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L'Essentiel Prépas n°33 - Décembre 2019

Chaque mois, l'Essentiel Prépas compile l'actualité des Grandes Ecoles à destination des professeurs des classes préparatoires EC et de leurs élèves. Le magazine est édité par HEADway Advisory, cabinet de conseil dédié à l'enseignement supérieur.

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DÉCEMBRE <strong>2019</strong> | N° 33<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Frank Bournois (ESCP Europe)<br />

Elian Pilvin (EM Normandie)<br />

PAROLE DE PROFS<br />

La Fondation<br />

Groupe RATP s’engage<br />

DOSSIER<br />

Du nouveau bac aux Grandes<br />

écoles : le continuum passe par les<br />

classes préparatoires<br />

ESCP : la plus ancienne<br />

business school<br />

du monde fête ses 200 ans


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

CLASSEMENTS DES ÉCOLES<br />

DE MANAGEMENT :<br />

POURQUOI IL FAUT S’EN MÉFIER<br />

Ils font et défont les réputations. Rendent parfois fous les<br />

directeurs des écoles, leurs étudiants, leur alumni. Les<br />

classements des écoles de management sont devenus<br />

la preuve ultime de la réussite. Mais il faut s’en méfier.<br />

Tous n’ont pas la même valeur, tous n’utilisent pas des<br />

méthodologies éprouvées et, surtout, tous ne vérifient pas<br />

aussi bien les informations.<br />

Quand certains éditeurs de palmarès envoient mail sur mail aux écoles pour vérifier<br />

chaque réponse d’autres se contentent d’un laconique « C’est la responsabilité de<br />

l’école de répondre honnêtement ». Un peu court ! D’abord parce que les questions<br />

peuvent être mal posées et les réponses biaisées.<br />

Ensuite parce que l’optimisation des réponses peut aller très loin. L’exemple le plus<br />

frappant est celui des salaires moyens annoncés. Comment vérifier si ce qui est<br />

indiqué par les écoles – y compris dans l’enquête de la Conférence des grandes<br />

écoles – est vrai ? Telle école va prétendre que les salaires de ses étudiants sont<br />

particulièrement élevés parce qu’ils partent pour beaucoup travailler à l’étranger et<br />

y gagnent bien mieux leur vie. Et si le média demande à interroger des promotions<br />

pour le vérifier l’école aura tendance à pousser ceux qui gagnent le moins bien leur<br />

vie à s’abstenir de répondre…<br />

Mais au-delà de la vérification des informations données par les écoles se pose la<br />

question de la pertinence même des indicateurs. C’est bien beau de vouloir mettre<br />

en avant la capacité à entreprendre des étudiants mais qu’est ce qui permet de le<br />

calculer ? Comment vérifier combien d’étudiants ont créé leur entreprise dans les trois<br />

ans ? Trente ans ? Quels indicateurs sont vraiment vérifiables ? Les accréditations<br />

font partie de ses très rares indicateurs objectifs. On est ou pas accrédité Equis.<br />

Et pour 3 ou 5 ans. Impossible de tricher alors qu’une école peut toujours raconter<br />

qu’elle incube 140 start up, que les salaires débutants de ses diplômés dépassent ceux<br />

d’HEC (bon là les classeurs vont poser deux, trois questions…) ou qu’ils ont passé<br />

plus de temps en stage qu’en formation (mais est-ce vraiment une bonne chose ?).<br />

Souvent les écoles se plaignent aussi de voir les critères changer, les pondérations<br />

évoluer, ce qui rendrait les comparaisons aléatoires (et accessoirement leur travail<br />

d’optimisation…). Mais les classeurs doivent aussi évoluer. Il y vingt ans la place de<br />

la recherche en gestion était faible dans les classements. Elle est devenue majeure.<br />

Pas par plaisir mais pour pouvoir les écoles de management françaises avec les<br />

autres selon des critères reconnus partout<br />

dans le monde. Parce que les classements ne<br />

sont pas que franco-français. Ils sont aussi<br />

internationaux sur un marché des business<br />

schools où il est plus important pour HEC de<br />

bien se classer dans le classement du Financial<br />

Times que dans celui du Figaro !<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

3 • Classes prépas EC : le redémarrage ?<br />

• Palmarès des MBA :<br />

HEC roi de l’Executive World<br />

5 • Classement des PGE des écoles de<br />

management : Le Figaro ouvre le bal<br />

6 • « Be passionate. Shape the future »<br />

déclare Neoma<br />

• L’ESSEC et Berkeley vont former<br />

des managers-ingénieurs<br />

7 • Le Chapitre des Grandes écoles<br />

de management sur tous les fronts<br />

8 • Que sont devenus les diplômés<br />

de la génération 2010 ?<br />

ENTRETIENS<br />

10 • Frank Bournois<br />

Directeur général de ESCP business school<br />

21 • Elian Pilvin, directeur général<br />

délégué de l’EM Normandie<br />

DOSSIER<br />

14 • Du nouveau bac aux Grandes écoles :<br />

le continuum passe par les classes<br />

préparatoires<br />

PAROLES DE PROFS<br />

24 • La Fondation Groupe RATP s’engage<br />

DÉBAT<br />

28 • Précarité étudiante : que faire ?<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo.éditions<br />

Photo de couverture : ESCP<br />

2


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

Classes prépas EC :<br />

le redémarrage ?<br />

Après plusieurs années de baisse les effectifs de classes préparatoires ECs<br />

e stabilisent cette année à 20 469 élèves pour 20 554 en 2018-<strong>2019</strong>.<br />

Dans le détail selon les chiffres compilés de<br />

la BCE et Ecricome :<br />

• les ECS comptent 8 706 élèves (soit près<br />

de 100 de plus) ;<br />

• les ECE comptent 7 945 élèves (soit 9 de moins) ;<br />

• les ECT comptent 3 818 élèves (là la baisse se<br />

poursuit puisqu’ils étaient 3 993 en 2018-<strong>2019</strong>).<br />

Récapitulatif général des effectifs des classes préparatoires<br />

économiques et commerciales (année <strong>2019</strong>-2020)<br />

Surtout si le nombre d’élèves en première année baisse<br />

un peu (de 10 618 à 10 573) celui en ECE monte de 4<br />

031 à 4 148 sans compenser pour autant la baisse<br />

en ECS (de 4 439 à 4 399) et surtout en ECT (2 148<br />

à 2 026). On assiste donc bien à la fin du mouvement<br />

baissier et même à une reprises en ECE. Mais rien ne<br />

dit encore que la croissance va reprendre.<br />

EN BREF<br />

Le départ de l’ESC Pau<br />

de la BCE fait des vagues<br />

« L’ESC Pau ne se ferme<br />

pas aux prépas, notre<br />

voie d’admission permet<br />

d’accueillir des élèves<br />

titulaires de 120 ECTS,<br />

donc issus de CPGE, s’ils se<br />

reconnaissent dans notre<br />

modèle » soutenait le 18<br />

octobre le directeur de l’ESC<br />

Pau, Youssef Erami après<br />

le départ de son école de la<br />

BCE. Une affirmation qui<br />

fait bondir les associations<br />

de professeurs de classes<br />

préparatoires (APHEC et<br />

Adeptt), comme les concours<br />

(BCE et Ecricome) et, bien<br />

entendu, du Sigem dans un<br />

communiqué commun :<br />

« La proposition de l’ESC<br />

Pau aux étudiants de CPGE<br />

ne correspond pas à ce que<br />

nous souhaitons pour eux.<br />

Cette trajectoire individuelle<br />

d’école ne s’inscrit plus<br />

dans les actions collectives<br />

que nous coordonnons ».<br />

Un serious game sur<br />

l’éthique à Grenoble EM<br />

Grenoble Ecole de<br />

Management (GEM)<br />

crée un nouveau serious<br />

game, Finethics, pour «<br />

aider les futurs leaders à<br />

construire leur engagement<br />

éthique ». Grâce à la réalité<br />

virtuelle, le joueur se<br />

retrouve propulsé au sein<br />

d’une banque pour son<br />

premier jour comme chargé<br />

d’affaires en période d’essai.<br />

Comme dans la réalité,<br />

les réunions et les rendezvous<br />

clients s’enchaînent.<br />

Palmarès des MBA :<br />

HEC roi de l’Executive World<br />

Première, HEC atteint pour la première<br />

fois la première place du Classement des<br />

Executive MBA du Financial Times.<br />

Classé pour la première fois l’année dernière<br />

- à la 6 ème place - il n’aura ainsi fallu<br />

que deux ans au « HEC Paris International<br />

EMBA » pour ravir la première place<br />

du podium au leader depuis 2016 « Kellogg-HKUST<br />

Executive MBA ». Et HEC<br />

occupe également la troisième place du<br />

podium avec son fameux Trium co-réalisé<br />

avec la London School of Economics<br />

et New York University : Stern qui était,<br />

jusqu’à l’année dernière, le seul présenté<br />

par HEC.<br />

Du côté des autres business schools françaises<br />

ce n’est vraiment pas l’année de<br />

l’Insead : son « Tsinghua-Insead Dual<br />

Degree EMBA » dégringole de la 3 ème<br />

à la 9 ème place et son Global MBA de la<br />

13 ème à la 18 ème . Ensuite ESCP Europe est<br />

14 ème (-3 places) devant Kedge qui baisse<br />

de 3 places (39 ème ), l’Essec qui en gagne<br />

deux (45 ème ), emlyon BS qui en gagne huit<br />

(55 ème et 28 places de gagnées en deux ans<br />

!), GEM et son programme russo-géorgien<br />

(62 ème ), l’Edhec onze (69 ème ) alors que<br />

Neoma en perd cinq (76 ème ) que TBS en<br />

gagne autant (95 ème ) et que Rennes SB en<br />

perd sept (97 ème ).


NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN | CHENGDU<br />

PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

*<br />

6 e 4 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

DEPUIS 18 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

*De l’audace, toujours !<br />

audencia.com


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

EN BREF<br />

L’ESC Clermont<br />

poursuit sa mue<br />

La reconquête continue pour<br />

le groupe l’ESC Clermont.<br />

Avec une augmentation<br />

de 17% de ses étudiants<br />

il en reçoit plus de 1600<br />

cette année pour 1420 en<br />

2018-19 (dont 751 dans<br />

le PGE). Pour mieux se<br />

positionner en France et à<br />

l’international, la rentrée<br />

<strong>2019</strong> du a vu son appellation<br />

évoluer pour s’approprier la<br />

mention business school et<br />

décliner la marque dans ses<br />

différentes activités. L’année<br />

à venir sera marquée par le<br />

passage de l’accréditation<br />

Amba pour son MBA mais<br />

aussi de la norme française<br />

NF214 pour répondre aux<br />

nouveaux standards de la<br />

formation professionnelle.<br />

Après s’être appuyée sur ses<br />

anciens et leurs prénoms<br />

pour fêter son centenaire,<br />

l’école poursuit dans la même<br />

veine avec une campagne<br />

de communication fondée<br />

sur ses étudiants et la<br />

thématique « Make Sense ».<br />

Les étudiants veulent en effet<br />

de plus en plus connaître la<br />

finalité de leur parcours.<br />

Classement des PGE<br />

des écoles de management :<br />

Le Figaro ouvre le bal<br />

Le premier des cinq classements des programmes Grande école (PGE)<br />

de la saisons <strong>2019</strong>-2020 vient de sortir. Pas de grande surprise<br />

mais des évolutions intéressantes.<br />

En attendant l’Etudiant, Challenges, Le Point et<br />

Le Parisien ce premier classement de la saison<br />

<strong>2019</strong>-2020 permet déjà de mesurer la montée<br />

de Skema ; 8 ème en 2017, 7 ème en 2018 la voici<br />

6 ème . Derrière on constate beaucoup d’ajustements avec<br />

des bonnes nouvelles pour La Rochelle BS, l’Inseec et<br />

l’ISG qui gagnent toutes les deux six places et encore<br />

plus pour SCBS : +7.<br />

Si on s’intéresse de plus près aux points accordés la<br />

progression de Skema est encore plus marquante :<br />

elle se situe à seulement 0,20 point de l’Edhec avec<br />

notamment des meilleure notes en excellence académique<br />

(16,85 pour 16,58) et international (17,82 pour<br />

17,66). Il n’y a qu’en relations entreprise que l’Edhec<br />

creuse l’écart final : 18,87 contre 18,05.<br />

Accréditations<br />

• TBS vient d’obtenir pour<br />

le renouvellement de son<br />

accréditation Equis pour<br />

la durée maximale de 5<br />

ans. C’est la 4ème réaccréditation<br />

Equis de TBS.<br />

• SKEMA obtient le tout<br />

nouveau label mondial<br />

« EFMD Accredited<br />

Programme » pour son<br />

Global Executive MBA.<br />

• South Champagne<br />

Business School est<br />

la première école de<br />

commerce au monde à être<br />

validée par la Business<br />

Graduates Association<br />

(BGA) lancé en janvier<br />

<strong>2019</strong> par l’Association<br />

des MBA (AMBA).<br />

• ESCP Europe obtient<br />

l’accréditation « EFMD<br />

Accredited Programme »<br />

pour ses E-MBA et MBA<br />

full-time. Elle est ainsi<br />

la première école de<br />

commerce au monde à<br />

obtenir cette accréditation<br />

pour ses deux programmes.<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

«<br />

« Be passionate.<br />

Shape the future »<br />

déclare Neoma<br />

« Être passionné. Construire l’avenir », c’est l’ambition<br />

de la toute nouvelle signature de Neoma BS. Dans le même temps le logo<br />

évolue pour mettre encore plus la marque en avant.<br />

Nous ne voulions pas parler directement de<br />

« passion », un terme qui renvoie à d’autres<br />

univers de marque, mais signifier que nous<br />

formions des étudiant passionnés pour travailler<br />

chez des passionnés », explique Benoît Anger,<br />

directeur général adjoint communication et business<br />

développement de Neoma BS en évoquant la nouvelle<br />

signature de sa maison. La mention « shape the future »<br />

marque elle marque la « volonté de former des jeunes<br />

qui ne font pas que subir mais construisent leur futur ».<br />

La nouvelle signature de Neoma est le fruit d’un travail<br />

de repositionnement de la marque qui a durée une année<br />

puis de sessions de travail avec l’agence Carré Noir.<br />

« Ils nous ont proposé un processus d’élaboration qui<br />

repose sur des entretiens avec les diplômés et bien<br />

sûr notre président, Michel-Ledouard Leclerc, puis sur<br />

des groupes de travail réunissant diplômés, étudiants,<br />

professeurs et tout notre staff. » La nouvelle signature<br />

définie il fallait encore la déposer mais avant bien la<br />

tester à l’international. « Il faut bien vérifier ce que les<br />

mots signifient dans chaque grand pays. Et en Chine<br />

valider que la prononciation même des mots ne prête<br />

pas à confusion. »<br />

Tout ce travail a été accompagné d’un relooking du logo.<br />

« Quand il a été lancé la marque n’était pas connue et<br />

il fallait insister sur le notion de « business school ».<br />

Aujourd’hui Neoma est bien installée et nous avons pu<br />

minorer cette notion dans la typographie en mettant<br />

plus l’accent sur la marque », explique Benoît Anger.<br />

Dans ce nouveau contexte les hémisphères à gauche<br />

et à droite vont prendre de plus en plus d’importance et<br />

servir de signature pour toute la campagne de communication<br />

qui démarre début 2020 dans le monde entier.<br />

« L’enseignement supérieur est un univers de marque<br />

et nous devons la construire avec des éléments forts<br />

pour qu’elle vienne facilement à l’esprit. Et notamment<br />

à l’international où ne pouvons pas faire de la publicité<br />

partout où être cités régulièrement dans des articles »,<br />

conclut le directeur général adjoint.<br />

EN BREF<br />

ICN BS quitte Metz : ça<br />

grince du côté politique<br />

Effet Artem oblige ICN<br />

Business School a décidé de<br />

regrouper toutes ses activités<br />

pédagogiques dans l’Est de<br />

la France sur son campus<br />

de Nancy. Une décision<br />

que le comité d’entreprise<br />

avait validée mais pas<br />

forcément les personnalités<br />

politiques. Le président de<br />

Metz Métropole, Jean-Luc<br />

Bohl, et le maire de Metz,<br />

Dominique Gros, ont ainsi<br />

rappelé leur « engagement<br />

au côté de l’école ». Mais la<br />

réaction la plus vive a été du<br />

côté du président du Grand<br />

Nancy, André Rossinot,<br />

qui a jugé « insultants » les<br />

propos tenus par la directrice<br />

d’ICN Business School,<br />

Florence Legros, sur le<br />

site régional La Semaine.<br />

Elle y estimait notamment<br />

que « les chicaneries entre<br />

Nancy et Metz » n’étaient<br />

« pas du tout mon truc ».<br />

Florence Legros a depuis<br />

repris la parole dans Le<br />

Républicain Lorrain : « Je<br />

suis étonnée. Je suis sidérée.<br />

C’est incompréhensible.<br />

Je ne pense pas avoir été<br />

insultante. Je ne suis peutêtre<br />

pas une courtisane, c’est<br />

possible, j’ai mon francparler.<br />

J’ai manifestement<br />

heurté des élus, c’est à mon<br />

corps défendant. Mais je suis<br />

droite dans mes bottes ».<br />

L’ESSEC et Berkeley vont former des managers-ingénieurs<br />

L’ESSEC Business School a conclu un<br />

partenariat avec Fung Institute of Engineering<br />

Leadership de UC Berkeley<br />

College of Engineering pour proposer<br />

à ses étudiants un double diplôme avec<br />

l’université californienne. Ce cursus débouche<br />

sur l’obtention à la fois du diplôme<br />

de l’ESSEC et du Master of Engineering<br />

de UC Berkeley.<br />

Ouvert aux étudiants du programme<br />

Grande école, du Master en Finance et<br />

du Master in Data Sciences & Business<br />

Analytics (ESSEC & CentraleSupélec),<br />

ce partenariat permettra à des étudiants<br />

6<br />

ayant des connaissances scientifiques préalables<br />

de suivre le Master of Engineering<br />

de l’UC Berkeley au cours de leur dernière<br />

année de scolarité avec un transfert<br />

de crédits pour le diplôme de l’ESSEC.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

EN BREF<br />

L’EDHEC Business School<br />

a signé d’un accord d’échange<br />

avec la School of Economics<br />

& Management, Tsinghua<br />

University (Tsinghua<br />

SEM) à Pékin, dans le<br />

cadre de son programme<br />

Master in Management.<br />

L’ESC Clermont BS et<br />

Strate école de design ont<br />

signé le 26 novembre <strong>2019</strong><br />

une convention au terme de<br />

laquelle ils créent ensemble<br />

un Master of Science<br />

« Anthropocene by Design ».<br />

Totalement « dédiés à la<br />

formation de futurs acteurs<br />

de la transition climatique,<br />

économique, industrielle et<br />

sociale » les cours seront<br />

dispensés dès la rentrée<br />

universitaire 2020-2021 dans<br />

le tout nouveau campus de<br />

Strate situé dans le quartier<br />

de la Confluence à Lyon.<br />

HEC Paris a conclu un<br />

partenariat avec le Creative<br />

Destruction Lab (CDL)<br />

destiné à des entreprises<br />

technologiques ou<br />

scientifiques ayant une forte<br />

capacité d’évolution pour<br />

sa deuxième implantation<br />

européenne. Vingt-cinq<br />

entreprises seront admises au<br />

sein de la première promotion<br />

du CDL-Paris en 2020.<br />

L’ESSEC a inauguré le 4<br />

novembre le DECK, la classe<br />

virtuelle de son Campus<br />

numérique augmenté, au sein<br />

de son campus de l’ESSEC<br />

Executive Education, à La<br />

Défense. Il sera utilisé pour<br />

les sessions “synchrones”<br />

des formations en ligne<br />

proposées sur le Campus<br />

numérique augmenté.<br />

Grenoble EM et l’Université<br />

McGill développent leur<br />

partenariat avec un nouvel<br />

accord d’échange. A<br />

partir de septembre 2020,<br />

les étudiants grenoblois<br />

pourront choisir de partir en<br />

échange jusqu’à 12 mois à<br />

Montréal. Ils décrocheront<br />

un « graduate diploma »<br />

de l’École d’éducation<br />

permanente de l’Université<br />

McGill en parallèle de<br />

leur diplôme de GEM.<br />

«<br />

Le Chapitre des Grandes<br />

écoles de management<br />

sur tous les fronts<br />

Réforme du bac, des classes préparatoires EC, de l’apprentissage,<br />

de la formation continue, nouveau grade de licence, les sujets de travail<br />

sont multiples pour le Chapitre des Grandes écoles de management.<br />

Nous devons repositionner les business schools<br />

au cœur du débat public et particulièrement<br />

sur les enjeux associés au monde de l’enseignement<br />

supérieur. Cette implication est<br />

nécessaire pour assurer la compétitivité de l’enseignement<br />

supérieur français sur la scène internationale. »<br />

En compagnie de Christophe Germain, directeur d’Audencia<br />

BS et tout nouveau vice-président, la présidente<br />

du Chapitre des écoles de management de la CGE et<br />

directrice générale de SKEMA, Alice Guilhon a dressé<br />

le bilan 2018-<strong>2019</strong> des différents projets menés.<br />

« Les classes prépas font partie de notre ADN ».<br />

Pour Alice Guilhon, il n’y a aucun doute : « Nous allons nous<br />

battre pour que les classes préparatoires continuent<br />

d’exister. Elles mènent à des programmes particulièrement<br />

performants qui reposent sur des contenus de<br />

grande qualité ». Un point de vue partagé par Christophe<br />

Germain pour qui « les classes préparatoires restent et<br />

resteront une filière méritocratique et la voie privilégiée<br />

de recrutement des écoles de management. L’histoire<br />

des grandes écoles de commerce est étroitement liée<br />

aux classes prépas, elles font partie de notre ADN ».<br />

En ce qui concerne le bonus qui pourrait être attribué<br />

aux étudiants de prépa boursiers, le Chapitre doit en<br />

discuter avec ses membres en décembre. Pour le<br />

vice-président « toutes les pistes doivent être explorées<br />

avec comme fil rouge : l’équité ».<br />

Une année <strong>2019</strong> – 2020 qui s’annonce chargée.<br />

La mise en œuvre du grade de licence sera l’un<br />

des temps forts de l’année à venir. Un des enjeux clé<br />

résidera dans la justification des taux élevés de poursuite<br />

d’étude des étudiants de Bachelor auprès de la<br />

Commission d’évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion (CEFDG).<br />

Le financement des grandes écoles restera une préoccupation<br />

majeure du chapitre pour l’année à venir.<br />

Plusieurs leviers de croissance sont évoqués par Alice<br />

Guilhon « l’Executive education, les Bachelors ou encore<br />

les Ms et Msc qui attirent beaucoup, car ce sont des<br />

programmes très professionnalisants ».<br />

Enfin, le Chapitre se donne pour mission d’éduquer à<br />

l’univers et aux enjeux des grandes écoles de management<br />

: que ce soit le grand public via la production d’une<br />

série de vidéos et de fiches conseils ou les journalistes<br />

en leur proposant une base de données unifiée pour<br />

faciliter la production de classements.<br />

Juliette Berardi<br />

ESCP Europe lance un<br />

nouveau Master of Science<br />

in Real Estate. Enseigné<br />

en anglais il propose « une<br />

formation de pointe dans<br />

les domaines de la finance<br />

immobilière, de l’urbanisme<br />

et des villes intelligentes,<br />

de l’analyse de bases de<br />

données volumineuses ».<br />

Alice Guilhon et Christophe Germain président aux destinées du Chapitre<br />

des Grandes écoles de management de la CGE<br />

© J. Berardi<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

EN BREF<br />

260 millions d’euros<br />

d’impact pour Audencia<br />

Selon le rapport sur le<br />

baromètre Business<br />

School Impact Score<br />

(BSIS) réalisé par la Fnege<br />

(Fondation nationale<br />

pour l’enseignement de la<br />

gestion des entreprises) les<br />

différents impacts d’Audencia<br />

sur le Grand Ouest<br />

représentent 260 millions<br />

d’euros. Dans le détail :<br />

• depuis le précédent<br />

rapport BSIS, en 2013,<br />

le budget d’Audencia a<br />

augmenté de 47% ;<br />

• le montant total des<br />

dépenses des publics<br />

accueillis par l’établissement<br />

sur le territoire s’établit à<br />

près de 40 millions d’euros<br />

avec une augmentation<br />

de 60 % depuis 2013 ;<br />

• en moyenne chaque année,<br />

134 diplômés (dont plus<br />

de 8% d’internationaux)<br />

sont recrutés dans le<br />

Grand Ouest et plus de<br />

500 professionnels de<br />

la région obtiennent un<br />

diplôme dans le cadre de<br />

la formation continue ;<br />

• les stages et missions<br />

menés par les étudiants<br />

représentent chaque année<br />

un apport équivalant<br />

à 200 temps plein et<br />

contribuent à la création<br />

de + de 10 sociétés et<br />

60 emplois par an.<br />

Grenoble EM<br />

s’implique dans le<br />

développement durable<br />

Grenoble Ecole de<br />

Management (GEM) ouvre<br />

une filière « Innovation for<br />

Sustainability Transition »<br />

avec 28 étudiants. Le but : «<br />

former les futurs leaders pour<br />

faire évoluer les modèles de<br />

business classiques vers une<br />

économie plus vertueuse et<br />

une société plus solidaire<br />

afin de lutter contre le<br />

changement climatique et<br />

les inégalités sociales ». Ils<br />

sont déjà 28 étudiants du<br />

programme Grande école (en<br />

3ème année, en alternance) à<br />

suivre cette spécialisation de<br />

135 heures dispensées par 23<br />

intervenants (professionnels<br />

de l’entreprise et professeurs<br />

de GEM experts en<br />

développement durable<br />

et innovation sociale).<br />

Que sont devenus les diplômés<br />

de la génération 2010 ?<br />

Le Céreq s’est plongé sur le devenir académique et professionnel<br />

des jeunes sortis du système scolaire en 2010. Dans sa note Des débuts de carrière<br />

plus chaotiques pour une génération plus diplômée il livre ses conclusions<br />

sur une génération sinon sacrifiée du moins largement impactée<br />

par les crises de 2008 et surtout 2012.<br />

Les crises ont pesé sur les possibilités et le rythme<br />

d’accès à l’emploi des jeunes de la génération 2010<br />

« ralentissant leur intégration professionnelle et<br />

les exposant davantage au chômage en début<br />

de vie active que leurs aînés des Génération 2004 et,<br />

plus encore, 1998 ». Pourtant les jeunes sont 79% à<br />

se déclarer optimistes pour leur avenir professionnel,<br />

soit sensiblement autant que la Génération 1998 (77%)<br />

portée par un contexte conjoncturel nettement plus<br />

favorable. « Tout se passe comme s’ils intégraient les<br />

transformations de la norme d’emploi et ajustaient leurs<br />

attentes en conséquence » notent les experts du Céreq.<br />

Des débuts professionnels difficiles. La part de<br />

jeunes en emploi à durée indéterminée 7 ans après la<br />

sortie est en baisse par rapport à la génération 2004<br />

(celle étudiée précédemment) : 86 % contre 80 %. De<br />

plus, alors que le niveau de salaire médian à la première<br />

embauche est en hausse de 16% par rapport à celui<br />

de la Génération 1998, il progresse seulement de 19%<br />

en 7 ans, contre une hausse de 38% pour leurs aînés<br />

dans le même temps.<br />

Les diplômés s’en sortent de mieux en mieux.<br />

Dans ce contexte, ce sont les diplômés qui s’en sortent<br />

le mieux avec jusqu’à 95% d’emploi en EDI (emploi à<br />

durée indéterminée) à 7 ans pour les diplômés d’écoles<br />

de commerce et d’ingénieur, c’est à dire le même taux à<br />

un point près que les diplômés de la génération 1998.<br />

En revanche les non-diplômés voient leur situation se<br />

dégrader. La part de temps qu’ils ont passé en emploi<br />

sur les 7 années chute de 65 % à seulement… 46 %.<br />

Résultat, l’EDI apparait de moins en moins accessible<br />

pour les non-diplômés : seuls 56 % de ceux en emploi 7<br />

ans après la fin de leur scolarité en bénéficient (contre<br />

72% pour la Génération 1998).<br />

Des progressions de salaire en berne. Mais<br />

attention : quel que soit le diplôme l’accroissement<br />

du salaire médian entre la première embauche et le<br />

dernier emploi occupé, qui oscillait entre 44% et 54%<br />

selon le type de diplôme entre 1998 et 2005, plafonne<br />

au mieux à 31% entre 2010 et 2017 (pour les bac+5 et<br />

plus). Au point que les derniers salaires perçus, après<br />

environ 6 ans d’expérience accumulée, sont inférieurs,<br />

en euros constants, aux salaires perçus par leurs<br />

homologues de 1998 !<br />

Logique puisqu’il ont, dans leur dernier emploi observé<br />

« toutes choses égales par ailleurs », 1,8 fois moins<br />

de chances d’être classés cadre et 1,4 fois plus de<br />

chances d’être classés en profession intermédiaire<br />

que leurs aînés. Ainsi, les opportunités offertes par les<br />

entreprises ne sont pas à la mesure de l’augmentation<br />

du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur<br />

long (niveaux master et doctorat), qui passe de 11% à<br />

16% entre les deux Générations.<br />

© Paris-Nanterre<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

Frank Bournois<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE ESCP BUSINESS SCHOOL<br />

« Nous revenons à ESCP pour mieux exprimer<br />

ce que nous sommes aujourd’hui »<br />

Première business school du monde à<br />

fêter ses 200 ans cette semaine, ESCP<br />

Europe est aussi une école en pleine<br />

croissance et en pleine transformation<br />

comme en témoigne son nouveau nom :<br />

ESCP business school. A la manœuvre<br />

depuis 2014 son directeur, Frank<br />

Bournois, dessine l’avenir d’une doyenne<br />

en pleine forme.<br />

Olivier Rollot : Alors que ESCP vient de fêter<br />

son bicentenaire avec ses alumni quels sont<br />

les dossiers prioritaires pour vous ?<br />

Frank Bournois : Nous devons d’abord nous donner<br />

les moyens de poursuivre notre essor dans le cadre<br />

de notre stratégie « Brand and Size ». En 5 ans, depuis<br />

2014, nous sommes passés de 3500 à 6300 étudiants,<br />

d’un chiffre d’affaires de 79 M€ à 116 M€ et de 130 à<br />

160 professeurs. Pour cela, nous allons entièrement<br />

rénover notre campus historique de République d’ici<br />

2026. Nous étudions les possibilités pour accueillir nos<br />

étudiants de façon temporaire sur un autre site de Paris<br />

intra-muros. Nous travaillons avec un cabinet spécialisé<br />

dans le space-planning pour calibrer le nouveau projet<br />

et mener des travaux ambitieux.<br />

Et ce n’est pas tout. Nous devrions également passer<br />

de 1000 m2 à 5000 m2 à Turin et explorer une nouvelle<br />

implantation à Madrid pour y rassembler les deux sites<br />

actuels. A Berlin, nous rénovons notre propre campus<br />

pour répondre à la croissance et y disposer de 1000<br />

m2 supplémentaires. A Londres, nous optimisons<br />

le fonctionnement du site qui est à la limite de ses<br />

capacités du fait du succès de la première année à<br />

Londres pour les étudiants du Bachelor.<br />

O. R : Pourquoi la marque ESCP revient-elle à<br />

sa première appellation ?<br />

F. B : Nous revenons à ESCP pour mieux exprimer ce<br />

que nous sommes aujourd’hui après avoir vécu trois<br />

grandes phases d’internationalisation. Jusque dans<br />

les années 80 ESCP est une école de formation des<br />

élites françaises. Les cours sont dispensés en français<br />

pour 200 très bons étudiants triés sur le volet. De la<br />

fin des années 1990 à 2015 nous avons vécu la phase<br />

d’européanisation avec la fusion ESCP-EAP puis en<br />

2009 avec ESCP Europe.<br />

En 2014 cette dimension européenne se renforce encore<br />

avec l’obligation pour tous les étudiants – du bachelor,<br />

du Master in Management, des mastères spécialisés,<br />

des MBA – de passer une partie de leur scolarité sur<br />

plusieurs campus. En novembre 2014 nous lançons<br />

notre bachelor avec cette volonté de proposer « 3<br />

ans, 3 pays, 3 campus ».<br />

En cette année du bicentenaire tous les indicateurs<br />

nous montrent que l’école est entrée, à partir de ses<br />

racines européennes, dans une dimension résolument<br />

internationale. Par exemple le bachelor accueille 29%<br />

d’étudiants français pour 45% d’autres Européens et<br />

26% d’internationaux non Européens. Avec l’enracinement<br />

de nos campus européens, nous sommes<br />

aujourd’hui une école européenne au rayonnement<br />

mondial. En simplifiant notre marque, nous réduisons le<br />

risque d’apparaître comme une école euro-européenne<br />

définissant des concepts européens pour des entreprises<br />

européennes. Ce qui serait à contre-courant des<br />

réalités géopolitiques. Cette dimension internationale<br />

est reflétée par la qualité de nos partenaires internationaux,<br />

les meilleurs de leur catégorie.<br />

© ESCP<br />

1819<br />

Nous sommes sous la<br />

Restauration. Après la<br />

création de Grandes écoles<br />

d’ingénieurs comme l’Ecole<br />

des Ponts (1747) ou l’Ecole<br />

polytechnique (1794) il est<br />

temps pour la France de<br />

créer sa première école de<br />

commerce. L’Ecole spéciale<br />

de commerce et d’industrie<br />

- bientôt rebaptisée Ecole<br />

supérieure de commerce –<br />

nait à l’initiative d’un groupe<br />

d’économistes et d’hommes<br />

d’affaires parmi lesquels<br />

Vital Roux, Jacques Laffitte<br />

et Jean-Antoine Chaptal.<br />

« Il existe déjà dix écoles de<br />

commerce dans le monde<br />

dont aucune n’est encore<br />

aujourd’hui en vie. Pour la<br />

classe bourgeoise il s’agit<br />

de s’imposer au-delà de la<br />

seule transmission orale et<br />

familiale », analyse Gilles<br />

Gouteux, responsable des<br />

événements institutionnels<br />

de ESCP et grand<br />

spécialiste de son histoire.<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

O. R : Mais que signifiera l’acronyme ESCP ?<br />

Toujours « École Supérieure de Commerce de<br />

Paris » ? On a pu constater que les avis étaient<br />

contrastés à ce sujet lors d’un vote que vous<br />

avez engagé auprès des alumni ?<br />

Frank Bournois et Philippe Houzé, président de ESCP et des Galeries Lafayette,<br />

reçoivent 800 alumni et invités le 26 novembre à l’Atelier des Lumières<br />

F. B : Par le développement rapide et la réussite de son<br />

modèle en 20 ans, ESCP représente une réalité vécue<br />

très différente selon les générations. « École Supérieure<br />

de Commerce de Paris » pour les plus anciens, puis un<br />

acronyme associé au mot Europe pour les autres… Le<br />

noyau, le cœur de marque commun est ESCP et nous<br />

allons construire notre avenir dessus. Avec notre<br />

consultation ouverte à toute la communauté sur la<br />

signification, nous nous sommes donné les moyens<br />

d’explorer collectivement les pistes possibles. Et la<br />

solution, comme souvent, réside finalement dans la<br />

simplicité. Beaucoup de marques globales s’appuient<br />

sur 3 ou 4 lettres qui véhiculent un certain nombre<br />

de valeurs fortes et durables sans qu’il soit besoin de<br />

les expliciter.<br />

Personnellement, je me réjouis de cette mobilisation<br />

de la communauté des alumni : d’une part car cela<br />

montre la force de la marque. Beaucoup d’écoles ont<br />

pu changer de nom du tout au tout sans que cela ne<br />

dérange personne. D’autre part, cet attachement de<br />

la communauté à sa marque et à son école est de très<br />

bon augure pour le développement de l’engagement<br />

des alumni en termes de fundraising.<br />

O. R : Vous le mettez en avant : ESCP c’est<br />

beaucoup plus que l’Europe. A quels doubles<br />

diplômes internationaux peuvent par exemple<br />

postuler vos étudiants ?<br />

F. B : Dans le programme MiM, nos étudiants peuvent<br />

obtenir jusqu’à 4 diplômes Master simultanément lorsqu’ils<br />

font notre parcours multi-campus européen. De<br />

plus, nous offrons une trentaine de doubles diplômes<br />

Master dans le monde (dont MIT, Cornell aux Etats-Unis,<br />

Tec de Monterrey au Mexique, San Andres en Argentine,<br />

IIM Ahmedabad, IIM Bangalore en Inde, Shanghai Jiao<br />

Tong et Renmin en Chine, KUBS en Corée, Waseda<br />

au Japon, Rotterdam School of Management et HSE<br />

Moscou en Europe). Nous avons signé en octobre<br />

dernier <strong>2019</strong> un accord avec CEIBS (Shanghai). Si un<br />

diplômé du Bachelor passe avec succès un entretien<br />

du pré-recrutement à CEIBS, celui-ci bénéficiera d’une<br />

admission anticipée et pourra effectuer son MBA à<br />

CEIBS après deux ans d’expérience.<br />

O. R : Le mot de l’année dans les écoles de<br />

management est « hybridation ». Comment préparez-vous<br />

vos étudiants à aborder des sujets<br />

technologiques ? Et plus largement avec quelles<br />

écoles d’ingénieurs êtes-vous partenaires ?<br />

F. B : Pour nous ce n’est pas une mode limitée à cette<br />

année ! En travaillant sur l’histoire de l’école pour le<br />

bicentenaire, nous avons redécouvert que l’approche<br />

multidisciplinaire était présente dès le début à l’ESCP :<br />

cours de chimie (aujourd’hui on fait du coding et du big<br />

data management), cours de langue, de géopolitique…<br />

Ce qu’on feint d’inventer un peu partout existe chez<br />

nous depuis 200 ans !<br />

Nous avons depuis de longues années développé une<br />

stratégie de double-diplômes avec les écoles d’ingénieur :<br />

Centrale, Supelec devenue CentraleSupelec, ENSAE,<br />

ESTP, puis Mines ParisTech, mais également Politecnico<br />

à Turin, Politecnica à Madrid. Notre stratégie de double<br />

diplôme dépasse les écoles d’ingénieur.<br />

Depuis trois ans, nous renforçons cette stratégie<br />

de double compétence avec l’approche ABCDE (Art,<br />

Business, Cultures, Diplomacy, Engineering). Cela se<br />

traduit par les doubles diplômes Master signés récemment<br />

avec l’IFM, Ferrandi et MGIMO sur la diplomatie en<br />

Russie. Et aussi notre accord d’échange avec l’Ecole<br />

des affaires publiques de Tsinghua pour le MiM et l’Ecole<br />

des Sciences Sociales de Tsinghua pour le Bachelor.<br />

Que ce soit en France ou dans le monde, notre stratégie<br />

est de viser les écoles leaders dans leur domaine. C’est<br />

notre approche en Chine où nous ne développons<br />

de partenariat qu’avec le C9 (top 9 chinois). D’autres<br />

signatures dans les disciplines d’art, d’ingénierie sont<br />

en cours de finalisation.<br />

1819-1869<br />

Avec d’abord 30 étudiants -<br />

réunis dans l’appartement de<br />

l’un des fondateurs – l’école<br />

se développe et emménage<br />

successivement dans un hôtel<br />

du banquier Laffitte puis,<br />

pendant 20 ans, à l’Hôtel<br />

de Sully. « Dès la sixième<br />

promotion 30% des élèves<br />

sont internationaux. Russes<br />

ou Brésiliens viennent à<br />

Paris qui est alors la capitale<br />

culturelle de l’Europe »,<br />

rappelle Gilles Gouteux. En<br />

1830 Adolphe Blanqui, un<br />

disciple de Jean-Baptiste<br />

Say, prend la direction de<br />

l’école qu’il conservera<br />

jusqu’en 1854 et sa mort.<br />

Sa fille lui succède.<br />

© OR<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

© ESCP<br />

© ESCP<br />

Et aussi, de beaux projets se profilent dans le cadre de<br />

Sorbonne Alliance, entre Paris I Panthéon-Sorbonne,<br />

ESCP et Paris III Sorbonne-Nouvelle ouvrant de nombreuses<br />

possibilités interdisciplinaires qui nourrissent<br />

les enseignements en gestion (mathématiques, droit…).<br />

O. R : Vous faites partie des écoles qui défendent<br />

ardemment les classes préparatoires. Allez-vous<br />

encore augmenter le nombre de places que vous<br />

leur consacrez dans les concours ?<br />

F. B : Les classes préparatoires sont un vivier de<br />

recrutement d’excellence pour les Français. A l’instar<br />

de ESSEC et de HEC, nous nous situons autour de<br />

410 places. Ce chiffre n’a pas vocation à augmenter<br />

considérablement pour maintenir un taux de sélectivité<br />

inférieur à 8%.<br />

O. R : Obtenir des accréditations internationales<br />

est crucial pour la reconnaissance des business<br />

schools. Comment vous positionnez-vous par<br />

rapport au tout nouveau « EFMD Accredited »<br />

que lance l’EFMD, notamment pour accréditer<br />

des MBA ?<br />

F. B : ESCP a beaucoup d’expériences internationales<br />

en matière d’accréditations. Nous sommes accrédités<br />

dans les pays où nous avons des campus (ACQUIN en<br />

Allemagne, ANEKA en Espagne, QAA au Royaume-Uni,<br />

CEFGD en France…). Au Royaume-Uni nous sommes<br />

entrés dans le dispositif qualité Office for Students.<br />

ESCP fait désormais partie des 389 établissements<br />

d’enseignement supérieur visés OFS au Royaume-Uni<br />

comme Cambridge !<br />

© ESCP<br />

De gauche à droite et de haut en bas les campus de<br />

ESCP à Londres, Berlin, Madrid et Cracovie<br />

Nous sommes également accrédités EQUIS par EFMD<br />

depuis sa création en 1998, et AACSB.<br />

Nous sommes pionniers et avons obtenu une nouvelle<br />

accréditation EFMD Accredited pour notre MBA et notre<br />

EMBA en octobre <strong>2019</strong>. Cette accréditation permet<br />

de disposer du regard en profondeur d’experts internationaux<br />

sur le programme concerné. La qualité des<br />

rapports fournis par l’accréditeur comporte une mine<br />

de recommandations permettant des améliorations très<br />

concrètes et opérationnelles. ESCP est ainsi désormais<br />

une multi-accredited business school.<br />

© ESCP<br />

1869-1969<br />

L’année de ses cinquante<br />

ans l’ESCP est vendue à la<br />

chambre de commerce et<br />

d’industrie de Paris. Elle<br />

passe successivement de<br />

la rue Saint-Gilles à la rue<br />

Amelot avant de s’installer<br />

avenue de la République<br />

en 1898. Entre temps la<br />

CCIP a créé HEC Paris en<br />

1872. « A partir de 1900 on<br />

commence à évoquer une<br />

fusion entre les deux écoles<br />

dont l’idée ne sera finalement<br />

abandonnée qu’en 1964<br />

avec le déménagement de<br />

HEC à Jouy-en-Josas »,<br />

confie Gilles Gouteux.<br />

1970<br />

C’est en 1970, deux ans<br />

après l’ouverture des classes<br />

préparatoires aux filles, que<br />

ESCP accueille sa première<br />

– et unique cette année là -<br />

étudiante : Joëlle Le Vourch.<br />

Une arrivée qui n’a pas été<br />

une sinécure. « Le premier<br />

projet était de fusionner<br />

ESCP avec HEC jeunes<br />

filles, née durant la Première<br />

Guerre mondiale, mais les<br />

élèves ont bloqué la fusion »,<br />

établit Gilles Gouteux.<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

O. R : Vous avez beaucoup bataillé pour que les<br />

meilleurs bachelors obtiennent un tout nouveau<br />

« grade de licence ». La chose semble presque<br />

faite. Êtes-vous totalement satisfait ?<br />

F. B : C’était un sujet sur lequel j’ai travaillé pour la<br />

collectivité des écoles. ESCP est la dernière école<br />

en avoir besoin puisque notre bachelor est déjà titulaire<br />

du niveau licence hors de France. La licence<br />

allemande, que nous détenons, est, par le jeu des<br />

reconnaissance, permet à nos diplômés Bachelor de<br />

poursuivre leurs études en France, et partout dans le<br />

monde. En France, la création de ce grade de licence<br />

va tout d’abord permettre d’effectuer un tri entre les<br />

formations académiquement exigeantes et sélectives et<br />

les autres. D’autre part, ce grade de licence va donner<br />

une harmonie à l’ensemble du système en dépassant<br />

l’opposition Grandes écoles / universités.<br />

En Europe il permet une plus grande coopération<br />

entre les établissements. Ainsi, nous allons déposer<br />

en 2020 un projet d’Université européenne dédiée à<br />

l’entrepreneuriat (EU4E) dont l’une des composantes,<br />

au-delà de la recherche, pourrait conduire à la création<br />

d’un bachelor en entrepreneuriat avec nos partenaires.<br />

Il n’en reste pas moins que le ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

doit encore clarifier les critères et les procédures en<br />

vue de l’obtention du grade. Anne-Sophie Barthez de<br />

la DGSIP a confirmé lundi dernier que le grade licence<br />

devrait être délivré aux premiers bachelors en 2021.<br />

800 alumni et une nouvelle<br />

marque pour ses 200 ans<br />

800 alumni et invités étaient réunis le 26<br />

novembre à Paris, au sein de l’Atelier des<br />

Lumières, pour fêter les 200 ans de la plus<br />

ancienne business school dans le monde.<br />

« Nous formons les managers de demain<br />

depuis 200 ans », rappelle Frank Bournois<br />

sous les yeux du président de l’école et des<br />

Galeries Lafayette, Philippe Houzé, avant de<br />

faire découvrir le nouveau nom de leur école<br />

à un public conquis. « Pour accompagner<br />

le développement international de l’école,<br />

nous repositionnons ESCP sur sa marque<br />

bicentenaire afin de la faire rayonner dans<br />

le monde entier », explique Philippe Houzé.<br />

Conçue avec l’agence TBWA la nouvelle<br />

campagne de communication de ESCP<br />

business school s’intitule « The Choice ».<br />

« Pour accompagner la nouvelle identité<br />

de marque, soutenue par la Fondation,<br />

un important travail a été mené avec<br />

des alumni de l’Ecole, pour lancer une<br />

campagne appuyée sur le choix, The<br />

Choice. Nous sommes aujourd’hui à l’ère<br />

des choix : technologiques, économiques ou<br />

politiques. ESCP appelle et enseigne à faire<br />

des choix éclairés. Non pas demain, mais<br />

aujourd’hui », définit Dimitri Champollion,<br />

directeur de la Communication et de la<br />

Marque de ESCP business school.<br />

1973-2009<br />

La CCIP crée l’Ecole<br />

européenne des affaire avec<br />

trois campus à Paris, Oxford<br />

et Düsseldorf. En 1999<br />

l’ESCP et l’EAP fusionnent<br />

sous le nom de ESCP-<br />

EAP et adoptent le modèle<br />

pédagogique de l’EAP. En<br />

2009 l’ESCP-EAP devient<br />

ESCP Europe. « Cela reste<br />

un projet unique dans le<br />

monde avec la possibilité<br />

d’obtenir un triple diplôme<br />

local en Allemagne, France<br />

et Royaume-Uni », remet en<br />

lumière Gilles Gouteux.<br />

© ESCP<br />

© ESCP<br />

© ESCP<br />

Quelques photos d’archives<br />

ESCP<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

Du nouveau bac<br />

aux Grandes écoles :<br />

le continuum<br />

passe par les classes<br />

préparatoires<br />

© Association Synopsis SKEMA<br />

Pour sa deuxième édition le colloque « Continuum<br />

CPGE / GE », organisé par HEADway Advisory et<br />

l’APHEC, a posé ses valises le 8 novembre sur le<br />

campus niçois de Skema BS. Professeurs de classes<br />

préparatoires, proviseurs, directeurs de Grandes<br />

écoles et de PGE, étudiants en Grandes écoles<br />

passés par une classe préparatoire, ils étaient 80<br />

à être venus discuter d’un continuum qui démarre<br />

maintenant dès le bac. Retour sur leurs conclusions.<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

UNE MATINEE DE TRAVAIL EN<br />

COMMUN<br />

Comme pour sa première édition<br />

professeurs de classes préparatoires,<br />

proviseurs, directeurs de Grandes écoles<br />

et de PGE, étudiants en Grandes écoles<br />

passés par une classe préparatoire,<br />

étaient amenés à travailler ensemble<br />

toute la matinée avant de présenter leurs<br />

travaux à la salle sur les huit thèmes<br />

sélectionnés. Voici le résultat de leurs<br />

cogitations sur la thématique « Après<br />

la réforme du lycée : quel continuum<br />

CPGE-GE-monde de l’entreprise ? »<br />

« Comment les classes prépas<br />

peuvent elles s’adapter à la<br />

réforme du bac ? »<br />

Avec la réforme du baccalauréat général<br />

les filières ES, L, S disparaissent pour<br />

donner le jour à des parcours « à la carte »<br />

pour chaque lycéen. Dans ce contexte<br />

comment les classes préparatoires<br />

doivent-elles se reformer ? Aujourd’hui<br />

encore en projet, la discussion entamée<br />

entre les représentants des professeurs,<br />

les écoles et les ministères de l’Education<br />

et de l’enseignement supérieur prévoit<br />

que les actuelles classes préparatoires<br />

ECE et ECS donneraient naissance à<br />

quatre parcours avec deux chemins :<br />

• mathématiques approfondies avec<br />

ESH (Economie, Sociologie et Histoire du<br />

monde contemporain) ou HGG (Histoire,<br />

Géographie et Géopolitique du monde<br />

contemporain) d’une part ;<br />

• mathématiques appliquées part avec<br />

ESH ou HGG.<br />

Mais d’autres hypothèses de réflexion et<br />

de changement apparaissent au fil des<br />

débats à Skema. Par exemple la création<br />

d’une nouvelle filière CPGE-GE ouvrant un<br />

parcours adapté aux lycéens souhaitant<br />

faire une classe préparatoire pour les<br />

Grandes écoles mais n’ayant pas fait<br />

de mathématiques au lycée. Une classe<br />

préparatoire avec des cours de remise à<br />

niveau (« mathématiques refresh ») afin<br />

de « dynamiser, moderniser et surtout<br />

ouvrir cette voie à nombreux lycéens<br />

décidant tardivement de vouloir suivre<br />

des classes préparatoires ». Une filière<br />

pouvant être considérée comme mixte<br />

entre les classes préparatoires littéraires<br />

et économiques.<br />

La deuxième hypothèse envisagée serait<br />

d’ouvrir des stages d’été intensifs<br />

et immersifs avant la rentrée pendant<br />

2 semaines pour « mettre à niveau et<br />

acquérir des bases sereines en mathématiques<br />

» avant la rentrée des classes<br />

début septembre.<br />

La dernière hypothèse serait de mettre<br />

Les « Liberal Arts<br />

Colleges » : des prépas<br />

à l’américaine<br />

On ne le dira jamais assez :<br />

les classes préparatoires ne<br />

sont pas un système unique<br />

au monde sorti du cerveau de<br />

Français avides d’excellence.<br />

Comme le souligne Julien<br />

Manteau « aux Etats-<br />

Unis en fin de lycées, les<br />

étudiants ont deux choix :<br />

les Liberal Arts College,<br />

des institutions de petite<br />

taille avec un focus sur la<br />

pédagogie et un encadrement<br />

professeurs-élèves très fort,<br />

ou les universités. Passer<br />

par un Liberal Arts College<br />

est un choix d’excellence ».<br />

Mais aux Etats-Unis il n’y a<br />

pas de possibilité de passer<br />

d’un parcours à l’autre alors<br />

qu’en France c’est « un<br />

énorme plus, unique au<br />

monde, de pouvoir passer<br />

des classes préparatoires<br />

proches des Liberal Arts<br />

College aux Grandes écoles<br />

proches de la recherche avec<br />

une autre pédagogie ».<br />

© Association Synopsis SKEMA<br />

Les participants réunis sur le dite de Sophia-Antipolis de Skema<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

en place des nombreux MOOCs (massive<br />

online open courses) pour permettre<br />

aux lycéens de se préparer et se développer,<br />

mais aussi de mieux s’informer<br />

sur la filière - comme c’est déjà le cas<br />

avec le MOOC « CPGE économiques et<br />

commerciales » sur la plateforme FUN - ,<br />

avant d’intégrer une classe préparatoire.<br />

Ces outils seraient un moyen de toucher<br />

aussi les lycéens qui sont encore loin<br />

du monde des classes préparatoires<br />

dans des lycées trop peu informés car<br />

ne disposant pas de ces parcours ou<br />

n’informant pas sur ces derniers.<br />

« Comment redynamiser la filière<br />

CPGE/GE suite à la réforme du<br />

bac pour informer les lycéens<br />

dès la seconde ? »<br />

Comment diffuser l’information sur la<br />

filière 2+3 de CPGE-GE, bien souvent<br />

méconnue par les lycéens - avec souvent<br />

« l’ignorance de ce parcours ou bien une<br />

image ternie » -s’interrogent les membres<br />

d’un autre groupe ? Informés et avertis<br />

de l’exigence du parcours beaucoup de<br />

lycéens décident également de choisir<br />

un autre parcours pour intégrer ensuite<br />

une Grande écoles.<br />

La principale idée évoquée par le groupe<br />

de réflexion reprend celle du « Continuum<br />

CPGE/FE 2018 » avec la création d’une<br />

journée de réflexion pour pousser les<br />

étudiants en Grandes écoles venant<br />

de classes préparatoires à se déplacer<br />

dans les lycées, qu’ils y aient passé leur<br />

bac ou suivi leurs années de prépas, afin<br />

d’informer au maximum les lycéens sur le<br />

parcours CPGE-GE. Ils pourraient ainsi<br />

montrer la filière et ses grands atouts et<br />

ainsi éviter la spécialisation par défaut<br />

des lycéens et la découverte trop tardive<br />

de leurs objectifs de formation. « Ces<br />

étudiants seraient le meilleur moyen<br />

d’informations, pure et honnête et sans<br />

volonté commerciale pour illustrer l’aventure<br />

humaine des classes préparatoires<br />

et dynamiser la filière CPGE-GE. »<br />

« Quelles sont les compétences<br />

acquises en classes<br />

préparatoires ? Comment les<br />

faire évoluer et les mettre en<br />

avant via le parcours complet<br />

CPGE/GE ? Peut-on construire un<br />

référentiel des compétences ? »<br />

Construire un référentiel des compétences<br />

acquises en classes préparatoires<br />

serait un socle essentiel pour les Grandes<br />

écoles comme pour les entreprises.<br />

Aujourd’hui ce référentiel n’est pas écrit<br />

mais, le groupe de travail en est persuadé,<br />

celui-ci doit être élaboré afin de mieux<br />

communiquer et donner du sens à la filière<br />

et au recrutement des lycéens pour le<br />

parcours. Ces deux années apportent en<br />

effet des grandes capacités à travailler<br />

sur soi, à gérer son temps de travail et<br />

sa méthodologie. « Les classes préparatoires<br />

ont pour mission fondamentale<br />

d’apprendre de manière académique,<br />

et les 3 années suivantes sont dites<br />

expérientielles avec de l’enseignement<br />

tourné vers le concret, ces cinq années<br />

sont complémentaires avant d’intégrer<br />

le monde du travail et non de l’emploi ! »<br />

« Concours : faut-il les faire<br />

évoluer suite à la réforme du<br />

bac et des prépas ? Dans quelles<br />

directions ? »<br />

Pour le groupe de travail les concours<br />

d’entrée dans les Grandes écoles doivent<br />

se reformer, mais comment ? Des grandes<br />

idées et hypothèses sont apparues avec<br />

les échanges entre les étudiants de cette<br />

filière et les représentants des CPGE et<br />

GE. La première idée fut de mutualiser<br />

les différents concours afin d’éviter la<br />

surcharge des examens en proposant<br />

des demi-journées par thèmes/matières<br />

et différents sujets afin de ne pas bloquer<br />

les étudiants.<br />

La deuxième idée est d’adapter les<br />

concours à chaque candidat en mettant<br />

en place de nombreuses options d’évaluation.<br />

La troisième idée revient sur le<br />

point souvent évoqué de l’utilité des oraux<br />

Nouveau bac : où<br />

en est-on ?<br />

Le nouveau bac est encore<br />

en chantier comme en<br />

témoigne la décision prise<br />

fin novembre de repousser<br />

d’une semaine l’ouverture<br />

de la base de données des<br />

épreuves de contrôle continu.<br />

Des épreuves qui exacerbent<br />

les passions entre certains<br />

syndicats et le ministère de<br />

l’Education nationale, les<br />

premiers demandant leur<br />

annulation pure et simple.<br />

Trois sessions doivent avoir<br />

lieu en janvier et juin de<br />

l’année de première puis<br />

une en fin de terminale.<br />

Les lycées devront pour<br />

cela piocher dans une base<br />

de données nationale puis<br />

anonymiser les copies pour<br />

qu’elles soient corrigées<br />

avant de les rapatrier.<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

et surtout des sujets et questions posés<br />

lors de ces entretiens, ceux-ci ne correspondant<br />

que très peu à l’expérience des<br />

préparationnaires. « Ces oraux doivent<br />

évoluer afin de mettre en avant une réelle<br />

utilité, un moyen d’expression plus libre<br />

et d’évaluation des candidats. »<br />

« Comment les classes<br />

préparatoires peuvent-elles<br />

encore plus contribuer au<br />

renforcement du continuum<br />

CPGE/GE ? »<br />

Le groupe de travail propose de renforcer<br />

encore des mesures déjà prises comme<br />

la possibilité pour des préparationnaires<br />

de découvrir un peu plus les entreprises<br />

et les secteurs d’activité afin de mieux<br />

s’orienter. De nouvelles idées émergent<br />

également telles que la mise en place de<br />

cours donnés par les Grandes écoles dans<br />

les classes préparatoires afin d’initier la<br />

période de transition et de diminuer le<br />

sentiment de rupture que vivent encore<br />

trop d’élèves. Le groups évoque le besoin<br />

de réformer les concours ainsi que<br />

d’établir un référentiel (ou mapping des<br />

De nouvelles<br />

opportunités pour<br />

les concours<br />

Sophie Gay, directrice du<br />

Programme Grande école<br />

de SKEMA, a souligné<br />

lors du débat comment<br />

« la réforme de la filière<br />

entraine des changements<br />

des concours à venir, qui<br />

donne une opportunité de<br />

valoriser des profils plus<br />

divers, avec des étudiants qui<br />

ont fait des choix différents.<br />

Ces nouveaux concours<br />

serviraient à identifier<br />

d’autres compétences, et<br />

encore plus diversifier<br />

l’ensemble des étudiants ».<br />

compétences) pour mieux faire connaitre<br />

la filière. Comme l’année passée revient<br />

également la nécessité celle d’ouvrir de<br />

nouvelles classes préparatoires afin de<br />

répondre aux besoins des Grandes école<br />

mais aussi des entreprises. Il s’agirait<br />

ainsi de redynamiser l’excellence de cette<br />

filière mais aussi de répondre aux besoins<br />

de formations des lycéens.<br />

« Comment les Grande écoles<br />

peuvent encore plus contribuer<br />

au renforcement du continuum<br />

CPGE/GE ? »<br />

Nombreuses sont aujourd’hui les Grandes<br />

écoles à mettre en place des cours pour<br />

renforcer le continuum, notamment en<br />

culture générale ou géopolitique. Les<br />

corps professoraux des CPGE et les<br />

GE doivent plus échanger entre eux afin<br />

de mieux cerner et définir cette filière<br />

et mieux comprendre les attentes des<br />

étudiants. Ces journées d’échange pourraient<br />

d’ailleurs aboutir à faire éclore des<br />

nouvelles méthodologies et des nouvelles<br />

pédagogies pour dynamiser la filière.<br />

© Association Synopsis SKEMA<br />

De gauche à droite : Serge Ferrari, proviseur du lycée Massena et membre de l’APLCPGE, Bernard Ramanantsoa,<br />

directeur général honoraire d’HEC Paris, Alice Guilhon, directrice générale de SKEMA, Olivier Rollot, rédacteur<br />

en chef de « l’Essentiel du Sup » (HEADway Advisory), Sophie Gay, directrice du Programme Grande école<br />

de SKEMA, Julien Manteau, directeur de la Stratégie et du Développement HEC, Alain Joyeux, président<br />

de l’APHEC, et Olivier Sidokpohou, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

LES DEBATS DE L’APRÈS MIDI<br />

L’après-midi a été consacrée à un débat<br />

animé par Olivier Rollot pour HEADway<br />

Advisory afin d’enrichir les réflexions<br />

de la matinée. Autour de la directrice<br />

de Skema et présidente du Chapitre des<br />

Grandes écoles de management, Alice<br />

Guilhon, étaient présents la directrice<br />

de son PGE, Sophie Gay, alors que Julien<br />

Manteau, directeur de la Stratégie et<br />

du Développement d’HEC Paris venait<br />

compléter les représentants des Grandes<br />

écoles. Du côté des classes préparatoires,<br />

le président de l’APHEC, Alain Joyeux,<br />

venait porter la parole des professeurs<br />

quand le proviseur du lycée Massena de<br />

Nice et membre de l’APLCPGE (Association<br />

des proviseurs de lycées à classes<br />

préparatoires aux Grandes écoles), Serge<br />

Ferrari, représentait les proviseurs. Le<br />

tout sous le regard d’Olivier Sidokpohou,<br />

inspecteur général de l’éducation, du sport<br />

et de la recherche en charge du dossier<br />

Des examens<br />

toute l’année<br />

Au premier semestre 2020 les<br />

proviseurs de grands lycées<br />

à classes préparatoires vont<br />

avoir à organiser des examens<br />

pratiquement en permanence<br />

sans en avoir pour autant<br />

toujours les moyens. Le<br />

rapport Mathiot prévoyait<br />

que le contrôle continu serait<br />

organisé directement par<br />

chaque lycée dans le cadre<br />

de leur scolarité normale.<br />

Ce sont les organisations<br />

syndicales qui ont exigé cette<br />

organisation très compliquée<br />

censée garantir au bac<br />

son caractère national.<br />

de réforme des classes préparatoires.<br />

Enfin Bernard Ramanantsoa, directeur<br />

général Honoraire d’HEC Paris, apportait<br />

l’éclairage de celui reconnu unanimement<br />

comme celui ayant le plus contribué<br />

à l’excellente réputation internationale<br />

des écoles de management françaises.<br />

Un contexte porteur<br />

Dans le contexte de la réforme du lycée,<br />

et maintenant des classes préparatoires,<br />

ces échanges ont encore plus d’intérêt<br />

pour Olivier Sidokpohou : « Cette journée<br />

est un grand apport pour le ministère<br />

qui a le besoin de cette sollicitation des<br />

grandes parties prenantes avec les directeurs,<br />

les étudiants, les professeurs<br />

de prépa ». Serge Ferrari revient sur la<br />

réforme des années lycée : « Aujourd’hui<br />

le bac se découvre de jour en jour avec<br />

des nouveaux contenus des programmes,<br />

et bien sûr des nouvelles attentes des<br />

lycéens. En résumé, une ouverture d’un<br />

tronc commun avec 3 spécialités de 4h<br />

SKEMA<br />

GRANDE<br />

ÉCOLE<br />

ThinkForward *<br />

GLOBAL<br />

SKEMA 6x6 : Possibilité d’effectuer les 6 semestres<br />

du programme sur 7 campus différents<br />

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+ de 50 spécialisations et doubles compétences<br />

INTERCONNECTÉ<br />

45 000 diplômés dans le monde<br />

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Classé dans le top 10 français<br />

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17<br />

WWW.SKEMA-BS.FR


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

chacune par semaine puis 2 spécialités<br />

de 6h par semaine en terminale. Les<br />

lycées ne proposent que certains matières<br />

parmi les 12 ». Lycée général, le<br />

lycée Massena de Nice ouvre pour sa<br />

part neuf spécialité non technologique.<br />

Mais quelles spécialités doivent choisir<br />

les élèves qui se destinent à des classes<br />

préparatoires économiques et commerciales<br />

? La question est sur les lèvres de<br />

très nombreux parents et élèves ne peut<br />

que constater le proviseur.<br />

En aval les classes préparatoire sont<br />

contraintes de se reformer du fait même<br />

de la réforme du bac mais aussi des choix<br />

des lycéens qui sont amenés à choisir<br />

leurs cours, leurs enseignements en fonction<br />

de leurs centres d’intérêts. « Comment<br />

répondre à la liberté des étudiants<br />

et leurs volontés, tout en considérant le<br />

maillage territoriale et le maillage de la<br />

richesse humaine du corps professoral<br />

des classes préparatoires », s’interroge<br />

Alain Joyeux.<br />

Les mathématiques : le grand<br />

sujet du jour<br />

Avec la construction des nouveaux parcours,<br />

de nombreux points soulevés<br />

concernent la place des mathématiques<br />

pour intégrer une classe préparatoire EC.<br />

Ce n’est pas acté mais les professeurs de<br />

classes préparatoires insistent pour que<br />

le choix de la spécialité « mathématiques »<br />

en première – suivi au moins de l’option<br />

« mathématiques complémentaires » en<br />

terminale – soit le prérequis minimum<br />

pour intégrer une classe préparatoire EC.<br />

Suivre la spécialité « mathématiques »<br />

également en terminale sera forcément<br />

un plus, notamment pour intégrer le parcours<br />

« mathématiques approfondies »<br />

en classe préparatoire. « L’option « mathématiques<br />

complémentaire » est quasi<br />

uniquement destinée à l’orientation car<br />

elle n’est pas évaluée lors du bac. Avec<br />

juste une petite précision, les notes en<br />

cours d’année seront comprises dans la<br />

notation d’évaluation », souligne Serge<br />

Ferrari.<br />

Quelle évolution pour les classes préparatoires EC ?<br />

Aujourd’hui les projets d’évolutions<br />

des classes préparatoires ECE et ECS<br />

conduisent à la construction de 4 parcours :<br />

• mathématiques approfondies /<br />

histoire, géographie, et géopolitique<br />

du monde contemporain (HGG)<br />

• mathématiques contemporain approfondies (ESH) /<br />

économie sociologie et histoire du<br />

monde contemporain (ESH)<br />

• mathématiques appliquées / histoire,<br />

géographie, et géopolitique du<br />

monde contemporain (HGG)<br />

• mathématiques appliquées /<br />

économie sociologie et histoire du<br />

monde contemporain (ESH)<br />

• mathématiques appliquées / économie sociologie et histoire du monde<br />

Avec en tronc commun, Culture générale,<br />

Langues Vivantes et Economie.<br />

Avec en tronc commun, Culture générale, Langues Vivantes et Economie.<br />

A1 -HGG<br />

A -<br />

mathématiques<br />

à niveau élevé<br />

A2 - ESH<br />

ECE & ECS<br />

B1 - HGG<br />

B -<br />

mathématiques<br />

à niveau modéré<br />

B2 - ESH<br />

Culture générale Langues vivantes Economie<br />

Un débat d’autant plus d’actualité insiste<br />

Alice Guilhon, que, « du point de vue des<br />

Encadré<br />

entreprises, des spécialisations, telle la<br />

Première : quelles spécialités ont choisi les lycéens ?<br />

finance, y font un appel croissant alors<br />

que À la montée rentrée <strong>2019</strong>, en puissance les 386 600 des élèves études de première générale ont choisi trois<br />

quantitatives enseignements en obligatoires marketing demande spécialité des en plus des matières de tronc commun et<br />

élèves excellents en mathématique et<br />

même meilleurs que les années précédentes<br />

». Bernard Ramanantsoa abonde<br />

dans ce sens : « Les compétences en<br />

mathématique doivent se garder et se développer,<br />

cela fait partie de la réputation<br />

de l’excellence en formation des prépa<br />

en France et dans les grandes écoles ».<br />

La réponse a ces interrogations est apportée<br />

par Olivier Sidokpohou : « Les<br />

mathématiques sont de plus en plus de-<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

mandées, mais les niveaux dès la seconde<br />

ont aussi augmenté avec la réforme du<br />

lycée. La spécialité de première a déjà<br />

une forte exigence ».<br />

Les viviers de recrutement à<br />

cibler pour une communication<br />

plus claire<br />

Toutes ces réflexions sur le poids des maths<br />

rejoignent la question des viviers de recrutement.<br />

Avec cette année un peu moins de<br />

70% des lycéens qui ont choisi la spécialité<br />

nous sommes en effet bien loin des 85% qui,<br />

jusqu’ici, suivaient des enseignements de<br />

mathématiques dans les filières S et ES. Mais<br />

pourquoi faudrait-il absolument faire des<br />

mathématiques pour aller en Grande école<br />

de management ? Après tout des élèves<br />

de prépas littéraires vont aussi en grande<br />

école. Au fil des années le recrutement<br />

via hypokhâgne-khâgne augmente même.<br />

Bernard Ramanantsoa ajoute une vision :<br />

« Les Grandes Ecoles recherchent des<br />

sources de différenciation. Cela va être<br />

très intéressant les positionnement des<br />

écoles sur leurs recrutements avec des<br />

projections complexes à effectuer. Une<br />

affaire à suivre dans les années à suivre ».<br />

Sur ce point, l’exemple de l’EDHEC, qui a<br />

ouvert son recrutement aux élèves issus<br />

de prépas scientifique, montre que les<br />

viviers de recrutement peuvent s’élargir<br />

et se différencier.<br />

Des éléments de tension<br />

Les classes préparatoires doivent également<br />

affronter des tensions nées de<br />

leur tutelle. « Les recteurs qui peuvent<br />

se positionner en costkillers et impacter<br />

de manière négative les classes préparatoires<br />

avec des risques de fermeture.<br />

Par conséquent nous vivons sur le terrain<br />

des vives anxiétés avec des regroupements<br />

des classes préparatoires,<br />

et l’appréhension sur certaines petites<br />

classes préparatoires notamment dans<br />

des zones peu peuplées », constate Alain<br />

Joyeux. Pour Serge Ferrari « ces changements<br />

peuvent aussi provoquer des<br />

tensions entre les établissements avec<br />

des concurrences possibles ».<br />

Première : quelles spécialités ont choisi les lycéens ?<br />

À la rentrée <strong>2019</strong>, les 386 600 élèves<br />

de première générale ont choisi trois<br />

enseignements obligatoires de spécialité<br />

en plus des matières de tronc commun et<br />

des deux langues vivantes obligatoires.<br />

Selon la toute récente note de la DEPP<br />

les choix ont été assez ouverts puisqu’il<br />

faut 15 combinaisons d’enseignements<br />

pour retrouver 80% des élèves : 17<br />

chez les filles et 13 chez les garçons.<br />

En tête près de 69% ont choisi<br />

les mathématiques :<br />

• 67,3% dans l’enseignement public<br />

et 72,8% dans le privé ;<br />

• 61% des filles et 78% des garçons ;<br />

• 75,7% chez les élèves « très favorisés »<br />

contre 61,9% chez les « défavorisés ».<br />

Suivent à 47% la physique-chimie, 43%<br />

les sciences de la vie et de la Terre,<br />

39% les sciences économiques et<br />

En conclusion<br />

De l’avis de tous la réforme offre nouvelles<br />

opportunités et il faut continuer<br />

de développer les classes préparatoires.<br />

Mais il faut aussi accompagner les professeurs<br />

de ces classes pendant cette<br />

phase de changement et de transition.<br />

Notamment parce que la concurrence<br />

continue de grandir d’année en année,<br />

que ce soit avec la montée en puissance<br />

des options d’expatriation à l’étranger<br />

dès le bac, des bachelors ou encore des<br />

admissions sur titre qui sont des « voies<br />

de contournement » pour être reçu dans<br />

les Grandes écoles.<br />

Pour l’ensemble des participants, il apparait<br />

urgent de mieux communiquer vers<br />

les lycéens et les lycées en montrant<br />

comment la filière se différencie. Il faut<br />

clarifier le message et aller les autres<br />

établissements extérieurs à l’environnement<br />

des classes préparatoires. Il faut<br />

montrer la valeur ajoutée intrinsèque<br />

de la classe préparatoire et la mettre<br />

en avant pour orienter les lycéens vers<br />

leurs meilleurs moyens de formation en<br />

fonction de leurs profils.<br />

Jean Ouillon<br />

sociales (SES), 35% l’histoire-géographie<br />

et 28% les langues, littérature et<br />

cultures étrangères et régionales.<br />

Les enseignements « scientifiques » (sauf<br />

sciences de la vie et de la Terre − SVT)<br />

ont plus souvent été choisis chez les<br />

garçons que chez les filles. À l’inverse<br />

les enseignements d’humanités, de SES,<br />

d’histoire-géographie et de langueslittérature<br />

sont plus choisis par les filles.<br />

Les combinaisons possibles les<br />

trois les plus courantes sont :<br />

• 28% « mathématiques,<br />

physique-chimie, SVT » ;<br />

• 8% « histoire-géographie,<br />

mathématiques, SES » ;<br />

• 7% « histoire-géographie,<br />

langues-littérature, SES ».<br />

Quel est niveau<br />

d’exigence du<br />

nouveau bac ?<br />

« Le niveau d’exigence des<br />

nouvelles années lycée est<br />

plus important dans le tronc<br />

commun et donc encore<br />

plus dans les spécialités »,<br />

explicite Jean-Charles<br />

Ringard Inspecteur général<br />

de l’éducation, du sport et de<br />

la recherche et chef de projet<br />

« baccalauréat et nouveau<br />

lycée » au ministère de<br />

l’Education lors d’un colloque<br />

organisé par la Cdefi. Un<br />

niveau qui aurait notamment<br />

beaucoup cru dans une<br />

spécialité mathématiques<br />

pourtant ouverte à des profils<br />

très divers auquel il n’est pas<br />

facile d’enseigner dans la<br />

même classe de première.<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

Elian Pilvin<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DE L’EM NORMANDIE<br />

« Le modèle de la Grande école<br />

va être profondément remis en cause »<br />

Directeur général délégué de l’EM<br />

Normandie depuis début septembre<br />

<strong>2019</strong>, Elian Pilvin prend la direction<br />

d’une école en plein essor sur ses deux<br />

campus normands mais aussi à Paris,<br />

Oxford et maintenant en Irlande. Un<br />

développement tous azimuts qui ne fait<br />

pas peur à cet entrepreneur entré il y a<br />

six ans à l’EM Normandie après en avoir<br />

dirigé le réseau des alumni.<br />

Olivier Rollot : Quelles sont les grandes<br />

orientations stratégiques que vous entendez<br />

mener à la tête de l’EM Normandie ?<br />

Elian Pilvin : Je vais travailler dans le prolongement<br />

de ce qu’a fait Jean-Guy Bernard à sa tête depuis 15<br />

ans. Sous sa direction, l’école s’est profondément<br />

transformée en inventant un modèle hybride – post<br />

bac, post prépas et en admission sur titres qu’on ne<br />

donnait pas forcément gagnant. Aujourd’hui l’entrée<br />

à différents nouveaux dans nos programmes – via les<br />

concours SESAME, BCE et Passerelle – fait partie de<br />

notre ADN et chacune alimente notre capacité à mixer<br />

les publics. L’EM Normandie a ainsi trouvé sa place et<br />

regagné les lettres de noblesse d’une école qui est<br />

parmi les plus anciennes business schools françaises.<br />

O. R : L’alternance fait partie de cet ADN ?<br />

E. P : Largement même puisque nous recevons aujourd’hui<br />

près de 900 étudiants en alternance dans nos<br />

différentes formations, en contrat de professionnalisation<br />

et en apprentissage dans le programme Grande<br />

école (PGE). Dans ce dernier, 70% des élèves optent<br />

pour l’alternance en deux ans. En 2004, quand nous<br />

avons lancé le dispositif, il n’y avait que sept contrats<br />

d’apprentissage signés. C’est très important pour<br />

nous de pouvoir ainsi contribuer au financement de<br />

la formation de nos étudiants.<br />

La question du coût de la scolarité devient de plus en<br />

plus importante à mesure que les Chambres de commerce<br />

et d’industrie sont contraintes de se désengager.<br />

Quand les élèves viennent étudier cinq année dans le<br />

PGE, nous ne pouvons pas nous contenter de leur dire<br />

de payer 10 500€ par an, ce d’autant plus que nous<br />

accueillons des élèves d’origines socio-professionnelles<br />

diverses. Avec l’alternance, ils peuvent à la fois financer<br />

la fin de leurs études et se professionnaliser. Nous<br />

voulons vraiment intégrer dans notre proposition de<br />

valeur cette opportunité de financement qui garantit<br />

par ailleurs une très bonne insertion professionnelle.<br />

O. R : A quelle autre grande évolution vous<br />

préparez-vous dans les années à venir ?<br />

E. P : Le modèle de la Grande école va être profondément<br />

remis en cause dans les dix prochaines années.<br />

Notamment avec la montée en puissance de la<br />

dimension digitale de nos formations mais aussi avec<br />

la nécessité d’aller au-delà des seules sciences de<br />

gestion. Nos sujets d’enseignement doivent s’élargir à<br />

d’autres champs disciplinaires – philosophie, sciences<br />

sociales, économie, arts – mais aussi à des disciplines<br />

techniques, design, informatique, télécoms, etc. Tout<br />

un portfolio de préceptes à intégrer pour capter les<br />

futures générations et leur apporter la valeur ajoutée<br />

nécessaire pour leur permettre de réinventer nos<br />

modèles. Une quête de sens qui va bien au-delà du<br />

marketing et de la comptabilité analytique. Mais au final<br />

serons-nous encore des business schools ?<br />

© EM Normandie<br />

Vietnam<br />

Au Vietnam, l’EM<br />

Normandie travaille à la<br />

digitalisation de cursus<br />

universitaires, à la mise en<br />

place de diplômes de niveaux<br />

Bachelor et Master et à la<br />

formation des cadres de<br />

différentes provinces et du<br />

comité central en formation<br />

continue dans les domaines<br />

des finances publiques,<br />

des réformes territoriales<br />

ou encore du tourisme.<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

Le futur nouveau campus du Havre<br />

© EM Normandie<br />

O. R : Ces dernières années l’EM Normandie<br />

a obtenu les deux accréditations<br />

internationales les plus renommées que sont<br />

Equis et AACSB. Qu’est-ce que cela apporte<br />

à l’école ?<br />

E. P : Les obtenir représente d’abord un effort d’entrainement<br />

de toute l’école qui est difficilement quantifiable.<br />

L’AACSB donne des objectifs des clairs à atteindre<br />

et l’EFMD des metrics d’excellence que nous avons<br />

suivis. Cela entraîne toute la communauté dans un<br />

processus transformationnel et évite de laisser des<br />

problèmes « sous le tapis ». Cette année, nous avons<br />

repassé les deux accréditations et cela a mis toute<br />

notre organisation en mouvement.<br />

Etre titulaire de ces accréditations est aussi un formidable<br />

argument à faire valoir auprès des étudiants<br />

internationaux. Cela change également la vision qu’ont<br />

de nous les représentants des corps institutionnels qui<br />

sont aussi très fiers de voir l’EM Normandie classée par<br />

les grands médias internationaux comme le Financial<br />

Times et QS.<br />

O. R : Une Grande école de management<br />

doit-elle aujourd’hui se spécialiser dans un<br />

domaine ?<br />

E. P : Plutôt dans plusieurs. Je crois qu’il nous faut<br />

encore plus positionner nos campus sur des spécialisations.<br />

Dans notre cas, si l’on veut étudier la logistique<br />

c’est d’abord sur le campus du Havre qu’il faut venir,<br />

tandis que l’événementiel est à Paris et l’innovation à<br />

Caen. Notre expertise en logistique, en Supply Chain<br />

Management et en gestion de ports - avec l’Institut<br />

portuaire d’enseignement et de recherche (IPER),<br />

apporte une vraie valeur ajoutée à toute l’école. Et de<br />

plus, elle est liée à un territoire fort.<br />

Un territoire qui doit être également performant dans<br />

les questions agricoles qui seront un enjeu majeur<br />

dans les années à venir et où nous serons de plus<br />

en plus présents, notamment avec les travaux que<br />

mène notre chaire sur les modèles entrepreneuriaux<br />

en agriculture. Nous devons être des acteurs d’un<br />

changement qui passe par une prise de conscience<br />

des effets des bouleversements climatiques, sujet ô<br />

combien important pour les jeunes générations qui<br />

nous poussent à impulser ces changements.<br />

Oxford<br />

Dès leur première année<br />

post prépa, les étudiants<br />

de l’EM Normandie ayant<br />

obtenu un excellent score au<br />

TOEIC peuvent se rendre à<br />

Oxford, S’ils le souhaitent,<br />

ils peuvent même effectuer<br />

toute leur scolarité à Oxford.<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

O. R : Quels développement envisagez-vous<br />

à l’international ?<br />

E. P : Nos Grandes écoles sont à la fois très performantes<br />

et innovantes et ont une excellence réputation<br />

à l’international, tout en conservant des frais de scolarité<br />

qui restent bas au regard du marché mondial.<br />

L’EM Normandie va continuer à s’y développer tout en<br />

attirant de plus en plus d’étudiants internationaux qui<br />

représentent aujourd’hui 15% de nos effectifs.<br />

Quand on parle d’étudier à l’international, l’étudiant<br />

choisit d’abord un pays, ensuite une spécialité et enfin<br />

la localisation. Nous avons investi pour déployer une<br />

véritable équipe en charge du recrutement international<br />

et surtout pour rendre nos programmes plus attractifs<br />

et plus adaptés à nos cibles.<br />

O. R : Après Oxford et Dublin pensez-vous à<br />

d’autres implantations ?<br />

E. P : Nous préférons nous implanter dans des zones<br />

où le risque est modéré. Avec des choix stratégiques<br />

plutôt que tactiques. S’implanter à Oxford c’est stratégique<br />

et nous y sommes aujourd’hui un établissement<br />

de droit anglais sous l’égide de l’Office for Students<br />

britannique. Dublin a été plus tactique dans la perspective<br />

d’un Brexit dur.<br />

Nous avons aujourd’hui des discussions avancées<br />

pour nous implanter au Vietnam qui est un pays à<br />

fort potentiellement de développement et que nous<br />

connaissons bien pour y former déjà des cadres via<br />

différents programmes de formations continues en<br />

marketing territorial, développement durable, transformation<br />

digitale…<br />

Dans tous les cas, nous voulons attirer des étudiants<br />

internationaux mais aussi recruter localement comme<br />

nous commençons à le faire à Oxford avec notre Master<br />

of Science « Banking, Finance and Fintech » et bientôt<br />

avec la création d’un BSc spécifique au marché anglais.<br />

O. R : Vous avez parlé du désengagement<br />

des chambres de commerce et d’industrie.<br />

Qu’est-ce que cela signifie concrètement<br />

pour l’avenir financier de l’école ?<br />

E. P : La situation financière de l’école est saine et<br />

2020 est l’année du désengagement total des CCI<br />

dans notre financement. Cela signifie que l’école a su<br />

transformer son modèle de revenus pour assurer son<br />

développement de façon autonome. Il serait dangereux<br />

de croire que les effectifs de nos programmes<br />

de formations initiales pourraient croitre de manière<br />

linéaire rentrée après rentrée, car le marché intérieur<br />

va au mieux se stabiliser, au pire se contracter dans<br />

les prochaines années.<br />

© EM Normandie<br />

En revanche, il existe de véritable réservoirs de valeurs<br />

sur le marché international et l’école compte bien y<br />

prendre sa place. C’est d’ailleurs ce que nous commençons<br />

à faire en Chine et à Dubaï, où nous déployons un<br />

DBA (Doctorate of Business Administration) et un MBA<br />

(master of business administration) pour répondre à la<br />

demande croissante de perfectionnement des cadres<br />

expérimentés.<br />

Le développement de la formation continue et d’offres<br />

d’accompagnement sur mesure pour les entreprises<br />

sont aussi des sources de financements sur lesquelles<br />

l’école travaille en ce moment. Enfin, la Fondation EM<br />

Normandie et le réseau des Alumni joueront un rôle<br />

essentiel dans la pérennisation de notre business model.<br />

Plus largement, au regard de la taille des Grandes<br />

écoles aujourd’hui, il faut repenser la manière de<br />

délivrer notre proposition de valeur en recherchant<br />

l’efficience de nos organisations et tout en garantissant<br />

l’excellence académique. Le chemin est étroit et les<br />

marges de manœuvres faibles, mais l’avenir de notre<br />

modèle passe par là.<br />

Paris<br />

A la rentrée <strong>2019</strong> l’EM<br />

Normandie bénéficiera<br />

d’une surface de 4500 m²<br />

à Paris suite au départ de<br />

Grenoble EM avec laquelle<br />

elle partageait ses locaux<br />

depuis l’ouverture de<br />

leur campus commun.<br />

Le campus de Caen<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

O. R : Cette année l’EM Normandie entre<br />

sur Parcoursup dans le cadre du Concours<br />

SESAME. Qu’est-ce que cela va changer pour<br />

vous ?<br />

E. P : Nous avons pu tester le dispositif Parcoursup en<br />

<strong>2019</strong> avec notre Bachelor Management International<br />

qui était dans la banque Atout+ devenue Passerelle<br />

Bachelor. Les résultats ont été bons et nous n’avons<br />

pas rencontré de problèmes. Nous sommes donc<br />

confiants pour le concours SESAME 2020 qui permet<br />

de rejoindre le PGE après bac. Parcoursup n’intégrant<br />

que des formations reconnues par l’Etat, c’est donc<br />

en soi un vrai gage de qualité d’y figurer et c’est très<br />

rassurant pour les élèves et leurs familles. Cela leur<br />

simplifie finalement aussi les choses puisqu’il suffit<br />

maintenant les modalités d’inscription et le calendrier<br />

de la plateforme Parcoursup.<br />

Un profil d’entrepreneur<br />

Plus de 50 candidats à la succession<br />

de Jean-Guy Bernard à la tête de l'EM<br />

Normandie s'étaient déclarés auprès du<br />

cabinet de recrutement en charge du<br />

dossier. C'est finalement le directeur des<br />

opérations et du développement de l'école,<br />

Elian Pilvin, 45 ans, qui a été choisi par<br />

le comité de sélection. Une nomination<br />

qui intervient six ans après son entrée<br />

dans l'école comme directeur marketing<br />

et relations entreprises avant d'évoluer<br />

vers son poste actuel en 2015. Lui-même<br />

diplômé de l'EM Normandie (1996), il en<br />

présidait le réseau des anciens depuis 2008.<br />

Également diplômé de l’Executive MBA<br />

d’HEC, il achève actuellement l’Executive<br />

DBA de l’Université Paris-Dauphine.<br />

Le comité de sélection, et singulièrement<br />

le président de l’école, François Raoul<br />

Duval, aura ainsi choisi un de profil<br />

manager-développeur. Avant d’entrer<br />

à l’EM Normandie, Elian Pilvin a en effet<br />

créé et dirigé plusieurs sociétés au<br />

Havre et à l’international (Maroc et Chine)<br />

entre 1995 et 2013 spécialisées dans<br />

l’ingénierie de solutions audiovisuelles<br />

complexes, essentiellement pour les<br />

marchés BtoB. Sa première entreprise,<br />

CSL, a été créée en 1995 alors qu’il était<br />

encore étudiant à l’EM Normandie. Un<br />

profil que Jean-Guy Bernard va maintenant<br />

accompagner pendant quelques mois.<br />

O. R : Quel regard jetez-vous sur la réforme<br />

du bac ? Est-ce que cela va changer votre<br />

façon de recruter ou vos cursus ?<br />

E. P : Les premiers bacheliers issus de la réforme arriveront<br />

dans les écoles post bac en 2021. Aujourd’hui,<br />

nous recrutons essentiellement des bacheliers S et<br />

ES dans notre Bachelor et dans le PGE en 5 ans. Nous<br />

les sélectionnerons toujours sur concours mais nous<br />

serons attentifs aux choix de spécialités pris par ces<br />

élèves en première qui pourront effectivement influer<br />

sur la création ou l’évolution de certains modules de<br />

formation.<br />

Au regard des chiffres publiés par le ministère de<br />

l’Education pour cette année, nous constatons que<br />

les élèves font des choix qui rappellent beaucoup les<br />

séries actuelles du bac. La combinaison des spécialités<br />

« Mathématiques », « Sciences économiques<br />

et sociales », « Histoire-géographie, géopolitique et<br />

sciences politiques » et « anglais » sera sans doute<br />

importante pour ceux qui se destinent aux écoles de<br />

commerce postbac, même s’il ne faut pas s’interdire<br />

de choisir « Humanités, littérature et philosophie »<br />

ou encore « Numérique et sciences informatiques ».<br />

Nous n’avons pas vocation à recruter des clones, bien<br />

au contraire !<br />

O. R : Les classes préparatoires vont être<br />

amenées à évoluer suite à cette réforme.<br />

Quelles directions vous paraissent-elles<br />

prioritaires ?<br />

E. P : Nous échangeons très régulièrement avec les<br />

CPGE via l’APHEC sur l’évolution des enseignements en<br />

prépa et du concours, et plus largement sur ceux des<br />

Grandes écoles dans le cadre du continuum prépas.<br />

Toute la filière est impactée par ces changements et c’est<br />

l’occasion de se poser les bonnes questions. Les classes<br />

préparatoires doivent selon moi davantage préparer<br />

à former des esprits musclés, agiles et dotés d’une<br />

excellente culture générale et d’une vraie intelligence<br />

des situations. Les débats actuels tournent beaucoup<br />

autour de la place des mathématiques dans le bac pour<br />

accéder en prépa… mais est-ce bien là l’essentiel ?<br />

Au-delà de la réforme du bac, je crois qu’il convient<br />

plutôt de travailler tous ensemble au comment « ré<br />

enchanter le modèle prépa » alors que les inscriptions<br />

ont tendance à baisser au fil des années. Nous nous<br />

nous y employons dans le cadre du continuum prépa car<br />

nous croyons en cette voie d’excellence. Nous accueillerons<br />

d’ailleurs pour la seconde fois sur notre campus<br />

de Paris une centaine de professeurs de langues de<br />

CPGE le 27 mars 2020 pour une journée inter-langues<br />

avec une conférence sur les populismes en Europe.<br />

Nous organisons aussi des ateliers d’échanges avec<br />

nos professeurs de langues autour de l’évolution des<br />

pratiques pédagogiques, l’utilisation d’outils multimédia<br />

en cours de langues, l’autoformation, etc.<br />

Le Havre<br />

L’EM Normandie emménage<br />

à la rentrée 2020 dans un<br />

tout nouveau bâtiment qu’elle<br />

va partager avec la Cité<br />

Numérique du Havre : 12 700<br />

m² en tout dont 9 100 m² pour<br />

l’EM Normandie. Ce nouveau<br />

campus lui permettra de<br />

montrer le développement<br />

des technologies numériques<br />

dans l’enseignement<br />

supérieur grâce à un<br />

partenariat avec Microsoft.<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PAROLES DE PROFS<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

MICHEL<br />

BERNARD<br />

professeur de<br />

chaire supérieure<br />

honoraire<br />

APHEC, viceprésident<br />

voie E<br />

FLORENCE<br />

JAVOY<br />

Fondation groupe<br />

RATP, Secrétaire<br />

générale<br />

La Fondation<br />

Groupe RATP s’engage<br />

Fondée en 1995<br />

autour de l’idée<br />

de citoyenneté la<br />

Fondation Groupe<br />

RATP, poursuit deux<br />

missions :<br />

• Développer des<br />

liens avec les<br />

territoires où le<br />

groupe est implanté<br />

en soutenant des<br />

projets locaux<br />

d’intérêt général<br />

impliquant des<br />

publics fragilisés<br />

• Favoriser<br />

l’engagement<br />

solidaire des<br />

collaborateurs du<br />

groupe RATP<br />

Ses programmes<br />

d’action s’inscrivent<br />

dans le cadre<br />

des objectifs de<br />

développement<br />

durable de l’agenda<br />

2030 de l’ONU :<br />

depuis 2018 quatre<br />

programmes visent<br />

à faciliter l’accès à<br />

l’emploi, à la culture,<br />

à l’éducation, et<br />

à la transition<br />

énergétique.<br />

LA FONDATION GROUPE<br />

RATP ET L’ÉDUCATION<br />

Au sein de son programme Accès à<br />

l’éducation la Fondation Groupe RATP<br />

encourage les talents et soutient<br />

les initiatives qui facilitent l’accès à<br />

une éducation de qualité pour des<br />

personnes défavorisées socialement<br />

à travers des partenariats avec<br />

des établissements d’enseignement<br />

supérieur (dispositif Trajets d’avenir)<br />

et avec une diversité de structures<br />

d’intérêt général.<br />

Du primaire à l’université et aux<br />

grandes écoles, les projets soutenus<br />

par la Fondation Groupe RATP en<br />

matière d’éducation ont un point<br />

commun : promouvoir la mixité sociale<br />

dans l’accès à l’éducation, et pour ce<br />

faire favoriser la réussite des jeunes<br />

en difficulté, quels que soient leur<br />

origine ou leur parcours.<br />

Dans ce cadre, la Fondation a mis<br />

en place un dispositif emblématique<br />

depuis 2009, les « Trajets d’Avenir »<br />

qui a permis à de nombreux étudiants<br />

d’être accompagnés par des mentors<br />

issus du Groupe RATP.<br />

EN 2018, L’ACCÈS<br />

À L’ÉDUCATION, CE SONT :<br />

268 770 €<br />

17 projets<br />

6 930 bénéficiaires<br />

A côté de ce dispositif, la Fondation<br />

groupe RATP soutient également<br />

de nombreuses actions dans les<br />

territoires, à destination de publics<br />

divers comme par exemple :<br />

• Une approche originale de la science<br />

et des techniques en direction des<br />

jeunes publics par Exploradôme, le<br />

musée où « il est interdit de ne pas<br />

toucher »<br />

• Votre École chez vous qui permet<br />

la scolarisation à domicile d’enfants<br />

atteints de handicaps lourds ou<br />

de problématiques médicales les<br />

empêchant de suivre une scolarité<br />

extérieure.<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

LE DISPOSITIF « TRAJETS<br />

D’AVENIR »<br />

Depuis 2009, ce dispositif<br />

d’accompagnement permet de<br />

soutenir des étudiants prometteurs<br />

dont la situation personnelle rend plus<br />

difficile la poursuite d’études dans des<br />

filières d’excellence. Les bénéficiaires<br />

sont issus de classes préparatoires<br />

soutenues par HEC Paris, de Sciences<br />

Po Paris, de l’Université de Cergy<br />

Pontoise, de Télécom ParisTech, de<br />

Télécom SudParis, de l’ENSIAME (École<br />

Nationale Supérieure d’Ingénieurs en<br />

informatique Automatique Mécanique<br />

énergétique et Électronique) de<br />

Valenciennes, de l’IUT et de l’EiSINe<br />

(École d’ingénieurs en Sciences<br />

Industrielles et Numérique) de<br />

Charleville Mézières, ainsi que du<br />

quartier défavorisé d’Alexandra à<br />

Johannesburg dans le cadre du projet<br />

Sizanani (« aidons-nous les uns les<br />

autres » en langue Sotho).<br />

La force du dispositif réside dans<br />

l’accompagnement de ces étudiants<br />

par des salariés volontaires du<br />

groupe RATP. Ainsi, ces étudiants ont<br />

l’opportunité de compléter leur cursus<br />

universitaire par la découverte du<br />

© Neoma BS<br />

monde de l’entreprise aux côtés de<br />

professionnels du Groupe RATP, qui<br />

ont à cœur de partager leurs valeurs<br />

et de transmettre leur expérience.<br />

Les étudiants entrés dans le dispositif<br />

sont accompagnés par un mentor. Ils<br />

bénéficient ainsi d’un soutien et d’un<br />

accompagnement par la réflexion,<br />

l’échange et le partage d’expérience.<br />

L’accompagnement par le mentor vient<br />

ainsi en complément de la formation<br />

académique et pédagogique. Le<br />

mentor ne se substitue ni aux parents,<br />

ni aux professeurs, son intervention<br />

est très spécifique : son premier<br />

rôle consiste à favoriser la prise<br />

de confiance des étudiants et à les<br />

soutenir lors des moments de doute<br />

ou de stress. Mais son rôle auprès du<br />

« mentoré » ne s’arrête pas là :<br />

• il met à sa disposition son expérience<br />

du monde professionnel, des codes<br />

de l’entreprise ;<br />

• il peut l’aider dans ses recherches de<br />

stage, lui faciliter la mise en réseau<br />

professionnel ;<br />

• il peut le conseiller sur certains<br />

aspects de sa future carrière<br />

professionnelle, ses choix<br />

d’orientation, et lui apporter une aide<br />

pour la rédaction de CV, lettre de<br />

motivation.<br />

EN 2018, LE MENTORAT C’EST:<br />

63 mentors issus de<br />

8 filiales du groupe RATP et de<br />

20 départements de l’EPIC<br />

Et 69 étudiants bénéficiaires<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PAROLES DE PROFS<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

© Institut Mines Télécom business school<br />

Le mentor s’appuie sur ses propres<br />

qualités humaines, mais se trouve<br />

également soutenu par la communauté<br />

des mentors et la Fondation Groupe<br />

RATP : ainsi, des rencontres sont<br />

régulièrement proposées par la<br />

Fondation, et un outil collaboratif<br />

est mis à la disposition des mentors<br />

pour favoriser la construction d’une<br />

communauté digitale. L’objectif de cet<br />

outil consiste à faciliter les échanges<br />

à la fois de conseils sur le mentorat et<br />

de possibilités de sorties culturelles<br />

à partager entre la Fondation groupe<br />

RATP, les mentors et les « mentorés ».<br />

Pour Émilie, élève en 2018 à l’Institut<br />

Mines Télécom Business School,<br />

« mentorée » par Gaëtane le DAUPHIN<br />

(Département Contrôle de gestion et<br />

finances de la RATP) lorsqu’elle était<br />

étudiante en classe préparatoire<br />

aux grandes écoles au lycée Henri<br />

Moissan de Meaux (Seine et Marne)<br />

« ma marraine m’a aidée à prendre<br />

conscience que chacun est différent.<br />

Elle m’a notamment aidée lors de<br />

mes entretiens de personnalité pour<br />

avoir davantage confiance en moi et<br />

trouver quels étaient mes points forts<br />

et ce qui me différencie des autres.<br />

Aujourd’hui je suis toujours en contact<br />

avec elle ».<br />

LA FONDATION GROUPE<br />

RATP ET LES CLASSES<br />

PRÉPARATOIRES HEC<br />

En région parisienne deux classes<br />

préparatoires économiques et<br />

commerciales soutenues par la<br />

Fondation HEC bénéficient de l’aide de<br />

la Fondation Groupe RATP : une classe<br />

préparatoire économique voie ECE<br />

au lycée Olympe de Gouges à Noisy le<br />

Sec (Seine Saint Denis) depuis 2018,<br />

et une classe préparatoire voie ECT au<br />

lycée Henri Moissan à Meaux (Seine<br />

et Marne) depuis 2010, avec quelque<br />

efficacité puisqu’en 2018 par exemple,<br />

parmi les 10 élèves en deuxième année<br />

de classe préparatoire mentorés par<br />

des collaborateurs du groupe RATP,<br />

9 ont intégré une grande école de<br />

management, dont 4 une école du Top<br />

15 (1 a décidé de khûber).<br />

C’est en 2007 que la Fondation HEC<br />

a lancé un programme PREP pour<br />

préparer au mieux aux concours<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PAROLES DE PROFS DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

des écoles de management des<br />

élèves de milieu modeste inscrits en<br />

classe préparatoire ECE et ECT. Il est<br />

labellisé « Cordées de la Réussite »<br />

et soutenu par la Fondation Groupe<br />

RATP depuis 2010. Son principe :<br />

donner à chaque élève la confiance<br />

qui lui permettra de viser plus haut<br />

et de réussir. Son mode opératoire :<br />

offrir un accompagnement conçu<br />

en collaboration avec les équipes<br />

pédagogiques pour renforcer les<br />

savoirs académiques et développer<br />

les compétences comportementales.<br />

Pour Hubert BONNAL, Fondation<br />

HEC, Délégué à l’égalité des chances<br />

2014 « c’est un vrai plaisir de travailler<br />

avec la Fondation groupe RATP et le<br />

Lycée Henri Moissan. L’efficacité d’un<br />

tel programme repose sur une bonne<br />

entente entre les trois partenaires.<br />

Il donne des résultats même si<br />

les élèves ont encore du mal à<br />

intégrer HEC, ils peuvent aujourd’hui<br />

ambitionner d’être admis dans l’une<br />

des 20 meilleures écoles en France.<br />

Il s’agit d’un travail de longue durée qui<br />

permet d’améliorer le niveau général<br />

d’une classe ».<br />

Outre ses actions de mentorat auprès<br />

des élèves de ces établissements,<br />

la Fondation Groupe RATP organise,<br />

soutient ou participe aux rencontres<br />

métiers organisées au sein de<br />

ces classes préparatoires dans le<br />

cadre d’un programme spécial pour<br />

encourager des jeunes issus de<br />

milieux défavorisés à oser un cursus<br />

d’excellence. Chaque trimestre,<br />

pendant leurs deux années de<br />

scolarité, les élèves de ces classes<br />

préparatoires HEC bénéficient d’un<br />

accompagnement collectif au sein<br />

du groupe RATP pour les aider à<br />

créer des liens avec le monde de<br />

l’entreprise. Bien qu’étant issus<br />

de la filière technologique - où<br />

l’entreprise est un objet central<br />

d’étude - les élèves de la voie ECT<br />

n’ont qu’une connaissance limitée<br />

de la réalité de l’entreprise, de<br />

ses codes, de ses valeurs et des<br />

métiers qu’elle rassemble. Pour de<br />

nombreux jeunes ces rencontres<br />

sont souvent la première rencontre<br />

avec le monde de l’entreprise. Ces<br />

rencontres permettent en outre de<br />

mettre en place une réflexion sur le<br />

projet personnel de chaque étudiant,<br />

essentiel pour les entretiens d’entrée<br />

en école de management.<br />

Pour Sylvain HALISON, Responsable<br />

Communication, mentor sur ce<br />

projet, « ce fut une expérience<br />

agréable et rassurante sur les<br />

talents qui prendront notre relève un<br />

jour prochain. […] J’y ai également<br />

rencontré Claire, nouvelle boursière,<br />

ce sera mon deuxième mentorat.<br />

Et j’en éprouve toujours le même<br />

sentiment de responsabilité mêlé de<br />

fierté et d’émotion ».<br />

Pour Stéphane BALLAND, initiateur du<br />

projet au lycée Henri Moissan, « nos<br />

élèves viennent de milieux modestes.<br />

Plus de la moitié sont boursiers. Ils<br />

n’ont pas de réseaux ni même de<br />

repères sur ce qu’est une entreprise.<br />

Cela reste pour eux un univers très<br />

flou, comparativement à des élèves<br />

issus de milieux plus favorisés. A leur<br />

arrivée en classe préparatoire, ils<br />

ont encore du mal à se projeter sur<br />

l’avenir. Les visites organisées par la<br />

fondation dans les départements et<br />

filiales du groupe RATP permettent<br />

à nos jeunes de découvrir comment<br />

fonctionnent une entreprise et ses<br />

différents métiers. Cela les aide à<br />

donner du sens à leurs études et à se<br />

construire un projet professionnel.<br />

Quand nos élèves passent ensuite des<br />

entretiens pour entrer dans une école<br />

de commerce, ils sont plus à l’aise car<br />

ils ont acquis des repères. »<br />

« Je n’avais jamais eu l’occasion<br />

de vivre ce type de rencontre<br />

avec des professionnels<br />

du monde de l’entreprise,<br />

auparavant. Je suis venue avec<br />

un objectif précis. Comme<br />

je voudrais travailler dans<br />

le secteur des ressources<br />

humaines, j’ai pu rencontrer une<br />

DRH qui m’a expliqué son rôle<br />

et les tâches qu’elle effectue<br />

au quotidien. Elle m’a aiguillé<br />

sur les différents métiers que<br />

le secteur des ressources<br />

humaines offre, mais aussi<br />

sur les études que je pouvais<br />

poursuivre pour travailler dans<br />

ce secteur. »<br />

Claire A., élève en classe préparatoire<br />

au lycée Henri Moissan en 2016<br />

La Fondation participe également aux<br />

simulations d’entretiens aux épreuves<br />

d’admissions des grandes écoles<br />

de management organisées au sein<br />

des classes préparatoires dont elle<br />

est partenaire. Son engagement va<br />

d’ailleurs bien au-delà de la présence<br />

de ses mentors puisque des cadres de<br />

la RATP et de ses filiales se mobilisent<br />

pour ces simulations d’entretien,<br />

conformément à la mission qui figure<br />

dans ses statuts, « promouvoir<br />

l’engagement solidaire des salariés du<br />

groupe ».<br />

Pour faire plus ample connaissance<br />

avec la Fondation Groupe RATP<br />

et ses différents engagements :<br />

https://www.fondationgrouperatp.fr/<br />

http://admical.org/adh%C3%A9rentratpfondation<br />

ainsi qu’avec l’apport de la Fondation<br />

RATP à la filière CPGE HEC-Écoles de<br />

management<br />

https://aphec.fr/spip.php?article1642<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

Précarité étudiante :<br />

que faire ?<br />

Un étudiant de l’université Lumière-Lyon 2 s’est immolé par le feu<br />

le 8 novembre devant le CROUS de Lyon. Il protestait contre ses conditions<br />

de vie. Le bilan.<br />

Etudiant stéphanois âgé de 22<br />

ans inscrit en sciences politiques<br />

à Lyon 2, Anas K protestait<br />

contre ses conditions de<br />

vie après avoir perdu sa bourse et son logement<br />

suite à son triplement en licence<br />

3. Brulé à 90% il est toujours entre la vie<br />

et la mort alors que des manifestations<br />

de soutien ont lieu depuis dans toute la<br />

France. Avant de tenter de se suicider,<br />

Anas K avait prévenu sa compagne et publié<br />

un message sur Facebook dans lequel<br />

il évoquait ses difficultés financières :<br />

« Cette année, faisant une troisième L2,<br />

je n’avais pas de bourse, et même quand<br />

j’en avais, 450 euros par mois, est-ce suffisant<br />

pour vivre ? ». Secrétaire fédéral de<br />

Solidaires Etudiant-e-s, se revendiquant<br />

de la lutte contre le fascisme et le libéralisme,<br />

Anas disait aussi dans son message<br />

: « Si je vise le bâtiment du Crous à<br />

Lyon, ce n’est pas par hasard, je vise un<br />

lieu politique, le ministère de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche, et par<br />

extension, le gouvernement ».<br />

La réaction de l’université<br />

Du côté de l’université Lyon 2 sa présidente,<br />

Nathalie Dompnier, constate dans<br />

un communiqué paru le 13 novembre que<br />

« l’Université dans son ensemble, probablement<br />

pas plus que d’autres institutions<br />

ou organisations, n’a su détecter<br />

cette fragilité chez Anas. Certes, il est<br />

en difficulté dans son cursus. Mais les<br />

équipes pédagogiques et la Présidence le<br />

connaissent comme un étudiant calme,<br />

posé, ouvert à la discussion et constructif<br />

dans les échanges ».<br />

Mais surtout un étudiant très engagé analyse<br />

la présidente alors que si « l’action<br />

syndicale et politique peut être source de<br />

cohésion et de solidarité, elle est aussi<br />

parfois être extrêmement éprouvante ».<br />

Et de constater : « Elle l’a été sans doute<br />

pour celles et ceux qui n’ont pas vu aboutir<br />

les combats engagés ces dernières années<br />

». Et de s’interroger : « Comment<br />

faire en sorte que cette implication ne soit<br />

pas – les mots ont ici leur sens premier<br />

– un engagement à corps perdu ? Comment<br />

faire en sorte que cette implication<br />

se fasse de manière plus équilibrée ? »<br />

Précarité étudiante :<br />

les données<br />

L’Observatoire de la vue étudiante réalise<br />

régulièrement une enquête de sur<br />

les conditions de vie des étudiants. Dans<br />

son édition 2016 la part moyenne des ressources<br />

due aux aides publiques est estimée<br />

à 349€. Elle monte à 363€ pour les<br />

étudiants d’origine sociale « populaire ».<br />

Par ailleurs ce sont 50,8% des étudiants<br />

qui disent « avoir dû se retreindre au<br />

moins une fois depuis le début de l’année<br />

». Un chiffre qui monte à 54,2% pour<br />

les étudiants d’origine sociale « populaire<br />

» et même 56,9% chez les boursiers.<br />

Selon le baromètre Egalité des chances<br />

dans l’éducation supérieure en France que<br />

vient de publier l’entreprise de financement<br />

des études Unly un étudiant sur cinq<br />

a déjà envisagé d’arrêter ses études pour<br />

des raisons financières. Les étudiants issus<br />

de familles modestes ont un budget<br />

mensuel inférieur d’au moins 10% à celui<br />

des autres étudiants. L’écart entre leurs<br />

ressources mensuelles et celles des étudiants<br />

dont les parents sont cadres monte<br />

à plus de 20%. Au total un enfant d’ouvrier<br />

dispose en moyenne de 225€ de<br />

moins de budget par mois qu’un enfant<br />

de cadre. La précarité financière est directement<br />

ressentie par 1 étudiant sur 2,<br />

qui s’estime non suffisant financièrement.<br />

Parmi les étudiants de CSP modestes, 2<br />

sur 3 n’ont pas de quoi vivre sans se priver.<br />

Selon l’étude d’Unly le montant mensuel<br />

moyen manquant pour atteindre la<br />

© 00000<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

DÉBAT<br />

DÉCEMBRE <strong>2019</strong> N° 33<br />

suffisance serait de 310,90€.<br />

Durant les études, l’argent pèse également<br />

sur les conditions d’apprentissage. Quatre<br />

étudiants sur dix issus de CSP modestes<br />

se privent d’une activité en lien avec les<br />

études, ou d’activités en lien avec leur intégration<br />

dans l’établissement (stage intéressant<br />

mais peu rémunéré, départ à<br />

l’étranger, participation aux évènements<br />

du bureau des élèves...). Plus d’un étudiant<br />

sur quatre (28%) estime avoir rencontré<br />

des difficultés à financer ses études. C’est<br />

plus d’un sur trois (35%) chez les CSP les<br />

plus modestes. Alors que 13% des étudiants<br />

sont endettés le pourcentage de demandes<br />

de prêts refusés par les banques<br />

serait de 31,6% selon Unly. Pour les familles<br />

les plus modestes, c’est même 40%<br />

des demandes de prêts qui sont refusées.<br />

Pour contribuer au financement de leurs<br />

études, 51% des étudiants disposent d’une<br />

activité rémunérée (stage, contrat d’apprentissage,<br />

mais emploi salarié). Plus<br />

d’un étudiant sur trois occupe un poste<br />

salarié : un sur quatre travaille pendant<br />

l’année scolaire, les soirs et weekends.<br />

En parallèle, un étudiant sur cinq est salarié<br />

pendant l’intégralité des vacances<br />

scolaires. 51% des étudiants qui ont un<br />

emploi déclarent qu’il leur est “indispensable<br />

pour vivre”. Les autres évoquent des<br />

motivations telles que l’indépendance à<br />

l’égard de la famille,<br />

Suicide : des étudiants<br />

très exposés.<br />

Selon les dernières données de l’OVE, les<br />

« idées suicidaires » touchent 8,4 % des<br />

étudiants, contre 4,7 % dans la population<br />

générale. Toujours selon l’OVE ces<br />

fragilités psychologiques se traduisent<br />

d’abord par de l’épuisement puis par du<br />

stress. Les femmes se disent largement<br />

plus atteintes par ces fragilités que les<br />

hommes. Et les étudiants des classes sociales<br />

populaires beaucoup plus épuisés et<br />

stressés que ceux des classes supérieures<br />

et moyennes.<br />

En tout 89% des étudiants disent avoir<br />

vécu une période de stress pendant l’année<br />

selon une étude menée en <strong>2019</strong> par<br />

Opinion Way pour la mutuelle étudiante<br />

HEYME. Si les problèmes affectifs en<br />

sont la première cause (67% et même<br />

72% chez les femmes) les problèmes financiers<br />

arrivent en deuxième (52% et<br />

jusqu’à 73% après 24 ans). 75% des étudiants<br />

disent également avoir subi des<br />

violences verbales et 54% des violences<br />

psychologiques, 1 étudiant sur 4 indique<br />

avoir déjà subi des violences sur les réseaux<br />

sociaux, sous forme de moqueries<br />

ou encore d’injures.<br />

Et maintenant que faire ?<br />

C’est surtout le côté politique de l’acte<br />

d’Anas qui a retenu l’attention de Nathalie<br />

Dompnier qui est aussi et avant tout<br />

professeur de science politique : « De manière<br />

revendiquée, l’acte d’Anas a une<br />

dimension politique forte. Le message<br />

qu’il laisse pose un certain nombre de<br />

questions sur la précarité, sur la condition<br />

étudiante et sur le niveau de vie des<br />

étudiants ». Alors que, outre le recrutement<br />

d’une assistante sociale, l’Université<br />

Lumière Lyon 2 a mis en place des<br />

dispositifs spécifiques d’aides d’urgence<br />

pour les étudiants les plus précaires et a<br />

récemment ouvert une épicerie solidaire,<br />

la présidente veut aller plus loin : « Il est<br />

urgent que la question de la précarité<br />

soit appréhendée de manière plus globale<br />

et que, au niveau national, les acteurs<br />

de l’enseignement supérieur travaillent<br />

collectivement à sa meilleure<br />

prise en charge, avec les financements<br />

adaptés. Cela relève de choix de société<br />

quant aux moyens que nous allouons<br />

à la jeunesse et notamment à sa frange<br />

la plus pauvre ».<br />

Sébastien Gémon<br />

Redoublements et<br />

bourses : les règles<br />

en vigueur<br />

Selon la circulaire en vigueur<br />

un étudiant peut utiliser<br />

jusqu’à 7 droits à bourse<br />

d’enseignement supérieur<br />

sur critères sociaux, durant<br />

la totalité de ses études<br />

supérieures. Le troisième<br />

droit à bourse ne peut être<br />

accordé que si l’étudiant a<br />

validé au moins 60 crédits<br />

ECTS 2. Les 4ème et 5ème<br />

droit ne que si l’étudiant a<br />

validé au moins 120 crédits<br />

ECTS, 4 semestres ou 2<br />

années, etc. Le cursus licence<br />

ainsi que tout autre cursus<br />

d’une durée inférieure ou<br />

égale à celle de la licence<br />

ne peuvent donner lieu à<br />

plus de 5 droits à bourse.<br />

Pour autant des droits<br />

supplémentaires à bourse<br />

peuvent être attribués<br />

aux étudiants en situation<br />

d’échec due à la situation<br />

familiale (décès notamment)<br />

ou personnelle (maternité,<br />

raisons graves de santé)<br />

« attestée par un avis des<br />

services médicaux et sociaux<br />

de l’établissement ainsi que<br />

pour les étudiants n’ayant pas<br />

validé leur année d’études<br />

à la suite d’une période<br />

de service civique ou de<br />

volontariat ». Ce n’était pas<br />

semble-t-il le cas d’Anas<br />

auquel le Crous aurait<br />

refusé une aide d’urgence.<br />

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