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La vie quotidienne. Esquisses philosophiques

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme. Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

Les rélexions de ce livre, initialement des chroniques radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous entraînent à sentir les pulsations de la vie, à voir en nous les traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier autant qu’anonyme.
Quarante «exercices philosophiques» sont proposés ici sur des thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur, le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience, la fidélité...

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<strong>La</strong> <strong>vie</strong><br />

<strong>quotidienne</strong><br />

JÉRÔME DE GRAMONT<br />

<strong>Esquisses</strong> <strong>philosophiques</strong><br />

donner raison<br />

philosophie


Jérôme DE GRAMONT<br />

<strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong><br />

<strong>Esquisses</strong> <strong>philosophiques</strong><br />

Préface de Paul Gilbert s.j.


Donner raison – philosophie, 72<br />

Une collection dirigée par<br />

Paul Gilbert s.j.<br />

Chez Lessius :<br />

<strong>La</strong> pensée monotone, 2019.<br />

Chez d’autres éditeurs :<br />

Du même auteur<br />

Kant et la question de l’affectivité : lecture de la troisième « Critique », Vrin,<br />

1996.<br />

L’entrée en philosophie : les premiers mots, L’Harmattan, 1999.<br />

Le discours de la <strong>vie</strong> : trois essais sur Platon, Kierkegaard et Nietzsche,<br />

L’Harmattan, 2001.<br />

Blanchot et la phénoménologie : l’effacement, l’événement, De Corlevour,<br />

2011.<br />

Au commencement : parole, regard, affect, Cerf, 2013.<br />

L’appel de la loi, Peeters, 2014.<br />

Kafkabuch : essai, De Corlevour, 2015.<br />

1 re édition :<br />

© Éditions universitaires, Paris, 1991<br />

© 2019 Éditions jésuites<br />

7, rue Blondeau, 5000 Namur (Belgique)<br />

14, rue d’Assas, 75006 Paris (France)<br />

www.editionsjesuites.com<br />

ISBN : 978-2-87299-368-0<br />

D 2019/4255/10


… tout pour moi de<strong>vie</strong>nt allégorie.<br />

Baudelaire, « Le cygne », Les fleurs du mal<br />

Toute image prise au réel de<strong>vie</strong>nt image à penser,<br />

parce qu’elle n’est rien d’autre que le sens incarné,<br />

Idée accomplie dans la chair ou la <strong>vie</strong>.


PRÉFACE<br />

Notre monde pressé est-il si aimable ? L’idée qui semble servir<br />

aujourd’hui de critère pour apprécier nos actions est leur visibilité<br />

— les faire voir comme si elles étaient comme d’une star —, voilà ce<br />

qui est le plus important, mais apparemment aussi le plus facile<br />

puisque les médias ont précisément en cela leur raison d’être, leur<br />

métier. Les étoiles ne s’éteignent jamais, du moins de notre point de<br />

vue de terriens collés à la terre. Nos stars ne s’éteignent jamais, elles<br />

non plus, si du moins elles ne cessent pas de s’agiter, de se faire voir<br />

si possible en scandalisant les « bien-pensants » de tous bords. Les<br />

étoiles illuminent aussi nos journées, mais de loin, Vénus par<br />

exemple, l’étoile du matin ou du soir, selon les heures et toujours la<br />

même. Quelle différence y a-t-il entre les étoiles que nous n’apercevons<br />

plus le jour et celles de la nuit qui couronnent notre ciel ? Toutes<br />

suivent leur rythme, fidèlement à elles-mêmes, de manière si égale<br />

que nous pouvons attendre d’elles qu’elles apparaissent quand et là<br />

où elles nous l’avaient promis — quand et là nous l’aurons calculé.<br />

Mais au fait, ces étoiles n’importent guère pour nos jours, pourvu<br />

qu’elles fassent leur travail selon leur nature et que cela puisse nous<br />

servir quand cela sera nécessaire. Et pourtant, la nuit nous fait peur.<br />

Nous avons besoin de lumière. L’obscurité nous angoisse. Nous ne<br />

savons pas si quelque abîme ne s’ouvrira pas sous nos pas hésitants<br />

quand nous nous lèverons la nuit, sans lumière, sans aucune lune ni<br />

étoiles dès que le ciel s’encombre de nuages. Nous ne savons pas si<br />

nous pourrons faire un pas sans tomber plus bas que la terre et


8 Préface<br />

disparaître dans les espaces infinis d’une nuit sans fin. <strong>La</strong> nuit, nous<br />

avons besoin de lumière, d’étoiles et de lune, mais surtout de stars<br />

agitées.<br />

Le soleil va heureusement se coucher tous les soirs, et il re<strong>vie</strong>ndra<br />

plus ou moins tôt le lendemain, comme prévu. Par bonheur aussi, il<br />

va parfois s’éclater dans toutes les mille nuances de rouge que nous<br />

offrent ses crépuscules en feu. Le soleil nous aime bien, nous respecte,<br />

pas seulement parce qu’il nous illumine le jour et nous fait la fête,<br />

mais aussi parce qu’il nous laisse dormir la nuit avec les plantes qui<br />

nous entourent, avec des animaux aussi, parce qu’il invite ce beau<br />

monde à s’endormir sans crainte sous un même toit, et nous nous<br />

reverrons demain matin. Et pourtant nous craignons la nuit. Nous<br />

ne croyons pas trop aux promesses du soleil. Êtes-vous sûrs que<br />

nous nous reverrons demain ? Nous cherchons alors des stars qui<br />

occuperont nos heures creuses, loin de nos angoisses, de nos incertitudes.<br />

Aucune star n’est cependant vraiment stable. Elles vont aussi<br />

toutes se coucher et s’endormir, se blesser parfois, et même mourir.<br />

Du moins celles de chez nous. Celles-là, les étoiles qui sont là-haut,<br />

veillent sur les promesses du soleil, avec grande fidélité et en se pliant<br />

à nos calculs. Mais peut-on vraiment nous fier à elles ? Elles sont aussi<br />

parfois « filantes », comme nos stars, traversant le ciel en un trait<br />

aussi lumineux qu’éphémère, qui nous éclaire très fort, mais pas<br />

longtemps. Les stars de chez nous sont filantes, splendides grâce à la<br />

surprise ou aux scandales qu’elles provoquent dans le monde des<br />

bien-pensants, car elles sont imprenables, mais en laissant aussi<br />

souvent derrière elles une saveur de vanité, d’incohérence. Vivement,<br />

dit-on, qu’en <strong>vie</strong>nnent quelques autres, aussi joyeuses et imprévues,<br />

à jamais imprenables, insaisissables. Mais aussi peu à même de<br />

nous indiquer un chemin qui en vaille longuement la peine. Que<br />

seront-elles ? Nous n’en savons rien aujourd’hui. Tout des stars n’est<br />

cependant pas destiné à passer, leurs gesticulations sans doute, mais<br />

moins leurs poèmes, quelques textes qui émeuvent le cœur, quelques<br />

phrases musicales qui réveillent une vérité au raz de notre humanité<br />

en quête d’être aimée. C’est pourquoi nous ne nous habituerons<br />

jamais aux stars, nous réjouissant lorsqu’elles nous apparaissent,<br />

espérées, mais non pas attendues, l’une après l’autre. Au risque de<br />

l’instant du balancement des corps qui s’agitent à grand bruit. Un


Préface<br />

9<br />

instant après un autre instant. Un pas de danse, seul, puis un autre<br />

pas, encore seul, sans partenaire constant. Notre temps est décousu,<br />

et nos corps découpés. Reste un parfum, subtil ou fragile, d’une vérité<br />

humblement humaine et encore à accomplir.<br />

En ville, où tout le monde veut vivre, il n’y a plus d’étoiles, mais<br />

des lampions qui balancent leurs lumières artificielles. Tout le monde<br />

court pour y vivre et y survivre. Tout y va vite, déjà bien avant les<br />

« portables ». Avec ceux-ci, nous devons maintenant être accessibles<br />

partout, toujours dans la lumière pour répondre à tout instant dans<br />

l’instant aux sollicitations intempestives, inattendues et aussi impératives<br />

qu’inutiles. Les commerçants de « nouvelles » ou même<br />

d’« alertes » déjà <strong>vie</strong>illies, de « temps réel », ont imposé leur non-temporalité<br />

à notre culture. <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong> nous épuise aujourd’hui,<br />

semble-t-il. Jérôme de Gramont ne croit cependant pas que le quotidien<br />

soit seulement comme ça. Ses ouvrages sur les commencements,<br />

ou plutôt sur les paroles du commencement 1 , sont bien connus. Le<br />

quotidien a un autre poids que celui que nous imposent les marchés<br />

des communicateurs professionnels. Le philosophe peut vivre en ville<br />

où tout doit courir, mais lui en résistant, sans courir et surtout en<br />

ouvrant grand les yeux sur notre humanité, avec tendresse.<br />

Les eaux coulent vite sous les ponts, de plus en plus vite. Héraclite<br />

ne l’avait sans doute pas prévu. Pour lui, il suffisait de noter que, de<br />

toute façon, c’est le même fleuve qui <strong>vie</strong>nt des monts et qui court<br />

ensuite vers la mer. Héraclite aurait-il eu le temps de penser et de<br />

façonner ses aphorismes ou fragments si les eaux coulaient trop vite<br />

au cœur de sa ville ? Cela n’a rien à voir. À Éphèse, il semble d’ailleurs<br />

qu’il n’y ait pas de fleuve capricieux, au cours imprévisible. Avant de<br />

dire : « panta rhei », « tout coule », peu importe le débit des eaux, le<br />

philosophe s’assied et réfléchit. Héraclite a réfléchi, comme nous et<br />

sans doute mieux que nous, en laissant monter dans son esprit<br />

des questions en apparence anodines, mais pourtant essentielles :<br />

« Pourquoi cette hâte de la ville ? Dans quel but ? » « Ce n’est qu’à<br />

force d’une longue réflexion que soudain la lumière se fait », signale<br />

de Gramont dans les pages qui suivent. En fait, les questions<br />

1.¥J. de Gramont, L’entrée en philosophie. Les premiers mots, Paris, L’Harmattan<br />

(Ouverture philosophique), 1999.


10 Préface<br />

<strong>philosophiques</strong> ne concernent pas le seul but de nos courses exténuantes,<br />

elles considèrent surtout, comme toutes les sciences d’ailleurs, les causes,<br />

c’est-à-dire ce qui <strong>vie</strong>nt avant le but en le rendant possible. <strong>La</strong> question<br />

philosophique chez les auteurs classiques est moins un « pour-quoi ?»<br />

qu’une interrogation sur la cause, comme déclarent les manuels de<br />

philosophie, ou pour mieux dire : sur l’origine, « à partir de quoi ? »,<br />

« où et comment cela a-t-il commencé ? ». En cela, la philosophie n’est<br />

pas chez elle dans le « temps réel » de nos smartphones. Mais personne<br />

ne se recueille dans ce « temps réel ». « L’homme est un être de temps<br />

et non de l’immédiat », écrit de Gramont.<br />

Cette dernière manière de questionner met en évidence un aspect<br />

du questionnement sans lequel le « pour-quoi ? » ne se poserait même<br />

pas. « À cause de quoi ? » signifie que nous avons oublié l’origine, le<br />

point de départ, ce « à partir de quoi ». Cet oublié est pourtant pratiqué,<br />

effectué. Comment « être » sans lui ? L’oubli prétend ôter l’encom -<br />

brement du passé que nous traînons derrière nous afin de nous élancer<br />

librement, yeux bandés et tête baissée, vers quelque futur, sans attention<br />

pour le temps qui passe, pour le passé qui est pourtant encore là, pour<br />

le futur que nous imaginons anticiper, mais que nous ne pouvons que<br />

rêver selon les règles du présent. Passé insupportable, qui nous colle à<br />

la peau et que nous tentons de rejeter pour nous jeter librement dans<br />

l’inconnu, dans un futur sans chronologie impérative que nous aurions<br />

à respecter coûte que coûte, mais que nous déclarons pouvoir faire venir<br />

ici et tout de suite. Il suffit d’un « clic » pour créer des mondes, pour lier<br />

des amitiés imaginaires et errantes, et un autre « clic » pour les lâcher<br />

loin de nos aimables écrans et les effacer de nos mémoires enfermées<br />

dans quelques « clés » ou disques durs.<br />

Et pourtant, toutes les machines de nos villes ne supposent-elles pas<br />

des investissements discrets, une <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong> d’autant plus effacée<br />

qu’elle est indispensable, facilement oubliée pour nous lancer dans nos<br />

rêves sans réalité ? Les médecins connaissent ces maladies qui ne<br />

<strong>vie</strong>nnent pas de notre nature, mais des rythmes de nos <strong>vie</strong>s artificielles.<br />

Du chaud et du froid, nous faisons l’expérience à peine sortons-nous<br />

du lit, « alors que nous ne sommes pas encore complètement éveillés au<br />

monde », note de Gramont. Des éléments de base nous sont donnés de<br />

sorte que nous pouvons en profiter en nous souciant d’autre chose, surtout<br />

des succès de nos volontés de puissance. Il nous arrive heureusement


Préface<br />

11<br />

d’être rappelés à l’ordre par notre corps, quand par exemple nos « clics »<br />

rendent douloureuses les articulations de nos bras et de nos doigts,<br />

quand notre dos exige des sièges qui le soutiennent mieux afin de ne<br />

pas rendre encore plus compliqués nos projets et travaux indéfiniment<br />

ouverts à futur à construire tout de suite. Un vaste monde d’humbles<br />

réalités, disposées à être oubliées ou tenues pour rien, donne appui à<br />

nos combats afin que nous puissions nous réaliser. Nous venons de commencements<br />

sans lesquels nous serions dans l’impossibilité d’inventer<br />

et de nous projeter sereinement dans un futur inconnu. Ces commencements,<br />

souvent muets, sont à la source du sens. Il importe aujourd’hui<br />

de soutenir un pari, lira-t-on dans les premières pages du livre de Jérôme<br />

de Gramont, « qui lie la promesse du sens à l’entreprise d’un recommencement<br />

radical ».<br />

Dans un style d’une extraordinaire limpidité, <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong><br />

propose des esquisses de grande santé. L’auteur n’ignore rien des<br />

luttes de nos <strong>vie</strong>s, de nos tensions entre ce à partir de quoi nous<br />

sommes devenus et ce que nous voudrions faire de nous. Les réflexions<br />

qui suivent, relativement brèves, expression d’une réflexion indicative<br />

plutôt qu’apodictique — mais comment pourraient-ils en être autrement<br />

? —, ont une vertu de révélation, ou de maïeutique. Elles nous<br />

entraînent à sentir les pulsations de la <strong>vie</strong>, à voir en nous les traces<br />

du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à nous laisser<br />

mettre hors de nous par autrui. Elles nous conduisent jusqu’à l’attitude<br />

de la prière. Elles appellent la mémoire ensevelie sous les urgences<br />

de nos productions. Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a<br />

rien à voir avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles<br />

nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien nourricier<br />

autant qu’anonyme. Même quand les maux nous assiègent, le regard<br />

sur ces soutiens quotidiens et discrets nous donne de quoi ne pas nous<br />

effondrer dans l’éphémère et l’échec. <strong>La</strong> <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong> est pleine<br />

de richesses inaperçues, occultées seulement quand nous nous abandonnons<br />

au rythme effréné que nous impose notre monde actuel,<br />

dans lequel cependant nous ne sommes pas obligés de nous perdre.<br />

Jérôme de Gramont nous fait regarder et mieux voir d’où naît le sens<br />

au cœur de ce même monde.<br />

paul gilbert s.j.


AVANT-PROPOS<br />

« Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre que dans toutes<br />

vos philosophies » (Shakespeare). Paradoxalement, ce mot acerbe<br />

d’Hamlet, prince de Danemark, tourne aussi à l’éloge de la philo -<br />

sophie : seul l’esprit peut se détourner de l’abstraction de ses idées<br />

pour retourner auprès des choses, seule la pensée peut rendre au<br />

monde l’hommage de ses descriptions patientes, seul le logos peut<br />

considérer les phénomènes afin d’en déchiffrer le propre sens. Et si<br />

la philosophie n’est pas ce mouvement tournant de retour aux choses<br />

mêmes — ici comme ciel et comme terre, mais peut-être aussi plus<br />

secrètement comme vis-à-vis nécessaire de la terre et du ciel — alors<br />

il nous faut l’abandonner et en réinventer l’Idée. Qu’est-ce donc<br />

que penser, sinon parier qu’avec des mots, et ces constellations de<br />

mots devenant œuvres ou livres, nous pouvons retrouver les choses,<br />

celles-là mêmes qui pourtant ne nous ont jamais quittés ?<br />

Dès lors, s’il est une tâche de la pensée, elle ne peut s’écarter de<br />

cette stricte description d’une expérience primitive à laquelle accède<br />

chaque être vivant. Et peut-être le monde de la <strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong> nous<br />

livre-t-il déjà tout ce que le philosophe a à dire — à cette réserve<br />

près pourtant de sa traduction dans le langage, et l’on devine que<br />

ce n’est pas peu. Le regard d’Hamlet constatant la réalité du ciel et<br />

de la terre pressent bien des vérités qu’il ne sait dire pourtant, et<br />

qu’il appartient au seul Shakespeare de formuler. De même, que<br />

demander au philosophe sinon de rendre à cette expérience première,<br />

mais muette encore, son expression plus exacte, ou de


14 Avant-propos<br />

convertir ces expressions encore indistinctes qui composent la<br />

matière de toute <strong>vie</strong> de conscience en ces œuvres de langage qui<br />

sont aveux de la réalité, et peut-être du sens.<br />

Tel est bien le travail de pensée que, sous le nom de phéno -<br />

ménologie, Husserl décrivait en 1929 : « C’est l’expérience pure et,<br />

pour ainsi dire muette encore, qu’il s’agit d’amener à l’expression<br />

pure de son propre sens 1 . » C’était là dresser le programme d’un<br />

travail aussi humble qu’ambitieux, humble par ce retour à l’étoffe<br />

la plus primitive des choses (qui est aussi retour au monde de notre<br />

<strong>vie</strong> <strong>quotidienne</strong>), ambitieux par sa volonté d’y retrouver, partout,<br />

le sens.<br />

Cette pensée est aussi un pari, qui lie la promesse du sens à<br />

l’entre prise d’un re-commencement radical. C’est pourquoi il lui<br />

appartient de répéter l’expérience qui est celle de l’enfant dans une<br />

œuvre qui est celle du langage. Sachons entendre l’enfant qui dort<br />

en nous et s’émerveille du monde à son état naissant. Phénomé -<br />

nologie : science de l’enfant-roi, miracle recomposé de ce premier<br />

regard, au matin de la présence, comme s’il nous était donné de<br />

ressaisir le premier mot d’une expérience devenue depuis si familière.<br />

<strong>La</strong> philosophie est ici l’art de considérer le monde familier<br />

comme s’il nous redevenait, un moment, étrange ou nouveau.<br />

« Les belles choses que nous écrirons si nous avons du talent sont<br />

en nous, indistinctes, comme le souvenir d’un air, qui nous charme<br />

sans que nous puissions en retrouver le contour, le fredonner, ni<br />

même en donner un dessin quantitatif, dire s’il y a des pauses, des<br />

suites de notes rapides 2 . » Elles sont en nous, ou en tout homme qui<br />

est notre semblable, mais silencieuses encore, indistinctes, enfouies<br />

dans les profondeurs d’une conscience si souvent insensible à ses<br />

propres richesses, et c’est le miracle de l’art ou le travail de la pensée<br />

1.¥Edmund Husserl, Méditations Cartésiennes, § 16, Paris, Vrin, 1969, p. 33.<br />

Il y a là une formule que Maurice Merleau-Ponty n’aura cessé de méditer tout au<br />

long de son œuvre, notamment entre l’Avant-propos de la Phénoménologie de la<br />

perception (de 1945) et les notes de travail relatives aux ultimes travaux (voir Le<br />

visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1964, p. 250s, notes datées de 1959). Pour<br />

un commentaire de cette formule et de sa réception, voir tout le chapitre VI de<br />

Jacques Taminiaux, Le regard et l’excédent, <strong>La</strong> Haye, Martinus Nijhoff, 1977.<br />

2.¥Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, Paris, Gallimard, 1987, p. 307.


Avant-propos<br />

15<br />

que de savoir les dire, d’en retrouver le contour, le dessin : la<br />

mélodie.<br />

Quant aux pages que nous rassemblons ici, elles constituent<br />

autant d’exercices de la pensée. Écrites pour la radio (exactement<br />

pour l’émission Le cabinet du philosophe sur Radio Notre-Dame),<br />

elles s’adressaient d’abord à un public de non-philosophes. Mais<br />

s’il n’est pas dit que le philosophe est toujours indemne à l’égard<br />

de la naïveté, ceux qui auront trouvé dans ces esquisses l’occasion<br />

de méditer auront bel et bien cessé d’habiter le monde silencieux<br />

de l’existence immédiate. Autant dire qu’ils auront commencé<br />

d’habiter le monde de la philosophie de la seule manière qui soit<br />

possible, celle de l’exercice.


LE (MONDE) QUOTIDIEN<br />

Le philosophe n’aurait rien à dire s’il ne commençait par révoquer<br />

le monde quotidien. Philosopher, c’est penser de cette manière<br />

étrange et déracinante qui nous demande d’abord de tout aban -<br />

donner de nos habitudes de pensée. D’où cette impression que le<br />

philosophe laisse parfois, de s’exprimer dans une langue étrangère<br />

à l’intérieur pourtant de sa propre langue maternelle. Cette étrangeté<br />

doit avoir sa nécessité. À quoi bon en effet des penseurs, si<br />

le bon sens suffit à expliquer le monde ? Mais il faut imaginer que<br />

le bon sens n’épuise pas la raison humaine, et qu’il reste bien des<br />

questions qui passent sa mesure.<br />

C’est que le monde ambiant sans cesse parcouru par l’expérience<br />

<strong>quotidienne</strong> ne s’identifie pas tout à fait à ce que nous appelons<br />

proprement le monde : comment en aurait-il les dimensions ?<br />

Comment réduire l’univers à la taille d’une ville ou d’un de ses<br />

quartiers ? Xa<strong>vie</strong>r de Maistre est l’auteur de ce livre au titre déjà<br />

étonnant : Voyage autour de ma chambre (1795). L’expérience<br />

<strong>quotidienne</strong> est-elle jamais capable de voyager plus loin, elle qui ne<br />

va au bout de la rue, pour acheter son pain ou le journal, qu’en vue<br />

de consommer tous ces produits à l’intérieur de sa maison. Elle qui<br />

ne va à l’étranger, ne prend l’avion et ne visite les antipodes que<br />

pour jouir ensuite dans sa mémoire de ces quelques moments<br />

d’exotisme, ou contempler chez elle ces quelques photographies<br />

arrachées au loin. Copernic ou Galilée auront parlé en vain, pour<br />

l’expérience <strong>quotidienne</strong> il n’y a d’autre centre du monde que son


En lecture partielle…


INDEX DES NOMS CITÉS<br />

Abel : 190<br />

Abraham : 163<br />

Adam : 32, 61<br />

Alain : 25, 80, 93, 97, 106, 112, 130,<br />

133, 138, 167, 211<br />

Anaxagore : 135<br />

Anaximandre : 161<br />

Andersen, Hans Christian : 31<br />

Angelus Silesius : 26<br />

Archiloque : 115<br />

Arendt, Hannah : 165, 195<br />

Aristote : 19, 35, 46, 48, 53, 55, 83,<br />

96, 131, 135-137, 160, 205, 206,<br />

209, 211<br />

Artagnan (d’) : 158<br />

Athéna : 60<br />

Augustin, saint : 111<br />

Axelos, Kostas : 109, 204<br />

Balthasar, Hans Urs von : 194<br />

Balzac, Honoré de : 74<br />

Baudelaire, Charles : 5, 21, 23, 31,<br />

62, 90, 99, 100, 101-103, 110, 211<br />

Beaufret, Jean : 140<br />

Beckett, Samuel : 37<br />

Bégout, Bruce : 215<br />

Bergson, Henri : 23, 73, 142<br />

Bernard, Charles-André : 203<br />

Bernard de Clairvaux, saint : 52<br />

Bettelheim, Bruno : 174<br />

Binswanger, Ludwig : 36<br />

Blanche-Neige : 169, 174<br />

Blanchot, Maurice : 4, 20, 27, 33, 58,<br />

115, 116, 153, 181, 199, 204<br />

Bollack, Jean : 109<br />

Bonnefoy, Yves : 103, 115<br />

Borch-Jacobsen, Mikkel : 43<br />

Boucles d’or : 174, 175<br />

Bourguet, Vincent : 211<br />

Boutroux, Émile : 111<br />

Breton, Stanislas : 185<br />

Burke, Edmund : 170<br />

Carrive, Paulette : 100<br />

Celan, Paul : 107, 137<br />

Cézanne, Paul : 126, 127, 141<br />

Char, René : 23<br />

Chrétien, Jean-Louis : 22, 33, 61, 62,<br />

116, 117, 122, 194<br />

Christine de Suède : 142<br />

Claudel, Paul : 141<br />

Cléopâtre : 36<br />

Colléony, Jacques : 20<br />

Concile de <strong>La</strong>tran : 181


218 Index des noms cités<br />

Copernic, Nicolas : 17<br />

Courtine, Jean-François : 92, 181<br />

Crusoé, Robinson : 68<br />

Dante : 215<br />

Delhomme, Jeanne : 27, 28, 180<br />

Derrida, Jacques : 43, 149<br />

Descartes, René : 26, 68, 98, 142, 157,<br />

170, 178<br />

Dreyer, Carl Theodor : 183<br />

Du Bouchet, André : 105<br />

Dufour-Kowalska, Gabrielle : 86<br />

Dumas, Alexandre : 159<br />

Dürer, Albrecht : 168<br />

Épiméthée : 60<br />

Escoubas, Éliane : 127<br />

Ève : 61<br />

Fédier, François : 115<br />

Fénelon : 38, 39<br />

Ferry, Luc : 163<br />

Fichte, J.G. : 163<br />

Fink, Eugen : 84<br />

Flaubert, Gustave : 79, 80<br />

Franck, Didier : 149<br />

Galilée : 17, 127<br />

Goethe, J.W. von : 21, 111, 162<br />

Granel, Gérard : 127<br />

Granger, Gilles-Gaston : 206<br />

Greisch, Jean : 214<br />

Haar, Michel : 149<br />

Hamlet : 13<br />

Hegel, G.W.F. : 46, 57, 62, 64, 105,<br />

209<br />

Heidegger, Martin : 20, 26, 28, 36, 63,<br />

69, 70, 84, 110, 122, 136, 140, 147-<br />

149, 152, 181, 184, 195, 203, 206<br />

Henry, Michel : 56, 75, 86<br />

Héphaïstos : 60<br />

Héraclite : 9, 19, 20, 84, 109, 115, 204<br />

Hérode : 21<br />

Hölderlin, Friedrich : 122, 147<br />

Homère : 64<br />

Husserl, Edmund : 14, 146, 168, 170,<br />

171, 181, 184, 201, 214, 215<br />

Isaac de l’Étoile : 66<br />

Iseult : 158, 181<br />

Jaccottet, Philippe : 117<br />

Janicaud, Dominique : 64<br />

Jankélévitch, Vladimir : 23, 142, 161,<br />

188, 190<br />

Job : 32<br />

Joubert, Joseph : 41, 59, 82<br />

Jüngel, Eberhard : 210<br />

Kafka, Franz : 21<br />

Kandinsky, Vassily : 201<br />

Kant, Emmanuel : 4, 34, 62, 68, 95,<br />

96, 100, 102, 103, 112, 173, 211<br />

Kierkegaard, Sören : 4, 31, 49<br />

Klee, Paul : 201<br />

<strong>La</strong>coste, Jean-Yves : 44, 169, 171<br />

<strong>La</strong> Fontaine, Jean de : 109<br />

<strong>La</strong>gneau, Jules : 26, 136, 210, 211<br />

Lefort, Claude : 81<br />

Leibniz, G.W : 31<br />

Leroux, Gaston : 159<br />

Levinas, Emmanuel : 20, 33, 47, 50,<br />

52, 54, 57, 61, 65, 66, 76, 86, 96,<br />

107, 122, 137, 155, 179, 183, 184,<br />

189, 191<br />

Lichtenberg, Georg Christoph : 32<br />

Lupin, Arsène : 32<br />

Mac-Mahon, Patrice de : 105<br />

Maine de Biran : 186<br />

Maistre, Xa<strong>vie</strong>r de : 17<br />

Maldiney, Henri : 142, 200<br />

Malevitch, Kasimir : 197-201<br />

Malherbe : 210<br />

Mallarmé, Stéphane : 193<br />

Marion, Jean-Luc : 206<br />

Martineau, Emmanuel : 92, 199<br />

Marx, Karl : 56, 70, 75, 86, 164


Index des noms cités<br />

219<br />

Méphistophélès : 162<br />

Merleau-Ponty, Maurice : 14, 19, 43,<br />

81, 141, 164, 173-176, 195<br />

Modigliani, Amedeo : 183<br />

Molière : 74<br />

Mondrian : 201<br />

Muglioni, Jean-Michel : 99<br />

Nabert, Jean : 191<br />

Napoléon : 32<br />

Nietzsche, Friedrich : 4, 34, 38, 80,<br />

158, 161, 189<br />

Novalis : 203<br />

Pascal, Blaise : 22, 36, 39, 51, 55,<br />

110, 153, 157, 177, 191, 209<br />

Patocka, Jan : 74<br />

Paul, saint : 71<br />

Pernet, Alain : 140<br />

Picard, Max : 183<br />

Platon : 4, 32, 33, 42, 59, 60, 67, 74,<br />

81, 109, 129, 132, 137, 157, 158,<br />

161-164, 170, 178<br />

Poe, Edgar Allan : 159<br />

Prométhée : 60<br />

Proust, Marcel : 14, 179, 186, 214<br />

Quichotte, Don : 157<br />

Ravaisson, Félix : 211<br />

Roannez, Charlotte de : 51<br />

Rodtchenko, Alexandre : 198<br />

Rousseau, Jean-Jacques : 96, 163<br />

Rubens, Pierre Paul : 103<br />

Saint-Exupéry, Antoine de : 129<br />

Schelling, F.W.J. von : 23, 92, 102,<br />

139, 140, 169<br />

Segalen, Victor : 21<br />

Shaftesbury (comte de) : 100<br />

Shakespeare, William : 13<br />

Socrate : 67, 74<br />

Sophocle : 75<br />

Straus, Erwin : 36, 91, 120, 122, 123,<br />

141, 147<br />

Stroheim, Erich von : 74<br />

Super<strong>vie</strong>lle, Jules : 108<br />

Taminiaux, Jacques : 14, 57<br />

Taraboukine, Nikolaï : 198<br />

Thalès : 109-111<br />

Tilliette, Xa<strong>vie</strong>r : 102<br />

Toutankhamon : 129<br />

Tristan : 158, 181<br />

Ulysse : 162<br />

Valéry, Paul : 151<br />

Van Gogh, Vincent : 183<br />

Vetö, Miklos : 162<br />

Vildrac, Charles : 213<br />

Villon, François : 161<br />

Wenders, Wim : 64<br />

Wittgenstein, Ludwig : 206<br />

Wissmann, Heinz : 109<br />

Worringer, Wilhelm : 201


TABLE DES MATIÈRES<br />

Préface, par Paul Gilbert ………………………………………… 7<br />

Avant-propos ……………………………………………………… 13<br />

Le (monde) quotidien …………………………………………… 17<br />

<strong>La</strong> <strong>vie</strong> brève ……………………………………………………… 21<br />

L’existence ………………………………………………………… 25<br />

Le sommeil ………………………………………………………… 31<br />

<strong>La</strong> maladie ………………………………………………………… 35<br />

<strong>La</strong> naissance ……………………………………………………… 41<br />

<strong>La</strong> paternité ……………………………………………………… 45<br />

Le bonheur ………………………………………………………… 51<br />

<strong>La</strong> nourriture ……………………………………………………… 55<br />

Le vêtement ……………………………………………………… 59<br />

<strong>La</strong> maison ………………………………………………………… 63<br />

<strong>La</strong> ville et la campagne …………………………………………… 67<br />

L’argent …………………………………………………………… 73<br />

Le beau et le mauvais temps ……………………………………… 79<br />

Le chaud et le froid ……………………………………………… 83<br />

Le paysage ………………………………………………………… 89<br />

<strong>La</strong> promenade …………………………………………………… 95<br />

Le poète et la mer ………………………………………………… 99<br />

<strong>La</strong> montagne ……………………………………………………… 105<br />

Le ciel ……………………………………………………………… 109<br />

Le jour et la nuit …………………………………………………… 115<br />

Éloge des sens …………………………………………………… 119<br />

<strong>La</strong> couleur ………………………………………………………… 125


222 Table des matières<br />

<strong>La</strong> voix …………………………………………………………… 129<br />

<strong>La</strong> main …………………………………………………………… 135<br />

Le regard ………………………………………………………… 139<br />

L’animal …………………………………………………………… 145<br />

<strong>La</strong> conversation …………………………………………………… 151<br />

Le roman (policier) ……………………………………………… 157<br />

<strong>La</strong> nostalgie ……………………………………………………… 161<br />

Le conte de fées …………………………………………………… 167<br />

Le premier récit …………………………………………………… 173<br />

L’alter ego ………………………………………………………… 177<br />

Le visage …………………………………………………………… 183<br />

<strong>La</strong> mauvaise conscience …………………………………………… 187<br />

<strong>La</strong> fidélité ………………………………………………………… 193<br />

Malevitch ………………………………………………………… 197<br />

<strong>La</strong> prière …………………………………………………………… 203<br />

Conclusion. Le nécessaire ………………………………………… 209<br />

Postface à la 2 e édition …………………………………………… 213<br />

Index des noms cités ……………………………………………… 217<br />

Table des matières ………………………………………………… 221


Achevé d’imprimer en octobre 2019<br />

sur les presses de la Nouvelle Imprimerie <strong>La</strong>ballery<br />

58500 Clamecy<br />

Dépôt légal : octobre 2019<br />

Numéro d’impression : 910378<br />

Imprimé en France<br />

<strong>La</strong> Nouvelle Imprimerie <strong>La</strong>ballery est titulaire de la marque Imprim’Vert®


Les réflexions de ce livre, initialement des chroniques<br />

radiophoniques, ont une vertu de révélation. Elles nous<br />

entraînent à sentir les pulsations de la <strong>vie</strong>, à voir en nous les<br />

traces du monde qui nous entourent, à habiter nos sens, à<br />

nous laisser mettre hors de nous par autrui. Elles nous<br />

conduisent jusqu’à l’attitude de la prière. Elles appellent la<br />

mémoire ensevelie sous les urgences de nos productions.<br />

Elles nous invitent à une paix intérieure qui n’a rien à voir<br />

avec un recourbement narcissique sur nous-mêmes. Elles<br />

nous ramènent à nos sources, vécues dans un quotidien<br />

nourricier autant qu’anonyme.<br />

40 «exercices <strong>philosophiques</strong>» sont proposés ici sur des<br />

thèmes aussi variés que le sommeil, la naissance, le bonheur,<br />

le vêtement, la ville et la campagne, le beau et le mauvais<br />

temps, le paysage, la mer, le ciel, la couleur, le regard, la<br />

conversation, la nostalgie, le visage, la mauvaise conscience,<br />

la fidélité…<br />

Jérôme DE GRAMONT, est professeur de philosophie à l’Institut<br />

catholique de Paris. Il a publié une dizaine d’ouvrages, dont<br />

parmi les plus récents: Au commencement: Parole, Regard,<br />

Affect (Cerf, 2013), Kafkabuch (De Corlevour, 2015). En même<br />

temps que cet ouvrage, nous publions <strong>La</strong> pensée monotone.<br />

Le préfacier, Paul GILBERT, jésuite, est professeur émérite de<br />

métaphysique à l’Université Grégorienne de Rome. Il a notamment<br />

publié chez Lessius: <strong>La</strong> patience d’être: métaphysique<br />

(1996) et Le don: amitié et paternité (avec S. Petrosino, 2003).<br />

ISBN :978-2-87299-368-0<br />

9 782872 993680<br />

18 €<br />

www.editionsjesuites.com<br />

Illustration: Paul Cézanne, <strong>La</strong> baie de Marseille vue de l’Estaque, vers 1885, Art Institute, Chicago.

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