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La vie quotidienne. Esquisses philosophiques

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme. Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme.
Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

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10 Préface<br />

<strong>philosophiques</strong> ne concernent pas le seul but de nos courses exténuantes,<br />

elles considèrent surtout, comme toutes les sciences d’ailleurs, les causes,<br />

c’est-à-dire ce qui <strong>vie</strong>nt avant le but en le rendant possible. <strong>La</strong> question<br />

philosophique chez les auteurs classiques est moins un « pour-quoi ?»<br />

qu’une interrogation sur la cause, comme déclarent les manuels de<br />

philosophie, ou pour mieux dire : sur l’origine, « à partir de quoi ? »,<br />

« où et comment cela a-t-il commencé ? ». En cela, la philosophie n’est<br />

pas chez elle dans le « temps réel » de nos smartphones. Mais personne<br />

ne se recueille dans ce « temps réel ». « L’homme est un être de temps<br />

et non de l’immédiat », écrit de Gramont.<br />

Cette dernière manière de questionner met en évidence un aspect<br />

du questionnement sans lequel le « pour-quoi ? » ne se poserait même<br />

pas. « À cause de quoi ? » signifie que nous avons oublié l’origine, le<br />

point de départ, ce « à partir de quoi ». Cet oublié est pourtant pratiqué,<br />

effectué. Comment « être » sans lui ? L’oubli prétend ôter l’encom -<br />

brement du passé que nous traînons derrière nous afin de nous élancer<br />

librement, yeux bandés et tête baissée, vers quelque futur, sans attention<br />

pour le temps qui passe, pour le passé qui est pourtant encore là, pour<br />

le futur que nous imaginons anticiper, mais que nous ne pouvons que<br />

rêver selon les règles du présent. Passé insupportable, qui nous colle à<br />

la peau et que nous tentons de rejeter pour nous jeter librement dans<br />

l’inconnu, dans un futur sans chronologie impérative que nous aurions<br />

à respecter coûte que coûte, mais que nous déclarons pouvoir faire venir<br />

ici et tout de suite. Il suffit d’un « clic » pour créer des mondes, pour lier<br />

des amitiés imaginaires et errantes, et un autre « clic » pour les lâcher<br />

loin de nos aimables écrans et les effacer de nos mémoires enfermées<br />

dans quelques « clés » ou disques durs.<br />

Et pourtant, toutes les machines de nos villes ne supposent-elles pas<br />

des investissements discrets, une <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong> d’autant plus effacée<br />

qu’elle est indispensable, facilement oubliée pour nous lancer dans nos<br />

rêves sans réalité ? Les médecins connaissent ces maladies qui ne<br />

<strong>vie</strong>nnent pas de notre nature, mais des rythmes de nos <strong>vie</strong>s artificielles.<br />

Du chaud et du froid, nous faisons l’expérience à peine sortons-nous<br />

du lit, « alors que nous ne sommes pas encore complètement éveillés au<br />

monde », note de Gramont. Des éléments de base nous sont donnés de<br />

sorte que nous pouvons en profiter en nous souciant d’autre chose, surtout<br />

des succès de nos volontés de puissance. Il nous arrive heureusement

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