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NOUVELLES DE JÉRUSALEM - Automne 2019

Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. En voici le deuxième numéro couleurs en ligne. Les articles alternent français et anglais. The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Here is the second color edition online. Articles are sometimes in French sometimes in English.

Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. En voici le deuxième numéro couleurs en ligne. Les articles alternent français et anglais.

The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Here is the second color edition online. Articles are sometimes in French sometimes in English.

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Nouvelles de Jérusalem<br />

Lettre aux amis de l’École biblique<br />

et archéologique française<br />

N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong><br />

École<br />

biblique e<br />

archéolog<br />

française<br />

Jérusalem


A Dominican Biblical institute housed at the priory of St Stephen<br />

since 1890, the École biblique et archéologique française de<br />

Jérusalem welcomes students and researchers from all over the<br />

world and offers them a unique study experience.<br />

The École thus continues the project of its founder, Father Marie-<br />

Joseph Lagrange: to study the Bible in the land of the Bible, to<br />

bring together both ‘document’ and ‘monument’ in an academically<br />

rigorous way. To do this, the École offers an exceptional study<br />

environment:<br />

Specialised library<br />

International team of teacher-researchers<br />

Regular visits to archaeological sites<br />

Fraternal atmosphere to foster dialogue<br />

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France: associationdesamis@ebaf.edu<br />

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Bank: CIC<br />

Account holder: Couvent des dominicains à Jérusalem<br />

Branch code: 30066 - Sort code: 10041<br />

Account number: 00011282301 - RIB key : 77<br />

IBAN : FR76 30066 10041 00011282301 77<br />

(BIC) : CMCIFRPP<br />

École biblique et archéologique française de Jérusalem<br />

Nablus road 83-85 -POB 19053 -IL 911 9001 Jerusalem<br />

Tél. : 972 2 626 44 68 ext 238 - Fax. : 972 2 628 25 67<br />

www.ebaf.edu - secretariat.ebaf@gmail.com<br />

Couverture : M. Pierre Cochard, consul général de France à Jérusalem, visite les fouilles de<br />

l’EBAF à Gaza en compagnie de fr. Jean-Baptiste Humbert o.p.


Éditorial<br />

Cette année académique 2018-<strong>2019</strong> représente une étape importante<br />

pour plusieurs professeurs arrivés à Jérusalem en 2015 et aussi pour le<br />

directeur de l’École. Occasion de faire un point d’étape et de confirmer<br />

quelques options pour l’avenir. Le présent numéro de Nouvelles de Jérusalem<br />

voudrait associer nos amis à quelques points forts de ce moment<br />

d’évaluation.<br />

L’arrivée de nouveaux professeurs en 2015 a permis à l’EBAF de retrouver<br />

du tonus en matière de recherche, tonus qui se traduit par le dynamisme<br />

des publications, l’essor du programme La Bible en ses traditions,<br />

les Lagrange lectures, un colloque international tenu à l’EBAF en<br />

octobre dernier, etc. En cela, nous suivons les traces d’anciens comme le<br />

frère Francolino Gonçalves à qui un récent colloque à Lisbonne a rendu<br />

hommage, ou le frère Jacques Fontaine, un autre passionné de l’Écriture,<br />

fondateur de la BST (Bible sur le terrain).<br />

Une des expressions de ce tonus renouvelé est l’effort réalisé pour mettre<br />

en place un programme doctoral plus exigeant, plus formateur, ce à quoi<br />

nous a encouragé le conseil scientifique de mai dernier. L’enjeu pour un<br />

doctorant n’est pas seulement de réussir un exercice – la thèse – mais<br />

surtout d’acquérir une culture biblique et théologique.<br />

Tout cela se joue au couvent Saint-Étienne, une communauté de vie où<br />

religieux dominicains, prêtres, laïcs de diverses confessions, parfois non<br />

croyants, partagent le quotidien dans une ville, Jérusalem, où durer et<br />

rester serein est souvent une épreuve.<br />

Merci aux Amis de l’EBAF de nous aider à poursuivre l’aventure.<br />

A stronger professorial team, a more explicit focus on research, a<br />

commitment to the creation of an academic community: these are the<br />

priorities the École Biblique has<br />

identified as this academic year<br />

comes to an end.<br />

Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur de l’École biblique


Partenaires<br />

La contribution de la bibliothèque de l’EBAF<br />

au réseau Bibliothèques d’Orient BnF<br />

La bibliothèque de l’École biblique est entrée en 2017 dans un consortium<br />

de 7 bibliothèques patrimoniales et de recherche du pourtour méditerranéen,<br />

lancé par la Bibliothèque nationale de France (BnF) et intitulé Bibliothèques<br />

d’Orient. L’idée est de mettre en commun le patrimoine culturel<br />

sur l’Orient dont disposent ces bibliothèques et de le rendre accessible<br />

au plus grand nombre via le portail Gallica de la BnF. Un colloque a eu<br />

lieu à la BnF le 22 mars dernier destiné à tirer un premier bilan : bilan très<br />

positif comme le montre la candidature de plusieurs autres bibliothèques<br />

prestigieuses, françaises (BULAC, ICP) et étrangères (Harvard, Columbia,<br />

New York public library). Pour en savoir plus : https://heritage.bnf.fr/<br />

bibliothequesorient/fr/homepage<br />

L’École biblique a largement<br />

contribué en donnant près de 400<br />

photographies et cartes anciennes.<br />

Les photographies choisies sont<br />

en majorité des reproductions de<br />

prises de vues sur plaques de verre,<br />

figurant sites archéologiques et<br />

scènes de la vie quotidienne au<br />

début du XXe siècle.<br />

4<br />

Le fonds cartographique, constitué<br />

petit à petit par les pères dominicains<br />

en fonction des nécessités<br />

liées aux cours et aux excursions,<br />

paraît de prime abord d’un intérêt<br />

moins évident : réuni dans un but<br />

utilitaire, il rassemble une collection<br />

diverse et souvent lacunaire<br />

d’objets dont l’aspect physique n’a<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


pas toujours été épargné par les<br />

atteintes du temps.<br />

Il constitue néanmoins un témoin<br />

important des premiers temps de<br />

l’École. Ces cartes, instrument<br />

de travail quotidien des premiers<br />

pères, ont en effet accompagné<br />

leurs excursions dans tout le<br />

Proche-Orient, à un âge où l’archéologie<br />

du Levant est un domaine<br />

en pleine expansion, ouvert<br />

aux grandes découvertes et aux innovations.<br />

Les résultats de ces recherches<br />

sont illustrés par certaines<br />

cartes tracées de la main même des<br />

pères dominicains, en particulier<br />

le père Louis-Hugues Vincent, et<br />

destinées à être publiées dans des<br />

monographies spécialisées ou des<br />

articles de la Revue Biblique.<br />

L’état de conservation des cartes<br />

est également significatif : nombre<br />

d’entres elles portent ainsi des<br />

annotations manuscrites telles que<br />

tracés d’excursions ou ajout de<br />

courbes topographiques. Les traces<br />

de punaises signalent l’emploi de<br />

certaines cartes pour l’enseignement,<br />

et la consolidation de certaines<br />

autres à l’aide de supports<br />

en toile, sans compter la présence<br />

occasionnelle d’antiques taches de<br />

café, sont un indice de leur utilisation<br />

sur le terrain.<br />

géologiques et les cartes d’état-major<br />

du Mandat britannique figent<br />

dans le temps l’état du territoire<br />

et son découpage géopolitique<br />

d’alors. Les cartes de pèlerinage ou<br />

« destinées à l’étude de la Bible »<br />

montrent quant à elles la progression<br />

de l’archéologie à une époque<br />

marquée par un effort de localisation<br />

des lieux bibliques.<br />

Les multiples évolutions de la ville<br />

de Jérusalem tiennent également<br />

une grande place dans le fonds. On<br />

y trouve ainsi un plan montrant les<br />

tracés hypothétiques de ses murs<br />

successifs, et un autre qui recense<br />

les toponymes arabes de la Vieille<br />

Ville, transmis par la tradition orale.<br />

D’autres encore, au travers de projets<br />

d’urbanisme qui n’ont jamais<br />

vu le jour, immortalisent d’autres<br />

versions imaginaires de Jérusalem<br />

telle qu’elle aurait pu exister.<br />

Ces documents, par leur histoire et<br />

leur contenu, sont une fenêtre ouverte<br />

sur le passé, un cliché qui fixe<br />

l’image des territoires du Levant à<br />

une époque donnée.<br />

Marie Bordillon<br />

Bibliothécaire<br />

Au-delà de ces exemples, les informations<br />

recensées sur les cartes


Scientifique<br />

A Lagrange lecture by professor Walter Moberly<br />

On 10 th April Walter Moberly from<br />

Durham University gave a Lagrange<br />

lecture which proposed a new reading<br />

of Ps 82.<br />

The first two parts of the lecture<br />

touched briefly on the psalm’s<br />

uniqueness (its genre escapes an<br />

unproblematic classification) and<br />

examples of conventional religio-historical<br />

readings of this text (a<br />

passage from heno- to monotheism).<br />

Afterward, some of the text’s challenges<br />

were exposed: a puzzling use<br />

of the appellation ʾělōhîm (seemingly<br />

for both sides of the argument);<br />

two silences: lack of a language of<br />

“one” God against “many” or “different”<br />

gods and no mention of the<br />

Tetragrammaton (yhwh). The answer<br />

to both problems may be that<br />

the Hebrew Bible also sometimes<br />

uses ʾělōhîm for generic reasons.<br />

The main part of the lecture was a<br />

real exegetical tour de force. In v. 1<br />

the psalmist implicitly presents himself<br />

as a prophet with access to the divine<br />

assembly. Vv. 2-4 define justice<br />

as “preferential option for the poor”.<br />

Vv. 6-7 employs an idiom ʾāmartî<br />

… ʾāḵēn. It states something seemingly<br />

true, which is later disqualified<br />

and corrected. Therefore – in light of<br />

vv. 2-4 – the poem states that justice<br />

is intrinsic to the divinity. Ubi iustitia,<br />

Deus ibi est, to quote the lecturer.<br />

Moberly’s reading has also a bearing<br />

on the genre of the psalm. He calls it<br />

a heavenly scenario aiming to shape<br />

(mundane) thoughts and actions in<br />

accordance with them.<br />

Prof. Moberly is to be congratulated<br />

for giving a thought-provoking and<br />

deep lecture that will be remembered<br />

for long.<br />

Fr. Jakub Bluj, OP<br />

Doctorant à l’École biblique


Grandes figures<br />

Jacques Fontaine o.p. : la Bible et la Terre<br />

Jacques Fontaine s’est éteint à Jérusalem<br />

en mars <strong>2019</strong>. Né en 1921 et<br />

dernier d’une famille nombreuse,<br />

il était entré chez les dominicains<br />

en 1941 et fut ordonné en 1948. En<br />

1953, il passa une année à l’École<br />

biblique de Jérusalem, ce qui lui<br />

valut de finir par une traversée poussiéreuse<br />

de la Turquie, à moto, sur les<br />

traces de St Paul ; ce fut épique, et il<br />

ignorait que c’était prémonitoire.<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong><br />

Revenu en France, il se joignit à la<br />

« roulotte biblique » d’un autre dominicain,<br />

Philippe Dagonet (1919-<br />

1982), parcourant en tous sens la<br />

France et la Belgique. Il dut arrêter<br />

en 1959, à cause d’un ulcère à<br />

l’estomac. Il mit à profit une année<br />

de convalescence pour se plonger<br />

dans l’hébreu biblique. C’est ainsi<br />

que Jacques rejoignit début 1960 la<br />

Maison St-Isaïe, qu’un autre dominicain,<br />

Bruno Hussar (1911-1996),<br />

venait de créer à Jérusalem-Ouest.<br />

Depuis 1947, l’État d’Israël avait<br />

donné une visibilité neuve aux Juifs<br />

et Bruno était arrivé en 1954 avec<br />

le projet d’organiser une Église<br />

d’expression hébraïque, c’est-àdire<br />

fondée sur l’une des « langues<br />

de la croix » et de favoriser des relations<br />

entre Juifs et Chrétiens, ce<br />

qui était très neuf.<br />

7


Il se mit rapidement à l’hébreu moderne<br />

et se montra à l’Université<br />

hébraïque de Jérusalem, où son habit<br />

blanc fit une certaine sensation,<br />

comme d’ailleurs celui de Marcel<br />

Dubois, arrivé en 1962. Pourtant,<br />

il vit rapidement qu’il n’était pas<br />

fait pour des matières aussi simples<br />

que la philosophie ou la théologie<br />

spéculative et il trouva que le<br />

judaïsme talmudique avait compliqué<br />

inutilement la Bible. Toujours<br />

anxieux et volontiers ironique, il<br />

n’aimait guère les conventions, et<br />

chercha longuement comment sortir<br />

des sentiers battus, surtout dans<br />

cette Terre sainte si compliquée,<br />

pleine de barrières.<br />

Après la guerre des Six-Jours, en<br />

67, ces barrières s’effacèrent, et il<br />

devint possible de parcourir tout<br />

le pays, depuis les sables du Sinaï<br />

jusqu’aux neiges du Mont Hermon.<br />

Il suivit alors pendant 18 mois le<br />

programme complet de l’école des<br />

guides israélienne, axée sur l’archéologie<br />

et la nature.<br />

Se souvenant que les lieux saints,<br />

manifestement ignorés de saint<br />

Paul, s’étaient peu à peu formés<br />

à partir de stations de pèlerins, il<br />

voulut reprendre une démarche<br />

analogue : parcourir le pays Bible<br />

en main, en mettent les pieds dans<br />

les traces des pas d’Abraham, de<br />

Moïse ou de Jésus, et sans perdre<br />

de vue les invectives des Prophètes.<br />

Bien entendu, cela s’est fait peu<br />

à peu : essais à dos de chameau,<br />

puis parcours à moto ; avec des<br />

groupes, la vie au grand air durant<br />

3 semaines a laissé des souvenirs<br />

inoubliables.<br />

C’est ainsi qu’est né le sigle BST<br />

ou « Bible sur le terrain », avec un<br />

schéma trinitaire très simple : Dieu<br />

le Père au Sinaï, le Fils en Galilée,<br />

et l’Esprit à Jérusalem avec la Pentecôte.<br />

Lorsque le Sinaï fut rendu à<br />

l’Égypte, à partir de 1981, des kilomètres<br />

de Jeep furent remplacés par<br />

des marches à pied. Ces tournées se<br />

faisaient pendant le semestre allant<br />

de la Pâque à la fête des Tentes, printemps<br />

et été. En automne et hiver, la<br />

BST devenait « Bible sous Terre »,<br />

avec un petit groupe plus durable :<br />

lectures bibliques intensives dans<br />

une cave, conçues comme le cœur<br />

d’une liturgie permanente. Jacques<br />

se voyait comme un « rabâcheur de<br />

textes », mais tel était bien son lien<br />

avec Dieu, au fil de l’eau, sans fioritures,<br />

et peu importait qu’il chante<br />

faux. Un peu perdu à la fin de sa vie,<br />

il avait gardé le goût et la mémoire<br />

des psaumes. L’enseignement de<br />

Jacques est conservé sur :<br />

http://www.biblesurleterrain.net<br />

Fr. Étienne Nodet, o.p.<br />

Professeur à l’École biblique


Scientist<br />

Archaeological researches in Galilee<br />

Galilee with its lovely green hills<br />

and glistening lake, ever charms<br />

pilgrims and changes how they read<br />

the Scriptures. What archeologists<br />

find deep beneath this beautiful<br />

landscape, however, is presently<br />

changing scholars’ encounter with<br />

the biblical text. An extraordinary<br />

boom in archeological research in<br />

Galilee is underway.<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong><br />

Most well-known are the ongoing<br />

excavations at Magdala, which started<br />

in 2007. Other fascinating sites<br />

are continually coming to light in the<br />

region, however. Several years after<br />

the start of digging at Magdala, for<br />

instance, a field survey discovered<br />

evidence of a previously unrecognized<br />

Roman town just to the east<br />

in the Ginosar Valley, possibly corresponding<br />

to one of the unlocated<br />

local toponyms, e.g. Dalmanoutha<br />

(Mark 8:10). Again, in a paper published<br />

this year (<strong>2019</strong>), the team<br />

working at Tel Rekhesh announced<br />

the discovery of the first, first-century<br />

rural (non-urban) synagogue,<br />

in the context of a Roman farming<br />

villa. Such finds, together with other<br />

related sites like Khirbet Wadi<br />

Hamam and Huqoq, contribute to an<br />

increasingly accurate picture of the<br />

mission field of Jesus.<br />

While the sumptuous synagogue of<br />

Magdala with its mysterious stone<br />

has gathered much of the attention,<br />

one of the most significant perspectival<br />

changes suggested by the excavations<br />

concerns the economic<br />

conditions of first century Galilee.<br />

Whereas much recent scholarship<br />

focused upon the socio-economic<br />

circumstances of the region, the popular<br />

model of extreme poverty and<br />

politically-based economic oppression<br />

that often emerged (with the resulting<br />

proto-Marxist Jesus) is now<br />

being contested. We have always<br />

known that Jesus drew disciples<br />

from among the regional fisherman,<br />

so the significance of a robust fishing<br />

industry is central to this discussion.<br />

9


Here archeological work in Galilee<br />

has built upon recent scholarship on<br />

ancient fishing to suggest how lower<br />

Galilee, particularly the towns and<br />

villages near the lake, participated in<br />

and profited from a significant Mediterranean-wide<br />

economy.<br />

During Jesus’ time, catching, breeding,<br />

and salting fish was a developed<br />

industry and supplied important<br />

products, from the cured fish itself<br />

(salsamentum) to pastes and sauces,<br />

like garum, an expensive delicacy<br />

consumed by the Roman elite. The<br />

demand for such goods was enough<br />

to support extensive production<br />

and fish-bone remains in Palestine<br />

especially during the Roman era,<br />

indicating increased consumption.<br />

Magdala here fits perfectly within<br />

a changing perception of the wider<br />

economy of Roman-era fishing,<br />

which now recognizes the existence<br />

of other similar small-scale urban<br />

fish production sites throughout the<br />

empire (e.g. in Pompeii). While<br />

centers like Magdala do not compare<br />

with the larger installations<br />

located on the coasts, together with<br />

other neighboring fishing communities<br />

the city represents a significant<br />

regional commercial power. Clearly<br />

it lived from an energetic interest<br />

in freshwater fishing.<br />

Modest organized cooperatives<br />

seem to have been the basic economic<br />

unit, and it is interesting that the<br />

same Greek word used for Peter’s<br />

partners in Luke 5:5 (μέτοχοι) also<br />

appears in a dedicatory inscription to<br />

Poseidon made by a small (11-man)<br />

fishing guild on the Sea of Marmara.<br />

Thus, the business model scholars<br />

now accept envisions considerable<br />

working-class proprietorship and<br />

does not correspond to the state-regulated<br />

operation proposed by earlier<br />

scholars, in which licensing and<br />

commerce was tightly controlled by<br />

deputed Roman tax agents (τελώναι)<br />

with onerous duties and fees. Customs<br />

were paid, but only on what<br />

entered the market to be sold. Food<br />

kept for the fisherman’s family, like<br />

the situation of empty nets, was<br />

justly accounted for in the system.<br />

Tax collectors and fishers evidently<br />

shared enough common economic<br />

interests that we know of at least one<br />

case where the fishermen financed<br />

the tax agents’ customs’ house.<br />

The prosperity that this all brought<br />

is evident. The well-endowed synagogue,<br />

public harbor, multiple large<br />

residences (“mansions”) with paved<br />

mosaic floors, and the many shops<br />

(boasting an impressive plumbing<br />

system), all suggest Magdala was<br />

an important, well-to-do commune.<br />

Authorized market weights and the<br />

many coins found on the site, mostly<br />

from the Hasmonean and Herodian<br />

periods, also attest to the city as a<br />

lively, organized place of exchange.<br />

It is difficult to estimate how heavy<br />

10 Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


the trade traffic from lower Galilee<br />

in the direction of the wider world<br />

might have been. Competition with<br />

open-sea fishing and other regional<br />

centers is unlikely. But clearly, cities<br />

like Sepphoris were supplied in significant<br />

part by fish (and presumably<br />

related products) from the lake. We<br />

should similarly imagine some daily<br />

commerce, via the Jordan, with the<br />

great inland metropolis of Jerusalem.<br />

The fishing economy animating<br />

communities like Jesus’ hometown<br />

of Capharnaum was thus not a mere<br />

survival activity, nor was the region<br />

an isolated cultural enclave.<br />

Many towns profited from the economic<br />

activity stimulated by the<br />

richly stocked lake. The site of El-<br />

Araj (Bet HaBek) currently being<br />

excavated at a gorgeous, secluded<br />

spot where the twisting Jordan flows<br />

into the lake, provides evidence of<br />

this local wealth. Identified as Bethsaida—literally<br />

“house of fishing”—<br />

by excavator Mordechai Aviam<br />

after limited digging, it displays<br />

clear signs of “luxury” architecture:<br />

namely, Roman baths with graceful<br />

columns and mosaics. The conventional<br />

site for Bethsaida, Et-Tell,<br />

lying just northeast and somewhat<br />

problematically far from the shore,<br />

yielded nothing to compare with this<br />

urban sophistication and affluence,<br />

though nets and fishing weights<br />

were uncovered. The livelihood of a<br />

whole network of local communities<br />

was clearly supported by the sea—<br />

yet often at a standard of living higher<br />

than was previously understood.<br />

Josephus recounts that Herod Philip<br />

raised Bethsaida to a polis, renaming<br />

it Julias for the mother of Tiberius.<br />

In light of recent discoveries<br />

in El-Araj, there is reason to believe<br />

that the home of Peter, Andrew, and<br />

Philip might have indeed boasted<br />

the benefits of a Roman lifestyle, as<br />

Josephus suggests, in part through<br />

the same system of imperial flattery<br />

and patronage that magnified the<br />

nearby city of Tiberias—famously<br />

never mentioned in the Gospels.<br />

Once-countenanced theories of Jesus’<br />

supposed avoidance of Tiberias<br />

for its association with Caesar’s<br />

house or his eschewing of sites with<br />

a clear Roman affinity should now<br />

be definitively rejected. Without<br />

exaggerating the cosmopolitan character<br />

of first century life in lower<br />

Galilee—obviously a humble, laboring<br />

society in many ways—the<br />

economic prosperity and civilizing<br />

influence of Rome reached deep into<br />

the world of first century Jews. The<br />

suggestion can no longer be entertained<br />

that Jesus went fishing for his<br />

disciples in an underclass of impoverished,<br />

absolute rustics, untouched<br />

by the wider imperial Greco-Roman<br />

milieu. Perhaps he even caught<br />

some in Julias’ waters.<br />

Fr. Anthony Giambrone, OP<br />

Professor at the École biblique


Projets<br />

Dictionnaire Jésus<br />

À la demande des Éditions Robert<br />

Laffont, La Bible en ses traditions<br />

a collaboré cette année à la<br />

rédaction d’un Dictionnaire Jésus.<br />

Fr. Renaud Silly o.p., à qui a été<br />

confiée la direction du projet, Florence<br />

Louvet et moi-même, avons<br />

passé trois mois à l’École biblique<br />

afin de collecter les notes de la<br />

BEST, rechercher des informations<br />

et rédiger les entrées pour réaliser<br />

cette œuvre qui sera publiée dans<br />

la collection Bouquins.<br />

Ce dictionnaire biographique a<br />

pour objectif de faire entrer le lecteur<br />

dans l’intelligence complète<br />

de la personne de Jésus. Il ne s’agit<br />

pas de présenter ce qui a été dit de<br />

lui, mais Jésus lui-même, tel qu’il<br />

s’est révélé et reste présent encore<br />

aujourd’hui. L’enjeu de ce projet<br />

est de présenter sa vie dans la Palestine<br />

du 1 er siècle, en tenant compte<br />

du contexte dans lequel il a grandi<br />

et exercé son ministère, en précisant<br />

les sources par lesquelles cette<br />

connaissance nous est parvenue, et<br />

en considérant l’impact qu’il a eu<br />

sur le monde et nos conceptions de<br />

Dieu et de l’homme. La méthode<br />

retenue est celle des biographies<br />

antiques qui s’efforcent de définir<br />

les personnages à travers ce qu’ils<br />

disent et ce qu’ils font. Puisque<br />

Jérusalem a été le sanctuaire de la<br />

mort et de la résurrection du Christ,<br />

le lieu de l’envoi des apôtres pour<br />

12<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


porter l’Evangile au monde, il nous<br />

semblait important que ce projet<br />

commence et prenne corps dans la<br />

Ville Sainte.<br />

Comme tout dictionnaire, cet ouvrage<br />

prend la forme d’un recueil<br />

de mots définis et commentés, classés<br />

par ordre alphabétique. Chaque<br />

entrée, sans s’attarder sur des<br />

considérations trop générales, se<br />

rapporte à Jésus. Ces entrées présentent<br />

les personnes qu’il a rencontrées,<br />

les lieux qu’il a visités,<br />

ses enseignements, les événements<br />

qu’il a vécus, mais aussi ses préfigurations<br />

et les institutions qu’il<br />

a fondées. Et puisque la personne<br />

du Christ ne cesse de dévoiler<br />

son mystère à travers l’histoire de<br />

l’Église, le dictionnaire s’efforce<br />

de le scruter par les développements<br />

de la théologie qu’il suscite<br />

et continue d’inspirer. Accompagnées<br />

de références bibliques, de<br />

compléments bibliographiques et<br />

de renvois, les entrées dessinent<br />

tout un parcours à travers le dictionnaire.<br />

Le lecteur pourra ainsi à<br />

son gré emprunter les chemins de<br />

lecture de son choix pour découvrir<br />

le visage du Christ. Les entrées<br />

seront complétées par des cartes de<br />

la Palestine et de Jérusalem au 1 er<br />

siècle, en tenant compte des dernières<br />

découvertes archéologiques.<br />

sans le travail monumental réalisé<br />

par les chercheurs qui ont collaboré<br />

au programme de recherche<br />

La Bible en ses traditions. Cette<br />

publication est une façon de mettre<br />

à la disposition du grand public une<br />

partie de la somme considérable de<br />

science ordonnée qu’ils ont réunie.<br />

Comme la Bible sur le terrain du<br />

fr. Jacques Fontaine o.p. permettait<br />

de faire connaître plus largement<br />

les découvertes scientifiques de<br />

l’École biblique en pérégrinant sur<br />

les pas du Christ en Terre Sainte,<br />

ce dictionnaire est un moyen de<br />

vulgarisation de la méthode de la<br />

BEST, faisant voyager les lecteurs,<br />

d’entrée en entrée, vers Jésus.<br />

Ce livre est destiné à tous ceux,<br />

croyants ou non, qui cherchent à<br />

découvrir qui est véritablement<br />

Jésus, et à ceux qui, pasteurs, catéchistes<br />

ou tout simplement baptisés,<br />

qui désirent le faire connaître.<br />

Bien que la rédaction du Dictionnaire<br />

Jésus ne soit pas encore achevée,<br />

le travail effectué est prometteur,<br />

et nous espérons voir ce livre<br />

arriver bientôt chez vous.<br />

Sr Marie Reine<br />

Dominicaine<br />

La publication du Dictionnaire<br />

Jésus n’aurait pu être envisagée


Spiritualité<br />

Notre-Dame Reine de Palestine<br />

Sanctuaire de ‘Deir Rafat’<br />

Le Patriarche Latin de Jérusalem,<br />

Luigi Barlassina (1872-1947), a<br />

ordonné la construction du Sanctuaire<br />

Notre-Dame Reine de Palestine<br />

en 1927, dans un lieu qui<br />

contient des écrits et des souvenirs<br />

chrétiens très anciens. C’est un lieu<br />

qu’il a voulu pour la rencontre.<br />

Rencontre entre la sainteté du lieu<br />

et la communauté locale, entre le<br />

passé et le présent, entre la prière et<br />

le travail, entre les pèlerins étrangers<br />

et les pèlerins locaux et entre<br />

les chrétiens et les non chrétiens 1 .<br />

Notre-Dame de Palestine est la<br />

patronne principale du diocèse<br />

patriarcal de Jérusalem et aussi<br />

de l’Ordre des Chevaliers et des<br />

Dames du Saint Sépulcre.<br />

Situé dans le terrain de Deir Rafat,<br />

le sanctuaire se trouve à mi-chemin<br />

entre Tel Aviv et Jérusalem. Le mot<br />

‘Deir’ en arabe signifie ‘couvent’,<br />

tandis que le nom ‘Rafat’, signifie<br />

‘les cadavres’, ce qui rappelle le<br />

grand nombre de tombeaux qui se<br />

trouvent dans cette région. Quant à<br />

1 - Cf. l’introduction rédigée par celui qui<br />

est actuellement le Vicaire patriarcal latin à<br />

Jérusalem et en Palestine, Mgr. Giacinto-Boulos<br />

MARCUZZO, pour un petit livret sur le<br />

Sanctuaire, qui est paru en Italien et fut traduit<br />

ensuite en Arabe en 1999.<br />

14<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


la vallée qui s’étend devant le sanctuaire,<br />

elle porte le nom de ‘Soreq’,<br />

qui signifie ‘rouge’, rappelant le<br />

raisin rouge que cette terre produit<br />

généreusement.<br />

Dans la Bible, ce lieu est surtout lié<br />

à l’histoire de Samson (cf. Juges<br />

15, 4-5), et il est aussi lié à l’histoire<br />

de David, car à 5 kilomètres<br />

de Rafat, se trouve la ville de Beit<br />

Shemesh, bâtie sur les reste de la<br />

ville ancienne par où passa l’Arche<br />

de l’Alliance (Cf. Samuel 6, 1 – 18).<br />

La région contient aussi les traces<br />

d’une présence chrétienne qui<br />

remonte à l’époque Byzantine,<br />

surtout à Beit Gemal (maison de<br />

Gamaliel), situé à 6 kilomètres du<br />

Sanctuaire. Selon la tradition, c’est<br />

là-bas que les reliques du premier<br />

martyr chrétien, saint Étienne,<br />

furent conservées pendant quatre<br />

siècles.<br />

En 1933, le Saint-Siège a reconnu<br />

officiellement le titre de « Reine<br />

de Palestine » (Regina Palestinae),<br />

que porte toujours ce lieu de pèlerinage.<br />

Et le patriarche Barlassina a<br />

dû composer, bien avant cela, probablement<br />

depuis 1920, la fameuse<br />

prière à Notre-Dame Reine de<br />

Palestine, qui appelle la protection<br />

de la Vierge sur Sa Terre natale, et<br />

que beaucoup de chrétiens locaux<br />

continuent à réciter en bien des occasions,<br />

en public comme en privé.<br />

Après avoir été pour longtemps<br />

une école technique pour les garçons<br />

pauvres, puis une école pour<br />

les filles pauvres ou orphelines,<br />

et ensuite une maison pour les retraites<br />

spirituelles, le sanctuaire a<br />

finalement été confié par le Patriarcat<br />

Latin, en 2009, au soin des moniales<br />

de la Famille monastique de<br />

Bethléem, de l’Assomption de la<br />

Vierge et de saint Bruno (les Sœurs<br />

de Bethléem).<br />

Après quelques changements dans<br />

la date de la célébration, la fête<br />

est aujourd’hui célébrée lors du<br />

dimanche le plus proche du 25<br />

octobre. Ce jour-là, les pèlerins<br />

affluent de partout en Terre sainte<br />

vers le sanctuaire : paroissiens,<br />

prêtres, séminaristes, religieux, religieuses<br />

et même certains pèlerins<br />

étrangers de passage ; afin de participer<br />

à la Messe Pontificale que<br />

préside normalement le Patriarche<br />

Latin de Jérusalem en l’honneur de<br />

la Vierge Marie, Reine de Palestine<br />

et de la Terre sainte, cette terre<br />

qui est tellement assoiffée, encore<br />

aujourd’hui, de justice et de paix.<br />

Firas ABEDRABBO<br />

Diacre palestinien


Rencontre<br />

Interview des frères Peeters<br />

Qui êtes-vous et que sont les éditions<br />

Peeters ?<br />

Nous sommes deux frères, Paul<br />

et Luc Peeters, et nous sommes<br />

la cinquième génération d’imprimeurs,<br />

libraires et éditeurs Peeters.<br />

L’histoire de notre maison familiale<br />

a commencé en 1856 à Louvain,<br />

où nous avions une imprimerie<br />

située à côté de la bibliothèque<br />

universitaire. En 1960, notre père<br />

a repris l’entreprise, qui était à la<br />

16<br />

fois imprimerie, librairie et maison<br />

d’édition, et lui a donné un ton plus<br />

« orientaliste », c’est-à-dire spécialisée<br />

dans les langues orientales,<br />

l’égyptologie, la Bible, l’archéologie…<br />

Il s’agit d’un champ académique<br />

et d’un marché de niche<br />

très spécifique, mais nos clients se<br />

trouvent dans le monde entier !<br />

A partir des années 70, la société<br />

a été divisée en deux sociétés dis-<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


tinctes : une imprimerie et une maison<br />

d’édition/librairie.<br />

Quel est votre lien avec l’École<br />

biblique ?<br />

Les relations ont commencé entre<br />

notre père et le père Marie-Émile<br />

Boismard o.p. en 1980, puis se sont<br />

intensifiées, suite à nos rencontres<br />

lors des différents congrès sur les<br />

études bibliques, notamment la Society<br />

of Biblical Literature (SBL),<br />

et la European Association of Biblical<br />

Studies (EABS), colloques<br />

qui réunissent les éditeurs et les<br />

chercheurs.<br />

C’est en 2015 que notre maison<br />

a repris l’édition de la Revue<br />

biblique, ce qui a été une étape<br />

importante. Aujourd’hui, nous<br />

sommes l’éditeur officiel de<br />

l’École biblique. En 2018, nous<br />

avons publié cinq volumes dans la<br />

collection Études bibliques et trois<br />

dans les Cahiers de la Revue biblique,<br />

et nous publions aussi les<br />

ouvrages de professeurs et anciens<br />

étudiants de l’École biblique...<br />

Nous sommes heureux de venir<br />

tous les ans à Jérusalem, début mai,<br />

pour rencontrer les responsables de<br />

l’École biblique et pour faire le<br />

point sur les éditions à venir. <strong>2019</strong><br />

est une année riche en nouveaux<br />

projets, et nous sommes donc très<br />

optimistes pour la suite des événements<br />

!<br />

Concrètement, quel est le processus<br />

d’édition d’un ouvrage ?<br />

D’abord, on nous soumet un manuscrit<br />

qui est examiné par le comité<br />

éditorial de la collection. Ce<br />

manuscrit peut être accepté tout de<br />

suite, ou soumis à révisions. Après<br />

acceptation, il est envoyé chez<br />

nous, où nous nous occupons, ou<br />

non, de la mise en page (en fonction<br />

du choix de l’auteur), et nous<br />

le publions dans les six mois qui<br />

suivent sa réception.<br />

L’impression en elle-même se<br />

fait en numérique, pour un meilleur<br />

traitement des couleurs, ce<br />

qui est très important dans notre<br />

domaine, pour mettre en valeur les<br />

paysages, les photos d’archéologie,<br />

etc. L’impression est donc de<br />

haute qualité et tous nos livres sont<br />

ensuite cousus.<br />

Nous sommes heureux d’avoir<br />

ajouté les publications de l’École<br />

biblique à notre riche catalogue de<br />

livres et de revues orientalistes.<br />

Propos recueillis par Anne Piot<br />

Chargée de communication


Interview<br />

Sister Luma Khudher OP,<br />

an Iraqi professor of Scripture<br />

Sister Luma, let us start by who<br />

you are.<br />

My name is Luma Khudher. I am<br />

a Dominican Sister of St Catherine<br />

of Siena Iraq. I was born and raised<br />

in Qarqush/ Nineveh - Iraq. I come<br />

from the Syriac Catholic rite so I<br />

grew up speaking Aramaic at home<br />

and worshiping in Syriac in my<br />

hometown, then studied in Arabic!<br />

After graduating from the University<br />

of Mosul and working for a<br />

year, I was sent by my Congregation<br />

to the USA where I studied and<br />

received a Master’s degree from<br />

Catholic Theological Union in<br />

2007 and a Ph.D from Notre Dame<br />

18<br />

University (Indiana) in Christianity<br />

and Judaism in Antiquity, 2012.<br />

Presently, I teach different courses<br />

at Babel College for Philosophy<br />

and Theology in Ankawa- Iraq.<br />

Also, I teach a theology certificate<br />

program in my hometown of Qaraqush<br />

in Nineveh plain. In addition,<br />

I am part of the leadership team in<br />

my Congregation.<br />

Can you tell us about the situation<br />

of Christians in Iraq?<br />

Politically, the situation in Iraq in<br />

general is unclear. We have been<br />

going from one war to another for a<br />

long time and that has affected eve-<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


yone in this country. But because<br />

of the persecution against Christians<br />

especially, we have suffered a great<br />

deal in the past years. We have also<br />

noticed the drastic change in numbers<br />

of Christians in Iraq since 2003<br />

when the US led the coalition forces<br />

against Iraq and changed the regime.<br />

At present, the number of Christians<br />

in Iraq is about 200,000 persons, far<br />

less then it was before. Many church<br />

leaders consider even this number<br />

optimistic after the invasion of ISIS<br />

(Islamic State of Iraq and the Levant)<br />

in parts of Iraq in 2014.<br />

Our situation today is the result<br />

of the events of the past six years.<br />

Christians experienced displacement<br />

for three years due to the<br />

advance of ISIS to the Christians<br />

towns. The years of displacement<br />

were very hard, people had to flee<br />

their homes unexpectedly so they<br />

left everything behind. They suffered<br />

in the new places in every possible<br />

way. We thank God that the<br />

church was able to save the lives of<br />

many people.<br />

After the defeat of ISIS in 2017,<br />

we were able to return to our destroyed<br />

towns and we started rebuilding<br />

and restoring what was left of<br />

the towns, and many families have<br />

returned to these towns since then.<br />

ISIS has been defeated in Iraq, but<br />

the ISIS ideology is still alive in<br />

many people’s minds and hearts.<br />

To defeat and change that ideology<br />

in people who lived under the occupation<br />

of ISIS is not an easy task.<br />

ISIS destroyed not only the country<br />

but also families and values.<br />

The experience of the past years<br />

challenged our faith. We had to<br />

rediscover the meaning of being a<br />

Christian in Iraq. Our mission is to<br />

be a sign of peace and hope in this<br />

torn country. As a Congregation,<br />

we have been focusing on education<br />

to rebuild the country and raise<br />

the level of education in the country<br />

after many years of struggle and<br />

war. Our goal is to provide the<br />

young generation with a place of<br />

reconciliation and healing.<br />

What is your link to the École biblique<br />

and why are you coming<br />

soon?<br />

I was given the opportunity to<br />

teach different courses at the École<br />

for two consecutive fall semesters<br />

in 2014 and 2015. This year I was<br />

asked to take part in the jury of a<br />

doctoral defense of the thesis of Fr.<br />

Kevin Stephens. I wish success to<br />

everyone who works and studies<br />

here at the École biblique. I pray<br />

that God may fill this community<br />

with His wisdom and the joy of learning<br />

and living the Word of God.<br />

Propos recueillis par Anne Piot<br />

Chargée de communication<br />

19


Colloque<br />

Colloque de Lisbonne<br />

en hommage à Francolino Gonçalves<br />

La tâche que Claudine Dauphin<br />

(CNRS et University of Wales)<br />

et Ana Valdez (Université de<br />

Lisbonne) se sont imposée dès<br />

le lendemain du décès du frère<br />

Francolino Gonçalves, professeur<br />

dominicain de l’EBAF, membre<br />

de la Commission biblique pontifical,<br />

n’était pas des plus simples :<br />

organiser en deux ans un Symposium<br />

international pour honorer<br />

la mémoire de notre frère dans sa<br />

terre natale. Elles ont réussi, et Lisbonne,<br />

printanière et ensoleillée,<br />

a vu se rencontrer, pendant trois<br />

jours de travail intense (20-22 mai<br />

<strong>2019</strong>), la famille d’origine de Francolino,<br />

les dominicains portugais,<br />

nombre d’amis et collègues et les<br />

disciples qui ont profité de ses dernières<br />

années d’enseignement.<br />

Le Colloque a eu lieu dans les locaux<br />

de l’Université de Lisbonne,<br />

de l’Université dite « Neuve » et<br />

du Couvent des dominicains. Étant<br />

donnés les presque 50 ans de présence<br />

de Francolino à Jérusalem,<br />

ses multiples collaborations avec<br />

l’EPHE, les Universités d’Europe,<br />

d’Amérique Latine et du Canada,<br />

et, last but not least, le nombre des<br />

travaux qu’il a accompagnés ou dirigés,<br />

les contributions des savants<br />

invités ont eu du mal à couvrir tous<br />

ses intérêts : de la toponymie historique<br />

à l’archéologie de la Palestine,<br />

de la littérature prophétique à<br />

la théologie politique, de sa découverte<br />

d’un « double yahvisme »<br />

dans l’AT à l’histoire ancienne du<br />

Moyen Orient.<br />

20 Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


L’École biblique était représentée<br />

par cinq de ses membres : Martin<br />

Staszak (Le degré d’alphabétisation<br />

de la Gola babylonienne et des<br />

gens du pays : les textes bibliques<br />

et les sources cunéiformes) qui a<br />

aussi assuré les conclusions à la<br />

fin du Symposium, Émile Puech<br />

(Les ostraca de Lakish et le prophète<br />

Jérémie), Lukasz Popko<br />

(Why does the Masoretic Text insist<br />

that Moses was ‘the Servant of the<br />

Lord’?), Paul-Marie F. Chango (Un<br />

double yahvisme au fondement de<br />

la dénonciation des injustices sociales<br />

en Am 2,6-16 : le yahvisme<br />

basé sur la théologie créationnelle<br />

et le yahvisme fondé sur l’élection)<br />

et Paolo Garuti (Le rôle des textes<br />

prophétiques dans la définition de<br />

la ‘nouvelle alliance’ selon l’Épître<br />

aux Hébreux).<br />

Parmi les amis et collègues nous<br />

voulons citer : Thomas L. Thompson<br />

(Toponymie Palestinienne and<br />

a Regional History of Palestine),<br />

Arnaud Sérandour (Rapports entre<br />

les livres d’Esdras et de Néhémie,<br />

en hébreu et en grec, avec le livre<br />

de Jérémie), Hedwige Rouillard-<br />

Bonraisin (Détruire et reconstruire<br />

les villes chez les prophètes hébraïques),<br />

Ingrid Hjelm (The Provenance<br />

of the Hezekiah Narrative<br />

and Its Function within Books of<br />

Kings and Isaiah), Frédéric Manns<br />

(Le quatrième Évangile relit le prophète<br />

Isaïe), Hervé Tremblay (Quel<br />

rôle la disparition des prophètes<br />

bibliques aurait-elle joué dans le<br />

processus de relecture ?), Julio<br />

Trebolle Barrera (Francolino’s<br />

Favourite Books: Kings, Isaiah,<br />

and Jeremiah. The different processes<br />

of composition and edition),<br />

Maria Gorea (Une coupe magique<br />

syriaque inédite), Martin O’Kane<br />

(The Prophet Elijah in Islamic Tradition),<br />

Ana Valdez (From Judah<br />

to Lisbon, from Prophecy to Apocalyptic),<br />

José Augusto Ramos<br />

(Traces d’universalisme de la lex<br />

orandi dans les Psaumes). La jeune<br />

génération était représentée par<br />

Nicola Agnoli (Le motif de l’envoi<br />

des serviteurs de Dieu, les prophètes,<br />

dans le livre de Jérémie :<br />

une formule littéraire en évolution)<br />

et Christophe Lemardelé (Les deux<br />

yahvismes, ou l’apport de Francolino<br />

Gonçalves à l’histoire et à<br />

l’anthropologie du monothéisme<br />

biblique). Ce dernier a présenté<br />

aussi un ouvrage qu’il a voulu dédier<br />

au frère Francolino : Archéologie<br />

de la Bible hébraïque : Culture<br />

scribale et Yahvismes, Oxford, Archaeopress,<br />

<strong>2019</strong>.<br />

Fr. Paolo Garuti, o.p.<br />

Professeur à l’École biblique


Bible<br />

Prixm : 100ème lettre<br />

PRIXM prend ses racines dans le<br />

programme de recherches La Bible<br />

en ses Traditions porté au sein de<br />

l’École. Les fondateurs de cette<br />

newsletter hebdomadaire et gratuite<br />

sont partis d’un constat : le<br />

monde actuel souffre d’un certain<br />

dualisme par rapport aux Écritures.<br />

Nos contemporains les considèrent<br />

souvent comme archaïques<br />

et rétrogrades. Mais dans le même<br />

temps, ils vénèrent nombre de génies<br />

artistiques, qui ont puisé une<br />

partie de leur inspiration dans ces<br />

textes sacrés.<br />

PRIXM essaye donc de dévoiler<br />

les Écritures par le prisme de<br />

la culture tout en faisant découvrir<br />

au grand public de tous les<br />

âges que la culture qu’il aime est<br />

biblique – plus souvent qu’il ne le<br />

pense. L’initiative lancée en 2016<br />

est un grand succès : 123 000 personnes<br />

sont abonnées et, en 2018,<br />

1,2 million de newsletters ont été<br />

lues. Cela place PRIXM parmi les<br />

supports bibliques les plus lus en<br />

France actuellement.<br />

Au-delà de ses exigences intellectuelles,<br />

le projet a pu se déployer<br />

grâce à une triple complémentarité<br />

: laïcs / clercs, universitaires<br />

/ entrepreneurs, jeunes / plus anciens.<br />

Les frères de l’École n’ont<br />

pas hésité à confier la réalisation du<br />

projet à une équipe de jeunes en-<br />

22


trepreneurs et à leur déléguer complètement<br />

un ensemble de compétences<br />

clés qui ne sont pas leur<br />

cœur d’activité : financement, marketing,<br />

conception du produit, développement<br />

technique, design et<br />

même rédaction des contenus. Les<br />

frères ont ainsi pu se concentrer sur<br />

leurs talents propres pour ce projet<br />

: contrôle de l’exigence scientifique<br />

et magistérielle des contenus.<br />

C’est cette alliance qui permet de<br />

fondre l’exigence traditionnelle<br />

de l’École dans les standards modernes<br />

de lecture de contenus par<br />

le grand public. En retour, PRIXM<br />

génère des financements qui permettent<br />

déjà de contribuer à l’effort<br />

de recherche porté au sein du programme<br />

La Bible en ses traditions.<br />

PRIXM arrive au terme de sa troisième<br />

saison, a dépassé la barre des<br />

100 numéros produits et des 2 millions<br />

de lecture.<br />

On peut distinguer quelques<br />

grandes lignes éditoriales. Le projet<br />

veut déjà se situer en dehors des<br />

questions d’actualité ou de polémique.<br />

Si son enjeu est de dévoiler<br />

les racines bibliques de notre<br />

culture, PRIXM veut se situer hors<br />

de l’écueil identitaire : il ne s’agit<br />

pas d’une œuvre de revendication<br />

mais de recherche et de découverte.<br />

PRIXM est surtout centré sur les<br />

Écritures qui constituent le cœur<br />

battant du projet. L’objectif principal<br />

est de montrer combien ses<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong><br />

textes sont un creuset d’intelligence,<br />

une richesse inépuisable et<br />

une parole actuelle, non dépassée.<br />

Quelques grands thèmes récurrents<br />

ont traversés les deux saisons : le<br />

lien indéfectible entre les deux testaments,<br />

la nécessité de connaître<br />

le premier pour pouvoir lire le<br />

deuxième, l’inépuisable richesse<br />

constituée par la tradition juive pour<br />

accéder à bien des sens, la christologie<br />

qui traverse toute l’Écriture, la<br />

lutte contre tout fondamentalisme,<br />

l’exigence de découvrir la lettre de<br />

ces ouvrages sans laquelle l’interprétation<br />

se perd dans bien des fantaisies,<br />

l’importance de la tradition<br />

pour une herméneutique ajustée.<br />

Tous ces thèmes, finalement très<br />

traditionnels, sont abordés avec un<br />

ton résolument accessible et vivant.<br />

Si ce ton peut paraître impertinent<br />

à certains égards, il n’a pas pour<br />

but de choquer mais de continuer<br />

à faire vivre un trésor que se sont<br />

transmis bien des générations. Il y<br />

a dans cette œuvre collective une<br />

volonté que n’auraient pas reniée<br />

les Pères : pouvoir transmettre une<br />

Parole que nous croyons divine<br />

en rentrant en dialogue avec notre<br />

époque, et en essayant de trouver<br />

un langage nouveau pour des textes<br />

qui portent la trace de l’Éternel.<br />

Nicolas Chatain<br />

Membre de l’équipe Prixm<br />

23


Échos du conseil scientifique de l’EBAF<br />

Comme toute institution à caractère<br />

académique, l’École biblique<br />

s’appuie sur un conseil scientifique,<br />

réuni tous les ans. En sont<br />

membres : divers universitaires,<br />

souvent biblistes, qui nous apportent<br />

l’expérience de leur propre<br />

université : Paris (Institut catholique),<br />

Strasbourg, Louvain, Angelicum<br />

et Biblicum (Rome) ; un<br />

prieur provincial et un régent des<br />

études qui nous aident à avoir un<br />

lien avec les provinces dominicaines<br />

; un représentant d’une autre<br />

institution académique dominicaine<br />

(actuellement la Commission<br />

Léonine) et, bien sûr, l’assistant du<br />

Maître de l’Ordre pour la vie intellectuelle.<br />

Diverses questions ont été passées<br />

en revue durant le conseil scientifique<br />

de cette année qui a eu lieu à<br />

Jérusalem le 10 mai :<br />

- Le renforcement du corps professoral<br />

de l’École : les recrutements<br />

qui ont eu lieu il y a 4 ans et plusieurs<br />

promotions intervenues cette<br />

année nous permettent de bénéficier<br />

d’un corps professoral plus<br />

solide : 2 professeurs ordinaires, 6<br />

professeurs extraordinaires, 4 chargés<br />

de cours et 2 assistants, auxquels<br />

s’ajoutent 3 professeurs émérites<br />

encore actifs et 3 professeurs<br />

invités réguliers. Nous devons<br />

néanmoins poursuivre l’effort dans<br />

certains domaines (Nouveau testament,<br />

archéologie).<br />

- L’évolution du programme doctoral<br />

que nous nous efforçons de<br />

rendre plus exigeant et plus formateur.<br />

Nous avons été encouragés<br />

par nos partenaires à continuer<br />

cette réforme.<br />

- La mise en place de procédures<br />

d’évaluation qui stimulent la recherche.<br />

En un mot, les observations et suggestions<br />

du dernier conseil scientifique<br />

ont constitué pour nous un<br />

encouragement chaleureux à chercher<br />

l’excellence.<br />

Fr. Jean Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur de l’École biblique


Freind’s association<br />

Canadian Friends of the École biblique<br />

The Canadian Friends of the École<br />

biblique began in 1995 when Dr.<br />

William Klassen, a newly-retired<br />

professor of New Testament, was<br />

hired by the École to help launch<br />

an international campaign to raise<br />

money to replace its century-old library.<br />

That year, he established the<br />

Canadian Friends.<br />

Thanks to support from across<br />

Canada and globally, the fundraising<br />

campaign was a success – and<br />

the dank, dark, aging library was<br />

transformed into a modern research<br />

facility with climate controls and<br />

state-of-the-art shelving, lighting<br />

and work stations, with the essential<br />

support of the E.U.<br />

In 2003, the Canadian Friends<br />

looked for new ways to support the<br />

École biblique, continuing to affirm<br />

its leadership role in biblical<br />

studies and archeology. The annual<br />

CFEB Scholarship Program was<br />

born, offering assistance to Canadian<br />

graduate students and professors<br />

wishing to study or do research<br />

at the École. Since then, the CFEB<br />

has offered more than 35 scholarships<br />

worth $160,000. When these<br />

students and professors return<br />

home, they help raise the profile<br />

of the École in both English and<br />

French-speaking Canada.<br />

The CFEB also raises funds for<br />

book acquisitions, technological<br />

innovations and computer updates<br />

for the library, and support for Canadian<br />

academics to teach at the<br />

École, and to conduct research for<br />

the BEST project.<br />

The Canadian Friends is a volunteer<br />

board that celebrates diversity:<br />

with Protestants and Catholics, lay<br />

and clergy, academic and non-academic<br />

members, all with a shared<br />

interest in and commitment to the<br />

École biblique.<br />

Dona Harvey<br />

Canadian friends of EBAF<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


Vie de l’École<br />

Les ruches de l’École biblique<br />

souvent sur les branches des arbres<br />

voisins. Cependant, sa plus grande<br />

préoccupation est de s’occuper de<br />

la survie des familles en hiver et<br />

de les protéger des parasites. Cette<br />

tâche exigeante a été couronnée<br />

de succès jusqu’à présent. Ainsi,<br />

grâce à ses efforts, tous les habitants<br />

de l’École peuvent déguster<br />

régulièrement du miel savoureux<br />

servi dans le réfectoire du couvent.<br />

En flânant autour du domaine<br />

Saint-Étienne, on peut apercevoir<br />

quelques ruches cachées dans sa partie<br />

nord. Autour d’elles, les abeilles<br />

volent en profitant du vaste jardin.<br />

Ces petits animaux sont gardés<br />

par Martin Staszak o.p., le prieur<br />

et apiculteur du couvent. Il les a<br />

achetés il y a quelques années, et<br />

est depuis responsable des ruches.<br />

Son travail comprend les soins<br />

de routine, mais aussi un travail<br />

régulier comme l’élimination des<br />

essaims d’abeilles qui apparaissent<br />

Par conséquent, les ruches ne sont<br />

pas seulement un passe-temps entre<br />

les tâches formelles et académiques<br />

du prieur, elles contribuent aussi<br />

au bien-être de la communauté.<br />

D’une certaine manière, elles sont<br />

aussi une continuation de l’apiculture<br />

dans les traditions monastiques<br />

du monde occidental. Du point de<br />

vue archéologique également, il ne<br />

faut pas oublier que la culture des<br />

abeilles était connue en Palestine<br />

au début de l’âge du fer, comme<br />

en témoignent les récentes fouilles<br />

de Tel Reḥov. Ainsi, les ruches de<br />

l’EBAF créent un lien entre l’histoire<br />

du pays étudié par l’École et sa<br />

présence actuelle sur place. Le père<br />

Martin envisage d’installer de nouvelles<br />

ruches… croisons les doigts !<br />

Kacper Ziemba<br />

Étudiant boursier à l’École<br />

biblique


Collaborations<br />

EBAF, IFPO, CRFJ :<br />

La recherche française à Jérusalem<br />

Dans un an, l’École biblique fêtera<br />

ses 130 ans d’existence ainsi que<br />

le centenaire de sa reconnaissance<br />

comme École archéologique française<br />

de Jérusalem. Plus ancienne<br />

institution de recherche française<br />

à Jérusalem, elle n’est pourtant<br />

pas la seule. Deux autres centres<br />

de recherche plus récents nous ont<br />

rejoint avec lesquels nous avons le<br />

plaisir de collaborer régulièrement.<br />

Il y a d’abord l’IFPO (Institut français<br />

du Proche-Orient), né il y a<br />

quelques années de la fusion de<br />

l’Institut français d’études arabes<br />

de Damas (IFEAD), du Centre<br />

d’études et de recherches sur le<br />

Moyen-Orient contemporain de<br />

Beyrouth (CERMOC) et de l’Institut<br />

français d’archéologie du<br />

Proche-Orient (IFAPO) d’Amman.<br />

Beaucoup de choses nous rapprochent<br />

comme l’a montré la journée<br />

d’étude qui a eu lieu ce 13 juin<br />

<strong>2019</strong> sur le thème du pèlerinage.<br />

Cette journée, organisée par Bertrand<br />

Riba, archéologue de l’IFPO,<br />

a mis en évidence l’intérêt de croiser<br />

nos disciplines. Le pèlerinage<br />

est un thème omniprésent dans la<br />

Bible mais aussi dans le judaïsme<br />

et dans l’Islam et imprègne profondément<br />

les cultures du Moyen-<br />

Orient. D’où l’intérêt de traiter le<br />

thème dans une approche pluridisciplinaire<br />

qui associe aux études<br />

bibliques l’histoire, l’épigraphie,<br />

les sciences sociales.<br />

Le Centre de recherche français à<br />

Jérusalem (CRFJ) nous permet aussi<br />

quelques collaborations, comme<br />

lors d’une récente journée d’étude<br />

de médiévistes organisée à l’occasion<br />

de la publication d’un ouvrage<br />

sur les fresques de l’église d’Abu<br />

Gosh.<br />

Fr. Jean Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur de l’École biblique<br />

École<br />

biblique et<br />

archéologique<br />

française de<br />

Jérusalem<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong><br />

27


Étudiants<br />

Ma vie d’étude à l’École biblique<br />

Depuis le mois d’octobre 2018,<br />

j’ai la chance, grâce à l’Académie<br />

des Inscriptions et Belles-Lettres<br />

(AIBL), de pouvoir suivre les cours<br />

de l’EBAF. Je suis actuellement<br />

doctorant en histoire et en archéologie<br />

sous la direction de Françoise<br />

Briquel-Chatonnet à Sorbonne-Université.<br />

Ma thèse de doctorat traite<br />

des cultes phéniciens et puniques<br />

et plus particulièrement des individus<br />

y concourant. Pour cela, je me<br />

fonde sur les sources phéniciennes<br />

et puniques, mais pas seulement.<br />

En effet, de nombreuses sources classiques<br />

mentionnent les Phéniciens et<br />

les Puniques comme, par exemple,<br />

le très célèbre Flavius Josèphe.<br />

28<br />

Dans le cadre de l’allocation de<br />

l’AIBL, j’ai rédigé un mémoire,<br />

qu’a bien voulu diriger le Père<br />

Emile Puech. Je le remercie de<br />

m’avoir accompagné et conseillé<br />

dans ce travail. Dans ce mémoire,<br />

les relations entre le pouvoir royal<br />

phénicien, le clergé et l’exercice du<br />

culte font l’objet d’un réexamen.<br />

En effet, je nuance l’association<br />

trop souvent rapidement faite entre<br />

le roi et le clergé. Cette partie aura<br />

bien évidemment sa place dans ma<br />

thèse doctorale.<br />

Afin de poursuivre mon travail de<br />

thèse, l’ensemble de la vie académique<br />

m’a été très profitable.<br />

Les conditions offertes à l’EBAF<br />

Lettre aux amis de l’EBAF - N° 98 - <strong>Automne</strong> <strong>2019</strong>


sont exceptionnelles pour un doctorant.<br />

J’ai pu largement profiter<br />

des horaires élargis (très souvent<br />

la nuit) de la bibliothèque pour les<br />

étudiants résidant à l’École et de<br />

son importante collection en libre<br />

accès ! De plus, j’ai pu assister à de<br />

nombreux cours au sein de l’École.<br />

Je retiendrai les cours d’épigraphie<br />

et de langues anciennes du Père<br />

Emile Puech, directeur de recherche<br />

émérite au CNRS, le séminaire de<br />

paléographie codirigé par le Père<br />

Emile Puech et Niccolo Rizzolo et<br />

l’ensemble du cours de topographie<br />

du frère Dominique-Marie Cabaret.<br />

Les deux premiers m’ont été très<br />

précieux pour ma formation doctorale.<br />

En effet, le Père Emile Puech<br />

transmet de précieux éléments<br />

permettant de mieux appréhender<br />

la paléographie sémitique, ce qui<br />

me sera très utile pour mon travail<br />

de thèse. Le cours de topographie<br />

m’a permis de mieux comprendre<br />

les périodes périphériques à celle<br />

que j’affectionne habituellement.<br />

En effet, j’ai pu approfondir mes<br />

connaissances pour des périodes<br />

périphériques à celle que j’étudie<br />

comme l’âge du Bronze ou la période<br />

hellénistique. Je retiendrai les<br />

3 séjours en Samarie/Galilée, dans<br />

le Néguev et en Jordanie. Au sujet<br />

du dernier, je n’oublierai pas ma<br />

visite de la citadelle d’Amman et<br />

plus particulièrement de son musée<br />

archéologique qui mérite que l’on<br />

s’y attarde ! Je remercie encore le<br />

frère Dominique-Marie Cabaret de<br />

l’opportunité qu’il m’a offerte de<br />

présenter certains sites archéologiques<br />

comme Meggido et Hazor.<br />

De plus, certains événements<br />

n’étaient pas prévus. En effet, j’ai<br />

pu présenter, lors d’une conférence<br />

du jeudi, le travail que j’accompli<br />

dans le cadre du projet d’Hélène Le<br />

Meaux au Musée du Louvre. Ce projet<br />

vise à republier l’ensemble des<br />

stèles puniques issues des collections<br />

de ce musée. Je remercie encore le<br />

frère Jean-Jacques Pérennès, directeur<br />

de l’EBAF, de m’avoir permis<br />

de partager durant cette conférence<br />

une partie de mes activités.<br />

Au-delà de l’aspect académique et<br />

scientifique, toutes les rencontres<br />

que j’ai pu faire ici m’ont profondément<br />

marqué : professeurs, étudiants,<br />

prêtes-étudiants ou volontaires.<br />

J’emporte tous ces souvenirs<br />

avec moi en France, nul ne sort de<br />

Jérusalem qui souvent n’y revienne<br />

(surtout à l’EBAF) !<br />

Stevens Bernardin<br />

Doctorant boursier à l’École<br />

biblique


Nouvelles des anciens<br />

Thèse de doctorat :<br />

Le frère Kevin Stephens OP 1 , de la Province St Albert le Grand (Chicago,<br />

USA) a soutenu sa thèse à l’EBAF le 29 mai <strong>2019</strong> sur le thème «Isaiah’s<br />

Curious Conduct» - A Rhetorical Study of Isaiah 7:1-9, 8:1-4, and 20:1-6.<br />

Mention summa cum laude.<br />

Décès :<br />

Le frère Jacques Fontaine o.p. 2 , pionnier fondateur de la Bible sur le<br />

terrain (BST) et compagnon des fr. Bruno Hussar et Marcel Dubois à la<br />

Maison St-Isaïe, est mort le 21 mars <strong>2019</strong> à Jérusalem, à l’âge de 97 ans.<br />

Le fr. Miguel de Burgos Núñez o.p. 3 , ancien élève de l’EBAF (1976-<br />

1977) est décédé le 26 mai à Séville, où il a fondé l’Escuela Bíblica del<br />

Estudio General Dominicano de Séville. Il était âgé de 75 ans.<br />

Distinctions et célébrations :<br />

Le 5 Mars <strong>2019</strong>, dans le cadre de l’European Academy of Religion, le Prix<br />

académique «Alberigo 2018» a été remis à Madame Daniela Scialabba,<br />

Université de Strasbourg. Élève de l’EBAF en 2013-2014, elle a soutenu<br />

sa thèse de doctorat en Théologie catholique en 2017.<br />

Colloques et conférences :<br />

Un colloque intitulé Exploring the Future of Biblical Studies a eu lieu<br />

du 1 er au 3 avril <strong>2019</strong> à l’Université Notre-Dame (Indiana) à l’occasion<br />

de la parution aux Etats-Unis de l’ouvrage du frère Olivier-Thomas<br />

Venard o.p., A Poetic Christ: Thomist Reflections on Scripture, Language<br />

and Reality (Bloomsbury, <strong>2019</strong>).<br />

Le 5 mai <strong>2019</strong>, le frère Jean-Baptiste Humbert, o.p., chargé du cours<br />

d’archéologie à l’EBAF depuis de nombreuses années, a donné une<br />

interview sur la chaîne KTO où il jette un regard sur sa carrière et le<br />

métier d’archéologue en terrains bibliques.<br />

Cf. http://www.ktotv.com/video/00254941/archeologie-biblique<br />

Les 20-22 mai <strong>2019</strong>, un symposium a eu lieu à Lisbonne à la mémoire du<br />

frère Francolino Gonçalves o.p., à l’initiative de ses collègues et frères<br />

dominicains.<br />

30 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 95 - Printemps 2018


1 2 3<br />

Agenda de la rentrée<br />

L’année académique <strong>2019</strong>-2020 commencera à l’EBAF le 1 er octobre <strong>2019</strong>.<br />

Le séminaire de rentrée aura lieu du 2 au 11 octobre.<br />

Le 17 octobre aura lieu la première conférence de l’année par Gérard<br />

Massonat : « Le roi Saül : une histoire de la réception du premier roi<br />

d’Israël dans les littératures juives et le Nouveau testament »<br />

Le Dies academicus du 15 novembre <strong>2019</strong> ouvrira la célébration du<br />

centenaire de la création par l’Académie des Inscriptions et Belles-<br />

Lettres (AIBL) de l’École archéologique française de Jérusalem. À cette<br />

occasion, M. Michel Zink, Secrétaire perpétuel de l’AIBL, donnera la<br />

conférence inaugurale de l’année à l’EBAF.<br />

Du 25 au 29 novembre, se déroulera un voyage d’étude en Galilée.<br />

Conférence de l’Association des Amis de l’EBAF<br />

Le samedi 30 novembre à 15h00, aura lieu la prochaine rencontre<br />

parisienne des Amis de l’EBAF, Salle Dumont, 45 Rue de la Glacière,<br />

Paris 13e.<br />

Dominique-Marie Cabaret, o.p., chargé du cours d’archéologie à l’EBAF,<br />

donnera une conférence sur son sujet de recherche L’urbanisme de<br />

Jérusalem du IIe siècle avant J.-C. au IIe siècle après J.-C.


Avec les étudiants, chercheurs et volontaires de l’année <strong>2019</strong>-2020,<br />

l’École biblique vous souhaite une belle rentrée.

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