Sexisme, Médias et Société
Il n’est pas rare d’entendre que « l’égalité femme-homme est déjà acquise en Belgique ». Pourtant, les femmes subissent dans tous les domaines de leurs vies des formes multiples de violences verbales, psychologiques, symboliques et physiques. Parce qu’elles sont des femmes.
Le sexisme imbibe notre société, nos médias et nos relations interpersonnelles, souvent à notre insu. Cette brochure propose des outils pour mettre à nu la mécanique sexiste et les inégalités qu’elle engendre. Elle invite aussi à questionner nos façons de construire la féminité et la masculinité. Nous avons tous et toutes l’opportunité de réinventer des relations sociales libératrices. Et dans cette quête de symboles égalitaires, les médias peuvent nous offrir des modèles inspirants pour une société plus juste.
Il n’est pas rare d’entendre que « l’égalité femme-homme est déjà acquise en Belgique ». Pourtant, les femmes subissent dans tous les domaines de leurs vies des formes multiples de violences verbales, psychologiques, symboliques et physiques. Parce qu’elles sont des femmes.
Le sexisme imbibe notre société, nos médias et nos relations interpersonnelles, souvent à notre insu. Cette brochure propose des outils pour mettre à nu la mécanique sexiste et les inégalités qu’elle engendre. Elle invite aussi à questionner nos façons de construire la féminité et la masculinité. Nous avons tous et toutes l’opportunité de réinventer des relations sociales libératrices. Et dans cette quête de symboles égalitaires, les médias peuvent nous offrir des modèles inspirants pour une société plus juste.
« […] ce type d’humour délivre tout de même toujoursun message et contient un fond de vérité (pourle∙la blagueur∙euse) sans lequel la blague n’auraitsinon aucun sens et ne pourrait dès lors être "drôle".Pourquoi rirait-on à une blague qui se moque de laconduite des femmes si l’on trouvait que ça n’étaitpas un peu vrai pour la plupart d’entre elles ? »Sandra Roubin 142Cependant, pour qu’une blague fonctionne, d’autres mécanismes entrenten jeu comme le caractère irrésistible d’une particularité. Cette particularitéest en général un défaut qui est propre au personnage et qui fera qu’on s’attendà ce qu’il agisse d’une certaine façon parce que c’est « dans sa nature ».Les grands comiques interprètent souvent des personnages qui ont des défautsimmuables : Louis de Funès fait rire par une nervosité qu’il ne sait pas contrôler,Bourvil est inévitablement maladroit, Coluche fait rire parce qu’il ne peuts’empêcher d’avoir certaines réactions « d’ouvrier prolétaire ». L’archétype dupersonnage comique est donc qu’il présente une anomalie mais surtoutqu’il ne sait pas s’en départir quelle que soit la situation. C’est la dimensionprévisible du déclenchement de cette anomalie qui rendra le personnagecomique.En 2017, Hannah Gadsby, une humoriste australienne ouvertement lesbiennemet le doigt sur cet aspect problématique du rire dans son one-woman-show« Nanette ». Elle explique qu’une blague fonctionne avec deux choses : unetension (ou une anomalie si on reprend la théorie de Bergson) et une chute quiva permettre d’évacuer la tension. En faisant le point sur sa carrière d’humoriste,elle se rend compte que la plupart de ses blagues jouent sur le fait qu’elleincarne une tension chez le public en tant que femme lesbienne et d’appa-C’était pour rire ! • Le patriarcat, terreau de violences • p. 114
rence plutôt masculine. Et c’est en faisant de l’humour sur elle-même, en« surjouant » le fait d’être lesbienne qu’elle fait rire le public et lui permetd’évacuer la tension. Elle rétablit la norme (qui veut que les femmes soientféminines et hétérosexuelles) en se moquant d’elle-même.« J’ai construit ma carrière sur l’autodérisionet l’humour auto-dépréciatif, et je n’ai plusenvie de ça. Est-ce que vous comprenez ceque signifie l’autodérision quand elle estproduite par quelqu’un qui appartient déjàaux marges de la société ? Ce n’est pasde l’humilité, c’est de l’humiliation. Je merabaisse pour avoir le droit de parler, pourobtenir le droit de parler. Je refuse de meplier à cela désormais. » Hannah Gadsby 143Hannah Gadsbydans Nanette, NetflixLes blagues sur les blondes fonctionnent sur le même principe : jouer sur lesidées reçues (les normes) qui disent que les femmes ne savent pas conduire,sont ignorantes… Ces blagues désignent en fait toutes les femmes.Mais les médias et la société laissent-ils la possibilité aux femmes de faire rired’autre chose que d’elles-mêmes ? La société est-elle prête à trouver drôle desfemmes qui font de l’humour sans se rabaisser ?Les choses semblent évoluer puisque de plus en plus de femmes humoristesarrivent sur le devant de la scène, sans qu’elles n’aient à caricaturer leur genre.Car si l’humour permet de révéler la norme, il permet aussi de la perturber. Parexemple, dans ses sketchs, l’humoriste afro-descendante et lesbienne Tahneep. 115 • Le patriarcat, terreau de violences • C’était pour rire !
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rence plutôt masculine. Et c’est en faisant de l’humour sur elle-même, en
« surjouant » le fait d’être lesbienne qu’elle fait rire le public et lui permet
d’évacuer la tension. Elle rétablit la norme (qui veut que les femmes soient
féminines et hétérosexuelles) en se moquant d’elle-même.
« J’ai construit ma carrière sur l’autodérision
et l’humour auto-dépréciatif, et je n’ai plus
envie de ça. Est-ce que vous comprenez ce
que signifie l’autodérision quand elle est
produite par quelqu’un qui appartient déjà
aux marges de la société ? Ce n’est pas
de l’humilité, c’est de l’humiliation. Je me
rabaisse pour avoir le droit de parler, pour
obtenir le droit de parler. Je refuse de me
plier à cela désormais. » Hannah Gadsby 143
Hannah Gadsby
dans Nanette, Netflix
Les blagues sur les blondes fonctionnent sur le même principe : jouer sur les
idées reçues (les normes) qui disent que les femmes ne savent pas conduire,
sont ignorantes… Ces blagues désignent en fait toutes les femmes.
Mais les médias et la société laissent-ils la possibilité aux femmes de faire rire
d’autre chose que d’elles-mêmes ? La société est-elle prête à trouver drôle des
femmes qui font de l’humour sans se rabaisser ?
Les choses semblent évoluer puisque de plus en plus de femmes humoristes
arrivent sur le devant de la scène, sans qu’elles n’aient à caricaturer leur genre.
Car si l’humour permet de révéler la norme, il permet aussi de la perturber. Par
exemple, dans ses sketchs, l’humoriste afro-descendante et lesbienne Tahnee
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