#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma

Réussites
L’Activité prédictive des sciences
empiriques
P
ersonne ne doute du succès des sciences contemporaines : l’astrophysique
porte notre regard jusqu’aux confins de l’Univers observable,
la physique analyse les profondeurs les plus subtiles de la matière,
la biologie perce les secrets du vivant et pave la voie à de nouveaux traitements
médicaux... Mais en quoi consistent réellement ces succès qui font
des sciences une activité si particulière et si centrale dans l’ordre des savoirs ?
Gauvain Leconte
Philosophie,
sous la direction de
Pierre Wagner
Le plus patent des succès scientifiques semble être les prédictions précises
de phénomènes nouveaux et surprenants, comme lorsque Le Verrier guida,
par ses calculs, les télescopes des astronomes vers la position d’une planète
inconnue : Neptune. De nombreux scientifiques et philosophes des sciences
considèrent que de tels succès prédictifs ont le pouvoir de confirmer des hypothèses,
d’influencer le cours de l’histoire scientifique, voire de révéler quelles
théories reflètent les structures intimes de la réalité.
Malgré la place d’honneur que l’on réserve habituellement aux succès prédictifs,
peu de recherches épistémologiques ont été consacrées à la définition des
prédictions scientifiques et à l’analyse des procédés par lesquels ces prédictions
sont dérivées et testées. Or, si l’on se penche sur les détails de l’activité
prédictive des sciences contemporaines, ils semblent révéler quelque chose
d’étonnant, presque magique : les prédictions scientifiques s’appuient souvent
sur des modélisations simplifiées, idéalisées ou fictionnelles de la réalité.
Peut-on alors réellement considérer une théorie ou une hypothèse couronnée
par un succès prédictif comme vraie ou partiellement vraie ? Quelle portée
accorder à un tel succès ?
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019
© Julien Benhamou – Chancellerie des
universités de Paris
La thèse de Gauvain Leconte répond à ces questions en analysant, dans une
première partie, la structure logique de l’activité prédictive et conclut qu’il
existe une pluralité de raisonnements et de succès prédictifs. La deuxième
partie étudie l’influence de ces succès sur l’évolution d’une science, la cosmologie
de 1917 à nos jours, et montre que les scientifiques attribuent de
l’importance aux prédictions qui révèlent la fécondité d’une hypothèse ou
d’une théorie. La troisième partie soutient que le rôle des prédictions dans le
choix rationnel des hypothèses est précisément de permettre de juger de cette
fécondité. Enfin, la quatrième et dernière partie étudie les limites de la portée
des succès prédictifs en montrant qu’ils ne permettent pas de savoir quels
aspects de notre savoir théorique reflètent la réalité.
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