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La vie quotidienne. Esquisses philosophiques

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme. Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme.
Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

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14 Avant-propos<br />

convertir ces expressions encore indistinctes qui composent la<br />

matière de toute <strong>vie</strong> de conscience en ces œuvres de langage qui<br />

sont aveux de la réalité, et peut-être du sens.<br />

Tel est bien le travail de pensée que, sous le nom de phéno -<br />

ménologie, Husserl décrivait en 1929 : « C’est l’expérience pure et,<br />

pour ainsi dire muette encore, qu’il s’agit d’amener à l’expression<br />

pure de son propre sens 1 . » C’était là dresser le programme d’un<br />

travail aussi humble qu’ambitieux, humble par ce retour à l’étoffe<br />

la plus primitive des choses (qui est aussi retour au monde de notre<br />

<strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong>), ambitieux par sa volonté d’y retrouver, partout,<br />

le sens.<br />

Cette pensée est aussi un pari, qui lie la promesse du sens à<br />

l’entre prise d’un re-commencement radical. C’est pourquoi il lui<br />

appartient de répéter l’expérience qui est celle de l’enfant dans une<br />

œuvre qui est celle du langage. Sachons entendre l’enfant qui dort<br />

en nous et s’émerveille du monde à son état naissant. Phénomé -<br />

nologie : science de l’enfant-roi, miracle recomposé de ce premier<br />

regard, au matin de la présence, comme s’il nous était donné de<br />

ressaisir le premier mot d’une expérience devenue depuis si familière.<br />

<strong>La</strong> philosophie est ici l’art de considérer le monde familier<br />

comme s’il nous redevenait, un moment, étrange ou nouveau.<br />

« Les belles choses que nous écrirons si nous avons du talent sont<br />

en nous, indistinctes, comme le souvenir d’un air, qui nous charme<br />

sans que nous puissions en retrouver le contour, le fredonner, ni<br />

même en donner un dessin quantitatif, dire s’il y a des pauses, des<br />

suites de notes rapides 2 . » Elles sont en nous, ou en tout homme qui<br />

est notre semblable, mais silencieuses encore, indistinctes, enfouies<br />

dans les profondeurs d’une conscience si souvent insensible à ses<br />

propres richesses, et c’est le miracle de l’art ou le travail de la pensée<br />

1.¥Edmund Husserl, Méditations Cartésiennes, § 16, Paris, Vrin, 1969, p. 33.<br />

Il y a là une formule que Maurice Merleau-Ponty n’aura cessé de méditer tout au<br />

long de son œuvre, notamment entre l’Avant-propos de la Phénoménologie de la<br />

perception (de 1945) et les notes de travail relatives aux ultimes travaux (voir Le<br />

visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1964, p. 250s, notes datées de 1959). Pour<br />

un commentaire de cette formule et de sa réception, voir tout le chapitre VI de<br />

Jacques Taminiaux, Le regard et l’excédent, <strong>La</strong> Haye, Martinus Nijhoff, 1977.<br />

2.¥Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, Paris, Gallimard, 1987, p. 307.

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