#1257 - Numéro 1 : Éclairages sur le cinéma

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Outre son ancrage dans le contexte particulier de la fin des années 1960, le documentaire
s’inscrit plus largement dans la filmographie consacrée à la division
allemande. Justifié en tant que rempart antifasciste par la RDA et qualifié de
« mur de la honte » en RFA, le Mur de Berlin matérialise avant tout la frontière
entre les deux Allemagne dans le documentaire. Cette frontière qu’il incarne
renvoie d’abord à la rupture avec le passé nazi. La première partie du film, intitulée
« Vingt ans après », ne filme pas le Mur et choisit de revenir sur les trajectoires
d’individus depuis la création de la RDA. Les écrivains Harald Hauser et
Kurt Stern, le journaliste Gerhard Leo, s’expriment à tour de rôle en français,
face à la caméra. Ils racontent leur jeunesse sous le régime hitlérien, leur exil en
France et leur engagement dans la Résistance. Ils évoquent ensuite la naissance
de la RDA, qu’ils situent clairement dans la continuité de leur lutte contre le
fascisme et comme la garantie que « cela ne se reproduise plus ». Ce sont ensuite
des paysans et des ouvriers qui s’expriment en allemand. La caméra est
cette fois portée à l’épaule, on entend et on voit parfois l’interprète allemande
interroger les personnes sur les progrès accomplis au cours des vingt dernières
années. Les questions sont très concrètes, elles portent sur le salaire, le nombre
d’heures de travail, le prix des loyers, etc. Le Mur est absent, et même lorsque les
réalisateurs demandent aux ouvriers ce qui manque à leur bonheur, ils évoquent
un éventuel manque d’argent, mais jamais le Mur. Les frontières de la RDA apparaissent
donc davantage comme une protection que comme un problème.
Le Martin Gropius Bau
et des vestiges du Mur
de Berlin
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Juin 2019
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