Sexisme, Médias et Société

Il n’est pas rare d’entendre que « l’égalité femme-homme est déjà acquise en Belgique ». Pourtant, les femmes subissent dans tous les domaines de leurs vies des formes multiples de violences verbales, psychologiques, symboliques et physiques. Parce qu’elles sont des femmes. Le sexisme imbibe notre société, nos médias et nos relations interpersonnelles, souvent à notre insu. Cette brochure propose des outils pour mettre à nu la mécanique sexiste et les inégalités qu’elle engendre. Elle invite aussi à questionner nos façons de construire la féminité et la masculinité. Nous avons tous et toutes l’opportunité de réinventer des relations sociales libératrices. Et dans cette quête de symboles égalitaires, les médias peuvent nous offrir des modèles inspirants pour une société plus juste. Il n’est pas rare d’entendre que « l’égalité femme-homme est déjà acquise en Belgique ». Pourtant, les femmes subissent dans tous les domaines de leurs vies des formes multiples de violences verbales, psychologiques, symboliques et physiques. Parce qu’elles sont des femmes.
Le sexisme imbibe notre société, nos médias et nos relations interpersonnelles, souvent à notre insu. Cette brochure propose des outils pour mettre à nu la mécanique sexiste et les inégalités qu’elle engendre. Elle invite aussi à questionner nos façons de construire la féminité et la masculinité. Nous avons tous et toutes l’opportunité de réinventer des relations sociales libératrices. Et dans cette quête de symboles égalitaires, les médias peuvent nous offrir des modèles inspirants pour une société plus juste.

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Le sport : fabrique defemmes gracieuseset d’hommes fortsLe sport n’échappe pas à la ségrégationpar le genre. Dans la majorité dessports, les hommes et les femmes sontséparés. La société considère certainesactivités convenables pour les femmesmais pas pour les hommes… et inversement).Historiquement, le sport aété un outil de promotion de l’hégémoniemasculine. Il a d’abord exclules femmes puis a « cantonné cesdernières dès le 19 e siècledans des activités "hygiéniques"d’entretien àl’intensité strictementcontrôlée et modérée.» 87La sociologue Catherine Louveau montre que les femmes qui ont commencé às’adonner au sport faisaient partie des classes socio-économiques supérieureset que seules les activités ne nuisant pas à « la grâce féminine » étaient tolérées.Les ouvrières aux longues journées de travail (10 heures en moyenne)et aux bas salaires n’avaient ni le temps ni l’argent. 88 Au début du 20 e siècle,la pratique du sport est marginale chez les femmes. Mais faire du sport estencouragé pour préparer leur corps à la maternité (sous l’influence despolitiques natalistes et familiales de l’après-guerre 14-18) et surtout pourLe sport : fabrique de femmes gracieuses et d’hommes forts • La beauté, une machine à discriminer • p. 74

rester belles et gracieuses. Il contribue donc à véhiculer les normes socialesdominantes de la masculinité et de la féminité en valorisant des femmes « plusféminines » et des hommes « plus masculins ». Les sports dits « masculins »développeront plutôt la musculature, la rapidité, et l’esprit de compétition. Lessports dits « féminins » encourageront la grâce, le sens de l’esthétique, la souplesse.Cent ans plus tard, le sport est toujours vu comme un moyen de transformer lescorps des femmes pour qu’ils collent aux normes de beauté féminine (c’est-àdireavoir un corps mince et ferme). Les dames qui font de l’effort sont égalementpriées de rester élégantes, comme l’illustrent ces différents articles demagazines et blogs féminins :« Rentrée : la tenue parfaite pour reprendre le sportLa rentrée scolaire est maintenant derrière nous,il est temps de penser à reprendre le chemin versla salle de sport pour brûler les quelques kilos prispendant l’été. Au lieu de vous habiller avec de vieuxvêtements trouvés dans le fond de votre armoire,profitez-en pour vous offrir une jolie tenue de sportpour vous motiver. » Femmes d’Aujourd’hui 89« Rester belle, même en plein effort : Savoir adapterson maquillage pour faire du sport » Moving Tahiti 90p. 75 • La beauté, une machine à discriminer • Le sport : fabrique de femmes gracieuses et d’hommes forts

Le sport : fabrique de

femmes gracieuses

et d’hommes forts

Le sport n’échappe pas à la ségrégation

par le genre. Dans la majorité des

sports, les hommes et les femmes sont

séparés. La société considère certaines

activités convenables pour les femmes

mais pas pour les hommes… et inversement).

Historiquement, le sport a

été un outil de promotion de l’hégémonie

masculine. Il a d’abord exclu

les femmes puis a « cantonné ces

dernières dès le 19 e siècle

dans des activités "hygiéniques"

d’entretien à

l’intensité strictement

contrôlée et modérée.

» 87

La sociologue Catherine Louveau montre que les femmes qui ont commencé à

s’adonner au sport faisaient partie des classes socio-économiques supérieures

et que seules les activités ne nuisant pas à « la grâce féminine » étaient tolérées.

Les ouvrières aux longues journées de travail (10 heures en moyenne)

et aux bas salaires n’avaient ni le temps ni l’argent. 88 Au début du 20 e siècle,

la pratique du sport est marginale chez les femmes. Mais faire du sport est

encouragé pour préparer leur corps à la maternité (sous l’influence des

politiques natalistes et familiales de l’après-guerre 14-18) et surtout pour

Le sport : fabrique de femmes gracieuses et d’hommes forts • La beauté, une machine à discriminer • p. 74

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