05.03.2020 Views

L'Essentiel Prépas n°36 - Mars 2020

L'Essentiel Prépas est le magazine mensuel dédié aux professeurs de classes prépas EC, des étudiants et de leurs parents. Chaque mois, nous décryptons l'actualité des grandes écoles accessibles post-prépa pour guider les étudiants dans leurs choix d'école. Ce magazine est édité par HEADway Advisory, cabinet de conseil dédié à l'enseignement supérieur. www.headway-advisory.com

L'Essentiel Prépas est le magazine mensuel dédié aux professeurs de classes prépas EC, des étudiants et de leurs parents.
Chaque mois, nous décryptons l'actualité des grandes écoles accessibles post-prépa pour guider les étudiants dans leurs choix d'école.
Ce magazine est édité par HEADway Advisory, cabinet de conseil dédié à l'enseignement supérieur.
www.headway-advisory.com

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

mars <strong>2020</strong> | N° 36<br />

<strong>Prépas</strong> économiques et commerciales<br />

entretien<br />

Jean-Christophe Hauguel<br />

(ISC Paris)<br />

paroles de profs<br />

Oser l’hybridation ?<br />

De la théorie à la pratique<br />

débat<br />

Les Grandes écoles<br />

au défi de la diversité<br />

Les soft skills<br />

ou la nouvelle frontière<br />

de l’enseignement


l’essentiel du sup prépas<br />

édito + sommaire<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Les classements des écoles<br />

sont-ils crédibles ?<br />

« Tout le souci est qu’aujourd’hui les classements sont<br />

perçus comme de véritables agences de notation sans<br />

en avoir les méthodes », s’interrogeait fin décembre dans<br />

l’Essentiel prépas Stéphan Bourcieu, le directeur général<br />

de BSB. En cause à l’époque son rang de le classement<br />

des écoles de management « masterisées » publié par<br />

l’Etudiant, depuis dépublié pour « maintenance », puis<br />

republié avec quelques modifications par « souci de<br />

consolider certaines données, et de poursuivre le dialogue<br />

avec les établissements classés ». Une saine décision mais<br />

qui n’en laisse pas moins des traces dans la communauté<br />

des écoles de management.<br />

Du côté des écoles d’ingénieurs les critiques sont récurrentes quant au travail de<br />

l’Usine nouvelle. Et notamment des effets de bord conséquents quand une école<br />

peut perdre ou gagner de nombreuses places d’une année sur l’autre. « Pour un<br />

secteur qui par essence s’inscrit dans le temps long. Autrement dit, un classement<br />

non robuste et donc pas fiable. C’est bien dommage... », regrette le directeur de<br />

Télécom Paris, Nicolas Glady quand Laurent Champaney écrit à ses alumni être<br />

« surpris de la méthodologie et des priorités qui sont données dans ce classement ».<br />

Le décalage qui existe entre « classeurs » et « classés » prend de l’ampleur. Il ne<br />

faut pas qu’il devienne un fossé...<br />

Améliorons un peu. Alertées par leurs mandants la Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises d’ingénieur (Cdefi) et la Commission des titres d’ingénieurs<br />

(CTI) ont décidé de produire une base de données certifiées (par les directeurs<br />

d’écoles) mise à disposition des classeurs. Dans un premier temps cela a facilité la<br />

collecte sans vraiment modifier les résultats. Dans un deuxième temps provoqué<br />

des crispations en série quand les responsables de la base ont émis l’idée d’en<br />

modifier le périmètre sans en avoir parlé auparavant avec les classeurs. Aujourd’hui<br />

la situation s’est apaisée mais a montré toutes les limites d’un système dans lequel<br />

les pourvoyeurs peuvent décider du jour au lendemain de changer les données.<br />

Une leçon à laquelle les écoles de management – qui réfléchissent activement à la<br />

possibilité de la création d’une base similaire – seront sûrement sensibles.<br />

L’autre méthode étant de produire plus de classements. Un temps l’Etudiant s’était<br />

ainsi refusé à produire un classement général, préférant ne produire que des<br />

sous-classements (international, académique, relations entreprise). Certes cela<br />

permettait à chacun de se déclarer premier<br />

dans sa catégorie mais n’avait guère d’impact.<br />

D’où le retour il y a 5 ans aux classements<br />

uniques (un pour les écoles mastérisées, un<br />

autre pour les écoles postbac). Cette année Le<br />

Figaro a joué une partition un peu intermédiaire<br />

pour les école d’ingénieurs en produisant un<br />

classement d’excellence puis des classements<br />

thématiques.<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

les essentiels du mois<br />

4 • 120 ans pour Audencia en <strong>2020</strong><br />

• HEC Paris ajoute le management du vin<br />

à sa summer school<br />

5 • Plus de 10 000 inscrits à la BCE et Ecricome<br />

6 • Emploi : ce que veulent les jeunes<br />

7 • Bac : le « grand oral » se précise<br />

8 • La Cour des Comptes épingle<br />

l’Ecole polytechnique<br />

9 • « Edhec online » ou comment retranscrire<br />

l’expérience Edhec en ligne<br />

10 • Mobilité internationale : la France dépassée<br />

par l’Allemagne<br />

paroles de profs<br />

11 • Oser l’hybridation ?<br />

De la théorie à la pratique.<br />

dossier<br />

17 • Les soft skills ou la nouvelle frontière<br />

de l’enseignement<br />

entretien<br />

22 • Jean-Christophe Hauguel,<br />

Directeur général de l’ISC Paris<br />

débat<br />

25 • Les Grandes écoles au défi de la diversité<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : élise Godmuse / olo.éditions<br />

Photo de couverture : ESC Clermont<br />

2


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

nominations<br />

Claudine Dargent<br />

120 ans pour Audencia<br />

en <strong>2020</strong><br />

Fondée en 1900 à Nantes par décret présidentiel, l’École Supérieure de Commerce<br />

et d’Industrie de Nantes donnera naissance, un siècle plus tard, à Audencia.<br />

À l’occasion de ses 120 ans, Audencia organise 120 événements de janvier à octobre,<br />

en France et à l’international.<br />

Claudine Dargent a été<br />

nommée au tout nouveau<br />

poste de secrétaire générale<br />

d’ICN Business School le 10<br />

février dernier. Rattachée à la<br />

direction générale et membre<br />

du comité exécutif de l’école,<br />

elle a en charge le pilotage<br />

des services comptables<br />

et financiers, des services<br />

généraux, des systèmes<br />

d’information et la gestion<br />

immobilière en lien avec la<br />

stratégie de l’école. Elle était<br />

préalablement secrétaire<br />

générale de l’université<br />

catholique de Lyon (UCLy)<br />

depuis 2011 après avoir<br />

été directrice générale<br />

d’Eryma télésurveillance<br />

de 2002 à 2010.<br />

Claudine Dargent est<br />

diplômée de NEOMA<br />

Business School et titulaire<br />

de l’Executive MBA en<br />

management et stratégie<br />

de emlyon business school.<br />

Elle dispose également<br />

du diplôme d’expertise<br />

comptable de l’ordre des<br />

experts comptables.<br />

Trois jours de festivités du 8 au 10 octobre et<br />

la création d’une œuvre d’art seront le point<br />

d’orgue « officiel » de cet anniversaire. Ce<br />

sera l’occasion d’inaugurer les nouveaux<br />

espaces de l’école, soit 6400 m² entièrement rénovés.<br />

« Inspirations », l’événement culturel annuel dédié aux<br />

professeurs de classes préparatoires, fera exceptionnellement<br />

une entorse à son ancrage parisien pour<br />

faire découvrir le Musée des Beaux-Arts, qui avait<br />

rouvert ses portes en 2017 après d’importants travaux.<br />

Enfin, en hommage à tous les étudiants passés par<br />

Audencia au fil des générations, le Homecoming Day<br />

clôturera l’événement anniversaire : l’occasion pour<br />

les diplômés de revenir sur les bancs de l’école pour<br />

un moment festif et au service du réseau.<br />

De plus Audencia s’associe à la plus prestigieuse école de<br />

management portugaise, Nova SBE, pour co-organiser<br />

un triathlon sur les bords du Tage. Forte de succès de<br />

son triathlon Audencia La Baule depuis plus de 30 ans<br />

l’école nantaise va ainsi exporter son savoir-faire pour<br />

créer le 1 er triathlon Nova SBE Audencia.<br />

Audencia a lancé un site web dédié (https://120.<br />

audencia.com) qui retrace les grandes dates qui ont<br />

marqué l’histoire de l’école, et sera nourri au fil des<br />

mois de résumés des 120 événements qui jalonneront<br />

cette année anniversaire.<br />

© Audencia<br />

Nathalie Hector<br />

Nathalie Hector a été<br />

nommée directrice du<br />

développement de Skema<br />

Business School et membre<br />

de son comité exécutif.<br />

Jusqu’à la semaine dernière<br />

elle dirigeait le programme<br />

Grande école de emlyon<br />

BS. Elle prend aujourd’hui<br />

en charge aussi bien les<br />

admissions que le marketing<br />

produits, le développement<br />

commercial national et<br />

international ainsi que<br />

l’animation des concours.<br />

Avant d’intégrer emlyon<br />

Business School Nathalie<br />

Hector a passé sept ans à<br />

Kedge BS, de 2011 à 2018,<br />

où elle a dirigé le programme<br />

Ingénieur d’affaires, les<br />

programmes postbac, le<br />

programme Grande Ecole<br />

et jusqu’à l’ensemble des<br />

programmes de formation<br />

initiale. Docteur en sciences<br />

de gestion de l’Université<br />

de Toulon, Nathalie Hector<br />

est également titulaire d’un<br />

DEA en droit des contentieux<br />

public/privé (1999).<br />

HEC Paris ajoute le management du vin<br />

à sa summer school<br />

En juin <strong>2020</strong> à l’occasion de la septième<br />

édition de ses Summer School programs<br />

le campus d’HEC Paris proposera un<br />

nouveau programme entièrement dédié<br />

au vin : le Wine Business Program. Les<br />

étudiants qui choisiront cette aventure<br />

pédagogique exploreront l’évolution du<br />

monde vinicole, le rôle des grandes entreprises<br />

et des petites propriétés familiales<br />

indépendantes, et auront l’opportunité<br />

de découvrir la logique du terroir<br />

et de l’image de marque. « Les participants<br />

auront l’occasion de saisir des éléments<br />

clés sur les bénéfices du commerce<br />

vinicole en France et dans le monde entier<br />

», explique Aurélie Labruyère, direc-<br />

4<br />

trice académique du Wine Business Program<br />

et co-fondatrice du site spécialisé<br />

Vindême, qui enseigne le business du vin<br />

à HEC Paris depuis 2005.<br />

Créée en 2014, la Summer School<br />

d’HEC Paris propose une semaine d’initiative<br />

Youth Leadership centrée sur le<br />

développement du leadership personnel<br />

pour les lycéens ainsi qu’un large éventail<br />

de programmes de deux semaines pour<br />

des étudiants, et de jeunes professionnels :<br />

Business, géopolitique, changement climatique,<br />

marketing numérique, entreprenariat,<br />

finance, Social Business, management<br />

du luxe, mode business du vin…


L’ESSENTIEL DU SUP PréPas L’esseNtIeL Du mOIs<br />

mARS <strong>2020</strong> N° 36<br />

Plus de 10 000 inscrits<br />

à la bce et ecricome<br />

Au vu de la baisse de 0,4% des inscriptions en classes préparatoires<br />

et de nouvelles règles limitant l’accès les inscriptions aux concours post prépas<br />

pouvaient être en baisse cette année*. Suite également au départ<br />

de Rennes SB et l’EM Strasbourg pour le Concours Ecricome la BCE enregistre<br />

cette année une baisse des candidatures de 3,4%. A contrario le nombre<br />

de préparationnaires ayant choisi les concours ECRICOME – et ses deux écoles<br />

supplémentaires – est logiquement lui en augmentation de 3%.<br />

Baisse relative à la BCE. En tout ce sont 10<br />

016 candidats qui se sont inscrits au concours<br />

de la BCE cette année contre 10 364 en 2019.<br />

Le nombre total de candidatures est stable à<br />

91 539 (91 868 en 2019 à périmètre constant).<br />

Les autres données principales :<br />

• la proportion de candidates est stable à 52,5 % en<br />

<strong>2020</strong> (53 % en 2019) ;<br />

• la proportion de candidats franciliens est également<br />

stable autour de 35 % ;<br />

• en lien avec la clarification des logiques de filières,<br />

notamment pour la voie technologique, le nombre<br />

de candidats issus des CPGE marocaines baisse<br />

significativement (- 19 %) et représente désormais<br />

5,4 % des candidats (6,4 % en 2019) ;<br />

• la part des candidats issus de l’option scientifique<br />

(ECS) poursuit sa hausse et représente 40% des candidats<br />

alors que l’option économique (ECE) et l’option<br />

technologique (ECT) représentent respectivement 38<br />

% et 11 % du total des candidats ;<br />

• la filière littéraire continue sa progression et représente<br />

plus de 10 % des candidatures, cette hausse étant<br />

principalement portée depuis deux ans par la voie B/L ;<br />

• la proportion de candidats qui « cubent » est stable<br />

autour de 19%.<br />

• le nombre de candidats boursiers augmente de 1,1%<br />

pour atteindre les 26,7% (25,5% en 2019) ;<br />

• le nombre moyen d’écoles choisies par chaque candidat<br />

diminue, passant de 10,14 en 2019 à 9,14 en <strong>2020</strong>.<br />

Comme les années précédentes, les élèves de la voie<br />

ECT font un choix moyen d’écoles (12) plus élevé que<br />

ceux des autres voies EC (9 pour les ECS et les ECE).<br />

Ecole par école :<br />

• La Rochelle Business School enregistre la plus forte<br />

progression du nombre de candidats inscrits (hausse<br />

de 12,2% et 288 candidatures supplémentaires) tout<br />

juste devant Brest BS ;<br />

• privée de la « grappe » qui l’associait à Rennes SB et<br />

l’Em Strasbourg, montpellier BS connaît la plus forte<br />

baisse (-23,4%) loin devant l’ESC Clermont (-6,8%) ;<br />

• avec 7854 candidatures Skema obtient le plus grand<br />

nombre de candidatures et ravit pour la première fois<br />

son sceptre à Audencia (7448).<br />

Ecricome progresse. Avec 8 406 inscrits c’est une<br />

hausse de 3% que connaît cette année le concours<br />

Ecricome. Parmi eux 7 754 candidats sont issus des<br />

prépas EC (+1,2 %) mais c’est surtout la hausse de 30%<br />

du nombre de candidats issus des prépas littéraires<br />

(BEL et BL-SES) – 652 cette année – qui est remarquable.<br />

Autres données importantes :<br />

• au sein des prépas EC, la plus forte hausse est observée<br />

chez les candidats de l’option scientifique avec<br />

une progression de 5,6%. Ils représentent 45% des<br />

inscrits tandis que les étudiants option économique<br />

en représentent 41% et les technologiques 13% ;<br />

• le taux de boursiers affiche une augmentation de 2<br />

points (28,7 % en <strong>2020</strong> contre 26,7 % en 2019) ;<br />

• pour la filière littéraire, la croissance concerne principalement<br />

les étudiants de l’ENS Lyon (+38,5 %<br />

d’inscrits) et les étudiants de l’option B/L avec une<br />

augmentation de 33,1 %.<br />

* Outre la limitation de<br />

l’inscription à l’option<br />

technologique (ECT) de la filière<br />

économique et commerciale<br />

aux seuls candidats d’un bac<br />

technologique, les candidats<br />

doivent désormais fournir un<br />

justificatif de réussite d’une 1ère<br />

année d’études supérieures.<br />

L’objectif est de mettre fin aux<br />

« galops d’essai » de candidats<br />

passant le concours au bout d’un<br />

an de CPGE pour s’entraîner,<br />

souvent en candidat libre, sans<br />

intégrer aucune école.<br />

5


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

EN BREF<br />

Un premier emploi<br />

vite délaissé<br />

46% des jeunes actifs ont<br />

quitté leur premier poste dans<br />

l’année suivant leur embauche<br />

selon, l’enquête Observatoire<br />

du premier emploi de Ipsos<br />

pour My Job Glasses,<br />

plateforme qui « démocratise<br />

les rencontres entre étudiants<br />

et professionnels ». Pour la<br />

majorité d’entre eux, cette<br />

démission est volontaire<br />

(63%), qu’elle soit motivée<br />

par l’orientation vers un poste<br />

jugé « plus intéressant »<br />

(27%), ou parce que le poste<br />

ne correspondait pas à l’idée<br />

qu’ils s’en faisaient (19%).<br />

Parmi les causes invoquées<br />

par les candidats, la<br />

description du poste semble<br />

poser problème : près d’un<br />

tiers des primo-embauchés<br />

(30%) regrette d’avoir postulé<br />

à une offre dont ils estiment<br />

que la description était en<br />

décalage avec la réalité du<br />

poste. Pour éviter ce type de<br />

déconvenues, ces actifs jugent<br />

majoritairement (56%) qu’une<br />

rencontre avec des pairs,<br />

professionnels exerçant le<br />

poste, permettrait d’apporter<br />

une information plus fiable.<br />

Plus globalement 2 jeunes<br />

sur 3 estiment avoir été<br />

mal préparés par leur<br />

établissement supérieur,<br />

qu’il s’agisse de la recherche<br />

du premier emploi ou de la<br />

réalité de la vie active (66%).<br />

Ce dernier chiffre monte à<br />

74% pour les jeunes ayant fait<br />

des études bac + 5 et plus.<br />

Emploi : ce que veulent<br />

les jeunes<br />

La Conférence des grandes écoles vient de publier un « Baromètres Talents »<br />

qui s’attache à définir ce que les jeunes attendent de leur emploi.<br />

Pour ce faire Ipsos a administré un questionnaire auquel ont répondu<br />

plus de 4100 étudiants et 2000 alumni dans 187 écoles.<br />

Si la rémunération est importante pour 49%<br />

des répondants étudiants elle arrive loin de<br />

l’intérêt du poste (92%), de l’ambiance (85%)<br />

et de la concordance avec ses valeurs (78%).<br />

Les réponses sont proches du côté des alumni avec<br />

une plus grande appétence pour les responsabilités<br />

et l’autonomie (74% contre 61%).<br />

Avec respectivement 76% et 62% ce sont les secteurs<br />

de l’environnement et de l’énergie qui sont privilégiés<br />

par les étudiants devant le conseil. A l’inverse, la grande<br />

distribution de la banque/assurance se classent en bas<br />

de tableau. Par ailleurs 69% aimeraient travailler dans<br />

le secteur de l’économie sociale et solidaire.<br />

Pour donner du sens à leur vie professionnelle, étudiants<br />

et alumni sont prêts à s’engager dans les actions<br />

sociales et environnementales de leur entreprise,<br />

à refuser un poste dans une entreprise qui manque<br />

d’engagement (62%) voire à démissionner si l’entreprise<br />

manque d’engagement social/environnemental (46%<br />

des étudiants et 41% des alumni). 58% des étudiants<br />

n’en entendent pas moins faire évoluer leur entreprise<br />

de l’intérieur (49% des alumni).<br />

Pour autant pour la grande majorité des étudiants et<br />

des Alumni il n’y a pas d’arbitrage à faire entre utilité<br />

du travail et bonne rémunération : plus de 8 sur 10 les<br />

jugent compatibles. En termes de structure l’évolution<br />

des alumni est très intéressante : quand les étudiants<br />

sont 50% à privilégier un grand groupe les alumni ne<br />

sont que 42% à en faire autant. Dans le même temps<br />

les petites entreprises gagnent 10% (44% et 34%) et<br />

les associations et ONG 9% (25% et 16%). Mais c’est<br />

surtout la volonté de créer une entreprise qui explose<br />

passant de 21% à 39% !<br />

Hormis les associations, les autres acteurs sociaux<br />

et économiques sont perçus par les étudiants comme<br />

les alumni comme faiblement engagés en matière de<br />

RSE (responsabilité sociale des entreprises). Et si elles<br />

le font c’est principalement par opportunisme ou par<br />

obligation. Hors cet engagement RSE est jugé essentiel<br />

par 30% des étudiants et 20% des alumni et important<br />

par 49% et 51% d’entre eux.<br />

En termes de management étudiants comme alumni<br />

rejettent tout management directif et sont une majorité<br />

en faveur d’un management collaboratif. Dans ce<br />

cadre le développement en continu des compétences<br />

et une organisation flexible du travail sont souhaités<br />

par tous. Quant aux qualités jugées essentielles pour<br />

les managers d’aujourd’hui par les jeunes et alumni<br />

ce sont la capacité à motiver et fédérer, l’écoute, le<br />

respect et la vision qui sont plébiscitées.<br />

6


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Bac : le « grand oral »<br />

se précise<br />

Ce fut un sujet de vives discussions avant de tomber un peu dans l’oubli.<br />

Nul doute que de nouvelles crispations accompagneront sa mise en œuvre<br />

et notamment le manque de moyens dont disposent les enseignants pour préparer ce<br />

qui avait été initialement présenté comme la grande nouveauté de la réforme du bac.<br />

Le texte relatif au contenu et à l’organisation du<br />

Grand oral, épreuve finale du baccalauréat à<br />

compter de la session de juin 2021, a été publié<br />

le 13 février au Bulletin officiel du Ministère de<br />

l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Cette épreuve<br />

a été conçue pour « permettre au candidat de montrer<br />

sa capacité à prendre la parole en public de façon claire<br />

et convaincante ». Elle lui permettra aussi d’utiliser les<br />

connaissances liées à ses spécialités pour démontrer<br />

ses capacités argumentatives et la maturité de son<br />

projet de poursuite d’études, voire professionnel.<br />

En voie générale et technologique, les élèves passeront<br />

un Grand oral à la fin de l’année de terminale. Cette<br />

épreuve obligatoire fait partie des 5 épreuves finales<br />

du bac (60% de la note finale). Elle est notée sur 20<br />

points et est valorisée par un coefficient 10 (en voie<br />

générale) ou 14 (en voie technologique).<br />

Le Grand oral dure 20 minutes avec 20 minutes de préparation.<br />

Le candidat présente au jury deux questions<br />

préparées avec ses professeurs et éventuellement avec<br />

d’autres élèves, qui portent sur ses deux spécialités,<br />

soit prises isolément, soit abordées de manière transversale<br />

en voie générale. Pour la voie technologique, ces<br />

questions s’appuient sur l’enseignement de spécialité<br />

pour lequel le programme prévoit la réalisation d’une<br />

étude approfondie.<br />

Le jury choisit une de ces deux questions. Le candidat<br />

a ensuite 20 minutes de préparation pour mettre en<br />

ordre ses idées et créer s’il le souhaite un support (qui<br />

ne sera pas évalué) à donner au jury.<br />

L’exposé se déroule<br />

sans note et debout<br />

• pendant 5 minutes, le<br />

candidat présente la<br />

question choisie et y<br />

répond. Le jury évalue<br />

son argumentation et ses<br />

qualités de présentation ;<br />

• ensuite, pendant 10<br />

minutes, le jury échange<br />

avec le candidat et évalue<br />

ses qualités d’écoute<br />

et ses compétences<br />

argumentatives. Ce temps<br />

d’échange permet à l’élève<br />

de mettre en valeur ses<br />

connaissances, liées au<br />

programme des spécialités<br />

suivies en classe de<br />

première et terminale ;<br />

• les 5 dernières minutes<br />

d’échanges avec le jury<br />

portent sur le projet<br />

d’orientation du candidat.<br />

Le candidat montre<br />

que la question traitée a<br />

participé à la maturation<br />

de son projet de poursuite<br />

d’études, et même pour<br />

son projet professionnel.<br />

Le jury est formé par deux<br />

professeurs de matières<br />

différentes : un professeur<br />

d’une des deux spécialités<br />

de l’élève et un professeur<br />

de l’autre spécialité ou<br />

d’un des enseignements<br />

communs, ou encore un<br />

professeur-documentaliste.<br />

7


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

EN BREF<br />

Edhec sensibilise<br />

ses étudiants aux<br />

« enjeux de la diversité<br />

et de l’inclusion »<br />

Les critiques contre les<br />

écoles de management n’ont<br />

pas manqué ces dernières<br />

semaines et elles semblent<br />

bien vouloir prendre le<br />

taureau des attaques sexistes<br />

par les cornes. La Chaire<br />

EDHEC Open Leadership<br />

for Diversity & Inclusion<br />

a organisé ainsi le 14<br />

février à Lille le premier<br />

« Tremplin D & I » pour<br />

« sensibiliser les étudiants<br />

aux enjeux de la diversité et<br />

de l’inclusion ». Dans le cadre<br />

du cours « Comportement<br />

organisationnel » de<br />

l’année Pré-Master, plus<br />

de 600 étudiants auront<br />

à co-construire avec des<br />

entreprises partenaires -<br />

Butagaz et L’Oréal - des<br />

« solutions concrètes et<br />

créatives pour répondre<br />

à des problématiques de<br />

diversité et d’inclusion ».<br />

Durant cette journée, les<br />

étudiants pourront assister à<br />

une conférence animée par<br />

Axelle Tessandier, auteure<br />

et co-fondatrice de Wondher<br />

(média 100% Instagram dédié<br />

à l’empowerment féminin).<br />

La Cour des Comptes<br />

épingle l’Ecole polytechnique<br />

Le rapport annuel de la Cour des Comptes consacre un chapitre entier<br />

à l’Ecole polytechnique. En résumé ça va mal !<br />

C’est à une charge sans concession que se sont<br />

livrés les auditeurs de la rue Cambon envers<br />

l’Ecole polytechnique : « Le modèle historique<br />

de l’École polytechnique a progressivement<br />

perdu de sa cohérence interne. Dans le même temps,<br />

afin de faire face à la compétition internationale, elle a<br />

entamé une mutation stratégique, dont la pertinence<br />

reste à démontrer alors même que la mise en place<br />

d’IP Paris implique un changement d’échelle. Cette<br />

ambition paraît déconnectée de la situation financière<br />

préoccupante de l’École et des insuffisances constatées<br />

dans sa gestion. »<br />

Cinq exercices déficitaires consécutifs. Les chiffres<br />

sont là. Les résultats comptables de l’École polytechnique<br />

font apparaître cinq exercices déficitaires consécutifs,<br />

de 2014 à 2018, se traduisant par une perte cumulée<br />

de près de 20 M€, « malgré un soutien financier accru<br />

de l’État à partir de 2016 pour mettre en œuvre les<br />

nouvelles orientations stratégiques ». Or a tutelle n’a,<br />

à aucun moment, « envisagé la mise en place d’un plan<br />

de retour à l’équilibre, alors que cela lui était, à tout<br />

le moins, imposé par le code de l’éducation depuis le<br />

passage de l’École au statut d’établissement public à<br />

caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP)<br />

en 2015 » stigmatisent les experts.<br />

Une tutelle laxiste. Si tout le monde en prend pour son<br />

grade c’est au premier chef le ministère des Armées<br />

qui est contesté en raison d’une tutelle « peu diligente,<br />

voire passive ». Certains sujets importants, comme la<br />

réforme des modalités de remboursement des frais<br />

d’entretien et d’études, ont été traités avec « retard et<br />

de manière incomplète ». Le ministère n’aurait ainsi « ni<br />

anticipé, ni tiré les implications des difficultés financières<br />

majeures rencontrées par l’École (résultat déficitaire<br />

pendant cinq exercices consécutifs) ». Quant aux<br />

orientations les plus fondamentales, comme la sortie<br />

de Polytechnique du projet Paris-Saclay, elle relèveraient<br />

souvent de « décisions prises sous l’influence<br />

de l’association des anciens élèves ».<br />

Le bachelor patine. Sur le papier c’était une superbe<br />

idée. Dans les faits le développement du bachelor de<br />

l’X se révèle très difficile. Non seulement les étudiants<br />

ne sont pas au rendez-vous (le modèle économique<br />

a été calculé pour être à l’équilibre financier à 160<br />

étudiants par promotion, on en est à 82 en 2019) mais<br />

les dépenses ont été sous-évaluées : le niveau actuel<br />

des frais d’inscription (12 000 € pour les étudiants<br />

français ou européens, et 15 000 € pour les étudiants<br />

internationaux) ne couvre pas les coûts complets de<br />

la formation (il manque environ 2 000 € par étudiant).<br />

36 370 € par an et par étudiant. Huit ans après le<br />

dernier référé de la Cour, l’Ecole polytechnique n’a pas<br />

été en mesure de fournir un coût complet de la scolarité<br />

des élèves du cycle ingénieur, faute de « disposer d’une<br />

comptabilité analytique aboutie ». La Cour a estimé le<br />

coût de la scolarité d’un élève, hors rémunération, à<br />

au moins 36 370 € par an.<br />

Une faible diversité. Les statistiques font apparaître<br />

un recrutement très peu diversifié des élèves français<br />

du cycle ingénieur tant en termes de genre que d’origine<br />

sociale. La proportion de femmes stagne depuis dix ans<br />

(21,9 % en 2018, mais 17,9 % en 2019, soit quasiment au<br />

niveau constaté en 2009, de 17,3 %). Le recrutement<br />

est par ailleurs « excessivement concentré parmi les<br />

enfants de familles de cadres et professions intellectuelles<br />

supérieures » au sens de l’Insee (73 % des<br />

admis au concours 2019). La proportion de boursiers<br />

(11,4% pour la promotion 2019) a baissé au cours des<br />

dernières années (16,8% en 2011).<br />

Les parties prenantes prises à partie par la Cour<br />

des Comptes lui répondent à la fin du rapport.<br />

8


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

EN BREF<br />

Grenoble EM lance<br />

son podcast<br />

Réalisé avec Usbek & Rica le<br />

podcast « On a testé le futur »<br />

que lance Grenoble EM<br />

donne la parole à ceux qui<br />

« expérimentent au quotidien,<br />

et construisent, chacun<br />

à leur échelle, le monde<br />

de demain ». Chercheurs,<br />

professionnels, étudiants…<br />

tous les mois, les invités<br />

viendront confronter leurs<br />

points de vue et partager<br />

leur expérience aussi bien<br />

théorique que de terrain.<br />

Diffusé sous forme de 10<br />

épisodes par an de 25 minutes<br />

au rythme mensuel, le<br />

podcast « On a testé le futur »<br />

sera accessible sur toutes<br />

les plates-formes. Les deux<br />

premiers épisodes sont d’ores<br />

et déjà disponibles : « On a<br />

testé le futur », épisode 1 :<br />

le futur de l’école », « On<br />

a testé le futur », épisode<br />

2 : le futur du retail »<br />

« Edhec online » ou comment<br />

retranscrire l’expérience<br />

Edhec en ligne<br />

Contrairement à HEC qui a fait le choix d’externaliser la dématérialisation<br />

et à l’ESSEC qui a développé sa plateforme d’apprentissage en interne l’EDHEC<br />

a choisi de mutualiser ses efforts avec les membres de l’alliance<br />

Future of Management Education.<br />

L’industrie du numérique nous impacte à tous les<br />

niveaux : contenus des enseignements, modes<br />

d’enseignements, relation avec les apprenants,<br />

etc. Elle nous permet également d’aller chercher<br />

de nouveaux marchés », analyse Emmanuel Métais,<br />

le directeur général de l’EDHEC qui a développé une<br />

plateforme d’apprentissage en s’appuyant sur les savoir-faire<br />

technologiques et pédagogiques de l’Imperial<br />

College London et de cinq autres prestigieuses Business<br />

Schools et universités de rang mondial.<br />

Ce choix stratégique découle d’une volonté de « ne pas<br />

dépendre des grandes plateformes pour se positionner<br />

directement en tant qu’agrégateur. Nous souhaitions<br />

contrôler les processus et maîtriser notre chaine de<br />

valeur. Nous avons mis beaucoup de temps avant d’aller<br />

sur Coursera et edX, car ces acteurs représentent un<br />

danger. Le jour où ils créeront des diplômes, on pourrait<br />

se faire manger tout cru… », souligne le directeur général.<br />

Point d’étape. L’objectif d’Edhec online est de rendre<br />

accessible les formations à de nouveaux apprenants<br />

pour faire de l’établissement « le TESLA du online en<br />

étant innovant, efficace et en proposant une touche<br />

particulière » précise Benoît Arnaud, directeur d’Edhec<br />

Online depuis 2018. Pour ce faire, Edhec online fonctionne<br />

aujourd’hui comme une entité à part entière avec près<br />

d’une vingtaine de collaborateurs. La business unit est<br />

indépendante au sein de l’établissement et possède<br />

une autonomie dans sa gestion et son financement.<br />

Cette plateforme d’apprentissage s’inscrit dans la volonté<br />

stratégique de l’Edhec de miser sur les formations à<br />

distance pour se développer. L’objectif étant d’avoir, d’ici<br />

2025, 1 000 diplômés par an sur ce type de formations,<br />

ce qui devrait représenter 10% du chiffre d’affaire du<br />

groupe et 20% à terme.<br />

© Edhec BS<br />

Retranscrire l’expérience Edhec. Fort de son expérience<br />

en matière de formation à distance (PhD en<br />

« blended learning », BBA ou Master 1 en management<br />

100% en ligne), l’établissement a lancé en novembre<br />

2019 son premier bachelor de niveau bac+3 dématérialisé.<br />

Cette nouvelle formation d’1 an s’adresse à<br />

des étudiants ayant déjà un bac+2 et une expérience<br />

professionnelle confirmée, partout dans le monde.<br />

Benoît Arnaud note ainsi « l’apparition d’une nouvelle<br />

population d’apprenants : les jeunes professionnels.<br />

Ils ont pris l’habitude de suivre des cours en ligne en<br />

entreprise et souhaitent poursuivre leur formation ou<br />

se reconvertir avec ce type d’approche ».<br />

« L’objectif de la plateforme est « de retranscrire l’expérience<br />

Edhec », valide Stefan Crisan, le directeur des<br />

opérations. C’est pourquoi, les coûts des programmes<br />

proposés sont quasiment les mêmes que ceux des<br />

programmes en présentiel : 8 900/€ l’année pour le<br />

bachelor et 14 900€ pour le master 1 en management.<br />

De même, le recrutement se veut aussi sélectif que<br />

pour les autres formations. Pour transmettre cette<br />

« expérience Edhec » et créer du lien, un e-learning<br />

de proximité a été mis en place. Ainsi chaque étudiant<br />

bénéficie de 20 séances de coaching individuelles et<br />

collectives et des mentors académiques devraient être<br />

proposés dans les mois à venir.<br />

Juliette Bérardi<br />

9


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Mobilité internationale :<br />

la France dépassée<br />

par l’Allemagne<br />

L’objectif des 500 000 étudiants étrangers en France semble bien loin.<br />

Dépassée par l’Allemagne la France perd même une place<br />

cette année dans le classement des pays les plus ouverts que détaille<br />

Campus France dans ses Chiffres clés <strong>2020</strong>.<br />

En tout 5,3 millions d’étudiants étudient à l’étranger<br />

en 2017, soit une hausse de 71% en dix ans<br />

quand la population étudiante n’a augmenté elle<br />

que de 43%. Les États-Unis et le Royaume-Uni<br />

restent en tête des destinations mais ne progressent<br />

plus (1% sur un an).<br />

La France régresse. La croissance du nombre<br />

d’étudiants accueillis en France est moins élevée<br />

que celle d’autres pays très dynamiques (Australie,<br />

Chine, Turquie). Si la France attire toujours au sein de<br />

la zone francophone, les étudiants des grands pays<br />

émergents, du Moyen-Orient, d’Afrique anglophone<br />

ou d’Europe extra-communautaire restent trop peu<br />

nombreux à faire le choix des études en France. Les<br />

effectifs des étudiants chinois en France baissent<br />

même (-6%) alors qu’ils sont de plus en plus nombreux<br />

à étudier à l’étranger (+32% sur cinq ans). Résultat :<br />

la France a perdu deux places entre 2012 et 2017. En<br />

revanche la France continue d’être le premier pays<br />

d’origine des étudiants en Erasmus+, devançant<br />

l’Allemagne et l’Espagne.<br />

Pourtant le nombre d’étudiants étrangers a progressé<br />

de 4,9% en un an soit une hausse légèrement supérieure<br />

à celle de l’année dernière (+4,5 %). Les universités<br />

continuent de rassembler la grande majorité des<br />

étudiants étrangers (69 %) mais avec une hausse de<br />

seulement 10 % entre 2015 et 2018 contre 16% pour<br />

l’ensemble des étudiants étrangers. Dans le même<br />

temps les écoles de commerce connaissent une<br />

hausse de 70% et affichent la plus forte proportion<br />

d’étudiants étrangers sur l’ensemble de leurs inscrits<br />

(19 %). Les écoles d’ingénieurs sont également très<br />

internationalisées, puisque 16 % de leurs effectifs<br />

sont étrangers.<br />

L’Allemagne 4 ème . Avec respectivement 8 300 et 7 700<br />

étudiants Chinois et Indiens accueillis en plus entre<br />

2013 et 2017 et une ambitieuse politique d’accueil des<br />

étudiants réfugiés l’Allemagne double la France. Le<br />

nombre d’étudiants syriens a pratiquement été multiplié<br />

par trois sur cette période (soit 2 800 étudiants<br />

en plus) pour atteindre les 8 600 étudiants contre 5<br />

100 un an plus tôt.<br />

L’Australie et le Canada prennent le relais des<br />

Etats-Unis et du Royaume-Uni. En 2017, le Royaume-<br />

Uni accueille seulement 2 % d’étudiants étrangers de<br />

plus qu’en 2012. C’est, parmi les vingt premiers pays<br />

d’accueil de la mobilité étudiante, celui qui progresse<br />

le plus lentement. De même la progression du nombre<br />

d’étudiants se rendant aux Etats-Unis a ralenti soudainement<br />

en 2017 par rapport à 2016 (1 %) alors qu’elle<br />

progresse de 33 % sur cinq ans. Mais d’autres pays<br />

anglo-saxons comme l’Australie (3e, +14%) et le Canada<br />

(7e, +11%) bénéficient de reports importants. L’Australie<br />

pourrait même prochainement passer devant le<br />

Royaume-Uni. Au Moyen-Orient, les Émirats arabes unis<br />

(+19%) et l’Arabie saoudite (+68%) continuent d’attirer<br />

de plus en plus d’étudiants sur cinq ans.<br />

L’Europe attire toujours largement. Avec 43%<br />

des étudiants mobiles l’Europe est la première zone<br />

d’accueil des étudiants. Mais pas si mobiles que ça :<br />

86% des étudiants européens qui partent à l’étranger<br />

restent sur le continent. Plus de 325 000 étudiants<br />

européens effectuent en 2017 une mobilité dans le<br />

cadre du programme d’échange Erasmus+, soit 4%<br />

de plus qu’en 2016. L’Espagne demeure la destination<br />

privilégiée par les étudiants Erasmus+.<br />

La Chine leader. Depuis vingt ans la mobilité des<br />

étudiants chinois occupe une part toujours plus<br />

importante de la mobilité étudiante mondiale. En<br />

2017, elle représentait à elle seule plus de 17 % de<br />

toute la mobilité étudiante mondiale. Des étudiants<br />

particulièrement attirés par les pays anglo-saxons au<br />

fort frais de scolarité : ces cinq dernières années les<br />

étudiants chinois ont ainsi vu leur nombre progresser<br />

de 51% aux Etats-Unis, 41% en Australie et 28% au<br />

Royaume-Uni. Le Coronavirus rend aujourd’hui leurs<br />

déplacements quasi-impossibles. Mais quel sera leur<br />

comportement dans les années à venir ?<br />

EN BREF<br />

IMT BS : 10% de<br />

plus pour le PGE<br />

Cela reste le plus bas tarif des<br />

programmes Grande école<br />

(PGE) français : les droits<br />

de scolarité d’une année<br />

du PGE de l’Institut Mines<br />

Télécom BS vont passer à<br />

7750€ (au lieu de 7050€ par<br />

an depuis le juillet 2018). Un<br />

montant qui ne s’applique<br />

qu’aux nouveaux étudiants.<br />

Par ailleurs tous les étudiants<br />

boursiers restent exonérés<br />

de tout droit de scolarité. De<br />

plus les nouveaux étudiants<br />

dont les ressources dépassent<br />

d’au plus 5000€ le plafond<br />

fixé pour l’attribution d’une<br />

bourse s’acquitteront de droits<br />

de scolarité réduits à 5000€.<br />

10


l’essentiel du sup prépas<br />

paroles de profs<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Christine<br />

Pires<br />

Coordonnatrice<br />

des langues au<br />

bureau de l’APHEC<br />

et professeur<br />

d’espagnol<br />

en classes<br />

préparatoires<br />

au lycée Voltaire<br />

d’Orléans.<br />

Oser l’hybridation ?<br />

De la théorie à la pratique<br />

Véronique<br />

Bonnet<br />

Vice-présidente<br />

de l’APHEC<br />

pour la voie S<br />

et professeur<br />

de philosophie<br />

en classes<br />

préparatoires au<br />

lycée Janson de<br />

Sailly à Paris.<br />

Préalable théorique<br />

L’interdit de l’hybridation, perçue d’abord<br />

comme un chaos, fut un temps structurant<br />

pour la pensée occidentale. La racine<br />

grecque, hubris, renvoie en effet au mélange<br />

des genres, soit à la transgression. Par<br />

exemple, dans l’Antigone de Sophocle, un<br />

guerrier qui a combattu contre sa propre<br />

cité est privé de sépulture. Il y a donc un<br />

mort dans le monde des vivants, un cadavre<br />

sous la lumière du royaume d’Apollon, alors<br />

qu’il devrait se trouver dans l’Hadès. Tabou<br />

suprême, l’hubris originaire ne pourra être<br />

conjurée que par l’hubris inverse.<br />

C’est pourquoi, à la fin de la pièce, Antigone,<br />

qui a voulu aller à l’encontre de Créon en inhumant<br />

son frère, sera emmurée vive. Il y aura, ainsi,<br />

une vivante dans le royaume des morts.<br />

Ceci compense cela.<br />

Pour les Anciens, lorsque l’hybridation n’était<br />

pas souillure, elle signait l’inhumanité des sirènes<br />

comme femmes-oiseaux, des centaures comme<br />

hommes-chevaux. Mi-figue, mi-raisin, ni chair ni<br />

poisson, l’hybridation était saisie négativement<br />

comme désordre.<br />

Il fallait que la représentation d’un humain soumis<br />

à des influences centripètes - sur le mode de<br />

l’Homme et le Zodiaque des frères Limbourg, dans<br />

les Très Riches Heures du Duc de Berry,- cède<br />

progressivement la place à la représentation<br />

humaniste d’un être capable d’exercer une pensée<br />

centrifuge propre à embrasser différentes<br />

dimensions de l’univers - sur le mode de l’Homme de<br />

Vitruve de Léonard de Vinci - pour que l’on puisse<br />

envisager une hybridation sereine.<br />

L’Encyclopédie de Diderot, d’Alembert et les<br />

autres, alla plus loin encore. Elle éclaira chaque<br />

dimension du rapport au monde en la situant parmi<br />

les autres et l’articulant à elles. Le terme même<br />

d’encyclopédie, du grec kuklos, le cercle, est une<br />

invitation à « faire le tour » des connaissances<br />

théoriques et pratiques, et comme une injonction<br />

à faire usage de sa raison en conjuguant des<br />

compétences sur des registres considérés<br />

autrefois comme disjoints.<br />

Oser l’hybridation comme insémination<br />

croisée de concepts qui cessent de se faire<br />

face ?<br />

11


l’essentiel du sup prépas paroles de profs<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Marie-Noëlle Koebel,<br />

Directeur des Études<br />

de l’ESSEC Master in<br />

Management & Masters<br />

programs à l’ESSEC<br />

Business School, fait<br />

part de son expertise.<br />

Quelle serait votre définition de<br />

l’hybridation ?<br />

Je distinguerais la notion<br />

« d’hybridation » et la notion de<br />

« décloisonnement ou transversalité<br />

des disciplines » qui ne sont pas<br />

complètement synonymes même si<br />

elles cherchent à atteindre un même<br />

objectif qui serait de sortir d’un champ<br />

d’expertise unique et limité.<br />

Pour l’hybridation, je proposerais la<br />

définition originale d’un « mélange »<br />

de deux formations en apparence<br />

très différentes et distinctes dont<br />

la combinaison permet d’aboutir à<br />

une acquisition de connaissances et<br />

de compétences plus riche et plus<br />

« fertile » que si les deux formations<br />

étaient juxtaposées. Ce qui est étudié,<br />

observé, analysé, l’est sur un temps<br />

plus court – sans être complètement<br />

simultané - et plus dense avec un<br />

mélange d’enseignement théorique<br />

approfondi dans les deux formations<br />

et de pratique (expérience des stages)<br />

qui sont en quelque sorte en « miroir ».<br />

En quoi l’ESSEC a-t-elle<br />

pris les devants en matière<br />

d’hybridation ? Essentiellement<br />

par la flexibilité des cursus ? Par<br />

la création de nouveaux cours<br />

et nouveaux savoirs ? Par son<br />

esprit pionnier ?<br />

L’ESSEC proposait depuis de<br />

nombreuses années à des étudiants<br />

déjà diplômés en Sciences de<br />

l’Ingénieur, en biologie ou pharmacie,<br />

en droit,… (souvent des M2) de<br />

compléter leur formation première<br />

par des connaissances en Sciences<br />

de gestion en suivant le parcours<br />

de la Grande École. Il s’agissait<br />

donc d’élargir la formation initiale<br />

d’expertise scientifique, juridique,<br />

littéraire,… par des connaissances<br />

en management pour accéder à des<br />

fonctions dans des organisations<br />

justifiant de maîtriser ces deux<br />

champs disciplinaires.<br />

En 2009, l’ESSEC et un premier<br />

partenaire - l’École Centrale de Paris<br />

- a pensé qu’il pouvait y avoir du sens<br />

à combiner leurs deux formations<br />

non pas en les juxtaposant mais en<br />

les intégrant complètement pendant<br />

le cursus. A l’ESSEC, la flexibilité<br />

et l’individualisation du cursus le<br />

permettaient (chaque étudiant à<br />

partir de la seconde année construit<br />

son propre parcours ; il était donc<br />

possible qu’une partie du parcours<br />

se déroule chez un partenaire). A<br />

Centrale, le choix d’une spécialisation<br />

était demandé à chaque étudiant. Par<br />

un parcours complètement intégré,<br />

l’étudiant réfléchit à la construction<br />

de son projet de formation et son<br />

projet professionnel avec les deux<br />

dimensions de façon simultanée.<br />

Les deux institutions ont alors<br />

réfléchi à ce qui faisait « le cœur »<br />

de leur formation et qui devait être<br />

conservé (la partie obligatoire / les<br />

fondamentaux et exigences de base)<br />

et à ce qui pouvait être délégué<br />

à l’institution partenaire (chaque<br />

étudiant choisissant des électifs pour<br />

l’ESSEC ou une filière de spécialisation<br />

pour Centrale). Sur cette base a<br />

été construit un parcours en 5 ans<br />

permettant à l’étudiant d’acquérir les<br />

© Frères Limbourg<br />

L’Homme et le Zodiaque. Frères Limbourg.<br />

Très Riches Heures du Duc de Berry.<br />

fondamentaux des deux formations<br />

et de choisir une spécialisation.<br />

Les missions proposées pendant<br />

les stages à ces étudiants en<br />

double formation englobaient une<br />

dimension technique et une dimension<br />

managériale. Pendant les cours,<br />

les projets proposés aux étudiants<br />

provenaient aussi d’entreprises dans<br />

l’industrie.<br />

Puis sur la base de cette première<br />

expérience, l’ESSEC a élargi son<br />

portefeuille de doubles diplômes<br />

avec l’ENSAE, l’École du Louvre, St<br />

Cyr, l’ENS (départements Géographie<br />

et Sciences cognitives), l’École<br />

d’architecture de Versailles ENSAV.<br />

12


l’essentiel du sup prépas paroles de profs<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

© Leonard de Vinci<br />

L’Homme de Vitruve. Léonard de Vinci.<br />

L’hybridation fait-elle partie des<br />

demandes des entreprises ?<br />

Essentiellement pour quelles<br />

carrières ?<br />

Les entreprises/organisations<br />

attendent des jeunes diplômés avec<br />

des profils ouverts, sachant sortir<br />

de leur expertise et faire des ponts<br />

avec d’autres domaines, ayant une<br />

compréhension fine des tendances et<br />

des évolutions actuelles, des enjeux<br />

économiques, environnementaux,<br />

sociétaux, des signaux à percevoir,<br />

sachant poser des questions et<br />

aller chercher des éléments dans<br />

des domaines autres que leur<br />

domaine d’expertise. Cette attente<br />

peut correspondre à des parcours<br />

« décloisonnés » et à des parcours<br />

« hybrides ».<br />

Ainsi, elles peuvent attendre des<br />

profils qui ont uniquement une<br />

formation en management et qui, lors<br />

de leur cursus, ont déjà été confrontés<br />

au décloisonnement des disciplines.<br />

Aller chercher des connaissances<br />

dans des domaines autres que son<br />

domaine d’expertise est essentiel et<br />

fait partie de la formation proposée<br />

à l’ESSEC (Innovation et Philosophie,<br />

filière management et Philosophie,<br />

Ethique et décision, Genre, économie<br />

et politique, filière Food Business….)<br />

Dans certains cas, elles attendent<br />

des profils qui ont les deux formations<br />

(double diplôme) car les étudiants<br />

ont acquis la bonne compréhension<br />

de deux champs différents (Histoire<br />

de l’art et Management, Sciences<br />

de l’Ingénieur et Management,…).<br />

L’étudiant saura mobiliser ses<br />

connaissances et compétences de<br />

ces deux champs.<br />

Quelques profils hybrides sont<br />

diplômés de l’ESSEC ?<br />

Des jeunes diplômés travaillant en<br />

aménagement du territoire, dans un<br />

cabinet de conseil en industrie, dans le<br />

management culturel (musée),…<br />

Un ancien élève à interviewer en<br />

particulier ?<br />

Un ancien élève, Raphaël Pestourie, a<br />

poussé très loin sa double formation<br />

en travaillant dans un département<br />

de mathématiques appliquées à<br />

Harvard et explique très bien la<br />

complémentarité entre les deux<br />

formations managériales (ESSEC) et<br />

scientifiques (CentraleSupélec).<br />

13


l’essentiel du sup prépas paroles de profs<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Raphaël Pestourie raconte son double diplôme<br />

« Le double diplôme a élargi mon horizon<br />

de concepts. J’ai pu poser des questions et<br />

faire des ponts entre des concepts auxquels<br />

je n’aurais pas pensé avant le double<br />

diplôme. Dans ce sens, le double diplôme<br />

est plus que la somme des parties, car il<br />

ajoute une dimension dans le processus<br />

de construction intellectuelle. Au lieu de<br />

donner une formation dans deux directions<br />

indépendantes, le double diplôme crée<br />

un plan de synergies entre les voies du<br />

commerce et de l’ingénierie. L’étudiant,<br />

fort de connaissances multidisciplinaires,<br />

construit son propre chemin dans ce plan<br />

de synergies. Le double diplôme couvre<br />

la modalité théorique de ce chemin par un<br />

socle commun multi-disciplinaire très solide<br />

suivi de cours d’approfondissement dans<br />

des directions choisies. Il couvre aussi la<br />

modalité pratique de ce chemin par des<br />

opportunités d’expériences sous forme de<br />

cours-projets et de stages. Cette double<br />

modalité donne une consistance à autant<br />

de chemins uniques que d’étudiants dans<br />

le programme. À mon sens, ce plan de<br />

synergies et cette consistance sont les<br />

clés du succès de ce double diplôme. »<br />

Intégrer la RSE (responsabilité<br />

sociale des entreprises)<br />

dans toutes les disciplines<br />

du cursus de l’ESSEC<br />

est-il une systématisation<br />

de l’hybridation ?<br />

Les enjeux de la RSE étant par nature<br />

très larges sont intégrés dans la<br />

formation via un cours en tant que<br />

tel (état de l’art dans ce domaine, les<br />

grands enjeux et les questions posées,<br />

les travaux de réflexion en cours, …) et<br />

via une intégration dans tous les cours<br />

obligatoires (Économie, Finances,<br />

Stratégie, Marketing, Systèmes<br />

d’informations, …) entraînant donc<br />

un décloisonnement. L’étudiant peut<br />

au-delà de ce socle « obligatoire »<br />

La note de Raphaël Pestourie sur<br />

l’hybridation. « Je comprends la notion<br />

d’hybridation du point de vue du créateur,<br />

mais je ne comprends pas la notion<br />

d’hybridation comme processus vécu.<br />

Prenons un exemple biologique. On peut<br />

décider de croiser deux espèces de bois,<br />

l’un solide et l’autre étanche, dans le but de<br />

fabriquer des bateaux en bois qui soient<br />

à la fois solides et étanches. Considérons<br />

maintenant que nous ayons réussi<br />

l’hybridation des deux espèces de bois, et<br />

qu’avec ce bois hybride nous construisions<br />

un bateau. Le bateau en serait-il passé<br />

par un processus d’hybridation? Non.<br />

Revenons au vif du sujet, une fois que le<br />

croisement de la formation commerciale<br />

de l’ESSEC et de la formation d’ingénieur de<br />

CentraleSupélec fut réussi, j’ai pu bénéficier<br />

de cette formation hybride. Mais je n’ai pas<br />

le sentiment d’avoir vécu une hybridation.<br />

Si ce n’est du fait que je faisais partie de<br />

la première promotion et que, de ce fait,<br />

j’ai pu participer à la création (et la mise en<br />

place) des derniers détails pratiques de<br />

ce cursus dans une certaine mesure. »<br />

approfondir ces enjeux dans<br />

des cours électifs choisis (par<br />

exemple : Enjeux : la transition<br />

énergétique, Transhumanisme,<br />

Business intelligence, …).<br />

Sur la plateforme Knowledge de<br />

l’ESSEC, dans bien des articles,<br />

beaucoup d’occurrences<br />

de l’hybridation. Celle-ci<br />

a-t-elle, en quelque sorte,<br />

« fait école » ? Percevezvous,<br />

dans les institutions<br />

partenaires nationales et<br />

internationales et dans les<br />

autres grandes écoles, ce même<br />

mouvement de fond ?<br />

Oui la question du décloisonnement<br />

et de l’hybridation est probablement<br />

posée dans l’ensemble des formations<br />

aujourd’hui. La question porte<br />

actuellement sur les méthodes<br />

pédagogiques les plus appropriées<br />

pour une formation qualitative.<br />

Cas pratique :<br />

Une expérience de<br />

transdisciplinarité ou<br />

l’hybridation utopique<br />

en CPGE…<br />

La réflexion menée l’année dernière<br />

autour des nouveaux parcours<br />

de la voie ECG à partir de 2021,<br />

des programmes à retoucher<br />

dans cette continuité, une série<br />

de discussions pour préparer ces<br />

réunions, une consultation menée<br />

auprès des adhérents linguistes<br />

de l’APHEC m’ont conduite - et me<br />

conduisent encore - à questionner<br />

l’enseignement des langues dans les<br />

classes préparatoires et dans les<br />

Écoles de Management. Comment<br />

atténuer la déception de nos étudiants<br />

concernant l’enseignement des<br />

langues vivantes dans les Écoles<br />

en réduisant le fossé entre CPGE<br />

et GE ? Comment donner du sens à<br />

l’enseignement des langues en prépa ?<br />

Comment motiver et stimuler des<br />

étudiants qui ont parfois tendance à<br />

trouver des liens transversaux d’une<br />

multidisciplinarité bien établie dans<br />

notre système ? N’était-ce pas, lors<br />

de la réflexion sur les programmes<br />

et la filière, l’occasion de tenter une<br />

voie hors sentiers battus - ou plutôt<br />

des autoroutes - qui nous conduisent<br />

aux concours ? Et si donner du sens<br />

à nos enseignements passait par<br />

cette idée si novatrice dans certains<br />

programmes des Écoles mais somme<br />

toute si logique : « l’hybridation des<br />

savoirs » ? Une petite expérience sans<br />

14


l’essentiel du sup prépas paroles de profs<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

prétention menée par deux collègues<br />

mus par le souhait de travailler<br />

ensemble…<br />

Le terrain était propice : Stéphane<br />

Arthur, professeur de Culture<br />

Générale au lycée Voltaire d’Orléans,<br />

est un hispanophile convaincu et<br />

met un point d’honneur à soumettre,<br />

dans la bibliographie qu’il donne aux<br />

étudiants pour le thème de l’année<br />

suivante, une œuvre en anglais, une<br />

en allemand et une en espagnol.<br />

S’inscrivant dans le thème du Désir, il<br />

a donc demandé à nos ECE2, de lire<br />

la Carmen de Mérimée, mais aussi<br />

de visionner celle de Saura et bien<br />

sûr, d’écouter l’opéra de Bizet. « J’ai<br />

voulu montrer une Espagne vue à<br />

travers le vitrail du désir romantique<br />

d’absolu. Or, il se trouve que l’Espagne,<br />

pour les romantiques, a un caractère<br />

sauvage », explique-t-il. Pour mon<br />

collègue, la séquence devait mettre en<br />

exergue la représentation culturelle<br />

du désir, empreinte de stéréotypes,<br />

dans l’image propagée à cette époque<br />

de l’Espagne romantique, offrant un<br />

contrepoint à l’approche platonicienne<br />

du désir (avec le concept de logistikon,<br />

part rationnelle de l’âme qui permet<br />

la maîtrise du désir) car le mythe de<br />

Carmen est la parfaite illustration de<br />

la difficulté de mettre en œuvre la<br />

libido dominandi de Saint Augustin.<br />

Il a, pour cela, réveillé le thème des<br />

Mythes et Héros que les étudiants ont<br />

vu en terminale afin de construire sa<br />

progression spiralaire.<br />

De mon côté, me voyant offrir sur un<br />

plateau l’occasion de participer à la<br />

construction d’une séquence 100%<br />

ibérique, de croiser les savoirs en<br />

donnant de la transversalité à nos<br />

enseignements, j’ai proposé à mes<br />

étudiants trois thèmes à traduire<br />

tirés de l’œuvre de Mérimée. Sans<br />

prétendre faire un cours littéraire<br />

in extenso – la voie EC ne s’y prête<br />

guère-, nous avons commencé par<br />

recontextualiser la découverte de<br />

la Péninsule ibérique par Mérimée,<br />

entre autres auteurs comme Hugo<br />

ou Gautier, grâce à cet engouement<br />

naissant pour l’Espagne orientalisée,<br />

devenue exotique avec la construction<br />

de stéréotypes romantiques. Or<br />

Mérimée n’était jamais qu’un des<br />

premiers touristes qui empruntèrent<br />

au xix e siècle la route d’une Espagne<br />

facile d’accès et qui servit à répondre<br />

à la demande orientaliste en altérité<br />

transpyrénéenne… Les balbutiements<br />

du tourisme en somme, que les<br />

étudiants, un peu surpris, n’ont pas<br />

tardé à replacer dans ce thème étudié<br />

en 1ère année et ont donné du sens<br />

à cette information en la globalisant.<br />

L’exercice de la traduction en soi a été<br />

classique, en ayant pris soin de choisir<br />

des passages sans difficultés d’un<br />

autre siècle que l’étudiant ne trouvera<br />

jamais dans une traduction moderne<br />

de concours. La compréhension<br />

des passages a évidemment été<br />

facilitée par la connaissance de<br />

l’œuvre et les contresens ont été<br />

moins nombreux qu’à l’accoutumée.<br />

Tout en travaillant la langue, égrenant<br />

au fil de la correction remarques<br />

et précisions civilisationnelles et<br />

culturelles, je me suis appliquée<br />

à déconstruire les stéréotypes<br />

créés et propagés par Mérimée, à<br />

expliciter le caractère du payo (non<br />

gitan) don José qui ne possédait<br />

pas les codes du peuple gitan, face<br />

à Carmen en pointant la traduction<br />

euphémistique du mot gitana,<br />

pudiquement ou romantiquement<br />

nommée « bohémienne » par l’auteur.<br />

C’est justement ce double éclairage<br />

que Stéphane Arthur a capitalisé :<br />

« J’ai souhaité partir d’une approche<br />

érudite par ma collègue qui leur a,<br />

entre autres choses, montré les<br />

particularités de la distinction caló/<br />

payo pour en tirer une représentation<br />

universelle du désir, un désir créateur<br />

car il suscite des créations qui ellesmêmes<br />

jouent avec les clichés, chez<br />

Bizet, Mérimée, Saura… mais aussi<br />

un désir destructeur incarné par un<br />

don José-Thanatos. De plus, le désir<br />

pose la question du langage et, en<br />

cela, l’exercice de traduction joue<br />

pleinement son rôle ».<br />

Les étudiants ont semblé donner<br />

du sens - et c’était bien là le but<br />

- aux deux approches de notre<br />

enseignement pour se forger une<br />

vision plus complète et globale<br />

quoique plus pragmatique après la<br />

déconstruction des stéréotypes et<br />

la mise en perspective historique de<br />

la visite de l’Espagne par Mérimée.<br />

Ils sont surtout devenus acteurs de<br />

leur apprentissage en devant jeter<br />

des ponts entre terminale-CPGE/<br />

espagnol-culture générale pour utiliser<br />

à bon escient l’information en leur<br />

possession.<br />

Pour la Culture Générale, Stéphane<br />

Arthur se dit satisfait de cette<br />

transdisciplinarité car « le but est<br />

d’ouvrir des perspectives sur le thème<br />

de l’année à partir d’enseignements de<br />

terminale, d’interdisciplinarité afin de<br />

construire une continuité des savoirs,<br />

en bénéficiant, dans le cas présent,<br />

du regard plus riche de l’espagnol<br />

en offrant des visions différentes<br />

qui engendrent des tensions<br />

intéressantes ».<br />

15


l’essentiel du sup prépas paroles de profs<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Si je partage l’analyse de mon collègue<br />

sur l’intérêt indéniable et le résultat,<br />

elle est sans doute plus mesurée<br />

quant à la mise en œuvre. En effet,<br />

cette expérience aurait mérité plus<br />

de temps, d’approfondissement que<br />

les programmes de langues de la<br />

filière EC ne permettent pas. Fondés<br />

sur l’actualité, et donc sur les enjeux<br />

géopolitiques, sociaux et économiques<br />

du monde contemporain, les<br />

programmes et concours sont<br />

prescripteurs d’enseignements qui<br />

laissent peu de place aux incartades<br />

littéraires. Cette expérience n’a pu<br />

que s’inscrire dans l’exercice de la<br />

traduction, l’autre versant de nos<br />

concours. Toutefois, même dans<br />

cet exercice, il a fallu s’extraire de la<br />

période traditionnellement consacrée<br />

aux textes proposés en concours<br />

pour rendre visite à Carmen… C’est<br />

donc avec une certaine frustration<br />

que l’étude de Saura ou d’autres<br />

facettes qui auraient nourri la question<br />

est restée à l’état de… désir, là où<br />

une filière littéraire se serait prêtée à<br />

une transdisciplinarité plus poussée.<br />

Si la filière EC se prête davantage à<br />

l’hybridation des savoirs économiques<br />

ou géopolitiques – avec l’ESH et l’HGG<br />

donc -, il ne faut en rien oublier qu’il<br />

s’agit avant tout d’une question de<br />

désir, celui de travailler ensemble<br />

et d’offrir un regard globalisant sur<br />

certains sujets. Et Stéphane Arthur<br />

de conclure la question avec humour :<br />

« Sans désir, il n’y a pas d’hybridation<br />

possible … ».<br />

Nous voyons donc les limites<br />

imposées par nos prescripteurs.<br />

Pour autant, je reste persuadée<br />

que la langue est un vecteur de<br />

communication et doit être porteuse<br />

de sens. En cela, l’hybridation des<br />

savoirs est, à mon sens, la piste à<br />

explorer par les Écoles qui peinent<br />

à donner une place à l’enseignement<br />

des langues. Sans contraintes du<br />

cadre des concours, les Écoles<br />

peuvent intégrer les langues et la<br />

culture générale dans un projet plus<br />

ambitieux d’hybridation -et non plus<br />

seulement de transdisciplinarité.<br />

Construisant elles-mêmes parcours<br />

et programmes, les GE ont cette<br />

formidable liberté d’action dont<br />

elles pourraient tirer un profit<br />

extraordinaire, à commencer par<br />

la motivation de leurs étudiants,<br />

l’ouverture humaniste et la<br />

connaissance des enjeux du monde<br />

contemporain indispensable à<br />

tout semestre, stage ou emploi à<br />

l’étranger… en somme, à la formation<br />

d’un citoyen du monde.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PréPas<br />

DOssIer<br />

mARS <strong>2020</strong> N° 36<br />

© Neoma BS<br />

Les soft skills<br />

ou la nouvelle frontière<br />

de l’enseignement<br />

etre compétent c’est bien, être ouvert aux autres,<br />

innovant, habitué au travail en groupe c’est encore<br />

mieux. aujourd’hui les entreprises attendent des<br />

Grandes écoles de management qu’elles forment des<br />

profils complets. regard sur les fameuses soft skills.<br />

17


l’essentiel du sup prépas dossier mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

A<br />

l’heure de la montée en puissance<br />

de l’intelligence artificielle (IA),<br />

alors que les entreprises veulent<br />

recruter des jeunes prêts à s’investir<br />

immédiatement dans des projets, que<br />

doit-on leur enseigner ? Si peu imaginent<br />

encore qu’un cursus en management ne<br />

doit se focaliser que la transmission de<br />

connaissances, l’enseignement ce qu’on<br />

appelle en anglais des softskills - et en<br />

français des « compétences douces »<br />

(ou plutôt « humaines ») ou encore des<br />

« savoirs comportementaux » -, est tout<br />

sauf une évidence pédagogique. Comment<br />

acquiert-on des manières policées, à bien<br />

se comporter en toutes situations, dans<br />

tous les pays, peut-on acquérir le sens<br />

de l’humour, de l’empathie, le sens de<br />

l’innovation… ? « On se place là dans le<br />

champ comportemental plutôt que dans<br />

celui, plus large, des compétences. Cette<br />

importance des soft skills traduit une<br />

logique économique pure et dure. Les<br />

entreprises demandent que les diplômés<br />

soient efficaces et rentables le plus<br />

vite possible dans des responsabilités<br />

managériales. Le diplômé est souvent<br />

évalué sur le travail des autres sans pour<br />

autant avoir ni titre ni responsabilité »,<br />

analyse de délégué général de la Fnege<br />

(Fondation nationale pour l’enseignement<br />

de la gestion des entreprises), Maurice<br />

Thévenet.<br />

Faire la différence<br />

Acquises dès l’école ces soft skills feront<br />

largement la différence une fois dans<br />

l’entreprise. Mais comment estimer leur<br />

bonne acquisition ? « Notre premier<br />

objectif a été de densifier les compétences<br />

de nos étudiants pour qu’ils se<br />

démarquent sur le marché de l’emploi.<br />

Aujourd’hui, 100% de nos étudiants obtiennent<br />

un double diplôme en France<br />

ou à l’étranger avec nos partenaires – à<br />

Sciences Po Toulouse, l’ENAC, l’INSA,<br />

etc. - ou dans nos MSc et nous remettons<br />

aussi un tout nouveau certificat Soft<br />

Skills », explique Annabel-Mauve Bonnefous,<br />

directrice du programme Grande<br />

école, des mastères spécialisés et des<br />

MSc de TBS. Un certificat qui est une<br />

première dans les écoles de Commerce<br />

et a pour objectif de « répondre au besoin<br />

des entreprises : recruter des leaders<br />

responsables, dotés de savoir-être et<br />

d’éthique et capables de maîtriser les<br />

relations interpersonnelles ». Ce que<br />

Maurice Thévenet résume ainsi : « Dans le<br />

monde du travail, il faut pouvoir travailler<br />

avec des personnes qu’on n’apprécie<br />

pas forcément dans un univers qui est<br />

collaboratif par nature. Et cela ce n’est<br />

pas inné, ça s’apprend. Cela se voit dans<br />

les pratiques culturelles et sportives : une<br />

entreprise préférera souvent embaucher<br />

quelqu’un qui a passé vingt ans dans des<br />

clubs de foot que cet autre qui a papillonné<br />

d’une activité à l’autre ».<br />

Quand Neoma reçoit<br />

des personnalités<br />

Sous l’impulsion de Michel-<br />

Edouard Leclerc, le président<br />

de l’école, Neoma organise<br />

des conférences sur les<br />

thématiques de la RSE<br />

(responsabilité sociale des<br />

entreprises). Emmanuel<br />

Faber, le PDG de Danone,<br />

a ouvert le cycle l’année<br />

dernière. Depuis septembre<br />

2019, Neoma a notamment<br />

accueilli Jean-Paul Agon,<br />

PDG de L’Oréal, et Thomas<br />

Gomart, directeur de l’IFRI<br />

qui est venu échanger sur son<br />

nouveau livre, « L’affolement<br />

du monde – 10 enjeux de<br />

géopolitiques ». Depuis<br />

début <strong>2020</strong> ont été reçues<br />

des personnalités aussi<br />

diverses que Jean-François<br />

Julliard, DG de Greenpace,<br />

Rony Brauman, ancien<br />

Président de MSF, Thierry<br />

Guibert, CEO de MF Brands<br />

Group (Lacoste, Aigle, The<br />

Kooples…) et Président de<br />

Neoma Alumni ou encore<br />

Henri Giscard d’Estaing,<br />

PDG du Club Med.<br />

© ESCP BS<br />

18


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

La professeure de management Lynda<br />

Gratton s’est intéressée à l’impact de<br />

l’évolution des structures familiales sur<br />

le travail. Selon elle, nous serions passés<br />

d’une norme de la famille traditionnelle,<br />

un homme, une femme, longtemps ensemble<br />

avec des enfants, à un type de<br />

famille, très divers et différent. Dans la<br />

famille traditionnelle vous vivez dans<br />

un collectif imposé. Dans la famille non<br />

traditionnelle, la personne peut penser<br />

qu’elle définit elle-même sa position.<br />

Maurice Thévenet reprend : « Je le vois<br />

particulièrement lorsque je demande à<br />

mes étudiants d’écrire leur biographie.<br />

Les « non traditionnels » s’y expriment<br />

sous la forme d’un « je » et racontent un<br />

récit au sein duquel la famille est un lieu<br />

où ils décident leur parcours. Mais dans<br />

l’entreprise traditionnelle il faut parfois<br />

porter des « charlotte » et respecter des<br />

horaires. C’est souvent ce problème d’adhésion<br />

à une vision collective qui conduit<br />

les jeunes à se lancer dans la création<br />

de start up. Alors comment développer<br />

le sens du collectif dans une institution<br />

d’enseignement supérieur ? C’est là qu’il<br />

faut s’interroger sur la réponse à donner<br />

aux étudiants. L’enjeu est de les préparer<br />

à ce monde collaboratif aux formes<br />

tellement diverses ».<br />

Prendre goût au travail en groupe<br />

La bonne maîtrise du travail en équipe<br />

est sans doute aujourd’hui la première<br />

qualité qu’attendent les entreprises des<br />

jeunes qu’elles recrutent. Une soft skill<br />

absolument essentielle ! Et il importe de<br />

la stimuler dès le début du cursus. Depuis<br />

trois ans la rentrée des étudiants d’Audencia,<br />

tout juste sortis de leur classe prépa,<br />

se fait ainsi sous le signe de l’innovation<br />

managériale. L’idée des « Talent Days » :<br />

répondre en groupe aux défis des entreprises<br />

pendant deux jours et présenter ses<br />

idées sur scène. Pas de quoi désarçonner<br />

Blandine, tout juste issues d’une khâgne,<br />

et Lucille, d’une prépa ECS et toute leur<br />

équipe : « Nous savions que nous allions<br />

vite être mis dans le bain du travail en<br />

Le continuum ou l’apport de culture générale aux soft skills !<br />

La culture générale est au carrefour des<br />

connaissances et des soft skills. Parce<br />

qu’elle permet l’altérité, donne confiance<br />

en soi, vous met à l’aise en toutes<br />

circonstances, en tous pays. Un aspect<br />

de la formation de la filière française en<br />

management, particulièrement en classe<br />

préparatoire, reconnu dans le monde<br />

entier comme l’explique le président<br />

de l’APHEC, Alain Joyeux : « La valeur<br />

ajoutée d’un diplômé français c’est sa<br />

culture générale, c’est à dire sa capacité<br />

à croiser les approches de différentes<br />

disciplines pour analyser les problèmes.<br />

La classe préparatoire est ce plus qui<br />

donne un bagage général, ni technique,<br />

ni financier…, permettant finalement<br />

à un futur manager de comprendre<br />

d’autres cultures quand il travaillera en<br />

Asie, en Argentine, etc. De croiser des<br />

approches économiques, historiques,<br />

groupe comme de l’oral et cela s’est très<br />

bien passé avec d’autres élèves que nous<br />

ne connaissions absolument pas. Avec un<br />

vrai esprit de camaraderie ! ».<br />

Travailler en équipes avec d’autres étudiants<br />

de son école c’est bien, le faire avec<br />

des étudiants étrangers de la même filière<br />

c’est mieux, être capables de monter<br />

des projets avec des étudiants d’autres<br />

cursus c’est encore mieux. Avec l’alliance<br />

Artem qui la lie à Mines Nancy et à l’École<br />

nationale supérieure d’art et de design<br />

de Nancy, l’ICN BS est depuis longtemps<br />

au cœur de cette problématique. 20%<br />

des cours de son programme grande<br />

école sont déjà communs avec ceux des<br />

Mines. Tous les vendredis après-midi<br />

les étudiants des trois écoles se retrouvent<br />

autour de projets communs.<br />

« Et l’étincelle naît souvent à la marge<br />

de chaque discipline quand les étudiants<br />

des autres écoles s’en emparent pour en<br />

repousser les frontières. Ils dépassent<br />

des frontières et ont pu demain apporter<br />

beaucoup aux entreprises qui les recruteront<br />

», se félicite la directrice de l’ICN,<br />

Florence Legros.<br />

philosophiques pour bien analyser la<br />

situation dans laquelle il va se trouver ».<br />

C’est dans cet esprit que les écoles<br />

travaillent sur la notion d’un « continuum » qui<br />

doit permettre d’effectuer la transition entre<br />

la classe préparatoire et la Grande école<br />

dans de meilleures conditions. « Nous avons<br />

renforcé l’enseignement des humanités avec<br />

un dispositif pluriel. En première année, nous<br />

avons introduit un nouveau cours obligatoire<br />

sur les humanités et le management. L’an<br />

dernier, le cours était consacré au thème du<br />

travail. Cette année, nous avons privilégié le<br />

thème de l’argent, que nous explorons sous<br />

toutes ses dimensions : philosophiques,<br />

ethnographiques, sociologiques,<br />

économiques... C’est passionnant à l’heure<br />

du débat sur Libra de Facebook et sur les<br />

cryptomonnaies », explique ainsi la directrice<br />

générale de Neoma, Delphine Manceau.<br />

« Inspiring Guest »<br />

chez TBS<br />

En septembre 2019, TBS a<br />

lancé la première édition de<br />

son projet « Inspiring Guest »,<br />

un événement conçu pour<br />

« injecter de la créativité et<br />

du fun dans l’enseignement<br />

et l’apprentissage ». Pendant<br />

une semaine, les professeurs<br />

et étudiants ont travaillé<br />

en collaboration avec une<br />

« personnalité inspirante »<br />

pour stimuler à la fois le<br />

processus d’apprentissage et<br />

la motivation des étudiants.<br />

Cette première édition a<br />

mis en lumière l’humoriste<br />

Sammy Obei, diplômé de<br />

l’Université de Berkeley,<br />

Californie en Business et<br />

Mathématiques appliquées.<br />

Tous les collaborateurs et<br />

les étudiants de TBS ont pu<br />

assister à un one-man show<br />

et à un atelier pédagogique.<br />

En parallèle, des vidéos<br />

pédagogiques ont été tournées<br />

tout le long de la semaine.<br />

19


l’essentiel du sup prépas dossier mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Apprendre à entreprendre<br />

Des expériences comme celle-là on en<br />

retrouve également à Audencia – dans<br />

une autre alliance qui la lie à Centrale<br />

Nantes et à l’école d’architecture – ou<br />

à Télécom EM qui partage son campus<br />

avec Télécom SudParis. Depuis 17 ans<br />

les deux écoles organisent chaque année<br />

un Challenge Projets d’Entreprendre®<br />

commun pour les étudiants de deuxième<br />

année des deux écoles. Pendant une<br />

semaine ils travaillent en commun sur des<br />

projets. « Certains choisissent d’intégrer<br />

la majeure entrepreneuriat en 3 ème année<br />

et peuvent ensuite intégrer notre incubateur<br />

commun. Ils créent des entreprises<br />

comme Recommerce, le leader européen<br />

de la collecte de téléphones portables<br />

recyclés ou Auticiel, spécialisé dans les<br />

applications destinées aux personnes<br />

atteintes de troubles cognitifs et mentaux<br />

», rappelle le directeur de Télécom<br />

EM, Denis Guibard.<br />

Les « entreprises étudiantes » sont justement<br />

au cœur du projet de l’ISC. « Les<br />

entreprises étudiantes, un concept que<br />

développe depuis longtemps l’ISC, sont<br />

un élément très fort de notre projet.<br />

Pédagogie inversée, business games,<br />

peering (évaluation des étudiants entre<br />

eux), mentoring d’un étudiant par un<br />

autre, nous pratiquons toutes sortes<br />

de méthodes de mise en situation. Nous<br />

allons orienter nos recrutements pour<br />

monter en compétences sur ces sujets<br />

qui vont infuser tout notre projet », confie<br />

ainsi le directeur général de l’ISC Paris,<br />

Jean-Christophe Hauguel<br />

Un serious game sur<br />

l’éthique à Grenoble EM<br />

Grenoble Ecole de<br />

Management (GEM) a créé<br />

en 2019 un nouveau serious<br />

game, Finethics, pour « aider<br />

les futurs leaders à construire<br />

leur engagement éthique ».<br />

Grâce à la réalité virtuelle, le<br />

joueur se retrouve propulsé au<br />

sein d’une banque pour son<br />

premier jour comme chargé<br />

d’affaires en période d’essai.<br />

Comme dans la réalité, les<br />

réunions et les rendez-vous<br />

clients s’enchainent. « Nous<br />

n’attendons pas de bonnes<br />

ou de mauvaises réponses<br />

au cours du jeu. L’important<br />

ce sont les émotions que le<br />

joueur ressent et l’analyse<br />

qu’il pourra en faire. Il<br />

doit faire des choix avec<br />

lesquels il sera en accord<br />

ou non », confie Arnaud<br />

Raffin, professeur à Grenoble<br />

Ecole de Management et<br />

co-créateur de Finethics.<br />

Après la session, un moment<br />

d’échange va l’aider à<br />

prendre conscience du<br />

dilemme et à en sortir.<br />

Aider les autres<br />

L’organisation d’événements étudiants<br />

est une autre occasion d’apprendre, non<br />

seulement à travailler en groupe, mais<br />

aussi avec des entreprises qui en sont<br />

les sponsors. Et le mieux est alors de<br />

travailler pour les autres dans le cadre<br />

d’un projet à but humanitaire. SKEMA<br />

Business School a ainsi organisé fin 2019<br />

son #SKEMAunited, un challenge sportif<br />

inédit dont l’objectif est de financer des<br />

bourses sociales pour les étudiants.<br />

Pendant un mois les étudiants, les collaborateurs<br />

de SKEMA, les diplômés et<br />

les entreprises partenaires de l’Ecole<br />

ont été invités à participer à ce grand<br />

challenge sportif soutenu par de grands<br />

champions Individuellement et en équipes,<br />

il s’agit de bouger en s’amusant, d’où le<br />

slogan « Run for fun(d). Chaque kilomètre<br />

parcouru générait 1€ de dons venant<br />

abonder le fonds de dotation destiné à<br />

financer des bourses sociales soutenu<br />

par Société Générale, le groupe mondial<br />

Roquette et Axa Assurances, entreprises<br />

membres du réseau des grands partenaires<br />

de SKEMA.<br />

© TBS<br />

20


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

© Inseec SBE<br />

Parmi les apports essentiels aujourd’hui<br />

sur un CV avoir vécu une expérience<br />

humanitaire ou associative figure en<br />

bonne place. Dans ce contexte les écoles<br />

mettent de plus en plus en avant la possibilité<br />

pour les étudiants, pendant leur cursus,<br />

de remplir des missions humanitaires.<br />

Le programme Humacité du groupe Sup<br />

de Co La Rochelle BS attire ainsi nombre<br />

d’étudiants qui veulent réaliser une mission<br />

citoyenne obligatoire au service<br />

d’associations ou d’ONG. Une dimension<br />

« responsable » depuis longtemps apanage<br />

de l’école « La RSE (responsabilité<br />

sociale des entreprises) fait partie des<br />

grandes spécificités de La Rochelle. Nous<br />

avons été la première école à développer<br />

un master de gestion de l’environnement<br />

en 1999 », commente son directeur,<br />

Bruno Neil, qui est en passe de créer<br />

une « Cantine RSE » avec sa technopole,<br />

Atlantech, dans laquelle les entreprises<br />

et les étudiants viennent construire ensemble<br />

des cas pratiques : « Un véritable<br />

« open system » que nous construisons<br />

avec les entreprises. Et pas seulement<br />

à La Rochelle mais aussi à Tours ou<br />

Niort. Être « phygital » (un enseignement<br />

digital patiné de séquences physiques),<br />

multiculturel et transgénérationnel cela<br />

veut dire que tous nos nouveaux cours<br />

seront ouverts aussi bien aux étudiants<br />

qu’aux salariés ».<br />

Sébastien Gémon<br />

Montpellier BS veut être<br />

le meilleur du BEST<br />

« Nous allons être les leader<br />

dans le BEST, c’est à dire le<br />

Business Environmental pour<br />

recentrer notre société. »<br />

Un peu moins d’un an<br />

après son arrivée à la tête<br />

de Montpellier BS, Bruno<br />

Ducasse a présenté un plan<br />

stratégique élaboré avec ses<br />

équipes qui met l’accent sur<br />

cette dimension RSE. « Nous<br />

serons les ambassadeurs<br />

de la transition avec des<br />

chaires autour de la RSE,<br />

du développement de la<br />

micro-finance dans les pays<br />

développés mais aussi de<br />

nouveaux programmes et de<br />

nouvelles spécialités dans<br />

le cadre du programme<br />

Grande école (PGE) »,<br />

détaille le directeur.<br />

Pour s’imposer dans ce<br />

domaine, un Observatoire<br />

de l’inclusion et un index de<br />

transformation sociétale et<br />

environnementale des PME-<br />

PMI, le « Rix (Responsabily<br />

Index », seront créés.<br />

21


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Jean-Christophe Hauguel<br />

Directeur général de l’ISC Paris<br />

« Nous allons positionner l’ISC comme une école<br />

de référence de l’action-learning »<br />

C’est l’une des rares écoles de<br />

management qui restent indépendantes<br />

à la fois des chambres de commerce<br />

et d’industrie et des groupes privés.<br />

Depuis la rentrée Jean-Christophe<br />

Hauguel a pris la direction de l’ISC Paris.<br />

Son regard, ses perspectives.<br />

Olivier Rollot : Il y a maintenant six mois que<br />

vous avez pris la direction de l’ISC. Si vous<br />

deviez établir un « rapport d’étonnement »<br />

que mettriez-vous en avant ?<br />

Jean-Christophe Hauguel : L’école est bien celle<br />

à laquelle je m’attendais. Un très gros potentiel, une<br />

très belle marque très reconnue. J’ai été particulièrement<br />

bluffé par la qualité du réseau de diplômés,<br />

équivalente à celle d’une école du top 10 des écoles<br />

de management françaises. Presque tous les jours<br />

on apprend qu’un alumni a été nommé à un poste de<br />

direction très prestigieux.<br />

Récemment l’ISC a misé sur la qualité en obtenant en<br />

2017 l’accréditation AACSB (Association to Advance<br />

Collegiate Schools of Business) puis, en 2019, Amba<br />

à la fois pour son Master in Management (programme<br />

Grande école) et son MBA. En trois ans trois accréditations<br />

qui montrent la montée en gamme opérée par<br />

mes prédécesseurs. Aujourd’hui nous travaillons pour<br />

obtenir le visa pour notre bachelor.<br />

J’ajoute que l’ISC monte dans quasiment tous les classements<br />

(The Financial Times, Le Figaro, Challenges,<br />

l’Etudiant) ce qui est très encourageant pour toutes<br />

les équipes.<br />

O. R : Sur quoi s’appuient vos projets de<br />

développement de l’ISC ?<br />

J-C. H : Nous sommes très ambitieux. Nous allons<br />

commencer par positionner l’ISC comme une école de<br />

référence de l’action-learning. Apprendre en faisant<br />

est au cœur de notre projet depuis la fondation de<br />

l’école en 1962 par un entrepreneur visionnaire, Paul<br />

Icard. Songez qu’un étudiant retient 5 à 10% de ce qu’il<br />

entend pendant un cours. Dans le cadre d’un projet on<br />

monte à 95% !<br />

Et justement les entreprises étudiantes, un concept<br />

que développe depuis longtemps l’ISC, sont un élément<br />

très fort de notre projet. Pédagogie inversée, business<br />

games, peering (évaluation des étudiants entre eux),<br />

mentoring d’un étudiant par un autre, nous pratiquons<br />

toutes sortes de méthodes de mise en situation. Nous<br />

allons orienter nos recrutements pour monter en<br />

compétences sur ces sujets qui vont infuser tout<br />

notre projet.<br />

Nous allons également développer nos programmes<br />

d’Executive Education en revenant aux sources du MBA.<br />

Jean-Christophe<br />

Hauguel<br />

Jean-Christophe Haugel,<br />

49 ans, a été nommé directeur<br />

de l’ISC Paris et pris ses<br />

fonctions le 2 septembre 2019.<br />

Directeur général adjoint<br />

de l’EM Normandie depuis<br />

2008, il succède à Henry<br />

Buzy-Cazaux. A charge pour<br />

lui de revivifier une école qui<br />

vient de connaître un échec<br />

dans son recrutement post<br />

prépas de l’ISC (50 places<br />

sont restées libres et<br />

seulement 75 étudiants ont été<br />

affectés contre 111 en 2018) et<br />

qui a connu quatre directeurs<br />

en cinq ans. Responsable<br />

au niveau national du<br />

dispositif des « Cordées<br />

de l’entrepreneuriat »<br />

et du groupe de travail<br />

« innovations pédagogiques »<br />

au sein du Chapitre des<br />

écoles de management<br />

de la Conférence des<br />

grandes écoles, Président<br />

du SIGEM depuis 2015,<br />

Jean-Christophe Hauguel a<br />

de grands atouts pour cela.<br />

Jean-Christophe Hauguel<br />

est titulaire d’un doctorat<br />

en économie de l’université<br />

de Rouen après un master<br />

recherche (DEA) obtenu à<br />

Paris 1 Panthéon-Sorbonne.<br />

Il est également titulaire<br />

d’un certificat de la Harvard<br />

Graduate School of<br />

Education in « Management<br />

& Leadership in Education ».<br />

Après différents postes<br />

d’enseignants chercheurs<br />

à l’université et dans<br />

des Grandes Écoles de<br />

management et d’ingénieurs,<br />

Jean-Christophe Hauguel<br />

avait rejoint l’EM Normandie<br />

en 2005 en tant que<br />

professeur d’économie.<br />

22


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

O. R : Vous devez également évoluer en<br />

fonction de nouvelles attentes de vos futurs<br />

étudiants ?<br />

J-C. H : Aujourd’hui les écoles de management françaises<br />

ont démontré leurs capacités à intégrer les<br />

standards internationaux au travers des accréditations.<br />

Maintenant il leur faut se différencier en s’appuyant<br />

sur l’expérience étudiante. Ils ont besoin qu’on leur<br />

propose plus que des articles de recherche. Nous<br />

devons leur apporter des contenus qui correspondent<br />

à leur génération. Aujourd’hui lors d’une journée porte<br />

ouvertes on ne peut pas se contenter de dire à nos<br />

futurs étudiants que nous sommes accrédités AACSB<br />

et Amba. C’est nécessaire mais ce n’est pas suffisant.<br />

Ce qui compte c’est le contenu de nos programmes et<br />

de l’expérience que nous proposons.<br />

Les locaux de l’ISC à Paris<br />

O. R : Parlons des élèves de classes<br />

préparatoires. En 2019 vous n’avez eu que 75<br />

élèves affectés contre 111 en 2018. Comment<br />

l’expliquez-vous ?<br />

J-C. H : C’est assez cyclique : 2016 et 2018 ont été de<br />

bonnes années, 2017 et 2019 moins bonnes. On sait<br />

aujourd’hui que le nombre d’étudiants total en classes<br />

préparatoires EC stagne quand le nombre de places<br />

des 10 premières écoles lui progresse. C’est donc<br />

plus difficile de convaincre pour les écoles comme<br />

les nôtres mais nous sommes très attachés au profil<br />

des étudiants de CPGE et sommes convaincus que la<br />

diversité de la filière fait sa richesse donc son succès.<br />

O. R : Qu’est-ce que viennent d’abord<br />

chercher les étudiants à l’ISC ?<br />

J-C. H : Les étudiants admissibles qui viennent passer<br />

les oraux à l’ISC connaissent de réputation nos entreprises<br />

étudiantes. Ils y découvrent que leur cahier<br />

des charges n’a rien à voir avec ce qu’ont développé<br />

les autres écoles. Que la vie associative est vraiment<br />

au cœur de l’ISC avec des crédits ECTS dédiés et le<br />

mentoring d’étudiants expérimentés. Chez nous le<br />

responsable des entreprises étudiantes fait partie du<br />

comité de direction de l’école. De plus chaque année<br />

une association monte un événement majeur, le Human<br />

Comedy Club, qui réunit plus de 1000 personnes pour<br />

assister à un spectacle d’humoristes entièrement monté<br />

par nos étudiants. Ils apprennent toutes les contraintes<br />

inhérentes à un événement. Une expérience unique.<br />

© ISC Paris<br />

Au-delà de nos associations les étudiants viennent<br />

aussi à l’ISC tout simplement parce qu’elle est à Paris,<br />

toute proche de la vie parisienne avec une vie culturelle<br />

incomparable et des opportunités de stages, de jobs ou<br />

d’alternance sans commune mesure avec le reste de la<br />

France. ils choisissent également une école qui a une<br />

histoire, accréditée, qui les rassure pour leur avenir.<br />

Enfin cette année nous allons revoir notre plateforme<br />

de marque et nos logos qui n’ont pas bougé depuis 10<br />

ans et notre site Internet pour affirmer notre identité,<br />

nos valeurs, notre vision.<br />

O. R : L’ISC est maintenant également<br />

implantée à Orléans. Que vous apporte ce<br />

deuxième campus ?<br />

J-C. H : Aujourd’hui la moitié des étudiants de notre<br />

programme Grande école (PGE) vient d’Ile-de-France<br />

et ils sont 75% en bachelor. Ce nouveau campus nous<br />

permet de mieux aller à la rencontre d’étudiants de tout<br />

le centre de la France, de Châteauroux à Bourges, de<br />

Niort à Angers, de Tours à Auxerre pour lesquels Orléans<br />

est un point central. De plus la métropole d’Orléans a<br />

un vrai projet de développement de l’enseignement<br />

supérieur qui s’appuie sur les 20 000 étudiants notamment<br />

de son université. Deux écoles d’ingénieurs,<br />

l’ESTP et Agro ParisTech, vont également s’y implanter<br />

à partir de 2021.<br />

L’ISC s’est mobilisée<br />

autour de la 2 ème Journée<br />

mondiale de l’Education<br />

Sous l’égide de l’UNESCO<br />

la 2 ème journée mondiale<br />

de l’Education a eu lieu le<br />

23 janvier. L’ISC a l’a célébré<br />

par une fête de l’apprendre<br />

sur le thème « Apprendre<br />

avec plaisir ». Dans ce cadre<br />

ont dispensés des cours<br />

labellisés « Apprendre c’est<br />

partager » ou « Apprendre<br />

c’est se poser des questions<br />

autrement » pendant toute<br />

une semaine. Cette même<br />

journée une grande « Carte<br />

de l’Apprendre » a permis<br />

aux étudiants de réfléchir<br />

ensemble à ce que veut dire<br />

apprendre et aux différentes<br />

méthodes d’apprentissage.<br />

Au programme enfin un<br />

Concours d’Éloquence et<br />

un « Mur du Partage » pour<br />

immortaliser une phrase,<br />

une idée ou un souvenir à<br />

partager autour du thème<br />

du plaisir d’apprendre.<br />

23


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

© ISC Paris<br />

Pour notre part nous y comptons déjà 60 étudiants<br />

en bachelor en plein centre d’Orléans dans un ancien<br />

collège qui est peu à peu rénové. D’ici sept à huit ans<br />

nous pensons monter à 700 étudiants, dont des élèves<br />

du programme Grande école (PGE). Les entreprises<br />

d’Orléans et de toute la région sont très demandeuses<br />

de formation pour les salariés locaux. Nous travaillons<br />

d’ailleurs de concert avec les universités comme les<br />

écoles d’ingénieurs.<br />

O. R : Ce sont vos professeurs parisiens qui<br />

viennent enseigner ?<br />

J-C. H : Nos professeurs parisiens viennent y effectuer<br />

une partie de leur service. Nous avons des recrutements<br />

locaux en cours et employons également des<br />

vacataires locaux.<br />

O. R : La crise sanitaire que connaît la Chine<br />

avec le Coronavirus touche-t-elle l’ISC ?<br />

J-C. H : En Chine nous délivrons essentiellement des<br />

programmes de DBA (Doctorate of Business Administration)<br />

et MBA (master of business administration)<br />

aux étudiants chinois. Une rentrée doit avoir lieu en<br />

avril mais nous n’enverrons pas de professeurs. Nous<br />

recevons également chaque année 40 étudiants chinois<br />

qui étaient déjà en France avant la crise. Enfin nous<br />

avons rapatrié tous nos étudiants qui étaient présents<br />

en Chine.<br />

O. R : L’ISC est l’une des toutes dernières<br />

écoles de management privées du haut<br />

du panier à être indépendante. Est-ce une<br />

position facile à tenir ?<br />

J-C. H : Nous sommes effectivement à la fois indépendants<br />

de toute chambre de commerce et d’industrie<br />

et de tout groupe privé. Cela nous donne une grande<br />

indépendance vis à vis du marché et de demandes<br />

fortes de rentabilité qu’on voit aujourd’hui émerger.<br />

Les entreprises<br />

étudiantes de l’iSC<br />

Elles sont bien autre chose<br />

que des associations telles<br />

qu’on les conçoit dans des<br />

business schools. Il s’agit<br />

d’authentiques structures<br />

porteuses d’un objet<br />

social, d’un métier, d’une<br />

organisation, dotées d’un<br />

budget de fonctionnement<br />

et astreintes à atteindre<br />

des objectifs commerciaux<br />

en servant des clients à<br />

conquérir et fidéliser. Ces<br />

entreprises vivent en quelque<br />

sort en double commande,<br />

suivies et encadrées non<br />

seulement par un directeur<br />

dédié membre du comité de<br />

direction, mais aussi par des<br />

professeurs ou encore des<br />

alumni engagés à nos côtés.<br />

24


l’essentiel du sup prépas débat mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Les Grandes écoles<br />

au défi de la diversité<br />

« Bonifier » les notes des boursiers, créer des filières dédiées comme<br />

à Sciences Po, limiter la part de la culture générale dans les concours<br />

ou tout simplement soutenir les élèves défavorisés sur le modèle des Cordées<br />

de la Réussite, les idées fusent pour rendre l’enseignement supérieur<br />

plus perméable aux boursiers. Tour d’horizon.<br />

Ce ne sont pas seulement les<br />

Grandes écoles mais aussi les<br />

filières universitaires les plus<br />

sélectives comme la médecine<br />

ou le droit. Au premier rang c’est l’Ena<br />

qui devrait bientôt être réformée pour<br />

être remplacée par une une toute nouvelle<br />

Ecole d’administration publiques<br />

(EAP). L’APLCPGE (Association des<br />

proviseurs de lycées à classes préparatoires<br />

aux Grandes écoles) y consacrait<br />

le 18 janvier ses débats lors de son<br />

congrès annuel en recevant les directeurs<br />

de l’Ecole polytechnique, HEC et<br />

l’ENS Paris.<br />

Que propose le<br />

groupe de travail ?<br />

Huit Grandes écoles (les quatre ENS,<br />

l’Ecole polytechnique, HEC, ESSEC et<br />

ESCP Europe) avaient été missionnées<br />

pour réfléchir à l’ouverture sociale par<br />

Frédérique Vidal. Les universités sont<br />

maintenant également concernées – essentiellement<br />

le droit et la médecine - sans<br />

qu’on sache si elles seront jugées globalement,<br />

par UFR ou encore par niveau.<br />

« Nous sommes beaucoup plus forts depuis<br />

que nous recevons des femmes, nous<br />

sommes plus forts depuis que nous recevons<br />

des étudiants étrangers, nous serons<br />

beaucoup plus forts le jour où nous serons<br />

plus en ligne avec la société », résume<br />

le directeur général adjoint d’HEC,<br />

Eloïc Peyrache dont l’école est déjà passée<br />

de 5 à 13% de boursiers en vingt ans.<br />

« Farouchement opposés aux quotas,<br />

nous voulons mettre tous les étudiants à<br />

égalité face au jury d’admission tout en<br />

donnant des points de bonification en<br />

amont », explique de son côté le directeur<br />

général de l’ENS Paris, Marc Mézard,<br />

© Ecole polytechnique<br />

dont les écoles sont les seules à prévoir<br />

un système de bonification pour les boursiers.<br />

Quant au président du conseil d’administration<br />

de l’Ecole polytechnique,<br />

Eric Labaye, ils constate que « depuis<br />

1996 les chiffres de nos élèves stagnent<br />

parce que les boursiers réussissent moins<br />

bien que les autres : les 25% de candidats<br />

boursiers ne sont que 12% parmi<br />

nos élèves. La question est de comment<br />

les faire réussir ? ».<br />

Quels objectifs ?<br />

« Nous voulons faire en sorte que les<br />

jeunes qui occuperont des rôles de premier<br />

plan viennent de toutes les catégories<br />

sociales et de tous les lieux », requiert<br />

Frédérique Vidal. Si « elle ne fixe pas le<br />

chemin » pour y parvenir l’objectif n’en<br />

est pas moins « obligatoire ».<br />

Un objectif qui n’en reste pas moins<br />

flou en termes d’objectifs chiffrés. Faire<br />

que les Grandes écoles « reçoivent en<br />

moyenne autant de boursiers que l’ensemble<br />

de l’enseignement supérieur, soit<br />

entre 37 et 38% », ou « le même pourcentage<br />

dans tous les établissements supérieur<br />

» ? La ministre n’est pas claire à ce<br />

sujet arguant que « l’effort est plus important<br />

quand on passe de 12 à 25% -<br />

l’objectif de l’Ecole polytechnique – que<br />

lorsqu’ils s’agit de 30 à 38% ». Les trois<br />

« parisiennes » (HEC, ESCP et l’Essec)<br />

entendent recevoir « rapidement » de 20<br />

% à 25 % d’étudiants boursiers.<br />

25


l’essentiel du sup prépas<br />

débat<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

des étudiants qui concourent dans des<br />

conditions différentes », défendent ainsi<br />

ses dirigeants, Benjamin Blavier et Boris<br />

Walbaum. Et la ministre d’insister :<br />

« Ce serait odieux pour des jeunes issus<br />

de milieux modestes d’être admis dans<br />

une école en fonction de quotas. Il serait<br />

abominable de laisser planer un doute<br />

sur leur excellence ! »<br />

Mais n’est-ce pas exactement ce qui va<br />

se passer quelle que soit la formule ? Et<br />

alors ce seront tous les boursiers qui se<br />

sentiront stigmatisés. Sans parler des effets<br />

induits sur des classes moyennes.<br />

« Avec une telle mesure, il faudra vraiment<br />

beaucoup de courage aux bacheliers<br />

non boursiers pour aller en prépa !<br />

Non seulement ils feront un choix où ils<br />

relèveront le défi de l’excellence sans certitude<br />

d’être performants, mais en plus<br />

ils seront pénalisés aux concours. Une<br />

sorte d’encouragement à une fuite vers<br />

les bachelors… payants !! », stigmatise le<br />

président de l’APHEC (Association des<br />

professeurs des classes préparatoires économiques<br />

et commerciales), Alain Joyeux.<br />

© Ena<br />

Les locaux de l’Ena à Strasbourg<br />

Une « bonification »<br />

pour les boursiers ?<br />

La piste la plus emblématique pour faire<br />

progresser le pourcentage de boursiers<br />

dans l’enseignement supérieur est d’introduire<br />

des bonifications dans les concours<br />

pour les favoriser. Les ENS proposent que<br />

ces bonifications soient proportionnelles<br />

au niveau des bourses et ne commencent<br />

qu’au niveau 2. Les jurys des oraux n’auraient<br />

ensuite pas connaissance des candidat<br />

« bonifiés » ou non.<br />

Une idée sur laquelle les autres Grandes<br />

écoles se montrent pour le moins réservées.<br />

Voire franchement opposées. « Personne<br />

ne s’offusque qu’on donne des<br />

points de bonus aux 3 ½ aux élèves dans<br />

les concours des écoles d’ingénieurs.<br />

Pourquoi ne pas donner un coup de<br />

pouce de la même façon aux boursiers »,<br />

rétorque Marc Mézard quand Eric Labaye<br />

préfère se « focaliser sur les boursiers<br />

candidats pour les faire mieux réussir ».<br />

HEC n’y est pas farouchement opposée<br />

mais « craint que le Conseil d’Etat s’y oppose<br />

» et n’a ainsi jamais voulu appliquer<br />

même la notion de bonification aux 3 1/2.<br />

Pour et contre<br />

Le principe de bonifications est particulièrement<br />

salué par l’association engagée<br />

dans l’égalité des chances Article 1.<br />

« Il est inéquitable de juger de la même<br />

façon des étudiants qui ont des conditions<br />

d’études différentes : job étudiant<br />

soir et WE, temps de transport conséquent,<br />

chambre partagée ou mal-logement,<br />

manque de réseau ou d’appui<br />

familial… À capacité égale, ces conditions<br />

d’études sont discriminantes aux<br />

concours. Ne pas compenser ces réalités<br />

revient à évaluer de la même façon<br />

Les autres propositions<br />

L’Ecole polytechnique réfléchit à d’autres<br />

évolutions. Pour le concours il s’agirait<br />

par exemple de conserver les points de<br />

3 ½ pour les seuls 5 ½ boursiers qui auraient<br />

ainsi une année de plus pour réussir.<br />

Six candidats boursiers supplémentaires<br />

pourraient ainsi être reçus. Autre<br />

idée : créer une classe préparatoire aux<br />

classes préparatoires dans l’esprit de ce<br />

que fait par exemple Paris-Saclay avec<br />

l’Institut Villebon-Charpak pour accroitre<br />

la diversité dans les filières scientifiques.<br />

L’autre sujet est territorial. Comment<br />

se fait-il que 90% des reçus à l’X proviennent<br />

de dix grands lycées, dont sept<br />

parisiens ? Une concentration intervenue<br />

avec APB puis Parcoursup vers ces<br />

lycées qui ont la faculté de recruter nationalement<br />

tout en possédant des bases<br />

de données de concours uniques. D’où<br />

la suggestion de l’X de créer une base de<br />

données des concours accessible à tous.<br />

Il est également envisagé :<br />

• d’étendre les admissions sur titre ;<br />

• de promouvoir des dispositifs type Cordées<br />

de la Réussite ;<br />

• d’aider les étudiants à financer des<br />

études loin de leur domicile.<br />

Mais pourquoi ne pas tout simplement<br />

organiser un système de quotas de boursiers<br />

dans chaque établissement, comme<br />

26


l’essentiel du sup prépas<br />

débat<br />

mars <strong>2020</strong> N° 36<br />

Réforme de l’Ena : que va faire le gouvernement ?<br />

L’avocat Frédéric Thiriez a remis le 18 février<br />

dernier son rapport sur la réforme de l’Ena<br />

et les autres écoles de la haute fonction<br />

publique qui pourrait donner naissance à<br />

une toute nouvelle Ecole d’administration<br />

publiques (EAP). Cette nouvelle EAP<br />

serait un établissement d’enseignement<br />

supérieur et ferait partie de PSL à laquelle<br />

elle est déjà associée. Surtout l’EAP<br />

aurait vocation à former tous les hauts<br />

fonctionnaires. Une sorte de super ENA !<br />

Le nouveau cursus pourrait débuter<br />

par un socle commun de six mois ouvert<br />

aux candidats reçus dans six écoles de<br />

la fonction publique : l’École des hautes<br />

études en santé publique, l’École nationale<br />

de la magistrature, l’École nationale<br />

supérieur de la police, l’École nationale<br />

d’administration pénitentiaire, l’École<br />

nationale supérieure de sécurité sociale et<br />

l’Institut national des études territoriales.<br />

Sur le modèle de l’Ecole polytechnique,<br />

ce tronc commun s’ouvrirait par une<br />

préparation militaire de trois semaines puis<br />

par l’encadrement de jeunes du service<br />

national universel. Les élèves effectueraient<br />

ensuite quatre mois de mission terrain<br />

dans différentes administrations<br />

relevant de leur école de rattachement<br />

pour résoudre un problème réel.<br />

Un nouveau concours. Comme<br />

aujourd’hui la moitié des 130 places ouvertes<br />

chaque année sera réservée aux étudiants,<br />

l’autre moitié́ aux professionnels. La<br />

dissertation de culture générale serait<br />

remplacée par la rédaction d’une note sur<br />

une problématique contemporaine. Une<br />

toute nouvelle épreuve collective de mise<br />

c’est le cas après le bac sur Parcoursup<br />

à l’entrées dans les classes préparatoires<br />

? « C’est une mesure à laquelle<br />

nous n’avons pas été opposés, cela a été<br />

notre contribution au débat », souligne<br />

Pascal Charpentier, le proviseur du lycée<br />

Le Parc de Lyon quand Frédérique Vidal<br />

établit : « Autant je suis favorable aux<br />

quotas après le bac, autant l’excellence<br />

reste primordiale après un concours ».<br />

L’état de lieux<br />

En moyenne les boursiers sont 37,5%<br />

dans l’enseignement supérieur. Plus de la<br />

moitié des étudiants dans les sections de<br />

technicien supérieur sont boursiers (55%)<br />

pour 28,8% en classes préparatoires. La<br />

en situation évaluerait les compétences des<br />

futurs élèves dans une situation donnée.<br />

Pour accroitre la diversité un<br />

« concours spécial » pourrait être<br />

organisé pour les jeunes issus de familles<br />

modestes. Dix places leur seraient<br />

réservées alors que l’Ena comptait cette<br />

année 36% de boursiers. Le rapport<br />

propose également la création des classe<br />

préparatoires publiques regroupant des<br />

élèves sélectionnés sur des critères<br />

sociaux dans chacune des 20 régions.<br />

Ce n’est pas dans le rapport Thiriez mais,<br />

selon Le Monde, il serait également question<br />

d’imposer un quota de boursiers dans les<br />

classes préparatoires aux grandes écoles<br />

de la fonction publique : les instituts de<br />

préparation à l’administration générale<br />

(au sein des universités) et les centres de<br />

préparation à l’administration générale<br />

(au sein des Instituts d’études politiques<br />

de région) mais aussi les masters des<br />

universités et des Sciences Po. Matignon<br />

semble l’envisager également pour les<br />

masters des universités et des Sciences Po.<br />

La fin du classement de sortie.<br />

C’est une vieille idée : le classement de<br />

sortie serait cette fois bien supprimé et<br />

l’entrée dans un grand corps – aujourd’hui<br />

subordonnée à ce classement - ne se ferait<br />

plus immédiatement mais après quatre<br />

ou cinq ans d’administration de terrain et<br />

deux années dans l’institution choisie.-<br />

La nouvelle école pourrait ouvrir ses<br />

portes en 2022. Si les textes législatifs<br />

et réglementaires sont au plus tard le 1 er<br />

septembre <strong>2020</strong> pour le concours 2021.<br />

part des boursiers des formations d’ingénieurs<br />

diffère selon qu’elles soient universitaires<br />

(36%) ou non (23%). Les écoles de<br />

commerce sont les formations accueillant<br />

le moins d’étudiants boursiers (12,7%).<br />

Dans les établissements emblématiques<br />

que sont l’Ecole polytechnique, HEC ou<br />

encore l’ENS-Paris, les boursiers ne sont<br />

respectivement que 12%, 13% et 20%.<br />

Dans les universités, les boursiers sont<br />

surreprésentés en administration économique<br />

et sociale (AES, 52%) et en langues<br />

(49%) mais ne sont que 26% dans<br />

les disciplines de santé (médecine, odontologie<br />

et pharmacie). « Alors qu’ils représentent<br />

certes 42% des étudiant dans les<br />

premiers cycles universitaire mais seulement<br />

31% en second cycle. Les universités<br />

ne sont en définitive pas plus ouvertes<br />

que les Grandes écoles », rappelle Pierre<br />

Mathiot, secrétaire du bureau de la CGE<br />

et directeur de Sciences Po Lille.<br />

Une étude plus pointue montre des distorsions<br />

également fortes selon le niveau<br />

de bourses. Si les étudiants boursiers de<br />

niveau 5 à 7 sont en moyenne 11,8% dans<br />

l’enseignement supérieur ce pourcentage<br />

varie de 3,7% dans les écoles de commerce<br />

à 23,6% en AES en passant par<br />

4,7% dans les écoles d’ingénieurs extérieures<br />

aux universités. Contrairement<br />

à une légende tenace les CPGE économiques<br />

et commerciales sont largement<br />

plus ouvertes avec 8% de boursiers de<br />

niveau 5 à 7 quand ils ne sont que 7%<br />

dans les classes préparatoires scientifiques.<br />

On peut logiquement en déduire<br />

que les écoles de management post prépas<br />

sont plus ouvertes à la diversité que<br />

les postbac.<br />

La CGE monte un nouvel<br />

indicateur plus précis<br />

Pour comprendre ce que représente vraiment<br />

l’ouverture sociale dans les Grande<br />

écoles, la Conférence des grandes écoles<br />

a voulu aller plus loin que la seule mesure<br />

des boursiers Crous. « Avec un taux<br />

d’apprentis de 18% dans nos écoles -<br />

17% dans les école d’ingénieurs et 24%<br />

dans les écoles de management - nous recevons<br />

beaucoup d’étudiants qui ne sont<br />

plus boursiers. Sans parler des écoles<br />

où ils sont rémunérés en tant que fonctionnaires<br />

», signale sa présidente, Anne-Lucie<br />

Wack.<br />

D’autres étudiants n’ont même plus droit<br />

aux bourses Crous : par exemple un étudiant<br />

ayant déjà réalisé deux années de<br />

PACES et ayant ainsi épuisé une grande<br />

partie de leurs droits avant d’intégrer<br />

une Grande école. Autant d’éléments qui<br />

faussent les statistiques d’ouverture sociale<br />

au détriment des Grandes écoles.<br />

D’où la création d’un indicateur « ECRS »<br />

pour « étudiant répondant aux critères<br />

sociaux » qui représentent 30% des étudiants<br />

des Grandes écoles (pour 27% de<br />

boursiers Crous).<br />

• Le comité de pilotage sera composé<br />

de représentants des trois conférences<br />

(CPU, CGE, Cdefi), des ministères<br />

concernés ainsi que des acteurs des politiques<br />

d’égalité des chances.<br />

• Lire la note du MESRI Les boursiers sur<br />

critères sociaux en 2018-2019<br />

Olivier Rollot<br />

27

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!