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L'Essentiel Prépas n°32 - novembre 2019

L'Essentiel Prépas est le premier magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales. Edité par HEADway Advisory, le cabinet de conseil en stratégie dédié aux acteurs de l'enseignement supérieur, de la formation et de la recherche. En partenariat avec l'APHEC.

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Novembre <strong>2019</strong> | N° 32<br />

<strong>Prépas</strong> économiques et commerciales<br />

entretiens<br />

Annabel-Mauve Bonnefous (TBS)<br />

Jean-François Fiorina<br />

(Grenoble EM)<br />

paroles de profs<br />

L’ouverture sociale une valeur<br />

défendue au sein des CPGE<br />

débat<br />

Égalité des chances dans<br />

l’enseignement supérieur :<br />

que faut-il faire ?<br />

Que deviennent les<br />

programmes Grandes écoles ?


l’essentiel du sup prépas édito + sommaire <strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Quel est le bon profil<br />

pour diriger une école de<br />

management ?<br />

Le transfert de José Milano de la direction générale<br />

de Kedge BS à la direction générale déléguée du groupe<br />

Inseec U. est venu confirmer l’existence d’un véritable<br />

« mercato » au sein du monde des écoles de management<br />

françaises.<br />

A la rentrée Jean-Christophe Hauguel est passé de l’EM Normandie à l’ISC alors que<br />

Tawhid Chtioui a pris la direction de emlyon. Et si on remonte un peu plus loin dans le<br />

temps, Delphine Manceau est passée par l’EBS et ESCP Europe avant de rejoindre la<br />

direction de Neoma. Isabelle Barth a dirigé l’EM Strasbourg avant l’Inseec SBE, etc.<br />

Pour autant il n’est pas non plus impossible de faire carrière dans la même école.<br />

C’est après 16 ans passés au sein de Toulouse BS que Stéphanie Lavigne vient d’en<br />

prendre la direction. Même trajectoire pour Christophe Germain au sein d’Audencia<br />

ou encore d’Emmanuel Métais à l’Edhec.<br />

Un univers en profonde mutation. Ces deux dernières année ce sont treize<br />

Grandes écoles de management qui ont vu leur directeur changer. En trois ans on<br />

monte à 27 écoles sur une quarantaine d’écoles dont le programme Grande école<br />

possède le grade de master. Un vrai bouleversement qui correspond aussi à l’évolution<br />

d’un secteur de plus en plus concurrentiel. Car qu’ont en commun les « Sup<br />

de Co » des années 80 et les business schools des années 2010 ? En 30 ans on est<br />

passés de petits groupes centrés sur leur territoire à des entreprises mondialisées.<br />

Aujourd’hui une business school c’est souvent plus de 5 000 étudiants – 12 000 pour<br />

Kedge et le double pour le groupe Inseec U. - plus d’une centaine de professeurs<br />

permanents, autant de personnels administratifs et des centaines d’intervenants.<br />

Quel est le profil idéal ? Face à ces défis les business schools sont à la recherche<br />

de managers capables aussi bien de dialoguer avec les banques qu’avec<br />

les professeurs. Capables de convaincre les entreprises de monter des chaires et<br />

les étudiants de débourser des frais de scolarité de plus en plus élevés. Le tout en<br />

montant des projets de partenariat dans le monde entier. Un mouton à cinq pattes le<br />

directeur d’une business school aujourd’hui ? Sans aucun doute quand on parcourt les<br />

fiches de postes pour lesquels il faut être à la fois trilingue, pédagogue, fin manager,<br />

mobile, capable d’entraîner ses équipes voire titulaire d’un doctorat (et quant à faire<br />

passé par une grande business school américaine). Si la plupart des directeurs sont<br />

aujourd’hui des professeurs des hommes venus de l’entreprise comme José Milano<br />

trouvent également très bien leur place dans un univers de plus en plus proche de<br />

l’entreprise. D’anciens directeurs d’écoles d’ingénieur s’y sont également risqués. La<br />

plupart sans succès. Au contraire aujourd’hui<br />

c’est le n°2 de l’Essec – et ingénieur de formation<br />

– Nicolas Glady qui va prendre la direction de<br />

Télécom Paris. Une sorte de reconnaissance<br />

d’un modèle : celui du directeur de l’école de<br />

management à la française.<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

les essentiels du mois<br />

3 • Les Grandes écoles et les Français :<br />

c’est toujours l’idylle ! »<br />

5 • Masters in Management :<br />

la France performe<br />

6 • Comment la CEFDG audite les écoles<br />

de management<br />

7 • Les IUT s’emparent du bachelor<br />

• De nouveaux partenaires pour Skema<br />

8 • L’enseignement supérieur<br />

public doit-il être gratuit ?<br />

9 • Nouveau bac : où en est-on ?<br />

entretiens<br />

10 • Jean-François Fiorina, Directeur général<br />

adjoint de Grenoble EM<br />

20 • Annabel-Mauve Bonnefous,<br />

Directrice du programme Grande école<br />

de TBS Business School<br />

dossier<br />

13 • Que deviennent les programmes<br />

Grandes écoles ?<br />

paroles de prof<br />

23 • L’ouverture sociale une valeur défendue<br />

au sein des CPGE : l’exemple d’Article 1<br />

débat<br />

27 • Égalité des chances dans l’enseignement<br />

supérieur : que faut-il faire ?<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : élise Godmuse / olo.éditions<br />

Photo de couverture : HEC Paris<br />

2


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Les Grandes écoles<br />

et les Français :<br />

c’est toujours l’idylle !<br />

Le congrès <strong>2019</strong> de la Conférence des grandes écoles était largement consacré<br />

à la question des compétences et de l’emploi. Pour illustrer le propos<br />

une étude a été réalisé par l’Institut Ipsos. Très positive sur les Grandes écoles<br />

et leurs diplômés.<br />

Être diplômé d’une Grande école évoque tout un<br />

système de valeurs positif pour les recruteurs<br />

qui jugent leurs diplômés « sérieux, à l’esprit<br />

structuré, autonomes et travailleurs ». Logiquement<br />

ils ont une excellente opinion des Grandes écoles<br />

(à 93%) - tout comme le grand public qui les plébiscite à<br />

82% - leur première qualité étant qu’elles « apprennent<br />

à travailler dans un environnement international et<br />

multiculturel » et qu’elles « permettent d’acquérir une<br />

expérience professionnelle avant même d’être diplômé ».<br />

Confiants pour un futur emploi<br />

Les Grandes écoles restent les établissements d’enseignement<br />

supérieur dans lesquels les jeunes (38%)<br />

comme leurs parents (35%) font le plus confiance pour<br />

obtenir un emploi. Loin devant les BTS et l’université.<br />

Le premier argument est que les Grandes écoles<br />

« permettent de se constituer un réseau professionnel<br />

pour sa future carrière ». Suit du côté des<br />

étudiants « être diplômé d’une Grande école permet<br />

d’aller travailler à l’étranger plus facilement » quand<br />

les parents expliquent qu’être « diplômé d’une Grande<br />

école permet de trouver facilement un emploi en CDI ».<br />

Du côté des candidats on entend comme toujours<br />

le rejet du management vertical et, au contraire, la<br />

valorisation du « manager coach » qui va « prendre<br />

part au développement du jeune talent ». Surtout<br />

une entreprise doit être en adéquation avec leurs<br />

propres valeurs et leur donner une utilité sociale. Ils<br />

parlent de « job à impact » vs. « bullshit jobs ». Du<br />

côté des RH si ces questions sont bien évidemment<br />

prises en compte, si l’évolution numérique reste au<br />

cœur des besoins, le sujet majeur devient « comment<br />

recruter des collaborateurs alors qu’on ne sait pas<br />

quels seront les métiers de demain ? »<br />

Qu’apportent les classes préparatoires ?<br />

Du côté des recruteurs le passage par une CPGE<br />

est valorisé à 43% quand 57% ne mettent en avant<br />

que le diplôme final. Du côté des parents et des<br />

étudiants si l’intérêt pour les classes préparatoires<br />

est en hausse par rapport à 2016 le différentiel entre<br />

l’intérêt des parents et de leurs enfants n’en reste<br />

pas moins particulièrement important.<br />

José Milano<br />

EN BREF<br />

Elles/ils bougent<br />

José Milano a été nommé<br />

directeur général délégué,<br />

en charge des opérations, du<br />

groupe Inseec U. à 50 ans<br />

celui qui était depuis juillet<br />

2017 directeur général de<br />

Kedge Business School<br />

voit donc son périmètre<br />

d’action doubler en passant<br />

d’un groupe de 12 600<br />

étudiants à plus de 25 000.<br />

Diplômé de l’école normale<br />

supérieure de Cachan en<br />

économie et gestion, d’un<br />

DEA de sociologie des<br />

organisations de Sciences<br />

Po, d’un DEA droit<br />

international économique<br />

et d’un magistère de droit<br />

des activités économiques<br />

de Paris-I ainsi que d’un<br />

certificat d’aptitude à la<br />

profession d’avocat du<br />

barreau de Paris, José Milano<br />

fut de 2012 à son entrée à<br />

Kedge directeur des affaires<br />

sociales de la Fédération<br />

Française des Sociétés<br />

d’Assurances (FFSA).<br />

Bernard Belletante<br />

Bernard Belletante a quitté<br />

les instance dirigeantes de<br />

emlyon BS. Dans un post<br />

sur Linkedin il explique<br />

pourquoi il quitte le poste de<br />

vice-chairman of the board<br />

qu’il occupait depuis avril<br />

<strong>2019</strong> après avoir transmis ses<br />

pouvoirs de directeur général<br />

et dean à Tawhid Chtioui :<br />

« C’est avec beaucoup<br />

d’émotion que j’annonce<br />

aujourd’hui que je remets<br />

toutes les responsabilités<br />

que j’avais dans différentes<br />

instances d’emlyon. Cette<br />

décision, réfléchie et partagée<br />

avec la gouvernance, relève<br />

d’une constatation simple.<br />

J’entre dans l’été indien de<br />

ma vie et je souhaite ouvrir de<br />

nouveaux espaces, rencontrer<br />

de nouvelles personnalités,<br />

vivre de nouvelles aventures. »<br />

3


l’essentiel du sup prépas<br />

octobre <strong>2019</strong> N° 31<br />

NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN | CHENGDU<br />

PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

*<br />

6 e 4 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

DEPUIS 18 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

*De l’audace, toujours !<br />

4<br />

audencia.com


L’ESSENTIEL DU SUP PrÉPAS L’eSSeNTieL du moiS<br />

NOVEMBRE <strong>2019</strong> N° 32<br />

en bref<br />

L’ESC Pau fait ses<br />

adieux à la BCE<br />

Après avoir quitté le concours<br />

Passerelle début <strong>2019</strong> c’est<br />

maintenant du concours<br />

BCE que se désengage l’ESC<br />

Pau. Il est vrai qu’après<br />

avoir le plein de candidats<br />

préparationnaires issus de la<br />

BCE en 2018 l’ESC Pau avait<br />

particulièrement souffert en<br />

<strong>2019</strong> en laissant 57 places<br />

libres et en ne recrutant<br />

ainsi plus que 18 élèves.<br />

Plutôt que de participer au<br />

financement d’épreuves qui<br />

lui apportent finalement très<br />

peu, l’école entend donc<br />

maintenant recruter selon<br />

ses propres modalités. Pas<br />

sûr que les élèves de classes<br />

préparatoires soient séduits…<br />

Montpellier BS<br />

accréditée Equis<br />

L’EFMD (European<br />

Foundation for Management<br />

Development) vient<br />

d’attribuer son accréditation<br />

EQUIS (European Quality<br />

Improvement System) à<br />

Montpellier Business School<br />

(MBS). Déjà accréditée<br />

AACSB et AMBA, l’École<br />

rejoint le cercle des 1% de<br />

Business School mondiales<br />

triple accréditées AACSB/<br />

AMBA/EQUIS (la 91ème<br />

sur environ 14 000 business<br />

schools dans le monde). En<br />

France elle est la 14ème école<br />

de management française<br />

post-classe préparatoire.<br />

masters in management :<br />

la france performe<br />

Pas de changement majeur en haut du classement <strong>2019</strong> des masters<br />

in management du Financial Times que domine toujours Saint-Gallen devant HEC<br />

et l’Essec – ex-aequo avec la London business school - devant ESCP Europe<br />

5 ème (toutes trois avec leur programme Grande école).<br />

Un beau tir croisé répété pour les écoles de la CCI Paris-Ile de France.<br />

La progression la plus spectaculaire est à mettre<br />

au crédit de Skema qui gagne 13 places (et<br />

même 23 en deux ans) avec son Global MSc<br />

in Management et se classe 12ème devançant<br />

même l’EDHEC 19 ème . 33 ème l’IAE Aix-Marseille fait un<br />

spectaculaire rapproché en gagnant 18 places et en<br />

se classant ex-aequo avec l’Iéseg. Elle est première<br />

en France et 12 ème dans le monde quant au retour sur<br />

investissement. Derrière emlyon reste 40ème, Neoma<br />

BS est 43 ème , Audencia BS 46 ème , Grenoble EM 47 ème ,<br />

Kedge 49 ème , Rennes SB 51 ème . Au-delà de la 50 ème<br />

place notons la très belle progression de La Rochelle<br />

BS (66 ème et 28 places de mieux) grâce notamment à<br />

sa 6 ème place en international course experience et au<br />

4 ème rang mondial pour la féminisation de son corps<br />

professoral. Dans une moindre mesure l’ISC progresse<br />

également de 8 places et se classe 85 ème .<br />

Dans le tableau ci-dessous nous indiquons le top 10 ainsi<br />

que l’ensemble des écoles de management françaises<br />

classées par The Financial Times cette année.<br />

Les écoles de management françaises classées par The Financial Times cette année<br />

5


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Comment la CEFDG audite<br />

les écoles de management<br />

23 écoles auditionnées, 33 formations évaluées et 22 visites réalisées.<br />

Ce sont les chiffres clés 2018-<strong>2019</strong> de la Commission d’évaluation des formations<br />

et diplômes de gestion (CEFDG). Bilan de l’année et perspectives.<br />

En <strong>2019</strong>, la CEFDG s’est penchée sur plus de<br />

55 établissements, 112 formations visées et<br />

116 121 étudiants. C’est 2 établissements et 3<br />

309 étudiants de plus qu’en 2018. Mais <strong>2019</strong> a<br />

surtout été marquée par la mise en action du nouveau<br />

référentiel présenté en juillet 2018, dont la possibilité<br />

pour les établissements possédant au moins un grade<br />

de master pour 4 ans d’avoir des programmes éligibles<br />

immédiatement à un grade de visa ou de master. Ainsi,<br />

quatre formations ont été évaluées sans avoir à attendre<br />

la sortie des 3 premières promotions. Toutes<br />

les demandes ont été accordées.<br />

De même, les établissements peuvent également demander<br />

immédiatement l’extension de visa ou du grade<br />

sur leurs nouveaux sites, sans attendre les 3 ans<br />

réglementaires. Cette nouvelle mesure est un franc<br />

succès avec 8 demandes d’extension, dont deux refus.<br />

La présidente de la commissions, Carole Drucker-Godard,<br />

qui a noté une nette augmentation du nombre de<br />

demandes, explique : « Les extensions de site sont dans<br />

l’air du temps, c’est une vraie tendance portée par les<br />

écoles de commerce. Nous sommes particulièrement<br />

attentifs à l’homogénéité, la qualité et les volumes de<br />

professeurs permanents entre les sites ».<br />

Autre nouveauté phare du référentiel de 2018 : la<br />

systématisation des visites sur site de la CEFDG, et<br />

non plus seulement en cas de première demande. Ces<br />

visites pourraient être le début d’une collaboration avec<br />

le HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche<br />

et de l’enseignement supérieur). Mais attention, précise<br />

Carole Drucker-Godard cette potentielle collaboration<br />

est « un rapprochement uniquement fonctionnel. Il n’est<br />

pas question que la CEFDG soit intégrée au HCERES ».<br />

Des points de vigilance qui évoluent<br />

Au cours de l’année 2018-<strong>2019</strong>, la CEFDG a noté le<br />

renforcement ou l’apparition de nouveaux points de<br />

vigilance. Ainsi, les membres de la CEFDG ont été<br />

particulièrement attentifs à la qualité des échanges<br />

universitaires proposés et aux modes de recrutement<br />

des étudiants en admission sur titre. Plus précisément,<br />

pour la présidente de la CEFDG « nous sommes et<br />

resterons extrêmement vigilants aux modalités des<br />

concours propres. Nous voulons garantir l’égalité entre<br />

les candidats et attendons une entière transparence<br />

de la part des établissements ». Les écoles sont ainsi<br />

dans l’obligation d’informer la Direction générale de<br />

l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle<br />

des modifications effectuées dans leur règlement<br />

pédagogique concernant les concours, 6 mois avant<br />

leurs mises en application.<br />

La commission sera désormais très attentive aux<br />

quotas des concours AST, aux taux et à la barre de<br />

sélectivité. Il faut une « vraie maitrise de la croissance<br />

des effectifs avec une adaptation des moyens, des<br />

taux d’encadrement et in fine, de la qualité académique<br />

proposée », précise Carole Drucker-Godard.<br />

Après avoir accordé seulement pour 3 ans du grade de<br />

master par l’Inseec SBE ou des durées limitées qu’ont<br />

obtenu respectivement l’ISG et PSB (1 et 3 ans), Carole<br />

Drucker-Godard insiste : « La CEFDG n’a pas été plus<br />

sévère cette année, au contraire, nous avons été plus<br />

souples, mais toujours aussi vigilants ». Ainsi, si ce sont<br />

seulement 4 programmes visés à bac+3 qui ont obtenu<br />

la durée maximum de 5 ans - contre 9 l’année dernière<br />

– ce sont en revanche 9 visas et grades de master qui<br />

ont été accordés cette année contre 5 en 2018.<br />

Juliette Berardi<br />

Carole Drucker-Godard, la présidente de la CEFDG<br />

EN BREF<br />

ESCP Europe veut<br />

s’imposer dans<br />

l’entrepreneuriat<br />

S’imposer comme référent<br />

mondial sur la thématique<br />

de l’entrepreneuriat, telle<br />

est l’ambition de EU4E,<br />

consortium réunissant ESCP<br />

Europe Paris Campus, ESCP<br />

Europe Berlin Campus,<br />

l’Université ISM de gestion<br />

et d’économie (Lituanie),<br />

l’Université Kozminski<br />

(Pologne), l’Université<br />

Mondragon (Espagne),<br />

l’Université Catholique<br />

Portugaise (Portugal)<br />

et l’Université d’Oulu<br />

(Finlande). « ESCP Europe<br />

s’engage dans la promotion<br />

d’un espace économique<br />

européen dynamique en<br />

proposant la première<br />

université européenne<br />

dédiée à l’entrepreneuriat »,<br />

commente le directeur<br />

de ESCP Europe,<br />

Frank Bournois.<br />

Le Learning Center<br />

de BSB récompensé<br />

Le Learning Center de BSB<br />

vient d’obtenir le Prix de<br />

l’Accueil dans le cadre du<br />

10 e Grand Prix Livres Hebdo.<br />

BSB est ainsi la première<br />

école de management<br />

française à recevoir un prix<br />

du magazine professionnel<br />

Livres Hebdo. « C’est la<br />

recherche de l’excellence<br />

que nous avons voulu<br />

récompenser en attribuant<br />

le prix de l’Accueil à<br />

la Burgundy School of<br />

Business de Dijon, pour le<br />

soin apporté à toutes les<br />

réflexions qui ont conduit<br />

au réaménagement des<br />

espaces », souligne Marie-<br />

Christine Doffey, directrice<br />

de la Bibliothèque nationale<br />

suisse et membre du jury.<br />

6


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

EN BREF<br />

Les IUT s’emparent du bachelor<br />

Cap sur<br />

l’entrepreneuriat<br />

pour ICN BS<br />

ICN Business School<br />

propose dès cette rentrée<br />

un accompagnement<br />

professionnel à<br />

l’entrepreneuriat à ses<br />

étudiants. Ce nouveau<br />

dispositif se traduit<br />

notamment par la mise<br />

en place d’un nouveau<br />

référent accompagnement<br />

professionnel<br />

entrepreneuriat. De même<br />

il est dorénavant possible<br />

de rejoindre l’association<br />

ICN Entrepreneurs dès<br />

la première année du<br />

programme Grande École.<br />

« Inspiring Guest »<br />

chez TBS<br />

En septembre dernier, TBS<br />

a lancé la première édition<br />

de son projet « Inspiring<br />

Guest », un événement conçu<br />

pour « injecter de la créativité<br />

et du fun dans l’enseignement<br />

et l’apprentissage ». Pendant<br />

une semaine, les professeurs<br />

et étudiants ont travaillé<br />

en collaboration avec une<br />

« personnalité inspirante »<br />

pour stimuler à la fois le<br />

processus d’apprentissage et<br />

la motivation des étudiants.<br />

On ne s’y attendait pas : après les Grande écoles c’est au tour des instituts<br />

universitaires de technologie de s’emparer du bachelor pour<br />

en faire le « bachelor universitaire de technologie » (le « BUT » ?)<br />

en s’appuyant sur la création prochaine d’un « grade de licence ».<br />

Finalement le diplôme universitaire de technologie<br />

(DUT) ne va pas passer à trois ans – trop<br />

de branches professionnelles souhaitaient<br />

conserver un DUT en deux ans – mais cela ne<br />

va pas empêcher les IUT de construire une offre en<br />

3 ans avec la création du « bachelor universitaire de<br />

technologie ». Comme le DEUG le DUT subsistera donc<br />

mais en tant que diplôme intermédiaire du BUT qui<br />

sera le diplôme – réservé aux seuls IUT - dans lequel<br />

s’inscriront les candidats. C’est la conclusion d’une<br />

longue discussion ponctuée par la remise successive<br />

en <strong>2019</strong> de deux rapports.<br />

Les BUT reprendront les 24 spécialités de DUT « qui<br />

tiennent lieu de mention, et s’appuient sur des programmes<br />

nationaux (avec 2/3 cadrage national et 1/3<br />

adaptation locale). Sélectifs ils n’en doivent pas moins<br />

accueillir au moins 50 % de bacheliers technologiques<br />

et assurer la réussite d’au moins 70 % d’entre eux.<br />

Bientôt le grade de licence<br />

Pour que les universités s’emparent du bachelor encore<br />

fallait-il qu’il soit reconnu comme une licence. D’où la création<br />

d’un « grade de licence » dont les contours restent flous.<br />

La Conférence des présidents d’université à ce propos<br />

demande que les bachelors gradés le soient en fonction :<br />

• d’un adossement à la recherche reposant sur la<br />

présence significative d’enseignants chercheurs dans<br />

des équipes permanentes ;<br />

• d’une politique sociale mise en œuvre ;<br />

• d’une inscription dans la politique de site ».<br />

Bien sûr il sera plus rassurant pour les Grandes écoles<br />

de pouvoir garantir à leurs étudiants que leur bachelor<br />

leur ouvrira bien toutes les portes. Evidemment le<br />

« grade licence » sera synonyme de garantie de leur<br />

qualité. Mais c’est surtout à l’international qu’il sera un<br />

grand atout. Aujourd’hui il est par exemple impossible<br />

pour un étudiant chinois d’obtenir un financement de<br />

son gouvernement pour venir étudier dans un établissement<br />

dont le diplôme n’est pas reconnu par l’Etat.<br />

Avec le grade licence les portes s’ouvriront grandes.<br />

© Université François-Rabelais<br />

De nouveaux partenaires pour Skema<br />

Dès la rentrée 2020, une quarantaine<br />

d’étudiants du MSc « Entrepreneurship<br />

& Innovation » de Skema bénéficieront<br />

d’un parcours inédit grâce à un partenariat<br />

avec l’université de Berkeley. Un programme<br />

dispensé 45 000 € par an auquel<br />

les étudiants du PGE qui auront eu<br />

la chance d’être sélectionnés pourront<br />

avoir accès sans supplément à leurs frais<br />

de scolarité. A la clé un double-diplôme :<br />

le MSc de Skema (ou le grade master pour<br />

les étudiants du PGE) et le « Diploma<br />

in entrepreneurship & start-up management<br />

» de UC Berkeley Extension, sa filiale<br />

à l’origine consacrée à la formation<br />

continue. Nait également un tout nouveau<br />

7<br />

triple diplôme avec la Loyola University<br />

de La Nouvelle-Orléans) et la Ludwig<br />

Maximilians Universität de Munich au<br />

terme duquel les étudiants pourront obtenir<br />

simultanément le MBA américain, le<br />

Grade de Master du Programme Grande<br />

École et le Master allemand en administration<br />

des affaires.


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

L’enseignement supérieur<br />

public doit-il être gratuit ?<br />

© 0.R.<br />

EN BREF<br />

Loïck Roche publie<br />

« Le manager,<br />

le migrant et le<br />

philosophe : Chroniques<br />

de la paix économique »<br />

Après avoir remis les<br />

premiers Trophées de<br />

la paix économique de<br />

Grenoble EM son directeur,<br />

Loïck Roche, publie « Le<br />

manager, le migrant et le<br />

philosophe : Chroniques<br />

de la paix économique.<br />

Loïck Roche revient sur<br />

quatre années de réflexions<br />

à travers une soixantaine de<br />

chroniques dans lesquelles<br />

il évoque les questions de<br />

société, la responsabilité<br />

du manager, l’engagement<br />

sociétal de l’entreprise ou<br />

encore le vivre-ensemble.<br />

Des attentats du 13 <strong>novembre</strong><br />

2015 aux Gilets jaunes, ses<br />

textes mêlant philosophie<br />

et actualité pour dessiner<br />

un « message volontaire,<br />

optimiste, engagé ». Ils<br />

défendent une autre façon de<br />

« faire société », une relation<br />

homme entreprise pacifiée,<br />

construisant les conditions<br />

d’un progrès pour tous.<br />

C’est une décision dont les effets à venir sont très incertains.<br />

Le Conseil constitutionnel estime que l’enseignement supérieur public<br />

doit être « gratuit » mais aussi qu’il est possible que « des droits d’inscription<br />

modiques soient perçus ». Mais qu’est-ce qui est modique ?<br />

Dans une décision inédite le Conseil constitutionnel<br />

« déduit du treizième alinéa du préambule de<br />

la Constitution du 27 octobre 1946 que l’exigence<br />

constitutionnelle de gratuité s’applique à<br />

l’enseignement supérieur public » tout en estimant qu’il<br />

est possible que « des droits d’inscription modiques<br />

soient perçus ». Un jugement qui découle de la saisie du<br />

conseil d’une question prioritaire de constitutionnalité<br />

par des organisations étudiantes suite à la volonté du<br />

gouvernement d’augmenter le montant des droits de<br />

scolarité des étudiants étrangers extra-communautaires.<br />

Mais une décisions aux effets largement plus larges sur<br />

laquelle le Conseil d’Etat devra maintenant s’appuyer.<br />

Que dit le Conseil constitutionnel ?<br />

Rappelons que ce 13 ème alinéa de la Constitution stipule<br />

que « La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de<br />

l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle<br />

et à la culture. L’organisation de l’enseignement public<br />

gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat ».<br />

Un « tous les degrés » qui n’était jusqu’ici considéré<br />

que ne valant que pour l’enseignement primaire et<br />

secondaire. Les juges constitutionnels<br />

considèrent maintenant qu’il résulte « de<br />

la combinaison de ces dispositions que<br />

l’exigence constitutionnelle de gratuité<br />

s’applique à l’enseignement supérieur<br />

public ».<br />

Pour autant ils précisent que « cette<br />

exigence ne fait pas obstacle, pour ce<br />

degré d’enseignement, à ce que des droits<br />

d’inscription modiques soient perçus<br />

en tenant compte, le cas échéant, des<br />

capacités financières des étudiants ».<br />

Gratuit mais pas trop ! Le Conseil constitutionnel<br />

ne vient-il pas d’ouvrir une boîte<br />

de Pandore qui risque de rendre difficile à<br />

justifier l’ensemble des droits de scolarité<br />

de l’enseignement supérieur public dès<br />

lors qu’ils ne sont pas « modiques » ?<br />

Quelles conséquences ?<br />

Si le jugement découle de la saisie du conseil d’une<br />

question prioritaire de constitutionnalité portant le<br />

montant des droits de scolarité des étudiants étrangers<br />

extra-communautaires rien n’indique que le jugement<br />

s’applique à ces derniers. La Conférence des présidents<br />

d’université (CPU) regrette ainsi que, « malgré l’objet<br />

même de la saisine, la question des droits des étudiants<br />

extra-communautaires, ne soit pas explicitement traitée<br />

». Du côté de la ministre de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, on<br />

estime que cette décision ne remet pas en cause ce<br />

qui a été décidé pour les étudiants étrangers. Notamment<br />

parce que 2700€ reste une somme modique à<br />

comparer au coût moyen d’une scolarité à l’université<br />

qui atteint les 11 740€.<br />

En revanche ce jugement s’applique clairement aux<br />

étudiants français et risque d’appeler de nombreux recours.<br />

« Le Conseil constitutionnel soulève une question<br />

de fond qui peut conduire à des bouleversements de<br />

grande ampleur dans les équilibres des financements<br />

de l’enseignement supérieur public », s’inquiète ainsi la<br />

CPU. Les craintes sont encore plus fortes du côté de<br />

la Conférence des directeurs des écoles françaises<br />

d’ingénieur (Cdefi) au sein de laquelle beaucoup militent<br />

pour la fixation d’un montant des frais d’inscription aux<br />

alentours de 2500€ par an. Parce que la question va<br />

rapidement se poser dans de nombreux recours la Cdefi<br />

a tout de suite argumenté que les droits d’inscription des<br />

écoles d’ingénieurs publiques sont modiques puisque<br />

« s’échelonnant entre 5 et 25 % des coûts des formations<br />

d’ingénieurs, considération faite des politiques<br />

de bourses et l’accompagnement social, du coût et<br />

la qualité des formations, ainsi que de l’employabilité<br />

et les niveaux de salaires des ingénieurs diplômés ».<br />

Autant d’arguments que va maintenant examiner le<br />

Conseil d’Etat pour dire ce que « modique » signifie…<br />

8


l’essentiel du sup prépas l’essentiel du mois<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

EN BREF<br />

157,2 milliards d’euros<br />

En 2018, la France a consacré<br />

157,2 milliards d’euros à son<br />

système éducatif, soit 6,7 %<br />

de son PIB selon la dernière<br />

note de la DEPP. La dépense<br />

moyenne pour un élève ou<br />

un étudiant est de 8 810<br />

euros. Elle augmente avec<br />

le niveau d’enseignement<br />

allant de 6 820 euros pour<br />

un écolier, 8 780 euros pour<br />

un collégien, 11 200 euros<br />

pour un lycéen à 11 470 euros<br />

pour un étudiant.<br />

Nouveau bac : où en est-on ?<br />

Groupes de travail, colloques, réformes l’enseignement supérieur<br />

se prépare avec passion et quelques craintes au passage au nouveau bac en 2021.<br />

Le 18 octobre un colloque a ainsi été tenu à l’initiative de la Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises d’ingénieur (Cdefi). L’occasion d’en savoir plus<br />

de la part des représentants du ministère de l’Education.<br />

Le niveau d’exigence des nouvelles années lycée<br />

est plus important dans le tronc commun et<br />

donc encore plus dans les spécialités », explicite<br />

Jean-Charles Ringard Inspecteur général<br />

de l’éducation, du sport et de la recherche et chef de<br />

projet « baccalauréat et nouveau lycée » au ministère<br />

de l’Education. Un niveau qui aurait notamment beaucoup<br />

cru dans une spécialité mathématiques pourtant<br />

ouverte à des profils très divers auquel il n’est pas<br />

facile d’enseigner dans la même classe de première.<br />

Ce sont en effet 67,7% des élèves de seconde, soit<br />

très précisément 195 349, qui ont choisi d’opter pour<br />

la spécialité mathématiques en première (on en était à<br />

64% au dernier comptage mais des spécialités n’ayant<br />

pu ouvrir faute d’un nombre d’étudiants suffisant le<br />

pourcentage a cru et pourrait même monter à 70%<br />

selon les projections).<br />

En terminale les groupes seront plus homogènes<br />

puisqu’une option dite de « mathématiques complémentaire<br />

» sera proposée aux élèves qui abandonnent la<br />

spécialité. « Les trois heures de mathématiques complémentaire<br />

ont été conçues comme complémentaires<br />

aux autres spécialités scientifiques que conserverait<br />

un élève. Les SVT pour un élève qui vise la médecine<br />

et aura besoin des maths par exemple », explique<br />

l’inspecteur général en charge des mathématiques,<br />

Johann Yebbou.<br />

A quoi vont servir les deux options de<br />

mathématiques?<br />

En tout le triptyque « ex-bac S » regroupant les spécialités<br />

mathématiques, physique-chimie et SVT a été pris<br />

par 28% des élèves à l’entrée en première soit 80 732.<br />

Très loin devant « maths - physique-chimie – sciences<br />

économiques et sociales (SES) » (8%) et « histoire-géographie–géopolitique<br />

et sciences politiques (HGGSP)<br />

– langues, littératures et cultures étrangères (LLCE)<br />

anglais – SES » (6,4%). En tout ce sont quatre élèves<br />

sur dix qui ont choisi des combinaisons scientifiques.<br />

Des listes de thèmes d’études devraient être proposés<br />

aux professeurs et aux élèves pour qu’ils « s’en<br />

saisissent en fonction des spécialités ». Les textes ne<br />

précisent pas si l’option est réservée à ceux qui ont<br />

préalablement opté pour la spécialité mathématiques.<br />

Il se peut donc que des étudiants choisissent cette<br />

option en se rendant finalement compte que l’abandon<br />

complet des maths pendant deux ans pourrait leur être<br />

préjudiciable dans leur orientation future. Faudra-t-il<br />

alors prévoir des rattrapages en mathématiques pour<br />

ces élèves ? D’autant que l’enseignement de sciences<br />

du tronc commun semble très peu faire appel aux<br />

mathématiques.<br />

Le but de l’autre option de mathématiques, dite « mathématiques<br />

expertes », est moins clair. « Elle n’était<br />

ni dans le rapport Mathiot ni dans les préconisations<br />

de l’inspection générale. Elle vient directement du cabinet<br />

du ministre et sera financée par l’établissement<br />

lui-même », nous apprend Johann Yebbou qui insiste :<br />

« Elle ne sera en aucun cas un prérequis à l’entrée en<br />

classes préparatoires scientifiques ».<br />

© 0.R.<br />

9


l’essentiel du sup<br />

prépas<br />

entretien<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Jean-François Fiorina<br />

Directeur général adjoint de Grenoble EM<br />

« Nous avons beaucoup d’incertitudes<br />

quant à l’avenir des classes préparatoires »<br />

L’horizon des écoles de management<br />

est plein d’incertitudes. Si la baisse des<br />

inscriptions en classes préparatoires les<br />

inquiète particulièrement elles doivent<br />

également gérer les effets de la réforme<br />

de l’apprentissage et de la formation<br />

continue, un directeur comme Jean-<br />

François Fiorina doit aussi prendre en<br />

compte les injonctions ministérielles sur<br />

la diversité. Son regard.<br />

Olivier Rollot : Comment jugez-vous la santé<br />

des business schools françaises en ce début<br />

d’année marqué par des bouleversements<br />

dans leur modèle économique même ?<br />

Jean-François Fiorina : Nous avons beaucoup d’incertitudes<br />

quant à l’avenir des classes préparatoires<br />

et des flux d’étudiants issus d’elles qui chutent. Nous<br />

allons devoir nous poser des questions sur la place d’un<br />

programme Grande école qui reste notre navire amiral<br />

avec un peu moins de la moitié de nos 8000 étudiants.<br />

Dans les années à venir la réforme du bac va considérablement<br />

modifier le profil de nos étudiants. Ils<br />

seront peut-être moins bons en culture générale mais<br />

notamment meilleurs dans les spécialités qu’ils auront<br />

choisies. Dans ce contexte quel va être la logique des<br />

classes préparatoires ? Vont-elles s’adapter en renforçant<br />

certains enseignements pour combler des lacunes<br />

ou former absolument toujours les mêmes étudiants ?<br />

futurs bacheliers. Mais de toute façon la culture générale<br />

mathématiques sera importante pour comprendre les<br />

enjeux à venir.<br />

O. R : Un projet de loi, porté notamment par<br />

Cédric Villani, entend rendre obligatoire<br />

l’enseignement du changement climatique.<br />

Que faut-il faire à ce sujet ?<br />

J-F. F : Enseigner le changement climatique c’est<br />

indispensable tout au long du cursus en commençant<br />

par les termes de base. Il faut comprendre les fondamentaux<br />

puis les conséquences pour l’entreprise.<br />

Comment organiser le télétravail pour éviter le temps<br />

et l’énergie perdus dans les déplacements, comment<br />

évaluer le temps de travail, repenser les accords<br />

d’entreprise ? Cela a d’ailleurs fait partie des six défis<br />

de la rentrée que nous avons proposé de relever à nos<br />

nouveaux étudiants. Mais qu’en est-il<br />

de la recherche dans ce domaine<br />

alors que l’enseignement supérieur<br />

doit s’emparer du sujet et<br />

prendre position au-delà d’une<br />

synthèse de compromis.<br />

Enseigner le climat c’est de<br />

la transversalité, c’est savoir<br />

convaincre et échanger, c’est<br />

l’école du futur !<br />

Se développer en Europe<br />

Grenoble s’est installée en<br />

janvier 2017 à Berlin où<br />

elle a transféré une partie<br />

des activités qu’elle avait<br />

développé à Londres. C’est<br />

une décision prise dès avant<br />

le Brexit en constatant que<br />

les autorités britanniques<br />

délivraient de moins en<br />

moins facilement de visas<br />

aux étudiants internationaux.<br />

Grenoble EM n’en reste<br />

pas moins également à<br />

Londres, d’autant que la<br />

baisse de la livre sterling<br />

fait mécaniquement<br />

baisser ses coûts.<br />

O. R : Cela va-t-il conduire les écoles à<br />

réformer leurs concours ?<br />

J-F. F : On va devoir le faire. Les oraux sont à revoir<br />

car les candidats sont tous tellement bien préparés<br />

qu’ils manquent de spontanéité. Faudrait-il par exemple<br />

valoriser un projet comme cela va être le cas pour le<br />

bac ? Reste surtout à définir quel va être le rôle des<br />

mathématiques. Comment allier maîtrise des fondamentaux<br />

et ouverture d’esprit ? Nous devons encore<br />

attendre de voir quel sera le niveau réel en maths des<br />

© B. Fournier<br />

10


l’essentiel du sup<br />

prépas<br />

entretien<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

© Grenoble EM<br />

Les oraux sont un moment crucial pour toutes les écoles et l’accueil des jurys est particulièrement soigné à Grenoble EM<br />

O. R : Mais faut-il évaluer cet enseignement ?<br />

J-F. F : Il ne faut pas multiplier les labels et certifications.<br />

C’est à la CTI, à la CEFDG et au HCERES de mettre au<br />

point un standard commun.<br />

O. R : Autre sujet d’actualité : l’évolution de<br />

l’apprentissage avec la réformer qui vient.<br />

Comment Grenoble EM va-t-elle la gérer ?<br />

J-F. F : Nous recevons aujourd’hui 700 étudiants en<br />

apprentissage et en contrats de professionnalisation.<br />

Allons-nous monter notre propre Centre de formation<br />

d’apprentis (CFA). Cela semble facile aujourd’hui et<br />

permet d’ouvrir des sections dans un grand nombre<br />

de filières. Nous nous posons donc encore beaucoup<br />

de questions sur la gestion d’un CFA et notamment sur<br />

les montants auxquels les entreprises finançaient les<br />

contrats. Hier c’était caché. Demain tout le monde disposera<br />

des mêmes chiffres et les entreprises peuvent<br />

se montrer plus exigeantes. Cela va bousculer leur<br />

relation avec les établissements et il pourrait y avoir<br />

demain des regroupements de CFA d’écoles.<br />

Reste la question du coût-contrat auquel France Compétences<br />

nous finance. Il ne sera jamais correct mais<br />

alors comment financer la différence ? Il y aura aussi des<br />

opportunités particulières dans les formations menant<br />

aux métiers technologiques que France Compétences<br />

entend favoriser.<br />

En tout cas la demande des étudiants de suivre une<br />

formation en alternance est de plus en plus forte et<br />

pas seulement pour des questions financières. Il faudra<br />

aussi que nous prenions bien garde à intégrer les PME<br />

dans nos réflexions.<br />

O. R : La formation continue est également<br />

fortement impactée par la réforme. Peutelle<br />

vraiment être une ressource importante<br />

pour les écoles de management ?<br />

J-F. F : Le marché se segmente encore plus avec<br />

toutes les formations qui vont pouvoir entrer dans le<br />

compte personnel de formation (CPF) à moins de 500<br />

€. Il faut donc créer des offres pour une multiplicité<br />

de publics. De la même façon le sur-mesure est en<br />

plein développement. En fait nous faisons face à deux<br />

clients : des individuels, avec une offre de CPF qui peut<br />

déboucher sur des diplômes, et des entreprises pour un<br />

groupe de population dédié pour lesquels il faut savoir<br />

gérer des volumes importants. Notre force c’est d’être<br />

à la pointe de l’innovation pédagogique tout en ayant<br />

la capacité de diplômer.<br />

O. R : Une autre force de GEM est la<br />

géopolitique. Quel bilan tirez-vous de la<br />

première année de l’épreuve de géopolitique<br />

que vous avez créée pour le concours BCE<br />

d’entrée dans les écoles de management ?<br />

J-F. F : Notre première édition est satisfaisante. Les<br />

sujets ont été bien perçus et bien compris notamment<br />

sur le « multilatéralisme menacé ». Un sujet que se<br />

posent toutes les entreprises. C’est très important alors<br />

même que les sujets de géopolitique - Brexit, guerre des<br />

changes, guerres tout court - prennent chaque jour une<br />

importance plus particulière. Cette année plus de 30% de<br />

lycéens ont opté pour la spécialité « histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques » en première. C’est<br />

un signe et ils seront nombreux à venir à notre prochain<br />

Festival de géopolitique qui sera consacré en 2020 à la<br />

thématique « (R)Evolutions numériques ».<br />

Recevoir les réfugiés<br />

Les International Green<br />

Gown Awards récompensent<br />

les initiatives durables les<br />

plus novatrices mises en<br />

place par des universités du<br />

monde entier. C’est dans<br />

ce cadre que GEM s’est<br />

distinguée cette année dans<br />

la catégorie « Impact positif<br />

sur la société » en recevant<br />

les félicitations du jury<br />

pour son « GEM Refugee<br />

Grant Program » qui vise à<br />

offrir jusqu’à 10 places par<br />

an dans les programmes<br />

de formation de l’École<br />

pour des étudiants qualifiés<br />

ayant le statut de réfugiés.<br />

11


l’essentiel du sup<br />

prépas<br />

entretien<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Grenoble EM bénéficie d’un campus au centre-ville de Grenoble qui n’a pas pris une ride depuis son ouverture il y a plus de 20 ans<br />

© Grenoble EM<br />

O. R : Comment considérez-vous la demande<br />

de la ministre de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation de voir<br />

tous les établissements d’enseignement<br />

supérieur parvenir à un même pourcentage<br />

de boursiers d’ici 2024 ?<br />

J-F. F : Je ne peux que l’approuver, à la fois à titre personnel<br />

et également sur le plan professionnel puisque<br />

GEM a fait de l’éducation pour tous une de ses causes<br />

d’engagement.<br />

Il ne faut cependant pas se tromper de débat. L’accès<br />

à une Grande École (et à GEM) doit se faire sur la base<br />

du seul mérite. C’est qui permet à chaque étudiant,<br />

une fois qu’il est dans sa salle de classe de regarder<br />

ses voisins et de se dire que chacun est là par la seule<br />

force de son mérite. C’est pour cela que GEM a mis<br />

en place il y a 10 ans les concours diversité sociale et<br />

handicap pour permettre à des bacheliers d’intégrer la<br />

1A du PGE après avoir réussi un concours spécifique<br />

et passé ses premières années dans un établissement<br />

partenaire (prépa, IUT ou STS).<br />

C’est pour moi la bonne formule car elle permet à ces<br />

étudiants de se projeter sur 5 ans et leurs résultats –<br />

tant académiques que professionnels – sont identiques<br />

à ceux de leurs condisciples issus d’autres filières.<br />

GEM étudie le « sexisme<br />

et la violence » envers<br />

ses étudiants<br />

Parce qu’elle voulait comprendre comment<br />

ses étudiants vivaient le harcèlement et les<br />

violences au quotidien à l’école comme en<br />

dehors, GEM a créé le baromètre « sexisme<br />

et violence envers les étudiants de GEM »<br />

il y a 3 ans. Cette année, le questionnaire a<br />

été rempli par plus de 25 % des étudiants<br />

(environ 800 répondants), tous programmes<br />

de formation confondus. Résultat : alors<br />

que, selon le baromètre Pros-Consulte<br />

2018, 13,1% des salariés en entreprise<br />

se disent victimes de harcèlement,<br />

agressions ou incivilités ce taux tombe<br />

à 9,8% chez les étudiants de GEM.<br />

80% des étudiants qui se sont sentis<br />

harcelés sont des femmes qui ont subi des<br />

remarques en rapport avec leur physique.<br />

Mieux financer<br />

les études<br />

25% des étudiants du<br />

Programme Grande École de<br />

GEM sont boursiers et 47%<br />

financent leurs études par un<br />

prêt bancaire. Pour aller plus<br />

loins GEM et l’organisme<br />

d’aide à l’accès aux études<br />

Unly ont créé en <strong>2019</strong><br />

le « GEM Financial<br />

Advisor » : un chatbot, un<br />

simulateur de prêt et des<br />

conseils pédagogiques sur<br />

https://financial-advisor.<br />

grenoble-em.com.<br />

44% d’entre elles ont décidé d’ignorer la<br />

situation alors que plus de 50% l’ont subie<br />

de visu. Une nette évolution par rapport au<br />

baromètre 2018 où la cyberviolence primait.<br />

Le baromètre identifie principalement deux<br />

lieux de harcèlement : les regroupements<br />

d’étudiants (intra et extérieurs à l’École)<br />

et les lieux de vie et de déplacement des<br />

étudiants. La salle de cours, le corps<br />

professoral et le personnel administratif<br />

sont des lieux et des sources épargnés.<br />

La chaire Femmes et Renouveau<br />

Economique (FERE) de GEM souhaite<br />

travailler sur la création d’un certificat<br />

« leadership au féminin » pour aider les<br />

étudiantes à faire valoir leurs idées, à<br />

prendre la parole en groupe, etc.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PrÉPAS doSSier<br />

NOVEMBRE <strong>2019</strong> N° 32<br />

Que deviennent<br />

les programmes<br />

Grandes écoles ?<br />

Neoma BS<br />

Fer de lance des Grandes écoles de management<br />

françaises leurs programmes Grande école (PGe)<br />

connaissent de profondes mutations depuis<br />

quelques années. Notamment parce qu’elles veulent<br />

mieux assurer le continuum avec les classes<br />

préparatoires tout en stimulant l’agilité et le sens de<br />

l’innovation de leurs étudiants. Coups de projecteur.<br />

13


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Hybridation des parcours<br />

« Hybride ! » Le mot est lancé. Si on<br />

demande aux directeurs d’écoles<br />

de management la qualité essentielle<br />

qu’ils attendent de leurs étudiants à la<br />

sortie du PGE l’hybridation des profils<br />

est tout de suite mise en avant. Ecoutons<br />

le directeur de l’Essec, Vincenzo<br />

Esposito Vinzi : « Le leader de demain<br />

doit être hybride, capable de parler à<br />

différents acteurs en créant des ponts,<br />

que ce soit entre le public et le privé, le<br />

national et l’international, l’entreprise<br />

classique et l’entrepreneuriat. D’où la<br />

nécessité de former de plus en plus de<br />

profils hybrides, manager et ingénieur,<br />

manager et designer, etc. avec à la clé<br />

des doubles diplômes ».<br />

Dans le cadre de son programme Grande<br />

école (PGE) emlyon BS va en particulier<br />

travailler sur l’hybridation avec les<br />

sciences. Depuis cette rentrée elle délivre<br />

pour la première fois son programme<br />

réformé à 100% dans cette logique d’hybridation.<br />

« Nous devons donner à nos<br />

étudiants une culture scientifique très<br />

forte pour leur permettre de maîtriser<br />

les compétences de demain. C’est un<br />

atout considérable de pouvoir proposer<br />

des cycles de deux mois qui permettent<br />

par exemple de partir en Inde étudier<br />

l’innovation frugale ou en Afrique l’entrepreneuriat<br />

social », explique son directeur,<br />

Tawhid Chtioui.<br />

Créer des alliances<br />

Le mouvement d’hybridation entre écoles<br />

de management, d’ingénieurs et d’art a<br />

été lancé par l’ICN. Il y a maintenant tout<br />

juste vingt ans qu’elle s’est rapprochée des<br />

Mines de Nancy et de l’Ensad pour créer<br />

Artem en 1999. 20% des cours de son<br />

programme Grande École sont aujourd’hui<br />

communs avec ceux des Mines. Tous<br />

les vendredis après-midi les étudiants<br />

des trois écoles se retrouvent autour<br />

de projets communs. « Et l’étincelle naît<br />

souvent à la marge de chaque discipline<br />

quand les étudiants des autres écoles<br />

s’en emparent pour en repousser les<br />

frontières. Ils dépassent des frontières<br />

et pourront demain apporter beaucoup<br />

aux entreprises qui les recruteront », se<br />

félicite la directrice de l’ICN, Florence<br />

Legros.<br />

A Nantes Audencia BS a conclu une alliance<br />

proche avec l’École Centrale et<br />

l’Ensa qui irrigue notamment son programme<br />

Grande école. « Nous allons<br />

d’ailleurs bientôt annoncer la création<br />

d’un nouveau programme qui s’ajoutera<br />

à ceux qui existent déjà, à l’incubateur et<br />

à tous les dispositifs mis en place pour<br />

Un certificat « soft<br />

skills » à TBS<br />

C’est une première dans les<br />

écoles de management. TBS<br />

remet dorénavant un certificat<br />

« Soft Skills » à ses étudiants<br />

pour répondre au besoin des<br />

entreprises : « recruter des<br />

leaders responsables, dotés<br />

de savoir-être et d’éthique<br />

et capables de maîtriser les<br />

relations interpersonnelles ».<br />

Une salle de travail de Kedge<br />

© Kedge BS<br />

14


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

favoriser le mixage des étudiants des<br />

trois écoles », détaille son directeur,<br />

Christophe Germain. Plus largement,<br />

Audencia souhaite continuer à développer<br />

des parcours permettant aux étudiants<br />

de développer une double compétence.<br />

« Associer passion et professionnalisation,<br />

intérêt pour les métiers de l’image,<br />

les sciences politiques, l’ingénierie, l’architecture,<br />

les arts, la technologie, etc. et<br />

le management. Demain, le pourcentage<br />

d’étudiants « hybrides » devrait avoisiner<br />

les 40% », reprend le directeur.<br />

Doubles diplômes à la clé<br />

L’Edhec a été la première école à proposer<br />

à ses étudiants du PGE d’obtenir<br />

également un MSc ou un diplôme d’un<br />

établissement partenaire. Rennes SB a<br />

suivi puis beaucoup d’autres. Depuis cette<br />

année 100% des étudiants de TBS obtiennent<br />

ainsi un double diplôme en France<br />

ou à l’étranger avec ses partenaires<br />

– Sciences Po Toulouse, l’ENAC, l’INSA,<br />

etc. - ou dans ses propres MSc. « Cela<br />

permet de renforcer la spécialisation<br />

tout en favorisant un mélange avec les<br />

étudiants internationaux auprès desquels<br />

les MSc sont tant prisés », commente<br />

la directrice de Neoma BS, Delphine<br />

Manceau dont les étudiants obtiennent<br />

également largement un double diplôme<br />

à l’étranger.<br />

Skema vient justement de signer de<br />

nouveaux accords en ce sens. Dans le<br />

cadre de son MSc Entrepreneurship &<br />

Innovation quelques étudiants du PGE<br />

pourront avoir accès à un « Diploma in<br />

Entrepreneurship & Start-up management<br />

» de l’université de Berkeley. « Ceux<br />

qui font partie des meilleurs étudiants<br />

paient les mêmes frais de scolarité quel<br />

que soit leur parcours. Ils doivent seulement<br />

prouver leur motivation sans<br />

qu’intervienne aucun critère financier…<br />

alors qu’une seule année scolaire à NC<br />

State University coûte 45 000$ », se<br />

félicite le vice dean de Skema, Patrice<br />

Houdayer. De même les étudiants du PGE<br />

de Kedge seront bientôt plus de 200 à aller<br />

chaque semestre au sein d’un campus<br />

de quelques 35 000 m 2 dans l’une des<br />

plus belles villes de Chine qu’est Suzhou.<br />

Toujours plus internationales<br />

Le rôle des écoles de management est de<br />

plus en plus de préparer à des métiers qui<br />

seront forcément internationaux. Même<br />

si tous les diplômés ne vont pas débuter<br />

leur carrière professionnelle à l’étranger.<br />

« L’expérience internationale démarre dès<br />

l’école face à des professeurs internationaux<br />

qui ont des références différentes.<br />

A NEOMA nous comptons 71% de profes-<br />

© BSB<br />

15


l’essentiel du sup prépas dossier <strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

seurs internationaux. Cette expérience<br />

internationale se développe ensuite au<br />

contact des étudiants internationaux que<br />

les élèves, notamment quand ils sont issus<br />

de classes préparatoires, n’ont encore<br />

que peu côtoyés dans leur parcours<br />

scolaire », analyse Delphine Manceau.<br />

Il est également de plus en plus courant<br />

d’aller réaliser une partie de son PGE sur<br />

un campus de son école à l’étranger. A<br />

Cape Town où elle s’apprête à s’implanter<br />

Skema loue des locaux sur le campus de<br />

l’université Stellenbosch tout en étant<br />

totalement autonome. « Là-bas, comme<br />

en Chine ou encore aux Etats-Unis où<br />

notre collaboration date de dix ans, nous<br />

développons une approche spécifique<br />

par laquelle y sera dispensée la deuxième<br />

année de notre programme Grande école<br />

(PGE) avec des professeurs locaux ou<br />

qui maîtrisent bien le contexte local, de<br />

Stellenbosch, d’autres institutions ou<br />

même de Skema », commente Patrice<br />

Alternance à Lyon<br />

pour BSB<br />

BSB s’apprête à ouvrir un<br />

nouveau campus lyonnais<br />

pour tripler la superficie<br />

de ses locaux en passant à<br />

3000 m 2 . Elle y délivrera<br />

son Master Grande école<br />

(MGE) en alternance sur le<br />

M1 et le M2. « Nous tenons à<br />

avoir à Lyon une proposition<br />

différente de celle de Dijon<br />

et profiter de la proximité<br />

avec les entreprises pour y<br />

dispenser un enseignement<br />

totalement financé par<br />

elles. Le rythme sera de<br />

trois semaines en entreprise<br />

suivies d’une semaine à<br />

l’école », commente Stéphan<br />

Bourcieu son directeur. BSB<br />

recevra quarante étudiants à<br />

la rentrée prochaine et veut<br />

monter à 120 rapidement.<br />

A terme le campus de<br />

Lyon devrait accueillir<br />

entre 700 et 800 élèves.<br />

Houdayer.<br />

Spécialisation progressive<br />

Les étudiants viennent dans les écoles<br />

aussi pour se spécialiser mais cela doit<br />

se faire de manière progressive. Le programme<br />

Grande école d’ICN s’organise<br />

dorénavant en trois temps. En mode<br />

« Wake Up ! », la première année apporte<br />

un grand nombre de cours fondamentaux<br />

et initie les étudiants à la pluridisciplinarité<br />

grâce aux modules Artem. Intitulée<br />

« Experiment » : la deuxième année verra<br />

débuter les cours de spécialisation. La<br />

troisième année (« Jump ») insiste sur la<br />

prise de décision et complète la spécialisation<br />

des étudiants.<br />

De son côté TBS entend « densifier »<br />

les compétences de nos étudiants pour<br />

qu’ils se démarquent sur le marché de<br />

l’emploi. « Nous leur proposons de suivre<br />

dès leur entrée dans l’école, en plus de<br />

leurs parcours, des certificats d’excellence<br />

qui attestent de leurs compétences<br />

16


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

dans des domaines d’avenir, aujourd’hui<br />

très recherchés par les entreprises »,<br />

explique Annabel-Mauve Bonnefous,<br />

directrice du programme Grande école,<br />

des mastères spécialisés et des MSc<br />

de TBS. Par exemple « Big data » pour<br />

« répondre à des problématiques business<br />

en manipulant les données de<br />

façon stratégique » ou « Scale-Up » pour<br />

savoir « gérer les phases d’accélération<br />

d’une start-up dans les trois à dix ans<br />

où elle peut connaitre une croissance<br />

exponentielle ».<br />

Individualisation<br />

« Il n’y a vraiment plus aujourd’hui deux<br />

CV de diplômés de emlyon qui se ressemblent<br />

» s’exclame Tawhid Chtioui.<br />

« Nous voulons que chacun de nos<br />

étudiants construise avec nous un CV<br />

singulier, à son image mais également<br />

en phase avec les évolutions mondiales,<br />

pour qu’il attire immédiatement l’œil des<br />

recruteurs », renchérit Annabel-Mauve<br />

Bonnefous. Cette logique d’individualisation<br />

des parcours conduit les Grandes<br />

écoles à ouvrir toujours plus de possibilités<br />

à leurs étudiants. L’EM Normandie<br />

propose ainsi depuis la rentrée 2018 des<br />

parcours à la carte pour faciliter l’intégration<br />

des étudiants arrivés dès le bac et<br />

ceux qui intègrent l’école après une classe<br />

préparatoire, une double origine qui est<br />

une spécificité de l’école. « Le nombre<br />

d’heures de cours en face à face diminue<br />

au profit de modules d’autoformation et<br />

de validation des compétences en ligne.<br />

Nos modalités pédagogiques évoluent<br />

vers plus de pédagogie inversée, de<br />

challenges et autres serious games »,<br />

valide Jean-Guy Bernard, le directeur<br />

de l’EM Normandie.<br />

Culture générale<br />

Cela participe au continuum CPGE / GE.<br />

Les Grandes écoles de management<br />

s’attachent à accroitre la part de la culture<br />

générale dans leur cursus. « S’ils ont<br />

besoin d’un bagage en management,<br />

beaucoup d’étudiants issus de classes<br />

Entreprendre à TBS<br />

Un tout nouveau<br />

séminaire d’une semaine<br />

dit d’« initiations<br />

entrepreneuriales » vient<br />

de voir le jour à TBS<br />

pour « booster l’esprit<br />

entrepreneurial et la<br />

créativité » des étudiants. Des<br />

challenges leur sont soumis<br />

auxquels ils devront répondre<br />

en groupe coachés par des<br />

experts et enseignants. Ils<br />

travaillent sur le projet<br />

et présentent au jury leur<br />

proposition à l’aide d’un<br />

prototype (maquette, site<br />

web ou vidéo, par exemple)<br />

en mettant en avant des<br />

plans d’action concrets.<br />

préparatoires ne trouvent pas dans les<br />

écoles de « piste d’atterrissage », regrettent<br />

de ne plus suivre de cours de<br />

ceux qu’on appelle aux Etats-Unis les<br />

« liberal arts » et qui regroupent la philosophie,<br />

l’histoire, etc. », anayse Isabelle<br />

Barth, directrice d’une Inseec School of<br />

Business & Economics dont le PGE a été<br />

réformé dans ce sens.<br />

Toujours dans cet esprit du continuum<br />

Neoma BS a créé un cours « Humanités &<br />

Management », qui permet aux étudiants<br />

de faire le lien avec les grands auteurs<br />

qu’ils ont découvert en classe préparatoire<br />

et les cours de management. « Nous<br />

explorons les évolutions sur toutes les<br />

dimensions : philosophiques, ethnographiques,<br />

sociologiques, économiques...<br />

Nous avons également développé un<br />

« Itinéraire philosophique et artistique »<br />

construit autour de deux grandes expositions<br />

artistiques organisées sur nos<br />

campus à partir de fin avril. Il s’agit de faire<br />

davantage entrer l’art à l’École avec des<br />

sculptures et des œuvres picturales »,<br />

détaille Delphine Manceau<br />

Répondre aux questions<br />

sociétales<br />

Les Grandes écoles de management<br />

n’entendent pas laisser aux Sciences Po<br />

le monopole de la capacité à comprendre<br />

l’évolution de la société. « C’est notre<br />

responsabilité d’évoluer du modèle de<br />

la business school à celui de la «school<br />

for business and society». Une grande<br />

école doit répondre aux étudiants et au<br />

monde économique bien sûr. Mais elle<br />

doit aussi proposer une vision et des<br />

solutions aux grands défis humains »,<br />

explique le directeur général de Grenoble<br />

EM, Loïck Roche.<br />

Même réflexion du côté de l’Essec. « Nous<br />

travaillons sur trois piliers. Les connaissances<br />

et les savoirs bien sûr mais aussi<br />

les savoir-faire et savoir-être. Ce qui va<br />

bien au-delà des soft skills. Il s’agit de<br />

transformer les savoirs en compétences<br />

et de savoir-êtres qui mettent la dimension<br />

humaine au cœur des pratiques<br />

17


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

managériales », confie Vincenzo Esposito<br />

Vinzi dont l’école ainsi créé un cours –<br />

obligatoire et 100% en ligne – consacré<br />

au « leadership responsable » (comment<br />

être responsable vis à vis de ses clients,<br />

employés, de son environnement, de sa<br />

RSE) couplé à un séminaire « Comprendre<br />

et changer le monde » pour bien aborder<br />

les enjeux sociétaux.<br />

Mettre en avant la RSE<br />

(responsabilité sociale des<br />

entreprises)<br />

Les écoles de management se sont<br />

depuis longtemps intéressées à leur<br />

responsabilité sociale. A la demande<br />

des étudiants cette dimension est de<br />

plus en plus pregnante. Le programme<br />

Humacité de La Rochelle BS attire ainsi<br />

nombre d’étudiants qui veulent réaliser<br />

une mission citoyenne obligatoire au<br />

service d’associations ou d’ONG. Une<br />

dimension « responsable » qui est depuis<br />

longtemps l’apanage de l’école. « La RSE<br />

(responsabilité sociale des entreprises)<br />

fait partie des grandes spécificités de<br />

La Rochelle. Nous avons été la première<br />

école à développer un master de gestion<br />

de l’environnement en 1999 », commente<br />

son directeur, Bruno Neil.<br />

La RSE est également un axe central du<br />

projet pédagogique d’Audencia depuis<br />

2001. Une spécialisation « managing<br />

sustainable impact » est proposée aux<br />

étudiants du PGE en troisième année, et<br />

la RSE est une thématique transversale à<br />

l’ensemble des enseignements. « Au-delà<br />

des formations, ce sujet concerne l’École<br />

dans sa globalité. Un référent RSE est<br />

en charge de tout ce qui concerne le<br />

fonctionnement de l’école et l’engagement<br />

des parties prenantes. Nous nous devons<br />

d’ailleurs d’être exemplaires, notamment<br />

pour respecter nos engagements vis<br />

à vis du WWF avec qui nous avons un<br />

partenariat », commente Christophe<br />

Germain.<br />

Développement durable et<br />

changement climatique<br />

Au-delà de la RSE l’enseignement du<br />

Mais que doit-on enseigner<br />

aux étudiants en gestion ?<br />

A l’heure de la montée en puissance du<br />

numérique, alors que les entreprises<br />

veulent recruter des diplômés prêts à<br />

s’investir dans des projets et ouverts sur le<br />

monde, que doit-on enseigner aux étudiants<br />

en gestion ? Une question qu’on se pose<br />

chaque jour des classes préparatoires et<br />

des Grandes écoles qui se réfléchissent de<br />

plus en plus dans un continuum.<br />

Quel socle ? Si peu imaginent encore qu’une<br />

formation en management n’est destinée<br />

qu’à transmettre des connaissances, si<br />

la montée des soft skills (« compétences<br />

douces ») est une évidence pour la plupart,<br />

sur quel socle doit reposer aujourd’hui<br />

l’enseignement de la gestion ? Bien sûr, il<br />

faut connaître les rouages principaux de<br />

l’économie de l’entreprise mais jusqu’où<br />

faut-il renforcer l’enseignement des<br />

statistiques pour savoir gérer les Big Data ?<br />

Que devient l’enseignement du marketing<br />

et de la comptabilité-gestion ? « Après des<br />

préoccupations en termes de ressources,<br />

le premier défi des années à venir sera<br />

la pédagogie. Nous allons raisonner plus<br />

en termes de compétences et d’objectifs<br />

qu’à travers des maquettes pédagogiques<br />

rigides », assure la présidente de la<br />

Commission d’évaluation des formations<br />

et diplômes de gestion (CEFDG) en charge<br />

de l’évaluation des Grandes écoles de<br />

management, Carole Drucker-Godard.<br />

En amont les classes préparatoires<br />

économiques et commerciales commencent<br />

à instituer des périodes d’immersion en<br />

entreprises. « Nos élèves ont besoin de<br />

donner un sens à la prépa. De comprendre<br />

pourquoi ils font tous ces efforts. On leur<br />

montre que le monde est complexe. Cette<br />

période d’immersion est aussi un élément<br />

d’attractivité pour notre formation. Cela les<br />

fait grandir et les motive pour la suite. Donner<br />

un sens concret n’est pas contradictoire<br />

avec l’excellence académique et la réussite<br />

aux concours, bien au contraire », confie<br />

le président de l’APHEC, Alain Joyeux.<br />

© emlyon BS<br />

Quels fondamentaux ? Marketing,<br />

comptabilité, ressources humaines,<br />

finance… une formation en gestion offre<br />

classiquement de maîtriser une sorte<br />

de « boîte à outils » complétée par une<br />

expertise dans le domaine de son choix. Elle<br />

permet également d’acquérir une culture<br />

de l’entreprise au travers de la gestion de<br />

projets qui permettent de passer d’une<br />

culture scolaire à une pédagogie fondée<br />

sur l’action. Enfin une culture internationale,<br />

l’apprentissage du travail avec d’autres<br />

cultures. « Nous devons d’abord apporter<br />

à nos étudiants les fondamentaux, c’est-àdire<br />

des cours d’économie qui dépassent<br />

la seule micro-économie. Ensuite, leur<br />

apprendre à se réinventer et à acquérir<br />

un esprit critique qui dépasse le « Je l’ai lu<br />

sur Internet». Nous leur devons une sorte<br />

de « fond de sauce » qui leur permette<br />

tout au long de leur vie de remettre au<br />

goût du jour leurs cours sur l’intelligence<br />

artificielle (IA), le Big Data, le codage ou<br />

encore les fondamentaux du marketing »,<br />

analyse Alice Guilhon, la directrice<br />

générale de Skema Business School.<br />

« Un socle de connaissances communes<br />

existe en gestion et s’est diffusé dans<br />

tous les établissements d’enseignement<br />

supérieur. Mais, parallèlement, on constate<br />

également une certaine évolution de<br />

beaucoup d’études de gestion vers les<br />

sciences humaines et sociales, par exemple<br />

vers un enseignement de la sociologie<br />

de la gestion. Peut-être n’est-ce pas<br />

absurde de faire d’abord la différence entre<br />

bénéfice et chiffre d’affaires pour mieux<br />

comprendre la sociologie… », s’interroge<br />

le délégué général de la Fnege (Fondation<br />

nationale pour l’enseignement de la gestion<br />

des entreprises) Maurice Thévenet.<br />

Le emlyon - Learning Hub d’Ecully<br />

18


l’essentiel du sup prépas dossier<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

développement durable et du changement<br />

climatique s’impose tout au long<br />

des cursus. « Il faut comprendre les<br />

fondamentaux puis les conséquences<br />

pour l’entreprise. Comment organiser le<br />

télétravail pour éviter le temps et l’énergie<br />

perdus dans les déplacements, comment<br />

évaluer le temps de travail, repenser<br />

les accords d’entreprise ? », explicite<br />

Jean-François Fiorina, le directeur général<br />

adjoint de Grenoble EM. Cela a d’ailleurs<br />

fait partie des six défis de la rentrée<br />

que l’école a proposé de relever à ses<br />

nouveaux étudiants.<br />

Comme Grenoble EM, TBS est signataires<br />

de l’appel pour former tous les étudiants<br />

du supérieur aux enjeux climatiques et<br />

écologiques. « Nous avons la chance<br />

d’avoir des économistes spécialistes<br />

du climat au sein de notre faculté. Avec<br />

eux, nous lancerons à la rentrée 2020<br />

un certificat d’Excellence « Climate Action<br />

» pour que nos étudiants soient en<br />

capacité d’anticiper les impacts climatiques<br />

de leurs décisions. Il s’agit d’un<br />

apprentissage robuste intégrant aussi<br />

bien une connaissance exhaustive des<br />

enjeux géopolitiques et économiques<br />

qu’une véritable expertise en calcul des<br />

impacts. Notre avenir à tous passera par<br />

cette conscience et cette compétence,<br />

nos étudiants doivent être les acteurs<br />

majeurs des transformations du monde<br />

économique », définit Annabel-Mauve<br />

Bonnefous.<br />

Cap sur l’intelligence artificielle<br />

(IA)<br />

C’est la nouvelle dimension à laquelle<br />

les écoles de management s’attaquent.<br />

Après le Big Data les étudiants doivent de<br />

préparer à utiliser l’intelligence artificielle<br />

(IA). TBS est ainsi aujourd’hui la seule école<br />

de management membre du projet ANITI,<br />

l’un des quatre instituts « 3IA » français,<br />

qui rassemble plus de 200 chercheurs<br />

et entreprises et a pour objectif de faire<br />

de la France un leader mondial en intelligence<br />

artificielle. Les étudiants du PGE<br />

Le travail en commun des étudiants de l’ICN<br />

et de ses deux écoles partenaires dans le cadre d’Artem<br />

Apprendre par<br />

le jeu à GEM<br />

Après 2 ans<br />

d’expérimentation auprès<br />

de 100 puis 500 étudiants,<br />

Grenoble EM a déployé en<br />

<strong>2019</strong> à grande échelle sa<br />

simulation des opérations<br />

de la supply chain (MOSC).<br />

1 500 étudiants de 1 ère et<br />

2 ème année de son PGE<br />

vivent la supply chain en<br />

lieu et place d’un cours<br />

théorique. « En alignement<br />

avec le GEM Learning<br />

Model, cette simulation<br />

permet à l’étudiant<br />

d’adopter une posture<br />

active. L’immersion dans<br />

une situation représentative<br />

de la réalité, permet de<br />

comprendre les flux et de<br />

découvrir la difficulté de<br />

la gestion des imprévus »<br />

explique Pierre-Paul Jobert,<br />

professeur à GEM et<br />

concepteur du dispositif.<br />

bénéficient de cette expertise en ayant<br />

la possibilité d’entrer dans deux doubles<br />

diplômes MSc en IA, Business analytics<br />

et Big Data Management, enseignés par<br />

les chercheurs membres d’ANITI.<br />

Pour mettre l’IA au cœur de tout son<br />

enseignement Skema BS vient d’inaugurer<br />

à Montréal son nouveau laboratoire en<br />

Intelligence Augmentée - plutôt qu’artificielle,<br />

car « l’humain reste au cœur des<br />

activités d’une école de management »<br />

insiste sa directrice Alice Guilhon - et<br />

son nouveau centre de R&D : le SKEMA<br />

Quantum Studio qui déploie ses outils sur<br />

l’ensemble des programmes de l’école.<br />

L’objectif : fournir à ses étudiants une<br />

trousse à outils, de nouveaux savoirs<br />

et compétences qui leur permettront de<br />

« diriger les entreprises du xxi e siècle et<br />

d’exercer de nouveaux métiers ».<br />

Olivier Rollot<br />

© ICN BS<br />

19


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

Directrice du programme Grande école de TBS Business School<br />

« Nous voulons que chacun de nos étudiants<br />

construise un CV singulier »<br />

Le programme Grande école de TBS<br />

a été réformé cette année. Objectif :<br />

rendre chaque étudiant unique mais<br />

aussi améliorer leur agilité cognitive.<br />

Les explications d’Annabel-Mauve<br />

Bonnefous, directrice du programme<br />

Grande école, des mastères spécialisés<br />

et des MSc de TBS.<br />

Olivier Rollot : Cette année vous avez<br />

largement repensé le programme Grande<br />

école de TBS. Quelles en sont les grandes<br />

orientations ?<br />

Annabel-Mauve Bonnefous : Notre premier objectif<br />

a été de densifier les compétences de nos étudiants<br />

pour qu’ils se démarquent sur le marché de l’emploi.<br />

Aujourd’hui, non seulement 100% de nos étudiants<br />

obtiennent un double diplôme en France ou à l’étranger<br />

avec nos partenaires – à Sciences Po Toulouse, l’ENAC,<br />

l’INSA, etc. - ou dans nos MSc. Leur niveau d’expertise<br />

est également renforcé dès leur entrée dans l’école.<br />

Nous leur proposons de suivre, en plus de leurs parcours,<br />

des certificats d’excellence qui attestent de leurs<br />

compétences dans des domaines d’avenir, aujourd’hui<br />

très recherchés par les entreprises :<br />

• « Big data » pour répondre à des problématiques Business<br />

en manipulant les données de façon stratégique ;<br />

• « Scale-Up » pour savoir gérer les phases d’accélération<br />

d’une start-up dans les trois à dix ans où elle<br />

peut connaitre une croissance exponentielle ;<br />

• « Consulting » avec nos partenaires (Capgemini,<br />

PwC, CGI, Wavestone et Sopra-Steria) pour développer<br />

une vraie connaissance du secteur au travers d’ateliers<br />

conçus par les professionnels de ces cabinets ;<br />

• « CSR » pour attester de leurs compétences opérationnelles<br />

en matière de responsabilité sociale des<br />

entreprises. Ce certificat est obligatoire parce que<br />

nous voulons former des managers responsables et<br />

que cela est dans l’ADN de TBS depuis des décennies.<br />

Et enfin, le Certificat « Soft Skills », qui est une première<br />

dans les Écoles de Commerce, pour répondre au besoin<br />

des entreprises : recruter des leaders responsables,<br />

dotés de savoir-être et d’éthique et capables de maîtriser<br />

les relations interpersonnelles.<br />

O. R : Si on choisit « Scale-Up » c’est<br />

forcément pour devenir entrepreneur ?<br />

A-M. B : Pas forcément. Il s’agit d’acquérir un portefeuille<br />

de compétences qui pourra être utile un jour,<br />

soit parce qu’on crée son entreprise, soit parce qu’on<br />

est embauché dans des entreprises en forte croissance<br />

qui ont besoin de ce type de managers. Nous<br />

voulons que chacun de nos étudiants construise avec<br />

nous un CV singulier, à son image mais également en<br />

phase avec les évolutions mondiales, pour qu’il attire<br />

immédiatement l’œil des recruteurs. Nous ne nous<br />

sommes pas trompés sur nos axes de développement<br />

puisqu’aujourd’hui, certaines entreprises partenaires<br />

nous demandent même si ces certificats peuvent être<br />

suivis par leurs managers en poste.<br />

© TBS<br />

L’itinéraire d’Annabel-<br />

Mauve Bonnefous<br />

Après avoir pris la direction<br />

des programmes MS/MSc<br />

de Toulouse Business School<br />

en juin 2018 Annabel-Mauve<br />

Bonnefous a également<br />

été nommée à la tête<br />

du programme Grande<br />

école de Toulouse BS en<br />

<strong>novembre</strong> de la même année.<br />

Titulaire d’un doctorat<br />

d’HEC Paris, d’un MSc in<br />

Business Administration de<br />

Skema, coach certifiée ICF<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

a enseigné le leadership<br />

et l’intelligence politique<br />

des dirigeants à HEC Paris<br />

Executive Education pendant<br />

15 ans. Elle a également été<br />

professeure à Neoma business<br />

school, où elle a dirigé le<br />

département « Hommes<br />

et organisation » de 2016<br />

à 2017. Elle est l’auteur<br />

de « Aiguisez votre sens<br />

politique en entreprise »<br />

(2015) et « L’intelligence<br />

situationnelle ».<br />

20


l’essentiel du sup prépas entretien<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

O. R : On parle beaucoup de rendre<br />

obligatoire l’enseignement du changement<br />

climatique dans l’enseignement supérieur.<br />

Comment TBS se positionne-t-elle sur ce<br />

sujet ?<br />

A-M. B : Nous sommes signataires de l’appel pour former<br />

tous les étudiants du supérieur aux enjeux climatiques<br />

et écologiques. Nous avons la chance d’avoir des économistes<br />

spécialistes du climat au sein de notre faculté.<br />

Avec eux, nous lançons à la rentrée 2020 un certificat<br />

d’Excellence « Climate Action » pour que nos étudiants<br />

soient en capacité d’anticiper les impacts climatiques<br />

de leurs décisions. Il s’agit d’un apprentissage robuste<br />

intégrant aussi bien une connaissance exhaustive des<br />

enjeux géopolitiques et économiques qu’une véritable<br />

expertise en calcul des impacts. Notre avenir à tous<br />

passera par cette conscience et cette compétence,<br />

nos étudiants doivent être les acteurs majeurs des<br />

transformations du monde économique.<br />

O. R : Qu’est-ce que TBS apporte à<br />

ses étudiants de spécifique en termes<br />

d’acquisition de connaissances et de<br />

compétences ?<br />

A-M. B : Nos méthodes d’apprentissage par l’expérimentation<br />

se conjuguent à des moments d’inspiration<br />

grâce à nos chercheurs et notre réseau de partenaires<br />

entreprises. Au-delà des compétences en gestion<br />

d’affaires, nous souhaitons améliorer l’agilité cognitive<br />

et la pensée systémique de nos étudiants grâce notamment<br />

à l’introduction de connaissances en sciences<br />

sociales – psychologie, sociologie et philosophie – et<br />

en neurosciences. Nous les sensibilisons également<br />

à l’intelligence émotionnelle des dirigeants comme<br />

facteur-clé de succès à long terme, quel que soit le<br />

domaine d’expertise qu’ils choisiront.<br />

O. R : Le développement de l’intelligence<br />

artificielle (IA) contribuera-t-il au<br />

développement de ces apprentissages ?<br />

A-M. B : C’est un domaine dans lequel nous nous<br />

sommes en effet particulièrement investis avec la<br />

création d’un centre de recherche en IA. L’excellence de<br />

nos professeurs en la matière nous a permis de devenir<br />

la seule École Supérieure de Commerce membre du<br />

projet ANITI, l’un des quatre instituts « 3IA » français, qui<br />

rassemble plus de 200 chercheurs et entreprises, et qui<br />

a pour objectif de faire de la France un leader mondial<br />

en Intelligence Artificielle. Nos étudiants bénéficient de<br />

cette expertise grâce à nos deux doubles diplômes<br />

MSc en IA, Business analytics et Big Data Management,<br />

enseignés par les chercheurs membres d’ANITI.<br />

Comme dans toutes les écoles la cafétéria<br />

de TBS est un haut lieu d’échanges et de partage<br />

O. R : Parlons un peu des classes<br />

préparatoires. Qu’est-ce que TBS a imaginé<br />

de spécifique pour améliorer le continuum<br />

entre les classes préparatoires et les<br />

Grandes écoles ?<br />

A-M. B : C’est un sujet sur lequel nous travaillons avec<br />

l’APHEC (Association des professeurs des classes<br />

préparatoires économiques et commerciales). TBS<br />

peut et doit être un contributeur clé de la définition du<br />

référentiel de compétences des classes préparatoires,<br />

grâce à notre expertise dans le domaine.<br />

Moi-même issue d’une classe préparatoire, je suis<br />

particulièrement attachée à un vrai continuum qui<br />

doit être le socle fondamental de notre filière. Je sais<br />

ce que nous apprenons en <strong>Prépas</strong> et comment notre<br />

esprit se forge pour devenir plus rapide, plus efficace<br />

et plus profond. L’introduction des sciences sociales<br />

et de la philosophie dans notre programme Grande<br />

École est une manière de faire vivre ce continuum tout<br />

en continuant à développer la pensée systémique de<br />

nos étudiants.<br />

Les critères de sélection aux oraux de TBS sont également<br />

choisis pour permettre une véritable évaluation<br />

des compétences transverses acquises en classes<br />

préparatoires : esprit d’analyse, pensée critique, souplesse<br />

cognitive, curiosité et ouverture d’esprit. Nous<br />

y ajoutons une appréciation de la motivation et surtout<br />

des valeurs des étudiants.<br />

Enfin, TBS s’engage aux côtés des CPGE pour promouvoir<br />

la filière au niveau des lycées. Nous intervenons auprès<br />

de ces publics pour leur faire prendre conscience de<br />

l’intérêt de choisir une poursuite d’études en CPGE pour<br />

intégrer une Grande École. C’est un gage de réussite<br />

professionnelle à long terme.<br />

Toulouse BS est devenue<br />

TBS business school<br />

En <strong>2019</strong> Toulouse Business<br />

School a officiellement été<br />

renommée TBS business<br />

school. Nouveau logo,<br />

nouveau nom, nouvelle<br />

signature, la réflexion<br />

engagée sur l’identité<br />

de TBS a permis de<br />

« redéfinir les axes forts de<br />

sa promesse » : la qualité<br />

de l’expérience étudiante,<br />

l’excellence académique,<br />

l’ouverture internationale,<br />

la RSE et une expertise<br />

pointue sur des secteurs<br />

d’avenir (l’aérospatial, l’IA<br />

et l’analyse de données) en<br />

sont maintenant les piliers<br />

affirmés. TBS se dote<br />

également d’une nouvelle<br />

baseline (« Inspiring<br />

Education, Inspiring Life »)<br />

et d’un nouveau logo recentré<br />

sur l’acronyme « TBS » qui<br />

accompagne la transition<br />

vers le nouveau nom tout en<br />

« conservant les marqueurs<br />

historiques de l’école » : un<br />

point central, le triptyque<br />

de couleurs noir, corail<br />

et blanc et la locution<br />

« Business school » rappelant<br />

son domaine d’activité.<br />

© TBS<br />

21


l’essentiel du sup<br />

prépas<br />

entretien<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

O. R : La dimension internationale est on<br />

l’imagine également très développée dans<br />

votre PGE…<br />

A-M. B : Tous nos étudiants doivent passer au moins<br />

six mois à l’étranger. Leur expatriation peut durer jusqu’à<br />

36 mois. Il est même possible d’aller suivre un semestre<br />

d’études à UCLA ou Berkeley. La différence de TBS par<br />

rapport à d’autres écoles se situe à deux niveaux : d’un<br />

côté, nous avons poursuivi depuis de nombreuses années<br />

une stratégie d’hybridation en développant aussi bien<br />

notre réseau d’universités partenaires (plus de 200)<br />

que l’implantation de campus TBS à l’international (5<br />

campus). Nous proposons toutes ces opportunités de<br />

séjours d’études gratuitement et donc sans surcoût<br />

pour les étudiants. Nous tenons beaucoup à ce que<br />

tous nos étudiants puissent en profiter, puisque cela<br />

va dans le sens du développement de profils à haute<br />

valeur ajoutée qui est au cœur de notre ambition.<br />

O. R : Une question beaucoup plus large :<br />

quelle grande évolution notez-vous dans les<br />

demandes de vos étudiants ces dernières<br />

années ?<br />

A-M. B : Ils demandent à la fois des expertises poussées<br />

et un portefeuille de compétences large pour pouvoir<br />

être libre d’évoluer tout au long de leur vie professionnelle.<br />

C’est dans ce sens que nous avons fait évoluer<br />

notre maquette pédagogique avec plusieurs certificats<br />

d’excellence au choix : ils peuvent ainsi obtenir les deux.<br />

Ils demandent également le droit à l’erreur et à l’expérimentation.<br />

Il est difficile de décider à 20 ans d’une trajectoire<br />

forte et engageante, surtout lorsque les étudiants découvrent<br />

l’étendue des métiers et des secteurs d’activités<br />

auxquels nous pouvons les former. Nous leur permettons<br />

donc de tester une première expertise en Master 1, afin<br />

de valider leurs intuitions ou éventuellement de changer<br />

de trajectoire en Master 2. Dans tous les cas, ils auront<br />

enrichi leur portefeuille de compétences et auront plus<br />

de liberté par la suite pour évoluer.<br />

O. R : Et les entreprises, comment leurs<br />

besoins ont-ils évolué en termes de<br />

recrutement ?<br />

A-M. B : Les recruteurs se concentrent davantage<br />

sur le potentiel et les « soft skills » tout en conservant<br />

l’impératif d’acquérir des étudiants immédiatement<br />

opérationnels dans leurs postes. Lorsqu’une entreprise<br />

recrute, c’est qu’elle a besoin d’une personne supplémentaire,<br />

soit pour réaliser de nouvelles tâches, soit<br />

pour combler un déficit de ressources. Elle recherche<br />

donc des compétences techniques qui peuvent être<br />

rapidement mises en œuvre. C’est pourquoi nous<br />

avons doublé le nombre d’heures d’enseignements<br />

d’expertise métier en dernière année.<br />

© TBS<br />

Travail dans la bibliothèque<br />

Mais les directeurs des ressources humaines savent<br />

depuis longtemps qu’il faut également penser à long<br />

terme et s’assurer de recruter une personne à haut<br />

potentiel qui sera capable d’évoluer en même temps<br />

que l’entreprise. Pour cela, ils mettent l’accent sur les<br />

« soft skills » : le savoir-être, les qualités intrinsèques,<br />

l’agilité cognitive et les aptitudes relationnelles. Le<br />

certificat d’Excellence « Soft Skills » de TBS a été créé<br />

spécifiquement pour cela. Nous pouvons attester de<br />

ces compétences développées chez nos étudiants.<br />

Nous voulons également que nos diplômés sachent<br />

donner du sens à leur travail et surtout à celui des<br />

autres. Qu’ils soient inspirants et compétents pour<br />

transmettre leur envie d’avancer aux autres.<br />

Les doubles diplômes, les certificats d’excellence<br />

et les nombreuses possibilités de séjours d’études<br />

à l’étranger constituent le socle de notre stratégie :<br />

celle de former des « profils rares » en partant de la<br />

singularité de chaque étudiant et en lui permettant<br />

d’obtenir un large portefeuille de compétences.<br />

Un diplômé spécialisé en marketing, qui sait utiliser les<br />

techniques du Business Analytics, tout en maitrisant<br />

les phases de croissance accélérée des entreprises,<br />

ou bien un spécialiste de la finance, ayant passé les<br />

trois niveaux du CFA (Chartered Financial Analyst)<br />

pendant ses études et qui est certifié excellent en<br />

management d’équipe et intelligence relationnelle,<br />

cela attire nécessairement l’œil du recruteur, et pour<br />

de bonnes raisons.<br />

TBS intègre un<br />

réseau mondial<br />

d’entrepreneuriat<br />

TBS est la première école<br />

de management française<br />

à devenir membre du<br />

Babson Collaborative<br />

for Entrepreneurship<br />

Education. Fondé et<br />

sponsorisé par Babson<br />

College, ce réseau mondial<br />

réunit des établissements<br />

d’enseignement<br />

supérieur « reconnus<br />

pour leur expertise en<br />

matière de formation à<br />

l’entrepreneuriat ».<br />

22


l’essentiel du sup prépas<br />

paroles de profs<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

Nicole<br />

EPARVIER<br />

L’ouverture sociale une valeur<br />

défendue au sein des CPGE :<br />

l’exemple d’Article 1<br />

Agrégée<br />

d’économie<br />

et gestion,<br />

professeure de<br />

chaire supérieure<br />

en classe<br />

préparatoire<br />

ECT au lycée<br />

Brémontier de<br />

Bordeaux<br />

Jean-Louis<br />

CHAUVE<br />

Agrégé d’économie<br />

et gestion,<br />

professeur de<br />

chaire supérieure<br />

en classe<br />

préparatoire<br />

ECT au lycée<br />

la Martinière-<br />

Duchère de Lyon<br />

Né de la fusion<br />

en 2018 de deux<br />

associations<br />

majeures de lutte<br />

contre l’inégalité des<br />

chances - Frateli &<br />

Passeport Avenir<br />

- ARTICLE 1 œuvre<br />

pour une société<br />

où l’orientation, la<br />

réussite dans les<br />

études et l’insertion<br />

professionnelle ne<br />

dépendent pas des<br />

origines sociales,<br />

économiques et<br />

culturelles ; pour<br />

une société où la<br />

réussite passe<br />

par le lien social<br />

et l’engagement<br />

citoyen.<br />

Les missions d’Article 1 reposent sur<br />

le constat d’inégalités sociales et<br />

de discriminations qui entravent les<br />

parcours de jeunes issus de milieux<br />

populaires à différentes étapes. En<br />

2012, parmi les jeunes âgés de 20 à<br />

24 ans dont le père est cadre ou de<br />

profession intermédiaire, 78% ont<br />

eu accès à l’enseignement supérieur<br />

tandis que parmi les individus dont<br />

le père est ouvrier ou employé, cette<br />

proportion est de 42%.<br />

De même, la part de jeunes ayant<br />

obtenu une licence est de 9% parmi<br />

les individus âgés de 25-29 ans dont<br />

le père est ouvrier ou employé, contre<br />

21% parmi ceux dont le père est cadre<br />

ou de profession intermédiaire.<br />

Enfin, la part de ceux diplômés d’une<br />

grande école est de 2% parmi les<br />

individus dont le père est ouvrier ou<br />

employé contre 12% parmi ceux dont<br />

le père est cadre ou de profession<br />

intermédiaire (source Article 1).<br />

Au moment de l’insertion<br />

professionnelle, l’effet de l’origine<br />

sociale à diplôme égal continue à<br />

jouer et se cumule avec d’autres<br />

formes d’inégalités, liées notamment<br />

au genre, à la zone de résidence ou à<br />

l’origine migratoire.<br />

Les solutions d’Article<br />

1 pour faire face à ces<br />

inégalités<br />

Plusieurs accompagnements sont<br />

proposés par Article 1 :<br />

• le public lycéen peut accéder à un<br />

programme de suivi de la Seconde<br />

jusqu’à Bac +3 dans le cadre du<br />

programme L’Envol, ou bénéficier<br />

d’un accompagnement personnalisé<br />

à la préparation de l’orientation<br />

post-bac via le programme Inspire ;<br />

• le public étudiant peut être<br />

accompagné individuellement via<br />

le programme de Mentorat, chaque<br />

étudiant (dénommé « associé »)<br />

étant suivi par un professionnel<br />

(dénommé «mentor ») afin de<br />

bénéficier d’un soutien moral et<br />

méthodologique, tout en participant<br />

également à des événements<br />

adaptés aux différentes étapes du<br />

parcours. Le mentorat intègre les<br />

deux années de classe préparatoire<br />

économique et commerciale et<br />

l’année de L3.<br />

23


l’essentiel du sup prépas paroles de profs juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

postuler suite à la présentation de<br />

la plateforme Inspire concernant<br />

l’orientation post bac.<br />

D’autres programmes mis en œuvre<br />

par Article1 sont axés sur des<br />

configurations ou des ambitions<br />

particulières. Consciente des<br />

enjeux croissants autours de la<br />

reconnaissance des soft skills (ou<br />

compétences transversales), Article<br />

1 construit un nouveau programme,<br />

Jobready, qui repose sur une<br />

plateforme numérique d’identification,<br />

de développement et de microcertification<br />

des soft skills, et sur des<br />

ateliers de sensibilisation et de mise<br />

en pratique à travers des activités et<br />

des projets collaboratifs.<br />

Si l’étudiant a une préférence pour<br />

un métier, son mentor sera, dans la<br />

mesure du possible, proche de ce<br />

métier.<br />

Organisation : Chaque région est<br />

pilotée par un référent Article1<br />

qui organise 4 types d’ateliers sur<br />

l’année sur :<br />

• les techniques de recherche<br />

d’emplois ;<br />

• la préparation aux oraux des<br />

concours ;<br />

• le financement des études ;<br />

• la présentation de métiers.<br />

Par ailleurs des référents entreprises<br />

(salariés bénévoles des entreprises<br />

partenaires) et des référents<br />

scolaires (les professeurs) participent<br />

à l’animation opérationnelle du<br />

mentorat.<br />

Sélection des étudiants : Les<br />

référents scolaires déposent, auprès<br />

d’Article 1, des dossiers d’étudiants<br />

sélectionnés sur des critères<br />

académiques (mention TB ou B au<br />

bac, lettre de recommandation de<br />

professeurs), et des critères sociaux<br />

(boursier, besoin d’accompagnement)<br />

+ motivation de l’élève. Un élève peut<br />

© 0000<br />

La communauté Article 1<br />

L’action d’Article 1 repose sur une<br />

équipe d’environ 80 salariés, répartie<br />

sur 9 régions : Ile-de-France,<br />

Auvergne-Rhône-Alpes, Grand<br />

Est, Hauts de France, Pays de la<br />

Loire, Nouvelle Aquitaine, Occitanie,<br />

Bretagne et Provence Alpes Côte<br />

d’Azur.<br />

Une communauté de 18 500<br />

bénévoles, étudiants et<br />

professionnels, permet à l’association<br />

de déployer l’ensemble de ses<br />

programmes sur le territoire. Ils<br />

peuvent endosser différents rôles :<br />

étudiants-éclaireurs ou animateurs<br />

d’ateliers pour le pôle Orientation,<br />

ils peuvent être fédérateurs de<br />

communauté, mentors ou animateurs<br />

d’ateliers pour le Mentorat.<br />

L’action d’Article 1 est également<br />

soutenue par plus de 200 entreprises<br />

et fondations partenaires, dont<br />

certaines facilitent l’engagement de<br />

leurs salariés auprès de l’association.<br />

24


l’essentiel du sup prépas<br />

paroles de profs<br />

juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

© HEC Paris<br />

Elles peuvent soutenir l’action d’Article<br />

1 sur l’ensemble de ses actions ou sur<br />

un programme spécifique, comme<br />

Google auprès de la plateforme de<br />

Jobready.<br />

Ne voulant se substituer à l’école<br />

dans sa mission éducative, Article 1<br />

entretient des relations privilégiées<br />

avec plus de 210 établissements<br />

scolaires partenaires, lui permettant<br />

de communiquer autour de ses<br />

programmes aux lycéens et étudiants<br />

et d’en faciliter le déploiement. Les<br />

équipes pédagogiques interviennent<br />

avec Article 1 à titre bénévole et<br />

leur implication est très importante<br />

pour ancrer l’action d’Article 1 en<br />

complément aux formations délivrées<br />

par les établissements.<br />

Article 1 travaille avec cinq<br />

chercheurs qui accompagnent la<br />

mesure d’impact de l’association<br />

et mènent des travaux en lien avec<br />

certains programmes.<br />

Les institutions publiques soutiennent<br />

également l’action d’Article 1. C’est<br />

le cas notamment du ministère de<br />

l’Éducation nationale, de celui de<br />

l’Enseignement supérieur et de la<br />

recherche qui soutient la plateforme<br />

Inspire ou des ministères de<br />

l’Agriculture et de l’alimentation, de la<br />

Transition écologique et solidaire ou<br />

de l’Economie et des finances.<br />

Enfin, Article 1 s’intègre dans un tissu<br />

associatif plus large et partage ses<br />

outils ou réfléchit à ses actions en<br />

collaboration avec des structures<br />

comme Unis-Cité ou Animafac. Cette<br />

volonté de travailler main dans la<br />

main avec d’autres associations<br />

est symbolisée par le projet de<br />

l’Ascenseur mené conjointement<br />

par Article 1 et Mozaïk RH. Lieu<br />

unique et collectif au service de<br />

l’égalité des chances, l’Ascenseur<br />

regroupe 15 associations pour<br />

fédérer une communauté d’acteurs de<br />

l’accompagnement.<br />

Des résultats<br />

encourageants<br />

Le pôle Orientation accompagne<br />

des jeunes dans leur recherches<br />

de futures pistes d’études. Sur la<br />

plateforme Inspire, on recense 80 000<br />

lycéens inscrits depuis le début de<br />

25


l’essentiel du sup prépas paroles de profs juin <strong>2019</strong> N° 28<br />

l’année scolaire et 17 000 « étudiants<br />

éclaireurs » prêts à répondre à leur<br />

questions concernant l’enseignement<br />

supérieur. Le programme présentiel<br />

dans des lycées généraux ou<br />

technologiques en QPV ou recrutant<br />

en zone REP/REP+/rurale a rencontré<br />

plus de 12 000 lycéens pour des<br />

ateliers d’orientation et plus de 1000<br />

lycéens sur des ateliers d’introduction<br />

aux codes professionnels. Le<br />

programme a vocation à la fois<br />

d’élever le niveau d’ambition des<br />

élèves issus de milieux populaires<br />

et de lutter contre l’autocensure en<br />

fournissant une information claire sur<br />

les différentes poursuites d’étude.<br />

Parmi les pistes indiquées comme<br />

favorites par les lycéens inscrits, une<br />

sur deux n’était pas envisagée avant<br />

l’arrivée sur Inspire.<br />

D’après Article1, grâce au mentorat, le<br />

taux d’abandon en première année de<br />

CPGE baisse de 32%. Le taux d’accès<br />

aux grandes écoles après deux ans<br />

de CPGE est de 70,3% parmi les<br />

mentorés tandis que le taux attendu<br />

compte-tenu de la composition de<br />

l’échantillon en termes de filières de<br />

CPGE est de 49,8%. Alors que le taux<br />

d’emploi attendu compte-tenu de la<br />

filière est de 75,8%, le taux d’emploi<br />

observé est de 86,7%. Alors que le<br />

salaire moyen attendu est de 29 300<br />

euros, celui-ci est de 33 600 euros<br />

bruts parmi l’ensemble des anciens<br />

associés diplômés de master en 2016.<br />

Cela permet d’affirmer que la valeur<br />

du salaire moyen augmente de 15 %<br />

avec le mentorat. Enfin, la satisfaction<br />

globale concernant le rapport au<br />

travail reçoit un score de 7,9 contre<br />

6,7 sur 10 parmi les diplômés de<br />

master issus de tous milieux sociaux.<br />

Perspectives<br />

d’essaimage<br />

L’enjeu essentiel de l’association<br />

est aujourd’hui de se développer en<br />

région afin de couvrir au mieux tout le<br />

territoire national. Cette stratégie de<br />

déploiement s’appuie sur l’ouverture<br />

d’antennes régionales permettant<br />

de s’adapter aux spécificités des<br />

territoires touchés. Les programmes<br />

de l’association reposant en partie<br />

sur des bénévoles pour animer<br />

les ateliers et accompagner les<br />

bénéficiaires, la mobilisation au<br />

plus près des territoires est donc<br />

fondamentale.<br />

Toutefois, les programmes d’article<br />

1 sont à différents niveaux de<br />

maturité et présentent différentes<br />

perspectives d’essaimage.<br />

Le pôle Mentorat représente le<br />

cœur historique des activités de<br />

l’association. L’enjeu actuel est<br />

d’accompagner 2500 binômes<br />

associé/mentor et de permettre à 4<br />

500 jeunes de suivre des activités<br />

du programme Parcours via des<br />

ateliers en classe entière dans des<br />

établissements du secondaire ou des<br />

campus.<br />

Sur le pôle Orientation, la plateforme<br />

Inspire fonctionne depuis 2015 et<br />

vise un effectif de 100 000 lycéens<br />

inscrits par an (80 000 à ce jour)<br />

en s’appuyant sur la labellisation<br />

de la plateforme par le ministère de<br />

l’enseignement supérieur et de la<br />

recherche, avec aussi une volonté<br />

d’essaimage des ateliers pour<br />

mobiliser davantage de jeunes issus<br />

de milieux défavorisés.<br />

En ce qui concerne le pôle<br />

Compétences du xxi e siècle, l’enjeu<br />

le plus important pour la montée<br />

en puissance est le développement<br />

de Jobready, qui s’inscrit dans la<br />

logique actuelle de reconnaissance<br />

de nouvelles formes de compétences<br />

et dans leur prise en compte dans<br />

les parcours universitaires via l’UE<br />

Engagement mise en place en janvier<br />

2017.<br />

Pour aller plus loin, l’association<br />

consolide ses partenariats avec<br />

les acteurs publics comme privés.<br />

Par ailleurs, si les activités de<br />

recherche et d’évaluation permettent<br />

d’analyser l’effet des programmes,<br />

elles doivent permettre de proposer<br />

des innovations dans les manières<br />

d’accompagner les jeunes.<br />

Cela passe par exemple par la mise<br />

en place d’outils numériques qui<br />

s’appuient sur les sciences sociales<br />

ou d’ateliers en présentiel qui tiennent<br />

compte des caractéristiques sociales<br />

des jeunes accompagnés.<br />

Article 1 veut enclencher une<br />

dynamique de changement pour<br />

transformer notre pays et renouveler<br />

les visages et la vision de la réussite<br />

en France. Il ne s’agit pas d’accroître<br />

de 10% ou 20% par an le nombre<br />

de ses bénéficiaires, mais bien de<br />

transformer notre pays.<br />

26


l’essentiel du sup prépas débat<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

Égalité des chances dans<br />

l’enseignement supérieur :<br />

que faut-il faire ?<br />

Huit Grandes écoles (les quatre ENS, l’École polytechnique, HEC, ESSEC<br />

et ESCP Europe) avaient été missionnées par le ministère de l’Enseignement<br />

supérieur pour encore ouverture sociale. Leur rapport pose plus de questions<br />

qu’il n’apporte de réponses.<br />

A<br />

la suite de la remise des rapports<br />

des quatre écoles normales<br />

supérieur, l’École polytechnique,<br />

HEC, ESSEC et<br />

ESCP Europe on attendait des décisions<br />

sur les concours pour favoriser immédiatement<br />

les élèves non seulement boursiers<br />

mais aussi issus de la France profonde. On<br />

assiste finalement à la création d’un nouveau<br />

comité de pilotage qui sera en charge<br />

de la diversité sociale dans l’ensemble de<br />

l’enseignement supérieur. Avec comme<br />

objectif donné par la ministre de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de<br />

l’Innovation, Frédérique Vidal, que « tous<br />

les établissements d’enseignement supérieur<br />

aient le même taux de boursiers »<br />

d’ici 2024. On souhaite maintenant bien<br />

du courage au comité de pilotage, qui se<br />

réunit pour la première fois en <strong>novembre</strong>,<br />

pour fixer des objectifs précis à atteindre<br />

dans les cinq ans. Aux Grandes écoles<br />

mais aussi aux universités. Car les universités<br />

vont être également concernées sans<br />

qu’on sache si elles seront jugées globalement,<br />

par UFR ou encore par niveau. Il<br />

semble en tout cas que le droit et la médecine<br />

soient particulièrement concernés au<br />

vu de leur ouverture sociale plus faible.<br />

Un petit état de lieux<br />

En moyenne les boursiers sont 37,5%<br />

dans l’enseignement supérieur. Plus de la<br />

moitié des étudiants dans les sections de<br />

technicien supérieur sont boursiers (55%)<br />

pour 28,8% en classes préparatoires. La<br />

part des boursiers des formations d’ingénieurs<br />

diffère selon qu’elles soient universitaires<br />

(36%) ou non (23%). Les écoles de<br />

commerce sont les formations accueillant<br />

le moins d’étudiants boursiers (12,7%).<br />

Dans les universités, les boursiers sont<br />

surreprésentés en administration économique<br />

et sociale (AES, 52%) et en langues<br />

(49%) mais ne sont que 26% dans<br />

les disciplines de santé (médecine, odontologie<br />

et pharmacie). Dans les établissements<br />

emblématiques que sont l’École polytechnique,<br />

HEC ou encore l’ENS-Paris,<br />

les boursiers ne sont respectivement que<br />

12%, 18% et 20%.<br />

Une étude plus pointue montre des distorsions<br />

également fortes selon le niveau<br />

de bourses. Si les étudiants boursiers de<br />

niveau 5 à 7 sont en moyenne 11,8% dans<br />

l’enseignement supérieur ce pourcentage<br />

varie de 3,7% dans les écoles de commerce<br />

à 23,6% en AES en passant par<br />

4,7% dans les écoles d’ingénieurs exté-<br />

Des étudiants dans la cour centrale de ESCP Europe.<br />

rieures aux universités. Contrairement<br />

à une légende tenace les CPGE économiques<br />

et commerciales sont largement<br />

plus ouvertes avec 8% de boursiers de<br />

niveau 5 à 7 quand ils ne sont que 7%<br />

dans les classes préparatoires scientifiques.<br />

On peut logiquement en déduire<br />

que les écoles de management post prépas<br />

sont plus ouvertes à la diversité que<br />

les postbac.<br />

Objectif 38% ou 25% ?<br />

« Nous voulons faire en sorte que les<br />

jeunes qui occuperont des rôles de premier<br />

plan viennent de toutes les catégories<br />

sociales et de tous les lieux. » Frédérique<br />

Vidal entend que l’enseignement<br />

supérieur s’ouvre plus largement. Si « elle<br />

ne fixe pas le chemin » pour y parvenir<br />

l’objectif n’en est pas moins « obliga-<br />

©ESCP Europe<br />

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l’essentiel du sup prépas<br />

débat<br />

<strong>novembre</strong> <strong>2019</strong> N° 32<br />

toire ». Mais sa signification précise en<br />

termes d’objectifs chiffres l’est beaucoup<br />

moins. Faire que les Grandes écoles « reçoivent<br />

en moyenne autant de boursiers<br />

que l’ensemble de l’enseignement supérieur,<br />

soit entre 37 et 38% », ou « le même<br />

pourcentage dans tous les établissements<br />

supérieur » ? La ministre n’est pas claire<br />

à ce sujet arguant que « l’effort est plus<br />

important quand on passe de 12 à 25% -<br />

l’objectif de l’École polytechnique – que<br />

lorsqu’ils s’agit de 30 à 38% ». Les trois<br />

« parisiennes » (HEC, ESCP et l’Essec)<br />

entendent recevoir « rapidement » de 20 %<br />

à 25 % d’étudiants boursiers.<br />

Dans une tribune publiée par Les Echos<br />

la directrice générale de Neoma BS, Delphine<br />

Manceau remarque qu’une école<br />

comme la sienne compte 27% de boursiers<br />

parmi les candidats à son concours<br />

prépas et 28% de boursiers parmi ceux<br />

qui y sont reçus : « Le problème porte<br />

plutôt sur le nombre insuffisant de candidats<br />

boursiers, et donc sur le nombre de<br />

lycéens qui s’orientent vers une classe prépa<br />

et une Grande École, et ce bien que ces<br />

concours puissent être préparés dans des<br />

prépas publiques et gratuites ».<br />

Une « bonification »<br />

pour les boursiers ?<br />

La première piste envisagée pour faire<br />

progresser le pourcentage de boursiers<br />

dans l’enseignement supérieur est d’introduire<br />

des bonifications dans les concours<br />

pour les favoriser – les ENS proposent<br />

même que ces bonifications soient proportionnelles<br />

au niveau des bourses – sur<br />

le modèle des bonifications accordées aux<br />

candidats n’ayant fait que deux années de<br />

classes préparatoires scientifiques dans<br />

les concours d’entrée en écoles d’ingénieurs.<br />

Les jurys des oraux n’auraient ensuite<br />

pas connaissance des candidat « bonifiés<br />

» ou non. Des simulations sont en<br />

cours dans les ENS. Ce système de bonification<br />

post prépas pour les primo candidats,<br />

les organisateurs des concours d’entrée<br />

dans les écoles de management n’ont<br />

jamais voulu en entendre parler. Entre<br />

autres pour les limites juridiques du système<br />

(« rupture d’égalité ») opposables.<br />

Il serait également possible :<br />

• d’examiner les conditions d’un rééquilibrage<br />

territorial entre les classes préparatoires<br />

situées en région, où les élèves<br />

boursiers sont plus présents mais ont un<br />

taux de réussite moindre aux épreuves<br />

de sélection, et les classes préparatoires<br />

Egalité des chances : les<br />

pistes spécifiques de l’X<br />

Particulièrement en retard dans son<br />

ouverture sociale, l’École polytechnique<br />

entend doubler son pourcentage d’étudiants<br />

boursiers dans les cinq ans pour passer de<br />

12 à 25%. Pour cela elle va notamment ouvrir<br />

une base de données comprenant l’ensemble<br />

des annales de ses épreuves. « Les annales<br />

en open data, cela ne coûte rien, et c’est si<br />

précieux lorsqu’on prépare un concours,<br />

d’autant plus quand on étudie dans une<br />

prépa qui ne dispose pas de sa propre<br />

base de données », explique la ministre des<br />

Armées et tutelle de l’X, Florence Parly.<br />

L’École polytechnique va également lancer<br />

une étude pour installer sur le plateau<br />

de Saclay, une classe préparatoire à<br />

l’enseignement supérieur ouvertes aux<br />

élèves boursiers les plus méritants, dans<br />

laquelle les élèves de l’X seraient directement<br />

impliqués pour apporter du soutien et du<br />

tutorat. « Mettre le pied à l’étrier de ces<br />

jeunes est un devoir. Nous rechercherons<br />

la collaboration des meilleures classes<br />

préparatoires pour les accueillir ensuite, en<br />

vue de la préparation du concours », reprend<br />

la ministre qui entend maintenant « demander<br />

à ses grandes écoles d’officiers, Saint-Cyr,<br />

l’École Navale et l’École de l’Air, de faire<br />

également des propositions concrètes ».<br />

© École polytechnique J. Barande<br />

Le comité de pilotage<br />

Le comité de pilotage<br />

tage sera composé de<br />

représentants des trois<br />

conférences (CPU, CGE,<br />

Cdefi), des ministères<br />

concernés ainsi que des<br />

acteurs des politiques<br />

d’égalité des chances.<br />

Pour aller plus loin :<br />

Lire la note du MESRI<br />

Les boursiers sur critères<br />

sociaux en 2018-<strong>2019</strong><br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PrÉPAS<br />

dÉbAT<br />

NOVEMBRE <strong>2019</strong> N° 32<br />

franciliennes qui sont dans la situation<br />

inverse ;<br />

• d’étendre les admissions sur titre ;<br />

• de promouvoir des dispositifs type Cordées<br />

de la Réussite ;<br />

• d’aider les étudiants à financer des<br />

études loin de leur domicile.<br />

Pour et contre<br />

Le principe de bonifications est particulièrement<br />

salué par l’association engagée<br />

dans l’égalité des chances Article 1.<br />

« Il est inéquitable de juger de la même<br />

façon des étudiants qui ont des conditions<br />

d’études différentes : job étudiant<br />

soir et WE, temps de transport conséquent,<br />

chambre partagée ou mal-logement,<br />

manque de réseau ou d’appui<br />

familial… À capacité égale, ces conditions<br />

d’études sont discriminantes aux<br />

concours. Ne pas compenser ces réalités<br />

revient à évaluer de la même façon<br />

des étudiants qui concourent dans des<br />

conditions différentes », défendent ainsi<br />

ses dirigeants, Benjamin Blavier et Boris<br />

Walbaum. Et la ministre d’insister :<br />

« Ce serait odieux pour des jeunes issus<br />

de milieux modestes d’être admis dans<br />

une école en fonction de quotas. Il serait<br />

abominable de laisser planer un doute<br />

sur leur excellence ! »<br />

Mais n’est-ce pas exactement ce qui va se<br />

passer quel que soit la formule ? Et alors<br />

ce seront tous les boursiers qui se sentiront<br />

stigmatisés. Même ceux qui n’auraient<br />

absolument pas eu besoin de bonifications<br />

pour intégrer une Grande école.<br />

De son côté Delphine Manceau s’inquiète<br />

des effets induits sur des classes<br />

moyennes, « aujourd’hui non aidées par<br />

les bourses alors que les frais de scolarité<br />

tendent à augmenter ». Avec le nouveau<br />

système, où elles ne bénéficieront<br />

pas de « points bonus », elles pourraient<br />

selon elle être « les grandes oubliées<br />

de ce dispositif et se sentir exclues des<br />

Grandes écoles pourtant très porteuses<br />

en matière d’accès à l’emploi et d’ascenseur<br />

social. A l’heure où l’apprentissage,<br />

qui les aidait à fi nancer les études,<br />

est mis à mal, faut-il rajouter à un sentiment<br />

souvent répandu qu’elles sont les<br />

oubliées des aides ? » Un raisonnement<br />

proche de celui du président de l’APHEC<br />

(Association des professeurs des classes<br />

préparatoires économiques et commerciales),<br />

Alain Joyeux : « Avec une telle<br />

mesure, il faudra vraiment beaucoup de<br />

courage aux bacheliers non boursiers<br />

pour aller en prépa ! Non seulement ils<br />

feront un choix où ils relèveront le défi<br />

de l’excellence sans certitude d’être performants,<br />

mais en plus ils seront pénalisés<br />

aux concours. Une sorte d’encouragement<br />

à une fuite vers les bachelors…<br />

payants !! »<br />

Le débat ne fait que commencer entre des<br />

établissements d’enseignement supérieur,<br />

inscrits dans le temps long de l’orientation<br />

- voire les quinze années qu’il va falloir<br />

attendre pour que la réforme de l’école<br />

primaire entreprise par Jean-Michel Blanquer<br />

produise ses effets… -, et des politiques<br />

qui veulent des résultats rapides.<br />

La solution pourrait venir des étudiants<br />

qui risquent tout simplement de demander<br />

massivement à recevoir des bourses<br />

d’études pour entrer dans les dispositifs…<br />

Sébastien Gémon<br />

L’Ena vaut bien une<br />

derniere reforme<br />

C’est ce qu’on appelle un<br />

baroud d’honneur. Alors<br />

qu’Emmanuel Macron a<br />

annoncé fin avril vouloir<br />

supprimer l’ENA, son<br />

directeur actuel souhaite<br />

engager une réforme de<br />

la scolarité pour 2020.<br />

Fin <strong>novembre</strong>, au moment<br />

même où Frédéric Thiriez<br />

présentera son rapport,<br />

Patrick Gérard montrera sa<br />

propre réforme : « A partir<br />

de 2020, notre enseignement<br />

sera uniquement fondé sur<br />

les compétences, explique le<br />

directeur. C’est un virage par<br />

rapport aux enseignements<br />

d’aujourd’hui qui font<br />

encore la part belle aux<br />

cours théoriques sur le droit,<br />

l’économie ou le management<br />

public, par exemple. »<br />

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