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#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma

#1257 : la revue de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Grand ang<strong>le</strong><br />

Définitivement, cette série est une mine d’or<br />

pour des démographes avides de données.<br />

Pourquoi travail<strong>le</strong>r <strong>sur</strong> Game of Thrones ?<br />

De par son succès, Game of Thrones est un phénomène sociologique. La série<br />

dit quelque chose de la société par et pour laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> est produite. L’étudier<br />

permet d’accéder par un biais original à certaines de nos représentations.<br />

De plus, <strong>le</strong>s analyses de la série sont majoritairement qualitatives. El<strong>le</strong>s se<br />

heurtent à un biais majeur : la force des images. Par <strong>le</strong>ur charge émotionnel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s images captivent à tel point que l’on ne retient que <strong>le</strong>s scènes marquantes.<br />

Ainsi, on a pu entendre tout et son contraire <strong>sur</strong> Game of Thrones :<br />

on y voit des scènes de viol ? La série est misogyne et consacre une culture<br />

du viol ! On voit quelques personnages féminins « badass » luttant pour<br />

<strong>le</strong>ur émancipation dans un univers patriarcal ? La série est proclamée féministe<br />

! Il est diffici<strong>le</strong> de dresser une description fidè<strong>le</strong> sans recourir aux statistiques.<br />

Cel<strong>le</strong>s-ci permettent de tenir compte de toutes <strong>le</strong>s informations<br />

que l’on donne à voir aux spectateurs.<br />

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019<br />

Enfin, Game of Thrones est une œuvre très riche. À l’instar de J. K. Rowling<br />

avec Harry Potter, l’auteur de la saga a créé un univers à part entière avec<br />

des personnages d’une grande profondeur (dont on connaît beaucoup de<br />

caractéristiques sociodémographiques). Et quoi de mieux qu’une série dans<br />

laquel<strong>le</strong> deux cents personnages nommés décèdent pour étudier la mortalité<br />

? Définitivement, cette série est une mine d’or pour des démographes<br />

avides de données. En travaillant <strong>sur</strong> un sujet ludique mais pas futi<strong>le</strong> pour<br />

autant, <strong>le</strong>s auteurs entendent faire connaître la démographie. Cette science<br />

humaine et socia<strong>le</strong> reste peu connue du grand public.<br />

La méthodologie<br />

Le travail des deux démographes s’appuie <strong>sur</strong> une base de données d’une<br />

amp<strong>le</strong>ur inédite : quatre cents personnages nommés et cinquante caractéristiques<br />

pour <strong>le</strong>s définir. Il y a dans ces caractéristiques des incontournab<strong>le</strong>s<br />

de l’analyse sociodémographique : âge, statut marital, origine socia<strong>le</strong>, lieu<br />

de naissance… D’autres variab<strong>le</strong>s plus atypiques ont aussi été renseignées<br />

comme <strong>le</strong>s pratiques sexuel<strong>le</strong>s ou la corpu<strong>le</strong>nce... Les auteurs ont dû visionner<br />

la série en dénombrant – par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> nombre de victimes d’un<br />

autre personnage ou <strong>le</strong> nombre de scènes de nudité – et en chronométrant –<br />

notamment pour pouvoir calcu<strong>le</strong>r des durées de vie.<br />

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