce nouveau
vêtement soit homologué en
compétitions internationales.
Du moins, pas tout de suite. WS
© Nike
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 67
SPÉCIAL AFRIQUE | SHOPPING
Shopping
Made in Africa
Si l’Afrique nous était contée
Une sélection de vêtements et accessoires implantés en Afrique.
2 / ON SWIME À LA MODE
BÉNINOISE
Avec Oba Swimwear, Leila Toukourou
nous plonge sur les bords de plage de
Cotonou. Jeune Parisienne aux origines
togolaise et béninoise, la créatrice n’a pas
choisi le nom de sa marque par hasard.
Oba signifie « reine » en yoruba. La
gamme propose des collections limitées et
exclusives, éthiques, en 100 % waterproof.
Des motifs bariolés, mêlés à la sobriété
du noir. Effet gainant. Ne pas prendre une
taille trop juste. Au risque d’être un peu
étriqué !
Maillot de bain Enitan, Oba Swimwear,
70 €, obaswimwear.com
1 / ON BOMBE AVEC LES MOTIFS
Nanawax, c’est une marque de prêt-à-porter
africaine en wax béninoise. Sa créatrice,
Maureen Ayité, a été inspirée par sa grandmère,
revendeuse de pagnes. Prônant
l’anti-Photoshop et la singularité du corps de
chacune, la fondatrice de Nanawax entend
rendre les femmes plus fortes. Elle est sa
propre égérie, pour le plus grand plaisir de
ses fans. La marque a remporté 3 oscars, lors
de la Bénin Fashion Week, dont l’Oscar de la
meilleure marque de prêt-à-porter 2017. Elle
détient des boutiques à Cotonou, Abidjan,
Brazzaville, Dakar et Lomé. On craque pour ce
bomber en coton, doublé satin.
Bomber homme/femme Boglan, Nanawax,
XXS à 6 XL, environ 160 €, sur afrikrea.com
3 / UNE PREMIÈRE RUNNING KÉNYANE
Si on vous dit première chaussure de course conçue
et fabriquée au Kenya ? Il faudra répondre Enda.
La marque n’en n’est d’ailleurs plus à son coup
d’essai. Elle vient de lancer le modèle Lapatet (qui
signifie «courir» dans certaines langues kalenjin).
Son ambition ? Être un compagnon de route pour
des sorties longues. Sa patte ? Un design digne de
la culture kényane, avec ses motifs triangles qui
rappellent les bijoux des Massaïs ; décliné en rouge,
noir et vert, les couleurs du drapeau. On découvre
même l’inscription «Harambee» (devise du pays) sur
la semelle ! Navalayo Osembo-Ombati et Weldon
Kennedy, les créateurs de la marque, cherchent aussi
à générer des revenus durables pour les communautés
locales. Ils ont également pour ambition de prouver
que le Kenya, certes marqué par le terrorisme, est
aussi un pays d’innovation et de créativité ! Changer le
monde ? En tout cas, les baskets vous accompagnent
toujours plus loin !
Basket Lapatet, Enda, environ 145 €,
distribution au Kenya et aux Etats-Unis.
Pour le reste du monde, commandez en ligne sur
endasportswear.com
68 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
4 / BAGAGERIE ET CIRE AFRICAINE
Inspiration venue tout droit de la Côte
d’Ivoire, du Congo, du Bénin et de la
Guinée pour la collection Hope signée
Lyds Création. En substance, un savoirfaire
artisanal africain affiché, une
mention : une fabrication main à partir
de tissus provenant des différentes
cultures africaines afin de promouvoir
ce « made in africa ». Séjour sport en
vue ? On opte pour ce sac de voyage
en cuir noir et tissu imprimé en cire
africaine, intérieur en suède.
Mobembo, sac Lyds Création, 130 €,
édition limitée, www.lydscreation.
com (Magasins à Dakar, Abidjan,
livraisons en France)
Inspiration africaine
Quand l’Afrique brille sur l’Occident. Des produits
qui doivent leur existence aux produits africains.
3 / GEL ALOÉ!
Ce soin corps Biopha
nature renferme rme un actif
précieux : l’aloe vera. Cette
plante médicinale originaire
d’Afrique et de certaines
îles de l’Océan Indien est
reconnue pour être apaisante,
régénérante et adoucissante.
Grâce à son pouvoir
cicatrisant, elle vient former
un film protecteur contre les
agressions du quotidien.
Gel à l’aloe vera bio, Biopha
Nature, 125 ml, 9,50 €
1 / ON BOIT DE LA FEUILLE DE ROOIBOS
Boisson glacée à base de rooibos mangue ? Il s’agit précisément d’une
infusion de feuilles de rooibos, un arbuste qui pousse uniquement
en Afrique du Sud. C’est d’ailleurs l’une des seules cultures possibles
sur ces sols arides. Une vente équitable à travers la coopérative W.O
COOP, afin de permettre aux cultivateurs de prospérer. Une infusion
à laquelle on ajoute du jus de raisin, de la purée de mangue du Pérou,
et du jus de citron vert d’Equateur (via des coopératives). Le bonus:
sans arôme ni sucre ajouté, pour 14 kcal les 100 ml ; et un label bio
européen et équitable (Symbole des Producteurs Paysans).
Infusion véritable rooibos mangue équitable & bio, 33cl, 1,39 €, lot
de 3 × 33 cl, 3,65 €, www.ethiquable.coop
2 /UN T-SHIRT ACHETÉ = SOUTIEN À
LA FAUNE AFRICAINE
Urban Cross, marque de vêtements qui
se veut streetwear écoresponsable,
déclare protéger la faune africaine contre
le braconnage. Comment ? Pour chaque
achat, minimum 2 € sont reversés au profit
de l’ONG française WildLifeAngel. Cet
organisme se rapproche d’éco-gardes
afin de stopper la tuerie des animaux. Et
pour un entraînement avec transpiration
maîtrisée, le t-shirt est composé pour
moitié de coton bio et de polyester recyclé.
Débardeur Cerf polygone, Urban Cross,
XS au XL, 3 coloris au choix (rose, gris
clair, gris foncé), 29 €
4 / HYDRATATION DE L’ARBRE À RAJEUNIR
Le beurre de karité, star des peaux sèches, abîmées et desséchées, est riche
en vitamine E et acides gras. Si on peut l’utiliser au quotidien en hydratant,
il viendra aussi en SOS après-soleil pour apaiser et réparer. Le karité est
considéré comme un arbre sacré et pousse en Afrique subsaharienne, où l’on
voit grandir plusieurs variétés. Ce sont les noix qui sont utilisées pour faire le
beurre. Le beurre de karité Fleurance Nature est issu d’une filière équitable
du Burkina Faso, via un accord de commerce équitable. Un partenariat qui
espère apporter du soutien aux femmes de la coopérative de récolte.
Beurre de karité, Fleurance Nature, 100 ml, 15,20 €
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 69
SPÉCIAL AFRIQUE | APRÈS LE SPORT, LE RÉCONFORT !
LE SPA,
J’Y AI DROIT !
De quoi rêve chaque femme après une séance de sport ?
D’un bon SPA : endroit somptueux où le temps semble
s’arrêter, et surtout où notre seule préoccupation est
notre bien-être. Et ça tombe bien, l’Afrique regorge
de ces endroits paradisiaques. En voici pour vous une
petite sélection. PAR VANESSA MAUREL
© Beauty Stock / Shutterstock
LE INN SPA &
RELAXATION
Dely Ibrahim,
Algérie
Si vous avez la chance de vivre ou de passer
un séjour en Algérie, ne passez pas à
côté du paradis que vous propose le Inn
Spa & Relaxation. Un endroit luxueux qui
promet un service « ultra-personnalisé »,
pour « revitaliser vos sens et vivre une expérience
unique ». L’avantage est que vous
pouvez réaliser votre séance de sport au
spa directement grâce au matériel mis en
place par l’équipe, avant de profiter des
massages, hammam, sauna et piscine de
l’établissement . Bref, le bonheur absolu !
PALAIS
BAYRAM
Tunis, Tunisie
Ressourcez-vous dans un cadre traditionnel
oriental, dans cet établissement qui
propose « trois salles » : la chaude, la tiède,
et celle de repos. Derrière chaque porte se
trouvent respectivement un bassin à gradins
de marbre, des tables de massages, et
un jardin où la « zen attitude » est de mise.
Le plus : le spa se trouve dans un hôtel qui
propose aussi des après-midis (ou soirées)
« tea party », avec une gamme de thés
d’origine de Chine, d’Inde, du Japon ou de
Ceylan, « accompagnés des pâtisseries de
nos Chefs ».
MAISON
D’ASA
Maarif, Maroc
Voyage au coeur de l’histoire et des traditions
orientales, « en passant par le
Maroc, la Tunisie avant de s’envoler vers
l’Inde… » à travers de nombreux « cérémonials
». La maison d’Asa, c’est la
découverte d’expériences sensorielles
uniques via des produits typiques de
chaque pays, naturels et bio, pour atteindre
sans conteste la relaxation et le
bien-être intérieur. D’autre part, la clientèle
a le choix entre plusieurs soins « à la
carte », que ce soit du visage, du corps,
massages, ou même des soins hammams.
70 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
LE SAVIEZ-VOUS ?
LE SPA A AUSSI
DES EFFETS
BÉNÉFIQUES SUR
LE CORPS !
© mythja / Shutterstock
Pour commencer, bref retour sur
l’étymologie du mot. Si certains
relient « spa » à la ville belge de Spa,
reconnue pour ses eaux minérales
aux vertus thérapeutiques, d’autres
l’associent au latin « Sanitas (ou Salus)
Per Aquam » qui signifie « la santé par
l’eau ». Dans les deux cas, l’idée du
bien-être psychologique et physique est
primordiale. Voici quelques bienfaits que
procure le spa.
AMÉLIORE LA CIRCULATION
SANGUINE. Les massages provoqués
par les jets d’eau chaude, maintenue
à une température située entre 33°C
et 40°C, stimulent la circulation
sanguine et permettent d’éviter la
sensation de «jambes lourdes». Les jets
d’hydromassage vont aussi imiter le
«palper-rouler», et ainsi aider à tonifier le
corps.
NETTOIE LA PEAU. La chaleur du spa
et les jets nettoient la peau en dilatant
les pores en éliminant les peaux mortes.
Le spa va aussi permettre d’éliminer les
toxines et de raffermir l’épiderme.
KENTÉ
SKY SPA
Abidjan,
Côte d’Ivoire
Mettre l’Afrique en évidence, faire découvrir
ses « richesses », voici le principe
du Kenté Sky Spa, qui fabrique
lui-même ses produits (miel, karité,
kinkéliba…). Les maîtres mots de l’établissement
: « sérénité, paix intérieure,
bien-être et dépaysement ». De quoi se
revigorer après une bonne séance sportive,
et surtout de se retrouver, grâce à
des massages, des soins du corps, gommages,
ou même des bains hydromassants
aromatiques.
© Poznyakov / Shutterstock
© Roman Samborskyi / Shutterstock
AMÉLIORE LE SOMMEIL. Selon de
nombreuses études, se plonger dans
l’eau chaude trente minutes avant de
dormir aurait des effets bénéfiques
sur notre sommeil. En effet, le corps,
après être monté en température, va
petit à petit réguler, ce qui va faciliter
l’endormissement en plus d’améliorer la
qualité du sommeil.
© Bhakpong / Shutterstock
© Denizo71 / Shutterstock
APAISE LES TENSIONS
MUSCULAIRES. Rien ne vaut une bonne
séance de spa après sa séance de sport.
Pourquoi ? Car la relaxation et la détente
qu’elle procure sont aussi efficaces sur
les muscles que sur l’esprit. Les jets
vont favoriser la circulation sanguine
mais également éliminer les déchets
comme l’acide lactique, ce qui va aider à
récupérer plus rapidement et atténuer les
courbatures, selon une étude menée par
l’Université « Western Australia ». L’eau
va aussi permettre de faire relâcher les
articulations, et donc de les soulager.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 71
SPÉCIAL AFRIQUE | FEMMES D’INFLUENCE
Entretien
Stéphanie Rivoal :
« Le sport sera au cœur du
Sommet Afrique-France 2020 »
Entretien exclusif avec Stéphanie Rivoal, Secrétaire Générale du Sommet Afrique-France qui se
tiendra les 4, 5 et 6 juin prochains à Bordeaux et dont Women Sports est partenaire média officiel.
Ce 28 e sommet du genre, qui accueillera la plupart des 54 chefs d’Etats africains, se déroulera
dans un format inédit avec un gigantesque salon professionnel destiné à démontrer les savoirfaire
français et africains. Celui-ci accueillera pas moins de 15.000 acteurs issus des mondes de
l’entreprise et de la société civile avec un souci de parité : 50% d’acteurs français, 50% d’acteurs
africains. Le sport aura toute sa place dans cet événement. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
Pour diriger ce sommet atypique,
le gouvernement a
choisi une Secrétaire Générale
singulière. Après une
(dix ans de carrière à la City de Londres),
Stéphanie Rivoal en a assez de ce «milieu
d’argent où on fait de l’argent qui crée de
l’argent !» (rires). «J’avais envie d’autre
chose. Je ne renie rien de cette première
partie de ma vie, mais il fallait que je lui
donne plus de sens.» Elle se tourne vers
l’humanitaire, au sein de l’ONG Action
contre la faim. En 2005, elle passe sans
londonienne à la zone de guerre civile du
Darfour Nord. Elle coordonne l’ensemble
des programmes : aide alimentaire, appuis
à l’agriculture, accès à l’eau, etc.
Elle enchaîne par une mission au Liban.
Puis intègre le conseil d’administration de
l’association et enchaîne les voyages au
Bengladesh, en Inde, en Haïti… En 2013,
elle devient présidente d’Action contre la
faim, pour une durée de trois ans. Puis
en 2016, elle intègre le Quai d’Orsay, au
sein duquel elle avait noué des amitiés au
Je suis devenue ambassadrice
par effraction !», plaisante-t-elle
aujourd’hui. «Je n’étais pas du tout diplomate
de formation puisqu’issue d’une
école de commerce. Mais le Quai d’Orsay
pique
a plu.»
Stéphanie Rivoal devient Ambassadrice
de France en Ouganda et mise sur le sport
pour marquer l’amitié entre les deux pays.
Elle organise un match entre l’équipe nationale
d’Ouganda et l’équipe de France
militaire. Initiative renouvelée les deux années
suivantes avec le rugby à 7 et le rugby
à 15. «La passion du sport est un vecteur
puissant d’amitié entre les peuples.» En
marge de ces rencontres sportives, Mme
l’ambassadrice multiplie les initiatives,
comme des séances d’entraînement animées
par les rugbymen pour les enfants
ougandais. Et en « business woman »
avisée, Stéphanie Rivoal génère des bé-
ments,
qu’elle affecte à la création de petits
terrains de sport pour plusieurs écoles
d’Ouganda. «Je suis aussi devenue très
amie avec le président du Comité olympique
ougandais. Je ne suis pas sportive
moi-même mais j’ai toujours considéré le
sport comme capital dans ma fonction !»
Après trois années en Ouganda, Stéphanie
Rivoal est nommée Secrétaire Générale du
Sommet Afrique-France 2020.
« L’AFRIQUE EST PASSÉE DU STATUT
DE CONTINENT QU’ON AIDAIT À CELUI
DE CONTINENT QU’ON COURTISE ! »
Les chefs d’Etats réunis autour
d’un événement sportif, au
milieu du sommet
«La grande nouveauté de ce Sommet
Afrique-France, 28 e du nom, est qu’il
sera adossé à un très grand salon professionnel
baptisé La Cité des Solutions.
Nous attendons 15.000 acteurs dont une
72 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Stéphanie Rivoal
a un parcours
atypique : elle a
quitté la finance
pour se lancer dans
l’humanitaire !
© S.R.
majorité d’entreprises : 50% françaises,
50% africaines. L’objectif étant de montrer
les savoir-faire respectifs. Il y aura
également un grand nombre d’acteurs
de la société civile et un salon des maires
avec 400 maires français qui vont rencontrer
400 maires africains ! Les chefs
d’Etats seront réunis lors d’un dîner de
gala le premier soir, sillonneront la Cité
des Solutions le deuxième jour, assisteront
ensemble à un événement sportif
au Matmut Atlantique le deuxième soir,
puis seront rassemblés lors d’une plénière
ouverte le dernier jour. La Cité des
Solutions sera ouverte au public le samedi
: on attend 10.000 visiteurs.» Un
événement d’une ampleur inégalée, à
la hauteur des enjeux. «Ce sommet est
placé sous l’angle de la ville et des territoires
durables. Les besoins en urbanisation
de l’Afrique sont considérables. Des
villes nouvelles émergent et les projets
d’agrandissement de grandes villes se
multiplient. Ces développements gigantesques
doivent se réaliser dans le respect
de l’environnement (protection des
ressources, gestion des déchets…), dans
le cadre d’un accès aux services (santé,
éducation, culture, sport…) et au digital.
Les sociétés françaises et les sociétés
africaines, dans une collaboration pertinente,
ont un marché énorme à conquérir.»
Stéphanie Rivoal souligne les besoins
en équipements en prenant l’exemple du
sport : «Il y a beaucoup de marathoniens
frastructures
sportives. Lorsque l’Afrique
aura rattrapé son retard en équipements
sportifs, elle va devenir redoutable dans
bien des disciplines !»
Conserver et gagner des parts de marché
pour la France, dans le cadre d’une coopération
avec les acteurs économiques
africains : un positionnement « business
oriented » parfaitement assumé. «Les
ressorts de croissance mondiaux sont
aujourd’hui en Afrique. L’ambition est
claire : faire de l’Afrique la nouvelle priorité
économique de la France», assure
Stéphanie Rivoal. Car la concurrence internationale
fait rage. La Chine, la Russie,
le Japon ou l’Allemagne ont tour à tour,
au cours des derniers mois, organisé leur
propre sommet consacré à l’Afrique. La
Turquie arrive également en force sur le
continent avec des grandes entreprises
dans le secteur du bâtiment, une politique
d’aide au développement et l’ouverture
d’ambassades… La France doit
se battre pour conserver sa place. «En
Afrique francophone, la concurrence est
de plus en plus rude. Mais nous gagnons
des parts de marché en Afrique anglophone
et lusophone.» Pour conserver son
statut à part sur le continent africain, la
France qui «jouit d’une excellente image»
mise sur la collaboration intelligente et
harmonieuse. «Notre stratégie est de prôner
un développement plus favorable aux
Africains : faire grandir l’économie africaine
tout en faisant gagner des marchés
aux entreprises françaises.» WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 73
SPÉCIAL AFRIQUE | FEMMES D’INFLUENCE
Rencontre
Docteur Zakia
Bartegi :
« Organiser des Jeux sains
et propres »
Le Docteur Zakia Bartegi est
présidente de la commission
médicale internationale du
Comité international des Jeux
de la Francophonie (CIJF).
Elle nous confie l’importance
cruciale d’une commission
médicale pour un événement
d’envergure tel que les Jeux de
la Francophonie.
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
QUEL EST L’INTÉRÊT D’AVOIR
UNE COMMISSION MÉDICALE
INTERNATIONALE POUR LES JEUX ?
Le CIJF a pour objectif d’organiser des
Jeux « sains et propres ». Nous souhaitons
que les Jeux se déroulent sans aucun problème
de santé et sans délit de dopage.
La commission médicale du CIJF a un
rôle crucial pour atteindre ces objectifs.
La commission conçoit des guides dans
le domaine médical, pharmaceutique et
antidopage. Ces guides rassemblent les
règles et les mesures strictes en matière
de santé, à appliquer avant et pendant
les Jeux.
POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER
DES RÔLES DE LA COMMISSION
MÉDICALE INTERNATIONALE DU
CIJF ?
La commission veille à assurer une couverture
médicale sur tous les lieux de
compétitions sportives et d’entraînement,
des concours artistiques et des
répétitions, au Village des Jeux ainsi
que sur les autres sites de compétition,
d’hébergement, sans oublier le Centre
des médias. Elle s’assure qu’il y ait les
infrastructures, les matériels et le personnel
médical nécessaires. Durant les
Jeux, la commission médicale veillera à
l’application de toutes ces exigences en
matière de santé et de lutte antidopage.
Elle s’assurera des prises en charge des
urgences, notamment les moyens d’évacuation
nécessaires ou encore le choix de
l’hôpital d’accueil. Par ailleurs, elle mettra
en place et organisera le suivi d’un
programme diététique adapté à la spéci-
mission
veillera aussi à l’application d’un
programme d’hygiène sanitaire adéquat,
comme la désinsectisation et la dératisation
des lieux.
LES PROCHAINS JEUX DE LA
FRANCOPHONIE SE TIENDRONT À
KINSHASA EN RDC EN 2021. Y-A-T-
IL UNE COMMISSION MÉDICALE
NATIONALE ?
En effet, le Comité national des Jeux de la
Francophonie (CNJF) a mis en place une
commission médicale nationale. C’est à
nous, Commission internationale, de les
encadrer dans leurs actions. Leur plan
© CIFJ
74 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Les Jeux de la
Francophonie 2021
en RDC seront
organisés dans
les meilleures
conditions
sanitaires.
© CIFJ
DOCTEUR ZAKIA BARTEGI
en bref
Le Docteur Zakia Bartegi est titulaire d’un
doctorat de la Faculté de Médecine de
Tunis, obtenu en 1980. Son parcours est
étroitement lié à la médecine sportive.
Elle est titulaire d’un certificat d’études
spécialisées en médecine et biologie
du sport de la Faculté de Médecine de
Nantes en 1982. Zakia Bartegi est très
investie dans les activités associatives
dans le domaine de la médecine du sport.
Elle est, entre autres, membre de la
commission médicale de la Confédération
Africaine de Football (CAF) depuis 1994.
La lutte antidopage est une cause qui
lui tient à cœur. Elle fait partie du panel
«Doping Control Officer » (Officier de
contrôle de dopage) de la Fédération
internationale de football (FIFA).
Elle est présidente de la Commission
Médicale et Antidopage (CMAD)
du Comité International des Jeux
Méditerranéens (CIJM) et présidente de
la CMAD du Comité international des
Jeux de la Francophonie (CIJF).
opérationnel est presque prêt pour les
IXes Jeux de la Francophonie. La commission
nationale est en train de mettre en
place une couverture médicale sur tous
de chaque activité sportive. Par ailleurs,
il existe un hôpital local à Kinshasa qui répond
aux exigences des Jeux en matière
de matériels et de compétences médicales.
Le ministère de la Santé de la République
démocratique du Congo (RDC)
mettra à disposition des ambulances et
un personnel médical et paramédical.
L’activité hygiène et diététique a aussi
tions
pratiques seront produits avant les
Jeux pour informer les délégations participantes
sur les facilités et les services
médicaux mis à leur disposition. Ces documents
les informeront également sur
l’état sanitaire en RDC notamment les
maladies endémiques et les programmes
de prévention « spéciale Jeux » en plus du
programme national.
EN ÉVOQUANT CE SUJET, ON A
RÉCEMMENT PARLÉ DE LA FIN DE
L’ÉPIDÉMIE D’EBOLA EN RDC DANS
LES MÉDIAS…
avec l’épidémie d’Ebola. Dans tous les
cas, nous suivrons les consignes de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS).
Nous les appliquerons à la lettre. Nous
nous informerons toujours sur le programme
national et nous demanderons
son renforcement lors des Jeux.
PARLEZ-NOUS DU PROGRAMME
DE LA LUTTE ANTIDOPAGE MIS EN
PLACE DURANT LES JEUX…
Toujours dans l’objectif d’organiser des
Jeux « propres et sains », le CIJF a instauré
un programme de lutte antidopage
en conformité avec les exigences de
l’Agence mondiale antidopage (AMA). Un
guide antidopage informera les délégations
participantes sur le règlement et la
procédure à suivre pendant les Jeux, notamment
pour les différents tests et la
liste des produits interdits. Par ailleurs,
ce programme antidopage devra assurer
« TOUTES LES DISPOSITIONS
SANITAIRES ONT ÉTÉ PRISES. »
un programme d’activités éducatives et
de prévention pendant les Jeux.
QUEL MESSAGE POUR LES
JEUNES ATHLÈTES DÉSIREUX DE
PARTICIPER À CES IX ES JEUX DE LA
FRANCOPHONIE ?
Toutes les dispositions sanitaires ont
été prises. Comme pour tout voyage
dans les pays tropicaux, nous recommandons
d’être à jour des vaccinations
obligatoires. Un guide d’informations
médicales sera mis à disposition des
délégations participantes en amont des
Jeux. WS
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 75
SPORT PASSION AVEC
Grâce au Livret Sport 2000,
Mathilde s’envole pour le Canada !
À 28 ans, Mathilde Deschamps, originaire d’Annecy, est une mordue de sport. Depuis plus de dix
ans, la jeune femme profite « des magnifiques paysages et du magnifique terrain de jeu » que lui
offre sa région. Mathilde pratique la randonnée, le running, le ski... Elle suit sa pratique grâce au
Livret Sport by Sport 2000 qui lui a permis de remporter un voyage d’une semaine au Canada,
pour deux personnes ! PAR VANESSA MAUREL
«Je n’y croyais pas, je croyais que
c’était une blague ! » rigole-telle
en se remémorant le moment
où elle a appris la bonne
nouvelle. Un incroyable coup du destin pour
celle qui a découvert le Livret Sport 2000
par hasard. « C’est une amie qui a reçu la
publicité chez elle et qui m’en a parlé parce
qu’elle savait que j’adorais le sport. J’ai tout
de suite adhéré à l’idée de gagner des bons
d’achat grâce à mes séances, alors je me
suis inscrite. » Et depuis ce jour-là, elle est
accro ! « Mes séances se synchronisent automatiquement
avec le site, donc je n’ai même
pas besoin d’y aller. Néanmoins, j’avoue que
de temps à autre j’aime aller jeter un coup
sement.
»
Mathilde, même si elle est déjà une mordue
de la pratique sportive, reconnaît également
que le livret peut aider à se motiver. « Depuis
que j’en ai parlé à mon entourage, pas
mal de personnes se sont inscrites. Même
au travail, des collègues qui n’aiment pas
forcément le sport à la base ont été titillées
par l’idée de s’y mettre… Je crois que je leur
ai prouvé que ça marche ! Je suis la preuve
vivante qu’on peut gagner ! » En effet, Mathilde
a remporté le tout premier challenge
-
nement
en un mois.
facile, que j’ai rapidement bouclé grâce à
la randonnée et la course à pied », assuret-elle.
« Je l’ai fait tout simplement par curiosité
et pour rigoler, mais je ne m’attendais
pas du tout à gagner ! » Et pourtant. Parmi
volée
début mars. Visite de Montréal, chien
de traineaux, randonnée à Québec, elle re-
giquement
que Mathilde conseille le Livret.
« Le sport, c’est bien, mais lorsque l’on est
récompensé pour nos efforts, c’est encore
mieux ! » WS
D.R.
EN BREF
Avec le Livret Sport, Sport 2000
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et à me dépasser pour atteindre les
objectifs fixés lors des challenges
proposés chaque mois !
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renforcer la proximité et créer des
communautés proches de chez moi !
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C’EST BON POUR MOI !
GESTION DE CRISE
Bien choisir ses
chaussures et bien
les lacer sont les
deux premiers
conseils pour éviter
les crampes !
SOS
CRAMPE !
Vous êtes en plein footing, en plein match de
tennis ou de foot, et là, votre mollet se fige,
contracté comme du béton armé…
La crampe s’explique physiologiquement
par une accumulation de déchets toxiques.
Comment se sont-ils agglutinés,
et comment les chasser ?
Petit topo anti-crampe.
PAR LÉA BORIE
© Star Stock / Shutterstock
On dit souvent que la
crampe musculaire
est liée à un manque
d’hydratation : une
légende ? En réalité,
on ne peut pas
dire que l’eau soit
vraiment la grande
incriminée dans cette
affaire… Eclairage
express !
Les bons réflexes
préventifs
Si des athlètes
américains sont
adeptes du jus de
cornichon, il y a déjà
des tips simples (et
plus digestes) à mettre
en place :
On limite sa
consommation
d’alcool, et surtout de
vin blanc.
On ne fume pas, ou
en tout cas, pas 2h
avant sa séance.
On mange, mais 3h
avant le sport.
On s’équipe avec
de bonnes paires de
chaussures, adaptées
à sa pratique.
On tâche d’avoir son
quota de sommeil et
de laisser ses muscles
récupérer entre deux
entraînements.
On peut
complémenter l’apport
en magnésium par une
cure, en cas de crampe
à répétition.
Pour la faire passer
On étire. Pour la
crampe du mollet, on
l’étire contre un mur,
orteils en l’air.
On chauffe le muscle, à
l’aide d’une bouillotte.
Il existe des mini
bouillottes de main
qu’on peut facilement
emporter partout.
On surélève la jambe.
Cela permet un meilleur
retour veineux. Utile
avant de dormir, si
la crampe revient
en mode mauvaise
surprise nocturne.
On masse avec une
huile de massage à
l’arnica. Des massages
qui vont vers le cœur.
On peut continuer
dans les deux jours qui
suivent, si la douleur se
fait tenace.
On se tourne vers
des solutions
électrique, champ
électromagnétique,
ultrasons,
thermothérapie…
Crampe récidiviste ?
Les autres questions
à se poser
Mes lacets ne sontils
pas trop serrés,
notamment vers la
cheville ?
N’aurais-je pas une
pathologie (pieds plats,
écarts de hanches…) ?
Serait-ce une
Ma foulée, mes gestes
sont-ils adéquats ?
Ne serait-ce pas
un médicament
que je prends
(type corticoïdes,
bêtabloquants, antibio,
diurétiques, laxatifs) ?
Et si ça venait d’un
stress chronique ?
78 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Pourquoi faut-il (absolument)
C’EST BON POUR MOI !
SE METTRE À LA CORDE
À SAUTER ?
La corde à sauter est une discipline à laquelle on ne pense pas
forcément, mais qui est pourtant l’un des sports les plus complets
que vous puissiez trouver. Que ce soit psychologiquement ou
physiquement, voici quelques raisons de ressortir du placard ce petit
objet qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas seulement réservé
aux enfants (ou aux boxeurs) ! PAR VANESSA MAUREL
1 ON TRAVAILLE
LE CARDIO !
Même si, au premier abord,
la corde à sauter ne semble
pas un sport très difficile, vous
allez changer d’avis au bout
de… 30 secondes d’exercice
(et encore, on est sympa!).
En fait, la corde à sauter
est un sport qui demande
énormément d’endurance,
dû aux efforts fractionnés
(alternant moments intenses
et temps de récupération).
Par conséquent, il s’agit d’un
sport parfait pour améliorer sa
condition cardio-vasculaire et
respiratoire.
2 DES SÉANCES
COURTES… MAIS
EFFICACES !
Bonne nouvelle, ce sport
convient aux personnes qui
n’auraient pas forcément le
temps (ou l’envie) de consacrer
des heures de leur planning
perso à l’entraînement. On
mise sur des séances de
15 minutes maximum, pour
les débutants, découpées
en séries de 2 à 3 minutes
(séparées par des pauses de
20 à 30 secondes environ).
Cela dit en passant, 15
minutes de corde à sauter
équivaudraient à 30 minutes
de running (environ 725
calories sont brûlées par
heure d’exercice).
3 ON SE TONIFIE
Tous les muscles du corps
travaillent pendant l’exercice.
Les jambes (mollets
notamment) vont s’affiner
sans prendre de volume
grâce à la répétition des
sauts. Les bras, plaqués
le long du corps, vont être
sollicités dans la rotation
de la corde, et les abdos en
gardant l’équilibre. La corde
à sauter est donc le combo
parfait pour harmoniser votre
silhouette !
4 FAVORISE LA
CIRCULATION
SANGUINE
Grâce aux sauts répétés, la
corde à sauter permet de
favoriser le retour veineux et
donc la circulation sanguine.
Un travail idéal pour masser
les tissus musculaires et
donc… lutter contre la peau
d’orange (autrement appelée
cellulite).
5 RETOUR
EN ENFANCE
IMMÉDIAT
Au-delà des avantages précités,
la corde à sauter est surtout un
sport ludique, qui nous ramène
tout droit en enfance, pour
un moindre prix (moins de 10
euros) ! Entre amies ou seule,
vous pouvez varier les plaisirs
en choisissant la vitesse de
rotation, la fréquence des sauts
(tous les tours, tous les deux
tours), sauts à pieds joints, à
cloche-pied… Bref, il y en a
pour tous les goûts, et
tous les niveaux.
© OSTILL is Franck Camhi / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 79
MANGER SAIN
L E GATEAU AU YAOURT
,
ET A L ANANAS
MADE IN MALO
Les ingrédients :
• 3 oeufs
• 1 ananas
• 1 pot de yaourt nature
MALO
• 1 pot de sucre
• 1 pot d’huile
• 3 pots de farine
• 1 sachet de levure
chimique
La préparation étape par étape :
B Versez le yaourt MALO dans un
saladier. Gardez le pot vide, à utiliser
comme bol doseur.
C Ajoutez un pot de sucre, un pot d’huile
et trois pots de farine.
D Mélangez puis ajoutez trois oeufs
entiers et la levure.
E Épluchez l’ananas et coupez-le par
le milieu de façon à obtenir quelques
tranches rondes et fines. Coupez le reste
du fruit en petits morceaux.
F Ajoutez les morceaux d’ananas dans le
saladier avec le reste de la préparation.
G Versez le tout dans un moule à gâteau
rond et disposez les tranches fines sur le
dessus.
H Enfournez pendant 40 minutes.
Bon appétit !
,
,,
Au printemps, ajoutez une touche exotique à votre
alimentation avec cette recette fruitée et vitaminée.
Effet boost assuré !
L’ANANAS,
UN ALLIER SANTÉ !
Ce fruit tropical a la réputation d’être un bon brûleur
de graisses. Toutefois, ceci n’est pas vrai à 100%. Cet
«effet minceur» lui est attribué car il contient de la broméline,
une enzyme aux nombreuses vertus dont celle de faciliter la
digestion. Riche en eau et en fibres, l’ananas permet également
de lutter contre la rétention d’eau et améliore le transit. Aussi,
s’il ne fait pas maigrir à proprement parler, ce fruit peut aider à
avoir un ventre plat. Il reste aussi fortement recommandé en
cas de rééquilibrage alimentaire car peu calorique et riche
en vitamines et minéraux. Parmi les autres bienfaits de
l’ananas, on peut citer ses propriétés antioxydantes
et son rôle dans la prévention de certains
cancers et maladies cardiovasculaires.
À PROPOS DE MALO
La laiterie de SAINT-MALO, plus communément appelée MALO,
est connue pour l’authenticité et la qualité de ses produits.
Elle s’attache à offrir, depuis 1948, des yaourts, fromages frais et
desserts traditionnels, respectueux des saveurs d’autrefois.
Un goût de nostalgie qui replonge des générations entières dans
leurs tendres souvenirs d’enfance… pour mieux les transmettre
aux générations de demain.
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originales et saines, des conseils diététiques ou des tips et astuces permettant d’améliorer nos habitudes alimentaires.
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80 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
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