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Magazine BEAST #16 2019

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#Art | Photos<br />

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Pour Dominique Gaul, la photographie argentique ou analogique était réservée,<br />

par sa complexité et par la nécessité de matériel spécifique coûteux, à un<br />

nombre restreint de personnes, entre maîtrise de la chambre noire, chimie<br />

photographique, agrandisseur, lumière inactinique, etc... «Je possède encore<br />

un Leica M6, l’appareil emblématique des photo reporters du 20 ème siècle, et<br />

expose une dizaine de films par an, dans une approche artistique pure, car<br />

il est impossible de travailler professionnellement avec des films argentiques<br />

au XXI ème siècle… Tout doit aller très vite, alors que le film argentique, N&B<br />

notamment, c’est l’éloge de la patience !» souligne le photographe. Car<br />

aujourd’hui, la simple possession d’un smartphone et les multiples modes<br />

automatiques facilitent la multiplication des photographies et des photographes :<br />

«quelque part, et grâce au numérique, nous sommes tous des photographes et<br />

notre environnement est envahi d’images. C’est selon moi le point négatif du<br />

numérique, car trop d’images tue la photographie !» Dominique Gaul s’interroge<br />

alors : «dans un tel environnement, le photographe professionnel ou l’auteur<br />

photographe a-t-il toujours sa place ?» Sans l’ombre d’un doute, car, dans un<br />

groupe, le photographe est celui qui va voir ce que les autres ne verront pas.<br />

Contrairement au peintre, il doit créer avec la réalité des choses, il ne peut<br />

photographier que du concret, il est limité par le réel. L’art du photographe est<br />

donc de structurer ces éléments du réel pour les mettre en phase avec son<br />

univers intérieur. Il est témoin de son temps : faire une photo, c’est mémoriser<br />

un moment qui n’existe plus. Dès lors, la photographie d’actualité - par son<br />

instantanéité - peut devenir également, avec le temps, devenir historique ou<br />

artistique. «Et, au fil des années, et avec la pratique, l’auteur photographe<br />

développera une écriture photographique, un style. Et peu importe le matériel<br />

utilisé pour capter la lumière, c’est cette lumière qui fera la photographie,»<br />

souligne Dominique Gaul.<br />

© Dominique Gaul<br />

Après plusieurs années à pratiquer et vivre sa passion, le photographe natif<br />

de Belgique avoue avoir réalisé l’un de ses rêves, sans même le chercher : «en<br />

participant à l’organisation du festival photographique d’Arlon, «les Rencontres<br />

Photographiques», j’ai eu la chance de rencontrer, d’inviter et d’exposer mon Maître<br />

en photographie de Jazz et plus largement en photographie humaniste : Guy Le<br />

Querrec». Qu’il soit en en reportage pour un client, en randonnée en Écosse ou<br />

dans un spectacle de cirque ou de danse, sa démarche photographique reste<br />

inchangée : jouer avec la lumière et avec son cadre. Il ajoute : «qu’importe le<br />

sujet, la recherche est permanente et j’adore sortir de ma zone de confort, plus<br />

la lumière sera complexe, plus le défi deviendra plaisir». Pour le photographe,<br />

qui a déjà eu l’occasion de capturer des moments uniques aux quatre coins du<br />

monde, de l’US Open au Cirque Eloïze en passant par les somptueux panoramas<br />

écossais et le DécaStar, le prochain rêve n’est autre que de photographier sa<br />

campagne, son village, sa rue, son voisin... «Souvent on m’interroge : qu’est-ce<br />

qu’une belle photo ?» ajoute Dominique Gaul, avant de continuer : «Il n’existe<br />

pas de réponse toute faite, mais de nombreuses interprétations : celle qui guide<br />

le regard du spectateur et celle qui le distrait. Celle qui raconte une histoire sans<br />

texte. Celle qui n’est pas dans la lumière. Celle où le flou est vivant. Et bien plus<br />

encore. Nul besoin d’aller au bout du monde pour se réaliser en photographie,<br />

il suffit d’aiguiser son regard du quotidien.» En guise de conclusion, il cite une<br />

nouvelle fois le photographe Alain Janssens : «Ne pas faire une photographie<br />

de ça. Mais faire de ça une photographie».<br />

Photographies de Mandy Minella et de Cori (Coco) Gauff au dernier Open<br />

de Luxembourg et de Nafissatou Thiam au dernier DécaStar de Talence.<br />

<strong>BEAST</strong> MAGAZINE <strong>#16</strong>

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