Sexisme, Médias et Société

Il n’est pas rare d’entendre que « l’égalité femme-homme est déjà acquise en Belgique ». Pourtant, les femmes subissent dans tous les domaines de leurs vies des formes multiples de violences verbales, psychologiques, symboliques et physiques. Parce qu’elles sont des femmes. Le sexisme imbibe notre société, nos médias et nos relations interpersonnelles, souvent à notre insu. Cette brochure propose des outils pour mettre à nu la mécanique sexiste et les inégalités qu’elle engendre. Elle invite aussi à questionner nos façons de construire la féminité et la masculinité. Nous avons tous et toutes l’opportunité de réinventer des relations sociales libératrices. Et dans cette quête de symboles égalitaires, les médias peuvent nous offrir des modèles inspirants pour une société plus juste. Il n’est pas rare d’entendre que « l’égalité femme-homme est déjà acquise en Belgique ». Pourtant, les femmes subissent dans tous les domaines de leurs vies des formes multiples de violences verbales, psychologiques, symboliques et physiques. Parce qu’elles sont des femmes.
Le sexisme imbibe notre société, nos médias et nos relations interpersonnelles, souvent à notre insu. Cette brochure propose des outils pour mettre à nu la mécanique sexiste et les inégalités qu’elle engendre. Elle invite aussi à questionner nos façons de construire la féminité et la masculinité. Nous avons tous et toutes l’opportunité de réinventer des relations sociales libératrices. Et dans cette quête de symboles égalitaires, les médias peuvent nous offrir des modèles inspirants pour une société plus juste.

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« [...] impossible de demander de l’aide à aucune direction,car je suis indépendante et donc la seule choseque je puisse faire était de cesser de travailler avecce client et ces collègues, ce que j’ai fait, j’ai doncperdu 80 % de mes revenus »« une rubrique se libérait dans un magazine et lerédac chef m’a invitée à déjeuner, en me faisant desavances auxquelles je n’ai pas répondu. Je n’ai paseu le job. Il l’a donné à la stagiaire qui était là depuisquelques semaines... Cela faisait deux ans que jetravaillais comme freelance pour ce magazine. »Parmi ces interactions sexistes, les blagues grivoises et les remarquesindécentes constituent d’autres formes d’agression au quotidien. Lestémoignages montrent également une multiplicité d’expressions et d’actes deviolence subis au long de la carrière ou dans des rédactions spécifiques :« Une ambiance très sexiste et machiste ("tu fais rien ?Ben, montre-nous tes seins, alors !") et plusieurs casde collègues harcelées moralement par des supérieurs...»Le sexisme ne s’arrête pas aux portes des rédactions • Le patriarcat, terreau de violences • p. 124

« Commentaires sexistes et paternalistes, diminutionde mon travail et de mes compétences, affichage dephotos privées dans la rédaction... Avis général : si jeme plaignais, c’est que je "n’avais pas d’humour".J’ai depuis (fort heureusement) quitté cetterédaction et n’ai jamais vécu ça que dans la pressequotidienne, pas magazine. » Témoignages de femmesjournalistes recueillis par Florence Le Cam, Manon Libert, LiseMénalque 153La plupart des victimes témoignent d’un sentiment important de solitude etde mise sous silence. La coprésidente du Conseil du Genre au sein de la FIJ,Mindy Ran, s’inquiète de « l’absence de mécanisme de soutien et de législation,et l’échec à réellement mettre en place les traités internationaux etnormes du travail existant. Il est clair que nous échouons à protéger nosconsœurs. » 154 Face au harcèlement sexiste, qu’il vienne de leurs collèguesou des lecteurs, les journalistes indépendantes semblent être les plus vulnérables.Les rédactions semblent moins enclines à protéger leurs collaboratricesexternes, comme le révèle le journal Médor dans son enquête « Sexisme et journalisme» auprès de plusieurs médias d’information comme La Libre, La DH, LeSoir, Le Vif et la RTBF.p. 125 • Le patriarcat, terreau de violences • Le sexisme ne s’arrête pas aux portes des rédactions

« Commentaires sexistes et paternalistes, diminution

de mon travail et de mes compétences, affichage de

photos privées dans la rédaction... Avis général : si je

me plaignais, c’est que je "n’avais pas d’humour".

J’ai depuis (fort heureusement) quitté cette

rédaction et n’ai jamais vécu ça que dans la presse

quotidienne, pas magazine. » Témoignages de femmes

journalistes recueillis par Florence Le Cam, Manon Libert, Lise

Ménalque 153

La plupart des victimes témoignent d’un sentiment important de solitude et

de mise sous silence. La coprésidente du Conseil du Genre au sein de la FIJ,

Mindy Ran, s’inquiète de « l’absence de mécanisme de soutien et de législation,

et l’échec à réellement mettre en place les traités internationaux et

normes du travail existant. Il est clair que nous échouons à protéger nos

consœurs. » 154 Face au harcèlement sexiste, qu’il vienne de leurs collègues

ou des lecteurs, les journalistes indépendantes semblent être les plus vulnérables.

Les rédactions semblent moins enclines à protéger leurs collaboratrices

externes, comme le révèle le journal Médor dans son enquête « Sexisme et journalisme

» auprès de plusieurs médias d’information comme La Libre, La DH, Le

Soir, Le Vif et la RTBF.

p. 125 • Le patriarcat, terreau de violences • Le sexisme ne s’arrête pas aux portes des rédactions

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