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Thema n°15 | Les extraterrestres

Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Cette question obsède l’humanité depuis des siècles. En témoignent les fantasmes passés de canaux martiens et les histoires toujours actuelles d’ovnis…

Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Cette question obsède l’humanité depuis des siècles. En témoignent les fantasmes passés de canaux martiens et les histoires toujours actuelles d’ovnis…

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EXTRATERRESTRES<br />

SOMMES-NOUS SEULS DANS L’UNIVERS ?<br />

Civilisations Extraterrestres<br />

SAURIONS-NOUS<br />

RECONNAÎTRE LEURS SIGNAUX ?<br />

Paradoxe de Fermi<br />

LES SURSAUTS GAMMA<br />

EMPÊCHENT-ILS LA VIE ?<br />

Ovnis<br />

POURQUOI LES SOUCOUPES<br />

VOLANTES N’EXISTENT PAS


ÉDITO<br />

MAIS OÙ SONT-ILS DONC ?<br />

Philippe Ribeau<br />

Responsable éditorial web<br />

Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Cette question obsède<br />

l’humanité depuis des siècles. En témoignent les fantasmes passés<br />

de canaux martiens et les histoires toujours actuelles d’ovnis…<br />

Aujourd’hui si la recherche de la vie dans le cosmos est<br />

devenue une science à part entière, l’exobiologie, nous n’avons<br />

toujours pas détecté le moindre signe d’êtres intelligents ailleurs<br />

dans l’Univers. Pourquoi ? Le foisonnement de planètes extrasolaires<br />

découvertes depuis vingt ans renforce pourtant à première vue<br />

la probabilité qu’il existe des civilisations <strong>extraterrestres</strong>.<br />

Mais, rétorquent les pessimistes, les critères nécessaires pour<br />

permettre le développement de la vie intelligente sont si nombreux<br />

et si contraignants qu’il est probable que nous soyons seuls.<br />

Sans compter que les sursauts gamma, des explosions violentes<br />

d’étoiles qui « stérilisent » leur environnement, ne laisseraient<br />

aucune chance de survie aux éventuels Aliens dont nous ne serions<br />

de toute façon pas capables de détecter les signaux…<br />

<strong>Les</strong> optimistes continuent d’espérer. Et laissent libre cours<br />

à leur imagination : pourquoi ne pas supposer que des intelligences<br />

supérieures contrôleraient les mouvements des étoiles ou la naissance<br />

d’univers ? Ou encore supposer qu’une civilisation avancée pourrait<br />

capter l’énergie de son étoile à l’aide d’immenses réflecteurs<br />

en orbite ? Une telle sphère de Dyson expliquerait ainsi l’étrange<br />

comportement de l’étoile dite de Tabby.<br />

Reste que dans notre imaginaire collectif, les « petits hommes<br />

verts » restent toujours à notre image, quelle que soit leur taille,<br />

ou la façon dont ils se reproduisent… In fine, notre capacité<br />

de spéculation en matière d’<strong>extraterrestres</strong> est plus pauvre que<br />

l’incroyable diversité offerte par la seule vie que nous connaissons,<br />

celle de notre planète !<br />

Pour la Science<br />

170 bis boulevard du Montparnasse - 75014 Paris<br />

Tél. : 01 55 42 84 00<br />

Directrice des rédactions : Cécile <strong>Les</strong>tienne<br />

Pour la Science<br />

Rédacteur en chef : Maurice Mashaal<br />

Rédactrice en chef adjointe : Marie-Neige Cordonnier<br />

Rédacteur : François Savatier, Sean Bailly<br />

Conception graphique : Pauline Bilbault<br />

Directrice artistique : Céline Lapert<br />

Maquette : Pauline Bilbault, Raphaël Queruel, Ingrid Leroy, Assya Monnet<br />

Réviseuse : Anne-Rozenn Jouble<br />

Développement numérique : Philippe Ribeau-Gésippe<br />

Marketing & diffusion : Arthur Peys<br />

Chef de produit : Charline Buché<br />

Presse et communication : Susan Mackie<br />

susan.mackie@pourlascience.fr<br />

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Directeur de la publication et gérant : Frédéric Mériot<br />

Publicité France<br />

Stéphanie Jullien<br />

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Tél. : 06 19 94 79 25<br />

© Pour la Science S.A.R.L.<br />

Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et de représentation<br />

réservés pour tous les pays. Certains articles de ce numéro sont publiés en<br />

accord avec la revue Spektrum der Wissenschaft (© Spektrum der Wissenschaft<br />

Verlagsgesellschaft, mbHD-69126, Heidelberg). En application de la loi du<br />

11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement la présente<br />

revue sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation<br />

du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins - 75006 Paris).<br />

© Couverture : GettyImages/ Chris Clor<br />

EAN : 9782842452186<br />

Dépôt légal : août 2019<br />

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<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

2


SOMMAIRE<br />

P/4<br />

P/84<br />

P/67 P/97<br />

P/4/SEULS DANS L’UNIVERS ?<br />

H. SMITH<br />

P/19/L’ÉTRANGE ÉTOILE DE TABBY<br />

K. CARTIER ET J. WRIGHT<br />

P/31/LES SURSAUTS GAMMA<br />

EXPLIQUENT-ILS LE PARADOXE<br />

DE FERMI ? R. JIMÉNEZ<br />

P/45/COMMENT RECONNAÎTRE LES<br />

TRACES DE VIE EXTRATERRESTRE ?<br />

J.-P. DELAHAYE<br />

P/56/L’ART DE SPÉCULER<br />

SÉRIEUSEMENT J.-P. DELAHAYE<br />

P/67/SUR LA PISTE<br />

DES EXTRATERRESTRES F. R. CERCEAU<br />

P/79/OVNIS : DES ENQUÊTES<br />

SUJETTES À CAUTION<br />

D. ROSSONI, E. MAILLOT ET E. DÉGUILLAUME<br />

P/84/POURQUOI LES SOUCOUPES<br />

VOLANTES N’EXISTENT PAS<br />

G. BRONNER<br />

P/87/DES EXTRATERRESTRES<br />

TROP HUMAINS<br />

R. LEHOUCQ ET J.-S. STEYER<br />

P/92/QUELLE EST LA TAILLE<br />

MAXIMALE D’UN EXTRATERRESTRE ?<br />

R. LEHOUCQ<br />

P/97/LE SEXE CHEZ<br />

LES EXTRATERRESTRES<br />

J.-S. STEYER ET R. LEHOUCQ<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

3


Seuls dans l’Univers ?<br />

HOWARD SMITH<br />

© Unsplash / Joshua Earle


Malgré la découverte de nombreuses planètes extrasolaires,<br />

l’existence d’une civilisation extraterrestre dans notre région<br />

de la Galaxie est peu probable.<br />

bouleverserait la représentation que l’humanité<br />

se fait d’elle-même ».<br />

La plupart des gens pensent que<br />

nous ne sommes pas seuls dans l’Univers.<br />

Certains analystes expliquent que le<br />

public veut croire aux <strong>extraterrestres</strong> car<br />

« ils viendraient de sociétés utopiques qui<br />

ne connaissent ni la guerre, ni la mort, ni<br />

la maladie » et qu’ils « pourraient aider l’humanité<br />

à surmonter ses problèmes ».<br />

Avant la découverte de 51 Pegasi b,<br />

en 1995, nous ne connaissions aucune<br />

planète en orbite autour d’une autre<br />

étoile semblable au Soleil. Près de 25 ans<br />

plus tard, selon le catalogue exoplanet.<br />

eu, plus de 4100 planètes ont été confirmées,<br />

et plus de 2500 candidates sont<br />

en attente de validation. Le rythme des<br />

découvertes d’exoplanètes s’est accéléré<br />

depuis le lancement du satellite européen<br />

Corot, en 2006, et, surtout, de la<br />

mission Kepler de la NASA, en 2009.<br />

<strong>Les</strong> astrophysiciens ne sont pas les<br />

seuls à se passionner pour ces découvertes.<br />

Le public s’intéresse beaucoup aux<br />

planètes extrasolaires et à la possibilité<br />

qu’elles abritent la vie, voire des formes<br />

de vie intelligente. En 2010, la Société<br />

royale de Londres a parrainé un symposium<br />

intitulé « La détection de la vie<br />

extraterrestre et ses conséquences pour<br />

la science et la société ». <strong>Les</strong> participants<br />

observaient que « s’il se révélait que nous<br />

ne sommes pas seuls dans l’Univers, cela<br />

Une idée déresponsabilisante<br />

<strong>Les</strong> scientifiques eux-mêmes encouragent<br />

parfois cette vision sensationnaliste.<br />

L’astronome Ray Jayawardhana<br />

écrivait ainsi en 2010 dans le New York<br />

Times que les gens ne devraient pas s’inquiéter<br />

de « la vie extraterrestre, surtout si<br />

elle maîtrise une technologie susceptible<br />

de nous faire sentir tout petits et insignifiants<br />

». Mais ce scénario de science-fiction<br />

pourrait au contraire déresponsabiliser<br />

les gens et les rendre désinvoltes à l’égard<br />

des autres ou de notre planète !<br />

L’étude des planètes extrasolaires (ou<br />

exoplanètes) apporte les premiers éléments<br />

concrets pour réévaluer l’hypothèse<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

5


L’étrange étoile de Tabby<br />

KIMBERLY CARTIER ET JASON WRIGHT<br />

© Shutterstock/ Alexander Mozymov


La luminosité d’une étoile par ailleurs ordinaire fluctue<br />

d’une façon qui échappe à toute explication.<br />

De là à supposer qu’une civilisation extraterrestre aurait<br />

entouré l’astre d’immenses capteurs pour exploiter<br />

son rayonnement…<br />

Par une calme après-midi d’automne,<br />

en 2014, alors que les arbres viraient du vert à<br />

l’or, Tabetha Boyajian nous a rendu visite au<br />

département d’astronomie pour partager<br />

une découverte inhabituelle. Une rencontre<br />

qui allait changer le cours de nos carrières.<br />

Grâce aux données du télescope spatial<br />

Kepler, Tabetha (ou Tabby) Boyajian,<br />

alors postdoctorante à l’université Yale,<br />

étudiait d’inexplicables fluctuations lumineuses<br />

en provenance d’une étoile distante<br />

de 1 280 années-lumière. Le télescope Kepler,<br />

spécialisé dans la recherche d’exoplanètes<br />

– planètes en orbite autour d’autres étoiles<br />

que le Soleil –, mesure les variations de luminosité<br />

que l’exoplanète provoque en passant<br />

entre l’étoile et le télescope. Or les fluctuations<br />

qui intriguaient l’astronome ne ressemblaient<br />

à rien de ce qu’une exoplanète est<br />

susceptible d’occasionner. Et la chercheuse<br />

de Yale avait déjà exclu d’autres explications<br />

sans avoir trouvé de solution satisfaisante.<br />

Une sphère de Dyson ?<br />

Elle cherchait de nouvelles idées, et<br />

l’un d’entre nous (Jason Wright) a suggéré<br />

quelque chose de très peu orthodoxe : peutêtre<br />

les changements de luminosité de<br />

l’étoile ne découlent-ils pas de processus<br />

naturels, mais d’une technologie extraterrestre<br />

? Dans les années 1960, le physicien<br />

Freeman Dyson avait imaginé que des civilisations<br />

avancées gourmandes en énergie<br />

seraient capables d’envelopper leur étoile<br />

mère de collecteurs solaires (et former ce<br />

qu’on nomme une sphère de Dyson) pour<br />

absorber le maximum d’énergie rayonnée<br />

par l’astre. Se pourrait-il que cette<br />

étoile pâlissante soit le premier signe que<br />

l’existence d’autres cultures cosmiques ne<br />

relève pas simplement de la science-fiction<br />

? Cette idée outrancière était une<br />

hypothèse proposée comme dernier<br />

recours, mais, dans l’immédiat, il ne nous<br />

était pas possible de l’écarter.<br />

L’étoile qui déconcertait Tabetha<br />

Boyajian (désormais nommée étoile de<br />

Boyajian et familièrement appelée étoile de<br />

Tabby) captive à présent de nombreux astronomes<br />

ainsi que le grand public. Comme<br />

toutes les grandes énigmes, elle a suscité un<br />

nombre important de tentatives de solution,<br />

dont aucune n’est parvenue à expliquer<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

20


<strong>Les</strong> sursauts gamma expliquent-ils<br />

le paradoxe de Fermi ?<br />

RAÚL JIMÉNEZ<br />

© Shutterstock.com/Lauritta


En dépit de la multitude de planètes dans l’Univers,<br />

nous n’avons pas encore détecté de civilisations <strong>extraterrestres</strong>.<br />

Pourquoi, se demandait le physicien Enrico Fermi ?<br />

La raison tient peut-être à l’explosion violente de certaines<br />

étoiles, les sursauts gamma, qui anéantiraient toute vie<br />

dans leur voisinage.<br />

que la vie complexe est peut-être beaucoup<br />

moins fréquente qu’on ne le pensait.<br />

Ces explosions d’étoiles comptent parmi<br />

les phénomènes les plus violents de l’Univers<br />

et leurs effets dévastateurs s’exercent<br />

à des milliers d’années-lumière de distance.<br />

Bien qu’on les observe depuis les<br />

années 1960, nous ne commençons qu’aujourd’hui<br />

à prendre la mesure de leurs<br />

effets « stérilisateurs ». Ces événements,<br />

s’ils sont nombreux, pourraient en effet<br />

compromettre l’existence même de la vie<br />

complexe au sein des galaxies.<br />

En 1950, le physicien italien Enrico<br />

Fermi s’est posé la question suivante. Si la<br />

Voie lactée contient plus de 100 milliards<br />

d’étoiles et que le Système solaire n’y constitue<br />

pas une exception, le nombre de planètes<br />

où la vie se serait développée devrait<br />

être gigantesque. Dans ce cas, une vie intelligente<br />

aurait dû se développer sur certaines<br />

d’entre elles et, tôt ou tard, se serait<br />

répandue dans toute la galaxie. Mais alors,<br />

pourquoi n’avons-nous détecté aucune<br />

civilisation extraterrestre ? Pourquoi les<br />

<strong>extraterrestres</strong> ne nous ont-ils pas contactés<br />

? Où sont-ils tous ?<br />

Ce raisonnement est connu sous le<br />

nom de paradoxe de Fermi et, bien qu’il<br />

ait donné lieu à une foule d’hypothèses,<br />

nous ne disposons à l’heure actuelle d’aucune<br />

explication vraiment satisfaisante.<br />

Pourtant, depuis quelques années, l’étude<br />

d’un certain type de catastrophes cosmiques<br />

– les sursauts gamma – suggère<br />

<strong>Les</strong> sursauts gamma,<br />

destructeurs de vie<br />

<strong>Les</strong> sursauts gamma expliqueraient<br />

le paradoxe de Fermi, mais leur influence<br />

sur l’Univers s’étend bien au-delà. Une<br />

analyse détaillée montre que la répartition<br />

et le nombre de ces événements dans<br />

les galaxies sont intimement liés aux lois<br />

les plus fondamentales de l’Univers. Avec<br />

des conditions initiales légèrement différentes,<br />

le cosmos aurait pu être dénué de<br />

galaxies (et donc n’hébergerait pas la vie)<br />

ou en aurait produit en grande quantité<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

32


On ne connaît ni les auteurs, ni la signification des dessins de Nazca, au Pérou,<br />

des géoglyphes longs de plusieurs kilomètres et visibles seulement du ciel.<br />

Comment reconnaître les traces<br />

de vie extraterrestre ?<br />

JEAN-PAUL DELAHAYE<br />

© John Kershner/Shutterstock.com


Identifier des traces de vie ou de civilisations intelligentes<br />

n’est pas chose facile. <strong>Les</strong> erreurs d’interprétation<br />

passées mettent en évidence l’importance d’un critère clé :<br />

la complexité.<br />

Il semble naturel de distinguer trois<br />

catégories de structures sur Terre et<br />

dans l’Univers :<br />

- les structures physiques (galaxies,<br />

rochers, fleuves, molécules d’eau, étoiles,<br />

trous noirs, cristaux, planètes, atomes d’hydrogène,<br />

glaciers, dunes…) ;<br />

- les structures vivantes ou provenant<br />

d’organismes vivants (arbres, cellules,<br />

alvéoles des ruches d’abeilles, organes,<br />

biominéraux, neurones, réseaux sanguins,<br />

chromosomes, protéines, squelettes d’hominidés,<br />

paramécies, insectes…) ;<br />

- les structures provenant d’êtres doués<br />

de raison, que nous qualifierons d’« intelligentes<br />

» (livres, ordinateurs, réseaux routiers,<br />

sonates de piano, démonstrations<br />

de théorèmes, avions, firmes industrielles,<br />

molécules de plastique, programmes de<br />

jeu d’échecs, gravures anciennes…).<br />

Ces trois catégories peuvent être<br />

insuffisantes, notamment s’il existe des<br />

formes de vie inconnues différentes de la<br />

nôtre, ou des êtres superintelligents qui<br />

produisent des objets dont nous ignorons<br />

la nature, voire dont nous ne percevons<br />

pas qu’ils sont structurés. Il se peut aussi<br />

qu’il y ait continuité entre les trois types<br />

de structures envisagées – physiques,<br />

vivantes et intelligentes – et que notre distinction<br />

soit chimérique.<br />

La musique des baleines nous incite<br />

à la prudence : qui, en entendant ces sons<br />

sans savoir comment ils ont été enregistrés,<br />

aurait compris qu’ils venaient<br />

d’animaux intelligents en train de communiquer<br />

et non d’un phénomène physique<br />

? Nous supposerons dans la suite que<br />

les trois niveaux sont distincts, non ambigus<br />

et que tout s’y range bien. Vous pouvez<br />

tester cette hypothèse en vous demandant<br />

si vous changeriez de catégorie certains<br />

exemples donnés entre parenthèses où si<br />

vous en connaissez qui n’appartiennent à<br />

aucune des trois catégories.<br />

Se pose alors une question : comment<br />

identifier le type d’une structure vue sur<br />

Terre ou ailleurs, et est-ce toujours possible ?<br />

Le problème est important dans<br />

plusieurs domaines et pourtant cette<br />

identification des origines n’est l’objet<br />

d’aucune discipline cataloguée. Il est<br />

intéressant et amusant de voir comment,<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

46


L’art de spéculer sérieusement<br />

JEAN-PAUL DELAHAYE<br />

© Unsplash.com/Dino Reichmuth<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres


L’énergie de certaines étoiles, la naissance des trous noirs,<br />

voire celle d’autres univers, pourraient-ils être contrôlés<br />

par des intelligences supérieures ? De la spéculation bien<br />

encadrée ne nuit pas...<br />

forme légitime de recherche scientifique. Si<br />

c’est votre sensibilité, passez votre chemin,<br />

car le livre que nous analyserons conduit<br />

aux confins de la physique, du raisonnement<br />

et peut-être même du raisonnable.<br />

Notre imagination est bien timorée<br />

lorsque nous tentons de concevoir le<br />

futur ou la structure globale de l’Univers. La<br />

science-fiction nous aide un peu, mais elle<br />

oublie souvent les contraintes de la physique<br />

ou de la logique. La méthode la plus intéressante<br />

pour aborder ces « grandes questions »<br />

est finalement celle qui s’autorise toute<br />

hypothèse, mais en prenant en compte au<br />

mieux ce que nous apprend la science et ce<br />

qu’elle considère comme possible.<br />

De nombreux scientifiques se sont<br />

adonnés à ce jeu de la spéculation savante<br />

– Nikolaï Kardashev, Freeman Dyson, Carl<br />

Sagan, Lee Smolin, Roger Penrose, etc. –, et<br />

il en est résulté une assez volumineuse littérature,<br />

parfois technique, mais sidérante<br />

et enivrante à bien des égards. Ces explorations<br />

et extrapolations font hurler certains<br />

esprits peu enclins à la fantaisie : ils n’y<br />

voient rien de pertinent et s’emportent si<br />

l’on prétend que de tels exercices sont une<br />

Le sens cosmologique de la vie<br />

Clément Vidal est philosophe des<br />

sciences et chercheur à la Vrije Universiteit<br />

de Bruxelles. Il vient de publier un livre<br />

dont le titre est tout un programme : The<br />

Beginning and the End : The Meaning of Life in<br />

a Cosmological Perspective (Le commencement<br />

et la fin : le sens de la vie dans une<br />

perspective cosmologique). Connaissant<br />

et maîtrisant la littérature sur les questions<br />

de l’origine, du devenir ultime de<br />

l’Univers et les conceptions générales du<br />

monde formulées par la cosmologie et<br />

les philosophes, il présente un panorama<br />

organisé des réponses envisageables aux<br />

grandes questions que l’humanité se pose<br />

depuis toujours. Bien sûr, ces grandes questions<br />

ont été abordées par les religions,<br />

mais ici l’approche est non dogmatique et<br />

consiste comme il se doit à échanger des<br />

arguments rationnels et contradictoires.<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

57


Sur la piste des <strong>extraterrestres</strong><br />

FLORENCE RAULIN CERCEAU<br />

©Shutterstock.com/Gorodenkoff


Au cours des derniers siècles, la recherche de la vie<br />

extraterrestre s’est peu à peu épurée de ses fantasmes<br />

pour aboutir à une discipline véritablement<br />

scientifique : l’exobiologie.<br />

«<br />

Je n’ai rien voulu imaginer sur<br />

les habitants des mondes, qui fût entièrement<br />

impossible et chimérique. J’ai tâché<br />

de dire tout ce qu’on en pouvait penser<br />

raisonnablement, et les visions même que<br />

j’ai ajoutées à cela ont quelque fondement<br />

réel. Le vrai et le faux sont mêlés ici, mais ils<br />

y sont toujours aisés à distinguer. »<br />

Ainsi s’exprime en 1686 le philosophe<br />

et écrivain Bernard le Bovier de Fontenelle<br />

(1657-1757) dans ses Entretiens sur la pluralité<br />

des mondes, qu’il a voulus comme une<br />

fiction divertissante, construite autour de<br />

données astronomiques bien connues de<br />

l’époque. La notion de vie dans l’Univers se<br />

présente alors comme un mélange issu d’interprétations<br />

scientifiques (la Terre est une<br />

planète comme les autres) et de concepts<br />

d’imagination (toutes les planètes de notre<br />

Système solaire sont habitées). Cependant,<br />

la recherche de vie extraterrestre du temps<br />

de Fontenelle, « c’est beaucoup d’ignorance<br />

sur bien peu de science », comme le soulève<br />

la marquise des Entretiens, déçue par<br />

le manque de détails fournis par son interlocuteur<br />

sur les habitants de la Lune…<br />

L’exobiologie d’aujourd’hui (ou ses<br />

« sœurs » l’astrobiologie et la bioastro nomie)<br />

est née dans les années 1960, conjointement<br />

à l’essor de l’exploration spatiale. Elle est<br />

aussi contemporaine du développement<br />

de la chimie prébiotique en laboratoire<br />

ainsi que des avancées spectaculaires de la<br />

biologie moléculaire avec l’identification<br />

des éléments « clé » du vivant terrestre. Elle<br />

couvre aujourd’hui un vaste champ disciplinaire,<br />

qui comprend non seulement<br />

la recherche de vie et de systèmes prébiotiques<br />

dans d’autres environnements planétaires<br />

(avec ses prolongements comme<br />

la détection d’exoplanètes habitables),<br />

mais aussi les recherches sur l’origine de la<br />

vie terrestre, son évolution et son éventuel<br />

déploiement dans l’espace.<br />

Des arguments plus philosophiques<br />

que scientifiques<br />

Pourtant, l’idée d’une vie ailleurs dans<br />

l’Univers est débattue de longue date, plus<br />

souvent appuyée par des arguments philosophiques<br />

que scientifiques. Jusqu’au<br />

xvii e siècle, les autres mondes habités<br />

font figure d’hérésie ; Giordano Bruno fut<br />

ainsi brûlé sur le bûcher en 1600, pour<br />

(entre autres) avoir osé les défendre. Avec<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

68


Ovnis : des enquêtes<br />

sujettes à caution<br />

DAVID ROSSONI, ÉRIC MAILLOT ET ÉRIC DÉGUILLAUME<br />

©Unsplash/ Bruce Warrington


Un service du Centre national d’études spatial, le Geipan,<br />

est dédié à l’étude des phénomènes aérospatiaux non<br />

identifiés. Mais ses investigations manquent de rigueur,<br />

ce qui sème le doute sur l’ensemble des études sur ce sujet.<br />

présents, des centaines d’autres restent<br />

inexpliqués. Faut-il en conclure que des<br />

objets d’une nature inconnue sillonnent<br />

notre atmosphère ?<br />

Le 12 novembre 2007, à Washington,<br />

19 personnalités – anciens pilotes, scientifiques<br />

et responsables politiques –<br />

lançaient un appel pour réclamer la<br />

réouverture d’une enquête officielle sur les<br />

ovnis. Depuis le début de la médiatisation<br />

du phénomène aux États-Unis en 1947, des<br />

dizaines de milliers d’observations d’objets<br />

volants non identifiés ont été rapportées<br />

à travers le monde. De multiples commissions<br />

ont été constituées pour étudier et<br />

tenter d’expliquer ces cas, sans parvenir à<br />

des conclusions totalement convaincantes.<br />

En France, c’est la mission d’un service du<br />

Centre national d’études spatiales (CNES),<br />

le groupe d’étude et d’information sur les<br />

phénomènes spatiaux non identifiés, ou<br />

Geipan. Créé en 1977 sous le nom de gepan,<br />

puis rebaptisé sepra, celui-ci est revenu<br />

en 2005 à son acronyme précédent, auquel<br />

a été ajouté le « i » de « information ».<br />

<strong>Les</strong> enquêtes menées par le Geipan<br />

ont permis d’élucider un certain nombre<br />

de cas, mais selon ses dirigeants passés et<br />

Phénomènes extraordinaires,<br />

preuves extraordinaires<br />

On peut d’abord se demander si les<br />

travaux du Geipan sont solides. Des phénomènes<br />

extraordinaires requièrent des<br />

preuves extraordinaires. Or, entre l’absence<br />

de recherche exhaustive des sources de<br />

méprise possibles, le « syndrome du témoin<br />

parfait » ou les délais d’intervention importants,<br />

l’analyse des rapports d’enquête du<br />

Geipan laisse entrevoir des lacunes méthodologiques<br />

récurrentes.<br />

Revenons à l’appel de novembre 2007.<br />

Dans le groupe de personnalités figurait<br />

un ancien pilote de ligne d’Air France,<br />

témoin d’un étrange phénomène. Le<br />

28 janvier 1994, l’équipage du vol AF-3532<br />

observe au-dessus de Paris ce qui lui paraît<br />

être un objet gigantesque. Or, au moment<br />

de l’observation, un radar enregistre un<br />

écho non identifié. Le Geipan conclut à<br />

la présence d’un engin d’une technologie<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

80


Pourquoi les soucoupes<br />

volantes n’existent pas<br />

GÉRALD BRONNER<br />

© Shutterstock.com/ Fer Gregory<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres


Le nombre d’« observations » d’Ovnis devrait suivre la courbe<br />

exponentielle du nombre des photographies prises depuis<br />

les années 1950, ce qui n’est pas le cas.<br />

En 2013, le ministère britannique<br />

de la Défense a fermé le bureau de renseignement<br />

qui était chargé des recherches<br />

concernant le phénomène ovni. Une partie<br />

des réseaux sociaux a ricané, une autre s’en<br />

est émue en criant parfois au complot.<br />

Qu’en penser ? Si l’histoire de la littérature<br />

n’a pas attendu le xx e siècle pour<br />

évoquer la possibilité d’une intelligence<br />

extraterrestre, c’est en 1947 que, pour<br />

la première fois, le terme « soucoupe<br />

volante » est évoqué par Kenneth Arnold.<br />

Ce riche industriel américain s’envola le<br />

24 juin 1947, avec son avion personnel. Il<br />

survolait les monts Cascade de l’État de<br />

Washington lorsqu’il aperçut neuf appareils<br />

volants. Ils avaient une forme discoïdale<br />

à l’avant et triangulaire à l’arrière. Il<br />

ne put les suivre dans la mesure où ils lui<br />

paraissaient voler à quelque 2 000 kilomètres<br />

par heure ! Arnold eut le sentiment<br />

qu’ils rebondissaient dans l’atmosphère<br />

comme des « soucoupes » le feraient sur un<br />

lac. Son témoignage fit le tour du monde.<br />

Et ce sont bien des soucoupes volantes que<br />

des milliers de personnes prétendirent<br />

voir peu après, plutôt que des engins ressemblant<br />

à la description d’Arnold !<br />

Ces observations affluent souvent par<br />

vagues. Après le témoignage d’Arnold, une<br />

première vague de phénomènes fut déclarée<br />

aux États-Unis, puis, quelques années plus<br />

tard, l’épidémie toucha la France. Si l’intérêt<br />

pour le phénomène ovni précède généralement<br />

les vagues d’observations, c’est que<br />

plus grand est le nombre de regards tournés<br />

vers le ciel, plus grandes sont les chances de<br />

prendre des vessies pour des lanternes.<br />

Cette interprétation paraît attestée<br />

par le fait que les statistiques effectuées<br />

entre 1947 et 1995 montrent que le mois de<br />

l’année où les témoignages sont les plus<br />

abondants est juillet, tout simplement<br />

parce que nous passons plus de temps<br />

dehors à cette saison et que cela augmente<br />

la proportion d’observateurs sincères de<br />

nuages aux formes bizarres, de satellites ou<br />

de ballons-sondes qui seront pris par certains<br />

pour ce qu’ils ne sont pas.<br />

Mais, répondraient ceux qui « veulent<br />

y croire », pourquoi ne pas supposer que<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

85


Des <strong>extraterrestres</strong><br />

trop humains<br />

ROLAND LEHOUCQ ET JEAN-SÉBASTIEN STEYER<br />

© Shutterstock.com/ Design Projects<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres


Deux bras, deux jambes, une symétrie gauche-droite, etc. :<br />

dans les films ou les livres, les <strong>extraterrestres</strong> sont le plus<br />

souvent des humanoïdes. Pourtant, sur notre planète, la vie<br />

présente une diversité morphologique bien plus grande !<br />

Face à la diversité croissante d’espèces<br />

<strong>extraterrestres</strong> dans les films et la<br />

littérature de science-fiction, il était temps<br />

d’y mettre de l’ordre. En 2006, le cinéaste<br />

français Denis Van Waerebeke a donc réalisé<br />

un court-métrage intitulé Classification<br />

systématique du vivant extraterrestre. Dans<br />

ce documentaire humoristique, il classe<br />

d’après leur morphologie les <strong>extraterrestres</strong><br />

rencontrés dans les œuvres de fiction.<br />

Cette analyse révèle que la forme humanoïde<br />

est surreprésentée. Cela se comprend<br />

si l’on considère qu’il fut un temps où l’acteur<br />

jouant le rôle d’extraterrestre devait<br />

pouvoir enfiler son costume sans que ses<br />

mouvements soient trop limités. Autre<br />

avantage cinématographique, nous déchiffrons<br />

mieux les émotions d’un alien anthropomorphe.<br />

Imaginez un extraterrestre<br />

sphérique avec une surface quasi lisse : pas<br />

facile de savoir s’il est content ou agressif !<br />

Des représentations peu variées<br />

Cette contrainte de forme aurait pu<br />

disparaître grâce aux effets spéciaux numériques<br />

ou aux acteurs virtuels. Il n’en est rien.<br />

Dans le film <strong>Les</strong> gardiens de la Galaxie (James<br />

Gunn, 2014), tous les héros sont humanoïdes,<br />

même Groot, une sorte d’arbre qui exhibe<br />

malgré tout des caractères humains.<br />

Notre anthropocentrisme est si tenace<br />

que les réalisateurs et les écrivains ne s’inspirent<br />

guère de la biodiversité terrestre.<br />

Cette dernière réserve pourtant bien des<br />

surprises, et la forme humanoïde est loin<br />

d’y dominer. Par exemple, les spongiaires,<br />

des organismes pluricellulaires apparus<br />

dans les océans il y a au moins 580 millions<br />

d’années, n’ont pas de forme précise.<br />

Dénués d’organes ou de tissus réellement<br />

différenciés, ils adoptent des morphologies<br />

variées en fonction des courants<br />

marins. Leur forme s’organise autour d’une<br />

unique ouverture qui capte la nourriture.<br />

<strong>Les</strong> éponges présentent tout de même une<br />

polarité haut-bas, et certaines sont symétriques<br />

autour d’un axe central : on parle<br />

alors de symétrie axiale.<br />

Reste que peu d’œuvres de science-fiction<br />

contiennent des aliens en forme<br />

d’éponges. Citons toutefois le film The<br />

Blob (de Irvin Yeaworth Jr. en 1958 et repris<br />

par Chuck Russell en 1988), bien que cet<br />

envahisseur ressemble plus à un gel bactérien<br />

géant qu’à une éponge.<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

88


Quelle est la taille maximale<br />

d’un extraterrestre ?<br />

ROLAND LEHOUCQ<br />

© Unsplash/ William Warby<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres


La taille maximale d’un extraterrestre bipède dépend<br />

de la taille de sa planète, elle-même contrainte par le jeu<br />

des interactions électromagnétique et gravitationnelle.<br />

type, ET l’extraterrestre, X files, Men in black<br />

et bien d’autres films et séries télévisées<br />

nous présentent quasi exclusivement des<br />

<strong>extraterrestres</strong> humanoïdes. À la décharge<br />

des réalisateurs, reconnaissons qu’il est<br />

plus facile de faire vivre un extraterrestre<br />

à travers un acteur portant un masque.<br />

Néanmoins, même en se restreignant aux<br />

humanoïdes, on s’aperçoit que ces <strong>extraterrestres</strong><br />

d’opérette doivent respecter<br />

certaines lois, de physique et de biomécanique<br />

notamment.<br />

Si nous rencontrions des êtres<br />

<strong>extraterrestres</strong>, il y a fort à parier qu’ils<br />

ne ressembleraient à rien de ce que nous<br />

connaissons. En effet, la diversité du vivant<br />

terrestre est grande à notre époque. Elle<br />

l’est encore plus en tenant compte des fossiles.<br />

Considérons, par exemple, les fossiles<br />

vieux de 500 millions d’années découverts<br />

en 1909 dans les schistes de Burgess,<br />

en Colombie-Britannique, au Canada.<br />

Certains d’entre eux sont si étranges que<br />

l’on peine à distinguer leurs parties supérieure<br />

et inférieure. Pourtant ces créatures<br />

du Cambrien résultent de l’évolution biologique<br />

terrestre qui a aussi abouti à notre<br />

apparition. <strong>Les</strong> espèces vivantes terrestres<br />

ayant une origine commune, leur diversité<br />

ne représente qu’une faible fraction<br />

des possibles. Ainsi, il est probable qu’un<br />

éventuel visiteur extraterrestre nous ressemble<br />

moins qu’un ornithorynque ou un<br />

concombre de mer.<br />

<strong>Les</strong> cinéastes de science-fiction font<br />

preuve d’une créativité bien inférieure<br />

à celle de la nature : Star Wars, Star Trek,<br />

Independance Day, Rencontre du troisième<br />

Garder l’équilibre<br />

Pour pouvoir se déplacer à la surface<br />

de sa planète, notre extraterrestre doit<br />

avoir des membres articulés. Combien ? Le<br />

nombre des membres locomoteurs n’influe<br />

quasiment pas sur sa vitesse de déplacement<br />

: le mille-pattes ne se déplacerait<br />

pas plus vite s’il n’avait que dix pattes. En<br />

revanche, il influe sur son équilibre. En<br />

effet, l’équilibre d’un animal à n pattes n’est<br />

assuré que si la projection au sol de son<br />

centre de gravité, où s’applique le poids,<br />

tombe à l’intérieur d’une surface délimitée<br />

par ses n points d’appuis au sol. Dans le<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

93


Le sexe chez<br />

les <strong>extraterrestres</strong><br />

JEAN-SÉBASTIEN STEYER ET ROLAND LEHOUCQ<br />

© Assya Paloma


Comment les <strong>extraterrestres</strong> de la science-fiction<br />

se reproduisent-ils ? On peut essayer de le déduire<br />

des mécanismes sélectionnés par l’évolution… sur Terre.<br />

<strong>Les</strong> histoires de science-fiction ne<br />

s’attardent pas souvent sur le sexe ou la<br />

reproduction des <strong>extraterrestres</strong>. Certaines<br />

œuvres évoquent pourtant des coups de<br />

foudre intergalactiques ou des kidnappings<br />

et des reproductions forcées. Comme<br />

souvent, les <strong>extraterrestres</strong> sont le reflet de<br />

nos peurs et de nos fantasmes. D’ailleurs, les<br />

hybrides entre humains et <strong>extraterrestres</strong><br />

posent d’intéressantes questions sur la<br />

classification et l’évolution des espèces.<br />

Si la reproduction de certains <strong>extraterrestres</strong><br />

a été décrite en détail – par exemple,<br />

les cycles biologiques et les différents<br />

stades de croissance d’Alien –, ce n’est pas le<br />

cas de la plupart des autres personnages de<br />

science-fiction : même lorsque le troisième<br />

type est de forme humanoïde, très peu de<br />

détails concernent sa reproduction, qu’elle<br />

soit sexuée ou non.<br />

Rappelons que sur Terre, le sexe n’est<br />

pas obligatoire pour perpétuer l’espèce :<br />

la plupart des organismes (les bactéries,<br />

des plantes, des champignons, mais aussi<br />

des vers plats ou annelés, etc.) se reproduisent<br />

par multiplication « végétative »,<br />

c’est-à-dire par simple division cellulaire<br />

entraînant une duplication du patrimoine<br />

génétique porté par les chromosomes. Par<br />

rapport à la reproduction sexuée, ce type<br />

de reproduction paraît plus simple : il suffit<br />

d’un petit bourgeon ou d’un greffon.<br />

La multiplication végétative serait aussi<br />

plus efficace en termes de nombre de rejetons.<br />

En revanche, le brassage génétique<br />

est plus limité, car les descendants ne<br />

sont que des clones de l’organisme initial.<br />

C’est aussi le cas de la parthénogenèse, où<br />

une unique femelle non fécondée – souvent<br />

nommée reine – donne naissance<br />

à des descendants (mâles ou femelles)<br />

tous identiques. Ce type de reproduction<br />

adopté par certaines plantes, insectes, ou<br />

lézards, est souvent à l’origine de sociétés<br />

matriarcales complexes.<br />

Homme et femme à la fois<br />

Qu’il s’agisse de parthénogenèse et<br />

de multiplication végétative, les clones<br />

sont souvent obtenus par voie naturelle.<br />

Lorsque le clonage devient artificiel, apparaissent<br />

les craintes que la méthode ne soit<br />

un jour appliquée aux humains à des fins<br />

eugéniques : dans l’épisode II de Star Wars<br />

(L’Attaque des Clones, George Lucas, 2002),<br />

<strong>Thema</strong> / Extraterrestres<br />

98


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