#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma

L’institution met l’accent sur la formation des jeunes artistes de plus en
plus nombreux à rejoindre ses rangs. L’exposé par Oudry des critères d’une
bonne pratique picturale reçoit un accueil très favorable. Le processus de
mise en œuvre d’une peinture de chevalet constitue le cœur de son propos.
Les choix relatifs aux matériaux et à leur préparation, de la toile à la
dernière touche de peinture, se fondent sur la nécessité d’assurer sa bonne
conservation dans le temps. Il s’attache à prévenir les effets d’une mauvaise
mise en œuvre en condamnant le recours à certains matériaux ou en proposant
des alternatives astucieuses à des processus inévitables. Unique par
sa démarche explicitement appliquée, cette seconde conférence demeure la
plus reproduite.
L’exploitation de ces conférences pour la connaissance de la pratique picturale
soulève deux points essentiels. Jusqu’ici, les procédés du peintre sont le plus
souvent déduits de ses conférences et non établis à partir de l’examen des
œuvres elles-mêmes. Seul le Getty Research Institute a consacré une étude
technologique à cinq de ses tableaux, conservés au Staatliches Museum de
Schwerin en Allemagne. De façon générale, peu de travaux sont dédiés à la
technique picturale française du xviii e siècle (ce type de recherche reste le
fait d’initiatives anglo-saxonnes ou flamandes ; de fait, ces travaux jouissent
d’une couverture scientifique plus importante) 3 . En outre, les connaissances
relatives à la technologie picturale émanent pour l’essentiel de l’étude des
traités ou des livres de secrets. Certains de ces travaux soulignent notamment
l’intérêt des artistes modernes pour le caractère physique et évolutif
de la peinture. Toutefois, fondée avant tout sur l’exploitation d’un corpus
de sources écrites, cette démarche accorde peu de place à la matérialité des
œuvres elles-mêmes. Quant aux analyses de laboratoire qui déterminent la
nature de certains composants, ce type d’investigation demeure ponctuel
lorsque l’on considère la peinture française 4 . Enfin, ces mêmes conférences
influencent aujourd’hui la communauté scientifique dans l’interprétation de
la pratique des contemporains français et européens de Jean-Baptiste Oudry.
Celle-ci présume le rayonnement de ses textes auprès des artistes peintres et
de l’intégration de ses préconisations à leur modus operandi.
3 Romain Thomas, « Les matériaux de l’art. Perspectives de la recherche actuelle en histoire de l’art
moderne », in http:/www.revue.circe.uvsq.fr [consulté le 26 mars 2019].
4 Alain R. Duval, « Les préparations colorées des tableaux de l’École française des xvii e et xviii e siècles »,
in Studies in Conservation, 37, 1992, p. 239-258 ; Katrina Vanderlip de Carbonnel, « A study of French
paintings canvas », in Journal of American. Institute for Conservation, vol. 20, n o 1, 1980, p. 3-20 ;
C2RMF, « Watteau et la scène galante », Techne, n os 30-31, 2009-2010.
De façon générale, peu de travaux sont dédiés à la technique
picturale française du xviii e siècle.
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019
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