Magazine BEAST #16 2019
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#Art | Photos<br />
«LA PHOTOGRAPHIE,<br />
C’EST LA LUMIÈRE ET L’ÉMOTION»<br />
PAR ALEXANDRE KEILMANN<br />
Il se décrit comme un artisan de la photographie, passion qui<br />
l’anime depuis l’adolescence et son premier appareil photo<br />
d’occasion : Dominique Gaul est une figure bien connue dans<br />
la province du Luxembourg et au Grand-Duché. Toujours armé<br />
de son appareil photo, il partage avec <strong>BEAST</strong> sa définition de<br />
l’art photographique et discute de son évolution, voire de sa<br />
transformation dans un environnement digital. Tout en distillant<br />
bien sûr ses précieux conseils.<br />
La passion comme moteur<br />
«J’ai acheté mon premier appareil à l’âge de 13 ans : il s’agissait<br />
d’un Yashica Electro 35, d’occasion. Puis, à cette même époque,<br />
il y avait un photo club à l’Athénée d’Arlon animé par le<br />
professeur de chimie, Monsieur René Gueibe. C’est là que j’ai<br />
assisté pour la première fois à la magie de voir se former l’image<br />
dans le bain d’hydroquinone, sous la lumière rouge de la lampe<br />
inactinique...» débute Dominique Gaul. Sa passion était alors<br />
née… et ne l’a jamais quitté. Après une première vie en tant<br />
que banquier indépendant dans sa Belgique natale, Dominique<br />
Gaul est de retour à ses premières amours, officiant désormais<br />
en tant que «photographe freelance» dans le plat pays et<br />
principalement du côté du au Grand-Duché.<br />
Celui qui décrit aujourd’hui la photographie comme «la lumière<br />
et l’émotion», diffuse également sa passion via l’organisation<br />
d’ateliers au Luxembourg. «La plupart du temps, mes élèves<br />
s’inscrivent car ils ne savent pas véritablement utiliser leur<br />
appareil photo, qui d’ailleurs devient, je trouve, de plus en plus<br />
complexe,» explique Dominique Gaul. Pour lui, dans un groupe,<br />
le photographe est celui qui va traduire ce que personne d’autre<br />
n’aura remarqué dans un même endroit. C’est cette approcheci<br />
de la photographie qu’il aime tant partager : «en plus de la<br />
maîtrise du matériel, il me semble indispensable de former le<br />
regard, de le nourrir par des visites d’expositions, par la lecture<br />
de monographies, par la rencontre d’autres photographes, entre<br />
autres». Cependant, et comme le souligne Dominique Gaul, il<br />
n’y a aujourd’hui pas de terme pour différencier l’amateur du<br />
professionnel : celui qui s’exprime avec un appareil photo est un<br />
photographe… Dominique Gaul y apporte sa propre distinction :<br />
«Pour moi, le professionnel est celui qui gagne de l’argent avec<br />
son appareil, l’amateur est celui qui dépense son argent pour<br />
son appareil... le professionnel conserve longtemps son matériel,<br />
il le connaît : celui-ci répond à ses besoins et à ceux de ses<br />
clients. L’amateur averti va acheter les derniers modèles pour<br />
bénéficier des dernières technologies».<br />
Dès lors, ses ateliers s’adressent à des photographes<br />
amateurs soucieux de prendre du plaisir à créer leur propre<br />
vision photographique, et pour certains leur propre écriture<br />
photographique. Ils pourront alors aller jusqu’à exposer ou<br />
éditer leurs photos mais ne leur permettra pas de devenir<br />
photographe professionnel, sauf exception ! Son conseil ?<br />
Rester soi-même. «La technique ne doit pas handicaper<br />
leur spontanéité naturelle, elle est l’outil de leur art, pas sa<br />
finalité. En effet, la photographie est un art, elle est plus<br />
proche de la peinture que de la technologie. Mes élèves<br />
s’épanouissent en créant. Faire plutôt que comprendre.<br />
C’est parfois déstabilisant !» s’exclame Dominique Gaul.<br />
Entre numérique et instantanéité, la créativité<br />
reste au cœur de l’art photographique<br />
Pour celui-ci, le fait de constamment s’interroger est l’un des<br />
éléments centraux de la création photographique. Il explique<br />
: «dans l’acte même de photographier, il est important de<br />
s’interroger sur les choix qui vont structurer le cadre, les choix<br />
qui vont guider le regard du spectateur de la photographie.<br />
Le premier spectateur est le photographe lui-même, et ses<br />
interrogations vont orienter le regard des autres spectateurs<br />
de sa photographie pour qu’ils y voient ce qu’il a voulu<br />
montrer». Comme le disait Alain Janssens dans son ouvrage<br />
«Temps Brassé», paru en 2005, et dont Dominique Gaul est un<br />
fervent adepte, «une bonne image est une image qui échappe<br />
au texte, ou plus exactement une bonne image est une image<br />
qui est en avance sur le texte, plus l’avance est grande et<br />
forte, plus l’image résiste au temps».<br />
Si la transformation digitale impacte aujourd’hui toutes les<br />
industries, le secteur de la photographie a d’ores-et-déjà connu<br />
sa révolution, avec l’avènement du numérique et la disparition<br />
de certains acteurs traditionnels, comme par exemple Kodak.<br />
Comme l’explique Dominique Gaul, «assez paradoxalement,<br />
le support numérique est une révolution car il démocratise la<br />
photographie bien qu’il ne change en rien ses fondamentaux».<br />
En effet, un diaphragme, un obturateur et une surface sensible<br />
devenu capteur, un boîtier et un système optique restent<br />
les éléments constitutifs de l’appareil photo, et ce depuis sa<br />
création au XIXème siècle. «Le principal changement vient<br />
du traitement des prises de vue, le passage de la mythique<br />
chambre noire à la chambre blanche avec l’utilisation de<br />
l’ordinateur et des logiciels photos,» souligne le photographe<br />
chevronné.<br />
<strong>BEAST</strong> MAGAZINE <strong>#16</strong>