16.10.2019 Views

La vie quotidienne. Esquisses philosophiques

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme. Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme.
Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Préface<br />

9<br />

instant après un autre instant. Un pas de danse, seul, puis un autre<br />

pas, encore seul, sans partenaire constant. Notre temps est décousu,<br />

et nos corps découpés. Reste un parfum, subtil ou fragile, d’une vérité<br />

humblement humaine et encore à accomplir.<br />

En ville, où tout le monde veut vivre, il n’y a plus d’étoiles, mais<br />

des lampions qui balancent leurs lumières artificielles. Tout le monde<br />

court pour y vivre et y survivre. Tout y va vite, déjà bien avant les<br />

« portables ». Avec ceux-ci, nous devons maintenant être accessibles<br />

partout, toujours dans la lumière pour répondre à tout instant dans<br />

l’instant aux sollicitations intempestives, inattendues et aussi impératives<br />

qu’inutiles. Les commerçants de « nouvelles » ou même<br />

d’« alertes » déjà <strong>vie</strong>illies, de « temps réel », ont imposé leur non-temporalité<br />

à notre culture. <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong> nous épuise aujourd’hui,<br />

semble-t-il. Jérôme de Gramont ne croit cependant pas que le quotidien<br />

soit seulement comme ça. Ses ouvrages sur les commencements,<br />

ou plutôt sur les paroles du commencement 1 , sont bien connus. Le<br />

quotidien a un autre poids que celui que nous imposent les marchés<br />

des communicateurs professionnels. Le philosophe peut vivre en ville<br />

où tout doit courir, mais lui en résistant, sans courir et surtout en<br />

ouvrant grand les yeux sur notre humanité, avec tendresse.<br />

Les eaux coulent vite sous les ponts, de plus en plus vite. Héraclite<br />

ne l’avait sans doute pas prévu. Pour lui, il suffisait de noter que, de<br />

toute façon, c’est le même fleuve qui <strong>vie</strong>nt des monts et qui court<br />

ensuite vers la mer. Héraclite aurait-il eu le temps de penser et de<br />

façonner ses aphorismes ou fragments si les eaux coulaient trop vite<br />

au cœur de sa ville ? Cela n’a rien à voir. À Éphèse, il semble d’ailleurs<br />

qu’il n’y ait pas de fleuve capricieux, au cours imprévisible. Avant de<br />

dire : « panta rhei », « tout coule », peu importe le débit des eaux, le<br />

philosophe s’assied et réfléchit. Héraclite a réfléchi, comme nous et<br />

sans doute mieux que nous, en laissant monter dans son esprit<br />

des questions en apparence anodines, mais pourtant essentielles :<br />

« Pourquoi cette hâte de la ville ? Dans quel but ? » « Ce n’est qu’à<br />

force d’une longue réflexion que soudain la lumière se fait », signale<br />

de Gramont dans les pages qui suivent. En fait, les questions<br />

1.¥J. de Gramont, L’entrée en philosophie. Les premiers mots, Paris, L’Harmattan<br />

(Ouverture philosophique), 1999.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!