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The Red Bulletin Mars 2020 (FR)

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<strong>FR</strong>ANCE<br />

MARS <strong>2020</strong><br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

<strong>FR</strong>ANCK<br />

GASTAMBIDE<br />

Validé par les piliers du game,<br />

il lance la première série<br />

consacrée au rap français


GETREIDEGASSE 36, SALZBURG | HERRENGASSE 2, GRAZ


ÉDITORIAL<br />

VALIDÉ PAR LE<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

RAP <strong>FR</strong>ANÇAIS<br />

Il y a trente ans, le rap d’ici était underground,<br />

mais une émission de télé, Rapline, lui était dédiée.<br />

Le rap est aujourd’hui la musique la plus écoutée<br />

en France, mais vous aurez beau zoner sur les<br />

chaînes françaises de votre box, pas l’ombre d’un<br />

programme consacré à cette musique ! C’est bien<br />

sûr en digital que tout se passe désormais (sur une<br />

chaîne YouTube, <strong>Red</strong> Binks, notamment), mais il<br />

manquait comme un truc. Avec sa série diffusée<br />

sur Canal+ Séries, Validé, l’acteur, réalisateur et<br />

producteur Franck Gastambide innove avec une<br />

première : une fiction dans le monde du hip-hop,<br />

intégrant les acteurs de cette scène, des artistes<br />

de renom qui ont eux-mêmes entériné le projet de<br />

Franck. L’inventeur des Kaïra explique pourquoi il<br />

devait aborder ce projet avec le respect que mérite<br />

sa culture, et sa volonté de « passer le flambeau »<br />

à de jeunes talents. À vous de valider Validé.<br />

Votre Rédaction<br />

Jim Krantz a saisi la<br />

magie acrobatique<br />

d’Arrden Griffith (ici<br />

en photo), de ses<br />

frères cascadeurs<br />

et de leurs chevaux<br />

pour un shooting<br />

exceptionnel.<br />

ALEX LISETZ<br />

Enfant, le journaliste viennois<br />

espérait fébrilement assister<br />

(et expérimenter !) un jour un<br />

vol charter vers la Lune et vers<br />

<strong>Mars</strong>… La colonisation de<br />

notre satellite et de la planète<br />

rouge n’est pas encore devenue<br />

réalité, pourtant, l’espoir<br />

perdure. Voilà pourquoi les<br />

astronautes « analogues » autrichiens<br />

s’entraînent dans le<br />

désert de l’Utah. Partez avec<br />

eux et Alex à la conquête de<br />

<strong>Mars</strong> page 46.<br />

HAL ESPEN<br />

« Faire la route pour rencontrer<br />

une dynastie de cascadeurs<br />

à cheval, c’était déjà<br />

énorme, dit ce journaliste<br />

américain basé au Nouveau<br />

Mexique qui s’est vu convier<br />

dans la vie du clan Griffith.<br />

L’immersion dans cette famille<br />

mythique d’Hollywood a<br />

dépassé mes attentes. » Exrédacteur<br />

en chef du magazine<br />

Outside, Hal s’est récemment<br />

illustré avec ses sujets pour<br />

<strong>The</strong> Hollywood Reporter.<br />

Montez en selle en page 66.<br />

JÉRÔME BONNET (COUVERTURE), JIM KRANTZ<br />

4 THE RED BULLETIN


CONTENUS<br />

mars <strong>2020</strong><br />

58<br />

Une Seine insolite ?<br />

Rien de plus normal<br />

pour Monsieur Voyer.<br />

8 Sur leurs bras, leurs skis ou le fil<br />

d’un torrent, leurs performances<br />

dynamitent notre rubrique Galerie<br />

14 Barbie est dépassée : faites place<br />

à la cyber-poupée !<br />

16 Pour le snowboardeur pro Victor<br />

Daviet, le freeride reste un espace<br />

de liberté si le risque est anticipé<br />

18 Quand les rives seront saturées,<br />

la vie sur l’eau sera-t-elle la<br />

solution ?<br />

20 Pour Emmanuel Jal et sa sœur<br />

Nyaruach, les salles de concert<br />

ont remplacé les scènes d’horreur<br />

22 Rockeur psychédélique au sein<br />

de Tame Impala, Kevin vous<br />

dresse sa playlist « Augmente<br />

ta sérénité »<br />

La vie sur <strong>Mars</strong><br />

se prépare sur Terre, et<br />

le droit à l’erreur est<br />

un genre d’impératif.<br />

46<br />

ALEX VOYER, KATJA ZANELLA-KUX, CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL<br />

6 THE RED BULLETIN


24<br />

Quand le grimpeur<br />

Will Gadd descend des<br />

cathédrales de glace.<br />

24 Profondeurs glacées<br />

Dans ces lieux où vous n’oseriez<br />

pas planter vos crampons, Will<br />

Gadd se sent encore plus vivant<br />

36 Franck Gastambide<br />

L’acteur, réalisateur et producteur<br />

fait le bilan, et parie sur la<br />

nouvelle génération<br />

46 La vie sur <strong>Mars</strong>...<br />

Les erreurs de ces spécialistes<br />

du futur pourraient bien sauver<br />

des vies là-haut<br />

58 Seine occupation<br />

Se baigner dans la Seine, c’est<br />

interdit ! En fait, c’est possible.<br />

Alex Voyer vous dit pourquoi<br />

66 L’autre Hollywood<br />

La saga de cette famille de cascadeurs<br />

ne manque pas de selle<br />

84 L’Albanie en 4×4, ça remue,<br />

mais ce que vous y découvrirez<br />

vaut bien quelques secousses<br />

88 Pour être au top durant la Coupe<br />

de l’America sur son AC 75, Jimmy<br />

Spithill se mange un training quotidien<br />

qu’il vous révèle en exclu<br />

90 Mario Kart n’est pas juste un jeu<br />

vidéo délirant, il révèle bien des<br />

choses sur ses joueurs acharnés<br />

91 Montres : quand viendra la<br />

saison du surf, soyez à l’heure<br />

92 La vérité sur le fameux changement<br />

de pneus en apesanteur des<br />

mécaniciens de <strong>Red</strong> Bull Racing<br />

94 Du snow au Colorado, du WRC au<br />

Mexique et de l’Ice Cross à Québec<br />

: bienvenue sur <strong>Red</strong> Bull TV<br />

95 Du break à la salsa en passant par<br />

le plus gros event de tatouage au<br />

monde, boostez votre agenda !<br />

96 Ils et elles font <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

98 En Égypte, une performance<br />

à vous réveiller une momie<br />

THE RED BULLETIN 7


LOS ANGELES, USA<br />

Question<br />

d’équilibre<br />

L’intérêt de ce cliché est moins l’emplacement<br />

ou le sujet que ce qu’il suscite. Le photographe<br />

américain Dan Krauss possède le don de communiquer<br />

le mouvement et l’émotion que le<br />

public perçoit en direct. Cette photo en est<br />

l’illustration parfaite. « J’avais déjà travaillé<br />

avec Joel et connaissais son incroyable aptitude<br />

à tenir en équilibre sur les mains ou à<br />

réaliser sans trembler des flips arrière à peu<br />

près n’importe où, confie Krauss à propos du<br />

Mexicain Joel Fridman- Rojas, pro du parkour<br />

ici en photo. Joel n’a montré aucun signe de<br />

nervosité, et a même posé pour une autre<br />

photo le même jour et toujours en équilibre<br />

sur les mains, trois étages au-dessus de la rue,<br />

sur la bordure du toit du Walt Disney Concert<br />

Hall d’où l’on nous pria de partir juste après. »<br />

dankraussphoto.com<br />

DAN KRAUSS/DANK HAUS


9


DOM DAHER/RED BULL CONTENT POOL


COURCHEVEL<br />

Excès de<br />

vitesse<br />

Après les incroyables Tom Pagès<br />

(FMX), Camille Chapelière (enduro<br />

moto), Jules Charraud (wakeboard),<br />

Nouria Newman (kayak), Diablo<br />

(danse) ou Kilian Bron (VTT), c’est au<br />

tour du champion de ski alpin français<br />

Alexis Pinturault d’être pourchassé<br />

par un drone dans le cadre de la série<br />

vidéo Follow Me. Aux commandes de<br />

l’engin volant (et filmant), on retrouve<br />

une nouvelle fois le prodige TomZ.<br />

On imagine sans peine combien<br />

la session a dû être délicate pour parvenir<br />

à approcher son drone jusqu’à<br />

20 cm du skieur ultratitré lancé à<br />

toute vitesse. « Le défi a été de s’adapter<br />

à l’extrême vitesse d’Alexis, tout<br />

en gérant l’inclinaison de la pente qui<br />

fait pencher le drone en avant »,<br />

explique l’expert français du pilotage<br />

de ces engins, qui a tout de même<br />

« planté » quelques drones dans des<br />

portes durant le tournage.<br />

Instagram : @alexispinturault ; @tomzfpv<br />

11


CHUTES HUKA,<br />

LAC TAUPO,<br />

NOUVELLE-ZÉLANDE<br />

Eau débit<br />

Le débit d’eau des chutes Huka du fleuve<br />

Waikato en Nouvelle-Zélande avoisine souvent<br />

les 220 000 litres par seconde. Suffisant<br />

pour remplir une piscine olympique en<br />

seulement onze secondes. Le photographe<br />

Graeme Murray saisit ici un groupe de<br />

kayakistes de haut niveau parmi lesquels<br />

Zack Mutton, 14 ans, descendant la puissante<br />

rivière. « Le défi était de réaliser<br />

la photo en un temps éclair où ils apparaissent<br />

soudainement avant de disparaître<br />

aussitôt dans les chutes. Zach va<br />

si vite, explique Murray, qu’un passage<br />

à droite est ici fortement déconseillé. »<br />

Instagram : @graememurraynz<br />

13


Little Sophia est<br />

la petite sœur de<br />

l’humanoïde IA<br />

Sophia, « née »<br />

en 2015.<br />

HANSON ROBOTICS<br />

C’est la fin<br />

de Barbie<br />

Dépassées les poupées à l’ancienne ? Ce robot<br />

miniature propose une nouvelle approche pour<br />

initier les jeunes filles à la programmation.<br />

Les robots humanoïdes nous<br />

mettent généralement mal à<br />

l’aise et l’arrivée de modèles<br />

plus réalistes et sophistiqués<br />

fait craindre un monde futur<br />

où ils seront nos maîtres. Pour<br />

remédier à cet état de fait, la<br />

société d’ingénierie basée à<br />

Hong Kong Hanson Robotics,<br />

connue pour son développement<br />

de robots à intelligence<br />

humaine, introduit à sa famille<br />

de robots un nouveau membre<br />

dédié aux enfants. Objectif :<br />

prouver que les robots peuvent<br />

être des alliés bienveillants et<br />

utiles au quotidien.<br />

Baptisée Little Sophia, l’humanoïde<br />

énergique, intelligente<br />

et empathique destinée à travailler<br />

avec les enfants vise surtout<br />

à susciter l’intérêt des<br />

jeunes filles pour le codage et<br />

les matières scientifiques. Le<br />

robot programmable en Blockly<br />

et Python sur une plateforme<br />

open source familiarise les<br />

enfants à l’électronique et la<br />

robotique et est censé devenir<br />

plus réaliste, émotionnel et<br />

intelligent à mesure que son<br />

détenteur en maîtrise le code.<br />

« Little Sophia incite de<br />

manière ludique les jeunes<br />

filles du monde entier à davantage<br />

investir les matières<br />

scientifiques, l’informatique et<br />

l’intelligence artificielle, affirme<br />

Jeanne Lim, PDG de Hanson<br />

Robotics Limited. L’expérience<br />

riche, divertissante et éducative<br />

les motive à apprendre au<br />

côté de Little Sophia. »<br />

L’entreprise travaille à<br />

présent à rendre Little Sophia<br />

encore plus empathique et<br />

autonome. « Notre vision chez<br />

Hanson Robotics est d’insuffler<br />

plus de vie aux robots, renchérit<br />

David Hanson, fondateur<br />

de Hanson Robotics Limited.<br />

L’attrait pour Little Sophia tient<br />

à l’expressivité et la personnalité<br />

avenante dont l’ont dotée<br />

développeurs IA, ingénieurs,<br />

roboticiens, scientifiques et<br />

artistes. C’est une grande<br />

avancée pour notre technologie<br />

IA axée sur la personnalité. »<br />

hansonrobotics.com<br />

HANSONROBOTICS.COM LOU BOYD<br />

14 THE RED BULLETIN


RED BULL SANS SUCRE<br />

MAIS RED BULL QUAND MÊME.<br />

<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />

POUR VOTRE SANTÉ, ÉVITEZ DE MANGER TROP GRAS, TROP SUCRÉ, TROP SALÉ. WWW.MANGERBOUGER.<strong>FR</strong>


VICTOR DAVIET<br />

Un bon rider est<br />

un rider vivant<br />

Fort de cette devise, le champion de snowboard veut sensibiliser<br />

pros et amateurs sur les imprévus de la montagne.<br />

sur les conditions d’enneigement et<br />

de vent avec l’appli bulletin risque et<br />

avalanche de Météo France ; et aussi<br />

connaître son itinéraire et le groupe<br />

avec lequel on part. Une sortie en<br />

hors-piste, ça se prépare ! On teste<br />

son matériel. Et une fois dehors,<br />

il faut lire le terrain, détecter les<br />

signaux positifs ou négatifs : l’état<br />

de la neige, la force du vent, etc.<br />

Le b.a.-ba, tout bon snowboardeur<br />

qui pratique le hors-piste le connaît :<br />

rider 20 % en deçà de ses capacités,<br />

toujours écouter sa peur et suivre<br />

son intuition. Mais sait-il comment<br />

bien réagir face à une avalanche ?<br />

C’est de ce constat tiré de sa propre<br />

expérience qu’est partie l’initiative<br />

de Victor Daviet, 29 ans. Avec la<br />

création des Safety Shred Days à la<br />

station d’Arêches-Beaufort (Savoie)<br />

début janvier, il propose une formation<br />

à la prévention et au secours en<br />

montagne adaptée à une cible jeune<br />

de freeriders à un prix abordable<br />

(un forfait formation et nourriture<br />

pour 35 € par jour). Il veut faire de<br />

ce rassemblement un incontournable<br />

annuel pour bien commencer la<br />

saison et montrer le bon exemple.<br />

the red bulletin : Faire du<br />

freeride en soi, c’est déjà courir<br />

des risques…<br />

victor daviet : Justement, comme<br />

on est responsables de ce mouvement<br />

hors-piste, on se doit de proposer<br />

une formation. Je me disais qu’il<br />

allait y avoir des accidents autour de<br />

moi. Les athlètes, les médias ou les<br />

marques communiquent tellement<br />

sur le hors-piste, les belles images,<br />

la poudreuse… Depuis quelques<br />

années, mon souci c’est donc de<br />

dire : « On fait du hors-piste, mais on<br />

le fait avec du bon matos, et on est<br />

formé pour utiliser ce matériel. »<br />

Quel a été le déclic de cet<br />

événement ?<br />

J’ai survécu à deux avalanches. La<br />

première, c’etait en Alaska, j’avais<br />

24 ans. On était en tournage, je<br />

réalisais un rêve… L’Alaska, c’est la<br />

Mecque des freeriders. À ma première<br />

descente, j’entendais la neige<br />

se fissurer. On n’était pas loin de la<br />

catastrophe. J’ai passé plusieurs fois<br />

la tête sous la neige, par chance,<br />

quand l’avalanche s’est arrêtée, je<br />

n’avais de la neige « que » jusqu’aux<br />

épaules. Je pouvais respirer. Rebelotte<br />

en 2016, en Alaska toujours.<br />

Elle était moins grosse cette fois,<br />

mais aussi traumatisante. Et une<br />

troisième fois, c’est un pote qui a été<br />

pris dans une avalanche. Quand on<br />

l’a retrouvé au bout de cinq minutes,<br />

avec hélico et tout, il était violet.<br />

C’est là que je me suis dit : « Il y en a<br />

assez des avalanches, je veux que<br />

tout le monde soit formé. »<br />

Tout le monde, aussi bien les<br />

équipes de tournage que les riders,<br />

pros et amateurs…<br />

Exactement. Le caméraman ou le<br />

pratiquant urbain qui va faire du<br />

snowboard deux semaines par an.<br />

J’ai surtout pensé à mes amis qui ne<br />

sont pas pros, et qui pratiquent le<br />

hors-piste tous les week-ends : soit<br />

ils n’ont pas le bon matériel, soit ils<br />

ne savent pas s’en servir. La formation<br />

aux secours en montagne, ce<br />

n’est pas à faire une seule fois dans<br />

sa vie, mais une fois par an, pour<br />

progresser et se remémorer les bons<br />

gestes et acquérir de nouvelles<br />

connaissances pour sauver un ami.<br />

Le bon matériel, c’est quoi ?<br />

Un DVA, détecteur de victimes en<br />

avalanche, une pelle, une sonde,<br />

le tout dans un sac à dos airbag.<br />

Quels sont les réflexes à avoir ?<br />

C’est ce qu’on apprend pendant la<br />

partie théorique. Avant de sortir<br />

en hors-piste, il faut : avoir le bon<br />

matos, être formé, et se renseigner<br />

Des exemples d’erreurs à ne pas<br />

faire après une avalanche, au<br />

moment des recherches ?<br />

Quand on a un avalanché sous la<br />

neige, il faut veiller à mettre son<br />

détecteur en mode « recherche ».<br />

Ainsi, seul l’avalanché aura son détecteur<br />

en mode « émission ». D’où l’intérêt<br />

d’être formé, pour apprendre ça.<br />

Car quand tu sais que quelqu’un est<br />

sous la neige, potentiellement mort,<br />

émotionnellement, c’est dur, tu ne<br />

sais pas comment tu peux réagir. Il<br />

faut être préparé, avoir des automatismes<br />

: « Je prends le lead. Toi, tu vas<br />

appeler les secours, le 112 ; tu connais<br />

notre position (en hors-piste, il est<br />

impératif de connaître sa position<br />

exacte, point GPS ou carte) ; on va<br />

organiser les secours : on se met en<br />

rang, on cherche, on sonde de telle<br />

manière… »<br />

Lors de vos deux « mauvaises »<br />

expériences, qu’est-ce qui aurait<br />

pu être évité ?<br />

C’était des shootings pro, on devait<br />

rapporter des images. On n’a pas fait<br />

assez attention aux signaux négatifs.<br />

On aurait dû attendre un peu avant<br />

de se lancer dans cette pente, car la<br />

couche de neige fraîche qui venait<br />

de se déposer n’était pas encore<br />

consolidée au manteau neigeux de<br />

base. Ce qui fait que c’est toute la<br />

couche de surface qui est partie.<br />

Et qui avait été apportée sur cette<br />

face par le vent.<br />

Diriez-vous que la montagne est<br />

dangereuse ?<br />

La montagne est imprévisible. Elle<br />

cache des risques. Il faut savoir la<br />

décrypter.<br />

victordaviet.com<br />

JULIEN PERLY CHRISTINE VITEL<br />

16 THE RED BULLETIN


« Tout le monde<br />

doit être<br />

responsable<br />

de sa pratique,<br />

avoir le bon<br />

matériel, et<br />

être formé. »<br />

THE RED BULLETIN 17


Une maison en<br />

vogue, qui vogue<br />

sur les flots…<br />

ARKUP<br />

Vue sur mer<br />

Littoral saturé ? Montée des eaux ? À Miami,<br />

une maison flottante ouvre des perspectives.<br />

Miami est une place du luxe<br />

et du (bon ?) goût cosmopolite.<br />

La ville abrite des individus<br />

parmi les plus riches des États-<br />

Unis et attire des citoyens avec<br />

la promesse d’une vie huppée<br />

sur la côte. Hélas, avec le<br />

réchauffement climatique qui<br />

se fait de plus en plus ressentir<br />

dans la vie quotidienne, Miami<br />

est aussi l’un des endroits les<br />

plus exposés à la montée du<br />

niveau de la mer.<br />

Basée en Floride et lancée<br />

par deux Français, la société<br />

Arkup confronte ce défi avec<br />

une idée novatrice : construire<br />

pour les résidents des maisons<br />

de verre modernes et élégantes,<br />

qui flottent près du<br />

rivage, évitant du coup de surcharger<br />

un littoral déjà saturé.<br />

Avec une population urbaine<br />

en constante augmentation,<br />

beaucoup se tournent vers la<br />

mer pour leur future habitation.<br />

Le concept de maison flottante<br />

d’Arkup reproduit sur<br />

l’eau la villa rêvée de Miami, en<br />

l’agrémentant de dispositifs de<br />

survie. Son principal atout tient<br />

dans sa capacité à résister aux<br />

tempêtes et à une mer agitée.<br />

Élégante et raffinée, la maison<br />

n’en est pas moins capable de<br />

braver des ouragans avec des<br />

vents de 250 km/h grâce à son<br />

système de levage. Deux<br />

moteurs propulsent la maison<br />

vers des eaux peu profondes<br />

où ses piliers hydrauliques de<br />

12 mètres de haut élèvent la<br />

bâtisse au-dessus du niveau<br />

de la mer, protégeant ainsi ses<br />

occupants des tornades et<br />

des inondations. « Concept<br />

avant-gardiste unique de vie<br />

sur l’eau en autonomie » selon<br />

l’entreprise, la maison flottante<br />

de 400 m² plus spacieuse<br />

que bien des propriétés<br />

sur le rivage constitue une<br />

alternative écologique crédible.<br />

Entièrement alimentées<br />

à l’énergie solaire avec zéro<br />

émission, les maisons d’Arkup<br />

assurent leur autonomie grâce<br />

à un système de purification<br />

des eaux de pluie et de gestion<br />

interne des déchets.<br />

Si cette maison de luxe<br />

flottante s’adresse avant tout<br />

aux plus fortunés de Miami,<br />

Arkup espère développer des<br />

variantes plus modestes et<br />

plus abordables afin d’étendre<br />

sa mission écologique. Avec<br />

la montée des niveaux d’eau<br />

et le besoin urgent d’alternatives<br />

énergétiques, ces<br />

constructions flottantes vertes<br />

pourraient bien être la solution<br />

pour le logement durable dont<br />

le monde a besoin.<br />

ARKUP.COM LOU BOYD<br />

18 THE RED BULLETIN


SON PRO<br />

ÉCOUTEURS SANS FIL JBL<br />

JBL.COM


EMMANUEL JAL & NYARUACH<br />

Des machettes<br />

à la musique<br />

Ils sont frère et sœur, enfants rescapés de la guerre civile<br />

au Soudan. Devenus adultes, ces musiciens afropop n’ont<br />

qu’une seule mission : semer l’espoir.<br />

Lorsque le musicien soudanais<br />

Emmanuel Jal joue, tout son être<br />

vibre de joie : il danse, sautille, fouettant<br />

l’air de ses cheveux. Nyaruach, sa<br />

sœur et complice est plus posée, mais<br />

animée de la même énergie. Dans l’album<br />

du duo Naath (2018), elle interprète<br />

le titre Gatluak dans sa langue<br />

maternelle, le nuer et y fustige un<br />

prétendant louche sur un rythme<br />

irrésistible. Ce tableau réjouissant ne<br />

reflète pas pour autant l’histoire agitée<br />

de ces deux êtres. Enfants au<br />

début des années 80, ils sont séparés<br />

de leur famille durant la Seconde<br />

guerre civile soudanaise, qui fera près<br />

de deux millions de victimes. À sept<br />

ans, Emmanuel est enrôlé dans l’Armée<br />

populaire de libération du Soudan,<br />

épisode qu’il relate dans ses<br />

mémoires, War Child : l’histoire d’un<br />

enfant-soldat. Nyaruach a été violée<br />

par des agents du gouvernement, et<br />

tous deux perdent d’innombrables<br />

êtres chers, dont certains exécutés<br />

sous leurs yeux. Ils sont à nouveau<br />

réunis au Kenya où ils trouvent enfin<br />

asile. En 2005, ils connaissent le<br />

succès avec Gua (trad. paix), tube<br />

d’Emmanuel. Depuis, ce dernier s’est<br />

produit au Live 8: Africa Calling,<br />

a partagé l’affiche avec Reese<br />

Witherspoon dans <strong>The</strong> Good Lie en<br />

2014, fondé une ONG et s’est installé<br />

à Toronto (Canada). De son côté, à<br />

date, Nyaruach vit dans un hall en<br />

Angleterre avec ses deux enfants.<br />

Le contraste entre les traumatismes<br />

vécus et la gaîté de leur musique est<br />

saisissant. Mais pour eux, rien de plus<br />

logique : « Nous chantons l’espoir afin<br />

que les gens rentrent chez eux le<br />

cœur plus léger. »<br />

the red bulletin : Emmanuel,<br />

quels ont été à ce jour les moments<br />

les plus exaltants de votre<br />

carrière ?<br />

emmanuel jal : En termes de<br />

moments clés, Live 8 en fait partie<br />

tout comme le gala pour les 90 ans<br />

de Nelson Mandela, les tournées avec<br />

Aaliyah et Lauryn Hill, et les chansons<br />

avec Alicia Keys.<br />

Votre collaboration remonte au<br />

premier album d’Emmanuel, en<br />

2004…<br />

ej : C’était en dilettante à l’époque,<br />

mais Nyaruach et ses amis se sont<br />

impliqués dans une chanson qui m’a<br />

valu une visibilité internationale<br />

(Gua, en 2005) et d’être numéro un<br />

sur les radios kenyanes. Les gens<br />

l’adoraient sans comprendre le texte.<br />

Vous reconnaît-on dans la rue ?<br />

ej : Oui, après le succès de Gatluak la<br />

notoriété de Nyaruach est devenue<br />

virale. Au restaurant, des fans<br />

payaient parfois sa note à son insu.<br />

Nyaruach, vous avez dû récemment<br />

quitter le Kenya. Pourquoi ?<br />

n : De retour à Nairobi après une<br />

tournée en Angleterre en 2018, des<br />

agents du gouvernement me contactaient<br />

depuis un numéro privé. S’ils<br />

arrivent à vous joindre, ils peuvent<br />

aussi vous kidnapper et vous éliminer.<br />

Vous devez donc fuir. Je ne dormais<br />

pas sous le même toit que mes<br />

enfants, changeais de maison chaque<br />

nuit et gardais mon téléphone éteint.<br />

J’étais terrifiée. C’est comme si les<br />

gouvernements du Soudan du Sud et<br />

de Nairobi étaient de mèche. Je me<br />

suis investie en politique à cause de<br />

ce que j’ai vu. Impossible de garder le<br />

silence quand vous perdez un père,<br />

une mère ou une sœur, quitte à risquer<br />

sa vie. Je devais le dénoncer.<br />

Mais au Soudan, c’est mal vu venant<br />

d’une femme. Là-bas, elles n’ont<br />

pas voix au chapitre. Désormais, je<br />

n’ai plus de lieu où vivre. J’ai fui le<br />

Soudan du Sud et Nairobi. Mais il<br />

me reste la musique. J’espère obtenir<br />

l’asile ici. Voilà deux mois que je suis<br />

SDF à Liverpool. Nous dormons dans<br />

un grand hall tels des soldats dans<br />

l’attente d’un logement de la part des<br />

autorités.<br />

ej : Nous avons perdu 60 proches<br />

dans la région d’où nous venons.<br />

Notre frère a été abattu alors qu’il<br />

téléphonait au benjamin de la famille.<br />

Les civils sont pris pour cible.<br />

Aujourd’hui, nous dénonçons cela.<br />

Mais parler des viols, des enlèvements<br />

et des meurtres de masse reste difficile.<br />

Avec la notoriété, Nyaruach ne<br />

peut plus se rendre dans un camp de<br />

réfugiés. On la reconnaîtrait et les<br />

espions qui y rôdent pourraient<br />

l’enlever.<br />

Qu’espérez-vous pour le futur ?<br />

n : Comme Emmanuel, je veux aider<br />

les gens dans le besoin. Au Soudan<br />

du Sud, les femmes sont soumises<br />

aux hommes qui leur interdisent de<br />

travailler. Je veux me battre à leurs<br />

côtés avec ma musique.<br />

Vos chansons véhiculent-elles<br />

d’autres messages ?<br />

ej : Le génie de la musique et du<br />

sport transcendent les tribus. Quand<br />

j’étais enfant-soldat, je haïssais les<br />

musulmans et voulais en tuer le plus<br />

possible. Mais j’ai évolué. Un jour, un<br />

chanteur musulman a donné un<br />

concert chez nous. Je suis resté<br />

bouche bée en voyant tout le monde,<br />

soldats, enfants, réfugiés, se battre<br />

pour être au premier rang. C’était<br />

génial ! Comme le vent ou l’amour, la<br />

musique ne connaît nulle frontière.<br />

Instagram : @ nyaruachmusic ;<br />

emmanueljal.com<br />

IAN VOGLER/DAILY MIRROR JESS HOLLAND<br />

20 THE RED BULLETIN


« Tout comme le vent<br />

ou l’amour, la<br />

musique ne connaît<br />

nulle frontière. »<br />

Nyaruach et Emmanuel Jal<br />

chantent pour apaiser leurs fans.<br />

THE RED BULLETIN 21


TAME IMPALA<br />

« Air<br />

sont très<br />

efficaces<br />

au réveil »<br />

Les quatre titres fétiches du<br />

rockeur psychédélique Kevin<br />

Parker pour déconnecter et<br />

trouver la paix.<br />

Depuis la sortie de son 3 e album<br />

Currents en 2015, Kevin Parker<br />

tête pensante de Tame Impala,<br />

est salué comme le nouveau messie<br />

du rock par les médias et des<br />

fans aussi prestigieux que Kanye<br />

West, Lady Gaga ou Rihanna.<br />

C’est d’autant plus surprenant<br />

que ce hippie de la génération Y,<br />

élevé à Perth (Australie) pouvant<br />

se targuer de centaines de millions<br />

de streamings et une tête<br />

d’affiche à Coachella, est l’auteur<br />

de mélodies étranges et psychédéliques<br />

loin des hymnes grand<br />

public. Son nouvel album <strong>The</strong><br />

Slow Rush a demandé cinq ans<br />

de travail, le menant au bord de<br />

l’épuisement. Pour retrouver la<br />

sérénité et rêver la nuit, Parker<br />

s’en remet à ces quatre titres.<br />

tameimpala.com<br />

Bee Gees<br />

Every Christian Lion-Hearted<br />

Man (1967) (Bee Gees’ 1st)<br />

« Commençons par les Bee<br />

Gees à leurs débuts. Cette<br />

chanson est un bijou, les<br />

sixties en mieux, des sixties<br />

psychédéliques. C’était avant<br />

leur période disco. J’ai<br />

découvert cette chanson grâce<br />

à Mark Ronson. Elle est groovy<br />

et planante. Idéale pour<br />

s’évader, ce que j’essaie de<br />

faire dans toute ma musique. »<br />

Supertramp<br />

Goodbye Stranger (1979)<br />

(Breakfast In America)<br />

« Ce morceau me fait un effet<br />

incroyable, il me met dans un<br />

état d’euphorie et de transe en<br />

même temps. Je vois une pluie<br />

de confettis sous des lasers<br />

lumineux, c’est une sensation<br />

unique. Comme un spectacle<br />

son et lumière… C’est ce que je<br />

ressens avec cette chanson<br />

qui se trouve être aussi ma<br />

berceuse préférée. »<br />

Air<br />

Run (2004) (Talkie Walkie)<br />

« Une mélopée incroyablement<br />

belle et sereine, et idéale pour<br />

satisfaire mon fantasme d’être<br />

sur un nuage. Air sont aussi<br />

très efficaces le matin au<br />

réveil. C’est une source<br />

d’inspiration pour la journée.<br />

Un jour, j’ai écouté Run en<br />

boucle avant de m’endormir et<br />

à mon réveil, elle tournait<br />

encore. Je ne m’étais jamais<br />

senti aussi bien. »<br />

Neu!<br />

Hallogallo (1972)<br />

« Un de nos morceaux favoris<br />

de l’époque. On l’écoutait<br />

souvent lors de nos premières<br />

tournées à travers l’Australie.<br />

On se passait tout le premier<br />

album de Neu!, mais ce<br />

morceau reste mon préféré.<br />

Son côté répétitif, hypnotique,<br />

a le don de m’empêcher de<br />

cogiter. Un morceau à<br />

découvrir pour ceux qui ne le<br />

connaissent pas. »<br />

NEIL KRUG MARCEL ANDERS<br />

22 THE RED BULLETIN


LE NOMBRIL<br />

DU MONDE...<br />

DE GLACE<br />

Le grimpeur canadien WILL GADD s’est<br />

aventuré au Groenland dans un endroit où<br />

nul n’oserait aller : au fond d’un « moulin »,<br />

un puits creusé par l’eau dans un glacier.<br />

Texte ANDREAS WOLLINGER<br />

Photos CHRISTIAN PONDELLA


Cathédrale de glace<br />

Ce cliché est le préféré du photographe<br />

Christian Pondella : il résume<br />

à lui tout seul et de manière magistrale<br />

le caractère irréel et extraordinaire<br />

de cette expédition au cœur<br />

de la calotte glaciaire du Groenland.<br />

25


« L’hélicoptère nous<br />

dépose au bout de<br />

trente minutes de vol.<br />

À perte de vue,<br />

un horizon de glace. »


Paradis blanc<br />

Un moulin se forme lorsque les<br />

eaux de fonte ruissellent depuis la<br />

surface vers l’intérieur du glacier.<br />

Les étudier permet d’évaluer les<br />

effets du changement climatique<br />

sur la fonte de la calotte glaciaire.<br />

27


Pointure mondiale de la grimpe sur glace, Will Gadd n’en est pas à son premier exploit :<br />

le Canadien de 52 ans est connu pour avoir été en 2015 le premier à escalader les chutes du Niagara<br />

gelées. Pourquoi avoir choisi le Groenland cette fois ? Car personne ne l’avait fait avant lui.<br />

Ilulissat, Groenland Située dans la célèbre baie de Disko, c’est de cette ville sur la côte<br />

ouest du pays qu’est partie l’expédition Beneath <strong>The</strong> Ice.


Départ vers l’inconnu<br />

Les moulins explorés par l’équipe se<br />

révèlent plus importants et plus<br />

dangereux que prévu, en raison des<br />

blocs de glace qui s’en détachent et<br />

s’effondrent au fond. Si l’un de ces<br />

blocs leur tombe dessus, c’est la fin.<br />

29


Une patinoire<br />

à la verticale<br />

Les parois descendent à pic<br />

sur 90 mètres : tout au fond<br />

se trouvent les lacs souterrains<br />

dans lesquels Will Gadd avait<br />

prévu de plonger. Avant de devoir<br />

y renoncer, car trop risqué.<br />

31


« Je célèbre chaque<br />

instant que je peux<br />

vivre intensément.<br />

Grimper ici me fait<br />

me sentir sacrément<br />

vivant. »


Dans son élément<br />

Will Gadd en action sur son terrain<br />

favori : un jeu d’enfant pour ce<br />

pro des parois gelées. Autour de lui,<br />

la glace craque, siffle et gémit<br />

dans un concert de bruits aussi<br />

fascinants qu’angoissants.<br />

33


Et la lumière fut<br />

Will Gadd et Jason Gulley,<br />

enseignant- chercheur en géologie à<br />

l’USF (USA), au fond du puits. Leur<br />

expédition a permis de récolter et<br />

de transmettre de précieuses informations<br />

aux climatologues.


Séance d’échauffement Avant de s’aventurer dans les profondeurs du Groenland, Will Gadd s’échauffe sur les icebergs qui flottent<br />

devant la côte. L’occasion pour Christian Pondella de réaliser quelques somptueux clichés.<br />

THE RED BULLETIN 35


« Trahir la<br />

réalité du<br />

rap serait<br />

me trahir<br />

moi-même »<br />

Réputé pour ses comédies urbaines,<br />

<strong>FR</strong>ANCK GASTAMBIDE avance rarement<br />

seul, et le confirme avec une série<br />

pionnière sur le rap français, visitée<br />

par des patrons du genre : Validé.<br />

Pour ce projet diffusé sur Canal+ Séries,<br />

il a cette fois misé sur des inconnus<br />

complets. Et ne le regrette pas.<br />

Texte PIERRE-HENRI CAMY<br />

Photos JÉRÔME BONNET<br />

36


Franck Gastambide<br />

et son sweat-shirt<br />

hommage au film<br />

sociétal et urbain<br />

des frères Hughes.


T<br />

rois lascars (dont une personne de petite<br />

taille), un pitbull et une caméra fixée<br />

à un trépied. Un banc au bas d’un grand<br />

ensemble de banlieue. Des sketches de<br />

deux minutes diffusés sur le site de<br />

Canal+. C’est ainsi que s’est lancée<br />

officiellement la carrière de Franck<br />

Gastambide, il y a dix ans. Sa nouvelle<br />

carrière, du moins. Jusqu’alors, le Français<br />

né à Melun (double 7) est spécialisé<br />

dans le dressage de molosses, ce qui le<br />

mènera à collaborer avec Mathieu Kassovitz<br />

sur le film Les Rivières pourpres. Il<br />

connecte dans la foulée avec le collectif<br />

Kourtrajmé (très proche du réalisateur<br />

de La Haine), qui, au tournant des<br />

années 2000, se pointe en mode WTF<br />

avec une nouvelle approche de l’humour<br />

en vidéo, du clip, et la volonté de montrer<br />

ceux qui s’agitent culturellement et<br />

socialement dans l’univers urbain du<br />

(déjà) grand Paris. Parmi cette clique,<br />

Mouloud Achour, qui fera ses débuts<br />

télévisuels sur MTV.<br />

Devenu cadreur de l’émission de<br />

Mouloud Achour, MTV Select, Franck<br />

Gastambide imagine un « télé achat » de<br />

banlieue (incluant les fameux lascars,<br />

la personne de petite taille, le pit, le<br />

banc...) : Kaïra Shopping. Une web-série<br />

qui sera ensuite déclinée au cinéma, avec<br />

Les Kaïra, un long-métrage sorti en 2012,<br />

que Franck réalise et dans lequel il joue,<br />

accompagné des mêmes potes présents<br />

dans les pastilles de Canal+. Le succès<br />

des Kaïra donne des envies à Franck. En<br />

2016, il réalise Pattaya, une comédie qui<br />

parodie sans les moquer les banlieusards<br />

qui s’offrent des vacances exotiques et<br />

no limit en Thaïlande.<br />

En 2018, avec Taxi 5, il s’attaque à<br />

une saga motorisée aussi appréciée pour<br />

sa Peugeot blanche de compète que ses<br />

BO lestées de hip-hop. Indissociable de<br />

Franck Gastambide, le rap est son background<br />

culturel et une passion à laquelle<br />

il dédie un nouveau projet à paraître sur<br />

Canal+ Séries en mars, une série qu’il<br />

produit, dirige et dans laquelle il tient le<br />

rôle d’un producteur de musique : Validé.<br />

Une fiction dans la réalité du rap français,<br />

et une première par chez nous.<br />

Il était temps ! Alors que le rap est la<br />

musique numéro un en France mais ne<br />

dispose d’aucune émission dédiée à la<br />

télévision. Côté cinéma, jamais un film<br />

français n’a été directement consacré<br />

au rap, même si La Haine ou Ma 6-T va<br />

crack-er ont été associés à des films hiphop<br />

grâce à leurs BO (ou musiques inspirées<br />

du film, dans le cas du Kassovitz)<br />

et l’univers bétonné de leur dramaturgie.<br />

En <strong>2020</strong>, en France, une fiction sur écran<br />

exclusivement consacrée au rap est donc<br />

une innovation. Et sa responsabilité<br />

incombe à Franck Gastambide.<br />

Si jusqu’alors, des Kaïra à Taxi 5,<br />

Gastambide a toujours avancé avec ses<br />

potes et des acteurs sûrs (Medi Sadoun,<br />

Ramzy Bedia ou Sabrina Ouazani), avec<br />

Validé, il s’autorise à miser sur des inconnus<br />

complets, dont le trio Hatik, Saïdou<br />

38 THE RED BULLETIN


« Je n’ai jamais été<br />

un individualiste,<br />

et je ne le suis<br />

toujours pas. »<br />

THE RED BULLETIN 39


« L’idée était<br />

de créer des<br />

personnages<br />

de fiction qui<br />

évoluent dans<br />

le vrai monde<br />

du rap. »<br />

Camara et Brahim Bouhlel. Un pari que<br />

ce frais quadragénaire aborde avec le<br />

respect des siens, et dont il apprécie les<br />

challenges et vertus avant même la diffusion<br />

du moindre épisode de Validé. Profitant<br />

d’un jour de grève des transports<br />

à Paris, nous proposons à Franck une<br />

interview et une séance photo dans un<br />

studio du XI e arrondissement. Surprise,<br />

notre homme se pointe seul.<br />

the red bulletin : Vous êtes venu<br />

seul aujourd’hui, mais vous pouvez<br />

certainement nous expliquer pourquoi<br />

votre carrière s’est jusqu’alors<br />

construite en équipe ?<br />

franck gastambide : J’ai toujours eu<br />

du courage pour avancer dans mes projets,<br />

à condition d’être bien entouré.<br />

Il y a dix ans, quand j’ai créé le programme<br />

Kaïra Shopping avec une petite<br />

caméra DV, mes potes et mon pitbull, et<br />

qui est devenu la première web-série de<br />

Canal+, faisant un peu de moi l’ancêtre<br />

des YouTubers, j’avais le sentiment d’être<br />

un leader d’idées… mais j’avais besoin<br />

d’être entouré de gens dont j’admirais le<br />

talent, ce qui était le cas de Medi Sadoun.<br />

On s’est rencontré au sein du collectif<br />

Kourtrajmé, et on est très vite devenus<br />

potes. Je voyais alors en Medi Sadoun<br />

beaucoup de talent et je me demandais<br />

comment on pouvait faire des choses<br />

ensemble… Je dis toujours « on »… Je n’ai<br />

jamais été individualiste, et je ne le suis<br />

toujours pas. L’idée a toujours été de faire<br />

des choses en groupe et c’était le modèle<br />

de ce que j’aimais : Les Inconnus, Les<br />

Nuls, le collectif Kourtrajmé. Cet esprit<br />

« équipe » que j’ai toujours à présent.<br />

L’union fait la force, je le pense vraiment.<br />

Bosser avec les autres veut aussi dire<br />

s’impliquer soi-même, dans le même<br />

bain que les autres, comme vous l’avez<br />

fait dans Les Kaïra, Pattaya ou Taxi 5 ?<br />

À l’époque de Kaïra Shopping, j’essayais<br />

d’identifier mes capacités, et très vite je<br />

me suis rendu compte que j’étais inspiré<br />

pour écrire, créer, trouver des idées.<br />

J’étais attiré par la caméra, par la technique,<br />

le cadre, la mise en scène. J’ai parlé<br />

à Medi d’un programme court où l’on<br />

pourrait caricaturer nos influences<br />

urbaines, banlieusardes, etc. Mais à part<br />

lui, personne ne voulait jouer dans nos<br />

vidéos, parce qu’on n’était personne.<br />

Quand on a présenté le pilote à Canal+,<br />

ils ont trouvé ça super et décidé de le produire,<br />

alors je leur ai expliqué qu’il allait<br />

falloir embaucher de vrais acteurs, mais<br />

ils m’ont dit : « Non, vous êtes super, c’est<br />

ce que vous avez créé, ça marche parce<br />

que c’est vous, c’est vous qui devez interpréter<br />

les rôles. » Et voilà comment je me<br />

suis retrouvé à faire l’acteur, complète-<br />

40 THE RED BULLETIN


PRESQUE<br />

CÉLÈBRES...<br />

Gastambide<br />

à propos<br />

du trio de<br />

nouveaux<br />

talents sur<br />

lequel il<br />

a parié pour<br />

Validé.<br />

Acteur ? Réalisateur ? Comédien ? Franck Gastambide est tout à la fois et s’attache à œuvrer dans le plus<br />

grand respect des univers qu’il transporte à l’écran, comme pour son nouveau projet dédié au rap.<br />

Hatik<br />

« Pour le rôle tenu par Hatik,<br />

il fallait trouver quelqu’un<br />

capable de porter une série<br />

sur ses épaules, potentiellement<br />

sur plusieurs saisons,<br />

et qui soit un rappeur extrêmement<br />

crédible, dont on<br />

ne pouvait pas remettre en<br />

cause les qualités et les<br />

compétences. Hatik avait un<br />

physique, un charisme, des<br />

capacités de rappeur incontestables.<br />

On a beaucoup<br />

travaillé ensemble pour qu’il<br />

devienne un acteur. Je cherchais<br />

quelqu’un qui avait<br />

un truc en plus, et ce mec<br />

a un truc en plus, c’est une<br />

évidence. Comme les deux<br />

autres acteurs principaux<br />

de la série, au moment où je<br />

le prends pour Validé, il n’a<br />

encore absolument rien fait<br />

devant une caméra, c’est<br />

son premier casting. Choisir<br />

Hatik, qui a sorti une mixtape<br />

entre-temps, c’est un pari. »<br />

ment par hasard. Ensuite, le film Les Kaïra<br />

s’est précisé, et comme c’était inspiré de la<br />

série, je devais jouer dedans, mais comme<br />

ce qui m’inspirait le plus, c’était la mise en<br />

scène, je me suis collé à tous les postes :<br />

écrire, jouer et réaliser. Le film fut un succès,<br />

et ça a lancé mes trois carrières de<br />

réalisateur, d’acteur et de scénariste.<br />

Dans votre série dédiée à l’univers du<br />

rap français, Validé, vous n’êtes plus le<br />

personnage central. Pourquoi ?<br />

Pour Validé, il a fallu que j’assume un<br />

poste de grand frère et que je m’implique<br />

pour les autres, que je passe le flambeau.<br />

Je me suis dit qu’il était temps non seulement<br />

de produire, mais d’aller chercher<br />

de nouveaux talents, pour créer une<br />

petite bande comme celle qui était la<br />

mienne il y a dix ans finalement. J’ai pris<br />

conscience de ce parallèle une fois après<br />

avoir choisi les trois héros de la série,<br />

trois débutants qui n’avaient jamais<br />

tourné auparavant.<br />

VALIDE/MIKA COTELLON<br />

THE RED BULLETIN 41


Saïdou Camara<br />

« Saïdou est l’un des premiers<br />

mecs qui vient au<br />

casting, et c’est mon premier<br />

coup de cœur, mais<br />

je m’interdis de me décider<br />

trop vite, car je sais qu’on<br />

doit voir plein d’autres<br />

gens. Mais ce petit gars<br />

a un truc, il accroche à<br />

la caméra mieux que les<br />

autres, il est plus juste<br />

que les autres, ce qui est<br />

troublant pour un mec qui<br />

n’a jamais passé un casting<br />

ni jamais pris de cours de<br />

comédie de sa vie, et qui<br />

a une telle aisance. Il n’a<br />

pas conscience qu’il est<br />

beau, que la caméra l’aime,<br />

qu’il est juste. Ça le rend<br />

passionnant en termes de<br />

direction d’acteur. Lors<br />

du casting, on discute<br />

avec Saïdou, on parle un<br />

petit peu de sa vie, et je<br />

me rends très vite compte<br />

qu’il habite dans un foyer,<br />

qu’ils sont à cinq dans<br />

une chambre. Quand je l’ai<br />

convoqué pour lui annoncer<br />

que c’était lui, j’avais<br />

conscience que ça allait<br />

bouleverser sa vie. Je n’ai<br />

pas souvenir d’avoir eu<br />

une telle émotion en annonçant<br />

à quelqu’un qu’il était<br />

choisi pour un projet. »<br />

VALIDE/MIKA COTELLON<br />

Comment cela ?<br />

Avec les tournages de la série, ils ont<br />

commencé à se voir et sont devenus<br />

potes, et un soir ils m’ont envoyé une<br />

photo d’eux, accompagnée d’une photo<br />

de l’époque des Kaïra, où on était aussi<br />

nous trois, moi, Medi Sadoun et Jib<br />

Pocthier. Ce parallèle m’a beaucoup<br />

touché. Ça racontait un truc.<br />

C’est compliqué d’imposer des mecs<br />

inconnus dans son premier projet de<br />

série ? Vos partenaires de production<br />

et de diffusion ne vous ont-ils pas<br />

demandé d’intégrer au moins un<br />

acteur de renom au casting pour porter<br />

la notoriété du projet ?<br />

Contrairement au cinéma, on n’a pas<br />

besoin de vedette pour porter une série.<br />

Généralement, les plus grandes séries du<br />

monde sont faites avec des gens qu’on ne<br />

connaît pas. Tu ne connaissais personne<br />

dans Breaking Bad, tu ne connaissais<br />

personne dans Game of Thrones, je ne<br />

connaissais personne dans Entourage, la<br />

série qui m’a inspiré Validé. Validé était<br />

l’occasion pour moi d’aller chercher de<br />

nouveaux talents.<br />

Le concept même de la série est nouveau...<br />

L’idée était d’introduire des personnages<br />

de fiction qui évoluent dans le vrai monde<br />

du rap. On va vraiment chez Skyrock, on<br />

va vraiment chez Mouv’, on va vraiment<br />

chez Universal, ils croisent vraiment Cut<br />

Killer dans une soirée, ou Ninho dans les<br />

couloirs de la maison de disque. C’était<br />

indispensable que ces nouvelles têtes qui<br />

sont révélées par la série rencontrent des<br />

artistes connus et authentiques comme<br />

c’était le cas dans Entourage : dans cette<br />

série américaine, on s’identifiait à ces<br />

nouvelles têtes qui n’étaient personne<br />

parce que tout d’un coup, ils croisaient<br />

Kanye West ou Martin Scorsese, et ça en<br />

termes d’identification, c’est très fort.<br />

Mais amener de nouvelles têtes dans une<br />

série, c’est un engagement énorme.<br />

Pour quelles raisons ?<br />

Car les temps de tournage sont trois fois<br />

plus longs qu’un long-métrage, et c’est<br />

une promesse pour plusieurs saisons.<br />

Il ne fallait donc pas se tromper sur le<br />

choix de ces petits gars. Je sais maintenant<br />

que je ne me suis pas trompé...<br />

Il semble que la saison 2 de Validé est<br />

déjà en cours d’élaboration...<br />

Ce jour, soit le 9 décembre 2019, la<br />

saison 2 est en développement, tu pourras<br />

l’écrire dans ton sujet.<br />

Alors que le public n’a pas encore vu<br />

la série, pas même un teaser ?<br />

C’est la preuve que les premiers concernés,<br />

en l’occurrence la chaîne qui nous a<br />

commandé cette série et qui va la diffuser,<br />

Canal+, sont déjà convaincus, c’est<br />

donc évidemment une première victoire.<br />

La série traite d’un univers où les<br />

notions d’adoubement et de validation<br />

sont fortes. Est-ce que le soutien des<br />

artistes qui ont participé à Validé a été<br />

aussi important à vos yeux que celui<br />

de Canal+ ? Si un rappeur réputé<br />

balance que votre projet est « tout<br />

pété », on peut imaginer que c’est mal<br />

barré pour en convaincre d’autres...<br />

C’est exactement ça.<br />

Quel a été le premier « nom » à valider<br />

la série, justement ?<br />

On ne fait pas une série dans l’univers<br />

du rap comme on fait une série classique.<br />

C’est un milieu de gens potentiellement<br />

susceptibles, un milieu qui, à d’autres<br />

époques, a pu être moqué, et c’est ce<br />

qui rend les rappeurs, leur entourage et<br />

l’industrie du rap méfiants quant à la<br />

manière dont on traite leur univers. Je<br />

le comprends, et je l’avais totalement intégré<br />

pour Validé. Le hip-hop est aussi mon<br />

ADN, je fais des films qui sont urbains.<br />

Dès mon premier film, Les Kaïra, j’ai<br />

reconstitué le groupe Mafia K’1 Fry pour<br />

un concert à la fin du film… Ce qui n’était<br />

pas une mince affaire d’ailleurs… Je leur<br />

« Le milieu du rap<br />

a pu être moqué,<br />

c’est ce qui rend<br />

les rappeurs,<br />

leur entourage et<br />

l’industrie du<br />

rap méfiants quant<br />

à la manière<br />

dont on traite leur<br />

univers. »<br />

42 THE RED BULLETIN


« C’est normal<br />

que des artistes<br />

comme Ninho,<br />

Lacrim ou Kool<br />

Shen te disent :<br />

“Okay, je viens,<br />

mais d’abord,<br />

explique-moi<br />

ce que tu vas<br />

faire.” »<br />

44 THE RED BULLETIN


Brahim Bouhlel<br />

« Il est un pur produit de la<br />

génération Instagram. C’est un<br />

mec que je découvre en allant<br />

regarder les stories de mon<br />

pote Hakim Jemili, qui est aussi<br />

acteur dans Validé et qui est<br />

présent dans le film Docteur,<br />

dans lequel je joue également.<br />

En regardant les stories<br />

d’Hakim, je vois ce mec qui<br />

a une super bouille, qui imite<br />

tous les accents, et je me dis<br />

qu’il serait mon personnage<br />

drôle, plus léger dans la série.<br />

J’appelle Hakim et lui demande<br />

de m’envoyer Brahim en casting,<br />

et ça a été une évidence.<br />

On a arrêté le casting sur ce<br />

personnage-là très vite, parce<br />

qu’on s’est rendu compte qu’il<br />

était au-dessus des autres.<br />

Si ça n’avait pas été avec moi,<br />

j’ai le sentiment qu’il aurait<br />

trouvé une autre branche sur<br />

laquelle s’accrocher. Il était<br />

déjà dans les bons tuyaux.<br />

C’est marrant, par la suite,<br />

Tarek Boudali a décidé de<br />

le prendre dans son propre<br />

film en voyant mes stories<br />

Instagram. »<br />

avais demandé de venir faire leur morceau<br />

Pour ceux, qui est leur titre emblématique<br />

et dont le clip est l’un des plus<br />

grands clips de l’histoire du rap français.<br />

Tout le monde s’accorde à le dire. J’apparais<br />

d’ailleurs dans ce clip avec mon<br />

propre pitbull que j’avais dressé pour<br />

m’attaquer dans une séquence. Déjà<br />

à l’époque, j’étais immergé dans cet<br />

univers du hip-hop, via Kourtrajmé...<br />

VALIDE/MIKA COTELLON<br />

« Avec Taxi 5,<br />

j’ai compris que<br />

les critiques<br />

étaient les impôts<br />

du succès : plus<br />

tu as de succès,<br />

plus tu en paies. »<br />

Vous ne pouviez donc pas trahir cette<br />

réalité, votre historique ?<br />

Je ne peux pas la trahir parce que je la<br />

connais et que j’ai l’impression d’en faire<br />

partie, donc ce serait me trahir moimême.<br />

Il y a des rappeurs dans tous<br />

mes films, des BO de rap accompagnent<br />

tous mes films, avec des rappeurs qui<br />

ont toujours joué le jeu comme pour<br />

celle de Taxi 5 avec Ninho, l’Algérino<br />

ou Soprano. Juste avant, j’avais fait une<br />

autre BO pour Pattaya avec Lacrim, SCH<br />

et d’autres grands noms. Les rappeurs<br />

savent qui je suis à travers les films que<br />

je fais et les BO qui les accompagnent.<br />

C’était donc votre garantie pour<br />

obtenir le feu vert de la scène rap ?<br />

La seule chose sur laquelle il a fallu les<br />

rassurer est sur le fait que Validé était un<br />

changement de registre pour moi, qu’on<br />

ne serait pas dans de la comédie, et que<br />

personne ne serait ridicule ou ridiculisé.<br />

J’allais traiter le sujet avec beaucoup<br />

de passion et de respect.<br />

Ils ont été convaincus immédiatement<br />

?<br />

Il y a eu ceux qui ont eu confiance tout<br />

de suite et ceux qui ont eu besoin qu’on<br />

en parle. Je me rappelle d’un long entretien<br />

avec Mac Tyer, qui est venu à mon<br />

bureau. On a discuté plusieurs heures,<br />

et j’ai complètement accepté d’avoir cet<br />

échange avec lui, parce que c’est normal<br />

que des artistes de ce niveau-là, comme<br />

Ninho, Lacrim ou Kool Shen te disent :<br />

« Okay, je viens, mais d’abord, expliquemoi<br />

ce que tu vas faire. »<br />

Pourquoi ?<br />

Parce qu’ils ont une image, et qu’ils<br />

savent qu’ils vont la mettre au service de<br />

ma série. Il était donc normal que je sois<br />

transparent et que j’explique à ces<br />

rappeurs ce que l’on allait faire, à quoi ça<br />

allait ressembler. Je ne pouvais pas leur<br />

garantir d’en faire un chef-d’œuvre, mais<br />

je pouvais leur garantir que j’allais traiter<br />

leur image et ce milieu avec beaucoup de<br />

respect. Très vite pendant le tournage,<br />

on a eu des rappeurs, dont certains ont<br />

de vraies carrières, qui nous ont spontanément<br />

proposé de venir, pour faire une<br />

apparition, de petits clins d’œil que les<br />

gens qui connaissent le rap français vont<br />

pouvoir apprécier.<br />

Certaines critiques sur Taxi 5 vous ontelles<br />

préparé aux haters qui s’exprimeront<br />

probablement sur Validé ?<br />

C’est un pari très courageux et audacieux<br />

de se lancer dans un tel projet. Si tu te<br />

loupes, tu te prends des rafales de critiques,<br />

c’est très violent. J’ai abordé<br />

Taxi 5 en mec de banlieue qui est allé<br />

voir tous les Taxi dans des cinémas de<br />

banlieue, avec les dérapages sur le parking<br />

après la projection… (rires) Malgré<br />

tout, ce film m’a valu des critiques, en<br />

effet… Mais j’ai compris que les critiques<br />

étaient les impôts du succès : plus tu as de<br />

succès, plus tu en paies. C’est une phrase<br />

que je me suis inventé avec Taxi 5, et j’y<br />

crois vraiment. Ce film était une évolution<br />

de Taxi, et quelles que soient les<br />

critiques, je sais que j’ai fait ce film dans<br />

le plus grand respect de la saga. Ceux<br />

qui disent le contraire n’ont pas pu voir<br />

le film, ce n’est pas possible.<br />

Parmi les nouveaux talents lancés par<br />

votre série, Hatik n’avait que six ans<br />

quand le premier Taxi est sorti, et c’est<br />

désormais sur lui, mais aussi Saïdou<br />

Camara et Brahim Bouhlel que le<br />

succès de votre saga, les différentes<br />

saisons de Validé, va reposer…<br />

Je suis très fier d’eux. Je m’autorise aussi<br />

à être fier de moi d’avoir trouvé ces trois<br />

« petits mecs ». C’est une étape très étonnante<br />

dans ma vie. « Ça n’est plus pour<br />

toi et tes potes que tu écris, mais pour<br />

trois petits mecs que tu as trouvés. Tu vas<br />

leur donner tout ce que tu peux, tu vas<br />

écrire le mieux que tu peux pour eux,<br />

tu vas les filmer du mieux que tu peux. »<br />

C’est une énorme fierté. (Il sourit)<br />

C’est un peu étonnant parce que tu te<br />

rends compte que tu vieillis, mais quel<br />

kiff de vieillir en donnant de la force à<br />

des petits !<br />

Instagram : @ franckgastambide<br />

Validé, le 20 mars sur Canal+ Séries<br />

THE RED BULLETIN 45


LA VIE SUR MARS<br />

DÉPENDRA DE<br />

LEURS ERREURS<br />

Des scientifiques autrichiens planifient l’expédition la plus ambitieuse de tous<br />

les temps : LA PREMIÈRE MISSION HABITÉE VERS MARS. Avec des missions<br />

test réalistes. Avec des expériences défiant les conventions. Et avec un credo<br />

surprenant : faire chaque jour autant d’erreurs que possible. Texte ALEX LISETZ<br />

KATJA ZANELLA-KUX<br />

46


Une photo quasiment<br />

similaire pourrait être<br />

prise sur mars d’ici vingt<br />

ou trente années. Si les<br />

bonnes bourdes sont<br />

commises d’ici là…


GREGOR KUNTSCHER


« La première mission<br />

martienne habitée aura<br />

lieu en 2050 ou 2060. »<br />

Déploiement spatial dans le Tyrol :<br />

deux « astronautes analogues »<br />

s’entraînent sur Terre. Ils agissent<br />

comme s’ils étaient sur <strong>Mars</strong> –<br />

d’où l’ajout du mot « analogue ».<br />

49


Pour chacune de leur<br />

sortie à l’extérieur, les<br />

astronautes analogues<br />

doivent revêtir leur<br />

équipement complet.<br />

T<br />

out se passe comme prévu dans le caisson<br />

hyperbare. Les combinaisons spatiales<br />

: scellées. Les bouteilles d’oxygène :<br />

pleines. C’est le grand moment : le sas<br />

s’ouvre et les astronautes foulent pour la<br />

première fois la surface de <strong>Mars</strong>. Le commandant<br />

passe en premier. Il se retourne<br />

vers la station spatiale – et là, c’est<br />

l’accident.<br />

Il provoque un faux contact dans son<br />

casque. Un son aigu lui vrille les tympans.<br />

Un dysfonctionnement du hautparleur.<br />

Le sifflement persiste. S’il n’agit<br />

pas immédiatement, il risque la perforation<br />

tympanique.<br />

Il enclenche le déverrouillage d’urgence<br />

et lance son casque dans le sable.<br />

Enfin le silence. Ses oreilles bourdonnent<br />

encore, mais les tympans ne semblent<br />

pas avoir été endommagés.<br />

Ce n’est que maintenant qu’il remarque<br />

les visages consternés de ses coéquipiers.<br />

Si cette mission sur <strong>Mars</strong> était une<br />

réalité et pas juste une simulation se<br />

déroulant dans un désert de l’Utah, il<br />

serait mort.<br />

Une fois de plus.<br />

Gernot Grömer, 44 ans, a déjà souffert<br />

de nombreuses morts héroïques.<br />

L’astrophysicien de St. Florian, en<br />

Haute-Autriche, est directeur de l’ÖWF,<br />

le Forum spatial autrichien. Ce centre<br />

de recherche est un think tank composé<br />

de 200 scientifiques issus de 25 pays qui<br />

regardent bien au-delà des limites de<br />

notre planète. Leur tâche la plus passionnante<br />

: simuler des missions sur <strong>Mars</strong>.<br />

Ces camps de recherche élaborés<br />

simulent le plus fidèlement possible les<br />

conditions réelles sur cette planète dans<br />

un environnement terrestre. Les<br />

membres de l’équipage doivent donc<br />

« C’est notre boulot que d’être<br />

paranoïaques parce que chaque petite<br />

erreur sur <strong>Mars</strong> peut avoir des<br />

conséquences catastrophiques. »<br />

Gernot Grömer, Directeur du Forum spatial autrichien (ÖWF).<br />

FLORIAN VOGGENEDER<br />

50 THE RED BULLETIN


vivre pendant des semaines dans un<br />

espace confiné dans une station isolée<br />

du monde extérieur, posée quelque part<br />

dans un désert de cailloux. Ils ne sont<br />

autorisés à sortir qu’en combinaison spatiale<br />

pour prélever des échantillons de<br />

cailloux ou effectuer des mesures.<br />

L’objectif de ces tests pratiques est de<br />

rendre les futures expéditions sur <strong>Mars</strong><br />

plus sûres, plus efficaces et d’augmenter<br />

leurs chances de réussite.<br />

À chaque expédition d’essai, Grömer<br />

et son équipe utilisent une méthode<br />

non conventionnelle afin que la science<br />

apprenne autant que possible pour l’avenir<br />

: les erreurs sont non seulement tolérées,<br />

elles sont carrément souhaitées.<br />

« Tout ce qui va mal nous fait aller plus<br />

loin », dit Grömer. Un certain Thomas<br />

Edison appliquait ce même principe, il y<br />

a près d’un siècle et demi. « Je n’ai pas<br />

échoué – j’ai simplement trouvé dix<br />

milles solutions qui ne fonctionnent<br />

pas », aurait-il dit avant de faire une percée<br />

décisive avec son ampoule électrique.<br />

La version de Grömer est encore plus<br />

croustillante : « Nous connaissons déjà<br />

mille façons de mourir sur <strong>Mars</strong>. »<br />

<strong>Mars</strong> n’est pas une destination de<br />

rêve. Par temps frais, la température<br />

Comment<br />

devenir<br />

astronaute<br />

25<br />

ans est l’âge minimal<br />

de tout candidat à une<br />

formation d’astronaute.<br />

Âge maximal : 45 ans ;<br />

Taille : de 165 à 190 cm ;<br />

Poids minimum : 55 kg.<br />

5mois de préparation<br />

sont nécessaires à<br />

une simulation martienne.<br />

Elle comprend<br />

des cours théoriques,<br />

un programme sportif<br />

et des exercices<br />

pratiques.<br />

14<br />

candidats ont été<br />

admis en 2019. Six<br />

d’entre eux participeront<br />

à la simulation<br />

en <strong>2020</strong>. Les autres<br />

participeront aux<br />

autres missions.<br />

chute à − 110 °C. L’atmosphère, composée<br />

à 95 % de dioxyde de carbone, y est<br />

si ténue que les rayons cosmiques<br />

pénètrent presque sans être filtrés. Les<br />

longues balades sont donc à exclure.<br />

« C’est notre boulot que d’être paranoïaques,<br />

dit Grömer, parce que chaque<br />

petite erreur sur <strong>Mars</strong> peut avoir des<br />

conséquences catastrophiques. » C’est<br />

pourquoi Grömer et son équipe réfléchissent<br />

chaque jour à ce qui pourrait<br />

mal tourner sur <strong>Mars</strong> et à la manière<br />

d’y faire face. Que faire si un joint<br />

d’étanchéité sur la combinaison spatiale<br />

devient poreux ? Si le contact radio avec<br />

la Terre se rompt ? Si ce n’est pas un<br />

membre de l’équipage qui tombe malade<br />

mais le médecin ?<br />

La paranoïa de Grömer est l’assurancevie<br />

de ces explorateurs qui, un jour, partiront<br />

vraiment pour <strong>Mars</strong>.<br />

« Nous ne savons pas quelles surprises<br />

nous attendent là-haut, dit Grömer. C’est<br />

pourquoi nous devons au moins être préparés<br />

aux problèmes que nous pouvons<br />

imaginer dès maintenant. »<br />

C’est pour cette raison que les scientifiques<br />

d’ÖWF ne recourent pas seulement<br />

aux simulations par ordinateur ou<br />

à leurs laboratoires, mais se rendent<br />

aussi dans les déserts de l’Utah et<br />

d’Oman, dans les glaciers du Tyrol et<br />

dans les grottes de glace du Dachstein<br />

dans les Alpes. Là, des équipes de six<br />

astronautes dits « analogues » vivent et<br />

effectuent des recherches dans des<br />

répliques de stations spatiales durant<br />

quatre semaines maximum. Ils ne sont<br />

autorisés à les quitter que pour des missions<br />

de recherche spécifiques comme<br />

prélever et analyser des échantillons de<br />

sol – et uniquement dans une combinaison<br />

spatiale. Pas question de se détendre<br />

après les repas. Le revêtement de la combinaison<br />

de 30 à 50 kilos nécessite à lui<br />

seul deux membres d’équipage et dure<br />

trois heures.<br />

Douze missions ont eu lieu depuis<br />

2006. « Chacune d’elles s’est avérée une<br />

gymnastique logistique », dit Grömer.<br />

Une courte pause, puis : « Dieu merci! »<br />

Les scientifiques de l’ÖWF n’aiment<br />

pas les problèmes parce qu’ils s’ennuieraient<br />

sans eux mais parce que chaque<br />

erreur et chaque retard, chaque défail-<br />

Gernot Grömer, directeur<br />

de l’ÖWF, anime l’émission<br />

P.M. Wissen à la télévision<br />

autrichienne. Il a participé<br />

à ce jour à toutes les simulations<br />

martiennes.<br />

THE RED BULLETIN 51


« Les scientifiques autrichiens<br />

sont maintenant si réputés<br />

pour leur expertise que même<br />

la NASA fait appel à eux. »


FLORIAN VOGGENEDER<br />

Essai sur route en<br />

quad : deux astronautes<br />

analogues<br />

étudient les effets de<br />

la poussière sur leur<br />

combinaison spatiale<br />

pendant une sortie<br />

à l’extérieur.<br />

Quatre FAQ<br />

au sujet de<br />

<strong>Mars</strong><br />

1<br />

Quand aura<br />

lieu la première<br />

mission habitée<br />

vers <strong>Mars</strong> ?<br />

Probablement entre<br />

2040 et 2050 – selon<br />

l’évolution politique<br />

et technologique.<br />

Combien de<br />

2 temps faut-il<br />

pour atteindre <strong>Mars</strong> ?<br />

On prévoit que le vol<br />

dans chaque direction<br />

durera environ<br />

200 jours.<br />

Qu’est-ce qui<br />

3 rend <strong>Mars</strong> si intéressante<br />

pour nous ?<br />

Cette planète a une<br />

atmosphère et est<br />

celle qui, de toutes<br />

les autres, ressemble<br />

le plus à la Terre.<br />

4<br />

Pourquoi la<br />

découverte<br />

de l’eau liquide sur<br />

<strong>Mars</strong> a-t-elle fait<br />

sensation ?<br />

Parce que nous<br />

croyons que l’eau est<br />

une condition préalable<br />

à la vie. Nous soupçonnons<br />

que là où l’eau liquide<br />

existe, il pourrait<br />

y avoir une forme de vie<br />

primaire.<br />

lance technique ou humaine rendent la<br />

science un peu plus intelligente. « Chaque<br />

erreur que nous commettons maintenant<br />

sauve la vie d’un astronaute plus tard –<br />

parce qu’il ne la commettra plus », dit<br />

Grömer. C’est pourquoi les erreurs dans<br />

les missions martiennes simulées ne sont<br />

pas seulement tolérées. Elles sont même<br />

provoquées. « Nous voulons connaître les<br />

conséquences de chaque erreur. Parce<br />

qu’il n’y a qu’ainsi que nous pourrons<br />

nous armer contre elles. »<br />

Parfois, les astronautes analogues<br />

mettent non seulement leur vie en danger<br />

virtuel mais aussi en danger réel.<br />

Un exemple : « Nous croyons qu’il y a<br />

régulièrement sur <strong>Mars</strong> des tornades<br />

violentes qui provoquent de fortes<br />

décharges électriques, dit Grömer. Nous<br />

avons donc utilisé une bobine Tesla de<br />

six mégavolts pour tester la protection<br />

de nos combinaisons spatiales contre la<br />

foudre. » Conclusion : la combinaison<br />

protège comme on l’espérait. « Le collègue<br />

qui attendait à côté avec le défibrillateur<br />

n’a pas eu à intervenir. »<br />

Les missions test d’ÖWF ne<br />

visent pas seulement à identifier<br />

les dangers mais aussi à<br />

mieux exploiter les opportunités.<br />

La première mission habitée<br />

vers <strong>Mars</strong> est notre chance d’acquérir<br />

d’énormes quantités de connaissances<br />

nouvelles. Parce que les premiers<br />

humains sur <strong>Mars</strong> ne recueilleront pas<br />

seulement des données comme l’ont fait<br />

les sondes sans pilote arrivées avant eux.<br />

Ils interpréteront également ces données<br />

sur place et devront prendre des décisions<br />

en conséquence. Par exemple, une<br />

vallée latérale découverte par hasard<br />

s’avérera peut-être d’un intérêt géologique<br />

particulier. Les astronautes s’écarteront<br />

alors du programme original et<br />

chercheront des échantillons spécifiques<br />

de cailloux.<br />

Mais comment reconnaître les structures<br />

? Comment interpréter le contexte<br />

dans un paysage aride où tout est indistinct<br />

? C’est exactement ce que les astronautes<br />

analogues apprendront dans le<br />

désert du Néguev en Israël en <strong>2020</strong>. Les<br />

méthodes qu’ils y acquerront mèneront à<br />

un travail plus efficace lors de la première<br />

véritable mission sur <strong>Mars</strong>. Parce que<br />

le temps est précieux sur <strong>Mars</strong> – les ressources<br />

emmenées ne dureront pas<br />

davantage que quelques semaines.<br />

Afin de pouvoir travailler de manière<br />

plus productive, les scientifiques d’ÖWF<br />

ne développent pas seulement des<br />

méthodes d’analyse plus intelligentes,<br />

ils posent également de nouveaux jalons<br />

53


LES FAITS<br />

De quoi<br />

<strong>Mars</strong> estelle<br />

faite ?<br />

<strong>Mars</strong> porte le nom du<br />

dieu de la guerre dans la<br />

mythologie romaine et<br />

se trouve entre 54,5 et<br />

401,3 millions de kilomètres<br />

de la Terre (78 en<br />

moyenne). Elle est considérée<br />

comme la planète<br />

la plus semblable à la<br />

Terre et sa période de rotation<br />

est de 24 heures<br />

et 37 minutes. La poussière<br />

d’oxyde de fer est<br />

responsable de sa couleur<br />

rouge.<br />

Terre<br />

<strong>Mars</strong><br />

Terre<br />

vs. <strong>Mars</strong><br />

<strong>Mars</strong> se situe à une distance<br />

du Soleil environ<br />

une fois et demie plus<br />

grande que la Terre. Son<br />

diamètre est la moitié<br />

de celui de la Terre et<br />

sa masse n’est qu’un<br />

neuvième de celle de la<br />

Terre. Comme la Terre,<br />

<strong>Mars</strong> a des calottes<br />

polaires, mais fait voir<br />

une lune de plus.<br />

« Découvrir une vie extraterrestre serait<br />

bien sûr une sensation inimaginable. »<br />

54


LA COMBINAISON<br />

100<br />

km/h<br />

Tempête de<br />

poussière<br />

Les tempêtes de<br />

poussière sur <strong>Mars</strong><br />

atteignent des<br />

vitesses allant<br />

jusqu’à 100 km/h,<br />

mais ne causent<br />

aucun dommage en<br />

raison de la faible<br />

pression de l’atmosphère<br />

– la seule<br />

erreur majeure<br />

dans le blockbuster<br />

hollywoodien Seul<br />

sur <strong>Mars</strong> (2015).<br />

Appareil photo<br />

Système de<br />

ventilation<br />

Affichage<br />

tête haute<br />

Afficheur<br />

et clavier<br />

Suitport pour<br />

un accès par<br />

l’arrière<br />

3,711<br />

m/s 2<br />

Gravitation<br />

L’accélération gravitationnelle<br />

de <strong>Mars</strong><br />

n’est qu’un tiers de<br />

celle de la Terre.<br />

Cela ne suffit pas<br />

pour faire des pas<br />

de géant comme sur<br />

la lune – mais permet<br />

des tractions<br />

d’une seule main.<br />

- 55 ° C<br />

Température<br />

La température<br />

moyenne sur <strong>Mars</strong><br />

est de – 55 °C.<br />

Cependant, selon<br />

la saison et la situation<br />

géographique,<br />

il peut aussi faire<br />

+ 20 °C ou – 110 °C.<br />

GETTY IMAGES, KATJA ZANELLA OEWF-BERNHARD KALIAUER DESIGNSTUDIO<br />

Fixation<br />

pour le sac<br />

En attendant d’enfiler<br />

la vraie combinaison<br />

Le simulateur de combinaison<br />

spatiale Serenity, qui pèse<br />

35 kilos, peut être utilisé pour<br />

des opérations en extérieur<br />

d’une durée maximale de cinq<br />

heures. La combinaison mesure<br />

automatiquement la température<br />

corporelle, l’apport d’oxygène,<br />

la fréquence cardiaque<br />

et l’activité cérébrale de l’astronaute,<br />

effectue automatiquement<br />

des enregistrements audio<br />

et vidéo et est conçue pour des<br />

Exosquelette<br />

pour simulation<br />

d’impression<br />

températures comprises entre<br />

0 et 60 °C. Un affichage tête<br />

haute et un clavier simplifié<br />

servent d’interface entre<br />

l’homme et l’ordinateur. Cela<br />

permet aux astronautes analogues<br />

de s’entraîner dans des<br />

conditions réelles – même si la<br />

combinaison n’est pas adaptée<br />

à l’utilisation réelle dans<br />

l’espace. L’accès à la combinaison<br />

se fait par l’arrière via le<br />

suitport désormais breveté.


L’habitation<br />

martienne<br />

Vue aérienne de la<br />

station Kepler dans<br />

le désert du Néguev<br />

( Israël). Une nouvelle<br />

station, techniquement<br />

plus avancée que celleci,<br />

sera construite pour<br />

la mission AMADEE-20.<br />

Une combinaison spatiale est testée dans une chambre de mesure<br />

de l’université d’Innsbruck pour vérifier son système radio.<br />

technologiques. L’un d’eux est Serenity,<br />

un simulateur de combinaison spatiale.<br />

La combinaison de protection, développée<br />

en coopération avec des universités<br />

internationales, protège contre la<br />

poussière, le froid et la contamination et<br />

fournit de l’oxygène. Elle communique<br />

également avec l’astronaute qui en est<br />

revêtu (cf. page précédente).<br />

Serenity n’est pas la seule nouveauté<br />

pour laquelle les chercheurs<br />

de l’ÖWF ont fourni<br />

une assistance de tous les instants.<br />

Certaines des technologies<br />

qu’ils ont testées lors de simulations<br />

martiennes antérieures font même maintenant<br />

partie de la vie quotidienne. Ainsi,<br />

des neurologues de l’université d’Innsbruck<br />

ont mis au point un instrument qui<br />

détecte la fatigue extrême pouvant présenter<br />

un danger. Cet instrument analyse<br />

l’activité des ondes cérébrales en fonction<br />

des fluctuations du diamètre de la<br />

pupille. Aujourd’hui, il aide même la<br />

police dans plusieurs pays d’Europe de<br />

l’Est à retirer de la circulation les chauffeurs<br />

de camions qui ne sont pas en état<br />

de conduite.<br />

Les missions de l’ÖWF jouissent<br />

aujourd’hui d’une telle réputation internationale<br />

que des chercheurs du monde<br />

entier leur soumettent des projets avant<br />

chacune d’elles. Quelques dizaines de<br />

ces projets sont sélectionnés et intégrés<br />

à la mission. Ainsi, pendant la mission<br />

AMEDEE-20 en partenariat avec l’agence<br />

spatiale d’Israël, les astronautes analogues<br />

testeront des avions et des robots<br />

autonomes avec l’intelligence artificielle.<br />

Une autre expérience permettra d’étudier<br />

les modifications de la flore intestinale de<br />

l’équipage causées par une alimentation<br />

déséquilibrée dans un environnement<br />

isolé et soumis à un stress important. Les<br />

scientifiques du Forum spatial autrichien<br />

sont maintenant si réputés dans leur<br />

expertise que même la NASA fait appel à<br />

eux. « Lorsqu’un problème délicat survient,<br />

dit Grömer, la réaction fréquente<br />

est : “Demandez aux Autrichiens.” On ne<br />

saurait éprouver une plus grande gratitude.<br />

» Mais à quel point les fantasmes de<br />

science-fiction d’ÖWF sont-ils ancrés<br />

dans le réel ? Et quelle est la probabilité<br />

que toutes les connaissances acquises<br />

soient appliquées un jour par de vrais<br />

astronautes martiens ? « Le premier astronaute<br />

martien est déjà né et la première<br />

mission martienne habitée aura lieu dans<br />

vingt ou trente ans, en 2050 ou 2060 »,<br />

affirme Gernot Grömer, sûr de lui.<br />

Le fait que nous ne soyons pas encore<br />

techniquement en mesure de le faire<br />

en <strong>2020</strong> n’est pas un contre-argument<br />

pour lui. « Bon, nous n’avons pas en ce<br />

moment même de fusée prête à décoller<br />

dans le hangar, dit-il. Et il faudrait aller<br />

de l’avant avec le développement des<br />

imprimantes 3D car on ne pourra certainement<br />

pas s’en passer sur <strong>Mars</strong>. »<br />

Mais ce sont là des problèmes qui<br />

peuvent être résolus, soutient-il. « La<br />

volonté sociale d’aller de l’avant avec les<br />

voyages dans l’espace manque toujours.<br />

Avec un effort collectif, il serait facile<br />

de trouver les pièces manquantes du<br />

puzzle. » Il estime que les politiques<br />

Système de relais radio<br />

Assure la communication<br />

avec le centre de contrôle<br />

de mission.<br />

« Une mission sur<br />

<strong>Mars</strong> coûterait en<br />

moyenne à chaque<br />

Européen l’équivalent<br />

d’un menu<br />

Big Mac par an. »<br />

FLORIAN VOGGENEDER<br />

56 THE RED BULLETIN


Poste de commande<br />

Les astronautes y<br />

revêtent leurs combinaisons<br />

spatiales.<br />

Cabinet médical<br />

Avec dépôt de<br />

médicaments et<br />

salle d’examen.<br />

Habitat<br />

Les astronautes analogues<br />

peuvent se retirer<br />

dans ces conteneurs.<br />

Stockage de l’eau<br />

Laboratoires<br />

scientifiques<br />

Les instruments sont<br />

réparés et l’équipement<br />

scientifique est stocké<br />

ici. Une expérience<br />

consacrée à la croissance<br />

des plantes y est également<br />

menée.<br />

Structures gonflables<br />

d’habitat<br />

Développées et conçues<br />

spécialement pour cette<br />

mission – elles incluent :<br />

station médicale d’urgence,<br />

zone d’impression<br />

3D, laboratoire robotique<br />

et salle de réunion.<br />

Domaine logistique<br />

Avec salle à manger<br />

et coin détente.<br />

Réservoir d’eau<br />

intérieures, en particulier, pourraient<br />

être encore plus ambitieuses, du moins<br />

en Autriche, parce que ses scientifiques<br />

sont en première ligne.<br />

Et les coûts ? Ils sont loin d’être excessifs,<br />

affirme Grömer. « Une véritable mission<br />

sur <strong>Mars</strong> coûterait en moyenne à<br />

chaque Européen l’équivalent d’un menu<br />

Big Mac par an », défend-il.<br />

Un juste prix pour la plus grande<br />

aventure de l’humanité, le voyage le plus<br />

ambitieux de l’histoire – et peut-être<br />

même la découverte la plus fascinante<br />

de tous les temps ? « Découvrir une vie<br />

extraterrestre, dit Gernot Grömer, serait<br />

bien sûr une sensation inimaginable. »<br />

Les astronautes analogues se préparentils<br />

aussi à affronter de petits hommes<br />

verts ? « Nous n’aurons pas à nous battre<br />

avec les Martiens, dit Grömer, mais nous<br />

irons à la recherche de cellules ou de<br />

fragments de cellules. »<br />

Parce qu’il y a des indications que la<br />

vie a pu exister sur <strong>Mars</strong>. Parce que la vie<br />

telle que nous la connaissons dépend de<br />

l’eau. Et l’eau y a déjà existé sous forme<br />

liquide – même si ce ne fut que pour une<br />

période relativement courte de quelques<br />

centaines de millions d’années. Il est probable<br />

que des rivières et des océans aient<br />

coulé sur la planète rouge, et que des<br />

bactéries ou d’autres formes de vie<br />

simples s’y soient développées.<br />

De dangereux extraterrestres<br />

guettent-ils les astronautes ? « C’est la<br />

situation inverse, dit Grömer, nous<br />

devons veiller à ne pas détruire un écosystème<br />

existant ni à le contaminer à des<br />

fins de recherche – l’humanité en a déjà<br />

assez fait sur ce plan. »<br />

Dans le désert du Néguev, les scientifiques<br />

continueront à chercher des traces<br />

de vie aussi soigneusement que possible<br />

et, assurément, de soigneusement commettre<br />

une erreur après l’autre.<br />

THE RED BULLETIN 57


Seine<br />

occupation<br />

C’est sale, pollué, on peut y finir malade ou dans le panier à<br />

salade. Et oui, en <strong>2020</strong>, on n’a toujours pas le droit de se baigner<br />

dans la Seine… Pourtant, à la rédaction de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>, on<br />

en connaît un qui brave cet interdit et démonte tous les clichés.<br />

Depuis neuf ans, il nage dans la Seine et les canaux de Paris,<br />

jusque dans les catacombes. Il est en pleine forme. Il s’appelle<br />

ALEX VOYER. On l’a suivi dans les eaux de la capitale.


Canal de l’Ourcq,<br />

en remontant vers Pantin,<br />

au niveau des Magasins<br />

Généraux. C’est l’un des<br />

spots favoris d’Alex Voyer<br />

qui y nage goulûment,<br />

hiver comme été.<br />

Texte PATRICIA OUDIT<br />

Photos DOM DAHER & ALEX VOYER<br />

59


« 15 °C, ça commence à piquer », un<br />

pêcheur nous aborde, intrigué. « Vous<br />

allez vraiment vous tremper ? » Alex est<br />

habitué aux regards éberlués, aux mises<br />

en garde de toutes sortes. Bernard, le<br />

pêcheur breton exilé à Paname, connaît<br />

bien ces eaux lui aussi. Il nous montre<br />

un brochet fraîchement pêché. « Un jour,<br />

j’en ai sorti un d’1,15 m ! Je les relâche<br />

toujours. Mais un ami qui avait pris un<br />

sandre à cet endroit me l’a fait goûter, et<br />

il était délicieux ! » Plus loin dans Pantin,<br />

au niveau des Magasins Généraux, le<br />

soleil d’automne dore le futur couloir<br />

de nage. Il y a un peu de courant, dans<br />

le sens du vent, et le nageur semble s’en<br />

délecter. Des gamins en trottinette jouent<br />

à la police en imitant des coups de sifflet.<br />

Au XXI e siècle, on est loin des promesses<br />

de Jacques Chirac, qui, en mai 1990 prétendait<br />

qu’il se baignerait trois ans plus<br />

tard dans le fleuve parisien, vantant sa<br />

propreté à venir et sa biodiversité d’alors.<br />

Après quelques allées et venues dans l’or<br />

du canal, Alex sort de l’eau. Cette fois,<br />

l’after drop (la réaction du corps qui se<br />

met à grelotter suite à un séjour prolongé<br />

dans l’eau) sera léger. Pas comme ce jour<br />

d’hiver que nous vous conterons plus bas.<br />

Qmoi : ils en ont marre de nous voir nous<br />

baigner dans le canal… » Mais lorsque<br />

l’on habite comme lui le long de ses rives<br />

et qu’on apprécie autant le contact avec<br />

l’eau, difficile d’y résister. Alors, hiver<br />

comme été, il n’est pas rare de voir Alex<br />

descendre en peignoir, claquettes aux<br />

pieds. Un maillot de bain dessous, car<br />

l’homme a érigé en loi le fait de ne jamais,<br />

quelle que soit la température, enfiler de<br />

uand on y prête attention, le bassin de<br />

la Villette est truffé de panneaux, de<br />

marquages au sol, d’interdictions. Un<br />

petit nageur barré tous les 15 mètres.<br />

« Depuis deux ans, le nombre de signalisations<br />

a pas mal augmenté , constate Alex<br />

Voyer, nageur lui-même un peu barré.<br />

C’est peut-être à cause de gens comme<br />

combinaison. De chez lui, la vue est<br />

imprenable sur le canal et sa moire kaki.<br />

Quelques coupes témoignent du passé<br />

glorieux de nage en eaux libres du garçon<br />

photographe, apnéiste, marin, et tant<br />

d’autres cordes à son arc qu’on en passe.<br />

À pied, il nous emmène découvrir son<br />

coin tranquille, à l’angle du canal<br />

Saint-Denis et Saint-Martin. Le pont de<br />

la mairie de Pantin a de beaux écrous<br />

Eiffel, des graffitis parsèment ses flancs.<br />

Alors qu’il s’apprête à se mettre à l’eau<br />

Le lendemain, fin d’après-midi, nous voici<br />

sur le devant de la Seine et ses 37 ponts<br />

qui s’égrènent au fil des 13 km d’une traversée<br />

de Paris. Les repérages pour faire<br />

des photos ont été plus ou moins fructueux.<br />

Le zodiac noir de la Brigade fluviale<br />

est passé par là à Mach 2, coups de<br />

sifflet, des vrais cette fois, mise à l’eau<br />

avortée. Nous voici sous le pont d’Iéna,<br />

à la nuit tombée. « Ici, ta durée de vie est<br />

de trois minutes de jour, mais monte à<br />

quinze minutes de nuit. Il paraît que sous<br />

ce pont, il y a des milliers de porte-clés<br />

tour Eiffel jetés par les vendeurs à la sauvette<br />

à l’approche de la police », raconte<br />

Alex. Peu après celui d’Alexandre-III,<br />

la berge file vers l’eau, mieux qu’une<br />

échelle pour plonger sous la pleine lune.<br />

À l’abri des péniches niche une paire<br />

de canards. Il y a aussi des cygnes et des<br />

cormorans : la Seine, comme le canal,<br />

est riche d’une vie devenue invisible aux<br />

yeux des Parisiens non riverains. À force<br />

de décrier les eaux de Paris, on a fini par<br />

les déserter. Alex nous explique pourquoi<br />

il y revient tous les jours, dès qu’il peut.<br />

Paris a pour devise Fluctuat nec mergitur<br />

(« Il est battu par les flots, mais ne sombre<br />

pas ») ; celle d’Alex, détournée pour l’occasion,<br />

pourrait être : mens Seina in corpore<br />

sano. Un esprit Seine dans un corps sain.<br />

60 THE RED BULLETIN


« Depuis neuf ans que<br />

je nage dans la Seine,<br />

je n’ai jamais eu<br />

le moindre problème<br />

dermatologique ou<br />

gastrique. »<br />

À côté du pont Alexandre-III, notre homme de la Seine fait quelques<br />

longueurs en crawl, sous les feux de la tour Eiffel. Tout le charme de<br />

Paris by night, le risque de se faire attraper par la police en moins !


Entre Bastille et République, une partie du canal est couvert. Et Alex Voyer s’y offre une séance de natation secrète. On a peine à s’imaginer que sous<br />

la voûte superbe, on découvre une eau translucide, avec une visibilité à parfois 10 mètres et une multitude de poissons, carpes et anguilles.<br />

the red bulletin : À vous suivre dans<br />

les canaux et la Seine, on finit par se<br />

demander pourquoi la baignade y est<br />

toujours interdite…<br />

alex voyer : La qualité des eaux de<br />

Paris a très mauvaise réputation. On a<br />

tous beaucoup de préjugés, on pense que<br />

tous les égouts se déversent dans la<br />

Seine, que toutes les industries rejettent<br />

leurs saloperies, alors qu’il s’agit d’une<br />

eau courante, qui traverse la capitale très<br />

rapidement, avec une biodiversité<br />

impressionnante, ne serait-ce qu’au<br />

niveau des poissons : perches, sandres,<br />

brochets, silures… Il y a 25 espèces<br />

répertoriées. Et depuis neuf ans que j’y<br />

nage, je n’ai jamais eu le moindre problème<br />

dermatologique ou gastrique.<br />

Pourtant, j’ai bu très souvent la tasse !<br />

Si c’était si risqué, je ne pense pas qu’il y<br />

aurait une station nautique à la sortie de<br />

Paris (à Sèvres, ndlr), avec beaucoup<br />

d’activités dans ce périmètre. Des tests<br />

quotidiens sont effectués et on sait que la<br />

qualité de l’eau est tout à fait acceptable<br />

pour s’y baigner. D’ailleurs, depuis trois<br />

ans, chaque été, une piscine est ouverte<br />

dans le bassin de la Villette, où tous les<br />

Parisiens peuvent se baigner gratuitement,<br />

et il existe deux compétitions de<br />

natation.<br />

Pourquoi ne pas y autoriser totalement<br />

la baignade alors ?<br />

Pour des raisons de sécurité. Un principe<br />

de précaution mis en place par la mairie<br />

de Paris qui se trouverait inquiétée en<br />

cas d’accidents avec des embarcations,<br />

« En se<br />

baignant toute<br />

l’année, on<br />

s’aperçoit<br />

que l’on peut<br />

tenir cinq ou<br />

dix minutes<br />

dans une eau<br />

à 5 °C. »<br />

62 THE RED BULLETIN


sachant qu’il y a quand même pas mal<br />

de péniches... Et aussi quelques trucs qui<br />

traînent dans l’eau, à commencer par des<br />

Vélib ! Le Canal Saint-Martin a été vidé<br />

il y a deux ans, et on y a vu tout et n’importe<br />

quoi : des scooters, des machines<br />

à laver, des caddies… rouillés pour la<br />

plupart !<br />

Comment avez-vous attrapé le virus<br />

de la nage à Paris ?<br />

En septembre 2011, cela faisait plusieurs<br />

années que je nageais en piscine et mon<br />

club organisait une traversée de Paris en<br />

palmes. On partait de l’Institut du monde<br />

arabe, six kilomètres jusqu’au Pont<br />

d’Iéna. Moi qui connais Paris depuis<br />

vingt ans, j’ai eu une révélation : je flottais<br />

dans une eau assez claire, à 20 °C<br />

« Il y a des<br />

règles de<br />

sécurité à<br />

respecter…<br />

C’est une<br />

baignade<br />

non autorisée<br />

et non<br />

surveillée. »<br />

avec une visibilité à trois mètres, je<br />

voyais le fond sur toute la traversée et je<br />

redécouvrais chaque pont, chaque monument,<br />

sous un nouvel angle. Et cette sensation<br />

d’être bercé, porté par les courants<br />

de la Seine… J’ai voulu reproduire ça, et<br />

surtout faire découvrir à mon tour ces<br />

visions incroyables à d’autres.<br />

Plus précisément, c’est comment de<br />

nager dans Paris ?<br />

Dans les canaux, il y environ 2,50 mètres<br />

de profondeur au milieu. C’est relativement<br />

trouble, car les eaux ont beau être<br />

courantes, elles drainent des alluvions, de<br />

la boue. Mais ce n’est pas de la pollution :<br />

cette turbidité est liée à la nature des<br />

fonds. Depuis trois ans, dans les canaux,<br />

une prolifération d’algues remonte à la<br />

surface. Je ne sais pas pourquoi, si c’est<br />

bon ou pas… Il y a un spot où l’eau est<br />

étonnamment limpide, c’est dans la partie<br />

couverte entre Bastille et République.<br />

J’y ai nagé deux fois 2,5 kilomètres sous<br />

une voûte magnifique. J’y ai vu de grosses<br />

carpes, des anguilles, il y a bien dix<br />

mètres de visibilité.<br />

Vous avez dû en vivre des aventures<br />

en bas de chez vous…<br />

Une de mes anecdotes préférées se<br />

passe en janvier. Il fait super froid, il y a<br />

quatre centimètres de glace sur le canal.<br />

Avec quelques amis, on est en face des<br />

Magasins Généraux à Pantin. J’ai une<br />

batte de base-ball pour briser la glace.<br />

Mais rien ne bouge. Une copine sort alors<br />

une masse et on commence à frapper<br />

pour creuser une tranchée de 25 mètres<br />

de long environ sur 1,50 mètre de large.<br />

Hélas, une péniche arrive et casse tout<br />

ce qu’on est en train de faire. On se<br />

retrouve avec d’énormes plaques de<br />

glace dérivant dans tous les sens. On<br />

tente de les repousser avec tout ce qu’on<br />

trouve, mais ces blocs de plusieurs centaines<br />

de kilos ont une énorme inertie.<br />

À un moment, ces plaques prennent de<br />

la vitesse, et tout à coup, la copine se fait<br />

emporter dans son élan et tombe toute<br />

habillée dans de l’eau à 0 °C. Elle se déshabille,<br />

nage cinq minutes dans l’eau<br />

glacée, après tout, on est là pour ça, elle<br />

remet ensuite ses vêtements mouillés.<br />

J’ai mal pour elle, mais je sais qu’elle<br />

peut rentrer vite se mettre au chaud.<br />

Quelques minutes plus tard, pour les<br />

mêmes raisons, je tombe à l’eau à mon<br />

tour. Sauf que contrairement à elle, j’habite<br />

à 8 km à vélo, soit vingt minutes et<br />

que je dois, une fois la session de nage<br />

passée, renfiler mon caleçon, mes chaussettes<br />

et une serviette, puis rentrer chez<br />

moi. J’arrive chez moi complètement<br />

frigorifié. Et là, l’after drop est atroce.<br />

Qu’est-ce que l’after drop ?<br />

Quand on entre dans de l’eau glacée, le<br />

corps s’habitue au bout de deux ou trois<br />

minutes. Mais au bout de dix minutes,<br />

il nous rappelle que nous ne sommes pas<br />

dans notre élément. Lorsqu’on sort de<br />

l’eau, on est plutôt pas mal pendant cinq<br />

ou six minutes. Dans l’eau froide, tout<br />

le sang afflue au centre du corps pour<br />

alimenter les organes nobles, c’est un<br />

réflexe de survie. Après dix minutes, le<br />

sang va à nouveau alimenter les organes<br />

périphériques, les bras et les jambes, et<br />

là, c’est l’horreur, on ne peut plus parler,<br />

on grelotte, on tremble de partout. Il<br />

n’y a plus qu’à dormir sous la couette<br />

pendant une heure.<br />

Pourquoi cet appétit pour l’eau froide ?<br />

Pour moi, cela fait partie intégrante de<br />

la nage en eau libre. On suit le rythme<br />

des saisons. J’ai découvert cette pratique<br />

en Angleterre. En France, on a beaucoup<br />

de piscines, mais là-bas, ils n’ont pas<br />

cette chance. Ils ont des lits d’eau où ils<br />

se baignent toute l’année, ce sont donc<br />

de très bons nageurs et leur résistance<br />

à l’eau gelée m’a fasciné. Notre corps<br />

s’adapte très bien au froid. En se baignant<br />

tout au long de l’année, on s’aperçoit<br />

que l’on peut tenir cinq ou dix<br />

minutes sans trop de problème dans<br />

de l’eau à 5 °C.<br />

Mais quel est le plaisir ?<br />

C’est un défi personnel, il s’agit de sortir<br />

de sa zone de confort. Aujourd’hui, on<br />

parle beaucoup de cryothérapie, de<br />

THE RED BULLETIN 63


« Se baigner à<br />

Paris, ça doit<br />

rester festif. »<br />

Alex se met à l’eau, mais la Brigade<br />

fluviale passe à ce moment-là. Ce qui<br />

lui vaut des coups de sifflet.


Comment ça se passe, vous avez déjà<br />

terminé au poste ?<br />

Sur la Seine, en général, ils tentent de<br />

nous dissuader, en nous disant : « Il y a<br />

beaucoup de rats, des courants, c’est très<br />

dangereux... » Mais à chaque fois, ça s’est<br />

bien terminé, ils sont plutôt sympas avec<br />

nous… Sur les canaux, ça se passe parfois<br />

un peu moins bien. Au début surtout,<br />

la police était surprise, un peu<br />

agressive, elle flippait, nous demandait<br />

de dégager, disait qu’on était complètement<br />

irresponsables de faire ça, qu’on<br />

allait tomber malades, qu’il fallait aller<br />

aux urgences en sortant. C’était surréaliste<br />

! Depuis trois ans, les baignades se<br />

sont multipliées, surtout dans les<br />

périodes de canicule, grâce un collectif<br />

très actif, le Laboratoire des baignades<br />

urbaines expérimentales. La police a toujours<br />

ordre de nous sortir, mais ils sont<br />

un peu blasés maintenant. Ce n’est plus<br />

quelque chose d’exceptionnel.<br />

Le nageur parisien en maillot de bain ne recule devant rien, surtout pas devant le froid. Jamais il ne porte<br />

de combinaison. Et s’il saute, c’est qu’il connaît le fond !<br />

récupération par le froid. Et je constate<br />

que depuis trois ans, à nager régulièrement<br />

dans de l’eau froide, je n’ai attrapé<br />

aucun rhume. On se sent hyper bien,<br />

indestructible.<br />

Dans le genre exploration urbaine,<br />

vous avez également nagé dans les<br />

catacombes…<br />

J’y suis allé deux fois. Une fois en compagnie<br />

de Francine Kreiss, une apnéiste<br />

renommée. On est rentrés place d’Italie,<br />

par une plaque d’égout. Au bout de deux<br />

ou trois heures de marche, on est arrivés<br />

dans des rues de deux mètres de large<br />

complètement immergées sous l’eau et<br />

on a nagé sur des centaines de mètres,<br />

dans la nuit noire, sous le cœur du XIII e<br />

arrondissement. Magique ! À certains<br />

endroits, il y a des puits qui font cinq ou<br />

six mètres de fond où l’on a fait quelques<br />

apnées insolites. Cette eau des catacombes<br />

ne provient pas du tout des<br />

égouts, mais de l’eau de ruissellement<br />

des nappes phréatiques, filtrée par la<br />

roche calcaire de Paris. Alors, dès qu’on<br />

patauge dedans, cela soulève des sédiments<br />

mais sinon il s’agit d’une eau<br />

translucide. Je n’ai vu aucun rat, il n’y a<br />

pas d’odeur, le silence est incroyable,<br />

l’eau y est à quinze degrés. Mais je<br />

conseille d’y aller avec des cataphiles !<br />

Encourager les Parisiens à se baigner,<br />

c’est prôner une sorte de désobéissance<br />

civile…<br />

Oui, à condition de ne pas faire n’importe<br />

quoi, de ne pas se mettre soi et les<br />

autres en danger. Ça doit rester festif.<br />

Je n’ai jamais pris de plaisir particulier<br />

à faire quelque chose d’illégal. D’autant<br />

plus que cela m’arrive régulièrement de<br />

me faire sortir par la police, en l’occurrence<br />

la Brigade fluviale, et je n’en suis<br />

pas spécialement fier. Réquisitionner des<br />

hommes qui ont autre chose à faire que<br />

de récupérer un crétin comme moi, je ne<br />

trouve pas ça très malin. Heureusement,<br />

cela ne m’est arrivé que deux fois.<br />

« L’aventure<br />

en bas de<br />

chez soi, c’est<br />

possible. »<br />

Y-a-t-il des choses à ne pas faire ?<br />

Il y a quelques règles de sécurité à respecter.<br />

C’est une baignade non autorisée<br />

et non surveillée. On ne peut pas toujours<br />

remonter facilement sur le bord,<br />

donc il faut bien repérer les échelles.<br />

Toujours avoir quelqu’un qui surveille<br />

hors de l’eau, qui puisse alerter les pompiers<br />

en cas de problème. Tout bon<br />

nageur soit-on, il y a un risque d’avoir<br />

une crampe, de faire un malaise… Dans<br />

la Seine, se méfier du courant qui peut<br />

être très fort. Il y a pas mal de déchets<br />

dans le fleuve et les canaux, notamment<br />

des Vélib et des trottinettes, des métaux<br />

rouillés. L’été, je vois des gamins du coin<br />

sauter du pont du parc de la Villette.<br />

C’est dangereux, il ne faut jamais se jeter<br />

ou plonger. Il y a peu de fond, on peut<br />

finir embroché… Il y a aussi une règle<br />

assez importante : en plein été, ne<br />

jamais se baigner après de fortes pluies.<br />

Celles-ci drainent toutes les saletés des<br />

rues de Paris. Elles se déversent alors<br />

dans ses eaux qui tournent.<br />

Pensez-vous qu’on pourra un jour<br />

nager légalement dans la Seine,<br />

comme cela se fait dans d’autres<br />

grands fleuves ailleurs en Europe ?<br />

C’est en effet le cas à Munich où la baignade<br />

est tolérée en été. C’est drôle de<br />

voir toute la ville dans le tramway en slip<br />

de bain. À Bâle en Suisse, dans le Rhin,<br />

plusieurs milliers de personnes se réunissent<br />

l’été sur la rive droite. Sur six<br />

kilomètres, les familles s’amusent sur<br />

des bouées gonflables. Ça se passe aussi<br />

en plein centre, avant et après le boulot,<br />

ils trimbalent leurs affaires dans un sac<br />

étanche. C’est typiquement quelque<br />

chose qu’on pourrait faire dans Paris<br />

en se disant qu’il est possible de partir<br />

à l’aventure en bas de chez soi ! On a un<br />

magnifique terrain de jeu : mon vœu le<br />

plus cher est que les gens se le réapproprient.<br />

Instagram : @alexvoyer_fisheye<br />

THE RED BULLETIN 65


IL ÉTAIT UNE FOIS<br />

À AGUA DULCE<br />

À Hollywood, pour les cascades à cheval, c’est à la FAMILLE GRIFFITH<br />

d’Agua Dulce près de Los Angeles qu’il faut s’adresser. Ce sont<br />

les maîtres incontestés de ces périlleuses acrobaties en selle –<br />

et ce, depuis quatre générations.<br />

Texte HAL ESPEN<br />

Photos JIM KRANTZ


Gattlin, 21 ans, l’aîné des<br />

frères Griffith, en pleine<br />

action : les cascades<br />

équestres, une affaire de<br />

famille qui dure depuis<br />

plus de cent ans.<br />

67


La quatrième génération<br />

d’une dynastie d’écuyersacrobates<br />

: Callder (au<br />

centre), avec ses frères<br />

Gattlin (à g.) et Arrden.<br />

QUICONQUE S’AVENTURE<br />

SUR LE CHEMIN DE<br />

TERRE POUSSIÉREUX<br />

MENANT AU RANCH des<br />

Griffith à Agua Dulce aura tôt fait de se<br />

croire dans une espèce de parc à thème<br />

en plein Far West : une structure de tipi à<br />

droite, une vieille diligence reposant sur<br />

le flanc à gauche. Plus loin, on aperçoit<br />

toute une série d’enclos et de terrains<br />

d’équitation, un camion à chevaux de dix<br />

mètres de long dont la carrosserie argentée<br />

brille au soleil, des semi-remorques<br />

diverses et variées, un camping-car, un<br />

bateau à moteur, des quads, des motocross,<br />

un trampoline et une plateforme en<br />

bois surélevée pour s’exercer aux chutes.<br />

Sur la propriété, on compte également<br />

cinquante chevaux bien entraînés,<br />

dix chèvres, huit ânes, quatre vaches,<br />

quatre chiens et deux chats. Dans le<br />

ranch de couleur brique vivent un poisson<br />

et une joyeuse troupe de Griffith<br />

bien élevés : le père, Tad, de loin l’entraîneur<br />

de cascade équestre le plus novateur<br />

de notre époque, la mère, Wendy,<br />

et leurs quatre fils, Gattlin Tadd, 21 ans,<br />

Callder West, 19 ans, Arrden Hunt,<br />

16 ans, et Garrison Cahill, 10 ans.<br />

Voilà plus de vingt ans que Tad et<br />

Wendy sont venus s’installer ici, alors<br />

qu’elle attendait leur premier enfant.<br />

Aujourd’hui, Agua Dulce, à quelques<br />

kilomètres au nord-est de Los Angeles,<br />

est pour ainsi dire le quartier général des<br />

cascadeurs d’Hollywood. Déjà, parce que<br />

la ville se situe au sein de la légendaire<br />

Thirty Mile Zone qui offre des conditions<br />

avantageuses aux studios de production.<br />

Et ensuite, parce qu’à deux pas de là, se<br />

trouve le parc naturel de Vasquez Rocks<br />

– un véritable paradis de formations<br />

rocheuses caractéristiques, le meilleur<br />

décor de western qui soit après Monument<br />

Valley. Si vous avez une télévision,<br />

il y a peu de chance que vous soyez passé<br />

à côté : la région a servi de toile de fond à<br />

des centaines de films de cowboys et de<br />

séries télé – de Bonanza à <strong>The</strong> American<br />

West –, et c’est ici que les créateurs du<br />

Roi Lion de Disney ont puisé leur inspiration<br />

pour le fameux rocher des lions. À la<br />

table du ranch, face à une imposante étagère<br />

remplie de nombreux trophées, Tad<br />

68 THE RED BULLETIN


Griffith, 56 ans, nous donne de sa voix<br />

puissante et à un rythme effréné un<br />

cours intensif en matière d’affaires familiales<br />

– on a un peu l’impression d’écouter<br />

un podcast en vitesse accélérée.<br />

Depuis Le Masque de Zorro jusqu’à<br />

Fast and Furious en passant par<br />

Wild Wild West, il nous parle de prestations<br />

dans de célèbres blockbusters hollywoodiens,<br />

de ses fils si talentueux qui<br />

se sont déjà fait un nom en tant que cascadeurs<br />

à la télévision ou dans des publicités<br />

et même en tant qu’acteurs. Il<br />

évoque les stars qui se sont succédées ici,<br />

comme Charlize <strong>The</strong>ron, Tobey Maguire<br />

ou encore Keanu Reeves. Il nous révèle la<br />

compétence de base des Griffith : « Notre<br />

objectif, c’est que ça ait l’air facile même<br />

avec les figures les plus extrêmes ». Et<br />

bien entendu, on a aussi droit à un petit<br />

résumé de la rocambolesque histoire de<br />

la famille. La tradition de ces cavaliers en<br />

furie remonte à plus de cent ans, à la fin<br />

du XIX e siècle, à l’époque des arrièregrands-parents<br />

des fils Griffith, originaires<br />

du Dust Bowl d’Oklahoma : clown<br />

de rodéo passionné, Curley Griffith maîtrise<br />

l’art du divertissement par ses multiples<br />

talents – il peut par exemple sauter<br />

d’une voiture (à cheval) en marche pour<br />

atterrir sur un taureau et le mettre à<br />

terre. De son côté, sa femme, Toots, cavalière<br />

aussi fine qu’intrépide, maîtrise la<br />

fameuse figure du Roman Riding (où le<br />

cavalier se tient debout, jambes écartées,<br />

sur le dos de deux chevaux galopant l’un<br />

à côté de l’autre). La cascade équestre<br />

n’est pas une invention purement américaine,<br />

il s’agit plutôt d’un mélange entre<br />

les Wild West Shows et l’art martial des<br />

Retour en images sur une histoire de famille mouvementée : c’est dans les années 1920 que la cascade équestre connaît son apogée.<br />

THE RED BULLETIN 69


« LE CHOIX DU CHEVAL EST<br />

ESSENTIEL. ON NE PEUT<br />

PRENDRE QUE DES ANIMAUX<br />

QUI LE VEULENT VRAIMENT. »


Démonstration d’une<br />

figure à pleine vitesse<br />

avec Arrden, 16 ans.<br />

71


« ON DOIT LÂCHER LES RÊNES,<br />

LITTÉRALEMENT. ON EST LES<br />

SEULS CAVALIERS À FAIRE CELA. »


cosaques russes, dont une troupe fit sensation<br />

lors d’une représentation à l’Exposition<br />

universelle de Chicago en 1893.<br />

C’est dans les années 1920 que la cascade<br />

équestre connaît son apogée – parfait<br />

timing pour le fils de Curley et Toots,<br />

Dick, qui voit le jour en 1913. Dès l’âge<br />

de neuf ans, il remporte le championnat<br />

de cette nouvelle discipline sportive.<br />

L’enfant prodige deviendra une véritable<br />

légende, d’abord en tant que cavalier de<br />

rodéo, puis en tant qu’entraîneur à partir<br />

de 1954. Un peu plus tard, Dick Griffith<br />

épouse Connie Rosenberger, l’une de ses<br />

élèves, une jeune fille menue originaire<br />

du Nebraska, et qui adore les chevaux.<br />

En 1962, leur fils Tad vient au monde.<br />

Tad Griffith raconte que c’est son<br />

père, Dick, qui a révolutionné la<br />

cascade équestre « avec son sens aigu de<br />

la force et de la synchronisation » et qui a<br />

ainsi fait toute la réputation des Griffith.<br />

« On danse avec le cheval, dit-il en<br />

tentant de nous expliquer les processus<br />

complexes de sa discipline, mais c’est lui<br />

qui dirige et qui donne le tempo. » Ce qui<br />

compte avant tout, c’est d’utiliser la force<br />

de l’animal. « Mon père a fait une découverte,<br />

poursuit Tad. Si, au moment de<br />

sauter sur sa monture au grand galop,<br />

le cavalier pense plus à sauter haut qu’à<br />

monter en selle, le cheval l’éjectera aussi<br />

sec. Dans l’idéal, c’est le cheval qui fera<br />

monter de lui-même le cavalier en selle. »<br />

Le choix du cheval est décisif pour les<br />

acrobaties. Tad nous explique qu’il faut<br />

utiliser uniquement des animaux qui le<br />

veulent vraiment. Et pour cause : « On<br />

doit lâcher les rênes, littéralement, et le<br />

cheval doit faire sa part du travail tout<br />

seul. Nous sommes les seuls cavaliers à<br />

laisser un contrôle total au cheval. »<br />

Une scène coordonnée par Tad pour le<br />

film Seabiscuit montre toute l’ampleur du<br />

défi. Un jockey, joué par Tobey Maguire,<br />

tombe d’un cheval qui s’emballe et son<br />

pied reste coincé dans l’étrier. Il est alors<br />

traîné sur plusieurs centaines de mètres<br />

dans d’atroces souffrances. Pour tourner<br />

cette scène, Tad a dû répéter le traînage<br />

des centaines de fois à vitesse lente,<br />

jusqu’à ce qu’il sente que le cheval serait<br />

capable de le refaire à grande vitesse.<br />

Même s’il maîtrise totalement son<br />

sujet, Tad Griffith a gardé son père<br />

comme modèle à suivre – au moins en<br />

matière d’équitation.<br />

C’est plein d’enthousiasme qu’il affirme<br />

aujourd’hui encore que Dick maîtrisait<br />

plus de figures que n’importe quel autre<br />

cavalier avant ou après lui. Sa marque de<br />

fabrique, c’était une acrobatie où il sautait<br />

par- dessus un cabriolet Buick Fireball<br />

44 en faisant le poirier sur deux chevaux.<br />

Mais cette charge de travail constante<br />

n’est pas sans conséquences. Pour pouvoir<br />

continuer ses acrobaties malgré les<br />

douleurs causées par les multiples blessures<br />

aux poignets, aux chevilles et aux<br />

pieds, Dick utilise de l’éther congelé pour<br />

anesthésier les parties touchées.<br />

Et c’est sans plus d’états d’âme qu’il<br />

s’occupe de l’éducation de son fils et de<br />

sa formation pour en faire son successeur.<br />

« J’avais plus peur de mon père que<br />

de la mort, se rappelle Tad. C’était certainement<br />

l’homme le plus dur qui ait existé<br />

– et ça n’a pas été une bonne chose pour<br />

lui non plus. »<br />

Vers la fin de sa vie, raconte Tad,<br />

« mon père avait de fortes convulsions et<br />

des maux de tête violents, conséquence<br />

de tous ces accidents, commotions cérébrales<br />

et chutes. À l’époque, il n’existait<br />

aucun antidouleur efficace. Pour ne plus<br />

souffrir, il buvait ». Dick Griffith est mort<br />

en 1984, à l’âge de 71 ans.<br />

Tad n’a pas voulu reproduire le même<br />

schéma avec ses fils. L’une des raisons à<br />

cela, c’est la passe difficile qu’il connaît<br />

sur le plan professionnel peu avant leur<br />

naissance. Cela commence par la perte<br />

d’un contrat lucratif qui lui garantissait<br />

huit ans de représentations au dîner-<br />

73


La figure du Roman<br />

Riding, où le cavalier<br />

se tient debout sur<br />

deux chevaux – un<br />

numéro que Toots,<br />

l’arrière-grand-mère,<br />

accomplissait déjà<br />

en son temps.<br />

75


« ON DANSE AVEC LE CHEVAL.<br />

MAIS C’EST LUI QUI DIRIGE<br />

ET QUI DONNE LE TEMPO. »<br />

Certaines figures,<br />

comme celle-ci réalisée<br />

par Callder, 18 ans, sont<br />

incroyablement dangereuses.<br />

Un entraînement<br />

intensif et des mesures<br />

de protection ingénieuses<br />

sont indispensables pour<br />

limiter les risques.<br />

77


« IL FAUT UTILISER LA FORCE DU<br />

CHEVAL POUR FAIRE REMONTER<br />

LE CAVALIER EN SELLE. »


La dernière génération<br />

du clan Griffith en pleine<br />

démonstration de<br />

ses talents. L’objectif,<br />

c’est que ça ait l’air facile,<br />

même avec les figures<br />

les plus extrêmes.<br />

79


Quand Gattlin (grande photo) et ses frères font des acrobaties, les lois de la gravité semblent temporairement abolies.<br />

80 THE RED BULLETIN


spectacle médiéval King Arthur’s Tournament<br />

de l’Excalibur Hotel à Las Vegas.<br />

Peu après, un samedi soir d’août 1998,<br />

un événement lui fait brutalement<br />

prendre conscience du véritable danger<br />

de la cascade équestre : sa mère, Connie,<br />

sa partenaire d’équitation pendant trente<br />

ans et « la meilleure écuyère-acrobate à<br />

être jamais montée en selle », est tuée par<br />

son propre cheval lors d’un petit rodéo<br />

dans l’Utah. Elle a seulement 56 ans.<br />

Le patriarche de la<br />

famille, Tad Griffith :<br />

« Le cheval est l’être<br />

vivant le plus noble<br />

qui soit. »<br />

ce moment, la saga familiale<br />

À aurait tout aussi bien pu s’arrêter<br />

là, puisque Tad Griffith a laissé à ses<br />

enfants le choix de suivre ses traces ou<br />

non. « On a pu décider nous-mêmes,<br />

explique Gattlin Griffith, l’aîné. Est-ce<br />

que c’est vraiment ce que je veux ? Ou<br />

bien est-ce que je suis simplement né<br />

là-dedans ? »<br />

Mais le destin fait bien les choses<br />

puisqu’ils le veulent vraiment tous les<br />

quatre. Et c’est ainsi qu’ils réussissent –<br />

sans dressage ni pression – à apprendre<br />

toutes les acrobaties de leur père, la plus<br />

importante, et de loin, étant de rester en<br />

vie. Aujourd’hui, ils sont devenus de très<br />

forts jeunes hommes : Gattlin Tadd étudie<br />

l’anglais à l’université de Californie<br />

(UCLA). Il est le porte-parole des quatre<br />

frères et, avec son visage rond, il a des<br />

airs de Leonardo DiCaprio. Son frère,<br />

Callder West, qui a deux ans de moins<br />

que lui, étudie depuis l’automne au<br />

Santa Monica College, une université<br />

partenaire de UCLA. Arrden Hunt dissimule<br />

ses yeux rêveurs d’adolescent derrière<br />

une mèche de cheveux châtains. Il<br />

est le seul des frères à s’être déjà grièvement<br />

blessé : il s’est cassé la cheville lors<br />

d’une représentation en avril. Et à dix<br />

ans, le benjamin, Garrison Cahill, les yeux<br />

bleus et le visage constellé de taches de<br />

rousseur, a déjà démontré ses talents<br />

d’acteur et de cascadeur dans toute une<br />

série de spots publicitaires spectaculaires.<br />

Plus tard, Gattlin et Callder<br />

démarrent les quads et me font faire le<br />

tour de la vaste propriété, avec ses ruisseaux<br />

et ses grottes, qui ont été le théâtre<br />

de leurs aventures d’enfance. Tout<br />

comme les écuries. Tous deux traitent<br />

leurs chevaux avec une telle douceur que<br />

les animaux semblent être des membres<br />

de la famille à part entière.<br />

Quant à leurs noms, ils sont affectueusement<br />

choisis par toute la famille<br />

au ranch. Et toujours par deux, ce qui<br />

dénote un certain sens de l’humour : Nip<br />

& Tuck, Black & Blue, Jesse & James,<br />

Clash & Titan, Dallas & Cowboy. D’ailleurs,<br />

deux de leurs vaches s’appellent<br />

Ben & Jerry…<br />

Il reste encore quelques chapitres à<br />

écrire dans la saga de la famille Griffith,<br />

selon Gattlin : « Quand j’aurai fini mes<br />

études, je reviendrai à Agua Dulce. Et<br />

je travaillerai avec mon père. Je vois<br />

déjà deux ou trois choses fantastiques<br />

que nous pourrions mettre au point<br />

ensemble ». Et d’ajouter : « Avoir un père<br />

comme lui, ça a été une vraie chance –<br />

avec tout ce qu’il sait, tout ce qu’il nous<br />

a transmis et tout ce qu’il arrive à faire. »<br />

Pour sa lettre de candidature d’entrée<br />

à l’université, Gattlin Griffith a rédigé<br />

une dissertation sur les valeurs de sa<br />

famille. « Chaque famille, a-t-il écrit, a<br />

ses propres codes en matière de liens.<br />

Ce qui rassemble les membres de ma<br />

famille, c’est cette part de danger qui est<br />

présente dans chacune de nos performances.<br />

Et aucune expérience ne rapproche<br />

plus que celle d’avoir tous déjoué<br />

la mort. »<br />

Récompenses aux Taurus World Stunt Awards<br />

pour Fast and Furious et Le Dernier Château.<br />

TAD GRIFFITH A ENTIÈREMENT<br />

LAISSÉ LE CHOIX À SES FILS DE<br />

SUIVRE SES TRACES OU NON.<br />

THE RED BULLETIN 81


COURONS POUR CEUX QUI NE LE PEUVENT PAS<br />

3 MAI <strong>2020</strong><br />

REJOIGNEZ<br />

NOUS<br />

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guide<br />

au programme<br />

SURPRENANT<br />

Vous ne saviez pas ce<br />

que Mario Kart peut<br />

révéler sur votre ego.<br />

PAGE 90<br />

RENVERSANT<br />

Changer les pneus<br />

d’une F1 en apesanteur,<br />

comment ont-ils fait ?<br />

PAGE 92<br />

ÉPATANT<br />

Salsa, tattoos, neige<br />

festive et breakdance :<br />

l’agenda le plus fou.<br />

PAGE 95<br />

KARO PERNEGGER<br />

L’ALBANIE, AUSSI !<br />

Vous ne connaissiez pas<br />

l’Albanie. Un 4×4 au top<br />

est l’un des meilleurs<br />

outils pour la découvrir.<br />

PAGE 84<br />

THE RED BULLETIN 83


Faire.<br />

G U I D E<br />

L’Albanie (au fond, la capitale Tirana) est à explorer hors des sentiers battus. Seul moyen d’accès pour beaucoup de sites.<br />

PARTEZ À L’AVENTURE<br />

L’ALBANIE,<br />

CETTE INCONNUE<br />

Notre reporter bouge rarement en voiture. Nous l’avons<br />

pourtant envoyé pour un périple 4x4 dans les montagnes<br />

sauvages de l’Albanie. Cahoteux, mais de toute beauté.<br />

J’ai bien essayé de respecter<br />

la consigne de garder une<br />

distance de deux longueurs<br />

de voiture avec celle qui précède.<br />

Mais je suis vite relégué, loin derrière<br />

le groupe, sur une piste de<br />

montagne. Devant, je ne vois<br />

qu’un nuage de poussière soulevé<br />

par les autres. Une voix sortie<br />

du talkie-walkie me rappelle à<br />

l’ordre : « Veuillez recoller véhicule<br />

9. » « Oui tout de suite »,<br />

marmonné-je dépassé.<br />

L’Albanie est sans doute l’un<br />

des pays les plus méconnus en<br />

Europe. Durant le long règne<br />

Après la route, le ferry pour l’île de Corfou, en Grèce.<br />

84 THE RED BULLETIN


voyage<br />

CONSEILS VOYAGE<br />

L’OPTION<br />

PASTORALE<br />

L’Albanie, c’est à 2 h 30 de vol de Paris.<br />

Albanie<br />

Tirana<br />

Elbasan<br />

Liberté crasse : la conduite hors route est relativement peu encadrée en Albanie.<br />

Berat<br />

Gjirokastër<br />

Sarandë<br />

KARO PERNEGGER FELIX DIEWALD<br />

Découverte à travers le pare-brise : notre reporter, étonnamment détendu.<br />

du dictateur socialiste Enver<br />

Hoxha, le pays est resté coupé du<br />

monde jusqu’à la chute du communisme.<br />

Notre convoi démarre<br />

de la capitale Tirana en direction<br />

de la côte méditerranéenne au<br />

sud. Un itinéraire de trois jours<br />

sur des pistes dans le relief de<br />

l’arrière- pays.<br />

« Rien ne vaut les pistes sauvages<br />

pour découvrir l’Albanie,<br />

déclare Erald Dervishi de l’agence<br />

Off Limits qui propose des circuits<br />

dans tout le pays. Pour bien des<br />

sites, c’est le seul moyen d’accès.<br />

Quant au bus, n’y pensez pas.<br />

Les gens restent curieux des visiteurs.<br />

» Par ailleurs, la conduite<br />

hors route y est relativement peu<br />

réglementée comparée à d’autres<br />

« Certains passages<br />

suggèrent<br />

qu’ils n’ont jamais<br />

été empruntés tant<br />

ils sont difficiles<br />

et sauvages. »<br />

pays. Si certains des itinéraires<br />

sont mentionnés sur des cartes<br />

en ligne, Dervishi conseille néanmoins<br />

de ne pas s’y aventurer<br />

seul, mais en groupe accompagné<br />

d’un guide local. La praticabilité<br />

des pistes évolue sans cesse dans<br />

AVANT LE DÉPART<br />

Prendre la route à l’aveugle n’est pas une bonne idée.<br />

Mais en suivant ces cinq conseils des experts<br />

en tout-terrain de Škoda, vous serez mieux armés<br />

pour affronter les pistes :<br />

1. INSPECTER<br />

Avant de partir, ayez une bonne idée de la longueur<br />

et de la largeur extérieures de la voiture et repérez les<br />

parties les plus proches du sol. Cela sera utile pour<br />

choisir les bons passages d’obstacles.<br />

2. PLAQUE D’IMMATRICULATION<br />

Avant de braver les pistes, sécurisez la plaque<br />

d’immatriculation ou retirez-la carrément. C’est<br />

souvent la première chose que l’on perd.<br />

3. CONDUITE PERCHÉE<br />

Positionnez le siège à la verticale et le plus haut<br />

possible afin d’avoir une bonne vision du sol.<br />

4. RÉDUIRE LA PRESSION<br />

Sur sol boueux et glissant, une pression pneumatique<br />

réduite améliore l’adhérence.<br />

5. L’ŒIL SUR TOUT<br />

Gardez les roues arrière dans les rétroviseurs.<br />

Vous aurez ainsi un œil sur tous les pneus<br />

et les points de passage.<br />

EXCURSION EN 4×4<br />

Off Limits Albania, Bulevardi Bajram Curri Tiranë AL,<br />

1001 Tirana, Tel : + 355/69/204 04 40. Exemple :<br />

dès 270 € pour trois jours de Tirana à Durrës sur la côte<br />

(itinéraire en montagne par Berat, à travers le canyon<br />

de l’Osum à destination de Gjirokastër au sud et retour),<br />

incluant le 4×4 et les nuitées avec petit-déjeuner.<br />

offlimitsalbania.com<br />

THE RED BULLETIN 85


Faire.<br />

G U I D E<br />

voyage<br />

les montagnes accidentées de l’Albanie.<br />

Et la nature des itinéraires<br />

est un débat sans fin. Certains<br />

passages suggèrent qu’ils n’ont<br />

jamais été empruntés tant ils sont<br />

difficiles et sauvages. Des voitures,<br />

reliques des années 70,<br />

avancent miraculeusement dans<br />

la direction inverse sur ces prétendues<br />

routes et dissipent nos<br />

doutes. C’est que les Albanais<br />

cultivent un style de conduite plutôt<br />

débridé. Cela s’explique peutêtre<br />

par le fait que jusqu’aux<br />

années 1990, le pays ne comptait<br />

que quelques milliers de voitures,<br />

réservées à l’élite du parti,<br />

les autos privées étant alors<br />

interdites.<br />

Nous sommes à bord d’une<br />

Škoda Karoq Scout, un toutterrain<br />

auquel l’automobiliste<br />

ignorant que je suis n’entend<br />

rien. Je n’avais jamais imaginé<br />

conduire un jour cette chose<br />

dans de telles conditions.<br />

Mais la voiture semble à l’aise.<br />

Nous gravissons des marches<br />

« Progressivement,<br />

le conducteur de<br />

tout-terrain en moi<br />

se révèle. Malgré les<br />

roches que je tape<br />

régulièrement. »<br />

Au barrage de Banja : ici, l’énergie est surtout hydraulique.<br />

Cauchemar pour son personnel de nettoyage, Berat est aussi surnommée la « ville aux mille fenêtres ».<br />

rocheuses abruptes, serpentons<br />

le long d’étroits chemins d’éboulis<br />

à travers un paysage montagneux<br />

constituant environ<br />

70 pour cent de la superficie<br />

du pays. À droite, un précipice<br />

vertigineux longe la piste, mieux<br />

vaut ne pas trop y regarder.<br />

D’innombrables bunkers perdus<br />

dans le paysage et vestiges<br />

du passé accompagnent notre<br />

progression. Le despote paranoïaque<br />

Enver Hoxha en a fait<br />

construire plus de 170 000 dans<br />

les années 1970 et 1980 pour<br />

repousser des ennemis qui ne<br />

sont jamais venus. Résultat : le<br />

pays s’isole du reste du monde.<br />

Aujourd’hui, certains agriculteurs<br />

les utilisent comme étables<br />

ou entrepôts à grains.<br />

Nous faisons une petite pause<br />

pour souffler. Les autres journalistes<br />

du convoi me font l’effet<br />

de pilotes de rallye aguerris – la<br />

rudesse du parcours ne semble<br />

avoir aucun effet sur eux. Je<br />

ne peux pas en dire autant de<br />

l’adepte des transports publics et<br />

des trottinettes électriques que<br />

je suis. Je n’ai jamais possédé<br />

de voiture et j’ai décroché mon<br />

permis de conduire au bout de<br />

la deuxième tentative.<br />

Heureusement, mon copilote<br />

est un journaliste automobile<br />

expérimenté. Sur les pistes, ses<br />

conseils font office de cours<br />

intensif sur les bases de la<br />

conduite hors route.<br />

Ma velléité à adopter une<br />

conduite sportive en montagne<br />

n’empêche cependant pas la voiture<br />

de taper régulièrement sur<br />

un rocher. Mais progressivement,<br />

le conducteur tout-terrain en moi<br />

se révèle. Je parviens de mieux<br />

en mieux à anticiper. Les rappels<br />

à l’ordre radio sont de moins en<br />

moins fréquents. Je tiens mieux<br />

la cadence du convoi. Même si<br />

tel un apprenti conducteur, je<br />

regarde toujours anxieusement<br />

par-dessus le capot.<br />

Et soudain, la mer Ionienne<br />

apparaît au détour d’un sommet<br />

avec vue sur l’île grecque de<br />

Corfou. En quittant la piste<br />

empierrée pour une route de<br />

montagne bitumée, j’ai l’impression<br />

de rouler sur un tapis de<br />

velours. L’asphalte ne m’a jamais<br />

semblé aussi appréciable ! Puis<br />

c’est la dernière étape vers le<br />

ferry, là où la route s’arrête.<br />

Réservez votre voyage en Albanie ou<br />

dans un autre pays des Balkans sur :<br />

offlimitsalbania.com<br />

KARO PERNEGGER FELIX DIEWALD<br />

86 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Retrouvez votre prochain numéro le 19 mars avec et le 2 avril avec<br />

dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />

LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL


Faire.<br />

G U I D E<br />

LE RAMEUR<br />

JE T’AIME…<br />

MOI NON PLUS<br />

Le défi majeur : les<br />

séances sont rudes, mais<br />

terriblement efficaces.<br />

S’ENTRAÎNER COMME UN PRO<br />

LA BOXE A FAIT<br />

DE LUI UN<br />

MEILLEUR MARIN<br />

Café au beurre, Dog Show et apnée :<br />

comment le skipper australien Jimmy<br />

Spithill s’entraîne pour dompter le<br />

plus rebelle des bateaux depuis que<br />

la Coupe de l’America existe.<br />

Le monocoque à foils de<br />

type AC 75 de 23 mètres<br />

glisse sur les vagues à<br />

100 km/h. Éviter qu’il ne<br />

s’écrase, chavire ou échappe<br />

à l’équipage n’est pas une<br />

mince affaire. « C’est aussi<br />

stable qu’un vol d’hélicoptère,<br />

plaisante le capitaine Jimmy<br />

Spithill, 40 ans. Et plus vous<br />

poussez le bateau au-delà de<br />

ses limites de stabilité, plus il<br />

accélère. » Ce jeu d’équilibre<br />

entre vitesse et point de rupture<br />

exige tout de l’équipe,<br />

mentalement et physiquement.<br />

Autrefois, un événement<br />

élitiste, la Coupe de<br />

l’America, régate la plus prestigieuse<br />

au monde, est aujourd’hui<br />

un sport aux performances<br />

extrêmes. Jimmy<br />

Spithill, le skipper de l’équipe<br />

« Luna Rossa Prada Pirelli »,<br />

nous révèle comment il s’y<br />

prépare.<br />

Un réveil à 5 heures<br />

du matin<br />

J’aime me lever tôt. Mon<br />

petit- déjeuner se limite à<br />

du café au beurre et huile de<br />

noix de coco, et un shake<br />

d’électrolyte. Puis direction<br />

la salle de gym. Je débute par<br />

un échauffement sur l’ergo-<br />

SMO V/ 3MPG.CH FOR RED BULL CONTENT POOL, CARLO BORLENGHI/<br />

LUNA ROSSA CHALLANGE ALEXANDER MACHECK<br />

88 THE RED BULLETIN


fitness<br />

ERGO À MANIVELLE<br />

LE BON DÉPART<br />

Pour l’échauffement et<br />

le test de forme du lundi.<br />

L’APNÉE<br />

QUESTION DE<br />

SURVIE<br />

Si vous passiez<br />

par-dessus bord en<br />

étant déjà essouflé.<br />

d’essoufflement.<br />

de la disponibilité du bateau.<br />

Telle une Formule 1, nos ingénieurs<br />

l’optimisent en permanence.<br />

Je complète ce programme<br />

standard avec une<br />

séance de CrossFit de 20 minutes<br />

quasi quotidienne. Mon<br />

exercice préféré est le saut à<br />

la corde enrichi de contraintes<br />

empruntées à la boxe, par<br />

exemple deux tours de corde<br />

par saut. Les Burpees sont<br />

l’exercice le plus efficace –<br />

enchaînement de pompes<br />

et de sauts en extension. Au<br />

lycée, je pratiquais la boxe,<br />

une discipline précieuse pour<br />

les régates. Tout comme la<br />

boxe, la navigation s’apparente<br />

au jeu d’échecs où gagner<br />

exige tactiquement de<br />

réagir vite et garder toujours<br />

deux coups d’avance.<br />

Thérapie par le chaud<br />

et le froid<br />

Je dois cette découverte à<br />

mon ami et surfeur de grosses<br />

vagues Laird Hamilton. Plusieurs<br />

fois par semaine, j’effectue<br />

25 minutes de sauna<br />

suivies de trois minutes dans<br />

une piscine d’eau glacée. La<br />

réaction du corps au choc est<br />

« Le tournant<br />

a été le<br />

changement<br />

d’alimentation. »<br />

incroyable. Douleurs et tensions<br />

disparaissent instantanément<br />

et vous vous sentez<br />

revigoré. Mais le tournant de<br />

ma vie a été mon changement<br />

de régime alimentaire. Je<br />

souffrais d’une inflammation<br />

aux avant-bras traitée par<br />

mon ami Dr Robert Bray Jr<br />

pendant des années. Un jour,<br />

il me dit : « Jimmy, je vais te<br />

soigner le restant de ta vie si<br />

nous ne trouvons pas ce qui<br />

cloche chez toi. » Une analyse<br />

de sang exhaustive révèle des<br />

allergies à certains aliments.<br />

J’adapte alors mon régime<br />

alimentaire d’où le gluten est<br />

banni et me nourris uniquement<br />

d’aliments bios et pratique<br />

régulièrement le jeûne.<br />

Depuis, les inflammations ont<br />

disparu. J’ai rajeuni de dix<br />

ans et la récupération entre<br />

les séances d’entraînement<br />

est bien plus rapide.<br />

lunarossachallenge.com<br />

mètre à manivelle et l’ergo vélo<br />

et des étirements. Le lundi,<br />

nous enchaînons avec 45 minutes<br />

d’ergo à manivelle avec<br />

montée en charge jusqu’à<br />

épuisement total. Le mardi<br />

est consacré au renforcement,<br />

squats et hip thrusts (levée<br />

des hanches avec appui sur le<br />

dos) par exemple avec usage<br />

de poids. Mercredi, c’est jour<br />

de piscine. 60 minutes de natation<br />

qui ménagent les articulations,<br />

mais intensifient<br />

le cardio, d’autant plus que<br />

des apnées y sont incorporées<br />

pour parer à d’éventuelles<br />

chutes par-dessus bord à<br />

l’entraînement ou en course.<br />

Jeudi, séance de yoga, cette<br />

discipline que je n’aimais pas<br />

jeune est géniale pour la souplesse<br />

et la récupération. Le<br />

vendredi, nous avons le « Dog<br />

Show » : circuits de course à<br />

pied comparables à ceux des<br />

dressages de chien – slalom<br />

entre les plots et passage<br />

d’obstacles divers – très efficace.<br />

Le tout est agrémenté<br />

de jogging, d’alpinisme et de<br />

montées d’escaliers. Tout est<br />

bon si c’est au grand air.<br />

De plus, nous sortons en<br />

mer le plus souvent possible.<br />

Cela dépend de la météo et<br />

ENGIN DE COURSE<br />

VOGUE L’AC 75<br />

Les World Series de<br />

la Coupe de l’America<br />

débutent le 23 avril<br />

<strong>2020</strong> à Cagliari, en<br />

Sardaigne.<br />

THE RED BULLETIN 89


Faire.<br />

G U I D E<br />

gaming<br />

Mon perso, c’est moi :<br />

votre avatar dans Mario<br />

Kart en dit beaucoup<br />

sur votre personnalité.<br />

LES POWER-UP SONT DES TOTEMS<br />

Les power-up pourraient-ils avoir une<br />

signification plus profonde, au-delà du<br />

simple artefact lié au jeu ? Banane égal<br />

malchance ; carapace rouge, malveillance<br />

; super étoile, confiance ? Voici<br />

la philosophie du producteur de Mario<br />

Kart 8, Kosuke Yabuki, au sujet de la<br />

carapace bleue ailée qui ne s’en prend<br />

qu’au pilote en tête : « Parfois, la vie est<br />

injuste et c’est frustrant, déclarait-il<br />

en 2017. Quand on a essayé le jeu sans<br />

la carapace bleue, il manquait quelque<br />

chose. »<br />

MARIO KART ZEN<br />

LE CIRCUIT DE LA VIE<br />

Jouer à Mario Kart pourrait faire de vous un meilleur conducteur.<br />

Ainsi qu’une meilleure personne… C’est Jamie qui le dit.<br />

Dans l’élaboration d’un<br />

nouveau jeu, Shigeru<br />

Miyamoto de Nintendo,<br />

créateur de séries légendaires<br />

comme Mario et <strong>The</strong> Legend of<br />

Zelda veille à respecter une philosophie<br />

connue dans son Japon<br />

natal sous le nom de kyokan,<br />

c’est-à-dire une expérience empathique<br />

entre le concepteur et<br />

le joueur qui pourrait se traduire<br />

par « ne faire qu’un ». « Tant<br />

que j’apprécie quelque chose,<br />

d’autres peuvent aussi l’apprécier<br />

», explique-t-il. Lorsque<br />

Miyamoto crée Super Mario Kart<br />

pour la Super NES en 1992, le<br />

kyokan était fort. Souvent copié,<br />

mais jamais égalé (voir Crash<br />

Team Racing ou Garfield Kart),<br />

la série des Mario Kart est restée<br />

l’un des jeux les plus populaires<br />

au cours des trois décennies qui<br />

ont suivi sa conception avec le<br />

dernier épisode, Mario Kart<br />

Tour, sur mobile. Qu’est-ce qui<br />

explique son puissant écho chez<br />

les joueurs ? Jamie Madigan,<br />

psychologue du jeu vidéo, a sa<br />

petite idée sur le sujet...<br />

FICHE<br />

EXPERT<br />

JAMIE<br />

MADIGAN<br />

PSYCHOLOGUE DE JEU<br />

L’auteur de Getting<br />

Gamers: <strong>The</strong> Psychology<br />

of Video Games and<br />

<strong>The</strong>ir Impact on <strong>The</strong><br />

People Who Play <strong>The</strong>m<br />

(trad. Comprendre les<br />

gamers : la psychologie<br />

des jeux vidéo et leur<br />

impact sur les joueurs)<br />

propose une série de<br />

podcasts et un blog qui<br />

étudient les motifs<br />

déterminant le comportement<br />

des joueurs<br />

et les raisons pour<br />

lesquelles les jeux<br />

sont créés.<br />

FORGER LE CARACTÈRE<br />

Qu’est-ce que votre avatar sur Mario<br />

Kart révèle de vous ? Dans un article<br />

de 2016 dans l’hebdo de Portland,<br />

Willamette Week, la thérapeute et<br />

professeure de psychologie Dr Karen<br />

Chenier affirme que les joueurs choisissent<br />

les persos auxquels ils s’identifient<br />

: Luigi est timide et névrosé,<br />

Bowser un narcissique. Miyamoto a dit<br />

qu’il considère Mario comme un « héros<br />

ouvrier ». Pour Madigan, c’est simple :<br />

« Les gens choisissent probablement<br />

le personnage qui offre l’engin qu’ils<br />

veulent ou celui dont le design est le<br />

plus attrayant. »<br />

Mario Kart, c’est la vie ! Ce jeu est-il<br />

capable d’améliorer votre quotidien ?<br />

BOOST D’OPTIMISME<br />

Les bons jeux encouragent les joueurs<br />

à persévérer en donnant l’impression<br />

qu’ils ont toujours une chance. Sur<br />

Mario Kart, ce système d’incitation<br />

s’appelle le rubber-banding. Les<br />

power-up sont progressifs : accélérations<br />

pour les joueurs à l’arrière,<br />

armes pour ceux au milieu, etc. « Un<br />

jeu comme Mario Kart encourage le<br />

sentiment de compétence et de maîtrise,<br />

dit Jamie. Le rubber- banding<br />

assure que la victoire, du moins l’amélioration,<br />

est à portée de la main. »<br />

HABILETÉS MOTRICES AMÉLIORÉES<br />

Peut-être même, carrément, la capacité<br />

de conduite. En 2016, des chercheurs<br />

universitaires de Shanghai et de Hong<br />

Kong ont soumis des joueurs à des<br />

séances de Mario Kart et de Roller-<br />

Coaster Tycoon (un jeu de création de<br />

parc d’attractions) et ont constaté<br />

que le premier groupe démontrait une<br />

« meilleure motricité visuelle ». Madigan<br />

est prudent : « Jouer à Mario Kart pourrait<br />

vous aider sur un simulateur de<br />

conduite, mais il n’est pas établi que<br />

le jeu améliore la capacité à conduire<br />

une véritable voiture. »<br />

AVEC MARIO, TOUT EST GÉNIAL<br />

Une étude de l’Université du Queensland<br />

a révélé que les participants<br />

forcés de passer des tests de maths<br />

jusqu’à ce qu’ils échouent, suivis de<br />

deux rondes de Mario Kart, ont démontré<br />

des niveaux de stress comparativement<br />

plus faibles et un bonheur accru<br />

après celles-ci, davantage même<br />

que s’ils avaient remporté la course.<br />

« Toute activité agréable peut réduire<br />

le stress et améliorer l’humeur, mais<br />

les jeux vidéo ont un avantage car ils<br />

procurent une sensation de progression,<br />

de maîtrise et de contrôle, dit<br />

Madigan. Ils satisfont des besoins<br />

psychologiques de base que d’autres<br />

aspects de la vie ne satisfont pas. »<br />

NINTENDO TOM GUISE<br />

90 THE RED BULLETIN


Avoir.<br />

montres<br />

SPORT D’EAU<br />

LA<br />

NOUVELLE<br />

VAGUE<br />

L’horlogerie suisse fait une<br />

incursion remarquée dans<br />

l’univers du surf. Présentation<br />

de trois alliées des mers, pour<br />

garder la mesure du temps et<br />

rester en haut de la vague.<br />

Le point d’impact<br />

Ulysse Nardin<br />

Ulysse Nardin a imaginé la Diver<br />

Deep Dive en partenariat avec<br />

l’association américaine One<br />

More Wave qui aide d’anciens<br />

combattants à travers des<br />

thérapies par le surf. Limité à<br />

100 unités, le garde-temps est<br />

doté d’un boîtier de 46 mm en<br />

titane DLC noir étanche jusqu’à<br />

1 000 m, d’une couronne vissée,<br />

d’une valve à hélium et d’un<br />

mouvement interne à remontage<br />

automatique (Cal. UN-320).<br />

La pratique actuelle<br />

du surf remonte<br />

aux années 50 et<br />

à son adoption par<br />

l’Amérique. Depuis,<br />

ce sport a séduit<br />

l’Europe et bien<br />

d’autres régions<br />

de la planète, tant<br />

et si bien que la<br />

discipline figurera<br />

au programme des<br />

Jeux olympiques<br />

de Tokyo <strong>2020</strong>,<br />

une première.<br />

RICHARD HALLMAN, TAG HEUER, ULYSSE NARDIN ROGER RUEGGER<br />

L’Homme<br />

TAG Heuer Aquaracer<br />

Le surfeur polyvalent Kai Lenny<br />

(un as du big wave, du stand-up<br />

paddle et du kitesurf) se fie aux<br />

montres TAG Heuer depuis des années<br />

déjà. L’Aquaracer est étanche<br />

à 300 m et embarque dans son<br />

boîtier en acier inoxydable de 43 mm<br />

un mouvement mécanique à remontage<br />

automatique (Cal. 5). Sa lunette<br />

tournante unidirectionnelle est très<br />

utile sous l’eau. Le modèle ci-contre<br />

arbore une lunette en céramique<br />

antirayure, et un boîtier et un bracelet<br />

en acier inoxydable.<br />

Vague claire<br />

Breitling Superocean<br />

Dernière-née de la collaboration<br />

entre Breitling et Kelly Slater,<br />

la Superocean Automatic 44<br />

Outerknown se distingue par<br />

son cadran vert et son bracelet<br />

NATO à base de fil ECONYL®,<br />

issu de résidus de nylon récupérés<br />

des océans, des filets de pêche<br />

notamment. La montre est étanche<br />

jusqu’à 1 000 m et son boîtier<br />

en acier inoxydable cache un<br />

mouvement mécanique à<br />

remontage automatique<br />

(Breitling Cal. 17).<br />

THE RED BULLETIN 91


Faire.<br />

G U I D E<br />

ZÉRO G POUR...<br />

LE PIT<br />

STOP<br />

LE PLUS<br />

DINGUE<br />

Changer une roue dans<br />

un environnement sans<br />

gravitation. Une idée<br />

pas si folle, en vrai...<br />

À l’occasion du Grand Prix de<br />

F1 du Brésil en novembre dernier,<br />

<strong>Red</strong> Bull Racing a établi<br />

un nouveau record d’arrêt<br />

au stand : 1,82 seconde. La<br />

performance de l’équipe est<br />

incroyable, mais pas autant<br />

que son pit stop en conditions<br />

d’apesanteur. Pour ce faire,<br />

l’équipe a suivi une formation<br />

au centre de cosmonautes<br />

russes Youri Gagarine, à bord<br />

d’un Ilyushin II-76MDK, surnommé<br />

la « Vomit Comet ».<br />

La technique de vol appelée<br />

arc parabolique est relativement<br />

simple (voir ci-contre).<br />

L’avion s’élève à 45 °, puis<br />

réduit sa vitesse et entre<br />

dans une trajectoire balistique<br />

au cours de laquelle il<br />

est en chute libre, créant<br />

l’apesanteur, avant d’entamer<br />

sa descente. L’équipage effectue<br />

sept vols d’acclimatation<br />

afin de réapprendre les gestes<br />

du stand en situation de<br />

gravité zéro que nul n’avait<br />

expérimentée auparavant.<br />

Réinventer le changement de roue : l’équipe des stands <strong>Red</strong> Bull Racing évolue dans un autre monde.<br />

GRAVITÉ DE LA SITUATION<br />

Au Centre de recherche et<br />

d’essai des cosmonautes<br />

Youri Gagarine, à la Cité des<br />

étoiles, située à 25 km au<br />

nord-est de Moscou ( Russie),<br />

on ne vous installera pas au<br />

volant d’une F1 mais vous<br />

pourrez faire l’expérience<br />

de l’apesanteur.<br />

zerogravitytour.com<br />

Ascension<br />

« En montant dans l’avion,<br />

impossible d’imaginer ressentir<br />

une hypergravité avoisinant 2 g<br />

— deux fois votre poids normal<br />

— et la sensation d’être cloué<br />

au sol, explique le mécanicien<br />

Paul “Harry” Knight à propos<br />

du premier vol. Nos jambes ne<br />

nous appartenaient plus, on<br />

s’est effondré au sol. »<br />

Perte d’orientation<br />

« J’ai eu un malaise qui ne venait<br />

pas de l’estomac, mais de l’immense<br />

pression à la tête. J’ai<br />

bien cru qu’elle allait exploser,<br />

confie Mark “Wincey” Willis,<br />

coordinateur de l’équipe. Les<br />

deux ou trois premiers vols,<br />

mon cerveau était à l’arrêt.<br />

J’étais incapable de visser<br />

un écrou. »<br />

Apprendre à voler<br />

« À bord, on n’entend pas d’annonce<br />

pour le passage imminent<br />

en 0 g, mais juste la voix du chef<br />

de soute, en russe, explique le<br />

mécanicien en chef Joe “ Robbo”<br />

Robinson. On ne se met pas à<br />

flotter pas sous l’effet d’une<br />

éjection, mais simplement parce<br />

que les pieds se soulèvent<br />

doucement. »<br />

DENIS KLERO/RED BULL CONTENT POOL<br />

MATT YOUSON HILLIARD DESIGN<br />

92 THE RED BULLETIN


pit stop en apesanteur<br />

ILYUSHIN II-76MDK<br />

AVION-ÉCOLE POUR COSMONAUTES<br />

F1 RED BULL<br />

16 10<br />

PERSONNES<br />

DANS LE TEAM<br />

PIT STOP<br />

RED BULL<br />

PERSONNES<br />

POUR LA PRISE<br />

DE VUE<br />

SCHÉMA D’ÉQUIPE<br />

Dès que l’avion entre en apesanteur, l’équipage<br />

doit s’attacher avant de passer à l’action.<br />

9 000 M<br />

ASCENSION À 45 ˚<br />

22 SECONDES<br />

À ZÉRO G<br />

PIQUÉ À 45 ˚<br />

1,8 G ZERO G 1,8 G<br />

TEMPS DE MANŒUVRE EN SECONDES<br />

0 20 45 65<br />

Le temps est compté<br />

« Quand tout commence à flotter,<br />

nous libérons la voiture pour<br />

la manœuvre, les caméras ont<br />

15 sec pour filmer puis nous stabilisons<br />

la F1 et nous attachons<br />

les roues, détaille M. Knight. Le<br />

laps de temps entre deux apesanteurs<br />

sert à inspecter les<br />

dommages éventuels. » (Chaque<br />

vol enchaîne 10 à 15 paraboles.)<br />

Fais tourner...<br />

« Dès que vous vous mettez<br />

à utiliser le pistolet, vous êtes<br />

propulsé en arrière. Retirer la<br />

roue de la voiture entraîne inévitablement<br />

le corps dans un<br />

tourbillon », explique M. Willis.<br />

Et Robinson d’ajouter : « Les<br />

pieds étant fixés au sol, vous<br />

n’avez que les chevilles pour<br />

vous orienter. »<br />

Adapter ses gestes<br />

« À 0 g, vous pensez et agissez<br />

différemment, poursuit M. Willis.<br />

Nous avons dû faire pivoter la<br />

voiture à 360 ° et la retourner<br />

manuellement en l’air. Une<br />

manœuvre risquée, car nous<br />

n’étions pas sûrs d’avoir assez<br />

de temps pour y parvenir, et<br />

d’éviter que la voiture atterrisse<br />

à l’envers. »<br />

Reprendre pied<br />

« Mieux vaut éviter d’avoir la voiture<br />

(ou vous-même) à 50 cm<br />

du sol en sortie d’apesanteur,<br />

conseille M. Robinson. Un des<br />

gars a endommagé l’aileron<br />

avant en y atterrissant la tête la<br />

première. À l’atelier, ils se sont<br />

bien marrés quand on leur a dit<br />

que les dégâts venaient du coup<br />

de tête d’un cosmonaute. »<br />

THE RED BULLETIN 93


G U I D E<br />

Voir.<br />

février - mars<br />

EN PISTE !<br />

Ouvrez la lucarne de<br />

votre salon directement<br />

sur un snowpark<br />

nord-américain, sur<br />

les routes du Mexique<br />

et sur la chaîne du<br />

froid canadienne : les<br />

temps forts de <strong>Red</strong><br />

Bull TV ce mois-ci.<br />

REGARDEZ<br />

RED BULL TV<br />

PARTOUT<br />

<strong>Red</strong> Bull TV est une chaîne de<br />

télévision connectée : où que<br />

vous soyez dans le monde,<br />

vous pouvez avoir accès aux<br />

programmes, en direct ou en<br />

différé. Le plein de contenus<br />

originaux, forts et créatifs.<br />

Vivez l’expérience sur redbull.tv<br />

12<br />

au 15 mars EN DIRECT<br />

RALLYE DU MEXIQUE<br />

Pleins gaz sur le gravier, telle est la devise des meilleurs<br />

pilotes de rallye lors de la troisième étape du<br />

Championnat du monde des rallyes dans les hauts<br />

plateaux mexicains. Autre point fort : les routes<br />

sinueuses mènent à une altitude de 2 700 mètres.<br />

22<br />

février EN DIRECT<br />

RED BULL ICE CROSS<br />

Pas de pitié pour les patins à Québec (Canada). Prenez<br />

quatre athlètes coriaces, chaussez-les, placezles<br />

sur une piste de glace étroite et sifflez le départ.<br />

Vous obtiendrez une série de bleus sous les maillots,<br />

et des coureurs et des spectateurs en liesse.<br />

Vue aérienne sur Vail :<br />

Miyabi Onitsuka, 3 e en<br />

slopestyle en 2019.<br />

26<br />

au 29 février<br />

EN DIRECT<br />

BURTON<br />

US OPEN<br />

Ce rendez-vous de snowboard à<br />

Golden Peak, dans la station de<br />

de Vail (Colorado), ouvre la saison<br />

du circuit de compétition et sera<br />

l’occasion d’assister à de nouvelles<br />

prouesses techniques. Des<br />

athlètes d’exception viennent<br />

faire leurs preuves dans leur discipline<br />

de prédilection, halfpipe<br />

ou slopestyle. Suivez les demifinales<br />

et les finales Dames et<br />

Hommes, avec <strong>Red</strong> Bull TV.<br />

AARON BLATT/RED BULL CONTENT POOL, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, MARK ROE/RED BULL CONTENT POOL<br />

94 THE RED BULLETIN


Faire.<br />

7mars<br />

<strong>Red</strong> Bull<br />

Tout Schuss<br />

Au <strong>Red</strong> Bull Tout Schuss, on<br />

vient comme on est, gars ou fille,<br />

avec ses skis, son snow, une<br />

grosse motivation pour se jeter<br />

sur une descente d’enfer<br />

jusqu’au pied des pistes, et une<br />

motivation encore plus grosse<br />

pour brûler le dancefloor jusqu’à<br />

l’aube durant la soirée après-ski<br />

(gratuite et ouverte à tous).<br />

Les Orres ;<br />

redbull.com/toutschuss<br />

février au 1 er mars<br />

International Salsa<br />

Shines Contest<br />

En deux éditions, l’International Salsa Shines<br />

Contest s’est imposé commme LE rendez-vous<br />

majeur des amoureux de la salsa en France. L’an<br />

dernier, plusieurs milliers de participants s’y sont<br />

précipités pour admirer les performances de<br />

150 compétiteurs. Organisé sur trois jours cette<br />

année, l’événement proposera des workshops,<br />

compétitions et soirées. En présence de stars de<br />

la scène salsa internationale, comme les couples<br />

Bersy et Rodrigo ou Tania et Charlie, et d’autres autorités<br />

venues de l’île Maurice, de Croatie, de Cuba<br />

ou encore du Sénégal. Envie de danser ? Vous pourrez<br />

vous aussi vous lancer sur la piste, avec une<br />

soirée chaque jour, jusqu’à 5 heures du matin.<br />

Nanterre, espace Chevreul ;<br />

internationalsalsashinescontest.com<br />

28<br />

février - mars<br />

ANTHONY DUBOIS<br />

12<br />

mars<br />

L’effet<br />

Dandyguel<br />

MC est le terme qui lui va comme<br />

un gant ! Rappeur, ambianceur,<br />

host, présentateur des plus gros<br />

événements urbains en France,<br />

Dandyguel excelle dans chacun<br />

de ces domaines ! Pour célébrer<br />

son nouvel album, Histoires<br />

vraies, sorti en février, sous le<br />

signe du partage et de l’authenticité,<br />

il enflammera la scène du<br />

FGO-Barbara dans le quartier<br />

de Barbès. Bon temps assuré,<br />

et jeune audience bienvenue.<br />

Paris, FGO-Barbara ;<br />

dandyguel.com<br />

13<br />

20 au 15 mars<br />

au 22 mars<br />

<strong>Red</strong> Bull<br />

BC One Camp<br />

Break en force à Lyon, avec des<br />

battles (hommes, femmes et<br />

crews) et workshops, et le bouillant<br />

Cypher qui désignera le<br />

b-boy et la b-girl envoyés en<br />

finale mondiale du <strong>Red</strong> Bull BC<br />

One en Pologne en novembre.<br />

Au H7, le danseur Lilou sera<br />

bien sûr de la partie, comme<br />

Zeguerre, en place pour un<br />

showcase exclusif.<br />

Lyon, H7 ;<br />

redbullbcone.com<br />

ENCROYABLE !<br />

Le Mondial du Tatouage fête sa dixième édition. Cet événement dédié aux peaux<br />

encrées (le plus visité de la planète) offre une immersion dans le vaste monde<br />

du tatouage : on y viendra en curieux ou spécialiste, pour voir des tatoueurs de<br />

renom à l’œuvre, se faire tatouer à son tour, ou découvrir les artistes qui seront<br />

récompensés par 24 prix dans 8 catégories. Au Mondial du Tatouage, il y aura<br />

aussi des foodtrucks, du matos pro, des bouquins, et des concerts, avec<br />

notamment Perturbator et Nosfell. Tatoué(e) ou pas, vous y serez chez vous !<br />

Paris, Grande halle de la Villette ; mondialdutatouage.com<br />

THE RED BULLETIN 95


MENTIONS LÉGALES<br />

THE RED<br />

BULLETIN<br />

WORLDWIDE<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans six pays.<br />

Vous voyez ici la une<br />

de l’édition allemande,<br />

mettant en lumière la<br />

patineuse de vitesse<br />

Anna Seidel.<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />

part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />

SO PRESS n’est pas responsable des textes,<br />

photos, illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

Rédacteur en chef<br />

Alexander Macheck<br />

Rédacteurs en chef adjoints<br />

Andreas Rottenschlager, Nina Treml<br />

Directeur créatif<br />

Erik Turek<br />

Directeurs artistiques<br />

Kasimir Reimann (DC adjoint),<br />

Miles English, Tara Thompson<br />

Directeur photos<br />

Eva Kerschbaum<br />

Directeurs photos adjoints<br />

Marion Batty, Rudi Übelhör<br />

Responsable des infos et du texte<br />

Andreas Wollinger<br />

Responsable de la production<br />

Marion Lukas-Wildmann<br />

Managing Editor<br />

Ulrich Corazza<br />

Maquette<br />

Marion Bernert-Thomann, Martina de<br />

Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz<br />

Booking photos<br />

Susie Forman, Ellen Haas, Tahira Mirza<br />

Directeur commercial & Publishing Management<br />

Stefan Ebner<br />

Directeur des ventes médias et partenariats<br />

Lukas Scharmbacher<br />

Publishing Management<br />

Sara Varming (Dir.), Ivona Glibusic, Bernhard<br />

Schmied, Melissa Stutz, Mia Wienerberger<br />

Marketing B2B & Communication<br />

Katrin Sigl (Dir.), Agnes Hager, Teresa Kronreif,<br />

Stefan Portenkirchner<br />

Directeur créatif global<br />

Markus Kietreiber<br />

Co- Publishing<br />

Susanne Degn-Pfleger & Elisabeth Staber (Dir.),<br />

Mathias Blaha, Raffael Fritz, Marlene Hinterleitner,<br />

Valentina Pierer, Mariella Reithoffer, Verena<br />

Schörkhuber, Sara Wonka, Julia Bianca Zmek,<br />

Edith Zöchling-Marchart<br />

Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha<br />

Bunch, Simone Fischer, Martina Maier, Florian Solly<br />

Emplacements publicitaires<br />

Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />

Production Walter O. Sádaba, Friedrich Indich,<br />

Sabine Wessig<br />

Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.),<br />

Claudia Heis, Nenad Isailovi c, ̀<br />

Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher<br />

Fabrication Veronika Felder<br />

MIT Michael Thaler, Christoph Kocsisek<br />

Opérations Alexander Peham, Yvonne Tremmel<br />

Assistante du Management général<br />

Patricia Höreth<br />

Abonnements et distribution Peter Schiffer<br />

(Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser<br />

(Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements)<br />

Siège de la rédaction<br />

Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />

Téléphone +43 (0)1 90221-28800,<br />

Fax +43 (0)1 90221-28809<br />

Web redbulletin.com<br />

Direction générale<br />

<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />

Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15,<br />

5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i,<br />

Landesgericht Salzburg, ATU63611700<br />

Directeur de la publication<br />

Andreas Kornhofer<br />

Directeurs généraux<br />

Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier,<br />

Dietmar Otti, Christopher Reindl<br />

THE RED BULLETIN<br />

France, ISSN 2225-4722<br />

Country Editor<br />

Pierre-Henri Camy<br />

Country Coordinator<br />

Christine Vitel<br />

Country Project Management<br />

Alessandra Ballabeni,<br />

alessandra.ballabeni@redbull.com<br />

Contributions,<br />

traductions, révision<br />

Lucie Donzé, Fred & Susanne Fortas,<br />

Suzanne Kříženecký, Audrey Plaza,<br />

Claire Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />

Gwendolyn de Vries<br />

Abonnements<br />

Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />

getredbulletin.com<br />

Siège de la rédaction<br />

29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />

+33 (0)1 40 13 57 00<br />

Impression<br />

Quad/Graphics Europe Sp. z o.o.,<br />

Pułtuska 120, 07-200 Wyszków,<br />

Pologne<br />

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PROFIL<br />

134 bis rue du Point du jour<br />

92100 Boulogne<br />

+33 (0)1 46 94 84 24<br />

Thierry Rémond,<br />

tremond@profil-1830.com<br />

Elisabeth Sirand-Girouard,<br />

egirouard@profil-1830.com<br />

Edouard Fourès<br />

efoures@profil-1830.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Allemagne, ISSN 2079-4258<br />

Country Editor<br />

David Mayer<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Natascha Djodat<br />

Publicité<br />

Matej Anusic,<br />

matej.anusic@redbull.com<br />

Thomas Keihl,<br />

thomas.keihl@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Autriche, ISSN 1995-8838<br />

Country Editor<br />

Christian Eberle-Abasolo<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Publishing Management<br />

Bernhard Schmied<br />

Sales Management <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

Alfred Vrej Minassian (Dir.),<br />

Thomas Hutterer, Stefanie Krallinger<br />

Publicité<br />

anzeigen@at.redbulletin.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

Country Editor<br />

Tom Guise<br />

Rédacteur associé<br />

Lou Boyd<br />

Rédacteur musical<br />

Florian Obkircher<br />

Directeur Secrétariat de rédaction<br />

Davydd Chong<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Nick Mee<br />

Publishing Manager<br />

Ollie Stretton<br />

Publicité<br />

Mark Bishop,<br />

mark.bishop@redbull.com<br />

Fabienne Peters,<br />

fabienne.peters@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Suisse, ISSN 2308-5886<br />

Country Editor<br />

Nina Treml, Wolfgang Wieser<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Meike Koch<br />

Publicité<br />

Marcel Bannwart (D-CH),<br />

marcel.bannwart@redbull.com<br />

Christian Bürgi (W-CH),<br />

christian.buergi@redbull.com<br />

Goldbach Publishing<br />

Marco Nicoli,<br />

marco.nicoli@goldbach.com<br />

THE RED BULLETIN USA,<br />

ISSN 2308-586X<br />

Rédacteur en chef<br />

Peter Flax<br />

Rédactrice adjointe<br />

Nora O’Donnell<br />

Éditeur en chef<br />

David Caplan<br />

Directrice de publication<br />

Cheryl Angelheart<br />

Country Project Management<br />

Laureen O’Brien<br />

Publicité<br />

Todd Peters,<br />

todd.peters@redbull.com<br />

Dave Szych,<br />

dave.szych@redbull.com<br />

Tanya Foster,<br />

tanya.foster@redbull.com<br />

96 THE RED BULLETIN


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Pour finir en beauté.<br />

La voie des bâtisseurs<br />

Derrière lui, des pyramides séculaires, sous lui, le vide. À l’occasion de sa nouvelle<br />

vidéo de parkour, l’athlète australien Dominic Di Tommaso a choisi l’Égypte,<br />

ses tombeaux mystérieux, le Nil et la citadelle de Saladin comme terrain de jeu,<br />

de saut et d’exploration. Freerunning in Cairo à retrouver sur redbull.com<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

n° 98 disponible<br />

dès le 19 mars<br />

<strong>2020</strong><br />

DAN VOJTECH/RED BULL CONTENT POOL<br />

98 THE RED BULLETIN

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